Lumière sur la Cyberassurance Edition 2021
Au format Texte :
L’AMRAE publie la première étude
exhaustive sur la couverture assurantielle
du risque cyber en France
L’Association pour le Management des Risques et des Assurances de
l’Entreprise (AMRAE) publie la première étude objective et exhaustive sur le
risque cyber et sa couverture assurantielle.
L’enquête LUCY (LUmière sur la CYberassurance) est une première mondiale :
elle doit permettre aux assureurs, courtiers, et assurés, de nouer un dialogue
constructif au service d’une meilleure protection de notre tissu économique.
Une étude pilotée par Philippe Cotelle, administrateur et président de la
commission Systèmes d’Information de l’AMRAE, vice-président de FERMA
et Risk Manager d’Airbus Defence & Space.
L’AMRAE (Association pour le Management des Risques et des Assurances de l’Entreprise)
est l’association professionnelle de référence des métiers du risque et des assurances en
entreprise. Elle rassemble plus de 1 500 membres appartenant à plus de 750 organisations
privées ou publiques.
L’AMRAE soutient ces organisations dans l’atteinte de leurs objectifs stratégiques et
opérationnels pour leur permettre d’améliorer leurs performances et de maîtriser leurs risques.
La gestion des risques est une démarche vertueuse protégeant l’entreprise, ses employés et
partenaires, y compris assureurs et, partant, l’économie dans sa globalité.
AMRAE l’Association rassemble les acteurs majeurs des lignes de maîtrise du risque (Risk
Management, contrôle et audit internes, assurance, juridique, éthique…).
A travers ses comités scientifiques, ses publications et ses nombreuses manifestations,
l’AMRAE produit pour ces experts les contenus qui nourrissent leurs compétences, leur
évolution dans leur métier et leur contribution à la réussite de la stratégie de l’entreprise.
Avec AMRAE Formation, elle répond à leurs besoins de développement professionnel adapté
aux évolutions des organisations, en dispensant des formations certifiantes de haut niveau.
AMRAE Les Rencontres organise le congrès annuel de référence des métiers du risque
et des assurances (plus de 3 000 congressistes en 2020). Ces trois jours constituent
le rendez-vous métier incontournable des acteurs de la maitrise des risques et de son
financement.
Ensemble,
mieux comprendre pour mieux protéger
Dans une économie qui se digitalise à marche forcée, le risque cyber est encore mal compris.
Les entreprises et les collectivités publiques n’ont pas pris la mesure du danger alors que les
pirates gagnent en expertise.
Parallèlement, l’industrie de l’assurance peine à trouver l’équilibre économique des garanties
cyber : après une course à la souscription, les assureurs marquent le pas devant l’ampleur du
risque à couvrir.
Pour juguler la menace, les assureurs comme les assurés doivent monter en maturité : les
entreprises et les collectivités publiques doivent améliorer la prévention et la protection de
leurs systèmes d’information. Quant au marché de l’assurance, il doit devenir plus clair et
plus lisible.
En mettant des chiffres s ur l es n iveaux d e c ouverture a ssurantielle e t d e s inistralité d es
entreprises et des collectivités publiques, l’étude LUCY contribue à la maturation du marché.
L’assurance cyber n’a pas encore trouvé son équilibre : avec un taux de couverture des
entreprises et un volume de primes encore trop limités, les assureurs ne parviennent pas à
trouver les conditions de la mutualisation indispensable au règlement des sinistres de forte
intensité.
Ce manque de maturité n’explique pas tout : le marché américain est, certes, un peu plus mûr ;
mais les taux de primes cyber sont en augmentation constante. Mieux vaut donc se préparer
à des tensions inflationnistes sur le marché européen.
Une bonne connaissance du risque cyber permettra de maîtriser ces tensions. C’est toute
l’ambition de l’étude LUCY : l’AMRAE l’a précisément menée pour poser les bases d’un
dialogue constructif entre les assureurs, les assurés et les courtiers.
Les entreprises et les collectivités publiques ont besoin de garanties réellement protectrices
et sur-mesure, à des tarifs adaptés et lissés dans le temps. Dans une conjoncture déjà difficile,
elles ne peuvent pas prendre le risque de voir leur prime exploser au moindre sinistre.
Pour les assureurs, l’équilibre technique et financier du risque cyber repose à la fois
sur une meilleure mutualisation et sur le développement des stratégies de prévention
dans les entreprises et les collectivités publiques.
Les courtiers spécialistes du risque d’entreprises et les Risk Managers ont un rôle clé à jouer
dans la montée en maturité du marché de l’assurance cyber. Ils ont travaillé ensemble pour
mener la première étude sur ce thème et je m’en félicite.
Oliver Wild,
Président de l’AMRAE
LUmière
sur la CYberassurance
LUmière sur la CYberassurance -P5 - ©AMRAE
Une sinistralité globale en forte augmentation,
expliquée par 4 sinistres de forte intensité
Menée en partenariat avec huit des grands courtiers spécialistes du risque
d’entreprise, LUCY fait apparaître une augmentation du volume de primes
de 49 %, qui est passé de 87 M€ en 2019 à 130 M€ en 2020. Mais cette
croissance est très inférieure à celle du montant des indemnisations versées
qui a été multiplié par 3, passant de 73 M€ en 2019 à 217 M€ en 2020.
Pour les assureurs, le ratio Sinistres sur Primes (S/P) est donc passé de 84 % à
167 %.
84%
167%
2019 2020
Primes M€
Sinistres M€
Ratio Sinistres/Primes
87 73 130 217
(M€)
250
225
200
175
150
125
100
75
50
25
0
200%
180%
160%
140%
120%
100%
80%
60%
40%
20%
0%
LUmière sur la CYberassurance -P6 - ©AMRAE
Ces données permettent de mieux comprendre les tensions en cours sur le
marché de l’assurance cyber. Les entreprises se voient actuellement proposer
des réductions de garanties pour des tarifs plus élevés. Sans doute à juste
titre dans certains cas, mais certainement pas dans tous les cas. Car si l’on
se penche de plus près sur ces résultats techniques, on observe plusieurs
facteurs explicatifs :
• Le volume d’indemnisation de sinistres a, certes, été multiplié par 3 entre
2019 et 2020. Mais cette inflation n’est due qu’à 4 sinistres de très haute
intensité (entre 10 et 40 M€ d’indemnisation chacun) déclarés par des
grandes entreprises. Sans ces 4 sinistres, qui ne représentent que 1 % des
sinistres indemnisés en 2020, les résultats techniques de l’ensemble de la
ligne cyber auraient été identiques à ceux de 2019.
• 87 % des grandes entreprises sont couvertes par un contrat d’assurance
cyber, mais pour une couverture trop limitée (38 M€ en moyenne) au regard
de leur exposition. Elles ont besoin que l’offre d’assurance se développe pour
augmenter leurs capacités. Mais les assureurs resteront réticents tant que le
volume global de primes ne leur permettra pas de faire face aux sinistres de
haute intensité. Il faut donc que la demande augmente pour que l’offre soit
suffisante. Ou que l’offre soit suffisante pour susciter la demande… Il y a
urgence à sortir de ce cercle vicieux : les grandes entreprises représentent
82 % du volume de primes sur le marché de l’assurance cyber.
• Sous assurance des ETI et des collectivités publiques : les Entreprises de
Taille Intermédiaire (ETI) et les PME ne connaissent pas ce problème d’offre :
seulement 8 % des ETI sont assurées pour une couverture moyenne de
8 M€. Une telle capacité est facilement accessible sur le marché, à des taux
de primes très attractifs. Sur ce marché, le véritable enjeu est de sensibiliser
les entreprises au risque cyber, qui est réel : en 2019, les indemnisations
versées aux ETI et aux PME ont représenté plus de 40 M€. Il existe trois
moyens complémentaires de se protéger : la prévention, la gestion de
crise et l’assurance. Le défaut de protection actuel est une menace pour
l’économie française.
• Les collectivités publiques sont, elles aussi, très largement sous-assurées
alors que leur exposition est réelle, comme les nombreuses attaques
enregistrées depuis le début de l’année le montrent.
LUmière sur la CYberassurance -P7 - ©AMRAE
• La politique de gestion des risques de l’organisation, privée
comme publique, est la priorité. Prendre conscience de sa
dépendance au numérique et donc de son exposition, la
mesurer, développer une politique de prévention et de
transfert du risque résiduel par une stratégie d’assurance
efficace est absolument indispensable pour toutes les
entreprises privées ou publiques, quelles que soient leur
taille et leur activité.
• Développer une offre d’assurance qui réponde aux besoins
des grandes entreprises et accéder à la mutualisation qui
permettra de faire face aux sinistres de très haute intensité
et rendra les résultats techniques moins volatils.
• Sensibiliser les ETI, les PME, les TPE et les collectivités
publiques à la réalité du risque cyber et les inciter à
déployer une politique de gestion du risque cyber qui
intègre l’assurance.
• Ne pas commencer par l’assurance : ce n’est qu’une
composante - certes indispensable - de la gestion des
risques. Prendre conscience de son exposition au risque
cyber, identifier les risques et déployer des mécanismes
de prévention permet de ne transférer que les risques
résiduels à l’assureur.
LES RECOMMANDATIONS DE L’AMRAE
LUmière sur la CYberassurance -P8 - ©AMRAE
CHIFFRES CLÉS 2020
87 %
des grandes entreprises
mais seulement
8 %
des entreprises de taille
intermédiaire ont souscrit
une assurance cyber.
38 M€
hauteur moyenne
de la couverture
des grandes entreprises.
167 %
vs 84 %
ratio
Sinistres/Primes
de 2020
vs celui de 2019.
+ 19 %
pour les grandes
entreprises et
+ 28 % pour les ETI :
augmentation des taux de
primes entre 2019 et 2020.
X 3: augmentation de la sinistralité
surtout en intensité : le montant global des
indemnisations a été multiplié par 3, passant
de 73 M€ en 2019 à 217 M€ en 2020.
Cette dégradation du ratio S/P est presque exclusivement
liée à la survenue de quatre sinistres importants, indemnisés
entre 10 et 40 M€ chacun. Sans ces 4 sinistres, les résultats
techniques auraient été stables.
LUmière sur la CYberassurance -P9 - ©AMRAE
Le risque cyber, cet inconnu…
Durant l’année 2020, le Parquet de Paris a été saisi à 397 reprises pour
des affaires de « rançongiciels », ces logiciels malveillants qui paralysent le
système d’information des entreprises si ces dernières ne s’acquittent pas
d’une rançon. On peut s’attendre au doublement de ce chiffre en 2021.
Toutes les activités sont touchées. Durant les quatre premiers mois de l’année
2021, le « Mag IT1
» a recensé et documenté pas moins de 80 attaques
visant des acteurs de la santé (une dizaine d’hôpitaux et cliniques, le groupe
pharmaceutique Pierre Fabre, la Mutuelle nationale des hospitaliers), des
collectivités territoriales (les villes d’Angers, Douai, Houilles, PontaultCombault, Elancourt, la communauté de communes de l’Est lyonnais, le
département de la Vienne), des groupes industriels (Trigano, Bénéteau,
Lactalis, Mersen) ou immobiliers (Coffim, 1001 vies Habitat, Servimo), des
activités de services (Ucar, Wonderbox, In Extenso)… et même Coallia, un
acteur associatif du logement social pour les plus démunis.
Le coût de ces sinistres reste difficile à évaluer. Il est parfois marginal.
Mais il peut aussi se chiffrer en centaines de millions d’euros :
220 M€ de pertes pour le groupe Saint-Gobain en 2017, 70 M€ pour Eurofins
en 2019, et 50 M€ pour le groupe Sopra Steria en 2020… Une perte sèche
pour certains, car ces dommages n’étaient pas tous couverts par une police
d’assurance.
Le manque de données robustes sur le taux
de couverture des entreprises et sur leur
sinistralité est un frein au développement
de l’assurance cyber.
1 https://www.lemagit.fr/essentialguide/Contre-les-ransomwares-combiner-preparation-prevention-et-detection
LUmière sur la CYberassurance -P10 - ©AMRAE
Le risque cyber reste tabou : l’ampleur, le coût réel et le niveau d’indemnisation
de ces sinistres sont rarement rendus publics. Si bien que les chiffres et les
données régulièrement brandis pour alerter les entreprises sur l’importance
de ce risque relèvent davantage de l’extrapolation, de la spéculation ou du
sondage que de la véritable enquête statistique. Ce manque de données est
un frein au développement du marché de l’assurance cyber.
Toutes les organisations - entreprises, collectivités publiques ou associationsont deux grands moyens de se protéger contre ce risque. En amont, elles
peuvent prévenir les attaques : en sécurisant leurs systèmes d’information,
en identifiant leurs vulnérabilités, en formant leurs équipes aux enjeux de la
sécurité et aux techniques des pirates… L’humain reste en effet le maillon faible
de la sécurité : la moitié des attaques découlent d’erreurs humaines. En aval,
l’assurance permet de financer la gestion de crise avec des experts en cyber
assistance, les frais de notification en cas de perte des données, ainsi que tous
les dommages financiers liés directement ou indirectement à l’attaque : pertes
d’exploitation, frais d’experts informatiques, frais d’avocats, communication de
crise et, comme on a pu le découvrir récemment, paiement d’une rançon2.
Les assureurs considèrent depuis des années déjà que le risque cyber est un
marché-clé et un relais de croissance. Mais cette nouvelle ligne peine encore
à décoller : l’étude conduite par l’AMRAE révèle que si 87 % des grandes
entreprises françaises sont effectivement couvertes, moins de 8 % des
entreprises de taille intermédiaire (ETI) ont souscrit une assurance contre le
risque cyber.
Cette sous-couverture fait courir des risques aux entreprises et aux collectivités
publiques concernées, mais aussi à l’ensemble de leur écosystème :
sous-traitants, fournisseurs, clients, partenaires commerciaux…
87 % des grandes entreprises et
8 %des entreprises de taille intermédiaire
ont souscrit une assurance cyber
2 https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/rancongiciels-les-entreprises-accusees-de-payer-trop-facilement-les-rancons-1307890
LUmière sur la CYberassurance -P11 - ©AMRAE
C’est aussi un frein au développement de l’assurance cyber : faute de
mutualisation, avec un historique de données disponibles limité, les assureurs
peinent à trouver un modèle économique viable pour ces garanties.
On comprend mieux pourquoi le renouvellement des polices cyber est
particulièrement tendu depuis un an. Alertés par les augmentations de taux,
le relèvement des niveaux de franchise et la baisse des capacités qui leur sont
proposés, les Risk Managers ont besoin d’y voir plus clair.
L’AMRAE a donc mené une grande enquête auprès des acteurs-clés de la
couverture assurantielle : les courtiers spécialisés en risques d’entreprises et
des collectivités publiques (voir méthodologie page 13). Une analyse de leur
portefeuille permet d’avoir une vision à la fois objective et exhaustive de ce
risque encore méconnu et mal compris.
Cette étude - une première mondiale - va nourrir le dialogue entre les
assureurs, les courtiers et les entreprises et collectivités publiques.
Il est en effet essentiel de créer une référence commune à toutes les parties
prenantes pour permettre un développement sécurisé et pérenne de
l’assurance cyber, nécessaire pour protéger les entreprises, les collectivités
publiques et le tissu économique de nos territoires.
Une vision internationale de l’assurance des
grandes entreprises
Quand elles souscrivent une police cyber, les grandes entreprises
françaises font largement appel au marché international : leurs risques
sont placés auprès de plusieurs assureurs (parfois plus de 20) dans
le monde entier. En interrogeant les courtiers qui sont précisément
chargés de placer ces risques, l’étude LUCY permet d’avoir une vision
globale de l’assurance cyber des entreprises françaises, qui va bien
au-delà des contrats souscrits auprès des assureurs français.
LUmière sur la CYberassurance -P12 - ©AMRAE
Une étude exhaustive du risque cyber
Un état des lieux du marché de l’assurance cyber est nécessaire pour créer
les conditions d’un dialogue constructif avec les assureurs. L’Association pour
le management des risques et des assurances de l’entreprise l’a voulu aussi
objectif et exhaustif que possible pour répondre aux questions suivantes :
combien d’entreprises souscrivent une police cyber ? Avec quel niveau
de primes et quelles capacités ? Pour quelle sinistralité et quels résultats
techniques ?
L’AMRAE aurait pu interroger ses 1 500 membres travaillant dans 750
entreprises et collectivités publiques : cette étude aurait été sans doute plus
robuste et complète que la plupart des données circulant actuellement sur le
marché. Mais pour être véritablement représentatif, un tel sondage aurait dû
être élargi à plusieurs milliers d’entreprises.
De même, les données produites par la Fédération française de l’assurance
(FFA) ne sont qu’un reflet partiel du marché : la FFA recueille les données de
tous les assureurs français. Mais les polices cyber des entreprises, notamment
celles des grands groupes, sont généralement souscrites auprès de plusieurs
assureurs qui ne sont pas tous présents en France.
Pragmatique, l’AMRAE s’est tournée vers les intermédiaires indispensables
entre les assureurs et les entreprises : les courtiers spécialistes des risques
d’entreprise. « C’est le meilleur observatoire pour avoir une vision réelle et
exhaustive du marché, explique Philippe Cotelle, président de la commission
Systèmes d’information de l’AMRAE. C’était aussi le seul moyen de garantir
l’anonymat des réponses. » Sur un sujet aussi sensible que le risque cyber,
la confidentialité a été une exigence absolue de l’AMRAE : les réponses
transmises par les courtiers ont été anonymisées en amont, de sorte qu’aucune
entreprise ne peut être reconnue. Puis, les réponses transmises par chaque
courtier ont été anonymisées avant agrégation par l’équipe projet.
Les principaux courtiers spécialistes du risque d’entreprise - à l’exception d’un
seul - ainsi que Planète CSCA (l’organisation professionnelle du courtage)
ont participé à cette étude. Ce qui permet d’avoir un reflet fidèle du marché
de l’assurance cyber des grandes entreprises, des entreprises de taille
intermédiaire (ETI) et, dans une moindre mesure, des PME, des TPE et des
collectivités publiques.
LUmière sur la CYberassurance -P13 - ©AMRAE
Une vision partagée
Pour bien comprendre les problématiques et améliorer le protocole de l’étude,
l’AMRAE, dans sa volonté d’exhaustivité, a pu échanger avec l’ensemble des
parties prenantes.
L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) :
créée en 2009, cette autorité nationale est un acteur majeur de la
cybersécurité. Elle apporte son expertise et son assistance technique aux
entreprises et aux administrations, avec une mission renforcée au profit des
Opérateurs d’Importance Vitale (OIV). Elle assure un service de veille, de
détection, d’alerte et de réaction aux attaques informatiques. Elle a donc
une excellente connaissance des attaques, de leur nombre et de leur mode
opératoire. Mais elle manque encore de données sur leur impact financier :
Méthodologie
• L’étude LUCY est basée sur une enquête menée entre le
21 janvier et le 19 février 2021 auprès des courtiers spécialistes du risque
d’entreprise.
• Le questionnaire a été conçu de façon collaborative avec les courtiers et
comprend deux grands volets : le niveau de couverture des entreprises et
des collectivités publiques (nombre d’entreprises ayant souscrit une police
cyber, couverture souscrite, montant de la prime brute) et les sinistres
indemnisés (nombre de sinistres, élément déclencheur, nature de l’impact,
montant de l’indemnisation).
• Pour respecter la confidentialité absolue des assurés, les courtiers n’ont
transmis que des données consolidées à l’échelle de leur portefeuille. Ces
données ont ensuite été consolidées par l’équipe projet de l’AMRAE pour
construire une vision à l’échelle du marché français. Les données soumises
par chaque courtier ont ensuite été détruites.
• Ces résultats ont été ventilés par typologie d’assurés, selon la nomenclature
Insee pour les entreprises : grandes entreprises (plus d’1,5 Md€ de CA), ETI
(entre 50 M€ et 1,5 Md€ de CA), PME (entre 10 et 50 M€ de CA), TPE
(moins de 10 M€ de CA) ; et, pour les collectivités publiques, par régions,
métropoles, communes de plus de 5 000 habitants-intercommunalités,
communes de moins de 5 000 habitants.
LUmière sur la CYberassurance -P14 - ©AMRAE
avoir une meilleure vision du coût de ces attaques va lui permettre de mieux
sensibiliser les entreprises et les administrations à l’importance du risque cyber.
L’institut des actuaires : cette organisation regroupe 4 500 professionnels de
la modélisation mathématique. Depuis sa création, au milieu du XIXe siècle,
elle poursuit trois missions : veiller à l’excellence de l’actuariat (en établissant
notamment des normes professionnelles et des règles déontologiques),
encourager la recherche et se mettre au service de l’intérêt général. C’est à
ce titre que l’Institut des actuaires s’est associé à cette étude, en participant
notamment à l’analyse des données consolidées dans le but de mieux
modéliser ce risque complexe.
La Fédération Française d’Assurance (FFA) : elle rassemble 260 sociétés
d’assurance et de réassurance représentant 99 % du marché. Elle a pour
mission de représenter les intérêts du secteur auprès des pouvoirs publics et
des différents partenaires, en France et à l’international. Elle intervient dans le
débat public sur des sujets sociétaux. La FFA regroupe également les forces
de réflexion et d’analyse des enjeux financiers, techniques et juridiques
de la profession. Elle centralise les données statistiques et s’assure que les
informations sont diffusées auprès des partenaires et des médias. Elle organise
également des actions de prévention et de formation.
Les courtiers spécialistes du risque d’entreprise
Cette étude a été menée auprès de huit grands courtiers spécialistes du
risque d’entreprise : AON, Diot, Filhet Allard, Marsh, Siaci saint Honoré,
Verlingue, Verspieren, Gras Savoye-Willis Towers Watson.
Planète CSCA, le syndicat du courtage, a également été mis à contribution,
notamment pour avoir une meilleure vision du marché des PME.
LUmière sur la CYberassurance -P15 - ©AMRAE
Une vision fiable et objective
Cette analyse du risque cyber par le prisme des polices rédigées par les
courtiers spécialistes des risques d’entreprise permet d’avoir une vision juste,
précise et exhaustive du marché des grandes entreprises et des Entreprises de
taille intermédiaire : sur le segment des entreprises réalisant plus de 10 M€ de
chiffre d’affaires, l’étude donne l’image la plus fiable du marché à date.
Le niveau de fiabilité s’érode à mesure que la taille des entreprises se réduit :
entre 2 M€ et 10 M€ de chiffre d’affaires, les résultats restent toutefois très
fiables. Ils le sont nettement moins pour les entreprises réalisant moins de
2 M€ de chiffre d’affaires : les courtiers de proximité, les agents généraux et
les bancassureurs, qui sont les partenaires privilégiés des TPE et des PME,
n’ont pas pu être sollicités dans le cadre de la première édition de cette étude.
Par ailleurs, il reste délicat de parler de tendance avec des données sur les
seules années 2019 et 2020 : mieux vaut attendre d’avoir quatre ou cinq ans
d’historique pour tirer des conclusions robustes sur l’évolution des taux de
primes et des résultats techniques.
Données analysées par l’étude LUCY
1 879 entreprises et collectivités publiques ont
souscrit un contrat d’assurance cyber au cours des années
2019 et 2020.
328sinistres indemnisés en 2019 et 2020.
LUmière sur la CYberassurance -P16 - ©AMRAE
Des ambitions internationales
L’AMRAE a lancé cette étude sur l’assurance cyber avec beaucoup d’espoirs
et peu de certitudes. Ses premiers résultats la confortent dans l’idée d’en faire
un rendez-vous récurrent : l’étude LUCY va être reconduite chaque année en
partenariat avec les courtiers pour suivre l’évolution de ce risque dans la durée.
Au regard du caractère international de la plupart des polices d’assurance
cyber, l’AMRAE va - comme elle l’a fait pour son panorama des systèmes
d’information de gestion des risques - élargir cette enquête à l’ensemble du
marché européen, avec le support de ses partenaires européens. En parallèle,
l’AMRAE souhaite étendre l’enquête aux marchés américains et asiatiques. En
effet, le risque cyber ne connaît pas de frontières et les stratégies des grands
assureurs sont établies au niveau mondial.
Le marché américain a une spécificité : le montant colossal des coûts de
notification et des frais d’avocats afférents en cas de fuite de données
personnelles.
Mieux comprendre les différents marchés de l’assurance cyber, la façon dont
les polices sont rédigées, le montant des primes, le niveau des capacités
souscrites ainsi que l’évolution de la sinistralité est utile à l’ensemble des
parties prenantes : les assureurs, les courtiers et leurs clients (entreprises et
collectivités publiques). Car le marché français ne pourra réellement décoller
que quand les assureurs auront trouvé les conditions de la mutualisation qui
permettent aux assurés de se sentir réellement protégés.
Cette étude va être reconduite chaque année,
en partenariat avec les courtiers. Elle sera
également élargie au marché européen dans un
premier temps, puis à l’échelle mondiale.
Des entreprises et
des collectivités publiques
peu et mal couvertes
LUmière sur la CYberassurance -P18 - ©AMRAE
Des entreprises et
des collectivités publiques
peu et mal couvertes
L’assurance contre le risque cyber n’a pas encore totalement
pénétré le tissu économique français. Le taux de couverture
des entreprises et des collectivités publiques reste bas.
On peut aussi se demander, au vu des résultats de l’étude
LUCY, si les capacités qu’elles souscrivent sont à la mesure
de leur exposition au risque cyber.
LUmière sur la CYberassurance -P19 - ©AMRAE
87% des grandes entreprises sont assurées
Le taux de couverture des entreprises et des collectivités publiques contre
le risque cyber restait à ce jour inconnu. L’étude LUCY vient enfin combler
cette lacune : 87 % des grandes entreprises sont assurées contre ce risque.
En revanche, le Entreprises de taille intermédiaires (ETI), les PME et les
collectivités publiques ne recourent à l’assurance cyber que de façon
marginale, ce qui suscite de véritables inquiétudes.
Couverture a minima et inadaptée pour les
grandes entreprises
Le taux de couverture des grandes entreprises a bondi de 15 points en un an
pour atteindre 87 % en 2020. Les 13 % restants (soit 34 grandes entreprises
réalisant plus d’1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires sur les 287 recensées
par l’Insee) n’ont pas souscrit de police spécifique. Cela ne veut pas dire
qu’elles ne sont pas couvertes : elles peuvent avoir choisi de s’auto-assurer
par la mise en place d’une captive (c’est-à-dire une filiale jouant le rôle d’un
assureur) ; elles peuvent aussi avoir souscrit une police Responsabilité civile
(RC) intégrant des garanties cyber. L’étude ne le dit pas.
Elle livre en revanche un indice intéressant sur la stratégie des entreprises qui
souscrivent une police cyber : leur niveau de couverture semble très inférieur
à leur exposition au risque cyber. La capacité moyenne souscrite par les 87 %
de grandes entreprises qui ont fait le choix de s’assurer est restée stable en
2020, autour de 38 M€. Or, les attaques qui ont ciblé de grandes entreprises
ces dernières années se sont soldées par des centaines de millions d’euros de
pertes qui ne sont pas toujours assurées.
Cela n’a rien d’étonnant : pour une entreprise réalisant plus d’1,5 Md€ de
chiffre d’affaires, le coût d’un arrêt total de l’activité pendant un ou plusieurs
jours se chiffre en millions d’euros. Auxquels s’ajoutent les coûts de gestion
de crise, le risque de réputation, les éventuels frais de notification en cas de
pertes de données, etc. On peut donc considérer que les grandes entreprises
sont très nettement sous-assurées.
LUmière sur la CYberassurance -P20 - ©AMRAE
Le coût des sinistres cyber reste difficile à évaluer. Il est parfois
marginal. Mais il peut aussi se chiffrer en centaines de millions d’euros :
220 M€ de chiffres d’affaires pour le groupe Saint-Gobain en 2017, 70 M€
pour Eurofins en 2019, et 50 M€ pour le groupe Sopra Steria en 2020… Une
perte sèche pour certains, car ces dommages n’étaient pas tous couverts par
une police d’assurance.
Entreprises de taille intermédiaire : une adoption
trop lente, une couverture inadaptée
Le nombre d’Entreprises de taille intermédiaire (ETI) ayant souscrit une
assurance contre le risque cyber a bondi de 43,6 % en 2020. Une telle
croissance serait encourageante si le taux de couverture des ETI ne restait
pas aussi bas : les données recueillies dans le cadre de l’étude LUCY montrent
que sur les 5 763 entreprises françaises réalisant entre 50 M€ et 1,5 Md€
de chiffre d’affaires, seulement 441 ont une couverture assurantielle contre le
risque cyber3. Moins de 8 %.
Ce chiffre est préoccupant : il montre que la conscience du risque cyber et le
principe de la protection assurantielle n’ont pas encore pénétré notre économie.
Une entreprise dont le chiffre d’affaires flirte avec le milliard d’euros doit avoir
une gestion globale du risque cyber, à base de prévention et d’assurance.
De plus, l’étude montre que les ETI qui s’assurent sont - tout comme les
grandes entreprises - encore sous-protégées. La capacité moyenne souscrite
sur ce segment n’est que de 8 M€ : un niveau probablement très inférieur
à leur exposition réelle au risque cyber, comme on a pu le voir au cours de
l’année 2020 (voir page 26).
En 2020, les grandes entreprises assurées ont
souscrit une capacité moyenne de 40 M€.
Pour une ETI ou une PME, s’assurer contre le risque
cyber devrait être aussi naturel que se couvrir
contre l’incendie ou les catastrophes naturelles.
3 https://www.lemagit.fr/essentialguide/Contre-les-ransomwares-combiner-preparation-prevention-et-detection
LUmière sur la CYberassurance -P21 - ©AMRAE
Les PME ignorent les assurances cyber
En 2020, seulement 362 des 140 000 PME réalisant entre 10 et 15 M€ de
chiffre d’affaires ont souscrit une assurance cyber auprès de leur courtier.
Ce chiffre est sans doute sous-estimé car elles peuvent aussi souscrire ce
type de garanties auprès d’un agent général d’assurance, ou d’un courtier de
proximité autre que ceux répondant à l’étude. Mais il a le mérite de dessiner
une tendance : le taux de couverture des PME a certes progressé de 16,3 %
entre 2019 et 2020. Mais il reste trop faible au regard de l’impact potentiel
du risque cyber sur une chaîne de valeur. Il faut aller jusqu’au troisième chiffre
après la virgule pour mesurer leur taux de couverture actuel : 0,0026 %.
LUmière sur la CYberassurance -P22 - ©AMRAE
Des collectivités publiques toujours sous-équipées
Depuis le début de l’année, les collectivités territoriales françaises ont
été particulièrement visées : une dizaine de villes (Angers, Douai, Houilles,
Pontault-Combault, Elancourt…), la communauté de communes de l’Est
lyonnais, le département de la Vienne ont été touchés par une cyberattaque.
Leur taux de couverture en assurance cyber est pourtant resté stable en
2020 : autour de 1 %. Mais il tend à s’élever avec la taille de l’organisation : les
régions, départements et métropoles sont par exemple plus souvent équipés
que les communes.
Source : Etude LUCY menée par l’Amrae en 2021.
Effectif 2020
(selon les
catégories de
l’Insee)
Nombre
de contrats
d’assurance
cyber en 2019
Nombre
de contrats
d’assurance
cyber en 2020
Croissance
2019/2020
Taux de
couverture
Cyber 2020
Grandes entreprises
(plus d’1,5 Md€ de
CA) 287 207 253 + 22,2 % 87 %
Entreprises de taille
intermédiaire
(50 M€ à 1,5 Md€
de CA)
5 763 307 441 + 43,6 % 7,6 %
Petites et moyennes
entreprises
(10 à 50 M€ de CA)
139 971 311 362 + 16,3 % 0,0026 %
Régions,
départements,
métropoles
NC 48 48 0 NC
Communes de
plus de 5 000
habitants et
intercommunalités
2 204 27 27 0 1 %
LUmière sur la CYberassurance -P23 - ©AMRAE
Un volume de prime encore limité
En 2020, le volume global des primes d’assurance versées par des entreprises
françaises au titre des garanties contre le risque cyber a représenté 129,6 M€.
Il n’était que de 87,2 M€ en 2019, soit une croissance supérieure à 48 %.
Cette croissance est avant tout portée par l’amélioration du taux de couverture
puisque le nombre d’entreprises assurées a augmenté de 35 % en moyenne (+22,2 %
pour les grands groupes et +43,6 % pour les ETI).
Mais elle doit être relativisée : ces 129,6 M€ sont une goutte d’eau dans
l’océan de 8,12 Md€ de cotisations d’assurances des biens professionnels et
agricoles4. Un tel montant semble aussi très limité au regard de l’exposition
cumulée des entreprises : au cours des trois années écoulées, de grandes
entreprises ont subi des dommages supérieurs à 50 M€.
Le marché est porté
par les grandes entreprises
Le volume de primes perçues par les courtiers ayant
participé à l’enquête au titre de l’assurance cyber en 2020
est de 129,6 M€, en hausse de 48 % par rapport à 2019.
82%
11%
6% 1%
Répartition des 129,6 M€ de primes
d’assurance payées en 2020 par
catégories d’entreprises et de
collectivités :
•Grandes entreprises : 105,9 M€
•ETI : 14,9 M€
•PME et TPE : 7,6 M€
•Collectivités publiques : 1,3 M€
4 Source : FFA
LUmière sur la CYberassurance -P24 - ©AMRAE
Des taux de primes en hausse
La croissance du volume de primes d’assurance cyber a également été portée
par l’augmentation des taux de prime. C’est l’une des grandes révélations de
l’étude LUCY, qui a permis de calculer les taux de primes moyens pratiqués en
fonction de la taille des entreprises et de la capacité moyenne souscrite5. Ce
taux moyen a été obtenu en faisant le rapport entre le volume total de prime et
la capacité moyenne souscrite par tous les assurés de la catégorie considérée.
Pour les ETI, le taux de prime moyen est passé de 0,34 % en 2019 à 0,45 %
en 2020. L’augmentation peut sembler importante. Mais les ETI continuent à
payer leur couverture plus de 2 fois moins cher que les grandes entreprises,
dont le taux de prime moyen est passé de 0,93 % en 2019 à 1,03 % en 2020.
Cet écart de 1 à 2 peut s’expliquer : d’une part, le périmètre de risques des ETI
est a priori mieux contrôlé que celui des multinationales car il est plus limité.
Même si - nous le verrons par la suite - leurs moyens de prévention semblent
moins développés. De plus, les grandes entreprises recherchent des capacités
plus importantes auprès des assureurs : des niveaux de couverture difficiles
à trouver aujourd’hui sur le marché. En revanche, sur le marché des capacités
moyennes, l’offre est importante, donc le marché plus concurrentiel.
Ce taux est purement indicatif. En effet nous ne prenons pas en compte les
potentielles franchises ou auto assurances qui influenceraient à la hausse
le taux réel de prime appliqué. Cependant elles seront plutôt destinées aux
grandes entreprises qu’aux ETI et renforceraient d’autant plus l’écart de taux
entre les grandes entreprises et les ETI. Etant donné le niveau des franchises
faibles appliqué généralement sur le marché en 2019 et 2020, cet indicateur
est à notre sens fiable et révélateur d’une tendance exploitable.
Le taux de prime moyen des grandes
entreprises est plus de 2 fois supérieur
à celui des ETI.
5 Ce calcul ne prend pas en compte les franchises et rétentions qui pourraient être appliquées à certains contrats.
LUmière sur la CYberassurance -P25 - ©AMRAE
Inflation en vue
En accélérant la transformation digitale de l’économie, la crise sanitaire a
fait du risque cyber un enjeu plus essentiel que jamais. Il est indispensable
de sensibiliser les entreprises et les collectivités publiques et de les prévenir
qu’après une année 2020 à forte sinistralité (voir page 26), les taux de primes
ont tendance à augmenter pour les grandes entreprises comme pour les ETI et
les PME. Cette inflation pourra toutefois être en partie jugulée par le relèvement
des franchises ou, pour les grandes entreprises, par le développement de
l’auto-assurance (via la mise en place ou l’utilisation de captives).
Taux de prime : grand écart entre les grandes entreprises et les ETI
Source : Etude LUCY menée par l’Amrae en 2021.
Grandes entreprises : des sinistres XXL
En 2019, comme en 2020, les grandes entreprises couvertes par une police
cyber ont déclaré 90 sinistres. On peut donc parler de stabilité dans la
fréquence, même s’il est difficile de parler de réelle tendance sur seulement
deux ans.
En revanche, les sinistres semblent s’être considérablement intensifiés : le
montant moyen d’indemnisation a été multiplié par 6, passant de 31,8 M€ en
2019 à 201,5 M€ en 2020.
Entreprises
Nombre
d’entreprises
couvertes en
2019
Montant
cumulé de
prime cyber
2019
Capacité
cyber moyenne
souscrite en
2019
Taux de prime
cyber moyen
en 2019
Nombre
d’entreprises
couvertes en
2020
Montant cumulé
de prime cyber en
2020
Capacité
souscrite en
2020
Taux de
prime
cyber
moyen en
2020
Grandes
entreprises 207 73 118 563 € 38 085 652 € 0,93 % 251 105 891 882 € 41 030 677 € 1,03 %
ETI 307 8 093 921 € 8 138 553 € 0,32 % 441 14 872 640 € 7 567 604 € 0,45 %
PME 311 2 932 394 € 1 934 341 € 0,49 % 362 5 287 862 € 2 066 514 € 0,71 %
TOTAL 825 84 144 878 € 13 313 752 € 0,77 % 1054 126 052 384 € 13 647 146 € 0,88 %
LUmière sur la CYberassurance -P26 - ©AMRAE
Grandes
entreprises
Entreprises
de taille
intermédiaire
Fréquence
des sinistres
en 2019
PME - TPE -
Public Total
Indemnisations
versées en 2019 31,8 M€ 38,9 M€ 2,8 M€ 73,5 M€ 73,5 M€
Indemnisations
versées en 2020 201,5 M€ 12,7 M€ 2,4 M€ 216,6 M€ 216,6 M€
Evolution
2019/2020 + 533 % -67 % + 14 % + 194 % + 194 %
En réalité, parler de moyenne n’a pas vraiment de sens car le risque
cyber est particulièrement volatil : en 2019, aucun sinistre a plus de
10 M€ n’a été déclaré ; l’année suivante, quatre sinistres ont été indemnisés à
hauteur de 10 à 40 M€ chacun. Peut-être ont-ils coûté encore plus cher aux
entreprises concernées : l’indemnisation étant limitée par la capacité souscrite
et le montant de la franchise, l’étude ne permet pas de le savoir précisément.
Ces quatre sinistres ont, à eux seuls, fait plonger les résultats techniques
des grandes entreprises en zone rouge écarlate : leur ratio Sinistres/Primes
est passé de 44 % en 2019 à 190 % en 2020. Cela signifie que l’an passé,
les assureurs ont, sur ce segment d’entreprises, versé près de deux fois plus
d’indemnisations qu’ils n’ont perçu de primes.
Grandes entreprises :
très forte augmentation des coûts d’indemnisation
Source : Etude LUCY menée par l’Amrae en 2021.
LUmière sur la CYberassurance -P27 - ©AMRAE
Grandes
entreprises
Entreprises de
taille intermédiaire
PME - TPE -
Public S/P moyen
Ratio S/P en
2019 44 % 481 % 91,5 % 84,3 %
Ratio S/P en
2020 190 % 85 % 27 % 167 %
ETI et PME : des résultats techniques
en dents de scie
Les ETI ont fait le chemin inverse : partant d’un ratio S/P très dégradé (481 %
en 2019), elles sont revenues à un ratio de 85 % en 2020. La fréquence a peu
augmenté (+5 %) et aucun sinistre d’ampleur n’a été déclaré en 2020 sur ce
segment d’entreprise.
Quant aux PME, TPE et collectivités publiques, elles ont enregistré l’an passé
3 fois plus de sinistres qu’en 2019. Mais pour des coûts d’indemnisation qui
restent limités : 40 000 € en moyenne.
Montagnes russes
Le S/P moyen du marché recouvre des réalités radicalement différentes entre
grandes entreprises, ETI et PME
Source : Etude LUCY menée par l’Amrae en 2021.
En 2020, quatre sinistres XXL, indemnisés entre
10 et 40 M€ chacun, ont représenté à eux seuls
78 % du volume d’indemnisations versées.
LUmière sur la CYberassurance -P28 - ©AMRAE
Des sinistres XXL à fort impact
Sur l’année 2020, l’étude montre que les 80 % de sinistres de petite et moyenne
intensité n’ont représenté que 4 % des indemnisations. En revanche, quatre
sinistres d’intensité XXL (5,5 % des 90 sinistres enregistrés) ont représenté à
eux seuls 78 % du volume global d’indemnisations versées.
Si l’on fait abstraction de ces quatre sinistres, la fréquence, l’intensité de la
sinistralité et les résultats techniques de l’ensemble du marché se révèlent
d’une stabilité remarquable entre ces deux exercices.
C’est l’un des principaux enseignements de l’étude LUCY : elle fait apparaître
l’impact que peuvent avoir les sinistres d’intensité sur une branche d’assurance
encore jeune, dont la mutualisation reste pour le moment insuffisante. Et cela
confirme l’intérêt pour les entreprises de relever le niveau de leur capacité,
afin d’être bien protégées en cas de sinistre d’ampleur.
LUmière sur la CYberassurance -P29 - ©AMRAE
Distribution des sinistres par taille d’entreprises en 2019 et en 2020 :
4 sinistres XXL changent la donne
L’idée très répandue selon laquelle le nombre de sinistre cyber connait une
croissance exponentielle est en partie fausse : quand on parle de sinistres de
petite, moyenne ou forte intensité, la croissance du nombre de sinistres est
certes réelle ; mais elle est avant tout portée par l’augmentation du nombre
d’entreprises protégées. Entre 2019 et 2020, la différence se joue sur les
sinistres de très forte intensité (entre 10 et 40 M€ d’indemnisation), dont le
nombre est passé de 0 à 4 en un an.
XS & S
0-0.3 M€
4,5
28,9
39,6
9,1
22,3
53,9
131,3
M&L
0.3-3 M€
XL
3-10 M€
XXL
10-40 M€
2019 2020
Source : Etude LUCY menée par l’Amrae en 2021.
Montant des Sinistres (M€)
140
120
100
80
60
40
20
0
LUmière sur la CYberassurance -P30 - ©AMRAE
Une sinistralité stable en fréquence et en intensité… sauf pour les sinistres
XXL
Entre 2019 et 2020, la distribution des sinistres reste stable : autour de
80 % de petits sinistres, 15 % de sinistres de moyenne intensité, 5 % de sinistres
de taille L et XL. La seule différence - mais elle est de taille ! - se joue sur les
sinistres XXL.
XS & S
0-0.3 M€
M&L
0.3-3 M€
XL
3-10 M€
XXL
10-40 M€
2019 2020
Source : Etude LUCY menée par l’Amrae en 2021.
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
LUmière sur la CYberassurance -P31 - ©AMRAE
Nous allons aller plus en détail pour voir l’évolution respective des Grandes
Entreprises et des ETI/PME entre 2019 et 2020.
2019 - Grands Groupes
2019 - ETI & PME
Fréquence
Montant des sinistres
Fréquence
Montant des sinistres
XS & S
0-0.3 M€
84,9%
9,6%
5,5% 0% 0M€ 3,7 M€
11,5 M€ 16,6M€
M&L
0.3-3 M€
XL
3-10 M€
XXL
10-40 M€
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
XS & S
0-0.3 M€
75,3%
21,0%
3,7% 0% 0M€
0,8 M€
17,5 M€
23,0M€
M&L
0.3-3 M€
XL
3-10 M€
XXL
10-40 M€
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
LUmière sur la CYberassurance -P32 - ©AMRAE
2020 - Grands Groupes
2020 - ETI & PME
Fréquence
Montant des sinistres
XS & S
0-0.3 M€
73,3%
15,1%
7% 4,7%
131,3M€
4,3 M€
16,6 M€
49,4M€
M&L
0.3-3 M€
XL
3-10 M€
XXL
10-40 M€
140%
120%
100%
80%
60%
40%
20%
0%
XS & S
0-0.3 M€
89,8%
9,1%
1,1%
4,8 M€ 0% 0M€ 5,8 M€ 4,5M€
M&L
0.3-3 M€
XL
3-10 M€
XXL
10-40 M€
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
LUmière sur la CYberassurance -P33 - ©AMRAE
Grandes entreprises : une intensification de tous les sinistres
Si le volume des indemnisations versées aux grandes entreprises a explosé,
c’est en grande partie à cause de 4 sinistres XXL indemnisés en 2020. Mais pas
seulement : on observe, sur ces graphiques, un mouvement d’intensification
de tous les sinistres. La fréquence des petits sinistres a chuté (de 85 % en 2019
à 73 % en 2020) alors que celle des sinistres d’intensités moyenne et forte a
augmenté.
ETI : une écrasante majorité de petits sinistres
Les ETI ont nettement mieux maîtrisé leurs risques en 2020, avec une
baisse très importante du volume d’indemnisations (passé de 41,3 M€
en 2019 à 15,1 M€ en 2020) due en grande partie au segment des grands
sinistres, dont les coûts d’indemnisation sont passés de 23 M€ en 2019
à 4,5 M€ en 2020. Le coût des petits sinistres s’est, certes, alourdi :
il est passé de 0,8 M€ en 2019 à 4,8 M€ en 2020. Mais cette hausse est loin
de compenser la chute drastique des gros sinistres.
En apparence, la fréquence des sinistres indemnisés est restée stable en 2020.
Avec de grandes différences entre les grandes entreprises, dont les sinistres
d’amplitude ont été plus fréquents, et les ETI/PME, qui ont connu la tendance
inverse. Au point que les sinistres d’amplitude et de très grande amplitude
(plus de 10 M€) semblent être l’apanage des seules grandes entreprises.
Quel avenir
pour la cyberassurance ?
LUmière sur la CYberassurance -P35 - ©AMRAE
Quel avenir pour la cyber
assurance ?
Le marché de l’assurance cyber ne se consolidera que si
le nombre d’assurés augmente suffisamment pour créer
les conditions de la mutualisation. Mais l’équation est
difficile : comment attirer davantage d’assurés quand les
taux de cotisations et le niveau des franchises augmentent
alors même que les limites diminuent et que les garanties
s’amenuisent ?
LUmière sur la CYberassurance -P36 - ©AMRAE
Depuis un an, les négociations relatives au renouvellement des polices cyber
sont particulièrement tendues : les assureurs proposent des augmentations de
taux de cotisations que les entreprises et les collectivités publiques peinent à
accepter dans un contexte économique tendu.
Les résultats de l’étude LUCY permettent de mieux comprendre ces
augmentations : pour les assureurs, le ratio Sinistres/Primes est passé de
84 % entre 2019 à 167 % en 2020. Sur le segment des grandes entreprises, il a
littéralement bondi, passant de 44 % en 2019 à 190 % en 2020.
S’agit-il là d’une tendance de fond ? Il faudrait deux ou trois années d’historique
supplémentaire pour tirer une telle conclusion. Les résultats de l’année 2020
peuvent aussi être vus comme un accident après un cycle clément clôt par une
année 2019 très positive pour les assureurs.
L’étude LUCY permet de mieux comprendre l’état du marché
Les grandes entreprises sont confrontées à un problème d’offre
Elles sont très majoritairement protégées par une assurance cyber, mais avec un
niveau de couverture inférieur à leurs besoins réels. Or, les capacités disponibles
sur le marché ont tendance à se contracter. De plus, les assureurs prêts à prendre
le rôle d’apériteur du programme d’assurance cyber d’un grand compte (c’està-dire de monter en première ligne du programme) sont de plus en plus rares.
Cette offre restreinte est un vrai frein au développement de l’assurance cyber,
alors même que les grandes entreprises ont besoin de renforcer leur couverture.
Il faut sensibiliser les ETI au risque cyber et à sa couverture assurantielle
Au contraire des grandes entreprises, les ETI bénéficient encore aujourd’hui
d’un marché concurrentiel, avec une offre importante et des prix attractifs. Si
seulement 8 % d’entre elles ont souscrit une police cyber, c’est plutôt parce
qu’elles méconnaissent ou sous-estiment leur exposition à ce risque. Il faut
donc les sensibiliser et stimuler la demande.
Créer des offres plus adaptées aux PME
Les enseignements de l’étude LUCY sur le segment des PME sont encore
limités. On peut tout de même considérer que leur taux de couverture est faible
et qu’il est important de les sensibiliser aux enjeux de la sécurité numérique et
de l’assurance cyber.
LUmière sur la CYberassurance -P37 - ©AMRAE
Il n’y a donc pas un marché de l’assurance cyber, mais deux marchés confrontés
à deux problématiques radicalement différentes : un manque d’offre du côté
des grandes entreprises, une faiblesse de la demande du côté des ETI, des
PME et des collectivités publiques.
Sur le segment des grandes entreprises, les assureurs
cyber ont pour la première fois en 2020 versé près de deux
fois plus d’indemnisation qu’ils n’ont perçu de primes.
En tout état de cause, les entreprises et les collectivités publiques ont, quelle
que soit leur taille, intérêt à mieux se protéger contre le risque cyber en agissant
sur les trois leviers : investir dans la prévention, se préparer à la gestion de
crise et améliorer leur couverture assurantielle, en relevant le niveau de leur
capacité pour les grandes entreprises et en augmentant le taux de couvertures
des ETI/PME et des collectivités publiques.
Ce qui, dans un contexte de crise, est difficile à entendre pour les décideurs
devant approuver ces évolutions budgétaires.
Les Risk Managers vont devoir trouver de solides arguments pour convaincre
leur direction d’investir davantage dans la prévention et l’assurance du risque
cyber, alors même que l’assurance coûtera plus cher pour des garanties
équivalentes voire inférieures. Les courtiers auront intérêt à les soutenir dans
cette démarche.
Il va falloir convaincre les entreprises et les collectivités
publiques d’acheter davantage d’assurance à un prix
unitaire plus élevé dans une période de grande incertitude
économique…
L’élargissement du marché est pourtant indispensable à la mise en place
d’une véritable mutualisation. Mais une hausse trop importante des taux et
des franchises, conjuguée à une réduction des couvertures, pourrait freiner
ce mouvement.
LUmière sur la CYberassurance -P38 - ©AMRAE
Si le marché ne trouve pas rapidement un équilibre technique satisfaisant, les
programmes d’assurance cyber vont devenir encore plus difficiles à finaliser
faute d’assureurs prêts à monter en première ligne. Les renouvellements
récents et les négociations en cours le montrent déjà : les assureurs préfèrent
se positionner plus haut dans les programmes d’assurance, en deuxième,
troisième, voire quatrième ligne pour éviter une trop forte exposition aux
sinistres de fréquence, ainsi qu’à ceux de forte intensité.
L’équation à résoudre est difficile. Elle ne trouvera de résolution que dans un
dialogue constructif entre assureurs, courtiers et assurés. L’étude LUCY vient
nourrir ce dialogue, notamment en contribuant à définir un cadre objectif de
négociation.
L’assurance cyber est un enjeu
stratégique pour les entreprises
et les collectivités publiques :
ce qu’il faut retenir de l’étude LUCY
LUmière sur la CYberassurance -P40 - ©AMRAE
01. 87 % des grandes entreprises sont couvertes, ce qui montre leur conscience de ce
risque. Les Entreprises de taille intermédiaire (ETI), les PME et les collectivités publiques
restent moins souvent protégées.
02. Les ETI et les PME – l’essentiel du tissu économique français - ne s’assurent pas
assez contre le risque cyber. Elles doivent engager le dialogue avec les assureurs et les
pouvoirs publics pour trouver les meilleures solutions pour se protéger.
03. Les grandes entreprises sous-estiment encore le niveau de leur exposition au
risque cyber : le montant des capacités souscrites est aujourd’hui inférieur à l’impact
financier que pourrait avoir une cyberattaque.
04. 82 % du volume de primes d’assurance cyber est porté par les grandes
entreprises qui ont déjà du mal à trouver les capacités dont elles ont besoin. Si l’offre de
couverture cyber venait à se contracter, le marché ne trouverait plus d’équilibre.
05. Le développement de l’assurance cyber passe par une stratégie différenciée
entre les grandes entreprises d’un côté, les ETI, les PME et les collectivités publiques
de l’autre.
06. Le risque cyber – comme le risque pandémique - est potentiellement systémique :
faute d’assurance adaptée, les entreprises et les collectivités publiques confrontées à
une cyberattaque de grande ampleur verront leur avenir menacé.
07. Une offre véritablement substantielle du marché de l’assurance cyber protégera
mieux les entreprises et les collectivités publiques en créant les conditions de la
mutualisation indispensable à l’équilibre technique de ces garanties.
08. Le risque cyber entraîne de nombreux sinistres de faible intensité. Ceux-ci ne
seront pas assurables dans la durée si les entreprises et les collectivités publiques ne
mettent pas en place une véritable stratégie de sécurité numérique permettant de
réduire la fréquence.
09. Une bonne préparation à la gestion de crise permet de réduire considérablement
l’impact opérationnel et financier d’une cyberattaque. De ce point de vue, les intérêts
des assurés et des assureurs sont parfaitement alignés : une crise plus courte permet…
un retour à la normale plus rapide et un moins grand sinistre.
10. Une stratégie de maîtrise du risque cyber droit reposer sur trois piliers
fondamentaux : la prévention, la gestion de crise et l’assurance.
LUmière sur la CYberassurance -P41 - ©AMRAE
L’institut des actuaires est particulièrement heureux de collaborer
à LUCY. Pour lutter efficacement, au niveau national ou européen,
contre le fléau du risque cyber, il est indispensable de disposer de
données fiables sur les incidents et attaques.
Jusqu’ici, aucune base de données publique n’existait en France.
L’étude LUCY constitue la première source d’information publique
pour quantifier le coût économique du risque cyber auquel les
entreprises sont exposées. Analyser les impacts économiques
selon plusieurs critères est essentiel pour évaluer comment les
risques peuvent être supportés et mutualisés. Il s’agit d’un premier
pas important vers une meilleure connaissance du risque cyber,
permettant une prise en charge différenciée des victimes et des
cibles selon les différents niveaux d’exposition au risque.
Philippe Talleux,
Président de l’institut des actuaires
La FFA salue le travail réalisé dans le cadre de cette étude. Elle apporte
une vision complémentaire à celle des assureurs sur l’évolution de ce
marché. Le partage de l’information entre intermédiaires, clients et
assureurs permet de bâtir les offres assurantielles les mieux adaptées
aux besoins des clients.
Christophe Delcamp, FFA.
Directeur adjoint
Direction des assurances de dommages et responsabilité
Federation Française de l’Assurance
L’ANSSI a une excellente connaissance des attaques les plus
sophistiquées qui visent des cibles stratégiques. Mais l’impact
financier des attaques informatiques sur les entités victimes reste
encore peu connu : avoir une meilleure vision des coûts contribuera
à la prise conscience des organisations et aidera au développement
de nouvelles solutions.
Fabien Caparros, ANSSI.
Chef d’état-major Sous-direction Stratégie
Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information
© AMRAE – MAI 2021