La situation du marché du travail au 2e trimestre 2023 6
La rotation de la main d’œuvre en contrats longs s’est accélérée depuis la
crise sanitaire
Alors que les créations nettes d’emplois ralentissent, les déclarations préalables à l’embauche
continuent d’augmenter au 2e trimestre 2023 (6 961 000 embauches, soit +0,2 %, après une hausse
de +0,7 % au trimestre précédent), en particulier celles concernant des contrats de plus d’un mois
(2 454 000 embauches, +0,6 %) (graphique 3.1). Après s’être repliées fin 2022, les embauches pour
CDI et CDD de plus d’un mois se stabilisent globalement depuis 3 trimestres à un niveau moyen
nettement supérieur à celui constaté au cours de l’année 2019 (près de 2 450 000 embauches en
moyenne par trimestre entre fin 2022 et mi 2023, contre 2 160 000 embauches par trimestre en
moyenne en 2019, soit une hausse de 14 %). Dans le même temps, l’emploi salarié privé (hors intérim)
retrouve des évolutions, en moyenne trimestrielle, comparables à celles observées au cours de l’année
2019 (70 000 emplois sont créés en moyenne par trimestre entre fin 2022 et mi 2023, contre 84 000
créations d’emplois par trimestre en 2019). Ainsi, pour réaliser une même variation de l’emploi salarié
privé, plus d’embauches sont nécessaires sur la période récente qu’en 2019, tout particulièrement dans
les secteurs du tertiaire marchand.
Symétriquement, le nombre de fins de contrats chaque trimestre est également bien plus important
actuellement qu’avant la crise sanitaire (graphique 3.2), avec une hausse de +4,3 % entre le
4e trimestre 2019 et le 1er trimestre 2023. Cette hausse est plus particulièrement marquée pour les fins
de contrats en CDI, 20 % plus nombreuses début 2023 que fin 2019. Les sorties de CDD ont pour leur
part augmenté de +1,3 % depuis la fin 2019, bien qu’elles ralentissent sur les derniers trimestres :
- 0,3 % au 1er trimestre 2023 et -0,7 % aux 3e et 4e trimestres 2022.
Si l’ensemble des motifs de sorties, à l’exception des licenciements économiques, ont augmenté sur la
période, les démissions – qui concernent très majoritairement des CDI – présentent la plus forte
contribution à la hausse globale des fins de contrat : avec 550 000 démissions enregistrées au
1er trimestre 2023 (+3,2 % sur le trimestre), elles sont supérieures de 24 % à leur niveau pré-crise et
contribuent à hauteur de 41 % à la progression globale des sorties depuis fin 2019. Début 2023, les
démissions s’intensifient dans la totalité des secteurs d’activité, en particulier dans l’hébergement-
restauration (94 000 démissions, +6,8 % sur le trimestre). La hausse globale des démissions depuis fin
2019 est essentiellement portée par le tertiaire marchand, tout particulièrement dans les secteurs du
commerce, des services aux entreprises et de l’hébergement-restauration, qui à eux seuls expliquent
56 % de la progression du nombre de démissions entre fin 2019 et début 2023.
Les niveaux élevés des embauches et des fins de contrats traduisent donc conjointement une
accélération de la rotation de la force de travail entre employeurs et une tendance des salariés à une
mobilité accrue par rapport à la période pré-crise sanitaire. En 2022, une proportion plus forte des
salariés du privé a quitté son poste, la majorité pour rejoindre d’autres entreprises privées, et le plus
souvent dans un secteur différent. Ce phénomène touche à la fois l’ensemble des secteurs d’activité,
toutes les régions, toutes les catégories de salariés ainsi que l’ensemble des classes d’âge, bien qu’une
plus forte mobilité soit observée pour les plus jeunes et pour les salariés initialement en CDI1.
1 Pour plus de détails, voir le dossier « Davantage de salariés ont changé d’entreprise en 2022 qu’avant la crise
sanitaire », Bour et al. (2023), Insee références Emploi, chômage et revenus du travail 2023.