La croissance potentielle est un paramètre déterminant de la programmation des finances publiques, dans la mesure où elle constitue la meilleure prévision de la croissance du PIB à moyen terme, et détermine donc l’évolution spontanée des recettes publiques à inscrire dans le scénario associé.
Son estimation à un horizon de moyen terme, tel que celui de la prochaine loi de programmation des finances publiques (LPFP) peut prendre comme point de départ la dynamique qui se déduirait du prolongement des tendances observées avant la crise pour les facteurs de production. Cette prévision « mécanique » conduit à une trajectoire de référence de croissance potentielle de l’ordre de 0,8 % par an en prévision.
Par ailleurs, la prise en compte des effets des politiques d’enrichissement de la croissance en emploi (CICE, pacte de responsabilité), qui ont soutenu l’emploi et la croissance mais quelque peu freiné la productivité avant la crise, conduit à relever la prévision de croissance potentielle (+0,1 point).
Une mise en œuvre de la réforme des retraites telle qu’annoncée par le Président de la République lors de la campagne présidentielle pourrait rehausser la croissance potentielle de 0,15 point par an au cours des prochaines années.
Les autres réformes structurelles, entrant en vigueur sur la période de projection ou en cours de montée en charge, contribueraient à soutenir la croissance potentielle, mais il n’est pas possible de dire si ce soutien serait plus fort ou plus faible en prévision qu’au cours des années antérieures. Leurs effets représentent donc un aléa de signe indéterminé sur la prévision de croissance potentielle.
Au total, ces éléments invitent à retenir un scénario de croissance potentielle à l’horizon de moyen terme proche de 1 % par an, un peu plus ou un peu moins selon l’hypothèse faite sur la mise en œuvre de la réforme des retraites annoncée dans le cadre de la campagne présidentielle. Ce scénario est affecté par les incertitudes fortes qui entourent l’évaluation des dynamiques sous-jacentes des facteurs de production, et des effets des politiques publiques sur ces facteurs, mais qui peuvent jouer à la baisse comme à la hausse.
Ce scénario de croissance potentielle est par ailleurs entouré de deux aléas négatifs majeurs, mais difficilement quantifiables : tout d’abord, l’occurrence d’une nouvelle crise qui, à l’instar des dernières crises, réduirait encore la croissance potentielle, ne peut être a priori écartée ; ensuite, les contraintes pesant sur l’économie française qu’il est possible aujourd’hui d’identifier (poids de l’endettement public et privé, détérioration de la qualité de la formation de la main-d’œuvre, cicatrices de la crise sur le secteur productif, conséquences de la transition écologique) pourraient peser sur la croissance potentielle, dès lors que les politiques publiques mises en place ne suffiraient pas à les corriger à l’horizon de la prévision.
À l’inverse, la perte de productivité du travail observée jusqu’à présent pourrait, si elle se venait à se résorber, au moins en partie, à l’horizon de la prévision, pousser à la hausse la croissance potentielle.