N'étant pas un expert en matière de nouvelles technologies je ne m'attacherai pas à décrire les spécificités propres aux supports iPhone/ iPad (n'ayant pas les compétences requises) puisque mes collègues des produits techniques le feront mieux que moi. Notre sujet n'est d'ailleurs pas celui-ci. C'est en tant que passionné de BD, de lecteur et de collectionneur que je vais tenter de retranscrire les impressions que m'ont laissé les différentes lectures réalisées sur ces appareils.
Le plus difficile en l'espèce sera de rester objectif car pour ma part je reste très attaché à l'album et au livre papier.
1) L'iPhone et sa lecture animée case à case :
Mon expérience de lecture sur ce support m'a laissé quelque peu perplexe.
Ce sentiment est surtout lié à la taille de l'écran. En effet en raison de sa petite taille l'iPhone ne permet qu'une lecture case à case ce qui entre en contradiction avec la définition même de la bande dessinée qui est « un art séquentiel » (Scott McCloud).
Il me faut tout de même nuancer mon propos. Et pour se faire je vais prendre un exemple concret. Ainsi la bande dessinée Bludzee de Lewis Trondheim de par sa structure (proche de celle utilisée dans la blogosphère avec des cases successives de même taille) se prête très bien à la lecture case à case. L'albumLa zone d'Eric Stalner quant à lui souffre cruellement de la lecture animée. Ses grandes cases subissent une sorte de balayage qui ne laisse pas au regard la possibilité de se porter où bon lui semble. Bien au contraire ce dernier est téléguidé.
Pour conclure je dirai que la BD sur iPhone pourquoi pas s'il s'agit de strips ou de dessins pensés indépendamment comme Garfield de Jim Davis ou Le chat de Philippe Geluck. Mais ce support ne se prête guère à la lecture d'une page dans son ensemble.
2) L'iPad ou la nécessité de repenser la bande dessinée :
Mon propos sera beaucoup plus nuancé en ce qui concerne ce support. En effet la taille de son écran étant beaucoup plus proche du format d'un album classique il offre un confort de lecture que ne possède pas l'iPhone. De plus il propose au lecteur la possibilité de choisir entre plusieurs modes de lecture.
Je ne reviendrai pas sur la lecture animée, mode que propose l'iPad tout comme l'iPhone et qui ne m'a pas du tout convaincu même si en l'espèce un effort de découpage par séquences a été réalisé. Songez par exemple à des albums de bande dessinée humoristiques dans lesquels le gag est préparé plusieurs cases en amont. Sans vision globale de la planche on perd, à mon sens, un peu du piment de cette dernière.
Plus intéressant est le mode de lecture pleine page avec possibilité de zoomer afin de porter l'accent sur un détail particulier de la planche. Si du fait de la taille plus petite que le format de l'album traditionnel la lecture des phylactères peut s'avérer parfois ardue, ce mode de lecture offre au moins l'opportunité de contempler la planche dans son ensemble.
Il est toutefois évident que la différence de formats est un problème majeur qu'il faudra résoudre. S'il fallait un exemple pour appuyer cet argumentaire je prendrai celui des comics (de supers-héros). En effet en raison de leur format et des couleurs informatiques ils se prêtent très bien à la lecture sur tablette sans perdre de leur essence. Il en va tout autrement de la BD franco-belge classique.
Il est donc évident qu'il faudra repenser la bande dessinée afin de trouver un corps parfaitement compatible avec ce support. La question est maintenant de savoir si auteurs, éditeurs et lecteurs suivront la tendance.
Des signes allant dans ce sens semblent apparaître. Ainsi un nouvel album signé Marc-Antoine Mathieu (Dieu en personne, Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves) sortira courant 2011. Il sera présenté sous la forme d'un album classique (aux éditions Delcourt si je ne m'abuse) mais il sera aussi possible de le télécharger. Ce créateur de génie une fois encore nous étonnera puisque l'histoire a été tout spécialement dessinée afin de parfaitement s'accommoder à une lecture animée (nous verrons bien).
Si cette nouvelle forme de lecture peut permettre de découvrir de nouvelles séries, sans encombrer les étagères de nos bibliothèques de tome 1 qui ne verront jamais arriver de suite (soit parce que la série ne nous a pas convaincu, soit du fait de l'éditeur en cas de mévente), la démocratisation de cette dernière prendra un temps certain eu égard à l'investissement initial lié au prix de l'iPad et de l'iPhone.
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Source : http://www.fnac.com/Villebon/iPad-iPhone-la-bande-dessinee-face-a-la-dematerialisation/cp5401/w-4?SpaceID=47
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