Assurance chômage, prestations sociales et prélèvements obligatoires atténuent de 70 % les variations annuelles de niveau de vie des personnes d’âge actif
Au format Texte : numéro
2021
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L es situations de pauvreté peuvent
se caractériser par un faible niveau
de vie, mais également par des
ressources instables. Cette variabilité
introduit une incertitude qui peut entretenir, chez les plus modestes, un sentiment d’incapacité à faire face à des
dépenses imprévues (Papuchon, 2020).
Ainsi, avoir son attention accaparée
par la gestion quotidienne d’un budget
peut constituer un frein à la sortie de la
pauvreté (Mullainathan et Shafir, 2013).
Les personnes les plus modestes sont,
de fait, celles dont le niveau de vie est
le plus instable. Pour elles, les prestations sociales assurent non seulement
un minimum pour vivre, mais elles atténuent également les chocs de revenu
auxquels elles peuvent être confrontées.
Durant les périodes de récession, assurance chômage, prestations sociales et
prélèvements participent de manière
essentielle à amortir les pertes de revenus extrêmes (Busch, et al., 2018).
Dans cette étude, le rôle stabilisateur
des transferts publics (prestations, mais
aussi prélèvements obligatoires) est évalué par leur contribution à la réduction
des variations annuelles de niveau de
vie des personnes d’âge actif, selon leur
niveau de vie. Quatre catégories de transferts publics sont prises en compte : les
prestations de solidarité, les prestations
familiales, les prélèvements et l’assurance
chômage (encadré 1). Le niveau de vie
Raphaël Lardeux (DREES) d’une personne est ici défini comme les
Les transferts publics comprennent des transferts fiscaux
et sociaux tels que l’assurance chômage, les prestations familiales
et de solidarité ainsi que les prélèvements obligatoires.
En plus de concourir à la réduction des inégalités, ils participent
à la stabilisation des niveaux de vie. Ce rôle stabilisateur peut
s’évaluer en mesurant leur contribution à la réduction
de la variabilité annuelle du niveau de vie avant transferts.
En moyenne, entre 2011 et 2016, les transferts publics amortissent
ainsi 70 % des variations annuelles de niveau de vie des personnes
d’âge actif: environ 80 % autour du premier décile de niveau
de vie après transferts et encore 20 % pour le neuvième décile.
L’assurance chômage contribue de façon primordiale
à la stabilisation du niveau de vie : elle absorbe près de la moitié
de la variabilité du niveau de vie avant transferts des personnes
se situant entre le deuxième et le quatrième décile de niveau
de vie. Les prestations sociales constituent également un filet
de sécurité particulièrement efficace chez les plus modestes.
Concernant les prélèvements, en raison d’un décalage
entre les années de déclaration et de paiement sur la période
d’étude, l’impôt sur le revenu et la taxe d’habitation
ont plutôt tendance à accroître la variabilité des niveaux de vie
chez les plus aisés.
À niveau de vie moyen identique, les transferts publics
– en particulier les allocations logement – réduisent nettement
les disparités de variabilité annuelle de niveau de vie entre
locataires et propriétaires.
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Assurance chômage, prestations sociales
et prélèvements obligatoires atténuent
de 70 % les variations annuelles de
niveau de vie des personnes d’âge actif
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avril
Assurance chômage, prestations sociales et prélèvements obligatoires atténuent de 70 % les variations annuelles
de niveau de vie des personnes d’âge actif
ressources de son « ménage fiscal », c’està-dire de l’ensemble des foyers fiscaux
rattachés à son logement, rapportées au
nombre d’unités de consommation de
ce ménage fiscal (encadré 2). Le niveau
de vie initial est mesuré avant transferts,
tandis que le niveau de vie final inclut
les transferts ; tous deux sont corrigés
des effets de cycle de vie (encadré 1), de
façon à gommer le fait que le niveau de
vie tend à progresser avec l’âge au cours
de la vie active. Les individus sont ensuite
classés sur une échelle de niveau de vie
final moyen sur la période d’observation
selon la position qu’ils occupent par rapport aux autres individus de la même
génération. La variabilité annuelle du
niveau de vie rend compte de ses fluctuations autour d’une tendance stable
(encadré 3).
L’analyse est menée à partir des données
de l’Échantillon démographique permanent (EDP) entre 2011 et 2016, période
qui ne connaît pas de choc économique
majeur. Les effets amortisseurs mis en
évidence sont ainsi propres à des trajectoires individuelles. S’ils ne sauraient
être immédiatement transposés à des
situations de crise telles qu’on en rencontre aujourd’hui, leur analyse fournit
des enseignements sur la capacité des
transferts publics à soutenir le niveau de
vie des ménages, des plus modestes aux
plus aisés.
Le niveau de vie avant transferts
des 10 % des individus les plus
modestes est près de quatre fois
plus variable que celui des 10 %
les plus aisés
La variabilité annuelle du niveau de
vie initial, constitué par les revenus
ENCADRÉ 1
Les niveaux de vie et leurs composantes
Deux notions de niveau de vie
Le niveau de vie d’une personne est ici défini comme la somme des
ressources des foyers fiscaux répertoriés dans son logement – son
« ménage fiscal » – rapportée au nombre d’unités de consommation de ce ménage1
. Cette mesure permet de comparer des individus appartenant à des ménages de composition différente. Dans
cette étude, on distingue deux notions de niveau de vie selon la
nature des revenus considérés :
• Le niveau de vie initial avant transferts comprend les revenus
d’activité, les revenus du patrimoine et de remplacement déclarés fiscalement (hors allocations chômage) et les revenus imputés
des produits financiers non déclarés, avant prélèvements2.
• Le niveau de vie final après transferts inclut l’indemnisation chômage, les prestations familiales, les prestations sociales de solidarité et les prélèvements selon le détail suivant :
1. Les allocations chômage déclarées à l’impôt sur le revenu. Il
s’agit principalement de l’aide au retour en l’emploi, mais aussi
de l’allocation de solidarité spécifique, qui est un minimum
social, de l’allocation temporaire d’attente et l’allocation équivalent retraite.
2. Les prestations sociales de solidarité regroupent les minima
sociaux (revenu de solidarité active, allocation adulte handicapé, minimum vieillesse), les allocations logement, mais
également la prime pour l’emploi jusqu’en 2015, puis la prime
d’activité en 2016.
3. Les prestations familiales comprennent les prestations d’entretien en faveur des familles (allocations familiales, complément
familial, allocation de soutien familial et allocation de rentrée
scolaire), les prestations d’accueil du jeune enfant (allocation
de base, prime à la naissance et allocations versées pendant le
congé parental mais pas les compléments mode de garde), et
l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé.
4. Les prélèvements pris en compte sont l’impôt sur le revenu
(IR) net d’avoirs fiscaux et de crédits d’impôts (hors PPE)3
, la
taxe d’habitation (TH), le prélèvement libératoire sur les revenus mobiliers, la contribution sociale généralisée (CSG) et la
contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).
Pour une année donnée, l’IR et la TH pris en compte sont ceux
versés cette année-là, reconstitués à partir des déclarations de
l’année précédente.
Certains prélèvements et transferts – en particulier les cotisations
sociales et les compléments mode de garde – ne peuvent être
inclus dans l’analyse faute de données. Les indemnités journalières
de maladie, maternité, paternité, d’accident du travail et de maladie professionnelle sont, au moins partiellement, déclarées avec
les salaires et traitements. Elles sont donc considérées comme
du revenu initial et leur rôle stabilisateur n’est pas pris en compte
dans cette analyse. L’Insee recalcule l’IR et les prélèvements sociaux
(CSG, CRDS) et reconstitue par imputation une large partie des
prestations sociales sur la période étudiée (Insee, 2019).
Une distribution du niveau de vie corrigée
des effets de cycle de vie
Les individus EDP (encadré 2) sont classés selon leur position dans la
distribution du niveau de vie final moyen lors de la période d’observation de leurs ressources. Compte tenu de la tendance générale
d’évolution du niveau de vie au cours du cycle de vie, une telle
distribution risque de surestimer la proportion de jeunes parmi les
plus modestes et celle de personnes plus âgées parmi les plus aisés.
De plus, une partie de la variabilité du niveau de vie provient purement de la tendance croissante d’évolution des revenus au cours
du cycle de vie. Exclure cette composante de la variabilité permet
de comparer des personnes d’âges différents indépendamment de
leur position dans le cycle de vie4
.
Pour ces raisons, il paraît nécessaire de corriger les niveaux de vie
afin de raisonner à position donnée dans le cycle de vie, selon
la méthode décrite par Guvenen, et al. (2013) et Pora et Wilner
(2020)5
. Dans un premier temps, pour chaque année d’observation,
les niveaux de vie sont purgés d’effets d’âge estimés par régression
linéaire du niveau de vie sur des indicatrices d’âge6
, ce qui permet ensuite d’attribuer à chaque individu « un niveau de vie final
moyen », moyenne sur la période d’observation de son niveau de
vie corrigé des effets du cycle de vie. Ainsi, les écarts de niveau de
vie associés à l’âge sont effacés. Dans un second temps, les individus sont classés selon leur position dans la distribution du niveau
de vie final moyen corrigé au sein de leur génération. Ainsi, la composition générationnelle d’un quantile respecte par construction
celle de l’ensemble de la population.
1. Les notions de ménage et de niveau de vie retenus dans cette étude sont proches conceptuellement mais ne correspondent pas exactement à ceux définis
par l’Insee pour l’analyse des inégalités à partir des Enquêtes sur les revenus fiscaux et sociaux (ERFS).
2. Les gains de levée d’option, les plus-values et les revenus au quotient sont exclus du niveau de vie dans la mesure où leur nature exceptionnelle et les arbitrages
permis par leur imposition engendreraient une volatilité artificielle dans le haut de la distribution.
3. Sont exclus l’impôt sur les revenus soumis au taux forfaitaire, l’impôt sur les plus-values et sur les revenus exceptionnels pour lesquels le système du quotient
s’applique ainsi que la CSG-CRDS sur les gains de levée d’options.
4. Cela ne signifie pas pour autant que la volatilité est la même quel que soit l’âge de la personne, étant donné que les variations du niveau de vie autour
de sa tendance peuvent dépendre de l’âge.
5. Dans ces analyses, la distribution d’intérêt est constituée sur une période antérieure à celle sur laquelle la volatilité est calculée, tandis que la présente étude
construit cette distribution selon le niveau de vie moyen sur la même période que celle utilisée pour obtenir la volatilité.
6. En revanche, les effets année ne sont pas retirés afin de prendre également en compte la stabilisation des chocs agrégés.
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Assurance chômage, prestations sociales et prélèvements obligatoires atténuent de 70 % les variations annuelles
de niveau de vie des personnes d’âge actif
1. Dans cette étude,
les individus sont
classés selon leur
niveau de vie final
moyen (encadré 1).
En fonction de ce
classement et du
degrés de finesse
requis par l’analyse, ils
sont ensuite répartis
en groupes de taille
identique : cent
groupes séparés par
des percentiles, dix
groupes séparés par
des déciles ou cinq
groupes séparés par
des quintiles.
« primaires », c’est-à-dire pour l’essentiel par les revenus d’activité et du
patrimoine (encadré 1) est particulièrement élevée pour les ménages les plus
modestes, principalement du fait de
ceux qui déclarent des revenus quasi
nuls certaines années (graphique 1). Elle
décroît régulièrement et se stabilise
autour du huitième décile1
de niveau de
vie, puis remonte très légèrement pour
les plus aisés. Ainsi, les personnes les plus
modestes sont aussi celles pour lesquelles
ENCADRÉ 2
Source et description de l’échantillon
Un échantillon d’individus EDP suivis au fil des années
L’échantillon démographique permanent (EDP) réunit cinq sources
de données exploitées ici entre 2011 et 2017 : les bulletins statistiques d’état civil, les enquêtes annuelles de recensement (EAR), le
fichier électoral, le panel d’actifs « tous salariés » des déclarations
annuelles des données sociales et les données socio-fiscales issues
des déclarations d’impôt sur le revenu, de taxe d’habitation et des
fichiers de gestion de la Caisse nationale des allocations familiales,
de la Caisse nationale de l’assurance vieillesse et de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole. Les individus EDP sont toutes
les personnes nées un des quatre premiers jours d’avril, de juillet,
d’octobre ou bien entre le 2 et le 5 janvier pour lesquelles l’une au
moins de ces sources est renseignée. Outre une riche information
administrative, l’EDP offre également un champ large et assure un
suivi annuel de la situation familiale, résidentielle, professionnelle
et des ressources de plus de 4,4 % des Français ainsi que de chacun
des membres de leur ménage fiscal, constitué par le regroupement
des foyers fiscaux répertoriés dans leur logement (Insee, 2019).
Les personnes vivant dans des structures collectives, en logement
précaire ou sans domicile sont exclues du champ.
Cette étude se focalise sur les individus EDP de France métropolitaine, âgés de 20 à 64 ans, ne déclarant pas recevoir de pension de
retraite et dont les ressources sont observées au moins trois fois
entre 2011 et 20161
. L’échantillon final comprend 6,48 millions d’observations sur 1,16 million d’individus EDP observés au moins trois
fois entre 2011 et 2016.
Les individus situés en deçà du 2e percentile et au-delà du
98e percentile de niveau de vie final moyen sur la période 2011-2016
(encadré 1) sont conservés dans l’échantillon, mais les inter-percentiles correspondants ne sont pas représentés graphiquement. En
effet, dans ces deux cas extrêmes, la position de l’individu dans la
distribution peut résulter d’une connaissance imparfaite de ses ressources (notamment parce que les prestations et les revenus financiers non déclarés sont reconstitués par imputation dans l’EDP et
parce que les revenus exceptionnels n’entrent pas dans le revenu
disponible).
1. Se restreindre aux individus présents chaque année dans les données pourrait biaiser la mesure des niveaux de vie, notamment si les personnes
aux ressources les plus instables, parfois non-imposables, déclarent moins systématiquement leurs revenus.
Structure de l’échantillon en 2015
Ensemble Quintile de niveau de vie final moyen corrigé des effets de cycle de vie
Premier Deuxième Troisième Quatrième Cinquième
Âge moyen (années) 43 43 43 43 43 43
Sexe (%)
Femmes 51 55 52 51 50 49
Hommes 49 45 48 49 50 51
Diplôme (%)
Sans diplôme 9 22 11 7 4 2
< Bac 33 44 44 37 27 14
Bac 21 19 23 23 21 16
> Bac 37 16 22 33 48 68
Contrat de travail (%)
CDI 81 63 78 84 87 88
CDD 9 16 10 7 6 6
Autre contrat 10 20 12 8 6 6
Type de ménage fiscal (%)
Personne seule 14 18 16 13 12 11
Famille monoparentale 10 17 12 8 6 5
Couple sans enfant 18 10 14 18 22 25
Couple avec enfant(s) 52 46 51 54 54 55
Ménage complexe 7 9 7 7 6 5
Nombre moyen de personnes dans le ménage fiscal 3 3 3 3 3 3
Statut d’occupation (%)
Propriétaire 62 32 53 68 76 81
Locataire 38 68 47 32 24 19
Niveau de vie mensuel moyen (en euros)
initial 2 250 684 1 426 1 944 2 540 4 649
final 2 061 986 1 471 1 829 2 268 3 745
Contribution mensuelle moyenne (en euros) des…
allocations chômage 81 91 92 76 69 77
prestations familiales 47 80 56 43 36 23
prestations sociales 65 203 64 27 17 13
prélèvements -382 -72 -168 -261 -393 -1 016
Nombre d’observations 1 066 799 213 195 213 532 213 213 213 257 213 602
Note • Les individus sont classés selon leur position par rapport aux quintiles de niveau de vie final moyen corrigé des effets de cycle de vie (encadré 1).
Dans la partie basse du tableau, les niveaux de vie et transferts publics observés en 2015 ne sont pas retraités.
Lecture • En 2015, 51 % des individus du champ sont des femmes.
Champ • Individus EDP âgés de 20 à 64 ans, résidant en France métropolitaine, ne déclarant pas percevoir de retraite et dont les ressources
sont observées au moins trois fois entre 2011 et 2016.
Source • EDP 2011-2017.
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Assurance chômage, prestations sociales et prélèvements obligatoires atténuent de 70 % les variations annuelles
de niveau de vie des personnes d’âge actif
2. Contrairement à
Blundell, et al. (2008),
cette étude ne fait pas
de distinction entre
chocs permanents et
transitoires.
le niveau de vie initial est le plus variable :
le niveau de vie initial des 10 % les plus
modestes est près de quatre fois plus
volatile que celui des 10 % les plus aisés.
Après redistribution par les transferts
publics, la variabilité annuelle du niveau
de vie est nettement atténuée, mais
reste plus forte pour les plus pauvres.
Le niveau de vie final des 10 % les plus
modestes est ainsi 1,4 fois plus variable
que celui des 10 % les plus aisés.
Les transferts publics
absorbent 70 % des chocs
annuels de niveau de vie
En lissant les variations de ressources
primaires des ménages, les transferts
publics les assurent ainsi contre les
chocs qui affectent leurs revenus d’activité, de patrimoine et leur structure
familiale. Cette assurance peut se mesurer par la part des variations annuelles
de niveau de vie initial absorbée par les
transferts publics (de manière similaire
à Blundell, et al., 2008)2. Si les chocs se
répercutent entièrement sur le niveau
de vie final, alors les transferts publics
ne réduisent pas la variabilité initiale
et l’intensité de l’assurance est nulle.
Inversement, elle est maximale (100 %) si
ces variations sont totalement amorties
(encadré 3).
Les transferts publics absorbent en
moyenne 70 % des variations annuelles
de niveau de vie initial. Autour du premier décile de niveau de vie final, la
variabilité initiale est amortie à hauteur
de 80 % (graphique 2). Cette intensité
de l’assurance opérée par les transferts publics est très élevée dans les
premiers déciles de niveau de vie, qui
concentrent des trajectoires de niveau
de vie initial particulièrement variables
et fortement lissées par les transferts
publics. Elle décroît progressivement
au fur et à mesure que le niveau de vie
augmente, mais elle reste importante,
GRAPHIQUE 1
Variabilité de niveau de vie
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Percentile de niveau de vie final
Variabilité du niveau de vie selon la position dans la distribution du niveau de vie final
(ratio par rapport à la variabilité au voisinage du niveau de vie final médian)
Niveau de vie initial Niveau de vie final
Référence
(variabilité = 1)
Note • Pour chaque intervalle inter-percentile, la variabilité est mesurée par l'écart-type
des différences annuelles du logarithme du niveau de vie corrigé du cycle de vie. Elle est exprimée
en ratio par rapport à la variabilité du niveau de vie des individus situés entre le 49e
et le 50e
percentile.
Par construction, les variabilités des niveaux de vie initial et final sont donc égales à 1 au niveau
de cette référence.
Lecture • Par rapport aux individus situés autour du niveau de vie final médian, ceux situés à proximité
du dixième percentile ont un niveau de vie initial 3 fois plus volatile et une niveau de vie final 1,6 fois
plus volatile.
Champ • Individus EDP âgés de 20 à 64 ans, résidant en France métropolitaine, ne déclarant pas
percevoir de retraite et dont les ressources sont observées au moins trois fois entre 2011 et 2016.
Source • EDP 2011-2017.
ENCADRÉ 3
Méthode
Mesurer la variabilité du niveau de vie
La variabilité annuelle du niveau de vie est mesurée par l’écart-type
des différences annuelles du logarithme du niveau de vie corrigé du
cycle de vie. Cette approche en différence inspirée par Guvenen,
et al. (2016) évite de considérer comme « volatile » une tendance
régulière dans l’évolution du niveau de vie individuel. Raisonner en
logarithme permet de prendre en compte des variations de niveau
de vie proportionnelles, plus pertinentes que des variations additives lorsque l’on compare des individus issus de divers percentiles
de la distribution. Enfin, l’écart-type fournit une mesure des variations
annuelles moyennes en valeur absolue.
Mener une analyse à fréquence annuelle amène à sous-estimer la
variabilité des ressources par rapport à une approche infra-annuelle.
Bénéficier de données mensuelles fournirait non seulement une
information plus fine sur les trajectoires individuelles, mais permettrait également de prendre en compte plus systématiquement les
décalages temporels entre la détermination de l’éligibilité à certaines
prestations et leur versement effectif.
Mesurer l’intensité de l’assurance opérée
par les transferts publics
L’intensité de l’assurance capte la contribution des transferts publics
à la réduction de la volatilité de niveau de vie initial. Formellement, en
notant i et f les différences de logarithme des niveaux de vie initial et
disponible respectivement, et en définissant les variations de transferts publics comme l’écart entre les deux t = i – f, cet indicateur est
mesuré par le coefficient de la régression des variations annuelles de
transferts sur celles du niveau de vie initial cov(i, t) / var(i). De manière
générale, l’intensité de l’assurance est comprise entre 0, si les transferts publics n’amortissent pas les fluctuations du niveau de vie initial1
qui se répercutent alors intégralement sur le niveau de vie final,
et 1, lorsqu’ils les amortissent parfaitement, auquel cas le niveau de
vie final reste stable. En principe, l’intensité de l’assurance peut être
négative si les transferts publics amplifient les fluctuations du niveau
de vie initial ou supérieure à 1 si une variation dans un sens du niveau
de vie initial entraîne une variation du niveau de vie final dans l’autre.
En pratique, ces situations sont vraisemblablement rares.
1. Par exemple dans le cas de transferts purement proportionnels au niveau de vie initial.
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Assurance chômage, prestations sociales et prélèvements obligatoires atténuent de 70 % les variations annuelles
de niveau de vie des personnes d’âge actif
3. Voir le Panorama
de la DREES Minima
sociaux et prestations
sociales - édition 2020,
pour une présentation
détaillée de la structure des prestations
sociales.
4. Ménages fiscaux
dont le nombre d’unités de consommation
reste constant tout au
long de la période.
5. Les tableaux
complémentaires sont
disponibles dans les
données associées à
l’étude sur le site internet de la DREES.
6. L’importance de
l’assurance chômage
dans les premiers
percentiles peut
s’expliquer par
la comptabilisation
de l’allocation de
solidarité spécifique
au sein de cette
catégorie plutôt que
parmi les prestations
sociales.
passant d’une réduction de la volatilité
d’environ 75 % au niveau du deuxième
décile à près de 50 % au niveau de la
médiane et encore de 20 % au niveau
du neuvième décile.
L’ampleur de cette stabilisation assurée par les transferts publics pour les
plus modestes résulte d’un double
mécanisme. D’une part, les transferts
représentent une proportion élevée et
stable de leurs ressources, qui s’élève
en moyenne à 30 % autour du premier décile, et constituent ainsi un filet
de sécurité (tableau de l’encadré 2).
D’autre part, la plupart de ces transferts sont conçus pour s’ajuster à la
hausse lorsque le niveau de vie initial
du ménage diminue, réduisant ainsi les
pertes de niveau de vie final. Ainsi, à la
suite d’une perte d’emploi, l’assurance
chômage représente une proportion
déterminée de l’ancien salaire (en général 57 %) versée pour une durée maximale de deux ans (pour les allocataires
de moins de 53 ans). Pour leur part,
par construction, les prestations de
solidarité ne peuvent être reçues par
un ménage que si ses ressources se
situent en deçà d’un seuil d’éligibilité
et leurs montants sont définis selon un
barème décroissant avec les ressources
du ménage, qui vise précisément à
compenser d’éventuelles pertes de
ressources. Certaines prestations familiales telles que les allocations familiales,
l’allocation de base de la prestation
d’accueil du jeune enfant (PAJE) ou le
complément familial sont également
sous conditions de ressources et prévoient des montants d’autant plus élevés que les ressources sont faibles. Suite
à une baisse de niveau de vie initial, les
prestations sociales s’ajustent plus ou
moins rapidement selon que les ressources sont évaluées sur une période
plus ou moins récente (trois derniers
mois pour le revenu de solidarité
active ; avant-dernière année pour les
prestations familiales). Cependant, des
mécanismes d’abattement et de neutralisation sont prévus afin de réduire
ces délais en cas de choc défavorable
important3. Enfin, l’impôt sur le revenu
joue un rôle assurantiel comparable,
puisqu’il s’agit d’un impôt progressif :
lorsque le revenu imposable diminue,
le montant à acquitter baisse plus que
proportionnellement.
Par ailleurs, on peut relever que la variabilité des niveaux de vie provient pour partie de changements de structure familiale (mise en couple, naissance, rupture).
Pour autant, l’intensité de l’assurance
opérée par les transferts publics n’est
pas spécifique à ces changements familiaux. En effet, elle conserve un profil
similaire, même en restreignant l’analyse
à des ménages ayant une situation familiale stable tout au long de la période4
(tableau complémentaire A5).
L’assurance chômage joue
un rôle stabilisateur primordial,
même chez les plus aisés
Quelle que soit la position des personnes dans l’échelle des niveaux de
vie, l’assurance chômage est le principal stabilisateur (graphique 3). Sa contribution à la réduction de la variabilité
GRAPHIQUE 2
Intensité de l’assurance opérée par les transferts publics
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Percentile de niveau de vie final
Part des variations de niveau de vie initial amortie par les transferts publics (en %)
Lecture • Autour du 20e
percentile de niveau de vie disponible moyen, 73 % des chocs de niveau de vie
initial sont absorbés par les transferts publics.
Champ • Individus EDP âgés de 20 à 64 ans, résidant en France métropolitaine, ne déclarant pas
percevoir de retraite et dont les ressources sont observées au moins trois fois entre 2011 et 2016.
Source • EDP 2011-2017.
GRAPHIQUE 3
Contribution des transferts publics à la réduction
de la variabilité de niveau de vie
-20
-10
0
10
20
30
40
50
60
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Percentile de niveau de vie final
Part des variations de niveau de vie initial amortie par chacun des transferts (en %)
Assurance chômage Prestations familiales
Prestations de solidarité Prélèvements
Lecture • Autour du 20e
percentile de niveau de vie disponible moyen, 73 % des chocs de niveau de vie
initial sont absorbés par les transferts publics : 48 % par l’assurance chômage, 9 % par les prestations
familiales et 17 % par les prestations de solidarité.
Champ • Individus EDP âgés de 20 à 64 ans, résidant en France métropolitaine, ne déclarant pas
percevoir de retraite et dont les ressources sont observées au moins trois fois entre 2011 et 2016.
Source • EDP 2011-2017.
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Assurance chômage, prestations sociales et prélèvements obligatoires atténuent de 70 % les variations annuelles
de niveau de vie des personnes d’âge actif
7. Classer les individus
selon le revenu disponible de leur ménage
amènerait plutôt à
considérer comme
pauvres des personnes
seules. Dans ce cas, les
prestations familiales
présenteraient un
profil « en cloche »
avec une contribution
stabilisatrice plus
importante au milieu
de la distribution
(supérieure à 10 % au
niveau de la médiane)
tandis que les prestations de solidarité,
ciblées sur les premiers
percentiles, présenteraient un profil plus
fortement décroissant.
8. La contribution des
prestations de solidarité, y compris au-delà
de la médiane des
niveaux de vie, trouve
plusieurs explications.
Premièrement, certains individus situés
en moyenne dans
le haut de la distribution du niveau de vie
disponible peuvent
avoir connu des chocs
importants (perte
d’emploi, rupture
conjugale…) et bénéficier de ces prestations
certaines années.
Même s’ils sont peu
nombreux, le rôle stabilisateur des prestations de solidarité est
très important pour
eux. Deuxièmement,
le fait qu’un ménage
fiscal puisse englober
plusieurs foyers
sociaux peut
expliquer la présence
de prestations de
solidarité dans ses
ressources, quand bien
même celles-ci sont
élevées. Par exemple,
les allocations
logement reçues
par des enfants non
cohabitants mais rattachés au foyer fiscal
de leurs parents sont,
dans cette étude,
comptabilisées dans
les ressources
de ces derniers.
9. Le statut d’occupation est celui de
l’observation la plus
récente de l’individu.
initiale présente une forme en cloche
selon la position de l’individu dans la
distribution du niveau de vie final6. Elle
absorbe ainsi plus du tiers des variations de niveau de vie initial des 20 %
les plus modestes, près de la moitié
pour les 20 % suivants et encore un
cinquième parmi les 20 % les plus aisés
(tableau 1). En effet, les individus aux
ressources les plus faibles touchent
moins souvent les allocations chômage
que les individus médians, tandis que
les plus aisés sont plus rarement au
chômage.
Les prestations familiales et les prestations sociales de solidarité jouent également un rôle stabilisateur essentiel
pour les premiers déciles de niveau de
vie, puisque le cumul de leurs contributions rejoint celle de l’assurance chômage pour les 20 % des individus les
plus modestes (tableau 1). L’importance
des prestations familiales chez les plus
pauvres s’explique principalement
par le choix d’un classement selon le
niveau de vie : les personnes considérées ici comme les plus modestes
appartiennent plus souvent à des
familles monoparentales et des familles
nombreuses (tableau de l’encadré 2).
Les prestations familiales constituent
donc une part importante de leurs ressources7. Le rôle stabilisateur des prestations de solidarité perd progressivement de l’ampleur à mesure que l’on
progresse dans l’échelle des niveaux de
vie, mais il reste significatif au-delà des
premiers déciles. Ainsi, ces prestations
contribuent pour 6 points à la réduction de la volatilité annuelle de niveau
de vie pour les personnes de niveau de
vie médian (troisième quintile)8.
Enfin, les prélèvements ont plutôt
tendance à accroître la variabilité du
niveau de vie final, ce qui résulte principalement du décalage temporel entre
l’année de déclaration des revenus et
l’année où l’impôt sur le revenu et la
taxe d’habitation sont acquittés. Cette
contribution positive à la variabilité
devrait disparaître dans les années postérieures à la période de l’étude du fait
du prélèvement à la source de l’impôt
sur le revenu et de la suppression de la
taxe d’habitation pour une large partie
des contribuables.
À niveau de vie donné,
les allocations logement jouent
un rôle fort de stabilisateur
automatique pour les locataires
La position sur l’échelle du niveau de vie
final ne rend pas compte de l’hétérogénéité de la variabilité individuelle de
niveau de vie. À niveau de vie moyen
identique, certaines populations présentent des évolutions plus instables
que d’autres. Les transferts publics atténuent non seulement les écarts de volatilité entre personnes ayant des niveaux
de vie différents, mais ils les réduisent
également, à niveau de vie donné, entre
des personnes dotées de ressources
plus ou moins volatiles.
La stabilité de revenus est généralement une condition préalable à l’accès
à la propriété. De fait, avant transferts,
quel que soit le niveau de vie moyen,
celui des locataires9 est environ 1,5 fois
plus variable que celui des propriétaires,
accédants ou non (graphique 4). Les
transferts publics réduisent cet écart,
TABLEAU 1
Contribution des transferts publics à la réduction
de la variabilité de niveau de vie
En %
Quintile de niveau de vie final
Premier Deuxième Troisième Quatrième Cinquième
Part amortie par les transferts (en %)
dont : 80 66 49 34 17
… l’assurance chômage 40 48 41 33 23
… les prestations familiales 20 6 4 3 1
… les prestations de solidarité 20 12 6 4 3
… les prélèvements 0 -1 -3 -6 -10
Lecture • Parmi les 20 % les plus aisés, 17 % des variations de niveau de vie initial sont amorties
par les transferts publics. La variabilité initiale est réduite de 23 % par l’assurance chômage, de 1 %
par les prestations familiales et de 3 % par les prestations de solidarité, tandis qu’elle est accrue de 10 %
par les prélèvements.
Champ • Individus EDP âgés de 20 à 64 ans, résidant en France métropolitaine, ne déclarant pas
percevoir de retraite et dont les ressources sont observées au moins trois fois entre 2011 et 2016.
Source • EDP 2011-2017.
GRAPHIQUE 4
Variabilité du niveau de vie initial selon le statut
d’occupation du logement
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Décile de niveau de vie final
Variabilité du niveau de vie selon la position dans la distribution du niveau de vie final
(ratio par rapport à la variabilité dans l’ensemble de la population autour du niveau
de vie final médian)
Propriétaire Locataire
Note • Pour chaque intervalle inter-percentile, la variabilité est mesurée par l’écart-type des différences
annuelles du logarithme du niveau de vie corrigé du cycle de vie. Elle est exprimée en ratio par rapport
à la variabilité du niveau de vie des individus situés entre le 49e
et le 50e
percentile dans l’ensemble
de la population.
Lecture • Par rapport aux individus situés autour du niveau de vie final médian, les 10 % les plus modestes
ont un niveau de vie initial 4,1 fois plus variable s’ils sont locataires et 2,9 fois plus s’ils sont propriétaires.
Champ • Individus EDP âgés de 20 à 64 ans, résidant en France métropolitaine, ne déclarant pas
percevoir de retraite et dont les ressources sont observées au moins trois fois entre 2011 et 2016.
Source • EDP 2011-2017.
7
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électronique 1146-9129 • AIP 0001384
La DREES fait partie
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public piloté par l’Insee.
numéro
1191
2021
avril
Assurance chômage, prestations sociales et prélèvements obligatoires atténuent de 70 % les variations annuelles
de niveau de vie des personnes d’âge actif
10. Conceptuellement,
la mesure du niveau
de vie des ménages
propriétaires occupant
gagnerait à être
relevée d’un « loyer
imputé » (production
de service de logement pour compte
propre) pour améliorer
sa comparabilité avec
la mesure du niveau
de vie des ménages
locataires. Mais cela
n’est pas fait par
l’Insee dans sa mesure
standard du niveau
de vie, et cela serait
difficile à faire sur les
données mobilisées
dans cette étude.
POUR EN SAVOIR PLUS
• Les codes sources de l’étude sont disponibles sur le Gitlab de la DREES.
• Blundell, R., Pistaferri, L., Preston, I. (2008, décembre). Consumption inequality and partial insurance. American Economic Review, 98(5),
pp. 1887-1921.
• Busch, C., et al. (2018, mai). Asymmetric business-cycle risk and social insurance. National Bureau of Economic Research, Working Paper, 24569.
• Guvenen, F., et al. (2013, octobre). What do data on millions of U.S. workers say about life cycle income risk? University of Michigan, Michigan
Retirement Research Center, Working Papers, 302.
• Insee (2019, octobre). Bilan de production Filosofi 2016.
• Mullainathan, S., Shafir, E. (2013, septembre). Scarcity: Why Having Too Little Means So Much. England, Allen Lane.
• Papuchon, A. (2020, mai). En 2018, une personne sur quatre a souvent du mal à boucler ses fins de mois. DREES, Études et Résultats, 1149.
• Pora, P., Wilner, L. (2020, avril). A decomposition of labor earnings growth: Recovering Gaussianity? Labour Economics, 63(C).
voire l’annulent pour les plus modestes
(tableau complémentaire B). Les locataires bénéficient ainsi d’un effet amortisseur nettement plus marqué que les
propriétaires (graphique 5). Parmi les
10 % les plus modestes10, les transferts
publics absorbent ainsi 67 % des variations de niveau de vie chez les propriétaires et 84 % chez les locataires.
Autour du premier décile, la part des
transferts publics dans le revenu disponible du ménage fiscal, évaluée en
moyenne entre 2011 et 2016, s’élève à
16 % chez les propriétaires et à 40 %
chez les locataires. Ces différences
résultent principalement des aides
au logement qui assurent un filet de
sécurité important pour les locataires
(respectivement 3 % et 12 % du revenu
disponible des propriétaires et des
locataires). En leur absence, l’intensité
de l’assurance au niveau du premier
décile serait de 62 % chez les propriétaires et 69 % chez les locataires (graphique 5). Outre leur rôle redistributif
classique, les allocations logement
permettent de lisser les fluctuations de
niveau de vie des locataires, leur assurant ainsi une stabilité comparable à
celle des propriétaires.
GRAPHIQUE 5
Intensité de l’assurance selon le statut d’occupation
du logement
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Décile de niveau de vie final
Part des variations de niveau de vie initial amortie par les transferts publics (en %)
Propriétaires (tous transferts) Locataires (tous transferts)
Propriétaires (hors allocations logement) Locataires (hors allocations logement)
Lecture • Parmi les 10 % les plus modestes, les transferts publics absorbent 67 % des variations de niveau
de vie chez les propriétaires et 84 % chez les locataires. Si l’on retranche l’effet des allocations logement,
ces contributions sont de 62 % et 69 % respectivement.
Champ • Individus EDP âgés de 20 à 64 ans, résidant en France métropolitaine, ne déclarant pas
percevoir de retraite et dont les ressources sont observées au moins trois fois entre 2011 et 2016.
Source • EDP 2011-2017.