Inegalites-economiques-justice-fiscale-et-democratie-aux-USA
Source : https://hal.archives-ouvertes.fr/CREM/hal-03554121v1
HAL Id: hal-03554121
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03554121
Submitted on 2 Jun 2022
HAL is a multi-disciplinary open access
archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from
teaching and research institutions in France or
abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est
destinée au dépôt et à la diffusion de documents
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
émanant des établissements d’enseignement et de
recherche français ou étrangers, des laboratoires
publics ou privés.
Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0
International License
Inégalités économiques, justice fiscale et démocratie aux
USA
Benoît Walraevens
To cite this version:
Benoît Walraevens. Inégalités économiques, justice fiscale et démocratie aux USA. Œconomia
- History/Methodology/Philosophy, NecPlus/Association Œconomia, 2021, 11 (4), pp.669-679.
ff10.4000/oeconomia.11722ff. ffhal-03554121ff
Œconomia
History, Methodology, Philosophy
11-4 | 2021
Varia
Inégalités économiques, justice fiscale et
démocratie aux USA
Benoit Walraevens
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/oeconomia/11722
DOI : 10.4000/oeconomia.11722
ISSN : 2269-8450
Éditeur
Association Œconomia
Édition imprimée
Date de publication : 1 décembre 2021
Pagination : 669-679
ISSN : 2113-5207
Ce document vous est offert par Université Rennes 1
Référence électronique
Benoit Walraevens, « Inégalités économiques, justice fiscale et démocratie aux USA », Œconomia [En
ligne], 11-4 | 2021, mis en ligne le 01 décembre 2021, consulté le 02 juin 2022. URL : http://
journals.openedition.org/oeconomia/11722 ; DOI : https://doi.org/10.4000/oeconomia.11722
Les contenus d’Œconomia sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons
Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
| Revue des livres/Book Review 669
Œconomia – History | Methodology | Philosophy, 11(4) : 669-679
Essais critiques / Review essays
Inégalités économiques, justice fiscale
et démocratie aux USA
A propos de :
Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, Le triomphe de l’injustice.
Richesse, évasion fiscale et démocratie (trad. de Cécile Deniard),
Paris : Le Seuil, 2020, 304 pages, 978-202141212-3
Benoit Walraevens *
« L’impôt est la vie des Etats et la clé de toute la politique
ou de l’art de maintenir et de perfectionner les sociétés »,
Mirabeau (1776), Supplément à la Théorie de l’Impôt.
Depuis une dizaine d’années la thématique des inégalités, longtemps
délaissée par les économistes, est revenue au cœur de leurs travaux et
du débat public, en partie grâce au succès sans précédent de l’ouvrage
de Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle (Piketty, 2013). Dans cette
lignée, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman (S&Z par la suite) ont publié
en octobre 2019 (février 2020 pour la traduction française étudiée ici),
en pleine campagne présidentielle américaine, un essai engagé et destiné à un large public sur la justice fiscale aux USA, intitulé Le triomphe
de l’injustice. Richesse, évasion fiscale et démocratie. La date de publication
de l’ouvrage ne doit rien au hasard puisque S&Z ont conseillé Bernie
Sanders et Elisabeth Warren sur les questions fiscales1
, et en particulier
*Université de Caen-Normandie, CREM. benoit.walraevens@unicaen.fr
Je remercie pour leurs remarques et leurs conseils Nicolas Brisset, Paolo Silvestri,
Jean-Sébastien Lenfant et les participants du séminaire philosophie et économie de
PHARE, dans lequel fut présenté une première version de ce texte le 18 mars 2021,
en particulier Catherine Audard, Claire Pignol, Daniel Diatkine, Amélie Fievet,
Nadeera Rajapakse, Jean Dellemotte et Laurent Jaffro.
1 Après avoir proposé aussi leur impôt sur la fortune à Sanders et à Clinton lors de
la campagne présidentielle de 2016 : voir https://www.newyorker.com/news/
670 Revue des livres/Book Review |
Œconomia – Histoire | Épistémologie | Philosophie, 11(4) : 669-679
sur la mise en place d’un impôt sur la fortune qu’ils appellent de leurs
vœux (Scheuer and Schlemrod, 2021). Il y avait de leur part une claire
intention de peser sur la campagne et sur les choix politiques à venir.
Zucman a d’ailleurs été auditionné le 25 mars 2021 par la commission
du budget du Sénat américain et il n’est pas déraisonnable de penser
que la proposition portée par l’administration Biden d’un taux d’impôt
minimum des sociétés au niveau international leur doit beaucoup2
.
Ainsi cet ouvrage ressemble fort à une adaptation au cas américain
de l’ouvrage publié fin 2011, en pleine campagne présidentielle française, par Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez, Pour
une révolution fiscale : un impôt sur le revenu pour le XXIe siècle (Landais,
Piketty et Saez, 2011). Les auteurs y montraient que le système d’imposition français n’était plus réellement progressif au sommet de la hiérarchie des revenus. Ils proposaient des réformes fiscales pour rétablir
la progressivité, principe de justice fiscale. Enfin, ils mettaient à disposition un simulateur fiscal appropriable par les citoyens et les politiques afin de favoriser un débat public éclairé sur les inégalités et la
fiscalité.
Fait notable, dans le livre de S&Z, la montée des inégalités économiques et la dénonciation de leur injustice s’explique par des causes
politiques et idéologiques plutôt qu’économiques. On peut penser que
leur ouvrage vise, comme ceux de Stiglitz (2012, 2019), mais à partir
d’une connaissance approfondie de la réalité des inégalités économiques et fiscales aux USA, à déconstruire le mythe du rêve américain,
et avec lui l’idéologie dominante, néolibérale3/libertarienne, fondée
sur la sacralisation de la propriété privée et la méritocratie. Il s’ouvre
(chapitre 1) sur un constat qui sera au centre de leur argumentation : le
système fiscal américain actuel s’apparente à une grande flat tax (avec
28% de taux moyen d’imposition), et devient régressif au sommet de
la pyramide (pour les 0,1 et même les 0,01% les plus riches), « triomphe
de l’injustice » pour S&Z.
the-political-scene/the-french-economist-who-helped-invent-elizabeth-warrenswealth-tax. Voir également Saez et Zucman (2019b).
2 Voir par exemple leur plaidoyer pour une « révolution copernicienne » en matière
de règles fiscales au niveau international et leur dénonciation des limites des tentatives actuelles du fait de l’absence d’harmonisation des taux d’imposition (134-
135). Un peu plus tôt dans l’ouvrage, ils écrivaient déjà que « l’évasion fiscale qui
était hier admise peut demain être interdite. De nouvelles formes de coopération
internationale, parfois jugées utopiques par de savants experts, sont en réalité susceptibles de se matérialiser en un laps de temps relativement court […] » (111).
3 Si S&Z n’emploient jamais le terme « néolibéral », ils voient néanmoins le tournant Reagan comme la victoire de « l’idéologie anti-Etat défendue par la Société
du Mont Pèlerin depuis sa création en 1947 » (83). En outre, Zucman a récemment
co-écrit un article qui est une diatribe contre le néolibéralisme et son influence sur
l’économie et les économistes, la science économique étant vue comme science de
l’idéologie néolibérale (Naidu et al., 2020).
| Revue des livres/Book Review 671
Œconomia – History | Methodology | Philosophy, 11(4) : 669-679
1. Idéologie et injustice fiscale aux USA
Afin de mettre ce constat en perspective historique et d’en tirer des leçons pour l’avenir, S&Z offrent tout d’abord une analyse du rôle des
idéologies dans les changements fiscaux aux USA (chapitres 2-3), en
insistant sur deux grandes périodes de l’histoire fiscale américaine. La
première va de la naissance de l’impôt progressif au début du XXe
siècle jusqu’aux années 1950. Ainsi l’impôt progressif fait son apparition aux USA par la loi de 1913, nécessitant une modification de la
Constitution, et dès 1917 il devient très progressif, avec un taux marginal supérieur de 67%, qui reflétait « les changements idéologiques et
politiques majeurs qui avaient débuté dès les années 1880 et 1890 », à
savoir l’évolution du Parti démocrate, « désireux de rallier les électeurs
blancs à bas revenus du Nord et de l’Ouest contre les élites financières
républicaines en s’appuyant sur un programme égalitariste » et « la
mobilisation sociale en faveur d’une plus grande justice économique,
dans un contexte d’explosion des inégalités et de cartellisation accélérée. » (65-66) L’Europe, considérée à cette époque outre-Atlantique
comme victime d’une dérive oligarchique, représentait un repoussoir
pour une proportion croissante d’américains (66). Si les Etats-Unis ne
furent pas des pionniers dans l’instauration d’un impôt progressif sur
le revenu, ils ont néanmoins été les premiers à mettre en œuvre deux
grandes innovations fiscales du XXe siècle : un impôt progressif sur le
patrimoine portant sur les successions, et l’idée que l’imposition sur le
revenu avait pour but de réduire les inégalités. D’où des taux marginaux supérieurs très élevés, supérieurs à 80% pendant la guerre (67).
Cette période qui s’étend jusqu’aux années 1950, marquée par une
faible concentration des richesses et de taux marginaux supérieurs
d’imposition très forts, sert de période de référence à S&Z.
La seconde période cruciale de l’histoire fiscale américaine s’étend
des années 1980 à nos jours. Elle est marquée par un basculement idéologique porté par les élites politiques et économiques (82), avec l’avènement au pouvoir de Reagan et son idéologie libertarienne caractérisée par une rhétorique antiétatique et antifiscale4
, considérant l’impôt
comme un vol (81-84). Les Etats-Unis étaient alors l’un des pays ayant
le système fiscal le plus progressif au monde, après avoir été des pionniers dans la taxation de la richesse (dès le XVIIe siècle dans les états
du nord, 55-56). Aujourd’hui l’impôt y est régressif. La conclusion que
tirent S&Z de leur analyse historique de l’imposition, servant à expliquer l’évolution des inégalités, est que « l’histoire de l’impôt aux EtatsUnis est tout sauf linéaire », elle est « faite de revirements spectaculaires, de soudains changements de cap idéologiques et politiques,
4 S&Z soulignent de manière intéressante l’origine ancienne de la rhétorique antiétatique et antifiscale aux USA chez les propriétaires d’esclaves du sud, en particulier de Virginie, champions de la primauté absolue de la propriété privée et de la
lutte contre la démocratie (59).
672 Revue des livres/Book Review |
Œconomia – Histoire | Épistémologie | Philosophie, 11(4) : 669-679
d’innovations révolutionnaires et de volte-face » (53). À leurs yeux,
cela laisse espérer des changements fiscaux rapides et radicaux permettant de réduire les inégalités (54). Contrairement à ce que certains économistes laissent croire, les élasticités, expressions du consentement à
l’impôt, ne doivent pas être considérées comme exogènes (Zucman,
2020). Elles dépendent de multiples paramètres : institutions, mœurs,
lois, et donc du « contexte idéologique et législatif » (196). Par conséquent, elles peuvent varier fortement d’une période à une autre,
comme ce fut le cas sous l’ère Reagan, les taux marginaux supérieurs
passant brutalement de plus de 70% à moins de 30%, avec l’aval des
sénateurs démocrates (82). L’histoire et l’évolution des inégalités et de
la fiscalité résultent de choix politiques et sociétaux, et des idéologies
qui les sous-tendent.
Pour S&Z, il faut donc déconstruire l’idéologie dominante actuelle
qui freine la demande de redistribution aux USA. Cette « idéologie inégalitaire » est fondée sur la sacralisation de la propriété privée » (100)
et l’idée de méritocratie associée au marché, qualifiée de « fondamentalisme de marché » (50). Elle repose sur l’idée que « les marchés accordent à chacun le revenu qu’ils méritent » et la « juste récompense » de
leurs talents (ibid.). Pour S&Z les marchés, aussi parfaits puissent-ils
être, ne sont pas des instances de justice distributive.
Les chapitres 3 et 4 étudient les conséquences concrètes du tournant
idéologique des années Reagan sur l’évolution des inégalités et de la
fiscalité. Si S&Z ne définissent pas de manière explicite leur conception
générale de la justice fiscale dans l’ouvrage, il nous semble qu’elle repose essentiellement sur trois principes classiques : équité horizontale,
équité verticale et capacité à payer des contribuables, progressivité de
l’impôt. Principes qui ont été violés par le système fiscal américain ces
dernières décennies. Ainsi, les sources de l’injustice fiscale américaine
actuelle sont essentiellement la diminution des taux d’imposition du
capital et des entreprises en particulier, et des ménages les plus riches
de manière générale, avec la chute des taux marginaux supérieurs
d’imposition sur le revenu. Mais aussi indéniablement l’évasion fiscale
croissante et massive des particuliers les plus nantis (90-94, 101-108) et
des entreprises (chapitre 4). En conséquence, la hausse considérable
des inégalités aux Etats-Unis depuis les années 1980 n’est pas un phénomène naturel, elle résulte essentiellement dans le livre de causes
idéologiques et politiques, en particulier de choix fiscaux, plutôt que
de causes économiques généralement évoquées comme la mondialisation, le déclin de l’investissement et des gains de productivité, la libéralisation financière, la diminution de la concurrence sur les marchés,
l’essor des très hautes rémunérations, etc...
Un système fiscal ne fonctionne bien, soutiennent S&Z, que s’il repose sur « un ensemble de croyances », en particulier sur « une foi partagée dans les bénéfices de l’action collective, dans le rôle central de
l’Etat pour organiser cette action commune et dans les mérites de la
| Revue des livres/Book Review 673
Œconomia – History | Methodology | Philosophy, 11(4) : 669-679
démocratie. » (85) Quand cette « idéologie » décline, « les forces de
l’évasion fiscale [sont] libérées et légitimées » (ibid.). Pour restaurer la
justice fiscale aux USA, il faut donc retrouver « la foi dans l’action collective » (ibid.) et promouvoir le « civisme fiscal » par des « normes sociales visant à renforcer le consentement à l’impôt », en soulignant que
« l’impôt est le prix à payer pour une société civilisée » et en fustigeant
les mauvais payeurs (86).
2. Inégalités et démocratie : les conséquences politiques de
la hausse des inégalités économiques
La question démocratique est au cœur de l’ouvrage de S&Z. Reprenant
la formule de Madison, « la richesse c’est le pouvoir ; l’extrême concentration des richesses c’est l’extrême concentration des pouvoirs » (228),
les auteurs soulignent à quel point la démocratie américaine est dévoyée et corrompue par le pouvoir de l’argent. Ce phénomène est à la
fois une cause et une conséquence de la hausse des inégalités économiques, entrainant une « dérive oligarchique » et l’avènement d’une
« ploutocratie » (48-52). La démocratie ne fonctionne vraiment qu’à
condition qu’une certaine égalité matérielle existe, sans quoi on observe une marchandisation inévitable de la politique, facilitée par la loi
autorisant un financement illimité des campagnes politiques (Cagé,
2018, Stiglitz, 2019). Et la richesse offre un pouvoir de façonnement des
idéologies via, entre autres, le contrôle des médias (227). Ainsi, S&Z
voient dans le système fiscal, « sans doute l’institution la plus importante de toute société démocratique » (14), si bien que « toute démocratie se doit de débattre, en permanence, du poids souhaitable de la dépense publique et du degré idéal de progressivité de l’impôt. » (ibid.)
Pour eux « le triomphe de l’injustice fiscale [aux USA] est, d’abord et
avant tout, un déni de démocratie » car les bouleversements fiscaux
des dernières décennies ne sont pas le fruit de choix « rationnels » issus
d’un débat démocratique entre citoyens éclairés (ibid.).
Ce « déni de démocratie » s’incarne dans le manque de transparence de l’information sur les revenus et les patrimoines, et donc sur
les inégalités. Peu de statistiques ouvertes existent, en particulier sur
les très hauts revenus et patrimoines. Et les outils de mesure entrainent
eux-mêmes désaccords et luttes idéologiques (Saez & Zucman, 2020b).
La levée de l’opacité sur les inégalités est cruciale pour la démocratie,
c’est-à-dire pour permettre un débat éclairé sur la fiscalité et sur le périmètre de l’Etat social.
674 Revue des livres/Book Review |
Œconomia – Histoire | Épistémologie | Philosophie, 11(4) : 669-679
3. Le projet de S&Z pour la justice fiscale
et sociale aux USA
Les nombreuses réformes concrètes proposées par S&Z afin de réduire
les inégalités aux USA occupent les chapitres 6 à 9. S’ils reconnaissent
qu’il existe un éventail de politiques permettant de réduire les inégalités (hausse du salaire minimum, réforme de la gouvernance des entreprises, lutte contre les excès de la finance…), ils soutiennent néanmoins
qu’« historiquement c’est l’impôt progressif sur le revenu qui a été
l’instrument le plus puissant pour limiter la concentration des richesses » (173). D’où les mesures essentiellement fiscales et redistributives qu’ils proposent. Certaines visent spécifiquement à lutter contre
l’évasion fiscale, en particulier des entreprises, avec un taux minimum
d’impôt sur les bénéfices de 25% pour les firmes américaines, et une
taxation en fonction des ventes dans chaque pays pour les firmes étrangères. Pour les particuliers, S&Z proposent l’instauration d’un nouvel
impôt à taux fixe de 6% sur l’ensemble du revenu national, en plus d’un
impôt plus progressif sur le revenu et d’un impôt lui aussi progressif
sur la fortune (2% au-dessus de 50 millions de dollars et 3% au-dessus
d’un milliard). Ces mesures visent à instaurer plus de justice sociale et
fiscale, c’est-à-dire pour S&Z une véritable progressivité de l’impôt et
une croissance « équitable »5
, profitant à tous et non essentiellement
aux plus riches comme c’est le cas aujourd’hui aux USA (232-236 ; voir
aussi Saez et Zucman, 2020b et Boushey, 2019).
Leur plan de réformes contient également un volet santé avec une
couverture universelle minimale, et un volet éducation avec un développement de la politique familiale et un enseignement supérieur public gratuit.
La détermination des taux d’imposition proposés (60% de taux global moyen d’imposition sur le revenu pour les plus riches, avec un taux
marginal supérieur à 75%, contre 37% actuellement) se fait à partir de
deux éléments : la théorie de la taxation optimale (194-199) et l’histoire,
vue comme un vaste champ d’expérimentations humaines dont on
peut retenir les leçons pour penser l’avenir. Avec leurs réformes, 95%
des Américains verraient leur taux d’imposition global diminuer, tandis qu’il augmenterait considérablement pour les plus riches.
Mais quelle est l’idéologie ou le courant de pensée qui inspire les
réformes de S&Z ? De multiples influences possibles sont à relever. De
manière générale, leur défense de l’Etat social les inscrit clairement
dans la lignée de la social-démocratie. On peut également penser à la
« démocratie de propriétaires », dans sa version égalitaire, défendue
par James Meade. En effet, leurs réformes visent à réduire les inégalités
pré et post-distribution en taxant fortement les plus hauts revenus et
les patrimoines (229), et à diffuser plus largement la propriété privée,
5 Sur l’idée de « croissance équitable », voir Saez et Zucman (2020b) et Boushey
(2019).
| Revue des livres/Book Review 675
Œconomia – History | Methodology | Philosophy, 11(4) : 669-679
c’est-à-dire à « redistribuer le pouvoir économique » (ibid.). Elles visent
aussi à assurer plus d’égalité des chances par les mesures sur la santé
et l’éducation. S&Z se réclament d’ailleurs de Rawls, reprenant à leur
compte le principe de différence selon lequel les inégalités doivent être
à l’avantage des plus défavorisés, ce qui se traduit par le fait que le taux
optimal d’imposition est celui qui maximise les recettes fiscales (192).
Par ailleurs, leur volonté de réduire les inégalités économiques pour
des raisons politiques rappelle le modèle républicain des pères fondateurs des USA, ce que laissent entendre les références à Madison dans
l’ouvrage. C’est pourquoi ils souhaitent « Dépasser Laffer » (229), c’està-dire fixer des taux marginaux supérieurs d’imposition plus élevés
que l’optimum, et « quasi confiscatoires », comme au milieu du XXe
siècle. Il s’agit d’éviter une dérive oligarchique, car ils perçoivent l’extrême richesse comme une externalité négative, source de nombreuses
rentes (ibid.). Leur impôt sur la fortune n’a pas pour but de créer des
recettes fiscales supplémentaires. Il vise prioritairement à diminuer la
concentration des richesses qui mine le contrat social en octroyant un
pouvoir excessif aux plus grandes fortunes (246-247).
4. Portée et limites de l’analyse de S&Z
De nombreuses études ont montré que les individus sous-estiment fortement, en particulier aux USA, la réalité des inégalités dans leur pays
(Hauser and Norton, 2017). Selon nous, l’ouvrage de S&Z vise donc à
offrir aux citoyens américains une meilleure connaissance de l’histoire
des inégalités économiques et de la fiscalité dans leur pays, afin de modifier leurs préférences (non exogènes) pour la redistribution et donc
influencer le processus politique et le débat démocratique vers une demande accrue d’égalité (15). Au-delà du fait de favoriser des « choix
rationnels issus d’un débat bien informé » sur la fiscalité, il s’agit pour
S&Z de leur donner des clés pour faire leurs propres choix, autonomes,
de répartition des richesses et de justice fiscale à travers un simulateur
fiscal6 qui les appelle à s’approprier et à poursuivre le débat. Dans leur
conclusion intitulée « L’exigence de justice fiscale », S&Z écrivent, dans
des termes très proches de ceux de Piketty (2019), que si leurs « solutions sont loin d’être parfaites », ni « les seules envisageables », « l’histoire nous enseigne que l’inventivité des sociétés humaines est sans limites. » (276) Pour être « utiles », les économistes doivent rendre « plus
concrète la multiplicité des futurs possibles » (ibid.) en montrant, par
exemple, qu’il est possible de « réconcilier mondialisation et justice fiscale » (275).
Nous aimerions néanmoins souligner quelques limites de l’analyse
de S&Z. Tout d’abord, s’il parait indéniable que les changements fiscaux ont joué un rôle central dans la montée des inégalités aux USA, la
6 Voir https://www.taxjusticenow.org/#/
676 Revue des livres/Book Review |
Œconomia – Histoire | Épistémologie | Philosophie, 11(4) : 669-679
focalisation du livre sur les déterminants politiques et idéologiques du
creusement des inégalités passe sous silence tout un ensemble de déterminants économiques identifiés dans la littérature : déclin de l’investissement et des gains de productivité, diminution de la concurrence sur les marchés, mondialisation, libéralisation financière, essor
des très hautes rémunérations, flexibilisation du marché du travail, etc.
L’« injustice » dénoncée dans l’ouvrage est essentiellement de nature
fiscale. L’aggravation des inégalités est vue dès lors comme étant la
conséquence de l’iniquité du système fiscal américain et de sa capacité
redistributive insuffisante, et non de la tendance du système économique américain à générer toujours plus d’inégalités. Tendance qui
pourrait être contenue, par exemple, par une politique de la concurrence différente, en encadrant les rémunérations des cadres dirigeants,
en augmentant le salaire minimum ou en partageant davantage le pouvoir au sein des entreprises. D’autant que les citoyens américains semblent généralement plus favorables à des mesures de réduction des inégalités avant impôts qu’à des mesures de redistribution (Saez, 2021).
En outre, leur norme de justice fiscale repose essentiellement sur la progressivité de l’impôt et la capacité à payer des contribuables, sans prendre en compte les bénéfices que les citoyens tirent du système redistributif via les transferts sociaux et les biens et services publics (Wolff,
2020). Ceux-ci ont un caractère progressif (Wolff and Zacharias, 2006),
si bien que le système redistributif américain diminue de manière significative, et dans des proportions équivalentes à celui de la France
(Piketty, 2019, 617), les inégalités après-impôts (Higgins et al., 2016)7
.
Par ailleurs, afin de déterminer la capacité du livre de S&Z à modifier les préférences pour la redistribution des citoyens américains, il
faut revenir aux déterminants de celles-ci8
. Dans une revue de la littérature existante, Hauser et Norton (2017) soulignent que, dans la plupart des études empiriques, les individus sous-estiment la réalité des
inégalités, que leur demande de redistribution est fonction de leur perception des inégalités et non de la réalité de celles-ci, et qu’en modifiant
ces perceptions il est possible de modifier leurs préférences. Iacono et
Ranaldi (2021) ont montré théoriquement (en intégrant les biais de perception des inégalités et l’aversion à l’iniquité dans leur modèle) que la
mauvaise perception des inégalités peut expliquer l’absence de demandes fortes de redistribution malgré la hausse des inégalités. Ainsi,
mieux informer les individus sur la réalité des inégalités économiques
et fiscales peut être nécessaire pour entrainer une demande supplémentaire de redistribution, mais ce n’est certainement pas suffisant.
7 S&Z reconnaissent l’impact positif des transferts sociaux pour les classes populaires US : leur revenu qui ne progressait que de 0,1% par an en moyenne avant
impôts et transferts passe à +0,6% par an (244).
8
Il existe également toute une littérature expérimentale sur le consentement à l’impôt et les comportements de fraude fiscale qui aurait peut-être pu nourrir les analyses de S&Z. Voir Jacquemet et al. (2020).
| Revue des livres/Book Review 677
Œconomia – History | Methodology | Philosophy, 11(4) : 669-679
Les études empiriques semblent montrer que la demande de redistribution est fortement liée au degré perçu de mobilité sociale (Steele,
2015 ; Alesina, Stantcheva et Teso, 2018 ; Bussolo et al., 2021). Les inégalités entrainent une demande accrue de redistribution si elles sont
vues comme injustes ou imméritées, ce qui nécessite d’étudier la perception et la réalité de l’égalité des chances aux USA, question effleurée
par S&Z (242-243). Or, les américains sont plus enclins que les européens à penser que le système économique est globalement « juste »
(Benabou et Tirole, 2006 ; Bussolo et al., 2021), et ont tendance à considérablement surestimer les possibilités de mobilité sociale dans leur
pays, moindres qu’en Europe où, au contraire, les citoyens la sous-estiment. Ceci entraine chez les Américains une moindre demande de
redistribution (Alesina et al., 2018).
Enfin, on peut regretter que cet ouvrage d’actualité sur les inégalités
et la justice fiscale aborde très peu les considérations relatives à la question environnementale et à la fiscalité écologique, au-delà du constat
que les taxes environnementales sont généralement régressives et devront à l’avenir être progressives (252). On sait pourtant que les émissions polluantes sont en partie corrélées au niveau de revenu, et donc
les inégalités économiques et sociales aux inégalités environnementales (Chancel, 2017). D’autant plus que les citoyens américains, et en
particulier les plus riches, contribuent significativement aux émissions
de CO2 sur la planète. Cela aurait permis de donner une justification
supplémentaire au surcroit d’imposition conséquent prévu par les réformes de Saez et Zucman, au-delà de la simple analogie que ces derniers présentent entre taxation des très hauts revenus et taxe carbone
(229).
Conclusion
Soulignons pour finir la vision intéressante de la science économique
que promeut l’ouvrage de S&Z. Il s’agit d’une science économique au
cœur des sciences sociales, portée sur l’interdisciplinarité, s’appuyant
à la fois sur l’histoire, les statistiques et la théorie économique pour
mieux comprendre le passé et le présent mais aussi et surtout pour
imaginer des alternatives d’avenir à partir de nombreuses propositions
concrètes, dans une démarche résolument constructive et normative.
Une économie qui se veut être fondamentalement historique, politique,
morale et engagée. Une économie au service d’une démocratie éclairée
et de la justice fiscale et sociale, visant à déconstruire l’idéologie dominante (néo)libérale et à promouvoir plus d’égalité. Une économie
émancipatrice enfin, dont le but est de permettre aux citoyens de s’approprier le débat sur les inégalités, la démocratie et la fiscalité, au cœur
du contrat social.
678 Revue des livres/Book Review |
Œconomia – Histoire | Épistémologie | Philosophie, 11(4) : 669-679
Références bibliographiques
Alesina, Alberto, Stefanie Stantcheva, et Eduardo Teso. 2018. Intergenerational Mobility and Preferences for Redistribution. American Economic Review, 108(2) : 521-554.
Benabou, Roland, et Jean Tirole. 2006. Belief in a Just World and Redistributive Politics. The Quarterly Journal of Economics, 121(2) : 699-746.
Boushey, Heather. 2019. Unbound. How Inequality Constricts Our Economy and What We Can Do about It. Cambridge, MA : Harvard University Press.
Bussolo, Maurizio, Ada Ferrer-i-Carbonnell, Anna Giolbas, et Iván
Torre. 2021. I Perceive Therefore I Demand: The Formation of Inequality Perceptions and Demand for Redistribution. The Review of
Income and Wealth, 67(4) : 835-871.
Cagé, Julia. 2018. Le prix de la démocratie, Paris : Fayard.
Chancel, Lucas. 2017. Insoutenables inégalités. Pour une justice sociale et
environnementale. Paris : Les Petits Matins.
Higgins, Sean, Lustig, Nora, Ruble, Whitney, et Timothy M. Smeeding.
2016. Comparing the Incidence of Taxes and Social Spending in Brazil and the United States. Review of Income and Wealth, 62(S1) : S22-
S46.
Houser, Oliver P., et Michael I. Norton. 2017. (Mis)perceptions of Inequality. Current Opinion in Psychology, 18: 21-25.
Iacono, Roberto, et Marco Ranaldi. 2021. The Nexus between Perceptions of Inequality and Preferences for Redistribution. The Journal of
Economic Inequality, 19(1) : 97-114.
Jacquemet, Nicola, Stéphane Luchini, et Antoine Malézieux. 2020. Comment lutter contre la fraude fiscale ? Les enseignements de l’économie expérimentale. Paris : éditions Rue d’Ulm.
Landais, Camille, Thomas Piketty, et Emmanuel Saez. 2011. Pour une
révolution fiscale : un impôt sur le revenu pour le XXIe siècle. Paris :
Seuil.
Milanovic, Branko. 2019. Capitalism, Alone: The Future of the System that
Rules the World, Cambridge, MA : Harvard University Press.
Naidu, Suresh, Dani Rodrik, et Gabriel Zucman. 2020. Economics after
Neoliberalism: Introducing the EfIP [Economics for Inclusive Prosperity] Project. American Economic Association, Papers and Proceedings, 110 : 366-371.
Philippon, Thomas. 2019. The Great Reversal. How America Gave Up on
Free Markets, Cambridge, MA : Harvard University Press.
Piketty, Thomas. 2013. Le capital au XXIe siècle. Paris : Seuil.
Piketty, Thomas. 2019. Capital et idéologie. Paris : Seuil.
Saez, Emmanuel. 2021. Public Economics and Inequality: Uncovering
our Social Nature. NBER Working Paper 28387.
| Revue des livres/Book Review 679
Œconomia – History | Methodology | Philosophy, 11(4) : 669-679
Saez, Emmanuel, et Gabriel Zucman. 2019a. The Triumph of Injustice:
How the Rich Dodge Taxes and How to Make Them Pay. New York :
WW Norton & Company.
Saez, Emmanuel, et Gabriel Zucman. 2019b. Progressive Wealth Taxation. Brookings Papers on Economic Activity, Fall, 437-511.
Saez, Emmanuel, et Gabriel Zucman. 2020a. Le triomphe de l’injustice.
Richesse, évasion fiscale et démocratie. Seuil : Paris.
Saez, Emmanuel, et Gabriel Zucman. 2020b. The Rise of Income and Wealth
Inequality in America: Evidence from Distributional Macroeconomic
Accounts. Journal of Economic Perspectives, 34(4) : 3-26.
Scheuer, Florian, et Joel Schlemrod. 2021. Taxing Our Wealth. Journal
of Economic Perspectives, 35(1) : 207-230.
Steele, Liza G. 2015. Income Inequality, Equal Opportunity, and Attitudes About Redistribution. Social Science Quarterly, 96(2) : 444-464.
Stiglitz, Joseph. 2012. The Price of Inequality., New York : Norton and
Company.
Stiglitz, Joseph. 2019. People, Power and Profits. London : Allen Lane.
Tridico, Pasquale. 2018. The Determinants of Income Inequalities in
OECD Countries. Cambridge Journal of Economics, 42(4) : 1009-1042.
Wolff, Edward N. 2020. Book Review of The Triumph of Injustice. The
Journal of Economic Inequality, 18(3) : 441-444.
Wolff, Edward N., et Ajit Zacharias. 2006. An Overall Assessment of
the Distributional Consequences of Government Spending and Taxation in the U.S., 1989 and 2000. In Dimitri B. Papadimitriou (ed.),
The Distributional Effects of Government Spending and Taxation, 15-68.
London : Palgrave.
Zucman, Gabriel. 2020. Qu’est-ce qu’une bonne politique fiscale.
L’Economie Politique, 86 : 36-48.
LES ENTREPRISES FACE À LA CRISE SANITAIRE
ET AUX CONSÉQUENCES DE LA CRISE UKRAINIENNE
FRÉDÉRIC VISNOVSKY
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT DE L’ACPR ET MÉDIATEUR NATIONAL DU CRÉDIT
TOULOUSE, 31 MAI 2022
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit 2
UNE CHUTE RAPIDE D’ACTIVITÉ
UNE REPRISE VIGOUREUSE
Maintenir les activités et les emplois
En Milliards
d’euros
Soutien à la trésorerie des entreprises 240
Prise en charge des coûts
Activité partielle
Fonds de solidarité, couts fixes…
35
40
Endettement
Report de charges fiscales et sociales
Prêts Garantis par l’État
20
145
Régime temporaire européen des aides d’État jusqu’au 30 juin 2022
QUOI QU’IL EN COÛTE
1 – LA CRISE SANITAIRE
NI UNE CRISE ÉCONOMIQUE, NI UNE CRISE FINANCIÈRE
Écarts d’activité économique par rapport au niveau d’avant la crise sanitaire,
écart au quatrième trimestre 2019 en %
Source : INSEE note de conjoncture mars 2022
1 – LA CRISE SANITAIRE
DES ENTREPRISES TRÈS AFFECTÉES MAIS BIEN SOUTENUES (1/5)
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
Taux de marge des sociétés non financières (SNF)
en % de la valeur ajoutée
3
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit 4
1 – LA CRISE SANITAIRE
DES ENTREPRISES TRÈS AFFECTÉES MAIS BIEN SOUTENUES (2/5)
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit 5
1 – LA CRISE SANITAIRE
DES ENTREPRISES TRÈS AFFECTÉES MAIS BIEN SOUTENUES (3/5)
Source : Banque de France
Effets crédits
en attente
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit 6
1 – LA CRISE SANITAIRE
DES ENTREPRISES TRÈS AFFECTÉES MAIS BIEN SOUTENUES (4/5)
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
2
2007 2011 2015 2019
Titres de dette émis sur le marché
Prêts Garantis par l'Etat (PGE)
Crédits bancaires (hors PGE)
(1) Dette brute non conso.
(2) Cumul trésorerie SNF
(1) - (2)
0
50
100
150
200
250
2019 2020 2021
Variation annuelle de la dette et de la trésorerie des entreprises
(en milliards d’euros)
Dette Trésorerie
0
100
200
300
400
TPE PME ETI GE
Crédits bancaires par taille d’entreprises
(en milliards d’euros)
2019 2020 2021
+ 50,4
+ 27,5
+ 14,2
Source : Banque de France
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit 7
1 – LA GESTION DE LA CRISE SANITAIRE
DES ENTREPRISES TRÈS AFFECTÉES MAIS BIEN SOUTENUES (5/5)
9
1 2
1 2
1 3
1 3
1 4
1 5
1 5
1 5
1 6
1 6
1 6
1 6
1 6
1 7
1 7
1 7
2 1
1 4
1 5
4 9
4 4
5 1
4 8
3 8
4 8
5 0
5 6
4 0
4 9
3 3
5 3
4 6
5 3
5 1
3 8
5 3
4 7
3 2
1 1
1 4
1 2
1 2
1 9
1 3
1 1
1 0
1 5
1 2
1 9
1 0
1 3
1 1
1 3
1 6
1 4
1 3
4 4
2 8
3 0
2 3
2 7
2 9
2 4
2 4
2 0
2 9
2 3
3 2
2 1
2 5
2 0
2 0
2 8
1 2
2 6
0 25 50 75 100
Électicité, gaz, vap., air cond
Commerce, rép. auto moto.
Santé, action sociale
Industrie manufacturière
Transports et entreposage
Activités immobilières
Activités spé., scient. et tech.
Autres activités de service
Construction
Agricult., sylvicult., pêche
Act. de serv. admin.
Activités fin. et ass.
Info. et com.
Eau - assai., déchets, dépol.
Enseignement
Art, spect. et act. récréatives
Industries extractives
Hébergement et rest.
Tous secteurs
Dette ; trésorerie Dette ; trésorerie
Dette ; trésorerie Dette ; trésorerie
Évolution du nombre de défaillances – sur 1é mois glissants
Source : Banque de France Source : ALTARES
8
DÉTECTER
de manière anticipée les
fragilités financières
ORIENTER
les entreprises en situation de
fragilité vers le meilleur
dispositif
PROPOSER
à chaque entreprise une
solution adaptée à sa situation
QUOI ? QUI ? COMMENT ?
Référence : Le plan d'action sur l'accompagnement des entreprises en sortie de crise
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
1 – LA CRISE SANITAIRE
LE PLAN D’ACTION SUR L’ACCOMPAGNEMENT DES ENTREPRISES EN SORTIE DE CRISE
9
DÉTECTER
Pourquoi ?
Une augmentation sensible des chances de pouvoir
surmonter les difficultés et poursuivre son activité
Les entreprises peuvent bénéficier d’un
diagnostic OPALE pour comparer les
performances avec le secteur d'activité et
évaluer les décisions à travers les simulations
Institutions
publiques
DGE/Banque de France/DGEFP/DGFIP : utilisation
d’un modèle prédictif « signaux faibles »
Banque de France utilise ses informations pour
contribuer au diagnostic
Experts comptables Sans surcoût un diagnostic simple et rapide
Commissaires aux comptes Un diagnostic gratuit et une mission contractuelle de prévention
Établissements bancaires Un rendez-vous de sortie de crise
CCI et CMA Une sensibilisation personnalisée aux difficultés financières
Greffiers des tribunaux Des outils d’autodiagnostic des difficultés et d’alerte précoce
Administrateurs et mandataires judiciaires Un diagnostic gratuit et des pistes de traitement
Avocats Une liste de points de vigilance
1 – LA CRISE SANITAIRE
UNE MOBILISATION DES EXPERTISES POUR FOURNIR UN DIAGNOSTIC OPÉRATIONNEL
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
10
Un complément aux procédures de restructurations de dettes
Restructuration du
PGE avec sa banque
Restructuration du PGE
dans le cadre d’une procédure amiable ou collective
Étalement du
remboursement au-delà
de la durée de 6 ans
Lorsque le PGE est restructuré dans le cadre de l’une des procédures
suivantes :
Les conciliations dont le protocole est constaté ou homologué par un juge
La décision d’un juge en application de l’article 1343-5 du code civil;
La sauvegarde, sauvegarde accélérée, sauvegarde financière accélérée
Le redressement judiciaire
La procédure de traitement de sortie de crise
Le rétablissement professionnel
Les procédures équivalentes ouvertes à l'étranger
Pas de garantie de
l‘État au-delà des 6 ans
Maintien de la garantie de l’État jusqu’à la fin du PGE restructuré,
quelle que soit sa date de fin
Restructuration du PGE dans le cadre de la médiation du crédit
Maintien de la garantie de l’État
dans la limite de 2 années supplémentaires (4 par exception)
1 – LA CRISE SANITAIRE
LA MÉDIATION DU CRÉDIT POUR RESTRUCTURER LES PGE (1/2)
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
11
Une procédure ouverte en priorité aux PME qui ont bénéficié de un ou plusieurs
PGE, pour un montant total à l’octroi ne dépassant pas 50 000 euros
Le PGE a été distribué à 88 % à des TPE
Près de 60 % des PGE sont d’un montant inférieur à 50 000 euros
Les procédures judiciaires ne sont pas nécessairement appropriées dans ces cas
La procédure n’est pas un « droit à … » mais une des solutions personnalisées
possible dans le cadre du dialogue préalable avec sa banque
Le remboursement du capital en cours ou à venir en 2022 poserait des difficultés
avérées d’honorer les échéances (attestation d’un expert comptable)
La restructuration du PGE (uniquement par étalement des remboursements) doit
s’accompagner d’une restructuration des autres dettes bancaires à maturité et
d’un accord sur les crédits à court terme
Par exception (limitée), le conseiller départemental à la sortie de crise pourra
orienter vers la procédure des entreprises avec des PGE > 50 000 euros
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
1 – LA CRISE SANITAIRE
LA MÉDIATION DU CRÉDIT POUR RESTRUCTURER LES PGE (2/2)
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit 12
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
DES IMPACTS ÉCONOMIQUES DÉJÀ TRÈS SIGNIFICATIFS
Charbon, pétrole et gaz Produits agricoles Inflation (en zone euro)
50
100
150
200
250
01/2021 04/2021 07/2021 10/2021 01/2022
Blé (indice 100 = 01/01/2021)
Maïs (indice 100 = 01/01/2021)
Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit 13
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
LES PRÉVISIONS (SCÉNARIOS) DE LA BANQUE DE FRANCE
Trois canaux qui se cumulent :
Prix des matières premières
Les incertitudes pèsent sur la consommation et l’investissement
Le commerce extérieur
Mais beaucoup d’incertitudes/aléas avec
- les conséquences des problèmes d’approvisionnement
- La nature de sanctions
Révision du PIB en écart par rapport à
la projection de décembre 2021
14 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
UNE MONTÉE DES INQUIÉTUDES POUR LES ENTREPRISES
(ETI) Baromètre BANQUE PALATINE & METI – MARS 2022 Enquête CPME – MARS 2022 (TPE – PME)
La grande consultation des entrepreneurs CCI mars 2022 Enquête de la Chambre des métiers de l’Artisanat Mai 2022
15 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
DES TENSIONS SUR LES APPROVISIONNEMENTS
Source : Banque de France
Point sur la conjoncture française à début mai 2022
16 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
DES IMPACTS SIGNIFICATIFS SUR LES PRIX
Source : Banque de France
Point sur la conjoncture française à début mai 2022
Source : Bpifrance Le Lab / Rexecode (mai 2022)
17 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
DES IMPACTS SUR LES SALAIRES ET LES MARGES
Source : Bpifrance Le Lab / Rexecode (mai 2022)
18 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
DES IMPACTS QUI SE RESSENTENT SUR LES TRÉSORERIES
Source : Banque de France (Point sur la conjoncture française à début mai 2022)
Source : Bpifrance Le Lab / Rexecode (mais 2022)
19 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
DES COMPORTEMENTS DE PAIEMENT À SURVEILLER
Source : Altares
20 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
UN COMITÉ D’ACTION POUR TRAITER LES COMPORTEMENTS AGGRAVANTS
Décision le 24 janvier 2022 d’élargir le champ du Comité de crise sur les délais de paiement (créé en
mars 2020), co-animé par la médiation des entreprises et la médiation du crédit :
1. Recevoir des signalements de comportements ou de pratiques de nature à aggraver ou accélérer
les tensions générées par la situation économique, notamment :
Situations issues des tensions sur les approvisionnements (pénurie de semi-conducteurs,
difficultés d’approvisionnement en matières premières, etc.) : ex. impact des modifications de prix
et de délais sur l’exécution des contrats, pénalités de retard ;
Conditions de paiement : paiements tardifs et pratiques non coopératives (ex. modifications
unilatérales de contrat injustifiées qui causent un préjudice à l’autre partie) ;
2. Traiter prioritairement les signalements impliquant des acteurs économiques structurants, privés ou
publics, ayant un impact sur leur écosystème territorial, un secteur ou une filière. Les cas concernant
les entreprises de plus petite taille ou les différends entre deux acteurs seront traités selon les
procédures habituelles par la médiation des entreprises.
3. Signalement au comité en priorité par les organisations interprofessionnelles membres du comité
(AFEP, CPME, MEDEF, U2P) ou par les réseaux consulaires (CCI, CMA).
21 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
PLAN DE RÉSILIENCE : DES POINTS DE CONTACTS DÉDIÉS POUR AIDER LES ENTREPRISES
Un portail unique de contact, mis en place de façon conjointe par les
réseaux consulaires (CCI, CMA, CA)
page internet dédiée et deux contacts électroniques sur les sanctions
sanctions-russie@dgtresor.gouv.fr et doublusagesanctions.russie@finances.gouv.fr
À signaler à tensions-approvisionnements.russie@finances.gouv.fr
Contacter les Commissaires aux Restructurations et à la Prévention des
difficultés des entreprises (CRP)
En cas de litige ou défaillance du fournisseur, toutes les informations se
trouvent sur https://www.energie-info.fr/pro/
Informations et conseils sur le site de l’Agence nationale de la sécurité et
des systèmes d’information (ANSSI). En cas d’incident un point de
contact est disponible sans interruption.
Les réponses aux questions pour solliciter un accompagnement.
Entreprises : les aides pour accompagner votre sortie de crise
22 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
PLAN DE RÉSILIENCE : AIDE AUX ENTREPRISES GRANDES CONSOMMATRICES DE GAZ ET D’ÉLECTRICITÉ
Face aux effets sur les économies européennes, la Commission a adopté le 23 mars 2022 un
encadrement temporaire de crise => flexibilité pour les aides d’État
Plan de résilience annoncé le 16 mars, avec notamment des aides aux entreprises dont les
achats de gaz et d’électricité atteignaient au moins 3 % de leur chiffre d’affaires en 2021 et
qui connaissent un doublement de leur coût unitaire d’achat d’électricité ou de gaz (en
€/MWh).
Coûts éligibles : surcoûts de dépenses de gaz ou d’électricité par rapport à 2021 au-delà de
ce doublement
% de l’aide Plafonds Critères
30 % des coûts 2 millions d’euros Baisse d’excédent brut d’exploitation (EBE) de 30 % par rapport à 2021
50 % des coûts 25 millions d’euros EBE négatif et des pertes est au plus égal à deux fois les coûts : aide limitée
à 80 % du montant des pertes
70 % des coûts 50 millions d’euros Idem + appartenir à un des secteurs les plus exposés à la concurrence
internationale : aide limitée à 80 % du montant des pertes
23 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
PLAN DE RÉSILIENCE : AIDE AUX SECTEURS PLUS PARTICULIÈREMENT AFFECTÉS
1 - Entreprises du bâtiment et des travaux publics :
Circulaire sur la prise en compte des conséquences de la crise dans le cadre des marchés
publics qui précise (1) les modalités de modifications des contrats de la commande publique
lorsqu’elle est nécessaire à la poursuite de l’exécution des prestations, (2) les modalités de
l’application de la théorie de l’imprévision aux contrats publics et (3) qui encourage les acteurs
publics à suspendre les pénalités contractuelles et à insérer une clause de révision des prix dans
tous les contrats de la commande publique à venir.
Aide temporaire pour les PME, versée au prorata du chiffre d’affaires pour compenser en partie
la hausse des prix du GNR
2 – Entreprises du secteur du transport routier : aide forfaitaire (300 à 1 300 euros) en
fonction de l'entreprise et du type de véhicule concerné.
24 Frédéric VISNOVSKY - Secrétaire général adjoint de l'ACPR et Médiateur national du crédit
2 – LA CRISE UKRAINIENNE
PLAN DE RÉSILIENCE : DES SOUTIENS À LA TRÉSORERIE DES ENTREPRISES
1. Prêts garantis par l’Etat (PGE) : Dans le cadre de l’accord de la Commission européenne du 7 avril,
d’ici le 30 juin 2022, un PGE « Résilience » en complément du PGE avec un montant maximum (qui
s’ajoute au plafond actuel de PGE) égal à 15% du chiffre d’affaires annuel moyen réalisé sur les trois
derniers exercices comptables clôturés (la France n’a pas retenu la possibilité d’utiliser le plafond de
50 % des coûts de l’énergie au cours des 12 mois derniers mois)
2. A compter du 1
er juillet 2022 (sous réserve d’une loi de finances pour prolonger la garantie de l’État), le
cadre européen permet la mise en place d’un « nouveau » PGE dont les caractéristiques pourraient
être les mêmes (6 ans maximum) avec une assiette sur le chiffre d’affaires moyen (à hauteur de 15 %)
3. Prêts bonifiés : en priorité pour les entreprises industrielles de plus de 50 salariés ; PME et ETI
n’ayant pas obtenu en tout ou partie de PGE, ayant des perspectives réelles de redressement de leur
exploitation et ne faisant pas l’objet de procédures collectives. Prêts d’une maturité de 6 ans et
peuvent être assortis d’une franchise de 1 an. Leur taux actuel est de 2,25%.
4. Prêt Croissance Industrie de BPI : dédié aux entreprises industrielles. Montant de 50 000 à 5 000
000 d’euros pour les TPE, PME et ETI de plus de 3 ans et d’une durée jusqu’à 10 ans.
5. Les dispositifs « Prêts Participatifs Relance » et « Obligations Relance » sont prorogés jusqu’au
31 décembre 2023
Vague 70 – Mai 2022
La grande consultation
des entrepreneurs
pour
Vague 70 – Mai 2022
Méthodologie & principaux
enseignements
pour
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 3
La méthodologie
Étude réalisée auprès d’un échantillon
de 613 dirigeants d’entreprise.
L’échantillon a été interrogé
par téléphone.
Les interviews ont eu lieu
du 13 au 20 mai 2022.
OpinionWay a réalisé cette enquête en appliquant les procédures et règles de la norme ISO 20252.
La représentativité de l’échantillon a été assurée
par un redressement selon le secteur d’activité et
la taille, après stratification par région
d’implantation.
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 4
Les dirigeants regagnent en optimisme mais restent prudents
Alors qu’Emmanuel Macron a été réélu à la présidence de la République et que l’accalmie sanitaire se confirme, le moral des dirigeants
d’entreprise s’améliore légèrement. L’indicateur de l’optimisme remonte à 73 points (+6 points) et connaît son meilleur score depuis
février dernier (92 points). Cet indicateur reste cependant en deçà des 80 points, confortant l’idée que la période demeure dure pour les
chefs d’entreprise. L’indice d’optimisme n’était jamais passé en dessous des 80 points avant la crise sanitaire. L’impact de la guerre en
Ukraine sur le commerce mondial et la croissance nulle en France au premier trimestre pourraient être des éléments explicatifs de ce regain
d’optimisme très mitigé. Rappelons qu’en 2017, au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, l’indicateur d’optimisme s’élevait à 116
points et enregistrait une hausse de 13 points.
o L’optimisme remonte principalement chez les chefs d’entreprise comptant moins de 10 salariés (73 points, +6). On note tout de
même une hausse chez les dirigeants d’entreprise plus grandes (65 points, +2), même si cette hausse est moindre.
Une proportion similaire des dirigeants d’entreprise considère que le contexte était mieux hier (37%, -2 points). 38% trouvent que c’est très
bien en ce moment, en progression de 9 points en un mois, retrouvant le niveau observé en mars dernier (37%). Qui plus est, ils sont
moins nombreux à considérer que ce sera mieux demain (24%, -6 points), le même score qu’en mars également.
La difficulté de la période est notamment visible dans le souhait d’une majorité de chefs d’entreprise de rallonger le délai de
remboursement des prêts garantis par l’Etat (52%), normalement prévu pour le 30 juin prochain. Un tiers des dirigeants est plutôt favorable
à un retour à la normale, et considère que ce rallongement n’est pas nécessaire (34%).
L’état d’esprit mitigé des chefs d’entreprise pourrait aussi s’expliquer par un rapport ambivalent à la baisse du chômage observée depuis la
deuxième moitié de l’année 2020. Pour 50% des dirigeants, il s’agit d’un signal positif qui pourrait bénéficier à leur entreprise. Toutefois,
plus d’un tiers d’entre eux y voient une difficulté : 36% craignent de ne plus pouvoir trouver de la main d’œuvre qualifiée.
o Alors que le secteur de la restauration est en tension en matière d’emploi, 42% des chefs d’entreprise du secteur du commerce voient
dans la baisse du chômage un sujet de préoccupation, l’augmentation des offres risquant de créer une forme de « concurrence »
entre entreprises qui recrutent. Cet avis est même majoritaire chez les dirigeants d’entreprises comptant 10 salariés ou plus (54%).
613
CHEFS D’ENTREPRISE
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 5
La transition écologique impacterait d’abord l’économie française
Selon une large majorité des dirigeants d’entreprise, la transition écologique aura un impact important sur l’économie française (74%). En
revanche, une part plus faible d’entre eux anticipe un impact important sur leur secteur (51%) ou sur leur propre entreprise (44%).
o Dans le détail, les dirigeants des entreprises de dix salariés et plus sont plus nombreux à anticiper un impact important de la
transition écologique sur leur secteur (74%) et sur leur entreprise (73%).
o Les dirigeants du secteur de la construction s’attendent davantage à un impact important de la transition écologique, que ce soit pour
leur secteur (73%) ou pour leur entreprise (57%). Plus dépendantes des matières premières que les autres, leurs entreprises
pourraient avoir à bouleverser leurs pratiques pour pouvoir respecter l’évolution des normes environnementales.
Dans ce contexte les avis sont partagés quant à un changement de stratégie pour son entreprise. Si une majorité de dirigeants annonce
que la transition écologique ne devrait pas affecter la stratégie de leur entreprise (52%), plus de quatre sur dix jugent que cela affectera leur
stratégie (45%). Peu de dirigeants prévoient toutefois de réorienter en profondeur leur stratégie à cause des impératifs environnementaux
(6%).
o Les dirigeants du secteur des services apparaissent moins volontaires : 57% déclarent que leur entreprise ne devrait probablement
pas ajuster sa stratégie en raison de la transition écologique. Au contraire, les entreprises plus dépendantes des matières premières
sont plus disposées à envisager un changement de stratégie. C’est surtout le cas pour les dirigeants d’entreprises des secteurs de
l’industrie (58%) et de la construction (58%).
o Disposant de capacité d’anticipation plus grandes, mais également soumis à davantage d’impératifs règlementaires, les dirigeants des
entreprises les plus grandes sont les plus disposés à annoncer un potentiel changement de stratégie en réponse à l’urgence
environnementale (77%).
613
CHEFS D’ENTREPRISE
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 6
Un quart des entreprises a déjà embauché un apprenti
Alors que le nombre de contrats d’apprentissage a plus que doublé en 5 ans, un quart des dirigeants d’entreprise déclare avoir déjà
recruté un apprenti au sein de son entreprise (25%), un dixième déclarant même avoir actuellement un apprenti dans son équipe (11%).
o Le principal clivage se retrouve une fois de plus entre les petites et les grandes entreprises. Les chefs d’entreprise comptant dix
salariés ou plus sont bien plus habitués à recruter des apprentis (81%), deux tiers déclarant en avoir actuellement (67%). Ces
entreprises au personnel plus étoffé peuvent plus facilement s’organiser pour accueillir et former les différents apprentis.
o Les chefs des entreprises des secteurs impliquant des métiers plus manuels et/ou plus artisanaux déclarent davantage avoir déjà
recruté un apprenti. C’est le cas principalement au sein du secteur de la construction (44%) et dans une moindre mesure dans ceux du
commerce (32%) et de l’industrie (31%). Les dirigeants du secteur des services recourent moins à l’apprentissage : 16% ont déjà
embauché un apprenti.
Un peu plus d’un dirigeant sur dix annonce que son entreprise envisage ou prévoit d’embaucher au moins un apprenti à la rentrée de
septembre 2022 (12%). C’est une part équivalente à celle des entreprises qui emploient actuellement un apprenti (11%), ce qui laisse
penser que l’expérience de l’apprentissage est suffisamment appréciée par les dirigeants pour qu’ils décident d’y avoir de nouveau recours.
o Ce taux est bien plus élevé auprès des entreprises comptant au minimum dix salariés, où deux dirigeants sur trois comptent recruter
un apprenti à la rentrée prochaine (64%), une part ici similaire à celle déclarant avoir actuellement un apprenti dans ses équipes
(67%), montrant une nouvelle fois le succès de ce système professionnalisant.
613
CHEFS D’ENTREPRISE
Vague 70 – Mai 2022
Les résultats
pour
Vague 70 – Mai 2022
Les questions d’actualité
pour
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 9
L’impact de la transition écologique sur l’économie
Q. Selon vous, la transition écologique aura-t-elle un impact important ou pas dans les 3 prochaines années… ? Sur…
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
L´économie française
Votre secteur
Votre entreprise
27%
19%
16%
47%
32%
28%
15%
24%
27%
6%
22%
27%
5%
3%
2%
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés
ou +
69% 84% 71% 76% 74% 83%
56% 73% 54% 46% 50% 74%
42% 57% 49% 40% 42% 73%
Détail selon…
74%
51%
44%
Total Important
Très important Assez important Peu important Pas du tout important NSP
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 10
L’impact de la transition écologique sur la stratégie des entreprises
Q. Dans les 3 prochaines années, diriez-vous que pour votre entreprise, la transition écologique… ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés ou
+
58% 58% 50% 40% 44% 77%
3% 7% 7% 6% 6% 9%
55% 51% 43% 34% 38% 68%
39% 41% 46% 57% 53% 23%
15% 6% 12% 12% 11% 14%
24% 35% 34% 45% 42% 9%
3% 1% 4% 3% 3% -
Sous-total Changer la stratégie
Va profondément transformer sa stratégie
Va impliquer des ajustements sur sa stratégie
Sous-total Ne pas changer la stratégie
Ne devrait pas nécessiter de faire des ajustements sur sa stratégie
N’entraînera aucune conséquence sur sa stratégie
NSP
45%
6%
39%
52%
12%
40%
3%
Détail selon…
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 11
Les priorités d´action en matière de transition écologique
Q. Dans votre entreprise, quelles sont les priorités d´action en matière de transition écologique ?
BASE : Ensemble
Plusieurs réponses possibles – total supérieur à 100%
613
CHEFS D’ENTREPRISE
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés ou
+
56% 49% 57% 39% 45% 61%
37% 27% 29% 24% 26% 25%
20% 22% 19% 18% 18% 24%
6% 14% 7% 16% 13% 26%
8% 13% 8% 12% 11% 16%
21% 6% 5% 8% 6% 37%
2% 0% 5% 6% 4% 7%
1% 1% 4% 3% 3% 7%
3% - - 1% 1% -
11% 23% 22% 29% 26% 7%
- - 2% - 1% -
La gestion des déchets
L’efficacité énergétique
Les achats durables
La mobilité propre
L’éco-conception
La RSE
L’écologie industrielle et territoriale
La prévention des risques naturels
Autre
Aucune, ce n’est pas une priorité
NSP
45%
26%
19%
13%
11%
8%
5%
3%
1%
25%
-
Détail selon…
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 12
Le souhait concernant le remboursement des PGE
Q. Selon vous, le délai de remboursement des prêts garantis par l´Etat doit-il à nouveau être allongé dans le contexte actuel ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
52%
34%
14%
Non
Oui
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés
ou +
49% 42% 55% 54% 52% 57%
35% 50% 27% 33% 34% 28%
16% 8% 18% 13% 14% 15%
Détail selon…
NSP
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 13
25%
11%
14%
75%
Le recours aux apprentis
Q. Avez-vous déjà recruté un apprenti au sein de votre entreprise ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés
ou +
31% 44% 32% 16% 22% 81%
18% 11% 15% 8% 8% 67%
13% 33% 17% 8% 14% 14%
69% 56% 68% 84% 78% 19%
Détail selon…
Sous-total Oui
Oui, et vous en avez actuellement dans votre entreprise
Oui, mais vous n’en avez pas actuellement
Non
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 14
55%
31%
24%
45%
Q. Avez-vous déjà recruté un apprenti au sein de votre entreprise ?
BASE : Entreprises comptant au moins un salarié
367
CHEFS D’ENTREPRISE
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 1 à 9
salariés
10 salariés
ou +
62% 61% 68% 46% 50% 81%
54% 32% 37% 26% 25% 67%
8% 29% 31% 20% 25% 14%
38% 39% 32% 54% 50% 19%
Détail selon…
Sous-total Oui
Oui, et vous en avez actuellement dans votre entreprise
Oui, mais vous n’en avez pas actuellement
Non
Le recours aux apprentis dans les entreprises d’au moins 1 salarié
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 15
L’intention d’embaucher un apprenti
Q. Votre entreprise envisage-t-elle d´embaucher au moins un apprenti pour la rentrée de septembre 2022 ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
12%
6%
6%
86%
2%
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés
ou +
22% 16% 15% 10% 10% 64%
16% 8% 7% 4% 4% 46%
6% 8% 8% 6% 6% 18%
74% 84% 82% 89% 89% 29%
Détail selon…
Sous-total Oui
Oui, c’est déjà prévu
Oui, elle l’envisage
Non
Vous ne savez pas
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 16
L’intention d’embaucher un apprenti dans les entreprises d’au moins 1 salarié
Q. Votre entreprise envisage-t-elle d´embaucher au moins un apprenti pour la rentrée de septembre 2022 ?
BASE : Entreprises comptant au moins un salarié
367
CHEFS D’ENTREPRISE
32%
18%
14%
64%
4%
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 1 à 9
salariés
10 salariés
ou +
58% 39% 39% 23% 25% 64%
39% 23% 21% 12% 12% 46%
19% 16% 18% 11% 13% 18%
38% 60% 54% 73% 71% 29%
Détail selon…
Sous-total Oui
Oui, c’est déjà prévu
Oui, elle l’envisage
Non
Vous ne savez pas
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 17
L’esprit d’esprit concernant la baisse du taux de chômage
Q. Pour vous, la baisse du taux de chômage en France c'est avant tout... ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés ou
+
57% 56% 45% 50% 50% 43%
29% 35% 42% 34% 35% 54%
14% 9% 13% 16% 15% 3%
Un signal positif pour l’économie française qui pourrait
bénéficier à votre entreprise
De plus grandes difficultés pour votre entreprise pour
trouver de la main d’œuvre qualifiée
NSP
50%
36%
14%
Détail selon…
Vague 70 – Mai 2022
Les questions barométriques
pour
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 19
L’indicateur de l’optimisme
L’indicateur prend en compte les questions de confiance à l’égard de l’évolution de l’économie et d’appréciation de la situation actuelle.
La référence est la vague 1 de février 2015 (base 100) pour chaque groupe d’entreprises
613
CHEFS D’ENTREPRISE
40
50
60
70
80
90
100
110
120
130
140
150
Mai 2022
73
100
109108
130
110
104
101101
106
109
98
112
105104104105
99
103
116
112
97
98
96
115
121
123123
142
120
122
132
99
125
92
84
90
96
106107
117
107
114
89
90
108
93
104
92
49
73
78
84
71
54
65
76
94
73
82
108
96 96
102
103
87
80
92
66 67
73
02 04 06 09 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 05 06 07 09 10 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
L’évolution de l’indicateur depuis février 2015
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 20
L’indicateur de l’optimisme en fonction de la taille de l’entreprise
L’indicateur prend en compte les questions de confiance à l’égard de l’évolution de l’économie et d’appréciation de la situation actuelle.
La référence est la vague 1 de février 2015 (base 100) pour chaque groupe d’entreprises
40
50
60
70
80
90
100
110
120
130
140
150
Mai 2022
65
101101
106108
97
112
105104
101102
99 99
116
112
95
97
94
114
121
123123
142
120
122
132
98
125
90
83
89
94
105105
115
104
113
88 89
108
93
103
91
49
71
78
84
71
52
64
75
94
73
81
108
96
96
102 101
86
79
91
66 67
73
95 94
102
109
104
109
101
95
108
116
105
115114113
108109
111
118120
110
123
130
107
124
125
112
120
113
93
99
105
107
124124
126
119
99
103
106
92
104
99
51
78
71 72
61
66
72
84
79
72
89
107
94 92
99
110
92
96
97
56
64 65
02 04 06 09 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 05 06 07 09 10 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
L’évolution de l’indicateur depuis février 2015
73
0 à 9
salariés
613
CHEFS D’ENTREPRISE
10+
salariés
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 21
L’appréciation de la situation actuelle
Q. Dans le contexte actuel vous êtes plutôt porté à dire… ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
Ce sera mieux
demain
24%
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés
ou +
42% 48% 36% 35% 38% 31%
35% 34% 41% 37% 38% 30%
21% 18% 23% 26% 23% 39%
2% - - 2% 1% -
Détail selon…
C'était mieux hier
C'est très bien 37%
en ce moment
38%
+ - Evolution depuis avril 2022
NSP :
1%
-2
+9
-6
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 22
L’appréciation de la situation actuelle
Q. Dans le contexte actuel vous êtes plutôt porté à dire… ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
48%
44%
38%
32%
37%
41%40%
45%
41%40%40%
32%
36%
32%
40%
38%
47%48%
36%
33%
43%
30%
33%
30%
25%
33%
38%
32%
38%
34%33%34%
31%
37%36%
32%
34%
32%31%30%30%
28%
36%
38%
31%
34%35%
40%
59%
46%
52%
37%38%
40%39%
30%30%
35%
30%
25%
30%
28%
30%
34%
35%
32% 32%
39% 39%
37%
13%14%
21%22%
17%
15%
19%
15%
25%
20%
24%
27%26%
35%
26%
24%
18%19%
27%
32%
29%
48%
50%
45%
47%48%47%
55%
50%50%
56%
49%
56%
47%
44%45%
52%
58%
53%
63%
49%
58%
40%
43%
53%
42%
45%
35%
9%
22%
26%
34%32%
15%
25%
31%32%31%
27%
47%
39%
42%43%
45%
36%
28%
32%
37%
29%
38% 37%
41%
39%
45%
43%
39%
35%
37%
33%
37%
34%
39%
34%
31%31%
36%
30%
32%
37%
35%
28%
22%
17%
25%
28%
19%
15%
13%12%
16%
11%
17%
13%
16%
20%
23%
14%
10%
16%
7%
21%
14%
24%
19%
16%
24%
20%
25%
32%32%
22%
29%30%
45%
36%
39%38%
34%
43%
28%
30%
30%
26%
20%
27%
38%
34%
23%
30%
24%
02 04 06 09 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 05 06 07 09 10 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
L’évolution de l’indicateur depuis février 2015 C'est très bien en ce moment Ce sera mieux demain C'était mieux hier
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 23
Votre entreprise L'économie française L'économie mondiale
68%
23%
15% 10%
0% 1%
Les niveaux de confiance - Perspectives 12 prochains mois
Q. Concernant les perspectives des 12 prochains mois, diriez-vous que vous êtes très confiant, assez confiant, assez inquiet, très inquiet,
pour… ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
Très confiant
Très + Assez confiant
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés
ou +
62% 68% 60% 72% 68% 77%
26% 26% 19% 24% 23% 27%
21% 20% 9% 15% 15% 17%
% Très + Assez confiant
+ - Evolution depuis avril 2022
+1
+1
=
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 24
L'économie mondiale
L'économie française
Les niveaux de confiance - Perspectives 12 prochains mois
Q. Concernant les perspectives des 12 prochains mois, diriez-vous que vous êtes très confiant, assez confiant, assez inquiet, très inquiet,
pour… ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
57%
59%58%
69%
63%
59%
52%
56%
61%
64%
57%
67%
65%
70%
64%
62%
59%
67%
68%69% 68%69%
66%71%
76%
73%77%
83%
78%
73%
79%
74%
82%
67%
69%
76%
70%
82%
75%76%
73%
79%
71%
75%
77%77%
81%
78%
52%
61%
59%
61%
58%
55%
62%
65%
69%
64%
75%
81%
73%
76%
79%
76%
67%
64%
75%
64%
67%68%
30%
38%
34%
22%
33%
25%
22%22%
26%
28%27%
33%
21%
22%
34%
28%
26%24%
48%
64%
39%
43%
38%
54%
59%
70%
55%
69%
58%
60%
63%
38%
57%
34%
31%
29%
34%
37%
43%
46%
45%
42%
29%
26%
40%
35%
38%
27%
17%
31%
35% 36%
26%
20%
22%
29%
44%
28% 30%
45%
39%
35%
40% 39%
31% 31%
37%
11%
15% 15%
13%
17% 18%
21% 22%
18%
13% 12%
16%17%18%
23%
15%
23%
27%
22%21%
13%
50%
58%
36%35%
37%
59%
61%
55%
65%
75%
55%
61%
65%
36%
54%
35%
23%
29%
35%
33%
41%
46%
44%
47%
38%
35%
44%
34%
42%
42%
19%
30%
35% 35%
25%
17%
20%
26%
42%
22%
30%
43%
40%
37%
42% 43%
38%
36%
39%
18%
22%
23%
02 04 06 09 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 05 06 07 09 10 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Votre entreprise
L’évolution - % Très + Assez confiant
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 25
Augmenter le
nombre de salariés
10%
Les évolutions pronostiquées des embauches pour les 12 prochains mois
Q. Au cours des 12 prochains mois, votre entreprise envisage-t-elle de… ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés
ou +
82% 86% 85% 92% 91% 54%
17% 14% 14% 7% 8% 44%
1% - 1% 1% 1% 2%
Détail selon…
+ - Evolution depuis avril 2022
Réduire le nombre
de salariés
1%
Maintenir le nombre
de salariés stable
89%
=
-1
+1
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 26
Les évolutions pronostiquées des embauches pour les 12 prochains mois
Q. Au cours des 12 prochains mois, votre entreprise envisage-t-elle de… ?
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
02 04 06 09 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 05 06 07 09 10 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
5 10 8 9 8 5 6 8 8 8 8 8 9 7 4 7 6 5 6 6 5 6 4 7 5 3 5 2 7 5 4 3 5 7 4 5 4 8 7 9 6 10 11 10 8 9 6 4 9 6 6 5 7 5 9 7 8 12 15 10 13 12 11 14 10 10 11 9 10
87
85 86 84 86 89 87 86 88 88 86 87 85 85 92 88 91 94 90 92 91 93 95 92 94 96 95 97
92 94 95 96 95 92 94 94 95 91 92 91 93 90 88 89 91 90 93 94
90 93 93 94 91 94 89 91 90
87 84
88 86 87 88 85 89 89 88 90 89
8 5 6 7 6 6 7 6 4 4 6 5 6 8 4 5 3 1 4 2 4 1 1 1 1 1 0 1 1 1 1 1 0 1 2 1 1 1 1 0 1 0 1 1 1 1 2 1 1 1 1 2 1 2 2 2 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1
L’évolution des embauches (en %)
Maintenir le
nombre de salariés
Réduire le nombre
de salariés
Augmenter le
nombre de salariés
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 27
34%
30%
16%
14%
6%
Le rapport à l’innovation des dirigeants d’entreprise
Q. Innover c’est pour votre entreprise avant tout…
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
…un mirage plus
qu'autre chose
…un investissement
…une prise
de risque
…une condition
de survie pour
l’entreprise
NSP
+ - Evolution depuis avril 2022
…le Secteur d'activité …la Taille d'entreprise
Industrie Construction Commerce Services 0 à 9
salariés
10 salariés
ou +
25% 37% 37% 33% 33% 64%
27% 38% 28% 30% 31% 11%
31% 13% 16% 15% 16% 6%
16% 12% 16% 13% 14% 18%
1% - 3% 9% 6% 1%
Détail selon…
-9
+6
+4
-4
La grande consultation des entrepreneurs – Sondage OpinionWay pour CCI France / La Tribune / LCI / Vague 70 – Mai 2022 28
Le rapport à l’innovation des dirigeants d’entreprise
Q. Innover c’est pour votre entreprise avant tout…
BASE : Ensemble
613
CHEFS D’ENTREPRISE
…une condition de
…un investissement survie pour l’entreprise
35%
32%
41%
37%
35%
37%
33%
35%
38%
34%
40%40%39%39%
42%
45%
42%
52%
50%
44%
40%41%
46%
49%
37%
41%
50%
53%
37%
45%
51%
48%49%
44%44%
32%
50%
48%
55%
47%
37%
44%
41%
39%
41%
36%
50%
40% 39%
36%
43%
35%
35%
36%37%
41%
44%
42%
50%
41%
46%45%
42%
54%
36%
43%
39%
43%
34%
26%
25%
27%
20%
29%
26%
28%
23%23%
24%
22%
26%25%
16%
22%
19%
23%
19%
17%
20%
26%25%
21%
24%
26%26%
19%
23%23%
25%26%
19%
26%
22%
24%
19%
14%
16%17%
19%
19%18%
15%
18%
18% 18%
14%
17%
14%
11%
16%
21%
25%
22%
16%
14%
13%
20%
14%
16%16%
20%
24%
17%
23%
14%
16%
12%
16%
26%
29%
24%
29%
22%21%
23%
27% 25% 27%
24%
27%26%
23%
19%
21%
18%19%
23%
21%
19%19%
17%
22%21%
23%
18%
21%
15%
12%
19%
10%
23%
14%13%13%
16%
11%
23%
22%21%
17%
16%
21%
16%
18%
15%
13%
13%
14%
13%
16%
13%
15%
16%
18%
19%
13%
15%15%
14%13%
16%
15%
10%
13%
18%
14%
12%
9%
7%
12%
10%10%11%
9%10%
12%
7% 8%
6%
18%
11%
8%
12%11%
14%13%13%13%14%
10%
15%
12%
8%
6%
19%
15%
11%
14%14%
11%
18%
35%
23%
20%
17%
11%
22%
17%
27% 27%
20%
30%
18%
28%
34%
40%
27%
30%
24%
29%
32%
29%
24%
16%
23%
27%
22%
20%20%
11%
24%
29%
31%
24%
30%
02 04 06 09 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 01 02 03 04 05 06 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 05 06 07 09 10 12 01 02 03 04 05 06 07 09 10 11 12 01 02 03 04 05
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
…un mirage plus
qu’autre chose …une prise de risque Les évolutions
La grande consultation
des entrepreneurs
pour
Seine-Saint-Denis
Bref-conjoncture
4
e trimestre 2021 Date de publication : mai 2022
/
93
Le taux de chômage
francilien a retrouvé
son niveau d’avant-crise
Démographie d’entreprises
Créations d’entreprises
(dernières données : 4e
trimestre 2021)
Au 4e
trimestre 2021, la Seine-Saint-Denis a enregistré 9 191
créations d'entreprises ; le cumul sur un an a été porté à
37 386 (dont 24 065 nouveaux micro-entrepreneurs).
Fin 2021, la baisse dans le département par rapport à la
même période de 2020 (- 16,8 %) a été supérieure à celle
observée pour la région (- 9,0 %) ; cette baisse conséquente
a surtout été provoquée par les micro-entrepreneurs
(- 26,4 % contre + 7,0 % pour les entreprises « classiques »).
Source : Insee – Ile-de-France / cumul sur 4 trimestres glissants
Malgré un contexte sanitaire marqué par la
cinquième vague de Covid-19 en France,
l’activité francilienne est restée bien
orientée au 4e
trimestre 2021. La tendance
la plus favorable a été observée sur le
marché du travail : le taux de chômage
francilien s’est réduit de 0,5 point pour se
fixer à 7,2 % et a ainsi retrouvé son niveau
du 4e
trimestre 2019, le dernier avant le
début de la pandémie. Parallèlement,
l’emploi salarié privé a augmenté de 2,7 %
sur un an (soit plus de 127 000 créations
nettes en 2021) et dépasse de 0,2 % son
niveau d’avant la crise sanitaire. Pour
autant, d’autres tendances sont moins
réjouissantes : le nombre de nuitées
hôtelières dans la région-capitale au 4e
trimestre 2021 a été inférieur de 21,1 % à
son niveau de la même période de 2019, le
nombre de passagers à Roissy et Orly s’est
élevé à seulement 41,9 millions en 2021
contre 108,0 millions en 2019, le déficit
commercial francilien a atteint 58,3
milliards d’euros en 2021, etc.
Quelques signes de fléchissement pour la Seine-SaintDenis fin 2021
Défaillances d’entreprises
(dernières données : 4e
trimestre 2021)
Au 4e
trimestre 2021, le nombre de défaillances d'entreprises
en Seine-Saint-Denis (366 unités) a représenté une baisse de
3,2 % par rapport au 4e
trimestre 2020.
Le cumul sur l’ensemble de 2021 ne s’est élevé qu’à 1 268,
soit un niveau toujours faible.
Source : Banque de France / cumul sur 4 trimestres glissants
La reprise économique a semblé se
poursuivre au 4e
trimestre 2021 même si les
créations d'entreprises se sont repliées
(- 16,8 % par rapport à la même période de
2020). Porté par l’intérim et la construction, l'emploi salarié départemental est
supérieur de 1,9 % à son niveau d’avant la
crise sanitaire. Cette situation favorable en
façade reste à nuancer, à l'instar des
défaillances d'entreprises qui ont reculé
mais grâce au maintien des aides publiques
dont bénéficient encore certaines
entreprises. De même, la construction de
locaux a subi une baisse conséquente : les
autorisations de construire ont enregistré
une baisse de 37,7 % par rapport au
4
e
trimestre 2020 même si les 116 638 m²
mis en chantier dans le même temps n’en
ont pas moins représenté 14,2 % du total
francilien.
37 386275 206100 000150 000200 000250 000300 0005 000
15 000
25 000
35 000
45 000
Seine-Saint-Denis (éch. de G.)
Ile-de-France (éch. de D.) 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 20211 2686 6896 0008 00010 00012 00014 000400
1 000
1 600
2 200
2 800
Seine-Saint-Denis (éch. de G.)
Ile-de-France (éch. de D.) 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Publication réalisée par :
Benoist ANCELIN, CCI 93 : bancelin@cci-paris-idf.fr www.cci93-idf.fr
Mickaël LE PRIOL, Crocis : mlepriol@cci-paris-idf.fr www.crocis.cci-paris-idf.fr
Les notes de conjoncture des autres départements franciliens sont téléchargeables sur le site Internet du Crocis
/
Emploi
Taux de chômage
(dernières données : 4e
trimestre 2021)
Comme celui de l’Ile-de-France, le taux de chômage de la
Seine-Saint-Denis a baissé au 4e
trimestre 2021 par rapport au
trimestre précèdent ; il s’est élevé à 10,5 % (contre 7,2 % en
Ile-de-France et en France métropolitaine).
Ainsi, le taux de chômage séquano-dyonisien est désormais
inférieur de 0,1 point à son niveau du 4e
trimestre 2019 (i.e.
avant la crise sanitaire).
Source : Insee – Ile-de-France / données cvs / en %
Emploi
(dernières données : 4e
trimestre 2021)
Source : Insee Ile-de-France / données cvs /
base 100 au 4e
trimestre 2010
Au 4e
trimestre 2021, 645 624 emplois ont été recensés en
Seine-Saint-Denis, soit une hausse de 0,1 % par rapport au
trimestre précédent ; le secteur du tertiaire marchand
(notamment l’intérim) a été favorablement orienté.
L'emploi dans le département est désormais supérieur de
1,9 % à son niveau du 4e
trimestre 2019, c’est-à-dire le
dernier trimestre avant le début de la pandémie ; l’intérim
(+ 6,6 %) et la construction (+ 7,0 %) sont particulièrement
bien orientés sur cette période.
Activité touristique Construction
Fréquentation hôtelière
(dernières données : décembre 2021)
Source : Insee Ile-de-France / en milliers
La crise sanitaire a lourdement affecté la fréquentation
hôtelière en Seine-Saint-Denis, département parmi les plus
touchés d’Ile-de France.
Si les chiffres sont repartis à la hausse entre 2020 et 2021, il
n’en reste pas moins qu’entre le 4e
trimestre 2019 et le
4
e
trimestre 2021, le nombre de nuitées a chuté de 34,7 %, soit
le plus fort repli de la région avec celui observé dans le Vald’Oise (- 36,6 %).
Construction d'immobilier d'entreprise
(dernières données : 4e
trimestre 2021)
Le volume des locaux autorisés à construire a subi une baisse
importante en Seine-Saint-Denis au 4e
trimestre 2021 :
102 306 m² ont été autorisés, soit - 37,7 % par rapport au
4
e
trimestre 2020 et - 20,2 % par rapport au 4e
trimestre
2019 (contre respectivement - 6,9 % et + 2,7 % au plan
régional).
Les mises en chantier ont également fortement diminué
(- 35,1 % en glissement annuel) ; les 116 638 m² engagés ont
même représenté une baisse de 71,1 % par rapport à la
situation d'avant-crise (4e
trimestre 2019).
Source : Sit@del2 / en m²
10,5
7,2
4
6
8
10
12
14
Seine-Saint-Denis
Ile-de-France
2000 2001 2013 2015 2017 2018 20192020 2021 2002 2003 2004 2006 2008 2010 2005 2007 2009 2011 2012 2014 2016
117,5107,090
100
110
120
Seine-Saint-Denis Ile-de-France2011 20182012 2019 2020 20212013 2014201520162017450,9 375,7 380,1 273,7 256,7 257,5
0
150
300
450
600
750
octobre novembre décembre
2019 2021 102 306116 6380
100 000
200 000
300 000
400 000
500 000 Total des surfaces de locaux autorisés Total des surfaces de locaux commencés 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Entreprises
Bulletin
de la Banque de France
240/2 - MAI-JUIN 2022
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie
rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte
par des difficultés d’approvisionnement
Résultats de l’enquête menée par la Banque de France en septembre 2021
Après la récession historique de 2020, provoquée par la crise sanitaire et les confinements, la durée
d’utilisation des équipements (DUE) a rebondi de 6,9% en 2021, pour accompagner la reprise de
l’activité industrielle.
Les difficultés d’approvisionnement ont toutefois contraint l’activité de 96% des entreprises du secteur
manufacturier, confrontées à des hausses de coûts, des retards de livraisons, voire des ruptures d’appro‑
visionnement pour un tiers d’entre elles. À court terme, l’augmentation des coûts s’est en partie traduite
par des hausses de prix de vente des produits finis et par une baisse des marges des entreprises.
Afin d’améliorer la résilience de leurs approvisionnements, les entreprises prévoient le plus souvent de
les diversifier et d’augmenter leurs stocks. Seules 14% des entreprises envisagent d’internaliser ou de
réinternaliser certaines activités, et 13% d’en relocaliser, les principaux obstacles cités par les chefs
d’entreprise étant le coût du travail et les difficultés de recrutement.
Pauline LESTERQUY, Edith STOJANOVIC
Laurent BAUDRY, Honorine DEKONINCK, Fabrice HEURTEBIZE, Sylvie TARRIEU, Julien ZORY
Direction des Enquêtes de conjoncture et des Analyses microéconomiques et structurelles
Avec le concours de la direction générale des Services à l’économie et du Réseau et des unités du réseau de la Banque de France.
Codes JEL
D22, D24,
L23
+ 6,9 %
la hausse moyenne de la durée d’utilisation
des équipements (DUE) en 2021
1/3
la part des entreprises qui déclarent
avoir été touchées de manière importante
par des difficultés d’approvisionnement
(plus de 5% du chiffre d’affaires)
1/5
la part des grandes entreprises
(de 500 salariés ou plus)
qui envisagent de relocaliser certaines activités
Durée d’utilisation des équipements (DUE),
indice de la production industrielle (IPI)
et taux d’utilisation des capacités de production (TUC)
(en%)
- 14
- 12
- 10
- 8
- 6
- 4
- 2
0
2
4
10
8
6
12
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
DUE
IPI
TUC
Prévision
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés
ou plus (DUE); entreprises de l’industrie manufacturière (IPI et TUC).
Sources : Banque de France (DUE et TUC) et Insee (IPI).
Entreprises 2
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
1 La durée des équipements rebondit
en 2021 mais ralentirait en 2022
L’enquête annuelle de la Banque de France sur les
conditions de production 1 informe sur les ajustements
effectués par les entreprises pour répondre à l’évolution
de la demande. En effet, face à une hausse ou une
baisse non anticipée de la demande, les entreprises
s’ajustent dans un premier temps par l’intermédiaire du
taux d’utilisation des capacités de production (TUC) et
de la durée d’utilisation des équipements (DUE). Elles
adaptent ensuite la quantité demandée de travail et de
capital (Cette, Lecat et Jiddou, 2016).
Il est à noter que la situation a de nouveau évolué
depuis la fin de l’enquête (qui couvre uniquement la
période de douze mois allant de septembre 2020 à
septembre 2021), en particulier depuis le déclenchement
de la guerre en Ukraine, qui contribue à perturber les
chaînes de valeur européennes.
La DUE rebondit pour accompagner la reprise
de l’activité industrielle
En septembre 2021, la DUE augmente de 6,9 % sur
un an, soit plus rapidement qu’anticipé par les entre‑
prises interrogées en 2020 (+ 4,4 % selon l’enquête
sur les conditions de production de 2020 2). Ce
rebond fait suite à une chute de 4,9 % au cours
de l’année précédente, qui avait été marquée
notamment par la crise sanitaire. Il accompagne la
reprise de l’activité industrielle, mesurée par l’indice
de la production industrielle (IPI), qui progresse de
manière comparable sur cette même période. Le taux
d’utilisation des capacités de production augmente
également, à 76,3 % en septembre 2021 selon
l’enquête, après 69,8 % en moyenne sur 2020, sans
toutefois revenir à son niveau de 2019 (79,1%) 3. Les
entreprises interrogées anticipent une poursuite de
la hausse de la DUE dans l’industrie manufacturière
avec toutefois un léger ralentissement, à + 5,8 %
en 2022 4 (cf. graphique 1).
Le rebond de la DUE en 2021 est plus marqué pour
les grandes entreprises (+ 8,1%) que pour les petites
et moyennes entreprises (PME) (+ 5,8%), qui avaient
cependant été moins affectées par le repli observé
en 2020 (– 4,1%, contre – 5,9% pour les grandes entre‑
prises). Les grandes entreprises anticipent également,
pour l’année suivante, une hausse un peu moins impor‑
tante de la DUE (+ 5,4%, contre + 6,2% pour les PME
– cf. graphique 2 infra).
G1 Durée d’utilisation des équipements (DUE),
indice de la production industrielle (IPI)
et taux taux d’utilisation des capacités de production (TUC)
(en%)
- 14
- 12
- 10
- 8
- 6
- 4
- 2
0
2
4
10
8
6
12
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
DUE
IPI
TUC
Prévision
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou
plus (DUE); entreprises de l’industrie manufacturière (IPI et TUC).
Lecture : Entre septembre 2020 et septembre 2021, la DUE
augmente de 6,9%; entre 2020 et 2021, le TUC augmente
de 9,3% et l’IPI augmente de 6,2%.
Note : Pour le calcul de la variation de la DUE et du TUC,
les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de
l’entreprise (cf. annexe méthodologique). La prévision 2021 figure
sur fond parme.
Sources : Banque de France (DUE et TUC) et Insee (IPI).
1 L’enquête sur les conditions de production a été publiée jusqu’en 2019 sous le titre « Enquête sur la durée d’utilisation des équipements ». Il s’agit de l’unique
enquête en France à cibler la durée d’utilisation des équipements (DUE). La durée moyenne d’utilisation des équipements correspond au nombre moyen d’heures
durant lesquelles les équipements sont utilisés au cours d’une semaine de référence définie comme la première semaine pleine en septembre. Les entreprises
interrogées répondent à la question suivante : « Quelle est la variation de la durée d’utilisation de vos équipements sur les douze derniers mois (la semaine
du 6 au 10 septembre 2021 par rapport à la semaine du 7 au 11 septembre 2020) ? ». Pour plus de détail, se reporter à l’annexe méthodologique à la fin
de cet article.
2 Cf. Gerardin (M.) et al. (2021), « La durée d’utilisation des équipements recule fortement en 2020, dans un contexte de recours inédit au télétravail », Bulletin
de la Banque de France, n° 235/4, mai‑juin. https://publications.banque-france.fr/
3 Le taux d’utilisation des capacités de production (TUC) pour 2019 et 2020 est fourni ici en moyenne annuelle à partir des données de l’enquête mensuelle
de conjoncture de la Banque de France. https://www.banque-france.fr/statistiques/conjoncture/enquetes-de-conjoncture
4 La moyenne historique du taux de croissance annuel de la DUE est de 2,3% sur la décennie 2010-2019.
Entreprises 3
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
La DUE progresse dans tous les secteurs de l’industrie manufacturière. Le secteur des matériels de
transport (C4), qui avait subi une baisse particulièrement
forte de la DUE en 2020 (– 14,6%), enregistre un rebond
plus important que le reste de l’industrie, de + 8,9%
entre 2020 et 2021. De plus, l’évolution anticipée
en 2022 par ce secteur demeure élevée (+ 8,1%).
La durée hebdomadaire du travail augmente légèrement
La durée hebdomadaire du travail constitue un des
leviers dont disposent les entreprises pour ajuster la
DUE et optimiser l’utilisation de leur stock de capital.
Après être restée stable à 36,4 heures en 2018 et
en 2019, la durée hebdomadaire avait ainsi été réduite
à 35,7 heures en moyenne en 2020. Elle remonte
légèrement en 2021, à 35,9 heures (cf. graphique 3).
G2 Durée d’utilisation des équipements (DUE)
(glissement annuel en septembre, en %)
a) Par taille d’entreprise
- 15
- 10
- 5
0
5
10
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Ensemble
Petites et moyennes entreprises (20 à 499 salariés)
Grandes entreprises (500 salariés ou plus)
b) Par secteur d’activité
- 15
- 10
- 5
0
5
10
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac
Équipements électriques, électroniques, informatiques et machines
Matériels de transport
Autres produits industriels
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus.
Lecture : a) Entre septembre 2020 et septembre 2021, la DUE
augmente de 8,1% dans les grandes entreprises; b) Entre
septembre 2021 et septembre 2022, les entreprises du secteur
agroalimentaire anticipent une hausse de 4,1% de la DUE.
Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de
l’entreprise (cf. annexe méthodologique). La prévision 2021 figure sur
fond parme.
Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production).
G3 Durée hebdomadaire du travail
(en heures)
a) Par taille d’entreprise
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Ensemble
Petites et moyennes entreprises (20 à 499 salariés)
Grandes entreprises (500 salariés ou plus)
34,5
35,0
35,5
36,0
36,5
37,0
37,5
b) Par secteur d’activité
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac
Équipements électriques, électroniques, informatiques et machines
Matériels de transport
Autres produits industriels
34,5
35,0
35,5
36,0
36,5
37,0
37,5
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés
ou plus.
Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille
de l’entreprise (cf. annexe méthodologique). Les heures perdues
pour chômage partiel ou absentéisme ne sont pas déduites du
calcul de la durée hebdomadaire du travail.
Source : Banque de France (enquête sur les conditions
de production).
Entreprises 4
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
Cette remontée concerne surtout les PME, qui augmentent
leur durée hebdomadaire du travail de 35,9 heures en 2020
à 36,2 heures en 2021, proche du niveau de 2019.
En revanche, la durée hebdomadaire du travail stagne
pour les grandes entreprises (à 35,5 heures en 2021),
malgré un fort recul de près de 1 heure hebdomadaire
en moyenne entre 2019 et 2020. Au niveau sectoriel, la
durée du travail hebdomadaire moyenne stagne dans le
secteur des matériels de transport (C4), qui est pourtant
celui où la baisse avait été un peu plus marquée en 2020,
puisqu’elle avait contribué à la forte baisse de la DUE.
2 Les difficultés d’approvisionnement
ont fortement contraint
l’activité industrielle en 2021
Depuis la fin de l’année 2020, les entreprises
manufacturières se heurtent à d’importantes diffi‑
cultés d’approvisionnement. Accentuées par la crise
sanitaire, ces dernières ont mis en lumière les vulné‑
rabilités du secteur productif français aux chocs
dans les chaînes d’approvisionnement mondiales,
du fait de modes de production fragmentés et de
la dépendance à certains intrants stratégiques.
Les difficultés d’approvisionnement reflètent les déséqui‑
libres entre offre et demande pour certains produits :
• D’une part, l’industrie a fait face à une reprise rapide
et forte de la demande pour les biens manufacturiers,
avec le report d’une partie de la demande des services
vers les biens du fait des restrictions sanitaires;
• D’autre part, plusieurs facteurs d’offre ont entraîné des
perturbations dans les chaînes d’approvisionnement,
favorisant l’apparition de goulets d’étranglement :
chocs d’offre dans les chaînes de production – liés
aux restrictions d’activité lors des vagues consécutives
de pandémie et aux difficultés de recrutement dans
certaines économies –, perturbations dans les secteurs
de la logistique et des transports – occasionnant
notamment un accroissement des délais de livraison
depuis août 2020 –, ou pénuries d’intrants dont la crise
mondiale des semi-conducteurs depuis la mi-2020 est
l’un des cas les plus critiques. Ces difficultés d’ap‑
provisionnement constituent une contrainte d’offre de
nature à entraver la production manufacturière et sa
capacité à répondre à la hausse de la demande qui
lui est adressée, contribuant ainsi à freiner la reprise
économique post-pandémie (Gebauer, 2022).
Le volet thématique de l’enquête sur les conditions de
production 2021 de la Banque de France vise à renseigner
sur la nature et sur l’ampleur des difficultés d’approvision‑
nement rencontrées par le secteur manufacturier français
depuis la fin 2020, ainsi que sur leur impact à court
terme. Cette étude fournit également une image plus fine
de l’exposition des entreprises par taille et par secteur
à des chocs dans leurs chaînes d’approvisionnement, et
examine les stratégies qu’elles envisagent à moyen terme
afin de renforcer la résilience de leurs approvisionnements.
Il convient de garder à l’esprit l’antériorité de notre
enquête par rapport à la crise ukrainienne, qui contribue
à perturber davantage les chaînes d’approvisionnement
européennes et à aggraver les difficultés d’approvision‑
nement de certains secteurs.
La plupart des entreprises ont rencontré
au moins une difficulté d’approvisionnement en 2021
Fait marquant, 96 % des entreprises de l’industrie
manufacturière indiquent avoir rencontré au moins une
difficulté d’approvisionnement en 2021 (cf. graphique 4).
G4 Difficultés d’approvisionnement rencontrées en 2021
(fréquence pondérée en %)
Ensemble des répondants
90
80
34
4
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Hausse des coûts
d’approvisionnement
Retards
de livraison
Impossibilité
de s’approvisionner
Aucune
difficulté
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus.
Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille
de l’entreprise (cf. annexe méthodologique).
Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production).
Entreprises 5
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
En particulier, 90% ont subi une hausse des coûts d’ap‑
provisionnement 5 et 80% ont fait face à des retards de
livraison (environ 75% ont subi les deux).
Enfin, un tiers des entreprises indiquent avoir même
fait face à une impossibilité de s’approvisionner. Cette
impossibilité a concerné, plus particulièrement, la moitié
des entreprises du secteur des équipements électriques,
électroniques, informatiques et machines (C3) et deux
tiers des entreprises du secteur automobile (CL1).
Parmi les entreprises ayant fait face à des diffi‑
cultés d’approvisionnement durant cette période,
78 % ont réagi à court terme en acceptant de payer
plus cher les intrants concernés. Près de la moitié
d’entre elles (47 %) ont également changé de four‑
nisseurs, substitué d’autres produits (43 %) ou écoulé
des stocks (38 %). Malgré tout, près d’un quart des
entreprises ont dû cesser ou réduire les activités de
production nécessitant ces produits (24 %).
Un panorama par secteur des solutions mises en œuvre
à court terme permet d’affiner le diagnostic. Ainsi, pour
faire face à leurs difficultés d’approvisionnement, 91%
des entreprises du secteur des équipements électriques,
électroniques et de la fabrication de machines (C3) ont
payé leurs intrants plus cher, et respectivement 59% et
57% d’entre elles ont pu changer de fournisseurs ou
substituer d’autres produits. Les entreprises du secteur des
équipements automobiles (CL1) ne sont que 24% à avoir
pu substituer d’autres produits aux intrants concernés
et il s’agit également du secteur le plus touché par des
réductions ou des cessations d’activité, qui ont concerné
31% d’entre elles.
Les difficultés d’approvisionnement ont des effets
hétérogènes à court terme sur l’activité des entreprises
Selon les entreprises interrogées, les difficultés d’appro‑
visionnement auraient eu un impact important sur leur
activité depuis la fin 2020. Cet impact serait supérieur
à 5% du chiffre d’affaires pour un tiers des entreprises,
et même supérieur à 10% du chiffre d’affaires pour plus
de 10% d’entre elles (cf. graphique 5). En particulier,
l’impact sur l’activité serait important (plus de 5% du
chiffre d’affaires) pour environ la moitié des entreprises du
secteur de fabrication des équipements électriques, élec‑
troniques, informatiques et machines (C3). Les statistiques
portant sur le secteur des matériels de transport reflètent en
réalité les difficultés de l’industrie automobile (CL1), dans
laquelle deux tiers des entreprises déclarent avoir subi
un impact important sur leur activité, tandis que le reste
du secteur (naval, ferroviaire, aéronautique et militaire,
en particulier) semble avoir été bien moins affecté.
Parmi les grandes entreprises, l’impact des difficultés
d’approvisionnement sur l’activité est particulièrement
hétérogène. D’un côté, en effet, la catégorie des
grandes entreprises comporte davantage d’entreprises
pour lesquelles l’impact a été nul ou faible (38 %,
contre 25 % des PME), soit parce que leurs activités
étaient moins vulnérables, soit parce que leurs solutions
G5 Impact des difficultés d’approvisionnement sur l’activité
(en % du chiffre d’affaires sur les douze derniers mois)
Aucun Fort (> 10 %)
Faible (< 2 %)
Modéré (2 à 5 %)
Conséquent (5 à 10 %)
a) Par taille d’entreprise
Ensemble
des répondants
Grandes entreprises
(500 salariés ou plus)
Petites et moyennes entreprises
(20 à 499 salariés)
0 20 40 60 80 100
b) Par secteur d’activité
0 20 40 60 80 100
Autres produits industriels (C5)
dont matériel d’autres matériels
de transports (CL2)
dont industrie automobile (CL1)
C4
Matériels de transport (C4)
Équipements électriques, électroniques,
informatiques et machines (C3)
Denrées alimentaires, boissons
et produits à base de tabac (C1)
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus.
Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de
l’entreprise (cf. annexe méthodologique).
Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production).
5 En effet, la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales a contribué à l’envolée des prix mondiaux des matières premières industrielles et des
biens intermédiaires (Kalantzis et Ulgazi, 2021). Ces hausses de coûts pour les entreprises industrielles se transmettent ensuite en partie aux prix finaux des
produits manufacturés (cf. supra) et accroissent donc les tensions inflationnistes en 2021.
Entreprises 6
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
d’adaptation leur ont permis de limiter l’impact. Mais
cette catégorie comprend aussi davantage d’entre‑
prises qui ont été particulièrement exposées et qui
déclarent un impact très élevé, de plus de 10 % du
chiffre d’affaires (14 %, contre 9 % des PME). En
comparaison, l’impact sur l’activité des PME se situe
plus souvent entre 2 et 5 % du chiffre d’affaires, soit
un impact considéré comme modéré (pour 40 %
d’entre elles).
Concernant l’incidence des hausses de coûts d’appro‑
visionnement, 63% des entreprises estiment que leurs
marges se sont réduites en conséquence et 55% ont décidé
d’augmenter le prix final des produits vendus, tandis que
seulement 16% déclarent avoir ajusté les autres coûts de
production (cf. graphique 6). Les PME ont moins souvent
pu réduire les autres coûts de production que les grandes
entreprises, et 69% d’entre elles indiquent des marges
en baisse, contre 56% des grandes entreprises.
G6 Ajustements à court terme liés aux difficultés d’approvisionnement
(fréquence pondérée en%)
Réduire les marges Augmenter le prix final des produits vendus Réduire les autres coûts de production
a) Par taille d’entreprise b) Par secteur d’activité
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Ensemble
des répondants
Petites et moyennes entreprises
(20 à 499 salariés)
Grandes entreprises
(500 salariés ou plus)
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Ensemble
des répondants
Denrées
alimentaires,
boissons
et produits
à base
de tabac
(C1)
Équipements
électriques,
électroniques,
informatiques
et machines
(C3)
Matériels
de
transport
(C4)
Autres
produits
industriels
(C5)
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus.
Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de l’entreprise (cf. annexe méthodologique).
Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production).
ENCADRÉ 1
Les difficultés d’approvisionnement des entreprises en 2021 : quelles catégories de produits ?
L’identification des produits faisant l’objet de risques d’approvisionnement, et de leur provenance, est une première
étape pour mettre au point une stratégie de résilience des chaînes de production. Jaravel et Méjean (2021) développent une méthodologie d’identification des intrants stratégiques vulnérables aux chocs externes. Selon leurs
résultats, ces produits sont fortement concentrés dans les secteurs chimique et agroalimentaire, et proviennent
surtout des États-Unis et de Chine. Notre enquête permet d’identifier la catégorie et l’origine des intrants ayant
cristallisé des vulnérabilités pour l’activité des entreprises manufacturières françaises, par taille et par secteur
en 2021, y compris lorsque ces difficultés sont liées à des produits d’origine française ou européenne. Il est toutefois
à noter que les difficultés d’approvisionnement peuvent se transmettre le long de la chaîne de valeur : ainsi, les
difficultés à s’approvisionner auprès de fournisseurs français ou européens peuvent elles-mêmes refléter indirectement les difficultés de ces fournisseurs à s’approvisionner en intrants étrangers. …/…
Entreprises 7
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
Les difficultés de l’industrie manufacturière française apparaissent concentrées sur un certain nombre de produits,
à commencer par les produits issus de l’industrie métallurgique, mentionnés par la moitié des entreprises ayant
rencontré des difficultés d’approvisionnement en 2021– et en particulier par les trois quarts des entreprises du
secteur des équipements électriques, électroniques et de la fabrication de machines (C3). Les approvisionnements
en bois et en caoutchouc ont également posé un problème pour respectivement 45% et 41% de ces entreprises.
Viennent ensuite les produits des industries informatiques (37 %), chimiques (28 %), des machines (23 %)
et des équipements électriques (22%).
La répartition par secteur des catégories de produits concernées permet de préciser les constats. En particulier,
le secteur de l’agroalimentaire (C1) a rencontré des difficultés principalement liées aux produits agroalimentaires (64 %), en bois (63 %) et en caoutchouc (53 %). Les entreprises du secteur des équipements électriques,
électroniques et de la fabrication de machines (C3) et du secteur des matériels de transport (C4) ont été fortement
touchées par des difficultés liées aux produits métallurgiques (respectivement 76% et 57%) et informatiques (respectivement 70 % et 67 %).
Catégories des produits ayant provoqué des difficultés d’approvisionnement en 2021
(fréquence pondérée en%, par taille d’entreprise et secteur d’activité)
Ensemble Grandes
entreprises
Petites
et
moyennes
entreprises
Denrées
alimentaires,
boissons
et produits
à base
de tabac
Équipements
électriques,
électroniques,
informatiques
et machines
Matériels
de transport
Autres
produits
industriels
Produits
des industries agroalimentaires 12 11 13 64 2 0 3
Produits textiles,
articles d’habillement et en cuir 5 4 6 5 0 2 8
Produits en bois, papier, carton 45 40 49 63 31 15 55
Produits en caoutchouc et plastique 41 45 39 53 41 38 39
Produits informatiques,
électroniques, optiques 37 48 27 23 70 67 18
Équipements électriques 22 23 21 13 44 32 13
Produits métallurgiques 51 54 48 10 76 57 52
Machines et équipements 23 24 21 27 27 15 22
Produits de l’industrie extractive 4 4 4 1 3 0 7
Produits des industries chimiques 28 29 27 15 22 10 40
Produits
des industries pharmaceutiques 4 5 3 9 0 0 5
Autre(s) type(s) de produit 5 4 6 11 2 1 5
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus.
Lecture : Parmi les petites et moyennes entreprises (PME) ayant rencontré des difficultés d’approvisionnement en 2021, 13% indiquent
avoir rencontré des difficultés sur des produits des industries agroalimentaires.
Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de l’entreprise (cf. annexe méthodologique).
Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production).
Entreprises 8
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
ENCADRÉ 2
La provenance géographique des difficultés d’approvisionnement
Parmi les entreprises ayant rencontré des difficultés d’approvisionnement en 2021, une analyse par origine
géographique des produits révèle que 71% des entreprises déclarent avoir subi des difficultés d’approvisionnement
en 2021 sur un produit provenant de France, et 72% depuis l’Union européenne (UE). L’Asie se distingue également,
avec 49% de ces mêmes entreprises mentionnant des difficultés d’approvisionnement depuis la Chine et 35%
mentionnant l’Asie du Sud-Est, tandis que les difficultés liées à des produits provenant du reste de l’Europe ou des
États-Unis ont concerné respectivement 27% et 19% d’entre elles. Enfin, moins de 15% des entreprises ont rencontré
des difficultés d’approvisionnement depuis une autre région du reste du monde. Les grandes entreprises sont
relativement plus concernées que les PME par des difficultés d’approvisionnement depuis l’étranger : parmi les
origines de leurs difficultés d’approvisionnement, 60% d’entre elles mentionnent la Chine et 50% l’Asie du Sud-Est.
…/…
Provenance géographique des difficultés d’approvisionnement rencontrées en 2021
(fréquence pondérée en%)
a) Par taille d’entreprise
Ensemble
Petites et moyennes entreprises
Grandes entreprises
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
France Union européenne Europe
hors Union européenne
États-Unis Chine Asie du Sud-Est Reste du monde
b) Par secteur d’activité
Ensemble
Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac
Équipements électriques, électroniques, informatiques et machines
Autres produits industriels
Matériels de transport
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
France Union européenne Europe
hors Union européenne
États-Unis Chine Asie du Sud-Est Reste du monde
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus.
Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de l’entreprise (cf. annexe méthodologique).
Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production).
Entreprises 9
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
Quelles stratégies de résilience pour les chaînes
de production à moyen terme?
La période couverte par cette enquête a été marquée par
un certain nombre de chocs adverses dans les chaînes
de valeur mondiales, qui se sont transmis à travers les
réseaux de production, révélant ainsi des vulnérabilités
dans les stratégies d’approvisionnement de nombreuses
entreprises et secteurs. Au-delà des ajustements qu’elles
ont mis en œuvre à court terme pour sauvegarder au
mieux leurs activités et leurs profits, les entreprises peuvent
également modifier leur stratégie de gestion des risques
de chaîne d’approvisionnement à plus long terme, afin
d’améliorer leur résilience face aux chocs adverses.
Selon les résultats de l’enquête, à moyen terme, les
entreprises du secteur manufacturier envisagent le plus
souvent de diversifier leurs approvisionnements (pour
72% des entreprises interrogées) et d’augmenter leurs
stocks (51%). Mais elles sont également 36% à vouloir
G7 Entreprises envisageant de (ré)internaliser ou de relocaliser certaines activités
(fréquence pondérée en%, par taille d’entreprise et secteur d’activité)
(Ré)internaliser certaines activités
Relocaliser certaines activités
0
5
10
15
20
25
30
35
Ensemble des
répondants
Petites et moyennes
entreprises
(20 à 499 salariés)
Grandes entreprises
(500 salariés ou plus)
Denrées alimentaires,
boissons et produits à
base de tabac (C1)
Équipements
électriques,
électroniques,
informatiques et
machines (C3)
Matériels de transport
(C4)
Autres produits
industriels (C5)
par taille par secteur
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus.
Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de l’entreprise (cf. annexe méthodologique).
Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production).
Le secteur des équipements électriques, électroniques et de la fabrication de machines (C3) est davantage exposé
que les autres secteurs aux difficultés d’approvisionnement qui concernent des produits venant de Chine (77%),
d’Asie du Sud-Est (57%) et des États-Unis (31%). Le secteur des matériels de transport (C4) est moins exposé que
les autres à des difficultés concernant des produits en provenance de France ou de l’UE, mais l’est davantage en
ce qui concerne les produits provenant des États-Unis (30%). Au contraire, le secteur de l’agroalimentaire (C1)
apparaît très exposé à des difficultés qui touchent des produits provenant de France (83%).
Entreprises 10
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
rechercher des substituts aux intrants actuels et 31%
à envisager d’établir des alliances stratégiques avec
certains partenaires commerciaux.
La relocalisation et l’intégration verticale sont de nouveau
au centre du débat portant sur la stratégie de « reconquête
industrielle » post-Covid et sur la sécurisation des chaînes
de valeur dans l’industrie, à l’échelle nationale ou euro‑
péenne (Berthou et al., 2020). Au cœur de la stratégie
nationale, le plan France Relance soutient des projets de
réimplantation des activités industrielles en France, par
l’intermédiaire des appels à projets « Relocalisation »
– orientés vers des secteurs stratégiques – et « Territoires
d’industrie » – visant à soutenir les investissements indus‑
triels structurants dans les territoires. Cependant, certaines
entreprises et activités sont plus concernées que d’autres
par ces nouveaux enjeux. Selon notre enquête, 14%
des entreprises interrogées envisagent d’internaliser (ou
de réinternaliser) certaines activités et 13% envisagent
d’en relocaliser à moyen terme. Les grandes entreprises
seraient les plus impliquées dans la mise en œuvre de
l’une ou l’autre de ces deux stratégies (respectivement
22 et 21% des grandes entreprises, contre 7 et 6%
des PME 6 – cf. graphique 7 supra). Cela concerne en
particulier les entreprises du secteur des matériels de
transport (C4), dont un tiers envisage de (ré)internaliser
certaines activités et 18% d’en relocaliser, ainsi que le
secteur des équipements électriques, électroniques et de
la fabrication de machines (C3), où 19% des entreprises
prévoient de (ré)internaliser certaines activités et 25%
d’en relocaliser.
Pour les entreprises envisageant une (ré)internalisation
ou une relocalisation d’activités, les principaux obstacles
qu’elles identifient sont avant tout le coût du travail et les
difficultés de recrutement, motifs cités par respectivement
26% et 24% d’entre elles (cf. graphique 8). Le secteur
des matériels de transport (C4) est aussi particulièrement
concerné par le risque industriel associé à ces straté‑
gies 7, qui est cité comme l’un des principaux obstacles
par 28% des entreprises de ce secteur, contre 11% en
moyenne dans l’ensemble de l’industrie.
G8 Principaux obstacles à la (ré)internalisation ou à la relocalisation des activités
(fréquence pondérée en%, par taille d’entreprise et secteur d’activité)
Coûts de construction des sites de production
Contexte réglementaire
Fiscalité
Risque industriel
Difficultés de recrutement
Coût du travail Autres
Aucune difficulté
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Ensemble
des répondants
Petites et moyennes
entreprises
(20 à 499 salariés)
Grandes entreprises
(500 salariés ou plus)
Denrées alimentaires,
boissons et produits
à base de tabac (C1)
Équipements électriques,
électroniques, informatiques
et machines (C3)
Matériels
de transport
(C4)
Autres produits
industriels
(C5)
par taille par secteur
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus.
Lecture : Parmi les entreprises envisageant une (ré)internalisation ou une relocalisation, 26% citent le coût du travail comme l’un
des principaux obstacles.
Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de l’entreprise (cf. annexe méthodologique).
Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production).
6 Cette différence pourrait s’expliquer en partie par des implantations à l’étranger déjà existantes pour une proportion plus grande parmi les grandes entreprises
que parmi les PME.
7 Le « risque industriel » est un risque technologique associé à des installations potentiellement dangereuses ou pouvant entraîner des nuisances, à cause de
produits ou de procédés dangereux. Il recouvre en particulier les risques pour les personnels et le matériel. Dans notre enquête, les risques industriels ont été
signalés par 10 entreprises qui représentent 25% du poids en effectifs du secteur des matériels de transport (C4). Dans ce secteur, les risques comprennent
par exemple l’explosion et l’émission de solvant dans des usines de peinture de pièces, le déversement de carburant ou de substances polluantes dans le
réseau de collecte des eaux usées, les risques d’incendie dans une usine de production de pièces, etc.
Entreprises 11
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
Bibliographie
Berthou (A.), Carluccio (J.) et Gaulier (G.) (2020)
« Les chaînes de valeur internationales à l’épreuve de la
Covid-19 », Bloc-notes Éco, n° 177, Banque de France, août.
Consulter le billet
Cette (G.), Lecat (R.) et Jiddou (A. O. A.) (2016)
« How do firms adjust production factors to the cycle? »,
The B.E. Journal of Macroeconomics, vol. 16, n° 2,
p. 361-394.
Gebauer (S.) (2022)
« L’importance des goulets d’étranglement au niveau
de l’offre en France », Bloc-notes Éco, n° 252, Banque
de France, janvier.
Consulter le billet
Gerardin (M.), Lesterquy (P.) et al. (2021)
« La durée d’utilisation des équipements recule
fortement en 2020, dans un contexte de recours inédit
au télétravail », Bulletin de la Banque de France,
n° 235/4, mai-juin.
Télécharger le document
Jaravel (X.) et Méjean (I.) (2021)
« Quelle stratégie de résilience dans la mondialisation? »,
Les notes du conseil d’analyse économique, n° 64, avril.
Kalantzis (Y.) et Ulgazi (Y.) (2021)
« La hausse de l’inflation en France est-elle temporaire? »,
Bloc-notes Éco, n° 232, Banque de France, octobre.
Consulter le billet
Entreprises 12
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
n’est pas adaptée, l’entreprise est autorisée à choisir
une autre semaine du même mois.
Pour cette édition 2021, de nouvelles questions ont
été ajoutées dans un bloc thématique. Cette partie de
l’enquête comporte huit questions sur les difficultés
d’approvisionnement rencontrées par les entreprises au
cours de l’année écoulée, l’impact de ces difficultés sur
leur activité, les solutions mises en place pour y faire
face et les stratégies envisagées à moyen terme pour
réduire leurs vulnérabilités.
Les difficultés d’approvisionnement identifiées dans
l’enquête comprennent i) les impossibilités de s’appro‑
visionner, ii) les retards de livraison, ou iii) les hausses
de coûts d’approvisionnement pour les intrants des entre‑
prises. Les intrants sont définis comme les biens (produits,
matières premières et autres éléments physiques) achetés
par une entreprise, en excluant les services. L’enquête
distingue parmi eux les intrants clés, qui sont tous les
intrants indispensables à la production de l’entreprise.
L’enquête contient une question sur l’impact des difficultés d’approvisionnement sur l’activité de l’entreprise,
apprécié à partir de l’impact sur le chiffre d’affaires. Cet
impact correspond à la variation du chiffre d’affaires
liée directement à des difficultés d’approvisionnement,
c’est-à-dire sans tenir compte des effets des interdictions
sanitaires ou d’une demande amoindrie.
Pour cela, les répondants ont pu se référer à
l’échelle suivante :
• la modalité « faible impact » correspond à un impact
inférieur à 2% du chiffre d’affaires;
• la modalité « impact modéré » correspond à un
impact compris entre 2% et 5% du chiffre d’affaires;
Annexe
Précisions méthodologiques
L’enquête sur les conditions de production
de la Banque de France
La Banque de France, par l’intermédiaire des unités de
son réseau, conduit depuis 1989 une enquête annuelle
auprès des entreprises de l’industrie manufacturière de
20 salariés ou plus sur leurs conditions de production.
La durée moyenne d’utilisation des équipements (DUE)
correspond au nombre moyen d’heures durant lesquelles
les équipements sont utilisés au cours d’une semaine de
référence définie en septembre. Elle constitue un élément
d’analyse de l’utilisation du capital et, par suite, de
la rentabilité des entreprises, dans la mesure où elle
influe sur le coût d’amortissement des équipements
productifs. Elle dépend à la fois du mode d’organisa‑
tion du travail et de la durée moyenne du travail. Cette
enquête s’avère particulièrement utile pour apprécier
l’évolution de la conjoncture dans les différents secteurs
de l’industrie manufacturière.
L’enquête est mise en œuvre chaque année au mois de
septembre, et ses questions portent sur :
• les variations passées et prévues de la DUE;
• le niveau des effectifs et la durée hebdomadaire
moyenne du travail sur l’année en cours et sur
l’année précédente;
• obstacles à l’allongement de la DUE (non inclus dans
le questionnaire en 2020 et 2021, du fait du caractère
exceptionnel de la période);
• le taux d’utilisation des capacités de production (TUC),
sans embauche supplémentaire.
La semaine de référence pour les entreprises interrogées
est la première semaine pleine de septembre, soit la
semaine du 6 au 10 septembre pour l’année 2021 (après
celle du 7 au 11 septembre pour l’année 2020). Si elle
Entreprises 13
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
• la modalité « impact conséquent » correspond à un
impact compris entre 5% et 10% du chiffre d’affaires;
• la modalité « fort impact » correspond à un impact
supérieur à 10% du chiffre d’affaires.
Enfin, les entreprises ont été interrogées sur leur stratégie
de résilience des approvisionnements à moyen terme, et
notamment sur l’opportunité pour elles de (ré)internaliser
ou de relocaliser certaines activités. Le questionnaire
distingue ces deux stratégies de la manière suivante :
• la (ré)internalisation d’activités par une entreprise
désigne l’intégration d’activités dans le périmètre de
l’entreprise, et par conséquent l’arrêt de la sous-trai‑
tance à laquelle elle avait éventuellement recours;
• la relocalisation désigne le retour dans leur pays
d’origine d’unités productives ou d’achats antérieure‑
ment délocalisés, ou tout déplacement géographique
visant à rapprocher les lieux de production et d’achat.
La partie thématique du questionnaire comporte les huit
questions suivantes :
1. En 2021, avez-vous rencontré les difficultés d’ap‑
provisionnement suivantes pour certains de vos
intrants (plusieurs réponses possibles) :
– Hausse des coûts d’approvisionnement
– Impossibilité de s’approvisionner
– Retards de livraison
– Aucune difficulté
2. Avez-vous rencontré des difficultés d’approvisionne‑
ment sur des produits en provenance de (plusieurs
réponses possibles) :
– France
– Union européenne
– Europe hors Union européenne
– États-Unis
– Chine
– Asie du Sud et Asie du Sud-Est (hors Chine)
– Reste du monde
3. Pour chacune des catégories de produits
suivants, avez-vous rencontré des diffi‑
cultés d’approvisionnement ?
– Produits des industries agroalimentaires
– Produits textiles, articles d’habillement et en cuir
– Produits en bois, papier, carton
– Produits en caoutchouc, plastique
– Produits informatiques, électroniques, optiques
– Équipements électriques
– Produits métallurgiques
– Machines et équipements
– Produits de l’industrie extractive
– Produits des industries chimiques
– Produits des industries pharmaceutiques
– Autres types de produits
4. Quelle(s) solution(s) avez-vous mise(s) en place pour
faire face à ces difficultés ?
– Changement de fournisseurs
– Accepter de payer plus cher les intrants les
plus demandés
– Écoulement des stocks
– Substitution par d’autres produits disponibles
– Cessation temporaire ou réduction de l’activité
avec ce produit
– Aucune action, car les difficultés n’ont pas concerné
des intrants clés
– Autre(s) solution(s)
5. Sur les 12 derniers mois, dans quelle mesure ces
difficultés d’approvisionnement ont-elles affecté votre
activité? (une seule réponse possible)
– Aucun impact
– Faible impact
– Impact modéré
– Impact conséquent
– Fort impact
6. Sur les 12 derniers mois, ces difficultés d’approvi‑
sionnement vous ont-elles conduit à :
– Augmenter le prix final des produits vendus
– Réduire les autres coûts de production
– Baisser vos marges
7. Dans les prochaines années, comptez-vous réduire la
vulnérabilité de vos approvisionnements via la (les)
stratégie(s) suivante(s) :
– Diversifier les fournisseurs
– Privilégier les fournisseurs en France
– Établir des alliances stratégiques avec certains
partenaires commerciaux
– Augmenter les stocks de sécurité
Entreprises 14
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
– Modifier les modes de transport
– Rechercher des substituts aux intrants actuels
– Développer le recyclage
– Relocaliser certaines activités
– (Ré)internaliser certaines activités
– Autre(s) stratégie(s)
8. Si vous envisagez de (ré)internaliser ou relocaliser
certaines activités, quelles sont les principales diffi‑
cultés que vous pourriez rencontrer ?
– Coût de construction des sites de production
– Difficultés de recrutement
– Coût du travail
– Contexte réglementaire
– Fiscalité
– Risque industriel
– Aucune difficulté
– Autre(s)
Le champ de l’échantillon est constitué des entreprises
appartenant aux secteurs suivants :
• Denrées alimentaires, boissons et produits à base
de tabac (catégorie NES A17 « C1 », représentant
16,3% des effectifs des entreprises de l’industrie
manufacturière de 20 salariés ou plus en 2019);
• Équipements électriques, électroniques, informatiques
et machines (« C3 », 17,8%);
• Matériels de transport (« C4 », 16,9%);
• Autres produits industriels (« C5 », 49,0%).
Les résultats de l’enquête sont pondérés à partir des statis‑
tiques exhaustives d’effectifs les plus récentes (relatives
à l’année 2019) fournies par l’Insee. En 2021, le taux
de couverture de l’échantillon en matière d’effectifs est
en hausse, à 16,4%, après 13,4% en 2020 et 12,5%
en 2019. Cette hausse s’explique par le plus grand
nombre de réponses des entreprises de toutes tailles et
de tous les secteurs, et en particulier par une hausse
légèrement plus marquée du nombre de répondants dans
le secteur des équipements électriques, électroniques,
informatiques et machines (C3) (cf. tableau infra).
La taille des entreprises est définie en fonction des effectifs
employés, y compris les intérimaires. Une petite ou
moyenne entreprise (PME) emploie 20 à 499 salariés;
une grande entreprise 500 salariés ou plus. L’étude finale
porte sur 1993 questionnaires et entreprises.
Les variables présentées dans cet article sont pondérées
par le produit de deux ratios :
• L’effectif de l’entreprise rapporté à l’effectif total de
l’ensemble des entreprises de l’enquête sur les condi‑
tions de production appartenant à la même classe de
taille d’entreprise et au même secteur d’activité (NES
A17) que l’entreprise en question;
• L’effectif total de l’ensemble des entreprises de l’éco‑
nomie française appartenant à cette même classe
de taille et à ce même secteur d’activité, rapporté
à l’effectif total de l’ensemble des entreprises de
l’économie française de l’industrie manufacturière de
20 salariés ou plus. Cette pondération est elle-même
calculée à partir des statistiques exhaustives d’effectifs
les plus récentes (relatives à l’année 2019) fournies
par l’Insee (cf. tableau).
Entreprises 15
Bulletin
de la Banque de France
La durée d’utilisation des équipements dans l’industrie rebondit en 2021, mais la reprise reste contrainte par des difficultés d’approvisionnement
240/2 - MAI-JUIN 2022
Éditeur
Banque de France
Directeur de la publication
Gilles Vaysset
Rédaction en chef
Céline Mistretta-Belna
Secrétaire de rédaction
Alexandre Capony
Réalisation
Studio Création
Direction de la Communication
ISSN 1952-4382
Pour vous abonner aux publications de la Banque de France
https://publications.banque-france.fr/
Rubrique « Abonnement »
Entreprises et effectifs au sein de la population totale et de l’échantillon de l’enquête sur les conditions de production (ECP),
par taille d’entreprise et secteur d’activité en 2021
(nombre en unité, part en%)
Population totale Échantillon de l’enquête sur les conditions de production
Entreprises Effectifs Entreprises Effectifs Taux de couverture
Nombre Part Nombre Part Nombre Part Nombre Part en matière d’effectifs
Total 15856 2153338 1993 353565 16,4
Par taille d’entreprise
Petites et moyennes entreprises
(20 à 499 salariés) 15215 96,0 1178403 54,7 1875 94,1 199548 56,4 16,9
Grandes entreprises
(500 salariés ou plus) 641 4,0 974935 45,3 118 5,9 154017 43,6 15,8
Par secteur d’activité
Denrées alimentaires, boissons
et produits à base de tabac (C1) 2491 15,7 350111 16,3 241 12,1 45763 12,9 13,1
Équipements électriques,
électroniques, informatiques
et machines (C3) 2568 16,2 384283 17,8 392 19,7 86378 24,4 22,5
Matériels de transport (C4) 719 4,5 363718 16,9 95 4,8 40996 11,6 11,3
Autres produits industriels (C5) 10078 63,6 1055226 49,0 1265 63,5 180428 51,0 17,1
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus.
Lecture : En 2021, au sein de la population totale, le nombre d’entreprises parmi les petites et moyennes entreprises (PME) est de 15 215,
la proportion des PME au sein de l’ensemble des entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus 96,0%, les effectifs au
sein des PME sont de 1 178 403 et la proportion des effectifs des PME au sein des effectifs de l’ensemble des entreprises de l’industrie
manufacturière de 20 salariés ou plus 54,7%. En 2021, la proportion des effectifs de l’échantillon de l’enquête sur les conditions de
production au sein des effectifs de la population totale est de 16,4%.
Sources : Insee (population totale) et Banque de France (enquête sur les conditions de production).