En illustrant ses deux derniers ouvrages, lors de sa conférence " la confiance au coeur de la Relance " donnée à l'Université inter-âges de Versailles, Hervé Sérieyx s'est exprimé avec intelligence, pragmatisme et enthousiasme à nos TPE/PME de la FTPE et de Versailles Club Affaires réunis à Versailles pour Versailles Grand parc, ce Vendredi 19 Novembre.
Un constat préliminaire, notre monde subit un changement considérable, et accéléré baladeur » et financier a pris le pouvoir dans de nombreux groupes, ce qui se traduit par une pression accrue sur la rentabilité, l’externalisation, la délocalisation, et entraîne des changements rapides ...: prévaut, les dangers potentiels (terrorisme, drogue, climat, mafias, épidémies, crises économiques...) pouvant éclater à tout moment - ou pas. Il faut donc s’ajuster en permanence, et quasiment en temps réel. Qui sait de quoi demain sera fait ?
dématérialisation (internet), délocalisation (portables) et désynchronisation (travail décalé)] ont envahi notre univers quotidien.
Face à cette mutation, l’organisation traditionnelle pyramidale (le sommet décide, la base exécute, sous le contrôle et l’impulsion de l’encadrement), si elle est encore utile, se révèle en fait limitée, car lourde, bureaucratique, peu efficace, et peu rentable. Plutôt que d’additionner des tâches simples (ce que les Chinois font désormais pour 5 fois moins cher que nous), mieux vaut compléter le fonctionnement hiérarchique par un fonctionnement en réseau, en introduisant un maximum de souplesse, et en multipliant les « intelligences interactives ». C’est-à-dire, remplacer 10+10+10 par 10x10x10...
Les conséquences en termes de management sont capitales : les objectifs et leur adhésion, pour faire vivre les intelligences, au lieu d’imposer comme dans le modèle taylorien.
Faute d’opérer ces ajustements, nous risquons de régresser économiquement et socialement dans un monde ouvert.
Autre élément, les attentes des hommes et des femmes ont considérablement changé en une génération. Le rapport à l’autorité a changé, en quête de sens. L’entreprise n’est plus une seconde famille, et pour beaucoup, le travail n’est pas plus important que les autres activités.
Ainsi, deux populations extrêmes se singularisent :
peu employés en France, et de ce fait souvent démotivés. sociologiquement fragmentés entre « inclus » (intégrés au système) ; « exclus » (au rythme effrayant de 140.000 par an) ; « perclus » (surdiplômés souvent frustrés) et « reclus » (ayant subi un échec post bac ou après 2 ans d’études).
C’est là qu’intervient le thème de la confiance, indispensable pour faire vivre et progresser les organisations en réseau, alors que c’est plutôt le sentiment de défiance qui prédomine en France, selon plusieurs études citées par le conférencier.
Avec le sens de la formule qui le caractérise, Hervé Sérieyx cite 10 règles en C permettant de la développer :
les leçons des échecs, savoir se transformer en se faisant accompagner).
En conclusion, un exposé clair, percutant et pragmatique, de la part d’un conférencier qui n’a pas sa langue dans sa poche, et qui aime asséner ses vérités !
Morceaux choisis : La responsabilité des parents est de faire lire leurs enfants (car moins on a de mots, moins on pense). Les Français sont particulièrement distants voire arrogants, comparés à d’autres cultures, plus directes (le Québec, qu’il pratique assidûment). Les jeunes ne sont pas nous-mêmes en moins vieux, ils sont différents ! Il faut apporter du sens dans nos activités...
Restaurer la confiance au sein des organisations est une quête essentielle, affirme le consultant français Hervé Sérieyx.
Un ouvrage sur le thème de la confiance ? Le simple fait d'aborder le sujet suscite une réaction de scepticisme, comme lorsque quelqu'un prétend vous parler franchement.
Hervé Sérieyx, consultant et auteur d'ouvrages à succès sur le management, en est conscient. Mais comme il l'explique en entrevue, le sujet doit être abordé, car au lendemain de la crise financière qui a secoué la planète, la méfiance s'est installée entre les dirigeants et les salariés.
" À toutes fins utiles, la confiance a disparu dans les entreprises, affirme-t-il. Avec la financiarisation du capitalisme et la mondialisation, les patrons locaux ont perdu la maîtrise des décisions. Il en résulte une perte du sens collectif et la prééminence du chacun pour soi. À cela s'ajoute le sentiment qu'à tout moment, peuvent survenir le brouillard et l'incertitude. "
Et cela tombe mal, car les modes d'organisation et de gestion du travail que nous avons inventés au cours des 20 dernières années ne fonctionneront que si la confiance règne.
Hervé Sérieyx signale que la France, son pays, est un de ceux en Occident où la qualité des relations entre employés et employeurs est la pire. " Au Québec, c'est mieux, car il y a plus de simplicité dans les relations hiérarchiques ", croit-il.
C'est d'ailleurs lors d'une conférence devant l'Association des gestionnaires d'établissements de santé et de services sociaux, tenue à Saguenay en octobre 2008, que M. Sérieyx a élaboré une méthode pour rétablir la confiance dans les organisations. Ces dix commandements, comme il les appelle, sont expliqués dans Confiance : mode d'emploi. En voici les grandes lignes.
1- Respecter les valeurs et la mission de l'entreprise (gestion de la cible)
Toute entreprise a une mission et des valeurs qui lui sont authentiques. Le gestionnaire doit les traduire concrètement afin qu'elles aient une résonance personnelle pour chacun de ses employés.
2- Motiver ses employés par la cohérence (gestion par la cohérence)
Le gestionnaire doit veiller à la cohérence entre l'activité de son service, le fonctionnement collectif et ses propres comportements. Il doit y avoir cohérence entre les principes éthiques qu'on annonce et la façon de gérer les ressources humaines.
3- Insuffler l'esprit d'équipe (gestion de la coopération)
Le gestionnaire doit donner à ses collaborateurs l'envie de travailler ensemble, leur inculquer des comportements d'équipe. Autrement dit, ne pas se contenter d'additionner des tâches préalablement établies, mais multiplier les intelligences autour d'objectifs partagés.
4- Mettre en place des organisations " apprenantes " (gestion des compétences)
Il s'agit ici de rendre l'organisation apprenante, pour que les employés y deviennent plus talentueux et augmentent leur employabilité. " Une organisation qui ne vous permet pas d'apprendre ne suscitera pas la confiance et vous n'aurez pas intérêt à y rester, car elle vous usera ", affirme M. Sérieyx.
5- Se mettre à l'écoute des gens de terrain (gestion de la communication)
Parler vrai : nos employés s'informent aujourd'hui sur le monde entier et c'est parfois l'endroit où ils travaillent qui leur semble le plus opaque. Il faut aussi former les niveaux d'encadrement proches de l'exécution à l'écoute soigneuse des acteurs du terrain.
6- Comparer pour stimuler l'innovation (gestion de la créativité)
Les gestionnaires doivent être à l'écoute de ce qui se fait ailleurs. C'est pourquoi il faut faire de la comparaison une culture partagée. Alors que l'invention est individuelle, l'innovation est collective, ce qui suppose un changement de pratiques.
7- Favoriser un climat convivial (gestion de la convivialité)
Plus on accroît la rigueur de la gestion, plus il faut accroître la chaleur de celle-ci. La simplicité personnelle de chacun dans les rapports quotidiens permet l'émergence d'un climat convivial.
8- Associer les syndicats à la vie de l'entreprise (gestion du contrat social)
Les délégués syndicaux sont des acteurs de plein exercice de la vie de l'entreprise. Les considérer comme tels, parler et agir en conséquence sont des éléments essentiels pour établir un climat de confiance.
9- Savoir vendre le changement (gestion du changement)
On se rappelle ce principe inspiré de celui d'Archimède : " Tout changement plongé dans une société reçoit de celle-ci une poussée verticale inverse égale à la masse de son conservatisme. " Changer n'est pas naturel et on ne peut amener une équipe ou une personne à adhérer à un changement que si on a pu la convaincre qu'il est essentiel et que chacun y gagnera. Un changement, ça se prépare, ça s'explique et ça s'accompagne.
10- Se remettre constamment en question (gestion du courage)
Pour inspirer confiance, il faut montrer du courage : celui de prendre des risques, d'affronter les crises, de progresser au travers de ses échecs, de rester entraînant malgré les vicissitudes de la route, mais surtout le courage de se remettre en question.
Les efforts personnels du gestionnaire
Ces dix clés de la confiance seraient incomplètes sans le travail personnel du gestionnaire sur lui-même, ajoute Hervé Sérieyx. " Rien de tout cela ne marche si soi-même, dans notre attitude ou notre comportement, on est incapable de susciter la confiance. Au coeur de la confiance, il y a cet effort à faire sur soi-même. "
Ces efforts touchent la gestion de soi, l'animation des équipes, l'amélioration de ses relations interpersonnelles et la conduite de l'action, indique-t-il.
Franck LAFAURIE
Adhérent de Versailles Club d'Affaires