Point-sur-la-conjoncture-francaise-a-fin-decembre-2020-Banque-de-France

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13 janvier 2021 1 Point sur la conjoncture française à fin décembre 2020 Le mois de décembre a été marqué par un allégement des mesures sanitaires, avec, à partir du 15 du mois la suppression du confinement et l’instauration d’un couvre-feu. La réouverture des commerces fin novembre avait déjà constitué une première étape dans l’assouplissement des mesures. Dans ce contexte, l’activité s’est partiellement redressée sur l’ensemble du mois de décembre par rapport à novembre, selon notre enquête mensuelle de conjoncture (EMC), menée entre le 21 décembre et le 7 janvier auprès de 8500 entreprises ou établissements. L’amélioration concerne principalement le secteur des services, qui avait été le plus affecté par le nouveau confinement. Cependant, l’activité demeure extrêmement dégradée dans l’hébergement et la restauration. L’industrie a connu une légère progression. L’activité a été stable dans le bâtiment, proche de son niveau d’avant-crise. Au total, nous estimons à – 7% la perte de PIB sur le mois de décembre par rapport au niveau d’avant-crise, soit une situation un peu moins dégradée qu’anticipé le mois dernier (– 8%) et nettement moins qu’au mois de mai dernier, dans la précédente situation de semi‑confinement (– 17%). Notre estimation de la contraction du PIB au 4e trimestre 2020 par rapport au trimestre précédent est de – 4%, ce qui laisse inchangée à – 9% la baisse du PIB en moyenne annuelle pour 2020. Pour le mois de janvier, les perspectives exprimées par les chefs d’entreprises font état d’une stabilité de l’activité aussi bien dans l’industrie que dans les services et le bâtiment. La perte de PIB par rapport au niveau d’avant-crise resterait autour de − 7%. 1. En décembre, l’activité est stable dans le bâtiment, s’améliore légèrement dans l’industrie et de façon plus marquée dans les services mais à partir d’un niveau plus bas Pour l’industrie, comme pour les services et le bâtiment, les niveaux d’activité atteints en décembre sont légèrement supérieurs à ce qui était attendu le mois dernier par les chefs d’entreprises. Dans l’industrie l’activité est en légère progression en décembre. Taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie Niveau du taux d’utilisation des capacités de production (en%) (en%) Moyenne mensuelle Moyenne depuis 2002 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Novembre 2020 Décembre 2020 Aéronautique et autres transports Métallurgie et produits métalliques Habillement, textile, chaussures Automobile Produits informatiques, électroniques et optiques Bois, papier, imprimerie Équipements électriques Total Industrie Produits en caoutchouc, plastique Machines et équipements Industrie agro-alimentaire Autres produits industriels Industrie chimique Industrie pharmaceutique 68 69 68 73 73 74 74 64 76 75 78 79 82 80 67 67 69 72 73 73 74 65 73 75 77 77 77 80 13 janvier 2021 2 Le taux d’utilisation des capacités de production augmente d’un point, à 74% en moyenne en décembre (il était de 79% avant la crise). L’amélioration est sensible dans l’industrie chimique (de 77% à 82%) et dans le secteur des produits informatiques, électroniques et optiques (de 73 à 76%). En revanche, le taux d’utilisation des capacités de production enregistre un tassement dans l’automobile (de 69% à 68%) et dans l’aéronautique et les autres transports (de 65% à 64%). L’activité se situe à des niveaux proches de ceux d’avant‑crise dans certains secteurs, comme l’industrie chimique ou l’industrie agro‑alimentaire. Elle reste en revanche dégradée dans le secteur automobile et très déprimée dans celui de l’aéronautique et des autres transports. Dans les services, plus affectés par le confinement de novembre, l’amélioration de l’activité serait dans l’ensemble plus marquée que dans l’industrie, mais la disparité entre secteurs resterait forte. Dans l’édition et les services d’information, l’activité a sensiblement progressé en décembre et a dépassé son niveau d’avant‑crise, selon les chefs d’entreprise interrogés. À l’opposé, l’hébergement et la restauration présentent toujours des niveaux d’activité extrêmement dégradés, malgré un léger redressement en décembre par rapport au mois précédent. D’autres services tournés vers les ménages (services à la personne, commerce et réparation automobile) ont enregistré une très nette amélioration en décembre, en lien avec l’allégement des mesures sanitaires et notamment la réouverture des commerces le 28 novembre. L’amélioration est moins marquée pour les services aux entreprises, qui avaient été moins impactés par le confinement. On note toutefois une hausse assez sensible de l’activité dans le secteur du travail temporaire. Dans le bâtiment, l’activité est stable dans l’ensemble en décembre et reste proche de son niveau d’avant‑crise. Dans l’industrie, l’opinion sur la trésorerie continue de s’améliorer en décembre et repasse au‑dessus de son niveau moyen de long terme. Dans les services, elle se redresse mais demeure très en deçà de son niveau d’avant‑crise. Situation de trésorerie dans l’industrie Situation de trésorerie dans les services marchands (solde d’opinion) (solde d’opinion) - 20 - 15 - 10 - 5 0 5 10 15 20 25 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 Situation mensuelle Moyenne depuis 2002 - 20 - 15 - 10 - 5 0 5 10 15 20 25 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 Situation mensuelle Moyenne depuis 2002 13 janvier 2021 3 2. Pour le mois de janvier, les chefs d’entreprise anticipent une stabilité de leur activité dans l’industrie comme dans les services et le bâtiment En janvier, l’activité serait quasi stable dans l’industrie comme dans le bâtiment et les services, selon les chefs d’entreprise interrogés. Toutefois, cette stabilité recouvre une hétérogénéité entre sous‑secteurs : ainsi certains secteurs des services, dont l’activité s’était particulièrement redressée en décembre en raison probablement d’effets de rattrapage (édition, services d’information, activités de loisirs et services à la personnes), se replieraient en janvier. Cette anticipation d’une stabilité globale de l’activité doit être interprétée avec prudence car elle peut masquer un manque de visibilité, compte tenu de la forte incertitude sur l’évolution de l’épidémie au moment où l’enquête a été menée : dans beaucoup de secteurs, en particulier des services, l’évolution de l’activité restera très dépendante des mesures sanitaires qui seront mises en œuvre. Jugement des entreprises sur leur niveau d’activité et prévisions sur janvier (en% du niveau jugé « normal ») Industrie Services marchands 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 95 88 93 97 96 95 88 91 92 93 86 78 94 91 97 90 93 97 93 97 86 92 89 92 84 77 94 91 95 83 92 93 94 96 86 88 90 93 88 76 95 91 Industrie agro-alimentaire Habillement, textile, chaussures Bois, papier, imprimerie Industrie chimique Industrie pharmaceutique Produits en caoutchouc, plastique Métallurgie et produits métalliques Produits informatiques, électroniques et optiques Équipements électriques Machines et équipements Automobile Aéronautique et autres transports Autres produits industriels Total industrie 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 92 96 19 15 100 92 98 99 95 90 83 62 91 90 84 82 91 97 20 13 103 93 102 99 92 88 79 60 91 90 96 82 82 94 17 10 96 91 98 98 93 89 79 59 87 86 62 78 Réparation automobile Transports et entreposage Hébergement Restauration Édition Programmation, conseil Services d'information Activités juridiques et comptables Conseil de gestion Activités d'architecture et d'ingénierie ; activités de contrôle et analyses techniques Publicité et études de marché Location (matériel, automobile...) Travail temporaire Nettoyage Activités de loisirs et services à la personne Total services marchands Bâtiment Total bâtiment Gros œuvre Second œuvre 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 98 97 97 99 97 96 97 97 98 Novembre Décembre Janvier (prévisions) Avril 13 janvier 2021 4 Les opinions sur les carnets de commande progressent en décembre dans l’industrie et le bâtiment mais demeurent en deçà de leur niveau d’avant‑crise. 3. Les informations sectorielles de l’enquête permettent d’évaluer la perte de PIB à environ – 7% en décembre, et suggèrent à ce stade encore préliminaire que la perte en janvier resterait inchangée autour de – 7% L’enquête nous permet d’actualiser notre estimation de perte de PIB (par rapport à son niveau normal pré‑pandémie) à – 7% en décembre Dans notre précédent point sur la conjoncture du 14 décembre, nous avions estimé à – 8% la perte de PIB à partir des anticipations des entreprises sur leur niveau d’activité pour le mois de décembre, combinées à des hypothèses pour les secteurs partiellement ou non couverts par l’enquête. À fin décembre, le jugement des entreprises sur leur niveau d’activité pour le mois est légèrement plus favorable qu’anticipé le mois dernier, tout comme, d’ailleurs, les indicateurs de production disponibles pour les mois passés. Nos hypothèses pour les secteurs non couverts par l’enquête tiennent compte des mesures gouvernementales effectives sur le mois de décembre. Ces estimations sont en outre confirmées par les données haute fréquence. Le mois de décembre aurait ainsi enregistré un rétablissement partiel de l’activité économique, en comparaison de novembre, avec la réouverture des commerces fin novembre et un couvre‑feu faisant suite au second confinement. Ainsi, le niveau d’activité se serait amélioré par rapport à novembre (– 7% en décembre après – 11% le mois précédent), mais la perte resterait toutefois plus importante que celle enregistrée avant le deuxième confinement (– 3% en octobre). L’évolution du PIB est essentiellement déterminée par celle de l’activité dans les services marchands, en particulier ceux qui sont le plus exposés aux mesures sanitaires. La réouverture de l’ensemble des commerces le 28 novembre ainsi que les fêtes de fin d’année auraient entraîné une amélioration de l’activité dans le secteur du commerce de détail, qui se rapprocherait ainsi de son niveau d’octobre. La fin du confinement le 15 décembre aurait aussi amélioré le niveau d’activité dans les transports. En revanche, la perte serait restée quasiment inchangée pour l’hébergement‑restauration et les services aux ménages (arts, spectacles, activités récréatives), soumis à des restrictions administratives. L’industrie manufacturière aurait fait preuve de stabilité sur le trimestre, ainsi que l’activité dans la construction. Les nouvelles dérogations, l’adaptation du cadre de travail des entreprises aux contraintes sanitaires ainsi que la continuité des crèches et des écoles limiteraient la perte pour ces deux secteurs, sans pour autant permettre pour l’instant le même niveau d’activité qu’avant l’épidémie. Situation des carnets de commandes (solde d’opinion) Industrie Bâtiment - 60 - 50 - 40 - 30 - 20 - 10 0 10 30 20 40 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 - 15 - 10 - 5 0 5 10 15 20 25 30 35 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Moyenne mensuelle Moyenne depuis 2002 13 janvier 2021 5 Cette évaluation est également corroborée par les données haute fréquence que nous suivons à titre de complément, telles que les transactions par carte bancaire, la consommation d’électricité ajustée des températures, l’indicateur quotidien de bruit ambiant en Île‑de‑France et les données Google Mobility. Impact de la crise de Covid-19 sur la valeur ajoutée par branche (en pourcentage) Branche d’activité Poids dans la VA Perte d’activité en octobre Perte d’activité en novembre Perte d’activité en décembre Perte d’activité en janvier Agriculture et industrie 15 - 3 - 5 - 4 - 4 Agriculture et industrie agro-alimentaire 4 - 2 - 3 - 2 - 2 Énergie, eau, déchets, cokéfaction et raffinage 3 3 - 4 - 3 - 3 Industrie manufacturière hors alimentaire et cokéfaction-raffinage 9 - 6 - 6 - 6 - 6 Construction 6 - 7 - 7 - 7 - 7 Services marchands 57 - 5 - 15 - 9 - 9 Commerce de gros et de détail, transports, hébergement et restauration 18 - 9 - 31 - 18 - 19 Services financiers et immobiliers 17 0 - 3 0 0 Autres services marchands 22 - 5 - 12 - 9 - 9 Services non marchands 22 1 - 5 - 3 - 3 Total 100 - 3 - 11 - 7 - 7 L’enquête permet également de fournir une estimation de la perte d’activité en janvier, estimée stable par rapport à décembre, autour de – 7%, malgré quelques durcissements des restrictions sanitaires La prévision d’activité pour le début d’année reste très dépendante de l’évolution sanitaire, laquelle conditionne la mise en place de mesures sanitaires adaptées. L’allongement de la période de couvre‑feu de 18h à 6h dans 23 départements à ce stade représente une contrainte supplémentaire pour l’activité en janvier, tout comme le report de la réouverture des bars et restaurants (espérée initialement le 20 janvier). La prévision d’activité pour le mois de janvier tient compte principalement des informations fournies par l’enquête au travers de l’évolution des anticipations des entreprises sur leur niveau d’activité pour le mois prochain, ainsi que d’hypothèses spécifiques pour les secteurs partiellement ou non couverts par l’enquête. Notre estimation de perte de PIB pour janvier serait ainsi inchangée par rapport à décembre, autour de – 7%. L’activité dans l’industrie serait stable. Le commerce et le transport se dégraderaient très légèrement en raison de l’extension horaire du couvre‑feu. L’hôtellerie‑restauration et les services aux ménages verraient leur situation encore très dégradée, mais inchangée par rapport à décembre. Cette perte pour décembre laisse inchangée notre estimation de – 9% de la baisse du PIB en moyenne annuelle pour l’année 2020, compte tenu d’un recul trimestriel du PIB de – 4% au 4e trimestre.