BILAN D’ACTIVITÉ REPÈRES Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes 2020
Au format Texte : Direction générale de la
concurrence, de la consommation
et de la répression des fraudes
BILAN D’ACTIVITÉ
REPÈRES
Direction générale de la concurrence,
de la consommation
et de la répression des fraudes
2020
SOMMAIRE
Édito
La DGCCRF, une direction au cœur de l’économie
Les missions de la DGCCRF
Les moyens d’action de la DGCCRF
Organisation de la DGCCRF
Transformation de la DGCCRF: des avancées significatives
dans la mise en œuvre du Plan stratégique 2020-2025
Dates clés
Chiffres clés
Action de la DGCCRF pendant la crise sanitaire
Régulation et concurrence
Sécurité du consommateur
Protection économique du consommateur
Transition écologique
Coopérations inter-services et internationale
Focus sur le numérique/commerce électronique
Un renouvellement du lien avec les consommateurs
Temps forts législatifs et réglementaires
Travaux européens et coopération européenne
Outils et contacts
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4 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Édito 5
ÉDITO
Faut-il encore évoquer la singularité de l’année 2020 pour chacun d’entre nous ?
Oui au moins pour rappeler, au-delà de l’atteinte à nos conditions de vie, l’impact
exceptionnel de cette crise sanitaire sur notre économie, pour les consommateurs
comme pour les entreprises, qui a par conséquent exigé une mobilisation exemplaire
des services publics.
La DGCCRF a répondu présente en adaptant ses actions au nouveau contexte dans
le cadre de ses missions de protection du consommateur et de préservation de l’ordre
public économique, malgré des conditions de travail perturbées. Je tiens tout
particulièrement à souligner ici l’engagement et la qualité du travail accompli par
les agents de la DGCCRF, à la hauteur des défis créés par la situation économique
et sanitaire.
Face à ces conditions inédites, la DGCCRF a aménagé sans délai son programme
d’enquête. La lutte contre les pratiques commerciales trompeuses liées à la
COVID-19 est devenue notre priorité pour préserver la protection économique et
physique des consommateurs et assurer aux entreprises des transactions commerciales loyales.
Les mesures d’encadrement du prix des gels hydroalcooliques puis des masques
chirurgicaux ont donné lieu à de très nombreux contrôles de la DGCCRF, pour
s’assurer du respect de ces dispositions et garantir aux consommateurs l’accès à
des produits conformes aux normes de qualité à des prix raisonnables.
Devant la recrudescence des escroqueries en lien avec la COVID-19, une Task Force
réunissant des directions du ministère de l‘Economie mais aussi du ministère de l’Intérieur, de la Justice et de l’Agriculture et des autorités indépendantes a été créée à
l’initiative de la DGCCRF pour mutualiser les compétences de chacun et optimiser
l’action publique.
En parallèle de ces nouvelles priorités dictées par la crise, la DGCCRF a continué
par ses actions à accompagner les transformations des modes de consommation
et de notre économie.
La participation active de la DGCCRF aux travaux des comités de suivi des relations
commerciales, à la mise en œuvre de la loi EGAlim, et au comité de crise sur les délais
de paiement installé au printemps ont été des rendez-vous importants pour assurer
la loyauté des relations commerciales et soutenir les entreprises.
L’activité de la DGCCRF s’est également concentrée sur des secteurs au cœur
des priorités gouvernementales, au plus près des préoccupations des consommateurs et des professionnels et pour la relance de notre économie.
La transition écologique a ainsi de nouveau constitué un axe fort de notre programme
d’enquête: lutte contre les pratiques commerciales trompeuses dans le secteur de la
rénovation énergétique et des produits reconditionnés, contrôle des allégations
« commerce équitable », ou encore contrôle de la commercialisation des pièces
détachées dans le secteur des produits électriques et électroniques.
Les nouvelles technologies ont également fait l’objet d’enquêtes innovantes, en
particulier dans le secteur des plateformes numériques, de la télémédecine ou du
dropshipping (livraison directe).
6 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Le développement de nos pouvoirs d’intervention et le renforcement
des sanctions introduits par les lois AGEC (anti-gaspillage pour une économie
circulaire), ASAP (accélération et simplification de l’action publique) et DDADUE
(portant diverses dispositions d’adaptation du droit européen) ainsi que la loi
visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels
frauduleux constituent des avancées significatives qui viendront renforcer
l’impact de nos actions dès 2021.
Sans dévoiler l’ensemble des sanctions prononcées en 2020 et détaillées dans ce
bilan, je soulignerai la transaction pénale d’un montant de 25 M€ conclue avec
la société Apple qui vient sanctionner la pratique commerciale trompeuse par
omission relative à la mise à jour du système d’exploitation iOS, la décision de la
Cour de Cassation dans l’affaire EXPEDIA en matière de déséquilibre significatif
dans ses relations avec les hôteliers, ou encore des sanctions de 30000 à 200000 €
prononcées par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour des pratiques commerciales trompeuses relatives à l’utilisation du nom de château pour du vin de négoce.
Enfin, le lancement officiel de SignalConso dont nous fêterons le premier anniversaire
en février 2021 et le déploiement prochain de RappelConso constituent des avancées
importantes pour améliorer, comme demandé par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, le service rendu aux consommateurs et sont la
traduction tangible d’une administration qui sait se moderniser et innover.
Virginie Beaumeunier
Directrice générale
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La dgccrf, une direction au cœur de l’économie 7
LA DGCCRF,
UNE DIRECTION
AU CŒUR DE
L’ÉCONOMIE
Au sein du ministère chargé
de l’Économie, la DGCCRF veille au bon
fonctionnement des marchés, au bénéfice
des consommateurs et des entreprises.
La DGCCRF contribue à la conception et à la mise en œuvre
de la politique économique, en veillant au bon fonctionnement des marchés sous tous leurs aspects (concurrence,
sécurité, loyauté), au bénéfice des consommateurs et de la
compétitivité des entreprises. Les enquêtes de la DGCCRF
sont indispensables pour une protection efficace des consommateurs, qu’il s’agisse de leur santé et de leur sécurité,
ou de leur pouvoir d’achat mais aussi pour une loyauté
des rapports entre entreprises.
Elle doit à la fois maintenir une surveillance rigoureuse
des secteurs à risque et adapter son action aux nouvelles
pratiques et tendances de consommation.
Une mission au service
de l’efficacité économique
et de la protection
des consommateurs
et des entreprises
La DGCCRF agit en faveur:
− du respect des règles de la concurrence: lutte, conjointement avec l’Autorité de la concurrence, contre les pratiques
anticoncurrentielles (les ententes illicites et les abus de position dominante), de la protection de l’équilibre et de la
loyauté des relations commerciales ;
− de la protection économique des consommateurs : information des consommateurs sur les produits et services,
contrôle de la loyauté des pratiques commerciales ;
− de la sécurité et de la conformité des produits et des services,
afin de garantir la sécurité physique des consommateurs.
Elle contribue à la conception des politiques de concurrence
et de consommation, et à l’élaboration des règlementations
applicables dans ces domaines.
Par ses enquêtes, elle veille au respect de ces règlementations et lutte contre les fraudes portant atteinte au bon
fonctionnement des marchés ou à la concurrence loyale entre
entreprises ou encore aux intérêts, à la santé ou à la sécurité
des consommateurs :
−sur tous les champs de la consommation (produits alimentaires et non alimentaires, services);
−à tous les stades de l’activité économique (production,
transformation, importation, distribution);
− quelle que soit la forme de commerce : magasins, sites
de commerce électronique ou liés à l’économie collaborative, etc.
Elle accompagne les acteurs économiques :
−en les informant sur ses compétences et sur son action;
−en publiant des fiches et brochures sur certains aspects
de la réglementation;
−en développant des actions ciblées conjointement avec
les organisations professionnelles.
8 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
CONTRIBUER À LA CONCEPTION DES POLITIQUES
DE CONCURRENCE ET DE CONSOMMATION
en s’appuyant sur les informations recueillies par son réseau présent
sur tout le territoire.
LES MISSIONS DE LA DGCCRF
DONNER DES SUITES AUX CONSTATATIONS RÉALISÉES
2 940 AGENTS
en administration centrale et dans les services déconcentrés,
en métropole et en outre-mer.
INFORMER ET ACCOMPAGNER
les particuliers et les professionnels sur le droit applicable en matière
de consommation, de prévention des fraudes et de respect des
règles de concurrence.
EFFECTUER DES ENQUÊTES ET DES CONTRÔLES
inscrits au programme
national d’enquêtes.
à l’initiative des
enquêteurs, notamment
compte tenu des
réclamations des
consommateurs.
suites pédagogiques suites correctives suites répressives
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Les moyens d’action de la dgccrf 9
LES MOYENS
D’ACTION DE
LA DGCCRF
Les enquêteurs de la DGCCRF, répartis
sur l’ensemble du territoire, sont habilités
à rechercher et à constater les infractions
et les manquements aux droits de la
concurrence et de la consommation, en
vertu de pouvoirs d’enquête spécifiques.
Des modalités
d’interventions
diversifiées
Les modalités d’intervention de la DGCCRF sont multiples
et s’adaptent aux spécificités des milieux économiques et
aux attentes des consommateurs, dans une grande diversité
de situations. Elles incluent la contribution à la définition
du cadre juridique de la concurrence et de la consommation; l’information et l’accompagnement des professionnels
comme des consommateurs ; l’incitation à l’autorégulation
des secteurs économiques ; le contrôle du respect des règles
de concurrence et de protection des consommateurs ; la
définition des suites à donner aux pratiques contraires au
droit notamment la mise en œuvre de mesures de protection
en cas de risques pour la santé ou la sécurité des consommateurs. Une plus grande responsabilisation des consommateurs et des professionnels par des actions d’information et
d’accompagnement permet à la DGCCRF de se recentrer sur
la recherche et la sanction des fraudes qui portent atteinte
à la sécurité des consommateurs, notamment les plus vulnérables, et à l’ordre public économique, dans une logique
constante de recherche d’efficience maximale.
Des pouvoirs d’enquête
adaptés à la diversité
des situations
Les enquêteurs de la DGCCRF, répartis sur l’ensemble du
territoire, sont habilités à rechercher et à constater les infractions et les manquements aux droits de la concurrence et
de la consommation, en vertu de pouvoirs d’enquête spécifiques. Pour exercer ses missions, la DGCCRF dispose ainsi
de pouvoirs d’enquête simples lui permettant d’accéder aux
informations nécessaires à l’identification d’un manquement
ou d’une infraction (accès aux locaux, recueil de documents
utiles à l’enquête, droit de convocation, prélèvement d’échantillons pour analyse, etc.). Lorsque ces pouvoirs simples ne
suffisent pas pour recueillir les preuves d’un manquement
ou d’une infraction, la DGCCRF peut alors demander au
juge l’autorisation d’utiliser des pouvoirs exceptionnels
(pouvoirs de perquisition) notamment si les circonstances
exigent une intervention au sein d’une ou plusieurs entreprises afin d’éviter la disparition ou la dissimulation d’éléments matériels. Les enquêteurs peuvent alors procéder à la
saisie de tous objets, documents et supports d’information
(y compris numériques) utiles aux besoins de l’enquête.
Les services d’enquête décident des suites à donner
aux constatations effectuées, de manière proportionnée à la
gravité des comportements illicites relevés. Ces suites peuvent
être:
− pédagogiques: il s’agit d’avertissements transmis aux professionnels pour les informer du constat d’un manquement ou
d’une infraction mineure résultant d’une méconnaissance
du droit ou d’une négligence dans son application;
−correctives : elles ont pour but la remise en conformité
de l’entreprise contrôlée et l’arrêt du comportement illicite ou dangereux: par le biais d’injonction de remise en
conformité, ou d’autres mesures de police administrative
(retrait, rappel, suspension d’activité ou de la commercialisation d’un produit);
−répressives : il peut s’agir d’amendes administratives
pour les manquements constatés mais aussi pour nonrespect des injonctions, d’assignations devant le juge civil
ou administratif pour cessation de la pratique (en vue
du prononcé d’une sanction), de procès-verbaux transmis au parquet, en vue du prononcé par le juge d’une
sanction pénale (amende ou peine d’emprisonnement);
en matière pénale pour certaines infractions, le parquet
peut aussi, sur initiative de la DGCCRF, proposer une transaction au professionnel, selon une procédure accélérée;
la transaction est aussi possible en matière administrative
depuis la loi du 3 décembre 2020.
10 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
REPÈRES
Direction générale de la concurrence,
de la consommation
et de la répression des fraudes
PROGRAMME
NATIONAL
D’ENQUÊTES
2020
Direction générale de la
concurrence, de la consommation
et de la répression des fraudes
De nouveaux pouvoirs pour la DGCCRF
La loi DADDUE du 3 décembre 2020 a renforcé les moyens
d’action de la DGCCRF:
- des transactions plus « complètes »: outre le paiement
d’une somme d’argent, l’accord conclu avec l’entreprise
pourra désormais prévoir des obligations de remise
en conformité et de réparation du préjudice subi par
des consommateurs;
- des possibilités élargies de recours à la transaction :
la transaction est désormais possible en matière
administrative, avec les mêmes possibilités que pour la
transaction pénale;
- la création d’une injonction « numérique »: la DGCCRF
peut ordonner aux opérateurs de plateformes en ligne,
de places de marché ou de fournisseurs d’accès à Internet,
l’affichage d’un message d’avertissement informant les
consommateurs du risque grave de préjudice pour leurs
intérêts que représente un contenu illicite en ligne. Pour
les infractions les plus graves, la DGCCRF pourra ordonner
le déréférencement des interfaces en ligne dont les
contenus sont manifestement illicites et le blocage d’un
nom de domaine pendant une période de trois mois,
renouvelable une fois. Si l’infraction persiste, la DGCCRF
peut alors délivrer une injonction de suppression ou
de transfert du nom de domaine. Le non-respect de ces
mesures est puni d’une sanction pouvant aller jusqu’à un
an d’emprisonnement et 250 000 € d’amende; le juge civil
ou administratif pourra également être saisi en vue de la
cessation de la pratique.
Ciblage des enquêtes
annuelles
UN PROCESSUS DE PROGRAMMATION
DES ENQUÊTES RÉPONDANT
AUX NOUVELLES ORIENTATIONS
DÉFINIES PAR LE PLAN STRATÉGIQUE
2020/2025
L’analyse des risques et l’évaluation
de l’impact des actions au service de
la programmation des enquêtes
La DGCCRF, administration d’enquête, définit chaque année
un programme national d’enquêtes (PNE).
Le programme d’enquête pour 2020 a été conçu pour
répondre au mieux aux enjeux de régulation des marchés et
de protection des consommateurs. Il a été élaboré autour
des six orientations nationales suivantes :
−favoriser la transition écologique au bénéfice des
consommateurs ;
−identifier et en maîtriser les risques, notamment émergents par un ciblage des enquêtes sur des articles
de grande consommation;
−accompagner le développement des nouveaux modèles
économiques ;
− préserver la confiance des consommateurs et la loyauté
des transactions par des contrôles étendus sur les produits
alimentaires et les biens de consommation;
Les moyens d’action de la dgccrf 11
− une présence renforcée dans les secteurs à fort enjeu
économique pour les consommateurs et les entreprises
vertueuses, particulièrement les plus vulnérables ;
−contribuer à l’efficacité de l’économie par une analyse
approfondie et des propositions d’amélioration du fonctionnement des marchés.
Un programme adapté en cours d’année
pour répondre à la fragilisation de l’économie
par la crise sanitaire
Pendant la période de confinement de mars à mai, des
décisions ont été prises afin de permettre la continuité
de l’activité de la DGCCRF conformément à des priorités
d’action définies pour tenir compte du contexte de crise.
À l’issue du premier confinement, le programme d’enquêtes
a été adapté afin de permettre à la DGCCRF de contribuer à la relance de l’économie en assurant une protection
efficace des consommateurs et des entreprises respectueuses
des règles.
Le PNE 2021 a été conçu pour contrôler et accompagner les
acteurs économiques dans un contexte de crise et contribuer à la relance de l’économie en participant activement à la
recherche de fraudes autour des trois axes du plan de relance
fixés par le gouvernement : la transition écologique, la compétitivité visant la souveraineté économique et l’indépendance
technologique, et la cohésion sociale et territoriale.
Vigilance renforcée
pendant les périodes
de forte consommation
Comme chaque année, la DGCCRF effectue des opérations
de contrôle de grande ampleur pendant les vacances d’été
(opération interministérielle vacances, OIV) ou lors des fêtes
de fin d’année (opération fin d’année, OFA) afin d’assurer la
protection économique et la sécurité des consommateurs sur
l’ensemble du territoire.
L’OIV s’appuie sur un dispositif interministériel qui mobilise
de nombreux services sur le terrain: les agents de la CCRF
dans les DIRECCTE et dans les DDPP et DDCSPP, ceux du
Service national des enquêtes (SNE) de la DGCCRF, ainsi que
des services relevant d’autres directions ou administrations
(douanes, affaires maritimes, gendarmerie, police...).
Dans le contexte particulier de l’année 2020, l’OIV a été
adaptée pour tenir compte de la possibilité d’un redéploiement des consommateurs vacanciers vers des départements habituellement moins touristiques. La priorité a été
donnée à l’accompagnement des entreprises dont la reprise
d’activité progressive après le premier confinement justifiait
des approches différenciées selon les secteurs et les situations. Les thèmes prioritaires ont été resserrés sur la restauration et les denrées alimentaires, l’hébergement touristique
et les activités et produits liés au bien-être et aux loisirs.
Le taux d’anomalies constaté au cours des contrôles effectués
dans plus de 9 000 établissements était de 27 %. Les principales infractions relevées chez les professionnels portaient
sur le défaut d’information du consommateur, les pratiques
commerciales déloyales, un entretien insuffisant des matériels
de loisirs, la méconnaissance de certaines réglementations
anciennes, en particulier dans l’alimentaire. Ces contrôles
ont donné lieu à plus de 5800 avertissements et 1400 suites
administratives.
Dans le cadre de l’OFA, la DGCCRF a renforcé ses contrôles
durant la période festive qui entoure Noël et le jour de l’An
en ciblant prioritairement les opérateurs de la distribution
et des prestations de services et en mettant l’accent sur
le contrôle des sites internet en raison des mesures prises
par le gouvernement liées à la crise sanitaire. Une attention
particulière a été portée à la vente de produits « phare » et
de gammes de produits spécialement conçus et conditionnés
pour les fêtes, ainsi qu’aux opérations promotionnelles
ponctuelles en ligne (par exemple, le Black Friday ou le Cyber
Monday).
Plus de 5000 visites ont été effectuées dans le cadre de l ‘OFA.
Le taux d’anomalies s’est élevé à près de 22 % (notamment
des pratiques commerciales trompeuses ont été relevées
dans le cadre du Black Friday). Ces contrôles ont donné lieu
à 600 suites administratives et 160 suites pénales.
1 2 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
RÉGULATION ÉCONOMIQUE
DES MARCHÉS
• les services de relations interentreprises veillent au
respect des règles relatives à la loyauté des relations
commerciales entre entreprises ;
• les brigades interrégionales d’enquêtes de concurrence luttent
contre les pratiques anticoncurrentielles.
AU NIVEAU RÉGIONAL
Le 1er avril 2021, les
DIRECCTE (directions
régionales des entreprises,
de la concurrence, de
la consommation, du
travail et de l’emploi) et
les services déconcentrés
chargés de la cohésion
sociale fusionnent et
deviennent les DREETS
(directions régionales
de l’économie, de l’emploi,
du travail et des solidarités).
PILOTAGE ET SOUTIEN
AUX ENQUÊTES
Les services en charge du pilotage et de l’animation :
• coordonnent l’activité des DDPP et des DDCSPP pour ce
qui concerne les politiques relevant de la DGCCRF ;
• apportent leur soutien à la réalisation des enquêtes menées par les
DDPP et DDCSPP.
Les enquêteurs recherchent et constatent les infractions
et les manquements au droit de la concurrence et de la
consommation, en vertu de pouvoirs d’enquête spécifiques.
• protection de la santé et de la sécurité des consommateurs ;
• protection économique du consommateur ;
• régulation des marchés en assurant l’égalité d’accès des entreprises à
la commande publique, et l’exercice loyal de la concurrence en luttant
notamment contre l’économie souterraine et les contrefaçons.
RÉALISATION DES ENQUÊTES DE
CONSOMMATION ET DE CONCURRENCE
DANS LES OUTRE-MER
En Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion et à Mayotte, les directions de l’économie, de l’emploi,
du travail et des solidarités (DEETS) regroupent les missions des directions des entreprises, de la
concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIECCTE) et celles des directions de la
cohésion sociale (DCS).
AU NIVEAU DÉPARTEMENTAL
DIRECCTE
directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi
DDPP / DDCSPP
directions départementales de la protection des populations / directions
départementales de la cohésion sociale et de la protection des
populations
À compter du 1er avril,
les services de la
DGCCRF au sein des
DDCSPP sont intégrés
dans les directions
départementales de
l’emploi, du travail,
des solidarités et de la
protection des
populations
(DEETS-PP). Les DDPP
restent inchangées.
ORGANISATION DE LA DGCCRF
Transformation de la dgccrf : des avancées significatives dans la mise en œuvre du plan stratégique 2020-2025 13
TRANSFORMATION
DE LA DGCCRF:
DES AVANCÉES
SIGNIFICATIVES
DANS LA MISE EN
ŒUVRE DU PLAN
STRATÉGIQUE
2020-2025
Quatre orientations pour
transformer la DGCCRF
Le plan stratégique a été conçu en 2019 dans l’ambition
de faire de la DGCCRF l’administration de référence en Europe
pour la protection des consommateurs et des entreprises.
Il est structuré autour de quatre orientations :
1. renforcer notre cœur de métier: l’enquête au service
de la lutte contre les fraudes et de l’ordre public
économique;
2. se concentrer sur les enjeux les plus significatifs et
investir les nouveaux modèles économiques et les risques
émergents ;
3. rénover la relation avec les consommateurs et les
entreprises ;
4. maximiser l’impact de nos actions grâce à des outils et
une organisation rénovés.
Ces orientations se traduisent dans des actions concrètes,
qui vont de l’ouverture de nouveaux services, pour améliorer
l’exercice de nos missions, à des évolutions en matière
de formation, pour répondre aux nouveaux enjeux en
passant par une communication rénovée pour valoriser
les actions menées ou encore par la modernisation de nos
méthodes de travail internes et de nos outils.
Afin de traduire ces quatre orientations dans les faits, le plan
stratégique comporte près de 200 actions. À la fin de l’année
2020 et malgré la crise sanitaire, 30 % d’entre elles ont déjà
été réalisées.
Rénover la relation
avec les consommateurs
et les entreprises
Professionnaliser la réponse aux consommateurs
L’année 2020 a été particulièrement marquée par plusieurs
actions de transformation de la relation à l’usager. Ainsi,
l’ouverture en octobre du centre DGCCRF RéponseConso doit
améliorer la qualité de l’accueil des publics en centralisant la
réception et en harmonisant les réponses aux sollicitations
des consommateurs.
Faciliter le recueil et le traitement
des signalements des consommateurs
SignalConso, plateforme automatisée permettant aux
consommateurs de signaler en quelques clics les anomalies
rencontrées dans leurs actes de consommation, et d’obtenir
des conseils sur la conduite à tenir face à ces difficultés a
été généralisée à l’ensemble du territoire en février après
avoir été expérimentée dans trois régions en 2019. L’année
2020 a permis sa montée en puissance; à la fin décembre,
plus de 50 000 signalements (en cumul) avaient été réalisés
sur SignalConso.
Renforcer l’accueil physique des consommateurs
Dans la perspective de la refonte de son processus d’accueil
du public, la DGCCRF a lancé en janvier un partenariat
expérimental avec le réseau France Services dans six départements. L’objectif, à terme, est de renforcer l’accueil physique
des consommateurs sur le territoire.
Améliorer la communication avec
les professionnels
Le développement d’une relation de confiance avec les entreprises est également important : à cette fin, un travail est
engagé en vue d’une communication plus volontariste vis-à-vis
des professionnels concernant la réglementation applicable,
notamment via la publication de documents et des expérimentations en cours avec certaines chambres de commerce
et d’industrie.
Moderniser les méthodes de travail
La DGCCRF a engagé une réflexion interne sur ses méthodes d’enquête, à la fois pour définir plus finement les thématiques sur lesquelles concentrer son action et pour mieux
détecter les fraudes et les appréhender, notamment les plus
dommageables à l’économie.
La DGCCRF a continué de travailler sur l’optimisation de ses
outils d’enquête afin de renforcer l’impact de ses actions,
notamment le développement d’outils numériques d’aide à
l’enquête pour faciliter le travail des agents sur le terrain, ou
encore par des travaux sur la mutualisation des compétences
entre les services départementaux pour un meilleur maillage
sur l’ensemble du territoire.
14 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
DATES CLÉS
Janvier
15 janvier : la société
XPO Distribution France,
spécialisée dans le
transport routier, est
condamnée à 1230000€
pour non-respect des
délais de paiement
17 janvier : réunion
des représentants
des producteurs
agricoles, des industries
agro-alimentaires et des
distributeurs dans le cadre
du Comité de suivi des
relations commerciales1
27 janvier : le CNC
préconise l’adoption de
bonnes pratiques et une
meilleure information du
consommateur en matière
de yield management2
1. Ainsi que les 12 février,
28 juillet, 13 octobre
et 18 décembre 2020.
2. Gestion fine des tarifs.
Février
6 février : la DGCCRF
sanctionne l’entreprise
de fourniture d’énergie
ENI GAS & POWER pour
un montant de 315000 €
pour non-respect du
droit de rétractation des
consommateurs
7 février : transaction avec
le groupe Apple pour
pratiques commerciales
trompeuses (25 M€)
18 février : lancement
national de la plateforme
SignalConso
19 février : présentation
par Bruno Le Maire,
ministre de l’Économie et
des Finances, du nouveau
contrat-type pour le
permis de conduire
28 février : Agnès PannierRunacher, secrétaire
d’État auprès du ministre
de l’Économie et des
Finances, met en place un
groupe de travail dans le
cadre du Conseil national
de la Consommation
(CNC) pour échanger
sur l’information des
consommateurs sur
l’origine des ingrédients
des denrées alimentaires
transformées
Mars
5 mars : encadrement du
prix de vente des gels
hydroalcooliques pour
éviter toute spéculation
(dispositions reprises dans
le décret n° 2020-293 du
23 mars 2020 prescrivant
les mesures générales
nécessaires pour faire face
à l’épidémie de COVID-19
dans le cadre de l’état
d’urgence sanitaire)
6 mars : Cédric O,
secrétaire d’État chargé
du numérique, auprès du
ministre de l’Économie
et des Finances et du
ministre de l’Action et
des Comptes publics,
visite la Cellule numérique
du Service national
d’enquêtes dédiée à lutte
contre les fraudes en ligne
et salue l’action de la
DGCCRF sur les contrôles
liés à la crise sanitaire
23 mars : mise en place
d’un comité de crise sur
les délais de paiement
avec participation de la
DGCCRF
Avril
Mise en place de
la Task Force anti COVID
pilotée par la DGCCRF
Mai
1er mai: Agnès PannierRunacher annonce
l’encadrement des prix
des masques de type
chirurgical et mobilise la
DGCCRF pour garantir
la qualité et un prix
raisonnable de tous les
masques de protection
6 mai: le comité de crise
sur les délais de paiement
poursuit son action et
met en garde contre
l’apparition de nouvelles
dérives en matière de
délais de paiement
7 mai: face à la
recrudescence des
escroqueries et des appels
frauduleux aux dons en
lien avec le COVID-19,
l’Autorité de contrôle
prudentiel et de résolution
(ACPR) et la DGCCRF se
mobilisent en appelant les
acteurs du financement
participatif et le public à la
plus grande vigilance
Juin
2 juin: publication par la
Commission européenne
d’une consultation
publique sur la régulation
des plateformes
numériques
5 juin: le Service commun
des laboratoires (SCL)3
remporte un appel d’offre
européen pour l’analyse
des métaux lourds dans les
bijoux fantaisie
3. 11 laboratoires communs
avec la DGDDI.
Dates clés 15
9 juin: instruction
interministérielle sur la
reconnaissance de normes
étrangères équivalentes
à la norme européenne
sur les masques de type
chirurgical
Juillet
2 juillet : nouvelle
recommandation de la
Commission des clauses
abusives sur la location
de moyens de transport
en libre-service (vélos,
scooter, trottinettes,
auto). Elle identifie
117 clauses considérées
comme abusives au
sein des contrats
habituellement proposés
par les professionnels aux
consommateurs
2 juillet : substances
chimiques dans les
couches pour bébés :
l’enquête de la DGCCRF
confirme l’amélioration de
la qualité des produits et
l’absence de dépassement
des seuils sanitaires
24 juillet : promulgation de
la loi visant à encadrer le
démarchage téléphonique
et à lutter contre les
appels frauduleux
27 juillet : la DGCCRF
publie sur son site internet
un guide pratique traçant
des lignes directrices sur
l’application des règles
de concurrence dans le
secteur agricole
Août
4 août : la société CORA
est condamnée à
2 M€ d’amendes à la suite
de manquements à la
législation relative aux
délais de paiement
19 août : visite d’Alain
Griset, ministre délégué
chargé des PME, sur le
marché de Mandelieu afin
de suivre les contrôles
dans le cadre de l’OIV
Septembre
7 septembre: clôture
du jumelage entre
la DGCCRF et son
homologue marocaine
portant sur « l’appui
au développement
de la surveillance du
marché dans le secteur
industriels 4 »
30 septembre: remise au
Parlement du Rapport
du Gouvernement sur
l’évaluation des mesures
expérimentales de
relèvement du seuil
de revente à perte et
de l’encadrement des
promotions pour les
denrées et certains
produits alimentaires
(article 4 de l’ordonnance
n°2018-1128 du
12 décembre 2018)
4. 33 experts issus de la DGCCRF,
de la DGE et du MTE, mobilisés
sur les deux années du jumelage.
Octobre
8 octobre: lancement
du premier comparateur
officiel de prix des
prestations des centres
de contrôle technique
automobile
13 octobre: le tribunal
de commerce de Paris
condamne deux sociétés
du groupe Subway à
500000 € d’amendes pour
des clauses contractuelles
illicites vis-à-vis de ses
franchisés
Novembre
18 novembre: premier
bilan des contrôles menés
quant à l’efficacité et la
sécurité des solutions et
gels hydroalcooliques
20 novembre: la DGCCRF
rappelle les précautions
à prendre pour éviter les
accidents liés à l’ingestion
de piles boutons et
contrôle la sécurité de
leurs emballages et des
jouets électriques en
comportant
30 novembre: la DGCCRF
transmet aux autorités
judicaires les résultats
de ses investigations en
matière de pratiques
commerciales trompeuses
concernant la plateforme
de vente en ligne
Wish.com
Décembre
4 décembre: publication
de la loi du 3 décembre
portant diverses
dispositions d’adaptation
du droit national au droit
de l’Union européenne
(DDADUE) qui prévoit
plusieurs améliorations
du dispositif applicable
en matière de respect
de la concurrence
et de protection des
consommateurs
11 décembre: les équipes
du laboratoire du Service
commun des laboratoires
(SCL) de Villeneuve d’Ascq
et de la DDPP du Nord
présentent au ministre
Alain Griset les travaux
du laboratoire et les
contrôles de la DGCCRF
mis en œuvre pour
s’assurer de la sécurité
des jouets mis sur le
marché
18 décembre: la
DGCCRF sanctionne
pour la première fois
six banques pour
non-respect du règlement
IFR sur les commissions
interbancaires liées aux
cartes de paiement
16 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
CHIFFRES CLÉS
94000
établissements contrôlés
(99500 en 2019, soit – 6 %)
20700
sites internet contrôlés
(15000 en 2019, soit + 38 %)
SUITES PÉDAGOGIQUES ET CORRECTIVES
30700 lettres d’avertissement
6600 lettres d’injonction
(dont 95 % ont été suivies d’une remise
en conformité)
SUITES RÉPRESSIVES
4100 dossiers pénaux
1400 amendes administratives,
pour un montant de 16,1 M€
Si le nombre de contrôles « physiques »
a baissé en raison de la crise sanitaire et du
confinement, les contrôles de sites internet
ont été plus nombreux. Cette hausse entre
2019 et 2020 correspond à une adaptation
des modes d’enquête pour les agents de la
DGCCRF, avec un déploiement des contrôles
LES CONTRÔLES DE LA DGCCRF
0 k
2 k
4 k
6 k
8 k
Contrats et clauses abusives
Valeur
Démarchage téléphonique
(hors assurances et services
financiers) et Bloctel
Étiquetage de sécurité PA
Garanties légale
de conformité
et commerciale
Information sur les prix et conditions particulières
de vente
Observation des prix
Règles d'étiquetage PA
et PNA hors sécurité
Toutes ventes à distance
(y.c. assurances services
financiers)
Tromperie à l’égard
des consommateurs
Règles spécifiques à des
contrats ayant un objet particulier (y.c. immobilier)
Réglementation des prix (dont tarifs publics et professions réglementées)
Obligation générale d’information
précontractuelle
Total de visites Visites avec anomalie
à distance dans le contexte de la crise
sanitaire et par ailleurs une adaptation du
ciblage de ces enquêtes en cohérence avec
l’évolution des modes de consommation
en 2020, le contexte du confinement et
le développement des achats en ligne.
LES RÉGLEMENTATIONS LES PLUS CONTRÔLÉES SUR INTERNET EN 2020
Chiffres clés 17
PARTS DES PRÉLÈVEMENTS DES PRODUITS NON CONFORMES
Alimentaires Non alimentaires
Huile d'olive Miel
Viandes de volailles
Autres légumes racines
Pains d'épices et biscuits
Boissons fermentées
Vanille
Pitahayas
Graines de sésame
Boissons alcoolisées distillées
Confitures, compotes
Confiserie
Pommes de terre
Vins
Compléments alimentaires
Riz
Fruits de la passion
Piments
Les deux premiers secteurs concentrant les prélèvements
de produits alimentaires non conformes
sont l’huile d’olive et le miel.
Produits d'hygiène corporelle
Huile d'olive
Désinfectants
Produits de beauté
Vaisselles, articles de table et ménagers
Détergents et produits de nettoyage
Bijouterie fantaisie
Jouets
Les deux premiers secteurs concentrant les prélèvements
des produits non alimentaires non conformes sont les
désinfectants et la bijouterie fantaisie.
En nombre de prélèvements non conformes,
les jouets sont toujours en premier.
CATÉGORIES DE PRODUITS CONTRÔLÉS SUR INTERNET
Produits d'hygiène corporelle
Désinfectants
Articles textiles
Produits alimentaires
Articles utilisés à des fins médicales ou chirurgicales
Compléments alimentaires
Commerce de détail de fruits et légumes frais
Hébergement hôtelier Articles en non-tissés
Immobilier
Commerce de détail d'habillement
18 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
UNE ACTION ADAPTÉE AU CONTEXTE DE LA CRISE SANITAIRE
14600
actions de contrôle
en matière de relations
commerciales
780
dossiers contentieux
de pratiques commerciales
interdites ou réglementées
130
dossiers contentieux
de tromperie
Plus de 124000
jours d’enquête dédiés à
la loyauté des transactions
commerciales
10600
jours d’enquête dédiés
au respect des régles
de concurrence dans
la commande publique
15300
établissements contrôlés
sur le respect des règles
de traçabilité des produits
alimentaires ou
non alimentaires
15000 €
montant moyen
des transactions
9,4 M€
d’amendes en délais
de paiement
7000
actions de contrôles
et 600 prélèvements
de jouets
5106
contrôles en matière
de fruits et légumes
1900
alertes gérées par l’Unité d’alerte
et les services déconcentrés
222000
résultats d’analyses
en laboratoire
30 % des décisions
de l’Autorité de la concurrence
prises sur la base des enquêtes
de la DGCCRF
Chiffres clés 19
Entreprises contrôlées dans
des enquêtes spécifiques COVID
– 9 100 sur leurs pratiques commerciales en lien
avec la crise COVID
– 20100 s’agissant des masques mis à disposition
du grand public
– 20 900 sur les prix des gels et solution hydroalcooliques
– 4 200 sur le respect de l’interdiction faite aux
surfaces de vente supérieures à 400 m² de vendre
des produits dits non-essentiels
Dans ces différentes enquêtes COVID, 10700 actions
des enquêteurs ont concerné la recherche de
pratiques commerciales trompeuse.
Les contrôles en ligne liés à la pandémie
Depuis le début de la crise du COVID -19, la
DGCCRF s’est fortement mobilisée dans le cadre
de la lutte contre les pratiques infractionnelles
mais également dans la mise en place d’actions
coordonnées au niveau national. Une forte
accélération des pratiques illicites « en ligne » est
née du confinement et des inquiétudes générées
par l’évolution de la pandémie. Dans ce contexte, ce
sont plusieurs milliers de sites internet liés à la crise
du Coronavirus qui ont été contrôlées par le Service
national des enquêtes (SNE) de la DGCCRF, qu’il
s’agisse de l’identification des responsables, de la
vérification des contenus, de demandes de blocage
ou de la mise en œuvre de suites correctives et/ou
répressives.
Près de 3 000 sites examinés
– 453 réquisitions adressées aux opérateurs
de téléphones, hébergeurs, banques, prestataires
de services de paiement, etc.
– Offres de gel hydroalcoolique (GHA) à prix non
conformes : 2 932 offres de GHA supprimées
pour prix non conformes aux prix réglementés
(identifiées par le scraping5 mis en place sur les sites
des plateformes étrangères)
– 70 demandes de blocage de site, de suppression
d’URL ou de contenu auprès d’intermédiaires
(AFNIC6, Shopify, Google, Facebook, etc.).
Cagnottes en ligne: plusieurs centaines de cagnotte
en ligne examiné
– 43 sites (plateformes) de soutien aux petits
commerces contrôlés
5. Récolte d’information automatisée sur internet.
6. L’Association française pour le nommage Internet en coopération
(AFNIC) est une association loi 1901. Elle a pour mission de gérer les
domaines Internet nationaux de premier niveau de la France,
La Réunion, des Terres australes et antarctiques françaises, Mayotte,
Saint-Pierre-et-Miquelon et Wallis-et-Futuna.
20 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
BAROMÈTRE DES RÉCLAMATIONS
ET SIGNALEMENTS
SIGNALEMENTS ET RÉCLAMATIONS
Au total, en 2020, la DGCCRF a enregistré 41 351 plaintes (-26 %
par rapport à 2019). Cette baisse d’environ 14 600 plaintes
est à rattacher à l’arrêt de certaines activités, en cette
année de crise sanitaire et de confinement et à l’ouverture
de la plateforme SignalConso qui a conduit à un transfert
des modes de contact avec la DGCCRF.
En effet, plus de 50 000 signalements ont été déposés sur la
plateforme depuis son lancement national en février 2020,
dont près de 10 000 en décembre. Depuis l’ouverture aux
signalements concernant le commerce électronique en
octobre, près de 70 % des signalements mensuels portent
sur le e-commerce.
66 % de ces signalements ont été lus par les entreprises.
Sur l’ensemble des signalements lus, 80% ont donné lieu à
une réponse de l’entreprise.
ÉVOLUTION DES SIGNALEMENTS
SUR SIGNALCONSO
0
2 000
4 000
6000
8 000
10 000
janv février mars avril mai juin juillet août sept oct nov déc
Évolution des signalements mensuels sur SignalConso
Plus de 6 000 signalements en moyenne sur les 4 derniers mois de l’année 2020.
Chiffres clés 21
Répartition des signalements
0 % 5 % 10 % 15 % 20 % 25 % 30 % 35 %
Achat / Magasin
Voyage / Loisirs
COVID-19 (coronavirus)
Téléphonie / Fournisseur d’accès
internet / médias
Eau / Gaz / Electricité
Banque / Assurance / Mutuelle
Café / Restaurant
Travaux / Rénovation
Services aux particuliers
Voiture / Véhicule
Immobilier
Démarches administratives
Secteur de la santé 1 %
1 %
2 %
3 %
3 %
4 %
4 %
6 %
6 %
10 %
20 %
33 %
7 %
UNE VISIBILITÉ MÉDIATIQUE SITE INTERNET DE LA DGCCRF
9200000 visites en 2020 (+59 %)
13500000 pages vues (+51 %)
8270 articles de presse en 2020
(8117 en 2019, soit +2 %)
Sur Twitter: 42900 tweets et 82 300 retweets
(contre 49 033 tweets et 79 000 retweets en
2019), soit respectivement –12 % et +4 %
Sur Facebook: 9690 publications
(contre 8335 en 2019, soit +16 %)
498000 réactions d’engagement7
(contre 485000 en 2019, +3 %)
7. La notion d’engagement sur les réseaux sociaux traduit la propension
des consommateurs à interagir avec un compte sur un réseau social.
L’engagement peut se faire en réaction à des publications de ce compte
et se mesure dans ce cas à l’aide d’un taux d’engagement.
22 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Adaptation du cadre
juridique et réorientation
des contrôles
Dès mars 2020, les modalités d’action de la DGCCRF ont été
adaptées pour se conformer aux recommandations gouvernementales. Pour cela, les services centraux de la DGCCRF
ont contribué à l’élaboration des nouvelles réglementations
tenant compte des contraintes spécifiques engendrées par
l’état d’urgence sanitaire8.
Le passage au stade 3 de la mobilisation nationale9 due à
l’épidémie de Coronavirus a constitué une situation hors
norme, particulièrement propice au développement
de pratiques abusives (arnaques, démarchage abusif). Les
services de la DGCCRF ont exercé une vigilance accrue dans
l’exercice de leurs missions de protection des consommateurs
tout en veillant à préserver la santé et la sécurité des agents
et des tiers.
La continuité de l’activité a été organisée autour de
trois axes : la gestion de crise en matière de sécurité
et de loyauté alimentaire, le maintien des procédures
d’import/export à destination des professionnels et la
mise en place d’enquêtes spécifiques liées au COVID-19.
Parmi ces enquêtes, les services de la DGCCRF ont contrôlé
le respect des prix des gels hydroalcooliques (GHA), la
réalité des offres commerciales de masques, mais également les offres de tout produit portant des allégations
liées au coronavirus, souvent trompeuses. Les contrôles
sur internet ont également été développés (cf. la partie
Chiffres clés).
En parallèle de ces enquêtes, des analyses ont été réalisées par le Service commun des laboratoires (SCL) afin
de vérifier la sécurité et l’efficacité des masques et
gels hydroalcooliques mis sur le marché, d’effectuer
des analyses microbiologiques de produits alimentaires
ou encore d’analyser tout produit sensible.
8. Par exemple, l’ordonnance du 25 mars relative aux règles applicables
en cas d’annulation de voyages et le décret du 23 mars (article 11) relatif
à l’encadrement des prix des gels hydroalcooliques et des masques dits
chirurgicaux.
9. Le stade 3 signifie qu’il y a une circulation active du virus sur l’ensemble du
territoire, c’est-à-dire une épidémie généralisée. Il ne s’agit donc plus comme
au stade 2 de freiner la propagation du virus mais d’en atténuer les effets.
ACTION DE
LA DGCCRF
PENDANT
LA CRISE
SANITAIRE
Enfin, la DGCCRF a continué d’assurer sa mission de gardienne
de l’ordre public économique pour protéger le fonctionnement du marché et de la concurrence, qu’il s’agisse de la
surveillance de l’évolution des prix des produits de première
nécessité ou de sa participation au comité de crise mis en
place pour éviter la dégradation des délais de paiement
inter-entreprises.
Contrôle des prix
et de la qualité
des masques et gels
CONTRÔLE DES MASQUES MIS
À DISPOSITION DU GRAND PUBLIC
Dans un contexte de risque de pénurie de masques, et en
vue de permettre le déconfinement de la population, une
nouvelle catégorie de masques (dits « grand public » - MGP)
a été créée. Les règles de mise à disposition sur le marché
des masques de type chirurgical à usage unique ont été assouplies au niveau européen. De nombreuses initiatives industrielles ont vu le jour en la matière, saluées par les pouvoirs
publics, mais la période a été propice également à des comportements opportunistes et à de nombreuses arnaques. C’est
pourquoi le prix des masques de type chirurgical a été réglementé, et les conditions de mise sur le marché des MGP,
encadrées. La DGCCRF, après avoir participé à la définition
de cet encadrement, a lancé une enquête spécifique à ces deux
types de masque, à la fois sur les aspects « prix » et « qualité »,
afin de lutter contre les abus de toutes sortes. Elle a ainsi pu
assurer aux consommateurs un accès économique et sécurisé
à ces articles, devenus des objets incontournables dans la lutte
contre la pandémie. Compte tenu des multiples canaux de mise
à disposition sur le marché des masques, les contrôles ont été
menés en réseau - les services locaux, régionaux et nationaux
coopérant étroitement pour des échanges d’informations sur
les pratiques des opérateurs économiques. Les fiches de liaison
des services douaniers sur leurs vérifications documentaires à
l’importation, ainsi que les signalements des consommateurs
sur la plateforme https://signal.conso.gouv.fr ont également
élargi le champ d’investigations de la DGCCRF.
Action de la dgccrf pendant la crise sanitaire 23
De façon générale, MGP et masques de type chirurgical
confondus, on dénombre plus de 20 000 établissements visités
au cours de cette enquête, dont 9 % comportant au moins une
anomalie, et près de 45 000 actions de contrôle individuelles.
En termes de suites données aux contrôles : 2 037 avertissements, 222 injonctions, 34 procédures pénales et 4 procèsverbaux administratifs ont été établis par la DGCCRF.
Concernant les masques chirurgicaux, de type ou de forme
chirurgicale, la DGCCRF a piloté et vérifié le respect de l’encadrement mis en place à compter de mai 2020 visant à limiter
leur prix de vente au détail à 0,95€ TTC et leur prix de vente
en gros à 0,80 € HT par unité. Les opérateurs pour lesquels
des dépassements avaient été constatés se sont rapidement
mis en conformité.
Du point de vue de la conformité et de la sécurité, la DGCCRF
a contribué à l’élaboration et à la mise en œuvre de mesures
dérogatoires dès le début de la crise sanitaire afin d’assurer
un approvisionnement rapide en masques de qualité. Les
contrôles ont ensuite montré que l’information des consommateurs, notamment en matière de conseils d’utilisation
lors de la vente, n’a pas toujours été complète, et que les
justificatifs de conformité (démontrant les performances
des masques) ou justifiant certaines allégations étaient parfois
manquants.
En matière de loyauté, les enquêteurs ont été amenés
à déjouer des pratiques commerciales trompeuses ou
des tromperies sur les qualités substantielles de la marchandise. En dehors de l’exagération du niveau de résistance aux
lavages ou de la réalité des tests mis en avant, plusieurs cas
de « francisation » de masques « alternatifs » ont été relevés
(« Fabriqué en France », « Made in France », etc.), alors qu’ils
étaient en réalité fabriqués à l’étranger, le plus souvent en
Asie.
CONTRÔLE DES GELS ET SOLUTIONS
HYDROALCOOLIQUES
Dans le cadre de la crise sanitaire, la DGCCRF a lancé début
mars sur l’ensemble du territoire national une enquête visant à
contrôler l’encadrement du prix des gels et solutions hydroalcooliques (GHA/SHA), ainsi que les fraudes associées à leur
commercialisation.
Les investigations portant sur la lutte contre les arnaques
menées lors du premier confinement ont montré la nécessité
d’investigations complémentaires portant spécifiquement
sur l’efficacité des GHA/SHA, à la suite de plusieurs signalements ou plaintes relatives à l’efficacité de certains produits
hydroalcooliques (teneur insuffisante en alcool), qui se sont
avérées justifiées à la suite de prélèvements et analyses effectuées par le Service commun des laboratoires.
S’agissant du contrôle du respect de l’encadrement des prix
des GHA/SHA10, les contrôles des services de la CCRF ont
porté à la fois sur les fabricants/importateurs de ces produits
mais également sur les grossistes et sur les distributeurs,
notamment les sites de vente en ligne, la grande distribution,
les pharmacies et les petits commerces de proximité, ciblés
en s’appuyant sur les signalements effectués par les consommateurs sur SignalConso.
À mi-janvier 2021, les agents de la DGCCRF ont effectué dans
ce cadre plus de 26 500 visites de contrôles. Plus de 16 %
des établissements contrôlés ne respectaient pas les prix
plafond. Près de 3 100 avertissements, 400 mesures de police
administrative (injonctions), 300 procès-verbaux pénaux et
15 procès-verbaux administratifs ont été délivrés par les
enquêteurs. 11 saisies ou consignations de GHA/SHA ont par
ailleurs été effectuées.
La majorité des mesures de police administrative et procès-verbaux a porté sur des pratiques commerciales trompeuses ou/
et sur le non-respect de l’encadrement des prix. Les consignations et saisies ont concerné quant à elles des produits
ne respectant pas la réglementation des produits biocides,
applicable aux GHA/SHA.
S’agissant des investigations menées sur l’efficacité des GHA/
SHA, la DGCCRF a lancé un plan de prélèvements, pour
analyser le taux d’alcool que comportent ces produits, afin
de s’assurer de leur efficacité sur la base des recommandations de l’ANSES11 (nécessité d’une concentration volumique
d’alcool supérieure à 60 %).
Ces prélèvements ont été, comme habituellement, ciblés
par les enquêteurs sur les produits pour lesquels les analyses
étaient les plus susceptibles de révéler des dangerosités,
notamment du fait d’incohérences liées à leur emballage,
leur étiquetage ou leur présentation. Les taux d’anomalie et
de dangerosité présentés sont donc nettement supérieurs
à ceux des produits présents sur le marché.
10. Mis en place au travers du décret n°2020-197 du 5 mars 2020 et prolongé
et/ou modifié à plusieurs reprises ensuite.
11. https://www.anses.fr/fr/system/files/BIOC2020SA0067.pdf
24 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
− pour le ministère de la Justice, la DACG (Direction
des affaires criminelles et des grâces);
− la CNIL pour les atteintes aux données personnelles ;
− l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité
de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), les
autorités de contrôle du secteur financier;
− l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI);
− pour le ministère de l’Agriculture : la Direction générale de l’alimentation (DGAL).
Une quinzaine d’enquêtes ont été lancées, sur le terrain
ou sur internet, pour vérifier les suspicions de fraude,
auprès des fournisseurs ou des intermédiaires identifiés
en France. Lorsque nécessaire, des prélèvements ont été
effectués, ainsi que des consignations voire des saisies
de quantités très importantes de produits (masques,
GHA) et de suspension de commercialisation de produits
dangereux (GHA). Concernant les sites internet frauduleux identifiés, la diffusion rapide de l’information a
permis aux services compétents d’intervenir en vue du
blocage des noms de domaine rendant les sites inopérant.
La TF a lancé un appel commun à la vigilance et rédigé
un guide de prévention. La vulnérabilité des consommateurs et des entreprises face à des manœuvres
frauduleuses s’est accrue avec la sortie du confinement.
Un Vademecum à destination des entreprises a également été rédigé par la DGCCRF afin de sensibiliser et
d’appeler à une vigilance permanente quant aux réflexes
qu’il convient d’adopter pour déjouer de potentielles
fraudes et escroqueries en période de reprise.
À mi-janvier 2021, 183 prélèvements ciblés de solutions et gels
hydroalcooliques ont été analysés par le Service commun
des laboratoires. 74 % des produits analysés ont été déclarés
soit non conformes (36 %) soit non conformes et dangereux
(38 %). Plus précisément, 22 produits (12 % des produits
analysés) ont présenté une teneur en alcool insuffisante et
se sont donc révélés non conformes et dangereux. 47 produits
(26 % des produits analysés), pour lesquels la teneur en alcool
était suffisante, ont également été déclarés non conformes et
dangereux en raison d’un étiquetage minimisant les dangers
présentés par ces produits (principalement le danger de leur
inflammabilité) et 66 produits (36 %) ont été reconnus non
conformes du fait d’un étiquetage incomplet ou incorrect.
Les produits identifiés comme non conformes ou dangereux
font l’objet de suites appropriées, notamment de mesures
de retrait et/ou rappel. Plusieurs références de produits font
également l’objet de procédures d’alerte au niveau européen
(RAPEX) lorsqu’ils sont également distribués dans d’autres
pays de l’Union européenne.
La DGCCRF a créé et pilote
la Task Force Fraudes - COVID-19
Une coopération renforcée s’est révélée indispensable pour éviter les contrôles en « silos », partager les
signaux faibles et les renseignements, utiliser au mieux les
pouvoirs d’enquêtes de chacun pour être plus efficaces
et donner une meilleure lisibilité à l’action publique. Dans
ces conditions, le ministre de l’Economie, des Finances
et de la Relance a proposé au début du mois d’avril la
création d’une Task Force (TF) interministérielle de lutte
contre les fraudes liées à la crise de la COVID-19 pilotée
par le Service national des enquêtes (SNE) de la DGCCRF.
Elle regroupe plusieurs services de l’État et AAI12 :
− pour le ministère de l’Économie, des Finances et de
la Relance: la DGCCRF, qui en assure le pilotage;
− pour le ministère de l’Action et des Comptes publics :
la DGFIP et la Douane;
− pour le ministère de l’Intérieur, la DGPN (Direction
centrale de la police judiciaire – DCPJ) et la DGGN
(pôle judiciaire de la gendarmerie nationale (PJGN);
12. Autorités administratives indépendantes.
Action de la dgccrf pendant la crise sanitaire 25
Le contrôle du commerce
en ligne de produits dans
le cadre de la crise
COVID-19
MISE EN PLACE D’UN PROTOCOLE
AVEC L’AFNIC
Un partenariat passé avec l’AFNIC pour la durée de l’état
d’urgence sanitaire a permis de recevoir quotidiennement
la liste actualisée des noms de domaine (NDD) à l’extension
« .fr » comportant des expressions appartenant au champ
sémantique associé à la pandémie de COVID-19.
Cette liste comptait en juillet plus de 2000 sites. À réception de la première liste, tous les NDD ont été contrôlés. Par
la suite, seuls les nouveaux sites ont été systématiquement
vérifiés et une veille a été effectuée sur les NDD inactifs lors
du premier contrôle.
Le partenariat AFNIC permet également d’obtenir le blocage
de sites reconnus par la DGCCRF comme supports
de pratiques commerciales trompeuses (par exemple, fausse
indication de partenariat/reversement caritatif, collecte
de données personnelles sous couvert d’attestation de
sortie dérogatoire, vente de faux tests COVID-19 ou
de respirateurs).
DÉMARCHAGE PAR MAIL
VISANT DES PROFESSIONNELS
L’explosion de la demande de dispositifs de protection
contre le Coronavirus par les professionnels devant maintenir
leur activité en cette période de crise, corrélée à l’absence
de stocks disponibles en France, a motivé le développement
de fraudes en ligne afin de proposer des produits de protection, tels que des masques, à ces professionnels soucieux
d’assurer une protection sanitaire adaptée à leur activité et à
leurs salariés. Ont été notamment touchés les professionnels
de santé (de la PME à de grands groupes pharmaceutiques
internationaux) et les administrations (dont la DGCCRF), qui
ont ainsi été destinataires de mails leur proposant de se faire
livrer jusqu’à un million de masques par jour, voire même
de respirateurs ou de tests de diagnostic pour certains établissements de santé.
VENTE EN LIGNE DE GHA
La surveillance de la régularité des prix des GHA sur les plateformes étrangères (Aliexpress, Wish, Joom, Vova) a été opérée
avec un outil de scraping développé par la DGCCRF. Les offres
de ventes collectées (plus de 2300 offres de GHA) ont été
transmises dans le cadre d’injonctions de mise en conformité
aux plateformes qui les ont supprimées à réception. Hors
plateforme, 109 contrôles de sites commercialisant des GHA
ont également été menés. De nombreux sites implantés à
l’étranger, y compris sur le territoire européen (Espagne,
Royaume-Uni, Belgique, etc.) mais entièrement tournés vers
le marché français, sites en.fr, rédigés en français indiquant
une zone de livraison en France) ont été contrôlés. Certains
sites s’annonçant implantés à l’étranger se sont avérés toutefois dirigés depuis la France.
Au-delà des manquements relatifs au non-respect du décret
encadrant les prix de ces produits, une problématique relative
à la qualité des produits dénommés GHA est apparue, certains
opérateurs de commerce en ligne contournant la pénurie en
commercialisant dans les catégories « GHA » des produits
n’en relevant pas (mais de celle des produits cosmétiques
ou biocides). La vente de ces produits en tant que GHA est
donc constitutive d’une pratique commerciale trompeuse. Sur
23 sites de parapharmacies en ligne contrôlés, 7 opérateurs
ont reçu des injonctions de cessation de pratiques commerciales trompeuses avec remise en conformité demandée
dans un délai très réduit.
LA VENTE EN LIGNE
DE MASQUES
Les principaux manquements relevés sur les masques
portent sur la présentation trompeuse de masques annoncés
FFP2 ou KN95 alors qu’il s’agissait au mieux de simples
masques antipollution.
Des actions ont été rapidement menées auprès des plateformes et des blocages de sites en .fr ont également été effectués en raison de confusions entretenues par des éditeurs
non identifiables sur les qualités substantielles des masques
proposés à la vente. Plus de 200 sites proposant des masques
ont fait l’objet d’enquêtes. L’ensemble des allégations ont
été contrôlées, tout particulièrement celles relatives aux
garanties de protection.
26 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
SURVEILLANCE DES BOUTIQUES
DE VENTE EN LIGNE DE « PRODUITS
MIRACLES »
Les boutiques de dropshipping13 et les boutiques indépendantes sont les principaux vecteurs de mise en ligne de sites
proposant des produits liés au COVID-19 : faux vaccins,
médicaments, compléments alimentaires, huiles essentielles, miel, purificateurs d’air, faux test de dépistage, objets
de stérilisation, faux arrêts maladie ou documents de « mise
en quarantaine ». Plus de 1000 sites d’arnaques en tout genre
ont été traités dans le cadre de la coordination avec le réseau
des DD(CS)PP14.
Concernant plus précisément les compléments alimentaires, ce
phénomène d’ampleur européenne a conduit la Commission
européenne à mettre en place, dès le mois de mars, une
action coordonnée des autorités de contrôle de chaque
pays européen dans le cadre de laquelle le SNE, en tant que
point de contact pour la France, a rédigé 9 notifications
Food Fraud à destination de quatre États-membres. Au-delà
de ces 9 sites étrangers contrôlés, il a également été constaté
sur une vingtaine de sites français la présence d’allégations
trompeuses. À l’issue des investigations menées, il a été
enjoint à ces sites de supprimer les allégations thérapeutiques
trompeuses et de modifier leur communication. La quasitotalité d’entre eux s’est mise en conformité dès l’étape de
la pré-injonction. Les constats relatifs aux sites européens
ont également fait l’objet de transmissions aux autorités
nationales compétentes.
13. Vente en ligne avec livraison directe du fournisseur à l’acheteur, sans
passer par le vendeur.
14. DD(CS)PP: directions départementales (et de la cohésion sociale) de la
protection des populations.
LES MESURES ADAPTANT
DES MODALITÉS DU TITRE-RESTAURANT
POUR ACCOMPAGNER
LES RESTAURATEURS
À la fin de la première période de confinement, à l’approche
de la réouverture de ces établissements, le Gouvernement a
eu pour objectif de soutenir la consommation dans le secteur
de la restauration. Lors du comité interministériel du tourisme
du 14 mai, le Premier ministre a ainsi annoncé le doublement
du plafond journalier du titre-restaurant de 19 € à 38 €, ainsi
que la possibilité d’utiliser ces titres les dimanches et jours
fériés, uniquement dans les restaurants. Il s’agit de mesures
fortes au bénéfice tant des 145 500 établissements de
restauration que des 4,4 M de salariés ayant droit aux titresrestaurant. Alors que la valeur de l’ensemble des titres-restaurant en circulation sur une année représente 7 Mds€,
ce seraient ainsi 1,5 Md€ économisés par les salariés durant
le confinement qui pourraient être dépensés dans les restaurants. Il s’agit de réorienter la dépense vers ces établissements
qui ont subi de lourdes pertes financières du fait de leur
fermeture. Un décret du 10 juin 2020, signé conjointement
par le ministre de l’Economie et la ministre du Travail, a rendu
possible ces aménagements et en précise les dispositions (articles
R. 3262-8 et R. 3262-10 du Code du travail). Les premières
estimations mettent en évidence l’efficacité de ces mesures :
de juin à octobre les dépenses en titres restaurant ont atteint
400 M€, soit 80 M€ par mois. Sur cette même période,
le panier moyen d’un repas payé dans un restaurant par titre
restaurant a augmenté de 14 € à 21 €.
Le deuxième confinement et une nouvelle fermeture
des établissements militaient pour une prolongation
de ces mesures incitatives au-delà du 31 décembre 2020 afin
de maintenir une utilisation facilitée des titres-restaurant.
Le décret du 2 février 2021 prolonge les mesures de doublement du plafond et d’utilisation le week-end et les jours
fériés. De plus, il étend la période d’utilisation, auprès
de l’ensemble des établissements susceptibles de les percevoir (restaurateurs, hôtels-restaurants et débits de boissons
assimilés et autres assimilés), des titres restaurant du millésime
2020 également jusqu’au 31 août 2021. Il s’agit d’une souplesse
donnée aux salariés qui, s’ils ont d’ores et déjà la possibilité
d’en demander l’échange pour des titres restaurant du millésime suivant, doivent respecter un cadre formel dans un délai
de 15 jours suivant la date d’expiration des titres.
Régulation et concurrence 27
RÉGULATION
ET CONCURRENCE
Préserver un équilibre dans les relations
entre entreprises, au bénéfice de
la compétitivité des filières économiques,
de l’emploi et du pouvoir d’achat ;
rechercher et sanctionner ententes et
abus de position dominante permettant
à leurs auteurs d’obtenir un profit illicite
au détriment des autres entreprises,
des consommateurs et des contribuables.
Équilibre et transparence
des relations commerciales
(pratiques restrictives
de concurrence)
Les acteurs économiques peuvent organiser librement leurs
relations contractuelles. Cependant, en cas de rapport
de forces déséquilibré entre deux entreprises, le droit
des pratiques commerciales restrictives de concurrence (PCR)
permet au ministre de l’Économie d’agir en justice afin de faire
sanctionner par le juge les pratiques ou clauses contractuelles
portant atteinte à la loyauté des relations commerciales.
Ce pouvoir particulier d’intervention dans les relations
contractuelles entre acteurs privés assure le maintien effectif
de relations commerciales aussi transparentes et loyales que
possible entre fournisseurs et distributeurs, ou entre donneurs
d’ordres et sous-traitants.
L’action du ministre vise à protéger le bon fonctionnement
du marché ; des relations équilibrées entre les entreprises
permettent une meilleure répartition de la valeur ajoutée,
favorisent l’investissement et l’innovation chez les fournisseurs
et transformateurs et stimulent la diversification de l’offre
dans l’intérêt du distributeur et in fine du consommateur.
Les agents de la DGCCRF ont effectué 14 600 actions
de contrôle en 2020 auprès de 10493 établissements concernant l’équilibre et la transparence des relations commerciales.
Ces contrôles ont été fortement affectés par le premier
confinement intervenu au printemps 2020.
Cependant, la DGCCRF a été comme chaque année fortement mobilisée pour assurer le suivi des relations commerciales entre les fournisseurs et les distributeurs, tant durant les
négociations commerciales (de décembre 2019 à mars 2020)
que postérieurement à celles-ci.
Les relations commerciales ont été particulièrement
impactées par la crise sanitaire liée au COVID-19, notamment lors du confinement de mars-avril 2020. La chaîne
agroalimentaire a connu des difficultés tant économiques que logistiques. Les services de contrôle de
la DGCCRF ont été particulièrement vigilants durant cette
crise sanitaire pour vérifier que les opérateurs n’adoptent pas
de comportements abusifs.
La DGCCRF vérifie en outre le respect du dispositif issu
de la loi EGAlim (ordonnance du 12 décembre 2018 reconduite jusqu’au 15 avril 2023 par la loi dite ASAP), c’est-à-dire
le relèvement du seuil de revente à perte de 10 %, ainsi que
l’encadrement des promotions en volume à 25 % et en valeur
à 34 %.
Les contrôles concernant le respect du plafonnement
des promotions en volume à 25 % ont pu être réalisés pour
la première fois en 2020. En effet, la loi impose aux fournisseurs et aux distributeurs de s’assurer que la valeur à l’achat
des produits revendus en promotion ne dépasse pas 25 % du
chiffre d’affaires ou du volume prévisionnel stipulé au contrat.
Cette disposition s’applique pour la première fois aux contrats
signés en 2019, qui avaient vocation à s’appliquer jusqu’au
1er mars 2020, date butoir de signature des contrats cadres
annuels. Dès lors, les contrôles concernant l’encadrement
des promotions en volume ne pouvaient être menés qu’à
compter de mars 2020.
Le Gouvernement a remis au Parlement un premier rapport
d’évaluation du dispositif EGAlim le 29 septembre 2020. Ce
rapport s’appuie sur l’analyse de deux experts indépendants
et sur les résultats des contrôles menés par la DGCCRF. Il en
ressort que les mesures relatives à la revalorisation du seuil
de revente à perte de 10 % et à l’encadrement des promotions
semblent avoir mis un terme à la baisse des prix des produits
alimentaires, sans pour autant créer l’inflation redoutée.
En 2021, priorité sera donnée aux relations commerciales dans
la filière agroalimentaire et au contrôle du respect des règles
confirmées par la loi d’accélération et de simplification
de l’action publique, dite ASAP, du 7 décembre 2020: interdiction de la déduction d’office de pénalités logistiques, en
particulier lorsqu’elles sont abusives, respect du formalisme
contractuel pour les sommes versées aux centrales internationales par les fournisseurs, encadrement des promotions
en valeur et en volume.
28 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
UN MEILLEUR RESPECT
DE L’ENCADREMENT
DES PROMOTIONS EN VALEUR
Comme en 2019, la DGCCRF a mené en 2020 une enquête
visant à vérifier le respect, par les opérateurs, de l’encadrement des promotions en valeur sur les denrées alimentaires et les aliments pour animaux de compagnie, issu de la
loi EGAlim.
Dans le cadre de son enquête, mise en œuvre principalement dans les magasins de la grande distribution, la DGCCRF
a réalisé 2 994 contrôles dans 2 759 établissements, dont
269 étaient en anomalie sur l’encadrement des promotions.
Les anomalies constatées, consistant principalement dans
l’annonce d’un taux de réduction supérieur à 34 %, ont donné
lieu à 233 avertissements. Le taux d’anomalie constaté est
ainsi en baisse par rapport à 2019, ce qui confirme que les
enseignes semblent avoir largement pris en compte les dispositions de l’ordonnance et reportent leurs opérations promotionnelles sur des produits non alimentaires ou sur des offres
qui n’entrent pas dans le champ d’application de l’encadrement en valeur.
Les manquements constatés désormais sont le plus souvent
liés à des opérations promotionnelles mises en place localement, sans publicité hors du lieu de vente, notamment
sur des produits à date de durabilité minimale courte. Des
manquements ont également été constatés sur des opérations promotionnelles plus complexes, mises en œuvre au
niveau national par certaines enseignes, visant à contourner
la législation existante.
Sur l’année 2020, 10 amendes ont été notifiées pour un
montant total de 38 880 €. Plusieurs autres procédures
de sanctions administratives enclenchées en 2020 devraient
aboutir en 2021, dont notamment une pré-amende pour un
total de 425000 € contre une enseigne pour une opération
promotionnelle nationale, avec cagnottage affecté différé,
non conforme à la législation.
La DGCCRF contribue à l’élaboration
des recommandations rendues par la Commission
d’examen des pratiques commerciales
En 2020, la CEPC a rendu deux recommandations
importantes :
− recommandation n° 20-01 de la CEPC du 10 juillet 2020 relative aux effets de la crise sanitaire
de la COVID-19 sur les contrats conclus par la
grande distribution à dominante alimentaire avec ses
fournisseurs ;
− recommandation n°20-2 du 17 décembre 2020 relative
à un guide de bonnes pratiques en matière de contrats
portant sur des produits à marque de distributeur
(MDD).
CONTRÔLE DU RESPECT DES CONTRATS
CONCLUS À L’AMONT DES FILIÈRES
AGRICOLES, UNE APPLICATION
INÉGALE DES DISPOSITIONS ISSUES
DE LA LOI EGALIM
La loi EGAlim a instauré notamment le principe de la contractualisation dite inversée, c’est-à-dire à l’initiative du producteur, et la prise en compte des coûts de production dans la
construction des prix. Les grandes tendances qui se dégagent
de l’ensemble des investigations réalisées en 2019 et en
2020 sont les suivantes :
− pour la filière lait de de vache: les organisations de producteurs (OP) laitières sont à l’origine de propositions
de contrats qui prennent en compte les différentes familles
d’indicateurs prévus par la loi. Les désaccords, quand ils
existent, portent principalement sur le choix et la pondération des différentes familles d’indicateurs et montrent
que le rapport de force déséquilibré persiste entre les OP
et certains industriels ;
− pour la filière viande bovine : les contrôles réalisés
démontrent que les dispositions de la loi EGAlim ne sont pas
toujours appliquées pour plusieurs raisons parmi lesquelles
le retard pris dans la publication des indicateurs et les
difficultés à construire les formules de révision de prix et
à pondérer les familles d’indicateurs ;
Régulation et concurrence 29
− pour la filière blé dur: la référence aux indicateurs de coûts
de production apparaît formelle, car le prix se forme essentiellement en référence aux cotations internationales.
Les filières du lait de chèvre, du porc, de la viande ovine et
des fruits et légumes transformés font également l’objet d’une
attention particulière de la DGCCRF.
Bilan des sanctions
prononcées
DES SANCTIONS ADMINISTRATIVES
PRONONCÉES POUR SIGNATURE
TARDIVE DES CONVENTIONS
ANNUELLES
Sanction de trois distributeurs
Le Code de commerce prévoit que dans les relations
entre fournisseurs et distributeurs, le contrat doit être
écrit et comporter des mentions obligatoires assurant
la transparence de la relation commerciale et sa prévisibilité pour les parties (par exemple, les barèmes de prix,
réductions de prix, services de coopération commerciale).
Ces conventions doivent être signées au plus tard
le 1er mars de l’année pendant laquelle elles prennent effet. Il
s’agit ainsi d’éviter une renégociation permanente entre les
parties.
Les contrôles ayant révélé des manquements à leur obligation de signature des conventions conclues avec leurs fournisseurs au plus tard le 1er mars de l’année de leur application,
des amendes ont été prononcées à l’égard des distributeurs
suivants :
−211 000 € à ITM Alimentaire international (31 manquements);
−1 140 000 € à COOPERATIVE U enseigne (140 manquements);
−2 931 000 € à INTERDIS (CARREFOUR) (157 manquements).
Sanction de la centrale internationale EURELEC
EURELEC est une centrale d’achat européenne détenue
conjointement par E. LECLERC et par le distributeur allemand,
REWE. La conclusion d’un contrat avec cette centrale est un
passage obligé pour permettre à certains gros fournisseurs
français de vendre leurs produits aux consommateurs français.
Dès lors que le contrat conclu entre EURELEC et le fournisseur
français a pour objet l’achat de produits qui seront revendus
dans les magasins E. LECLERC en France, la DGCCRF a estimé
que les règles de transparence contractuelle prévues par
le Code de commerce étaient applicables.
Une amende administrative de 6340000 € a été prononcée
à l’encontre d’EURELEC TRADING SCRL en septembre
2020 pour 21 manquements à son obligation de signature
des conventions conclues avec ses fournisseurs français au
plus tard le 1er mars de l’année de leur application, ces conventions ayant été signées en retard alors que les fournisseurs
concernés avaient respecté leur obligation d’envoyer leurs
conditions générales de vente au distributeur au plus tard
le 1edécembre.
Le montant de l’amende a été déterminé en fonction du
chiffre d’affaires prévisionnel stipulé dans la convention
signée avec retard et du nombre de jours de retards constaté
par rapport à la date butoir du 1er mars, montant plafonné à
375000 € par manquement.
Les sanctions prononcées en février 2020 portant sur les
conventions signées en 2019 ont été dissuasives puisqu’à
quelques exceptions près, toutes les conventions conclues
au titre de l’année 2020 ont été signées dans le respect de la
date butoir du 1er mars. Ces sanctions sont publiées sur le site
internet de la DGCCRF pour une durée d’un an.
Condamnation d’INTERMARCHE pour non-respect
du prix convenu dans les conventions annuelles
conclues avec quatre de ses fournisseurs
Une enquête menée à la suite de plusieurs signalements a
conduit à une assignation de l’enseigne INTERMARCHÉ pour
ne pas avoir respecté les prix convenus dans la convention
annuelle conclue en 2013 avec quatre de ses fournisseurs. En
pratique, l’enseigne adressait à ses fournisseurs des « notes
de débit », c’est-à-dire des déductions d’office sur leurs
factures, afin de revenir aux tarifs de l’année antérieure.
Par jugement du 2 juin 2020, le tribunal de commerce de Paris
a condamné INTERMARCHE pour cette pratique à une
amende civile de 300000 € sur le fondement du déséquilibre
significatif (article L. 442-1 du Code de commerce). L’enseigne
a également été condamnée à cesser ces pratiques pour
l’avenir.
Le tribunal a tout d’abord rappelé que les accords tarifaires
négociés dans la convention unique avaient une valeur
contractuelle. En conséquence, INTERMARCHE commettait
une faute en refusant d’appliquer ces nouveaux tarifs. Cette
faute était de nature à créer un déséquilibre significatif entre
30 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
les droits et obligations des entreprises partenaires, compte
tenu du poids de l’enseigne INTERMARCHE sur le marché de la
grande distribution en France et donc, implicitement, son
caractère incontournable pour les fournisseurs.
De manière générale, le tribunal a ainsi validé le raisonnement selon lequel la pratique consistant à ne pas respecter
les obligations prévues dans la convention unique peut être
appréhendée sous l’angle du déséquilibre significatif. Ce
jugement n’est pas définitif.
DES DÉCISIONS DE CONDAMNATIONS
DE CLAUSES CONTRACTUELLES
TRADUISANT UN DÉSÉQUILIBRE
SIGNIFICATIF
La Cour de cassation confirme l’illicéité
des clauses contractuelles d’EXPEDIA ainsi que
la qualification de loi de police de l’article L. 442-1
du Code de commerce (arrêt du 8 juillet 2020)
Le groupe EXPEDIA exploite plusieurs sites internet qui
proposent aux internautes de réserver, via leurs moteurs
de recherche, des hébergements dans des hôtels en France
et à l’étranger. En février 2011, après une enquête de la
DGCCRF, le ministre chargé de l’économie avait assigné cinq
sociétés du groupe. Par un arrêt du 8 juillet 2020, la Cour
de cassation a partiellement validé l’analyse précédemment rendue dans cette affaire par la cour d’appel de Paris
(CA Paris, 21 juin 2017, n° 15-18784). Elle a d’abord confirmé
l’illicéité de la clause de parité tarifaire (contraignant l’hôtelier à ne pas pratiquer hors des sites d’EXPEDIA des tarifs
inférieurs) et de la clause dite « de la dernière chambre disponible » (obligeant l’hôtelier à réserver à EXPEDIA sa dernière
chambre) et les a annulées sur le fondement de l’interdiction des clauses d’alignement automatique sur les conditions
les plus favorables (ancien article L. 442-6 II d, désormais
article L.442-3 b). Toutefois, jugeant que la Cour d’appel avait
mal interprété la clause « de la dernière chambre disponible »,
elle a cassé l’arrêt uniquement sur ce point.
À l’occasion de cette affaire, la Cour de cassation a également
confirmé l’analyse de la Cour d’appel, selon laquelle les dispositions de l’article L.442-6, I, 2° (devenu article L.442-1) du
Code de commerce constituent des lois de police. En effet,
elles prévoient des dispositions impératives dont le respect
est jugé crucial pour la préservation d’une certaine égalité
des armes et de la loyauté entre partenaires économiques
et qui s’avèrent donc indispensables pour l’organisation
économique et sociale. Leur application s’impose donc au
juge saisi, sans qu’il soit besoin de rechercher la règle de conflit
de lois conduisant à la détermination de la loi applicable.
Jugement rendu par le tribunal de commerce de Paris
le 13 octobre 2020 dans le dossier SUBWAY
Les sociétés du groupe SUBWAY (Subway International B.V
et Subway Realty Of France) ont été condamnées à cesser
leurs pratiques déloyales envers leurs franchisés et au
paiement d’une amende civile de 500 000 €. Par jugement
du 13 octobre 2020, le tribunal a jugé que la combinaison
de plusieurs clauses du contrat de franchise des sociétés du
groupe SUBWAY, imposées aux franchisés, caractérisait un
déséquilibre significatif.
Les clauses contractuelles concernées portaient notamment
sur la durée du contrat (20 ans), sa résiliation et son expiration,
les questions de droit applicable, de langue de rédaction du
contrat, d’horaires d’ouverture (98 h par semaine), ou encore
l’obligation pour les franchisés, en cas de litige, de recourir, à
leurs frais, à une procédure d’arbitrage à New-York soumise
au droit néerlandais.
Cette décision rappelle la nécessité de respecter la loyauté
et l’équilibre des relations commerciales dans tout secteur, y
compris celui de la franchise, même si l’existence d’un savoirfaire à valoriser et à protéger implique dans une certaine
mesure un déséquilibre entre franchiseur et franchisés. Le
tribunal a considéré que le déséquilibre significatif était
en l’espèce caractérisé puisque les clauses illicites ont été
imposées aux franchisés sans aucune contrepartie et que ce
déséquilibre significatif n’était pas « nécessaire à la cohérence
et à l’homogénéité du réseau qui serait gage du succès du
propre investissement du franchisé ».
La décision rendue par le tribunal de commerce de Paris a fait
l’objet d’un appel le 21 janvier 2021.
Régulation et concurrence 31
LUTTE CONTRE LES RETARDS
DE PAIEMENT
Les délais de paiement ont un impact direct sur la trésorerie
des entreprises. Ils peuvent en effet accentuer la fragilité
de certaines entreprises et être à l’origine de défaillances
pour celles qui les subissent. Ils créent par ailleurs un risque
de contagion des difficultés de trésorerie entre entreprises :
lorsque les entreprises ne sont pas en capacité financière
d’assumer les retards de leurs clients, elles ont tendance à
les reporter sur leurs fournisseurs.
Le respect des délais de paiement est donc à la fois capital
pour la trésorerie des entreprises et pour le bon fonctionnement de l’économie en général.
En 2020, la DGCCRF a contrôlé plus de 900 établissements dans
le cadre de ses enquêtes sur le respect des délais de paiement
dont 35 entreprises publiques et 278 entreprises ayant bénéficié
d’un prêt garanti par l’État. Cette orientation des contrôles
a été décidée afin de vérifier que l’aide apportée par l’État
aux entreprises ne se traduisait pas par la constitution d’une
trésorerie au détriment des fournisseurs de ces entreprises.
Au terme de l’ensemble de ces contrôles, il a été constaté que
près de 30 % des entreprises payaient des factures au-delà
des délais légaux et qu’à l’inverse, 70 % des entreprises
payaient leurs factures dans les délais. Les manquements
constatés ont donné lieu, pour 40 % à des avertissements,
pour 20 % à des injonctions – suites dites pédagogiques et
correctives –, et pour 40 % à des procédures d’amende administrative. 182 procédures d’amende administrative représentant au total plus de 29,9 M€ ont ainsi été lancées en
2020, dont 91 décisions de sanction notifiées aux entreprises contrôlées représentant un montant total d’amendes
près de 9,4 M€, et 91 procédures de sanction en cours représentant un montant non encore définitif de plus de 20,5 M€.
Depuis 2014 (date de leur création), 1375 amendes administratives ont ainsi été notifiées, représentant au total près
de 91,3 M€.
PARTICIPATION DE LA DGCCRF
AU COMITÉ DE CRISE SUR LES DÉLAIS
DE PAIEMENT
La DGCCRF participe, aux côtés de fédérations d’entreprises
et de chambres consulaires, au comité de crise sur les délais
de paiement. Co-animé par le médiateur des entreprises et
le médiateur du crédit, ce comité a été mis en place le 23 mars
2020 pour répondre aux situations difficiles et désamorcer
toute tendance à l’arrêt ou au report des paiements. Ses
missions consistent, d’une part, à mettre un terme aux
situations d’allongement des délais de paiement par l’engagement des représentants des entreprises concernées et,
d’autre part, à valoriser les entreprises réduisant leurs délais
de paiement par solidarité économique. L’action du comité
de crise complète ainsi utilement celles de la DGCCRF et
de la Médiation des Entreprises dans la lutte contre les retards
de paiement.
Lutte contre les pratiques
anticoncurrentielles
Veiller au respect de la règlementation, c’est aussi offrir aux
entreprises un environnement équitable pour leur développement. Si les ententes conduisent généralement à des hausses
de prix injustifiées et à l’exclusion d’entreprises performantes
d’un marché, le tissu économique local est également affecté
dans la mesure où une entente anticoncurrentielle n’incite
pas les entreprises à innover et à accroître leur efficacité.
Les conséquences impactent ainsi non seulement l’économie, mais aussi plus généralement l’emploi et l’intérêt
des consommateurs.
La DGCCRF contribue à la détection des indices de pratiques
anticoncurrentielles (PAC) en mobilisant son réseau territorial. Elle s’appuie à cette fin sur ses structures déconcentrées,
en métropole et en Outre-mer, qui constituent des points
d’information et de contact avec le tissu économique local,
de sorte qu’un nombre très important d’indices de pratiques
anticoncurrentielles émane du réseau de la DGCCRF qui
enquête pour instruire les indices ainsi décelés.
Si l’Autorité de la concurrence ne prend pas l’indice en
charge, la DGCCRF réalise elle-même l’enquête. L’Autorité
de la concurrence peut ensuite se saisir d’office des résultats
de cette enquête. En 2020, sur les 23 décisions de sanctions
de pratiques anticoncurrentielles rendues par l’Autorité, 8 ont
été prises sur la base d’investigations menées par la DGCCRF.
32 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
(GHT) responsables de la mutualisation des achats. Cette
nouvelle enquête a permis de définitivement statuer sur les
indices précédemment reçus dont près de la moitié ont été
transmis à l’Autorité de la concurrence, ainsi que de dégager
6 nouveaux indices qui seront également adressés à l’Autorité.
Ces indices portent principalement sur des achats de dispositifs médicaux. Deux indices concernent des pratiques
anticoncurrentielles relatives à des marchés de médicaments.
Surveillance des pratiques anticoncurrentielles dans la
commande publique
La commande publique représente environ 8 % du PIB national
pour un montant estimé à 200 Mds€. Elle est un point d’attention pour la DGCCRF dans la mesure où les acheteurs publics
peuvent être victimes de sociétés cherchant à manipuler
les offres lors des procédures de mise en concurrence. Il
s’agit essentiellement d’ententes par lesquelles des sociétés
décident de l’entreprise qui fera l’offre la mieux-disante
(accords ou pratiques concertées), ou qui ne présentera pas
d’offres ou d’en présenter chacune à leur tour en fonction du
nombre ou de la valeur des contrats. Il peut également s’agir
d’échanges d’information sensibles entre opérateurs avant la
remise des offres à l’acheteur. Ces manœuvres sont à l’origine
d’un surcoût significatif pour l’acheteur par rapport à une
situation où la concurrence aurait été réelle.
Particulièrement dans le contexte du plan de relance,
la DGCCRF est le partenaire local des acheteurs publics
régionaux et départementaux pour leur rappeler l’importance de l’enjeu concurrence dans les marchés publics ;
la surveillance des pratiques anticoncurrentielles dans
la commande publique constitue une part importante
des sources d’indices et d’enquêtes pour la DGCCRF (environ
25 %).
Sanction des champagnes Feuillatte en Outre-mer
À la suite d’un rapport transmis par la DGCCRF, l’Autorité a
prononcé le 29 octobre 2020 des sanctions d’un montant
total de 642 800 € à l’encontre du centre vinicole Champagne
Nicolas Feuillatte, d’une part, et des importateurs Financière
Martin et Distillerie Dillon, d’autre part. Il était reproché à
ces entreprises d’avoir respectivement accordé et bénéficié
de droits exclusifs d’importation sur les champagnes
Nicolas Feuillatte et Palmes d’Or sur les îles de Saint-Martin,
Saint-Barthélemy et en Martinique, après le 22 mars 2013.
Or, la loi relative à la régulation économique Outre-mer a
interdit, à compter de cette date, les accords ou pratiques
concertées ayant pour objet ou pour effet d’accorder
des droits exclusifs d’importation non justifiés dans les
collectivités d’Outre-mer.
Les enquêtes de la DGCCRF alimentent ainsi l’Autorité de la
concurrence lui permettant souvent de se concentrer sur la
sanction des pratiques abusives de plus grande ampleur. Dans
les autres cas, la DGCCRF met en œuvre le pouvoir d’injonction et de transaction conféré au ministre de l’Économie pour
le règlement des pratiques anticoncurrentielles locales. En
2020, elle a rendu 2 décisions d’injonctions et 2 décisions
d’injonctions/transactions, publiées sur son site internet (pour
un montant total de 15040 €).
Dans le cadre de sa mission de lutte contre les PAC, la
DGCCRF assure notamment une surveillance des marchés
publics, afin d’éviter la tromperie des acheteurs publics,
de préserver les intérêts des contribuables et de veiller au
maintien d’une concurrence loyale entre les entreprises.
La DGCCRF accomplit également un travail important
de prévention et de pédagogie auprès des opérateurs économiques autour du respect des règles de concurrence. Cette
démarche cible notamment les TPE/PME, les entreprises
du BTP, qui interviennent dans les appels d’offres publics
et privés, et les organisations et ordres professionnels.
DES RECHERCHES ACTIVES D’INDICES
POUR IDENTIFIER LES PRATIQUES
ANTICONCURRENTIELLES
En 2020, 96 indices de pratiques anticoncurrentielles ont été
transmis à l’Autorité de la concurrence.
Les agents de la DGCCRF ont établi 48 rapports d’enquête
dont les constats ont conduit à caractériser des PAC dans
8 dossiers.
L’Autorité de la concurrence s’est autosaisie de 10 indices
et 2 rapports.
Exemples d’enquêtes
Optimiser les dépenses dans les achats hospitaliers
Dans le cadre des achats publics de médicaments et de dispositifs médicaux, qui représentent un poids financier majeur
dans le budget des établissements hospitaliers, la DGCCRF a
pour mission de vérifier le respect des règles de concurrence,
notamment pour éviter des surcoûts aux acheteurs publics.
Afin d’approfondir et de conforter au niveau national la
vingtaine d’indices de pratiques anticoncurrentielles constatées lors d’une première enquête réalisée en 2018, de nouvelles
investigations ont été menées de la fin 2019 jusqu’en
2020 auprès des groupements hospitaliers de territoire
Régulation et concurrence 33
L’exclusivité d’importation s’est prolongée jusqu’à fin juin
2016, les entreprises concernées s’étant entendues pour
la maintenir dans les faits au-delà de la date d’expiration
du contrat de distribution collective qui les liait. Nicolas
Feuillatte, en accord avec Distillerie Dillon, a en effet opposé
des refus de vente à des distributeurs martiniquais qui ne
travaillaient pas avec la société Distillerie Dillon et mis en
place un système permettant d’identifier, et ainsi de limiter,
les importations de champagnes Nicolas Feuillatte provenant d’importateurs-grossistes concurrents. Cette décision
n° 20-D-16 fait l’objet d’un recours devant la Cour d’appel
de Paris.
Publication des lignes directrices du droit
de la concurrence dans le secteur agricole
La DGCCRF a mis en ligne sur son site internet des lignes
directrices sur l’application des règles de concurrence au
secteur agricole. La structuration des filières agricoles
autour d’organisations et d’associations de producteurs,
ainsi que d’organisations interprofessionnelles, est un
levier pour rééquilibrer les négociations commerciales.
La règlementation européenne a récemment évolué
de façon à corriger le déséquilibre structurel entre
l’amont agricole très fragmenté et l’aval fortement
concentré. Ainsi, les producteurs agricoles peuvent, dans
le cadre d’organisations et d’associations de producteurs
reconnues et à certaines conditions, négocier collectivement les contrats. Les organisations interprofessionnelles
reconnues, quant à elles, ont un rôle important à jouer
puisqu’elles peuvent fournir des outils de négociation à
leurs membres.
Dans le prolongement de l’avis n° 18-A-04 rendu
le 3 mai 2018 par l’Autorité de la Concurrence à la
demande du ministre de l’Economie, la DGCCRF a
élaboré un guide destiné à fournir aux producteurs
agricoles un support pédagogique leur permettant
de s’approprier l’étendue des possibilités d’actions qui
leurs sont offertes par les textes. Ce guide constitue
un outil d’accompagnement à l’application de la loi
EGAlim du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations
commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et
une alimentation saine, durable et accessible à tous.
Ce guide est également destiné à sécuriser la mise en
œuvre des plans de filières élaborés par les organisations
interprofessionnelles.
L’AdlC se concentre sur les
dossiers prioritaires en termes
d’enjeux économiques pour le bon
fonctionnement de l’économie.
Pour les affaires de portée locale,
la DGCCRF peut mettre en œuvre
une procédure d’injonction et de
transaction.
DÉTECTE
LES INDICES DE PAC
ET LES TRANSMET À L’AdlC
grâce à son réseau d’enquêteurs
répartis sur tout le territoire
LE PARTAGE DES COMPÉTENCES ENTRE L’AUTORITÉ
DE LA CONCURRENCE (AdlC) ET LA DGCCRF EN
MATIÈRE DE PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
ENQUÊTE SUR LES INDICES
DONT L’AdlC NE S’EST PAS SAISIE ET
LUI TRANSMET SES RAPPORTS
TRAITE LES DOSSIERS LOCAUX
en utilisant la procédure
de transaction / injonction
ASSISTE L’AdlC
pour réaliser des opérations de visite et
saisie (Art L.450-6 du Code de commerce)
PRÉSENTE LES POSITIONS DU
GOUVERNEMENT DANS LES
PROCÉDURES DONT EST SAISIE L’AdlC
DGCCRF AdlC
RÉALISE DES ENQUÊTES
PRONONCE DES INJONCTIONS
(mesures correctives)
ou des mesures d’urgence contre des
entreprises accusées de pratiques
anticoncurrentielles
INFLIGE DES SANCTIONS
PÉCUNIAIRES
aux entreprises coupables
de pratiques anticoncurrentielles
(article L 464-2 du Code de commerce)
Sécurité du consommateur 35
SÉCURITÉ DU
CONSOMMATEUR
Veiller à la sécurité des produits
de consommation pour protéger les
consommateurs, en participant à
l’élaboration de la réglementation
et en contrôlant son application.
La DGCCRF intervient sur tous les produits, alimentaires et
industriels, et à tous les niveaux des filières (production, importation, distribution) ainsi que sur les services. Cette action
de veille et de contrôle permet également de lutter contre
les fraudes économiques, préjudiciables aux consommateurs
et susceptibles de fragiliser des filières professionnelles. En
effet, une fraude relative à la sécurité d’un produit, qu’il
soit alimentaire ou industriel, a potentiellement un impact
économique sur l’ensemble du secteur d’activité concerné: les
gains illicites obtenus confèrent à son auteur un avantage indu
vis-à-vis des entreprises respectueuses des règles et portent
ainsi atteinte à la concurrence.
Gestion des alertes
Produits non alimentaire
649 alertes
587 alertes ayant une origine nationale dont 14 % ont
concerné d’autres États membres de l’Union européenne.
Principaux types de produits en cause:
−Jeu/jouet
−Biocides
− Accessoire électrique
Catégories de risques
−Suffocation
− Choc électrique
−Substance toxique / chimique
Produits alimentaires
1256 alertes
1 119 alertes ayant une origine nationale dont 10 % ont
concerné d’autres États membres de l’Union européenne.
Principaux types de produits en cause:
− Céréales
−Produits de boulangerie
−Produits dérivés des céréales: farine, riz, pâtes alimentaires…
Catégories de risques
− Contaminants chimiques
− Corps étrangers
− Contaminants microbien
La DGCCRF mène des enquêtes et réalise des actions
de contrôle sur les produits de consommation alimentaires
et non alimentaires. Elle gère les situations d’alerte et de crise
en cas de doute sur la sécurité d’un produit ou de risque
avéré pour les consommateurs et s’appuie sur un réseau
de laboratoires qui effectuent des analyses des produits
suspectés de présenter un risque pour la santé ou la sécurité
des particuliers.
Rattachée au cabinet de la directrice générale, l’Unité d’alerte
(UA) coordonne les mesures à prendre pour faire cesser les
dangers signalés sur des produits de consommation (alimentaires ou non alimentaires) et protéger les consommateurs
(mesures de retrait du marché et de rappel des produits,
actions d’information…). Elle s’assure de la réactivité et de la
cohérence de l’action de l’État et intervient en lien étroit avec
les services déconcentrés, les autres ministères concernés
(Agriculture et Santé notamment) et les instances nationales
et européennes d’évaluation et de gestion des risques.
En 2020, l’Unité d’alerte a géré 1905 alertes, dont 1 126 ont
fait l’objet d’un rappel auprès des consommateurs, et émis
169 enregistrements sur les réseaux d’alertes européens,
permettant d’informer les autorités de protection des
consommateurs des autres États-membres.
Gestion de l’alerte sanitaire européenne
sur le sésame
Le 9 septembre 2020, la DGCCRF a été alertée par les
autorités belges via le système européen d’alerte RASFF15 de la
présence d’oxyde d’éthylène dans des graines de sésame en
provenance d’Inde. Les résultats d’analyses donnaient un
dépassement très important de la limite maximale réglementaire (LMR) fixée pour cette substance sur les graines
de sésame à 0,05 mg/kg. L’oxyde d’éthylène est classé cancérogène, mutagène et reprotoxique, il est interdit dans l’Union
européenne. Un nombre important de produits et d’opérateurs étaient concernés dans plusieurs États-membres qui
se sont donc rapidement concertés pour décider des suites.
Conformément aux mesures de gestion harmonisées décidées
au niveau européen, la DGCCRF a procédé au rappel et au
retrait des graines de sésame contaminées et des produits
transformés en contenant.
15. Rapid Alert System for Food and Feed.
36 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Au 31 décembre 2020, on comptait ainsi 821 produits rappelés,
5 884 établissements contrôlés et 170 anomalies (3 %).
Sur la période de septembre à décembre, 892 fiches alertes
pour des produits alimentaires auront ainsi été gérées par la
DGCCRF contre 280 sur la même période en 2019, soit une
augmentation de 218 %.
Cette alerte de très grande ampleur aura fortement mobilisé
la DGCCRF pendant la fin d’année 2020. La gestion de cette
alerte se poursuit en 2021.
Le savoir-faire du SCL
Un rapide recensement des laboratoires au niveau
français et européens a montré un déficit en capacité
de laboratoires pouvant rechercher cette molécule.
Dès lors et afin de répondre au plan de contrôle mis en
place par la DGCCRF, le SCL a défini une méthode analytique. Devant l’urgence et l’importance du volume
de produits potentiellement contaminés et fort de son
expérience sur des dosages de molécules similaires,
le laboratoire a développé en moins d’un mois le dosage
de l’oxyde d’éthylène sur les graines de sésame. Les
premiers essais sur des graines de sésame prélevées ont
révélé la présence de cette molécule à des teneurs allant
de 0,5 mg/kg à 15 mg/kg.
Révision des guides de gestion des alertes
alimentaires et non alimentaires
Dans son rapport concernant l’amélioration de l’efficacité
des procédures de retrait-rappel des produits de consommation courante, le Conseil national de la consommation
(CNC) a préconisé la révision du guide de gestion des alertes
alimentaires de 2009 et la création d’un « Guide de gestion
des alertes non alimentaires » afin d’améliorer l’efficacité
des procédures de retrait-rappel des produits industriels. Ces
guides doivent permettre aux professionnels d’identifier les
différentes étapes dans la gestion d’une alerte concernant un
produit dangereux, du signalement aux autorités de surveillance du marché jusqu’à l’information des consommateurs.
L’année 2020 aura ainsi permis de concrétiser ces travaux
en réunissant les différentes administrations en charge
de ces thématiques : DGCCRF, Direction générale de l’alimentation (DGAL), Direction générale de la santé (DGS) pour
le guide alimentaire et DGCCRF, Direction générale de l’énergie
et du climat (DGEC), Direction générale de la prévention
des risques (DGPR) pour le guide non alimentaire. Dans
le cadre de la révision du guide de gestion des alertes alimentaires, une consultation en ligne a été organisée durant l’été
2020 afin de recueillir les suggestions des représentants
des professionnels et des associations de consommateurs.
Les deux guides sont désormais en cours de finalisation et
seront publiés début 2021.
La préparation d’un site unique d’information
sur les rappels de produits
À la suite de la crise sanitaire du lait infantile contaminé
« Lactalis », le Parlement et le Conseil national de la consommation (CNC) ont appelé les pouvoirs publics à créer un site
unique d’information des consommateurs sur les rappels
de produits de consommation dangereux. Le ministre de l’Economie et des Finances a annoncé la création d’un tel site
lors de la présentation à la presse du rapport et de l’avis du
CNC, le 17 juillet 2018. Les lois EGAlim et PACTE, ont inséré
à cet effet dans le Code de la consommation, ainsi que dans
le Code rural et de la pêche maritime, l’obligation pour les
professionnels qui mettent en œuvre un rappel de produits
dangereux ou de denrées alimentaires impropres à la consommation, ainsi que d’aliments pour animaux impropres, d’en
faire la déclaration dématérialisée sur un site internet public,
mis à la disposition des professionnels par l’administration. Le site rendra publiques ces informations à l’attention
des consommateurs, en complément de l’information en
magasin ou par tout autre moyen assuré par les professionnels. L’article L. 423-3 du Code de la consommation comporte
désormais l’obligation pour les professionnels de déclarer
de manière dématérialisée les rappels de produits, de denrées
alimentaires, et d’aliments pour animaux sur un site internet
dédié, mis à disposition du public par l’administration.
Grâce à ces avancées législatives, l’année 2020 a permis
de développer le site interministériel RappelConso et
de réaliser les premières phases de test avec les représentants
des professionnels et les DD(CS)PP. Le site interministériel sera
ouvert en avril 2021, conformément aux dispositions de son
arrêté d’ouverture du 20 janvier 2021.
Sécurité du consommateur 37
Quelques enquêtes
marquantes en 2020
Certaines enquêtes sont reconduites d’année en année (jouets
ou produits cosmétiques par exemple). Cette reconduction
se justifie par la persistance de taux infractionnels élevés, un
nombre important de plaintes de consommateurs, ou encore
des risques émergents.
Une évolution de la réglementation justifiant de nouveaux
contrôles ou l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché
expliquent également la poursuite d’enquêtes sur plusieurs
années. Par ailleurs, d’autres enquêtes sont décidées tous
les ans en fonction des orientations du programme national
d’enquêtes.
PROTECTION DES ENFANTS
Recherche de nitrosamines dans les jouets, une
amélioration dans le respect de la réglementation
En 2020, la DGCCRF a participé à une action conjointe
européenne de surveillance du marché (10 États-membres)
portant sur la présence de nitrosamines et de leurs dérivés
dans les jouets destinés aux enfants de moins de trois ans ou
mis en bouche, en raison de leur caractère reconnu cancérogène. Ces substances, réglementées au niveau européen
sont présentes en particulier dans les ballons de baudruche
(pouvant alors migrer par la salive lors d’une mise en bouche)
mais aussi dans les peintures aux doigts ainsi que dans les
jouets dits « couineurs », tous deux destinés aux enfants
de moins de trois ans. Les services de la DGCCRF prélèvent ces
produits afin de vérifier si le seuil réglementaire applicable est
respecté. 29 jouets ont fait l’objet de recherche de nitrosamines et de leurs dérivés ; 20 d’entre eux ont été prélevés au
titre de cette action conjointe européenne.
Le bilan global à mi-janvier 2021 sur les 25 prélèvements
analysés pour des ballons de baudruche, peintures aux doigts
et jouets en matière élastomère (dont les jouets couineurs)
est le suivant :
−16 jouets sont conformes aux seuils réglementaires ;
−3 jouets présentent des non-conformités de marquages/
avertissements ;
−et 6 jouets (5 ballons de baudruche et 1 peinture au doigt),
soit 21 % des jouets prélevés, dépassent les seuils prévus par
la directive relative à la sécurité des jouets et sont en conséquence considérés comme non conformes et dangereux.
Pour 2018, 40 % des jouets prélevés pour la recherche de ces
substances dépassaient le seuil réglementaire. Pour 2019, ce
taux était de 34 %.
Équipements de jeux à usage familial, une action
européenne conjointe entre États-membres
Outre l’action européenne de surveillance du marché dédiée
à la recherche de nitrosamines dans les jouets, la DGCCRF
a également participé en 2020 à une action conjointe
européenne portant sur les équipements de jeux à usage
familial avec 6 autres États-membres. Pour la France, 8 produits
ont fait l’objet de prélèvements dans les catégories suivantes:
portique avec balançoire, tour de jeux avec toboggan ou
escalier et maisonnette.
Sur les 8 produits prélevés, 4 produits sont conformes,
2 produits sont non-conformes et 2 produits présentent
des non-conformités et dangerosités. Les non-conformités
simples relèvent d’anomalies de marquages (avertissements,
notice de montage…), informations toutefois essentielles en
matière de sécurité. En effet, un mauvais montage implique un
risque lors de l’utilisation du produit. Les dangerosités relevées
sont liées à des risques de strangulation (coincement de la tête
dans les structures) ou de blessures/fractures (coincement
des doigts dans les structures).
La participation de la DGCCRF à de telles actions conjointes
européennes de contrôles permet un partage des pratiques
avec les autres États-membres ainsi qu’une harmonisation des contrôles au sein de l’Union européenne. Ces
actions conjointes nécessitent un travail de coordination
des États-membres.
Pâtes à modeler, « pâtes à prout »
et slimes, des jouets sous surveillance
Ces trois catégories de jouets font l’objet d’un ciblage prioritaire, notamment en raison de la présence de substances
chimiques principalement le bore. En effet, la manipulation
répétée et prolongée de cette pâte n’est pas dénuée de risques
pour la santé. Sur les 50 produits prélevés en 2020, 10 sont
non conformes (20 %), principalement pour des problèmes
de marquage, et 6 présentent une dangerosité (12 %), dont
3 slimes avec un taux en bore dépassant les seuils réglementaires sur un total de 11 slimes prélevés. Quant aux autres prélèvements constitués de pâtes à modeler ou « pâtes à prout »,
ils présentaient des dangerosités en raison notamment de la
présence de conservateur. Malgré une légère diminution de la
présence de bore sur l’ensemble de ces catégories de produits
par rapport aux précédentes enquêtes, elle reste persistante
dans la catégorie des jouets slimes. Une surveillance accrue va
38 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
être poursuivie sur sa présence dans ces catégories de jouets
du fait de composants pouvant s’avérer toxiques.
Contrôle de la sécurité des articles de puériculture,
un fort taux de produits non conformes
La DGCCRF a mené en 2020 un plan de contrôle relatif à
la sécurité des articles de puériculture, produits visant par
nature une population sensible. Une nouvelle fois, un fort taux
de produits non-conformes et de produits dangereux est à
noter. Sur les 31 produits (baignoires, poussettes et réducteurs de lit) prélevés de façon ciblée et analysés à mi-janvier
2021, 27 sont non-conformes (87 % des produits testés) dont
4 dangereux (13 % des produits testés).
Les résultats les plus marquants concernent à ce jour les
19 baignoires et aides au bain testées, qui se sont tous révélés
non-conformes, principalement pour absence d’avertissement ou de signalétique sur le risque de noyade du bébé ou
absence de mentions sur l’obligation de vérifier la stabilité
du produit avant utilisation. Concernant les 11 poussettes
pour enfants testées, 63 % sont non-conformes, pour cause
de rupture de rivets d’assemblage, absence ou mention
incomplète de certains avertissements ou encore de précisions concernant par exemple la charge maximale. L’unique
poussette reconnue non-conforme et dangereuse présente
un risque de cisaillement et d’écrasement des doigts dû aux
parties mobiles ainsi qu’une rupture prématurée du châssis
au niveau des roues avant. Les produits non-conformes et
dangereux ont fait l’objet de mesures appropriées.
Couches pour bébés, une nette
amélioration de la qualité des produits
À la suite de l’avis de l’ANSES du 23 janvier 2019 sur la sécurité
des couches pour bébé et des engagements pris par les professionnels en février 2019 à la demande du Gouvernement, la
DGCCRF a renforcé la surveillance de ce marché. L’enquête
réalisée en 2019 et achevée début 2020 a permis d’analyser
32 références de couches pour bébés – représentatives du
marché national – et de vérifier l’absence de dépassement
des concentrations seuils définies par l’ANSES lié à l’exposition aux couches pour bébés. Ces constats ont confirmé la
nette amélioration de la qualité des références présentes sur
le marché depuis la dernière enquête réalisée en 2017. Ainsi,
à la fin de l’année 2020, 9 références pour lesquelles avait
été identifiée la nécessité de réduire davantage la présence
de certaines substances chimiques, ont été prélevées. Les
résultats des analyses ont permis de confirmer l’absence
de dépassement des seuils sanitaires, mais aussi de constater
la poursuite de l’amélioration de la qualité de ces références.
En outre, les autorités françaises ont déposé, le 9 octobre
2020, un dossier afin de faire évoluer la législation applicable
à ces produits auprès de l’Agence européenne des produits
chimiques dans le cadre du règlement (CE) n° 1907-2006
(dit « REACh ») afin de faire évoluer la législation applicable à
ces produits.
En termes d’information des consommateurs, la DGCCRF a
constaté le respect de l’engagement des professionnels sur
l’affichage de manière dématérialisée de la composition
des couches pour bébé, et, de manière générale, sur l’étiquetage des produits. Cet aspect a toutefois donné lieu à un
avertissement et à une injonction.
MATÉRIEL ÉLECTRIQUE
Les engins motorisés de mobilité urbaine,
une maîtrise encore insuffisante de la
réglementation par les professionnels
Récemment intégrés au Code de la route16, les engins de déplacement personnel motorisés (EDPM), tels que les trottinettes
électriques et les mono roues, ont connu un fort développement ces dernières années. En particulier, les trottinettes
électriques sont privilégiées par les consommateurs pour les
trajets en micro-mobilité de par leur facilité d’utilisation, et
le marché a été récemment dopé par la crise sanitaire de la
COVID-19. La DGCCRF mène régulièrement des enquêtes
sur ce secteur afin de contribuer à en améliorer la sécurité.
Ces engins ont, en effet, été à l’origine de plusieurs alertes
nationales et européennes pour des risques graves de choc
électrique et d’incendie.
L’enquête réalisée par la DGCCRF en 2019 avait permis
de contrôler près de 280 établissements, à tous les
stades de commercialisation et révélé, comme en 2018,
de nombreuses non-conformités, qu’il s’agisse des marquages
obligatoires sur les produits ou de leur documentation
technique.
En 2020, la DGCCRF a contrôlé 160 établissements commercialisant des machines et notamment des EDPM. À ce stade,
les premiers constats effectués sur les prélèvements d’EDPM
(essentiellement des trottinettes électriques) apparaissent
similaires à ceux de l’enquête de 2019. Les 3 prélèvements
analysés à mi-janvier 2021, également ciblés sur des produits
suspects, ont tous été déclarés non-conformes, dont 2 dangereux en raison d’un risque de choc électrique.
16. Au travers du décret n°2019-1082 du 23 octobre 2019 relatif à la
réglementation des engins de déplacement personnel.
Sécurité du consommateur 39
La DGCCRF, outre l’engagement de mesures correctives
(retraits, rappels) et la poursuite de ses contrôles, a récemment rappelé de nouveau aux fédérations professionnelles
concernées les obligations qui incombent aux fabricants et
aux autres acteurs de la chaine de commercialisation, afin
de garantir aux consommateurs que ces engins présentent
une sécurité satisfaisante.
Contrôle de la sécurité des matériels électriques,
encore trop de risques de choc électrique
La sécurité des matériels électriques destinés à être
utilisés par les consommateurs a donné lieu en 2020 à une
nouvelle campagne de contrôle de la DGCCRF. Celle-ci a plus
particulièrement ciblé:
− les fours à micro-ondes: ont été vérifiés la sécurité au regard
des risques de choc électrique ou de départ de feu et aussi
le niveau d’exposition humaine aux champs électromagnétiques émis par ces appareils ;
−les ventilateurs et climatiseurs : l’augmentation de la durée
et de la fréquence des périodes de chaleur incite de plus en
plus de français à s’équiper de ventilateurs ou de climatiseurs mobiles. Ces appareils sont installés notamment dans
des foyers où résident des personnes vulnérables (personnes
âgées, enfants en bas âge). Comme tout appareil électrique,
les climatiseurs mobiles et les ventilateurs présentent essentiellement des risques de choc électrique ou de départ
de feu mais s’ajoutent également des risques mécaniques
(par exemple des risques de coincement de doigt d’enfant à
travers une grille de ventilation ou de blessure par des pales
de ventilateur);
−les lampes à LED: ces lampes représentent actuellement plus
de 50 % du marché. Comme les autres produits électriques,
les lampes sont susceptibles de présenter des risques d’accident, notamment de choc électrique et d’incendie. Elles
présentent également des risques de photo-toxicité liée
à l’émission de lumière bleue et des risques de blessure si
elles se cassent.
D’autres matériels électriques, tels que des blocs d’alimentation (chargeurs, adaptateurs) ont également été prélevés dans
le cadre de cette campagne de contrôle.
À mi-janvier 2021, 345 établissements ont été visités et
62 produits ont été prélevés. Sur les 55 prélèvements analysés
à cette date, 42 produits sont non-conformes, dont 18 sont
non-conformes et dangereux. Parmi les 12 blocs d’alimentation prélevés et analysés, tous sont non-conformes et
11 d’entre eux sont non-conformes et dangereux.
SANTÉ ET COSMÉTIQUE
Nanomatériaux dans les cosmétiques,
trop de défauts d’information
Autorité de surveillance du marché des cosmétiques, la
DGCCRF veille à la loyauté et à la sécurité des produits
commercialisés en France conjointement avec l’ANSM. La
DGCCRF diligente des contrôles sur les nanomatériaux dans
les produits cosmétiques depuis 2017. Ces contrôles s’inscrivent dans une volonté d’accompagnement de la transition
écologique et de réduction des expositions aux substances
chimiques dans les produits de la vie quotidienne (cf.
stratégie européenne sur les produits chimiques, plan national
« santé-environnement »).
En 2019 et 2020, les contrôles se sont intensifiés et ont
porté tant sur l’effectivité de l’étiquetage des nanomatériaux autorisés dans la liste d’ingrédients, que sur la présence
de certains nanomatériaux non autorisés. D’importantes
défaillances des opérateurs en matière d’information sur les
ingrédients, depuis les fournisseurs de matières premières
jusqu’aux fabricants de produits finis, ont été relevées. Les
contrôles ont notamment conduit en 2020 au retrait volontaire du marché de 9 produits cosmétiques, principalement
de maquillage, dans lesquels des nanomatériaux non autorisés
avaient été identifiés.
Plusieurs injonctions de remise en conformité des étiquetages ont également été adressées, afin que les professionnels
ajoutent la mention [nano] informant le consommateur de la
présence de nanomatériaux dans les produits en contenant.
Sécurité des préservatifs, des produits
trop souvent non conformes
L’enquête, réalisée en 2019, a permis de contrôler 34 établissements – comprenant une diversité d’opérateurs présents
sur le marché français dont certains avaient été contrôlés
en 2017-2018 et pour lesquels des non-conformités avaient
été relevées –, de prélever et d’analyser 14 références. Le
taux de non-conformités des références prélevées était
de 50 %. Parmi les références non-conformes, une présentait des perforations et a fait l’objet d’un retrait/rappel, les
autres ne respectaient pas les exigences en matière d’information des consommateurs. Les contrôles documentaires font
notamment état du respect de l’obligation de signalement
dans le cadre de la matériovigilance. Des avertissements
et une injonction ont fait suite à ces constats. Des procèsverbaux pénaux ont été établis à l’encontre de 2 établissements (notamment pour tromperie à l’égard du consommateur concernant la référence non-conforme et dangereuse).
Cette enquête a été prolongée par des actions ciblées en
40 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
2020. À ce stade, deux non-conformités d’étiquetage ont été
constatées.
Cabines de bronzage, une réglementation
régulièrement renforcée
Comme chaque année, la DGCCRF contrôle le respect de la
réglementation relative aux cabines de bronzage, régulièrement renforcée compte tenu des risques importants que
cette pratique fait courir aux consommateurs. Les vérifications faites auprès de 640 établissements dans 67 départements sur le respect des règles en matière de sécurité,
d’information préalable du consommateur et d’interdiction des promotions ont révélé un taux d’anomalie toujours
élevé (40,5 %) mais en diminution. Ces résultats s’expliquent
en partie par de nombreuses fermetures d’établissements,
parmi les moins rigoureux. La DGCCRF a engagé des actions
pour faire respecter par les exploitants les dispositions légales
visant à restreindre les incitations à recourir aux UV: pratiques
promotionnelles telles que tarifs dégressifs, « heures creuses »,
allégations sur les bénéfices des UV pour la santé, etc.
Plusieurs procès-verbaux infligés par la DGCCRF pour punir
les contrevenants et faire cesser ces pratiques ont fait l’objet
de contestations devant les tribunaux, en particulier au motif
que ces dispositions seraient contraires à la Constitution.
À ce jour, toutes ces contestations ont été rejetées et la validité
des procédures enclenchées par l’administration confirmées.
Ainsi et à titre d’exemple, un établissement appartenant à une
grande franchise spécialisée dans le bronzage en cabine a été
condamné à une amende pénale de 10000 € et son gérant à
une amende de 5000 €. Les personnes condamnées ont fait
appel de cette décision.
Ces investigations ont été complétées cette année par la vérification du respect par les organismes accrédités de leurs obligations fixées dans la réglementation (contrôles des machines
et des établissements). Il apparaît que cinq organismes sur les
six contrôlés respectent, bien que de façon hétérogène, leurs
obligations en matière de contrôles du secteur du bronzage,
tandis que l’un d’entre eux a été suspendu provisoirement à
deux reprises de son accréditation par le COFRAC.
Dioxyde de titane, substance interdite
En application de l’article 53 de la loi EGAlim (loi
n° 2018-938) et par mesure de précaution, le ministre
de l’Économie, des Finances et de la Relance et la
ministre de la Transition écologique ont conjointement pris l’arrêté du 17 avril 2019 interdisant la mise sur
le marché en France des denrées alimentaires contenant l’additif E 171 (dioxyde de titane – TiO2) depuis
le 1er janvier 2020 et pour une durée d’un an. Des travaux
sont toujours en cours au niveau européen concernant
l’évaluation de l’innocuité de cet additif et un avis
de l’EFSA est attendu en 2021. En 2020 des contrôles
ont été réalisés par la DGCCRF pour vérifier la bonne
application de cette interdiction. Plus de 200 établissements ont été contrôlés au stade des importateurs,
fabricants, grossistes et à la distribution. Un peu plus
de 60 prélèvements ont été réalisés dont 11 présentaient des non-conformités. Si dans certains secteurs
la substitution du dioxyde de titane a été relativement
anticipée, pour certains opérateurs, notamment de plus
petite taille, la recherche d’ingrédients substitutifs s’est
avérée peu convaincante ou très coûteuse. Par mesure
de précaution, cette suspension a été reconduite à
compter du 1er janvier 2021 par l’arrêté du 21 décembre
2020, publié au Journal officiel du 23 décembre dernier.
Les contrôles de la bonne application de la prolongation de la mesure de suspension de mise sur le marché
des denrées alimentaires contenant du dioxyde de titane
sont prévus en 2021.
L’apport du Service
commun des laboratoires
(SCL)
Placé sous l’autorité conjointe de la DGCCRF et de la DGDDI,
le SCL comprend une unité de direction parisienne et
11 laboratoires répartis sur le territoire (Bordeaux, Le HavreRouen, Paris-Massy, Lille, Lyon-Oullins, Marseille, Montpellier,
Rennes, Strasbourg-Illkirch, Saint-Denis-de La Réunion,
Antilles). Il intervient en soutien de l’activité des services
de contrôle et assure une mission d’analyse des produits,
d’expertise, d’appui scientifique et technique, et d’études et
recherche appliquées.
Sécurité du consommateur 41
En 2020, le SCL a rendu plus de 222 000 résultats d’analyse
pour la DGCCRF.
Des alcaloïdes de l’ergot en quantité
dans une farine de seigle bio
Dans le cadre de la gestion d’une alerte diffusée par le RASFF,
le laboratoire de Rennes a détecté un échantillon de farine
de seigle dans lequel la teneur en alcaloïdes de l’ergot
était supérieure à 1 000µg/kg, soit deux fois la teneur
maximale en cours de négociation. La consommation
de seulement 69 g de farine par jour par un individu de 60 kg
conduisait à un dépassement de la dose de référence aiguë
établie par l’EFSA. Un règlement fixant des teneurs maximales
en alcaloïdes de l’ergot dans certaines céréales et produits
de mouture de céréales, destinés à l’alimentation humaine,
sera adopté en 2021.
Colorants alimentaires dans les denrées
importées d’outre-Atlantique
Certaines boutiques ou sites internet se spécialisent depuis
quelques années sur les produits importés des États-Unis.
Des produits de consommation courante, comme des
confiseries ou des céréales, font l’objet de déclinaisons spécifiques de recettes en fonction des pays de commercialisation,
afin de se conformer à leur règlementation en vigueur. Or
l’import des denrées américaines apporte sur le marché français
des denrées ne lui étant pas nécessairement initialement
destinées. Des prélèvements de produits sucrés importés
d’Amérique du Nord analysés par le laboratoire SCL
de Bordeaux ont montré que les recettes de ces produits
ne sont souvent pas compatibles avec la règlementation
européenne.
Plusieurs grandes familles de produits sont concernées :
−les confiseries : si les saveurs proposées restent un facteur
important pour déclencher l’achat d’une confiserie, l’attrait
visuel joue lui aussi un rôle majeur pour le consommateur. Plus de 90 % des prélèvements de confiseries importées d’Amérique du Nord présentaient une ou plusieurs
non-conformités à cause de teneurs en colorants trop
élevées ou la présence d’additifs interdits (12 échantillons
non- conformes sur 13 prélèvements);
−les céréales du petit-déjeuner: parmi les plus célèbres
coexistent deux concurrents, leaders du marché américain
des céréales à base d’avoine et accompagnées de guimauves
multicolores aux formes diverses. L’ensemble des 8 échantillons de ce type analysés au laboratoire de Bordeaux
en 2020 présentait au moins une non-conformité. De
plus, les analyses de colorants dans les guimauves de ces
céréales ont conclu à des teneurs qui dépassent les teneurs
maximales autorisées par la réglementation européenne.
Les forts dépassements des limites règlementaires en
colorants ont entraîné 14 fiches nationales d’alerte (FNA).
Pour 11 d’entre elles un retrait/rappel a été demandé en raison
d’une teneur en E110 qui pouvait atteindre plus de 10 fois
la teneur maximale autorisée : les produits ont été retirés
du marché lorsque les teneurs autorisées étaient dépassées ; des rappels ont été effectués auprès des consommateurs lorsque la teneur mesurée dans la denrée alimentaire
pouvait conduire à un dépassement de la dose journalière
admissible (DJA).
Projet d’évolution des normes de sécurité
des cigarettes électroniques
Le SCL s’est fortement investi dans le contrôle de batteries,
à la suite d’accidents domestiques récurrents et aux actions
menées par la DGCCRF. L’AFNOR s’est montrée particulièrement intéressée par les résultats des essais sur des batteries de cigarettes électroniques réalisés par le laboratoire
dans le cadre des travaux du Conseil national de la consommation. Ces résultats ont été présentés à la commission
AFNOR UF21 « accumulateurs » en mars 2020 qui a validé
le programme de travail du SCL (nombre et caractéristiques
des échantillons de l’étude, essais à mener). L’étude avait pour
double objet la réalisation d’essais de la norme de sécurité
des systèmes de cellules Lithium-ion et la conduite d’essais
prenant en compte la particularité d’utilisation des batteries de cigarette électronique, qui possèdent des densités
énergétiques importantes contrairement à des accumulateurs
de chimie différente, essais exploratoires allant au-delà du
cadre réglementaire actuellement applicable.
Les produits testés étaient constitués de cellules Lithium-ion
dites « 18650 », issus de 7 marques différentes, amovibles, à
usage des particuliers. Sur 70 cellules testées, 10 ont présenté
un incident à l’issue des essais exploratoires : 1 gonflement,
7 ouvertures d’évent avec éjection de gaz et d’électrolyte,
2 explosions.
42 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
PROTECTION
ÉCONOMIQUE DU
CONSOMMATEUR
Veiller à la qualité de l’information du
consommateur et au respect de ses droits.
Lutter contre les fraudes et les pratiques
déloyales qui trompent le consommateur
et faussent la concurrence entre
opérateurs économiques.
La DGCCRF mène des enquêtes sur les produits et services
proposés aux consommateurs. Lorsqu’elle constate des
manquements à la règlementation, elle prend des mesures
appropriées afin d’obtenir la cessation des pratiques illicites
et la remise en conformité rapide des pratiques avec le
droit applicable. Elle noue des coopérations avec d’autres
autorités de contrôle au niveau national ou européen, pour
démultiplier l’efficacité de son action. Elle contribue aux
travaux relatifs à la politique de protection des consommateurs menés dans des instances internationales telles que
l’OCDE et l’ONU.
Quelques exemples
d’enquêtes
Comme en matière de sécurité des produits, l’activité est
déterminée par l’analyse des secteurs à risques, l’identification
de difficultés persistantes sur certains marchés, ou l’arrivée
de nouveaux acteurs. D’autres enquêtes sont décidées chaque
année en fonction des orientations du programme national
d’enquêtes.
ENFANTS
Garde d’enfants à domicile, une information
précontractuelle souvent défaillante
Les difficultés à trouver un mode de garde pour leurs enfants,
parfois dans l’urgence, rendent les parents plus vulnérables
lors du choix d’un prestataire et l’impact de ce service sur
le budget des ménages peut être important. Afin d’assurer
la protection économique des consommateurs dans ce
secteur, la DGCCRF a engagé en 2020 des contrôles auprès
de 308 opérateurs (privés à but lucratif, associatifs ou
publics) proposant la garde et l’accompagnement d’enfants
de plus de 3 ans ou, dès lors que ces prestataires sont agréés,
d’enfants de moins de 3 ans. Les plateformes en ligne d’intermédiation ont également été ciblées. 70 % de ces opérateurs,
répartis dans 13 régions de métropole, en Guyane et à la
Réunion, présentaient des non-conformités, qui ont conduit
à 131 avertissements, 85 injonctions de mise en conformité
et 8 procès-verbaux administratifs. La majorité des suites ont
porté sur des manquements aux dispositions relatives à l’information précontractuelle due aux parents et à l’information
sur les prix. Une amende administrative a été prononcée à
l’encontre d’un groupe qui n’avait pas respecté une injonction
concernant notamment le formalisme du devis et des factures.
Des mesures correctives ont visé certaines plateformes en
ligne qui ne précisaient pas les modalités de référencement
et de classement des opérateurs sur leur site ou n’indiquaient
pas les liens financiers et capitalistiques qu’elles entretenaient
avec ceux-ci. De nombreuses clauses abusives et illicites ont
été identifiées dans les contrats, nécessitant d’apporter
des corrections aux documents-types utilisés. Par exemple,
une clause exigeait que, contrairement aux dispositions du
Code monétaire et financier, une caution soit encaissée au
début du contrat en cas de paiement par chèque. Enfin dans
de rares cas, des pratiques commerciales trompeuses sur les
prix, sur la disponibilité et la qualité des services ainsi que sur
la présentation du mode de prestation « mandataire » ont pu
être constatées.
DÉMARCHAGE ET DÉPANNAGE
À DOMICILE
Démarchage dans le secteur de l’énergie,
de trop nombreux abus
Dans le contexte de l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie promue par le droit de l’UE, et avec la fin
programmée des tarifs réglementés de vente du gaz naturel
au 30 juin 2023 pour près de 3,5 M de consommateurs
résidentiels, le démarchage constitue un canal de prospection
commerciale. La DGCCRF est en charge du contrôle du respect
des dispositions légales en vigueur en matière de démarchage.
Ces dispositions visent à offrir aux consommateurs un haut
niveau de protection. Le Code de la consommation prévoit
notamment que le professionnel doit fournir au consommateur, sur un support durable, la liste des informations
précontractuelles obligatoires (caractéristiques du service,
prix, possibilité de recourir au médiateur national de l’énergie,
etc.), un exemplaire daté du contrat confirmant l’engagement
exprès des parties ainsi qu’un formulaire type de rétractation.
Il existe ainsi un cadre juridique complet, qui permet d’appréhender les abus en matière de démarchage dans le secteur
de l’énergie. Au cours de l’année 2020, en matière de pratiques
commerciales trompeuses dans le cadre du démarchage à
domicile, la DGCCRF a maintenu son action avec la poursuite
de ses contrôles. En 2021, l’ensemble des éléments recueillis
devrait permettre la transmission à la justice de procès-verbaux engageant la responsabilité de la grande majorité
des opérateurs contrôlés, aussi bien chez les démarcheurs
que les fournisseurs d’énergie. Les faits constatés, avec
par exemple un commercial se présentant comme venant
vérifier « le bon fonctionnement du compteur LINKY » ou
venant « vérifier les factures », sont en effet constitutifs du
Protection économique du consommateur 43
délit de pratique commerciale trompeuse. Ces infractions
sont punissables de 2 ans d’emprisonnement et de 300000 €
d’amende (peine portée au quintuple pour les personnes
morales).
Contrats d’assurance-santé,
des pratiques peu scrupuleuses
La DGCCRF a mené deux enquêtes dans le secteur spécifique de l’assurance complémentaire santé, l’une portant sur
la détection de clauses abusives dans les contrats proposés
aux consommateurs, l’autre consacrée à la lutte contre
des pratiques litigieuses en matière de démarchage téléphonique. L’objectif était, dans une période de crise sanitaire
pouvant inciter à la souscription de nouvelles garanties,
de protéger les intérêts des assurés en surveillant le contenu
des contrats d’assurance-santé qui leur sont proposés, ainsi
que les méthodes de vente par téléphone.
Lors des contrôles, les clauses des contrats de 30 mutuelles,
sociétés d’assurance et institutions de prévoyance ont
été analysées. 22 clauses abusives ont été retrouvées chez
16 acteurs du marché. Des clauses illicites ont été également
relevées laissant croire, par exemple, que, pour les contrats
dits « solidaires et responsables », des délais de carence ou
d’attente peuvent s’appliquer sur les frais d’hospitalisation.
Ces différentes constatations ont donné lieu à 7 injonctions
et 15 avertissements adressés aux professionnels en vue
de leur faire modifier les contrats.
Par ailleurs, les contrôles dans le secteur du démarchage
téléphonique en matière d’assurance ont permis d’identifier
les pratiques de certains courtiers telles que le recours à une
fausse identité pour inciter à la souscription ou des pratiques
de vente forcée (par l’utilisation par exemple de fausses signatures électroniques). Les précédentes enquêtes (2017 et 2019)
avaient révélé des taux infractionnels déjà élevés (respectivement 29% et 24%). Les contrôles réalisés en 2020 ont donné
lieu à un taux d’anomalies encore supérieur (30 %). Cette
dernière enquête s’est inscrite au moins en partie dans un
contexte nouveau. En effet, le Comité consultatif du secteur
financier, instance de concertation qui réunit des représentants des consommateurs et du secteur financier, a engagé
des travaux qui ont abouti à la publication le 19 novembre
2019 d’un avis sur le démarchage téléphonique en assurance.
Il définit des bonnes pratiques conduisant notamment à
mettre fin à « la vente en un temps » de contrats d’assurance
par téléphone et à instaurer l’obligation d’un consentement
écrit du prospect. Les professionnels s’étaient engagés à
le mettre œuvre au plus tard à la fin du premier semestre
2020.
Le démarchage téléphonique strictement encadré
La DDCSPP d’Ille-et-Vilaine a mené une enquête auprès
d’une société proposant des travaux d’économie
d’énergie, qui contactait des consommateurs inscrits
sur la liste d’opposition au démarchage téléphonique
en masquant son numéro de téléphone. Les pratiques
de la société ont démontré également des pratiques
litigieuses ayant abouti à une procédure pénale pour
usurpation de numéros de téléphone et démarchage
téléphonique abusif. Sur la base des signalements
de consommateurs du dispositif BLOCTEL, couplé avec
une analyse des flux financiers entre diverses sociétés
dont l’intermédiaire principal était établie à Dubaï, les
enquêteurs ont pu matérialiser la complexité technique
qui vise à rendre impossible la bonne identification
de la société. La société utilisait, en effet, une technique
de modification du numéro appelant. L’enquête a pu
conclure qu’au moins 600000 appels ont été émis par
cette société durant 9 mois, dont 28 865 concernaient
des consommateurs inscrits sur la liste d’opposition.
En outre, 428 réclamations de consommateurs ont été
déposées. Une amende administrative de 157325 € a été
prononcée à l’encontre de la société et de 22 472 € à
l’encontre du gérant.
Dépannage à domicile: une vulnérabilité accrue
des consommateurs pendant la crise sanitaire
Les mesures sanitaires mises en œuvre au printemps 2019 ont
accentué la vulnérabilité des consommateurs, déjà importante dans le secteur du dépannage à domicile, générateur de nombreuses plaintes. Une enquête menée par la
DDPP des Hauts-de-Seine a révélé qu’une société proposant des prestations de dépannage à domicile en matière
de plomberie, de serrurerie et d’électricité:
−rédigeait des devis pendant ou après l’intervention;
− prenait des contreparties financières avant le délai légal
de 7 jours, alors que l’urgence ne le justifiait pas toujours
(généralement immédiatement après l’intervention);
−et facturait des montants bien supérieurs à ceux annoncés,
en appliquant des majorations liées à la crise sanitaire,
intitulées « majoration COVID-19 » ou « majoration crise
sanitaire », constituant une pratique commerciale trompeuse sur le prix et son mode de calcul.
44 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Les investigations ont mis en évidence que, par rapport au
prix initial, le coût de l’intervention était doublé. S’ajoutait
une nouvelle majoration de 100 % du coût de la main d’œuvre
en raison du contexte sanitaire. Les majorations pratiquées
semblent ainsi avoir triplé le montant des factures, sans que
les consommateurs n’en soient informés préalablement à
la réalisation des travaux. De plus, les prestations facturées
l’étaient pour l’essentiel à des personnes âgées.
L’examen des comptes bancaires de la société a permis d’établir que durant la période allant du 10 mars au 4 mai 2020,
ils avaient été crédités d’un montant supérieur à 300000 €,
somme qui correspondait à près de 200 interventions facturées entre 50 et plus de 6000 €.
La DDPP 92 a proposé au parquet la mise en œuvre d’une
procédure de saisie pénale dans les plus brefs délais. Le juge
des libertés et de la détention a ainsi pu ordonner une saisie
pénale en valeur d’un montant de 202000 €, moins de deux
mois après la réception de la première plainte par les services
d’enquête.
Cette réponse pénale a permis de conserver les fonds résultant des pratiques illicites et d’enrayer le schéma infractionnel. En effet, le professionnel réinvestissait une partie
substantielle des bénéfices de la société dans la publicité
sur internet en achetant des mots clefs, ce qui permettait
d’améliorer le référencement de sa société sur un moteur
de recherche et d’accroître sa clientèle.
Des avancées dans le secteur
de la conduite et de l’automobile
Un contrat-type dans les auto-écoles
Face aux trop grandes disparités concernant les contrats
proposés par les auto-écoles et aux enjeux que représente le permis de conduire en termes de sécurité
routière mais également de mobilité et d’accès à
l’emploi, le Premier ministre avait annoncé la généralisation d’un contrat-type et l’objectif de faire baisser
le coût d’environ 30 % du permis de conduire. Saisi
par le ministre de l’Économie et des Finances en juin
2019, le groupe de travail du CNC a, sur la base de ses
travaux et des auditions des parties prenantes, formalisé un contrat-type garantissant au candidat la transparence dans son parcours d’apprentissage de la conduite
et une plus grande comparabilité entre les offres
des auto-écoles. Depuis le 1er juin 2020, le contrat-type
impose une plus grande clarté dans les relations entre
les établissements d’auto-école et les élèves ou candidats au permis de conduire. Il permet de mieux comparer
les services proposés par les différents établissements
et de réduire le coût du permis de conduire.
Contrôle technique, une nouvelle plateforme
pour comparer les prix
Depuis le 8 octobre 2020, le site internet www.prixcontrole-technique.gouv.fr permet au grand public
de comparer les prix des prestations pratiquées par
les centres de contrôle technique de véhicules légers
sur l’ensemble du territoire national. Développé par la
DGCCRF, avec l’appui de la Direction générale de l’énergie
et du climat (DGEC) du ministère chargé de l’écologie,
et en lien avec les organisations représentatives de la
profession (CNPA, FNA), ce site permet aux automobilistes de connaître gratuitement, grâce à un outil
de géolocalisation, les prix des établissements agréés
proches de leur domicile, qui varient en fonction de la
politique commerciale et tarifaire de chaque centre.
Ce site internet présente l’avantage de regrouper
l’ensemble des principales informations nécessaires
aux consommateurs. Les prix renseignés concernent
les visites périodiques et contre-visites techniques
des voitures particulières, de collection, camionnettes,
4X4 et camping-cars légers, classés par type d’énergie:
essence, diesel, gaz, hybride et électrique.
Protection économique du consommateur 45
ALIMENTAIRE
Étiquetage et composition des produits
de charcuterie, de nombreuses anomalies relevées
Cette enquête visait à contrôler la composition, la qualité et
l’étiquetage des produits de charcuterie. Elle a plus particulièrement ciblé trois types de produits largement consommés
en France: la « saucisserie » fraîche (merguez, chipolatas…),
les lardons et aides culinaires ainsi que les charcuteries à
base de viande de gibier. Au total, 410 établissements ont
été contrôlés, pour un taux global d’anomalies de 22 %. En
particulier, 6 établissements ont fait l’objet de procès-verbaux
pénaux pour tromperie ou pratique commerciale trompeuse.
Les anomalies portent sur la traçabilité et l’étiquetage
des produits. Il est à noter que la présence d’espèce
animale non étiquetée ou d’additifs interdits ou en teneur
excessive reste important.
Les prélèvements effectués ont permis de mettre en
évidence un taux élevé de non conformité sur la composition (34 %). Il s’agit le plus souvent de la présence d’espèce
animale non étiquetée (ingrédients non mentionnés) et
d’additifs interdits, ou en quantité dépassant la norme.
Par exemple l’analyse d’un échantillon de merguez a révélé
la présence de viande de dinde alors que cette espèce
n’est ni mentionnée dans la dénomination ni dans la liste
des ingrédients (les deux étant obligatoires). En outre, l’analyse physico-chimique de l’échantillon a révélé une anomalie
de composition: la teneur en sucres solubles était supérieure à
celle prévue pour ce type de produits dans le code des usages
(Code des usages de la charcuterie et de la salaison et
des conserves de viandes).
Francisation des denrées alimentaires,
une fraude au détriment des producteurs nationaux
Les denrées alimentaires sont des produits à fort risque
de francisation, dans la mesure où cette fraude est aisée à
mettre en œuvre et engendre une perte de marchés pour les
opérateurs loyaux, dans un contexte où le consommateur est
de plus en plus attentif à l’origine des produits qu’il consomme.
Cette enquête a consisté à rechercher et à sanctionner les
pratiques mises en œuvre par certains opérateurs présentant
des produits étrangers comme français. 392 établissements
ont été contrôlés. Le taux global d’anomalies relevées était
de 25 %. En particulier, 23 établissements ont fait ou vont
faire l’objet de procès-verbaux pénaux pour tromperie ou
pratique commerciale trompeuse. Des cas avérés de francisation de fruits et légumes, de champignons mais aussi de miel
ont ainsi été mis en évidence. À titre d’exemple, à l’occasion
d’un contrôle routier, les services de la DGDDI ont constaté
un transport de fûts de miel étranger vers un apiculteur
de Haute-Savoie. Cette information a permis aux agents de la
DGCCRF de diligenter une enquête chez cet apiculteur qui
commercialise du miel étiqueté comme provenant de France.
L’analyse des produits a permis la mise en évidence de pollens
de fleurs d’Europe de l’Est et un défaut de traçabilité.
Loyauté dans le secteur des aliments pour
animaux, de nombreuses non-conformités
Dans un contexte où le marché des aliments pour animaux
de compagnie est en plein essor, cette enquête a visé
le contrôle du respect des mentions d’étiquetage et la
loyauté des mentions et allégations des aliments principalement destinés aux animaux familiers, que les aliments soient
commercialisés dans des magasins physiques ou en ligne.
Des non-conformités dans le défaut d’informations obligatoires en matière d’étiquetage pour les aliments composés
et matières premières ont été relevées. Dans le cadre de la
vente en ligne, le défaut d’informations précontractuelles
obligatoires a été également soulevé, certains professionnels
ignorant les exigences réglementaires en la matière. En outre,
les contrôles de la DGCCRF ont porté sur la recherche d’allégations pouvant influencer les consommateurs lors de leur
décision d’achat : mentions « origine française », « naturel »,
« sans conservateur chimique ». S’y ajoutent des allégations
non-vérifiables, imprécises et insuffisamment fondées scientifiquement (par exemple « contribuent à réduire les rougeurs
et les démangeaisons »).
L’enquête a également mis en évidence des non-conformités
sur la composition des aliments. À l’occasion d’un contrôle,
les services de la DGCCRF ont constaté des produits présentant sur leur emballage des magrets de canard, des escalopes
de poulet ou des darnes de saumon. Cette représentation
de produits ne correspondait pas à la réalité des ingrédients
incorporés dans les produits. Sur les 141 établissements visités
en 2019, 54 présentaient des anomalies, soit un taux d’anomalie de 38 %. Les contrôles ont donné lieu à 42 avertissements, 12 mesures de police administrative et 1 procès-verbal
pénal.
46 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Lutte contre les usurpations de signes de qualité,
une responsabilité partagée entre États européens
En 2020, la DGCCRF a été amenée à traiter, en liaison étroite
avec le ministère de l’Agriculture et l’INAO17, plusieurs signalements concernant la violation d’indications géographiques
(IG) étrangères et françaises. Ces signalements concernent
les IG suivantes : l’IG japonaise « Kobe beef », l’AOP grecque
« Feta », l’AOP française « Camembert de Normandie », l’AOP
« Crème d’Isigny/ Crème fraîche d’Isigny », l’AOP « Beurre
d’Isigny » et l’IGP française « Volailles de Loué ».
La Commission européenne suit attentivement le traitement
de ces signalements par les autorités françaises, notamment parce que ces IG font partie d’accords internationaux
auxquels l’Union européenne est partie contractante (récemment avec le Japon et la Chine, aujourd’hui l’Australie). Les
autorités nationales compétentes de chaque pays de l’UE ont
l’obligation d’empêcher et de faire cesser la production ou la
commercialisation illicite de produits utilisant une dénomination protégée sur leur territoire. La Commission européenne
attend donc des États-membres qu’ils garantissent un haut
niveau de protection de ces IG sur leur territoire afin d’assurer
la crédibilité du dispositif au plan international.
17. Institut national de l’origine et de la qualité (INAO).
Contentieux viticoles : l’interprétation de
la réglementation viticole de la DGCCRF
confortée par les tribunaux dans plusieurs décisions
À la suite de contrôles diligentés par la DGCCRF, la jurisprudence a fait progresser en 2020 l’interprétation du
droit vitivinicole sur l’usage des marques domaniales.
Entre décembre 2019 et décembre 2020, le tribunal
correctionnel de Bordeaux a ainsi rendu trois décisions
majeures concernant l’utilisation de noms de châteaux
sur l’étiquetage de vins de négoce18. Le tribunal a
considéré que les vins de négoce commercialisés sous
certaines marques reprenant la marque domaniale, en
l’occurrence celle du château, constituaient des pratiques
commerciales trompeuses. Le consommateur pouvait en
effet s’attendre à consommer des vins issus des vignes
de ces châteaux et vinifiés dans leurs chais. Ces trois
décisions, précisément motivées sur le plan juridique,
fixent des limites précises pour garantir la bonne information du consommateur. Les sanctions sont lourdes,
entre 30000 et 200000 € pour les différents prévenus,
auxquels s’ajoutent les indemnisations des parties civiles.
Les professionnels ont fait appel.
En Bourgogne, d’autres pratiques ont été ciblées depuis
2018 par les enquêteurs, telles que l’usage de noms
de châteaux comprenant des noms d’AOP sur l’étiquetage de vins ne pouvant prétendre auxdites AOP. Les
contrôles réalisés notamment en 2020 à cet égard ont
permis de constater que l’ensemble des châteaux se sont
depuis mis en conformité avec la réglementation.
18. À la différence d’un vin de récoltant, un vin de négoce est un vin issu de
l’assemblage de vins de producteurs différents.
Transition écologique et développement durable 47
TRANSITION
ÉCOLOGIQUE ET
DÉVELOPPEMENT
DURABLE
La dimension environnementale est
inscrite depuis longtemps dans
l’action de la DGCCRF car l’évolution
des comportements des consommateurs
est une des conditions nécessaire à une
transition réussie vers une économie durable.
En vérifiant la durabilité des produits
et l’information du consommateur, la
DGCCRF contribue à l’exercice de choix
éclairés en faveur de produits respectueux
de l’environnement. Cela permet aussi,
tout en permettant aux opérateurs engagés
dans cette démarche de se développer
dans le cadre d’une concurrence loyale.
PRODUITS DURABLES
Allégations sur les produits cosmétiques,
attention aux surenchères
Le développement extrêmement fort et rapide du secteur
des cosmétiques « verts », poussé par une demande croissante
du consommateur de produits qu’il espère plus respectueux
de la nature et de sa santé, exacerbe la concurrence et pousse
beaucoup d’opérateurs à une surenchère sur les allégations
notamment de « naturalité ». Sont ainsi de plus en plus mises
en avant l’absence de certains ingrédients très transformés
ou parfois considérés comme problématiques, ou à l’inverse
la présence d’ingrédients jugés plus nobles et issus de la
nature, comme des extraits de plantes. Comme toutes les
allégations, celles de type environnemental ou relatives à la
présence ou à l’absence d’ingrédients doivent être loyales et
non trompeuses. Cela contribue au maintien de la confiance
des consommateurs de plus en plus exigeants et favorise les
entreprises les plus respectueuses des règles.
La DGCCRF intervient en faveur d’une communication
commerciale transparente et loyale, incite les consommateurs
à mieux lire l’étiquetage des cosmétiques et enfin réprime les
pratiques nuisibles tant aux acheteurs de produits cosmétiques qu’aux professionnels les plus sérieux. C’est ainsi
qu’elle a poursuivi ses campagnes de contrôles sur les produits
naturels et bio et les allégations « sans » et « avec » et initié
des actions contentieuses contre des opérateurs importants
pour pratiques commerciales trompeuses. La DGCCRF a
diffusé auprès des professionnels, en lien avec l’ANSM19, sa
doctrine sur les allégations « sans » et a publié sur son site
internet une fiche pratique destinée au public sur l’étiquetage
des cosmétiques. Cette action sera poursuivie en 2021.
19. Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
(ANSM).
Produits reconditionnés, des informations
souvent déloyales
Le marché des équipements électroniques et des appareils
de téléphonie reconditionnés est en pleine croissance.
La vente de smartphones reconditionnés représenterait
actuellement environ 10 % du marché. Ce type de produits
s’inscrit dans une évolution vers une économie circulaire
plus respectueuse de l’environnement et répondant aux
souhaits ou aux besoins d’un certain nombre de consommateurs. Toutefois le développement rapide de ce secteur
s’est accompagné parfois d’un manque de transparence et
d’informations déloyales vis-à-vis des consommateurs. Aussi
a-t-il été décidé en 2020 de prolonger une enquête menée en
2018 sur l’emploi du terme « reconditionné » dans le secteur
des produits électroniques grand public. Les contrôles ont
plus particulièrement ciblé les allégations mises en avant
dans les offres commerciales des smartphones et tablettes,
notamment sur la réalité des tests et vérifications annoncés.
Dans 45 des 79 établissements contrôlés (57 %), des pratiques
contraires au Code de la consommation ont été relevées,
dont 13 concernant des pratiques commerciales trompeuses.
23 établissements ont ainsi été destinataires d’une injonction
et 23 autres d’un avertissement.
Il est à noter qu’en 2020 est également intervenue la publication de la loi AGEC20 qui prévoit une réglementation
spécifique de l’utilisation du terme « reconditionné ».
Commercialisation des pièces détachées
dans le secteur des produits électriques et
électroniques, une réparabilité trop souvent limitée
Cette enquête s’inscrit dans le cadre de la feuille de route
pour l’économie circulaire (FREC), publiée le 23 avril 2018, dont
l’un des objectifs est d’allonger la durée de vie des produits
et de favoriser l’économie circulaire et l’offre de réparation. L’enquête a eu pour objet d’examiner les conditions
d’accès des réparateurs indépendants aux pièces détachées
et à la documentation technique nécessaires à la réparation
des matériels électriques et électroniques et, d’autre part,
de contrôler le respect par les réparateurs des dispositions du
Code de la consommation, notamment en matière d’information précontractuelle des consommateurs. Il a été relevé
quelques difficultés dues à la politique de certains fabricants
en matière de mise à disposition des pièces détachées et à
des évolutions des produits électriques et électroniques.
Au-delà des conséquences sur l’activité des réparateurs
indépendants, certaines évolutions contribuent à limiter
20. Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage
et à l’économie circulaire.
48 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
la réparabilité des produits et sont susceptibles d’avoir un
impact sur l’ensemble du marché de la réparation des produits
électriques et électroniques. Par ailleurs, il a été constaté
qu’une partie des réparateurs visités, souvent de petite
taille, ne respectaient pas les dispositions du Code de la
consommation en matière d’information précontractuelle et
méconnaissaient les dispositions sur la médiation. Les services
d’enquête ont privilégié à leur égard des suites pédagogiques.
833 actions de contrôles ont été menées dans 258 établissements. 92 établissements ont reçu des avertissements,
17 ont été destinataires d’une injonction, 3 d’un procès-verbal
administratif et 2 d’un procès-verbal pénal.
Garanties dans le secteur des produits
électroniques grand public et de l’électroménager,
une formation des vendeurs encore insuffisante
Cette enquête, s’inscrivant également dans le cadre
de la FREC, fait suite à plusieurs enquêtes déjà menées
par la DGCCRF pour vérifier le respect des dispositions du
Code de la consommation relatives notamment à l’information des consommateurs sur les garanties légales dans
le secteur de la commercialisation des produits électroniques grand public et de l’électroménager. Les précédentes
enquêtes menées en 2015 et 2016 dans ce secteur avaient
mis en évidence de nombreux manquements aux obligations d’information précontractuelle du consommateur sur
les garanties légales et des présentations parfois trompeuses,
avec un taux d’établissements en anomalie très élevé (plus
de 50 %).
Dans le cadre de cette nouvelle enquête, 555 établissements
ont été visités. Un non-respect des dispositions du Code de la
consommation a été constaté dans 35 % d’entre eux, ce qui
marque une baisse sensible par rapport aux enquêtes précédentes, qui peut néanmoins en partie s’expliquer par le fait
que certains constats n’ont pu être finalisés en raison de la
crise sanitaire. Des cas d’absence totale d’information précontractuelle en matière de garantie légale ou de fourniture
d’informations partielles ou peu intelligibles pour les consommateurs, voire délibérément trompeuse, ont toutefois été
constatés. Certaines enseignes communiquent sur leur service
après-vente et leur garantie commerciale au détriment de la
garantie légale de conformité, dans certains cas plus avantageuse pour le consommateur. La formation de vendeurs en
matière de garantie est également encore lacunaire. Certains
professionnels renvoient encore directement les consommateurs au SAV du constructeur au titre de la mise en œuvre
de la garantie légale, ce qui est contraire aux dispositions
légales. 99 avertissements, 85 injonctions, 3 procès-verbaux
pénaux et 14 procès-verbaux administratifs ont été notifiés
à mi-janvier 2021.
RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE
ET ÉNERGIE VERTE
Amélioration de l’efficacité énergétique
des logements, de nombreux abus relevés
Cette enquête relative à la rénovation énergétique
des logements s’inscrit dans le cadre d’un programme pluriannuel de contrôles du secteur de la rénovation énergétique,
en raison de la persistance de pratiques frauduleuses. Elle a
mobilisé 58 départements répartis dans 13 régions et a visé
l’ensemble des acteurs présents sur la chaîne de valeur, soit
693 établissements, tels que des entreprises du bâtiment,
des prestataires, des démarcheurs, des sous-traitants,
des artisans, des associations, des établissements de crédit,
et des sociétés de domiciliation. L’enquête a fait ressortir
un taux d’établissements ayant des pratiques irrégulières
de 49 %, ce qui reste élevé. Elle a donné lieu à un nombre
de suites très important, avec la rédaction de 130 avertissements, 115 injonctions administratives, 100 procès-verbaux pénaux et 50 procès-verbaux administratifs. Il convient
de noter que 74 % des entreprises contrôlées en anomalie se
sont révélées être détentrices du label RGE (Reconnu Garant
de l’Environnement).
Les infractions et manquements relevés relèvent pour la
plupart :
− du non-respect des droits des consommateurs en matière
de vente hors établissement commercial (non-respect
de droit de rétractation);
− de manquements relatifs à l’information précontractuelle sur les prix et les conditions particulières de vente;
− de la violation des règles applicables au crédit affecté;
− de l’usage de pratiques commerciales trompeuses, voire
agressives.
Certains professionnels abusent le consommateur de la prise
de contact à la conclusion du contrat, et vont parfois jusqu’à
imposer la réalisation de travaux en raison de prétendus
programmes publics, audits énergétiques gratuits, d’homologations, de commissions « officielles », qui sont en réalité
inexistants.
Transition écologique et développement durable 49
Dispositif « Isolation à 1€ », trop
de pratiques commerciales déloyales
Les opérations d’isolation à 1€ engendrent un grand nombre
de plaintes de consommateurs. Cette enquête avait pour
objet de contrôler les éventuelles pratiques commerciales
déloyales mises en œuvre par des professionnels du secteur,
les dispositions liées à la vente hors établissement commercial, la bonne application du dispositif de liste d’opposition
Bloctel, ainsi que les dispositions spécifiques aux certificats d’économie d’énergie (CEE). 26 établissements ont
été contrôlés ; le taux de manquements s’est élevé à 54 %,
donnant lieu à la rédaction de 6 injonctions administratives,
10 procès-verbaux pénaux et 5 procès-verbaux administratifs.
Les principales irrégularités relevées concernent :
− des pratiques commerciales trompeuses sur l’identité, les
qualités, les aptitudes du professionnel conduisant, notamment, à la réalisation de travaux non conformes, avec parfois
un risque d’incendie, ainsi que l’utilisation de diverses allégations et mentions valorisantes non-justifiées sur les sites
internet associés ;
−le non-respect de la réglementation relative au dispositif d’opposition au démarchage téléphonique en vue
de contourner le dispositif Bloctel;
−le non-respect de la réglementation relative à la vente hors
établissement (notamment, des manquements concernant
les informations précontractuelles, le délai de rétractation
et la remise d’un contrat signé par les deux parties);
−le non-respect des règles relatives au dispositif des CEE
et à la charte d’engagement relative à l’obtention de la
mention RGE.
Cette enquête a permis de constater que les dispositifs
« coups de pouce », tels que celui dénommé « isolation à
1€ », ont conduit à la mise en place de réseaux de fraude à
grande échelle, qui abusent les consommateurs, notamment
les plus fragiles, nuisent à la crédibilité des dispositifs gouvernementaux, à la bonne utilisation des deniers publics, mais
aussi aux professionnels qui opèrent dans les règles de l’art. Il
a notamment été constaté que la sous-traitance généralisée
et en cascade des travaux d’isolation constitue une source
notable d’abus.
Des condamnations exemplaires dans
le secteur de la rénovation énergétique
La DGCCRF a initié en 2019 une enquête portant sur
les pratiques de cinq sociétés sarthoises proposant la
réalisation de travaux de rénovation énergétique à la
suite de nombreuses plaintes de consommateurs. Les
investigations, conduites par les DDPP de la Sarthe et de la
Mayenne, avec l’appui de la Gendarmerie nationale et
de la Police nationale, ont conduit à des perquisitions
suivies de gardes à vue en janvier 2020. Le jugement, rendu
le 31 août 2020 par le tribunal judiciaire du Mans, a permis
d’obtenir des condamnations exemplaires à l’encontre
des personnes tant physiques que morales impliquées
dans ce dossier. Cette décision est frappée d’appel. Les
infractions sanctionnées relèvent notamment de pratiques
commerciales agressives, abus des biens ou du crédit d’une
société par actions par un dirigeant à des fins personnelles,
escroquerie et tentative d’escroquerie, recel de bien
obtenu à l’aide d’une escroquerie. Les condamnations
prononcées par le tribunal ont été les suivantes :
− amendes délictuelles de 50 000 € à l’encontre
des sociétés ENVIR et STRIKE MANAGEMENT;
− amendes délictuelles de 25 000 € à l’encontre
des sociétés GROUPE FOURNIER et GANDONNIERE
RESEAU;
− amende délictuelle de 5000 € à l’encontre de la société
INVEST IMMO;
− peines d’emprisonnement de 10 mois à 3 ans pour
8 personnes, dont 6 mois fermes pour 2 d’entre elles,
et 12 mois fermes pour 2 autres d’entre elles.
Par ailleurs, le juge a également ordonné:
− la confiscation de sommes saisies sur des comptes
bancaires et de biens saisis provenant d’infractions ou
ayant servi à commettre celles-ci;
− des interdictions d’exercer une activité commerciale ou
industrielle pour 4 personnes physiques, pour des durées
allant de 5 à 10 ans.
Offres vertes dans le secteur de l’énergie,
une compensation carbone parfois surévaluée
Les offres d’électricité « verte » désignent les offres dont
l’électricité provient de sources d’énergies renouvelables
telles que les énergies éolienne, solaire, géothermique,
hydraulique, marine ou encore issue de la biomasse (bois,
gaz de décharge, gaz de stations d’épuration d’eaux usées,
etc.). Les consommateurs sont de plus en plus attentifs
50 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
à leur mode de consommation, notamment du fait d’une prise
de conscience écologique. Aux produits nouveaux s’ajoutent
de nouvelles formes de vente ou de filières qui favorisent
le développement d’une économie de proximité, porteuses
d’innovation au sein même des modèles économiques traditionnels. L’enquête menée par la DGCCRF avait pour objectif
de vérifier la transparence et la lisibilité des nouvelles offres
de fournitures d’électricité et de gaz pour les particuliers,
notamment des offres « vertes » et des offres avec mention
de la localisation ou du mode de production. Des anomalies ont été constatées chez 8 des 21 fournisseurs contrôlés.
Elle a permis de vérifier la loyauté de l’information délivrée
au consommateur sur la base des dispositions relatives aux
pratiques commerciales trompeuses. Les contrôles réalisés
par la DGCCRF n’ont pas mis en évidence de tromperie sur
le caractère « vert » des offres, alors même que le cadre
juridique du mécanisme des garanties d’origine ne prévoit
aucun contrôle par l’organisme gestionnaire des volumes
d’énergie verte vendus aux consommateurs par les fournisseurs. Les contrôles de l’organisme sont uniquement prévus
en amont, au stade de la production.
En revanche les allégations complémentaires relatives à la
mention d’un critère géographique ou d’un mode de production ont donné lieu au constat de plusieurs manquements.
L’enquête a également pu révéler des manquements quant
à loyauté de l’information donnée aux consommateurs
sur la compensation carbone de leur consommation ou
sur la souscription à une assurance dépannage. À l’issue
des contrôles, 6 professionnels concernés par une communication relevant de la pratique commerciale trompeuse,
ont spontanément modifié leur communication ou se
sont engagés à le faire rapidement. Lorsque c’était le cas,
des suites pédagogiques ont été privilégiées. Au total ce sont
12 avertissements et 3 injonctions qui ont été adressés aux
professionnels.
COMMERCE ÉQUITABLE
Commerce équitable, le développement croissant
des produits labellisés mais des standards souvent
différents
Les consommateurs sont de plus en plus attachés aux conditions sociales de production des produits et à la consommation de produits locaux à impact environnemental moindre.
La DGCCRF a lancé une enquête pour vérifier le caractère
loyal de l’utilisation du terme « équitable ». Cette enquête
a été menée auprès de 593 établissements intervenant
à différents stades de la filière : grossistes, importateurs,
détaillants spécialisés, enseignes de la grande distribution et
sites de vente en ligne. Le principal enseignement est celui
de l’essor du commerce équitable au cours de la dernière
décennie, qui représente aujourd’hui un chiffre d’affaires
de 1,5 Md€ en 2020, soit 21,4 € par an et par habitant.
Cet essor s’est accompagné d’un changement structurel
de l’offre avec de nombreux produits labellisés. L’extrême
diversité de ces labels de commerce équitable recouvre
également une grande variété de standards différents,
ce qui ne contribue pas à leur bonne compréhension par
le consommateur. Il peut en effet exister des différences entre les
spécifications des opérateurs et les niveaux d’exigence
des organisations. En outre, alors que le commerce équitable s’intéresse aux conditions – équitables – de l’ensemble de la filière, de nouveaux labels ne font référence qu’à
un seul ingrédient utilisé dans le processus de production du
produit manufacturé, par exemple, le cacao dans la fabrication du chocolat.
S’agissant du respect des règles du commerce équitable,
les constatations des enquêteurs montrent que, lorsque les
contrôles ont eu lieu au niveau de la distribution de produits
alimentaires provenant du commerce Nord/Sud, sur
des produits labellisés et certifiés, les anomalies étaient peu
nombreuses. En revanche, pour le commerce Nord/Nord,
l’enquête montre que les professionnels sont moins informés
des règles du commerce équitable. Pour certains professionnels, cette notion se confond avec l’exigence d’achats
auprès de fournisseurs locaux. Enfin, l’enquête révèle que si
certains professionnels des filières intégrées maitrisaient la
réglementation relative au commerce équitable, il n’en était
pas de même pour les autres règles applicables : étiquetage
des produits, information précontractuelle, etc.
Transition écologique et développement durable 51
ALIMENTAIRE
Ventes en vrac, loyauté et hygiène pas toujours
au rendez-vous
La dernière décennie a été marquée par la résurgence progressive du vrac dans les rayons des GMS ainsi que par l’apparition
d’établissements, souvent de petites tailles ne proposant que
des produits non préemballés. La vente en vrac jouit d’une
notoriété grandissante chez les consommateurs, notamment du fait de l’impact environnemental jugé positif de ce
mode de consommation. Ce phénomène reflète la volonté
d’une partie des Français de réduire leurs déchets mais aussi
de consommer des produits plus sains et moins transformés.
La DGCCRF a mené, en 2020, une enquête sur la vente en
vrac des denrées alimentaires dans les commerces de détail.
Les enquêteurs se sont assurés du respect des règles de base
relatives à la protection du consommateur, que ce soit en
matière de sécurité (hygiène notamment) ou de loyauté
des informations transmises au regard des spécificités de ce
mode de distribution (modalités de stockage particulières
du fait du conditionnement en gros des produits, présentation des denrées en libre-service, diversité des contenants
et des emballages qui peuvent être fournis par le magasin
ou apportés par le client, etc.). Sur les 1658 établissements
visités (GMS, magasins bios, épiceries, commerces 100 %
vrac, épiceries ambulantes), 756 étaient en anomalie, ce
qui représente 46 % des professionnels contrôlés. Au total,
656 avertissements, 98 injonctions, 15 procès-verbaux pénaux
et 2 procès-verbaux administratifs ont été rédigés. Il apparaît
que les professionnels peuvent réaliser des progrès en matière
d’information des consommateurs (signes de qualité, certification bio, affichage des prix, règles d’étiquetage de la
provenance et de l’origine), de contrôle des quantités vendues
et du respect des règles d’hygiène des établissements et
des denrées (traçabilité, autocontrôles, respect des températures, aptitude des matériaux au contact des denrées
alimentaires).
52 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
COOPÉRATIONS
INTER-SERVICES ET
INTERNATIONALE
Compte tenu de sa mission transversale,
la DGCCRF est susceptible d’enquêter
dans tous les secteurs d’activité.
Elle interagit donc avec de très nombreuses
administrations et autorités administratives
indépendantes. Pour organiser et fluidifier
au mieux les échanges et garantir un
bon exercice des missions, elle conclut
des protocoles de coopération avec ses
principaux partenaires. Elle accompagne en
outre ses homologues à travers des jumelages
pilotés par l’Union européenne.
Des protocoles de
coopération pour rendre
nos contrôles plus efficaces
La DGCCRF est engagée dans des actions de lutte contre la
fraude économique et se dote de protocoles de coopération avec d’autres services de l’État afin de renforcer l’efficacité de ses contrôles et des poursuites engagées contre
des entreprises délinquantes. Ainsi, en 2020, elle a noué un
partenariat avec TRACFIN dans le cadre de la lutte contre
le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
et avec le Pôle national des certificats d’économie d’énergie
(PNCEE) de la Direction générale de l’énergie et du climat,
dans le cadre du plan de lutte contre la fraude dans le secteur
de la rénovation énergétique.
Un protocole de coopération entre la Direction
générale de l’énergie et du climat et la DGCCRF
Ce protocole, signé le 2 mars 2021, consolide la lutte
contre les fraudes dans le secteur de la rénovation énergétique, grâce à un échange d’informations entre la DGCCRF
et le Pôle national des certificats d’économies d’énergie
(PNCEE) du ministère de la Transition énergétique, permettant ainsi de gagner en réactivité et en efficacité face à
des sociétés éco-délinquantes peu scrupuleuses, très mobiles
et éphémères. L’objectif de cette étroite coopération est
de contribuer à un assainissement profond et durable du
secteur de la rénovation énergétique, en vue de restaurer
la confiance des consommateurs qui a été entamée par les
nombreuses pratiques déloyales régulièrement relevées par
les enquêtes de la DGCCRF. L’intensification des échanges
d’informations entre la DGCCRF et le PNCEE constitue l’une
des composantes du plan de lutte contre les fraudes dans
le secteur de la rénovation énergétique qui a été lancé fin
2019 par le Gouvernement.
Un protocole de coopération entre TRACFIN
et la DGCCRF
Préparé en 2020 et signé le 2 février 2021, ce protocole de
coopération, dont la mise en œuvre est immédiate, renforce
la collaboration entre la DGCCRF et TRACFIN et développe
de nouveaux axes de coopération afin d’optimiser la lutte
contre la fraude économique, en particulier en matière de lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC-FT) dans les secteurs de l’immobilier, du luxe et
de la domiciliation d’entreprises. Il permettra de renforcer
nos actions communes en matière de formation des enquêteurs, de ciblage des contrôles des services de la DGCCRF
et de sensibilisation des professionnels à leurs obligations
en matière de LBC-FT. Il prévoit également des dispositions
de nature à améliorer la qualité et la fréquence des échanges
d’informations à vocation opérationnelle dans les champs
de compétence respectifs et communs aux deux services.
APIFEL, un nouveau télé service aumarché
Saint-Charles International
En 2020, en complément de son application de télé déclaration TÉLÉFEL21, la DGCCRF a mis en place une nouvelle télé
procédure - APIFEL - permettant de transmettre automatiquement, sans saisie manuelle supplémentaire, les notifications
d’importations et d’exportations de fruits et légumes apportant ainsi un gain de productivité aux importateurs, exportateurs et transitaires de fruits et légumes. Le système établit
une interconnexion entre le système d’information du marché
Saint-Charles et celui de la DGCCRF afin de permettre:
− la mise à disposition, de manière automatisée, des
notifications d’import et/ou d’export de fruits et légumes
par les adhérents du SNIFL22 auprès des services de la
DGCCRF;
− la mise à disposition des certificats de conformité
et bulletins d’admission délivrés par la DGCCRF,
concernant l’exportation et l’importation de fruits et
légumes soumis à normes de commercialisation, auprès
des adhérents du SNIFL. Avec 1 600 000 tonnes de fruits
et légumes commercialisés annuellement, Saint-Charles
International, à Perpignan, est la première plateforme
de commercialisation, de transport et de logistique
de fruits et légumes en Europe.
21. Télé déclaration en ligne des importations et exportations de fruits et
légumes.
22. Syndicat national des importateurs/exportateurs de fruits et légumes.
Coopérations inter-services et internationale 53
Par conséquent, grâce à la liaison informatique GUNFEL23
entre la DGCCRF et la DGDDI, les contrôles de cohérence
au dédouanement des certificats de conformité et bulletins
d’admission sont donc facilités pour les marchandises transitant par le marché Saint-Charles.
Offres de nouvelles mobilités,
des progrès à accomplir
L’émergence dans les grandes villes des services de transport en free-floating (libre-service sans borne d’attache
de bicyclettes, scooters, trottinettes, automobiles) s’est
avérée au cours des dernières années comme l’une
des tendances de fond du secteur de la mobilité. La généralisation de l’usage des applications rend plus accessible et
simple pour le consommateur le recours à ces services et
ainsi contribue à la croissance de ce secteur. Le développement des mobilités en libre-service a donné lieu à une forte
concurrence sur le marché, ce qui a conduit certains acteurs
à se développer très rapidement, parfois au détriment du
respect des règles de protection des consommateurs. Dans
ce contexte, la DGCCRF a lancé une enquête exploratoire
en 2019-2020 pour disposer d’une connaissance fine de ce
secteur, tandis qu’en parallèle, la Commission des clauses
abusives (CCA) menait des travaux d’analyse des contrats
de location de moyens de transport en libre-service proposés
aux consommateurs sur l’ensemble du territoire national. La
recommandation de la CCA relative aux contrats de location
de moyens de transports individuels en libre-service a été
publiée le 30 septembre 2020. La Commission a relevé, sur
l’ensemble des contrats, l’existence de 117 clauses abusives au
sein des contrats habituellement proposés par les professionnels aux consommateurs. La Commission recommande que
ces clauses considérées comme abusives soient éliminées
des contrats habituellement proposés aux consommateurs.
Ces nouveaux services enrichissent les offres de mobilité
susceptibles d’être proposées par les MaaS (Mobility as a
Service): ils proposent des services informant le consommateur des moyens de transports disponibles et lui permettant,
afin d’optimiser son temps et son budget, de les comparer,
de les combiner, voire de les acheter directement.
23. Guichet unique national fruits et légumes.
Pratiques de gestion fine des tarifs,
ou yield management
La gestion fine des prix ou yield management consiste
pour un prestataire de service, dont l’offre est par nature
non stockable et limitée, à maximiser son revenu en
faisant varier le prix d’une même prestation, en fonction
de critères tels que la demande des consommateurs
ou le taux de remplissage. Or, cette pratique soulève
des questions en termes d’information et de protection
des consommateurs.
Dans son avis, adopté le 27 janvier 2020, le CNC préconise de:
− sensibiliser les professionnels au besoin d’informer
le consommateur sur le yield management ;
− former les consommateurs sur cette pratique;
− rédiger une fiche d’information pratique de la DGCCRF
basée sur cet avis ;
− promouvoir l’avis du CNC par un évènement organisé
par les organisations professionnelles en présence
des associations de consommateurs et de l’administration.
Une coopération réussie
entre la France et le Maroc
Lancé en juin 2018, le jumelage avec le Maroc, financé
par la Commission européenne, portait sur un « appui
au développement de la surveillance du marché » dans
le secteur des produits industriels. Il s’est terminé officiellement le 7 septembre 2020 avec la remise d’un rapport final,
signé des deux chefs de projets, aux autorités marocaines et
européennes.
Vers une harmonisation des dispositifs juridiques
L’objectif du jumelage était de tendre vers une harmonisation du dispositif juridique marocain à l’acquis de l’Union
européenne concernant les produits industriels (jouets,
produits électriques, basse tension, compatibilité électromagnétique, EPI, produits textiles, cuir, matériaux de construction, etc.) et de renforcer les capacités opérationnelles et
organisationnelles du ministère marocain de l’Industrie, du
Commerce et de l’Economie verte et numérique. La finalité
de ce projet était d’amener à une surveillance plus complète
du marché intérieur et faciliter l’accès du Royaume du Maroc
au marché européen.
54 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Pour mener à bien cette coopération, 33 experts issus
de la DGCCRF et de ses services ont été mobilisés, ainsi que
plusieurs anciens collaborateurs retraités, d’agents de la DGE24
et du MTE25 ; ils ont réalisé 45 missions sur place. En complément, trois visites d’études en administration centrale et dans
les services déconcentrés, DDPP, DIRECCTE ou laboratoire
(Maine-et-Loire, Seine-Saint-Denis, Bas-Rhin, Centre-Val-deLoire, Rhône) ont été organisées. La coordination de toutes
les actions menées au Maroc était assurée par un conseiller
résident jumelage (CRJ), à Rabat.
De nombreuses avancées concrètes
Domaine juridique: le travail d’expertise juridique des textes
existants et la rédaction de nombreux textes sectoriels d’application de la loi n°24-09 relative à la sécurité des produits ont
permis de faire progresser le droit marocain sur la conformité
des produits en le rapprochant des règles européennes.
Domaine de la formation: un important programme de formation technique et procédurale a été réalisé. Il a contribué à
une réelle montée en compétence des agents locaux par
ailleurs très investis dans leur mission. La formation de formateurs qui a complété ce programme a permis de jeter les
bases d’un dispositif de formation continue pérenne. Enfin,
un guide de déontologie précise aux agents les exigences
associées à l’exercice de leurs fonctions.
Domaine informatique, planification et communication :
l’apport des experts a été concret et précieux en fournissant
un cahier des charges pour le développement d’un système
d’information sur l’activité de contrôle, des modalités
de programmation des actions de contrôle priorisées et un
plan de communication particulièrement riche de supports
d’informations pour le consommateur marocain (affiches,
plaquettes…).
Le jumelage va permettre à l’administration de contrôle du
marché au Maroc, la Direction de la protection du consommateur, de la surveillance du marché et de la qualité (DPCSMQ),
de développer les process existants et d’accroître les performances déjà réalisées en la matière.
24. Direction générale des entreprises.
25. Ministère de la Transition écologique.
Focus sur le numérique/commerce électronique 55
FOCUS SUR
LE NUMÉRIQUE/
COMMERCE
ÉLECTRONIQUE
Face aux nouvelles technologies numériques et aux évolutions économiques qui en découlent, la DGCCRF a mis en
place une cellule numérique avec pour missions d’adapter
les méthodes d’enquêtes aux enjeux du numérique
afin notamment de mieux cibler les contrôles grâce à
des méthodes avancées. La cellule a poursuivi le développement de nouveaux outils en 2020, en lien avec l’identification de faux avis sur internet, le rapprochement et l’analyse
de données en matière de commande publique et la caractérisation de fausses promotions sur les sites de vente en ligne.
Elle a également déployé des outils et compétences de scraping,
de data science et forensic26 pour la recherche et la collecte
de preuves numériques utiles à la qualification de pratiques
illicites. Outre les enquêtes réalisées dans le cadre de la crise
sanitaire, ainsi que dans le cadre de ses travaux européens,
la DGCCRF a mené de nombreuses enquêtes dans le secteur
du commerce électronique.
ENQUÊTES MARQUANTES
Une offre de produits souvent dangereuse
pour le consommateur sur les places de marché
Face au succès des places de marché de commerce électronique (qui représentaient en France 33 % du total des ventes
sur internet en 2019 selon la FEVAD27, soit environ 100 Mds€),
la DGCCRF a poursuivi en 2020 son action de contrôles afin
de vérifier la sécurité et la conformité des produits proposés sur
dix des places de marché parmi les plus populaires en France28.
Ces contrôles portant sur la sécurité et la conformité
des produits ont ciblé près de 130 produits parmi les offres
de produits à bas coût achetés par le Centre de surveillance du commerce électronique (CSCE) du Service national
des enquêtes de la DGCCRF, dans les mêmes conditions qu’un
consommateur (procédure d’« achat-mystère »), puis testés
par le Service commun des laboratoires. Le ciblage 2020 a
visé les catégories suivantes: jouets tels que jeux d’éveil, jouets
électriques, déguisements, peluches ; articles de puériculture telles que sucettes de puériculture, transats de bain et
matelas à langer; adaptateurs électriques ; bijoux fantaisie;
dispositifs médicaux tels que tests de grossesse et tests d’ovulation; détecteurs autonomes avertisseurs de fumée; cosmétiques tels que crèmes éclaircissantes. De façon similaire
aux enquêtes menées en 2018 ou 2019, les constats réalisés
26. Services d’investigation numérique.
27. Fédération du e-commerce et de la vente à distance:
« Les chiffres clés 2019 ».
28. Aliexpress, Amazon, Cdiscount, Ebay, Fnac.com, Joom, Rakuten,
Rueducommerce, Vova et Wish.
en 2020 montrent qu’une part importante des produits
proposés aux consommateurs via des places de marché en
ligne ne respecte pas la réglementation applicable, voire
présente des risques graves pour la sécurité des consommateurs. Sur l’ensemble de l’enquête, 54 % des produits étaient
non-conformes, dont 33 % dangereux. Ces taux apparaissent
même particulièrement préoccupants pour les adaptateurs
électriques de voyage (87 % de produits dangereux) et les
bijoux fantaisie (38 % de produits dangereux).
Les enseignements tirés des résultats de cette enquête
viennent alimenter la contribution des autorités françaises
aux discussions et négociations autour de la proposition d’un
nouveau règlement européen dit Digital Services Act, publié
par la Commission européenne en décembre 2020, en vue
d’encadrer les activités des plateformes numériques ; un
renforcement des obligations des places de marché électronique en matière de protection des consommateurs apparaît
nécessaire dans ce cadre.
Télémédecine, une utilisation en forte
croissance mais des défauts d’information
En 2018, un avenant à la convention passée entre les médecins
et l’Assurance maladie a été signé afin de promouvoir la
téléconsultation en facilitant l’accès pour tous les patients
et en prévoyant la prise en charge de ces actes dès lors qu’ils
s’inscrivent dans le cadre d’un parcours de soins coordonné.
La DGCCRF a choisi de suivre le développement de ce
nouveau secteur et d’y consacrer une enquête exploratoire
afin de vérifier tant le respect des dispositions du Code de la
consommation en matière d’information des patients que
le respect des dispositions du Code de commerce en matière
de pratiques restrictives de concurrence. La crise sanitaire a
conduit à assouplir les modalités d’accès et de prise en charge
de ces actes et a donné encore plus d’importance aux investigations. 103 contrôles ont été réalisés auprès de 69 opérateurs, principalement les sièges de plateforme et des officines
de pharmacie proposant un service de téléconsultation. 23 %
d’entre eux présentaient des anomalies qui ont donné lieu à
12 avertissements et 5 injonctions de mise en conformité, les
suites pédagogiques et correctives ayant été privilégiées dans
ce secteur au développement très récent. Outre des défauts
d’information sur les tarifs et les honoraires, liés généralement
à une méconnaissance de la réglementation, ont également
été constatées des pratiques commerciales trompeuses
comme, par exemple, la présentation confuse d’un service
de « télé conseil » non pris en charge par l’Assurance maladie
à la différence d’une téléconsultation. Des pratiques entre
opérateurs susceptibles de contrevenir au droit de la concurrence sont également en cours d’analyse.
56 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Le dropshipping: la vente directe sans stock,
un modèle économique en pleine expansion
Le dropshipping, ou livraison directe, est une vente sur internet
dans laquelle le vendeur ne se charge que de la commercialisation et de la vente du produit. C’est le fournisseur du
vendeur qui expédie la marchandise au consommateur final.
Le consommateur n’a généralement ni connaissance de l’existence du fournisseur ni de son rôle. Le dropshipping permet
donc de se lancer dans le e-commerce avec un faible investissement de départ, puisque le vendeur ne gère ni le stock,
ni la logistique. Ses seules dépenses sont liées à la création
de la boutique en ligne et à la mise en avant de ses produits
sur le web. Générateur de nombreuses plaintes, le dropshipping a constitué un axe de contrôle fort en 2020. L’objectif
des enquêtes est double:
− protéger les consommateurs acheteurs (pratiques commerciales trompeuses sur les caractéristiques des produits
commercialisés, les fausses annonces de réduction de prix,
absence de livraison…);
− protéger les consommateurs qui seraient enclins à développer ce type d’activité, victimes de formateurs au discours
trompeur notamment sur les gains potentiels générés par
l’activité ou les responsabilités induites par cette activité
professionnelle tant pour ce qui concerne la sécurité
des produits vendus que des obligations fiscales.
Une dizaine de procédures se sont soldées en 2020 par
des transactions pénales pour un total de 215k€.
UNE ACTION TOUJOURS PLUS RÉSOLUE
AUPRÈS D’OPÉRATEURS IMPORTANTS
DU NUMÉRIQUE
Apple sanctionné pour défaut d’information
Saisie en 2018 par le parquet de Paris pour enquêter sur la
plainte d’une association à l’encontre d’Apple, une enquête
de la DGCCRF a montré que des détenteurs d’iPhone n’avaient
pas été informés que les mises à jour du système d’exploitation iOS (10.2.1 et 11.2) étaient susceptibles de conduire à un
ralentissement du fonctionnement de leur appareil. Ces mises
à jour, diffusées au cours de l’année 2017, comportaient un
dispositif de gestion dynamique de l’alimentation qui, pouvait,
sous certaines conditions et notamment lorsque les batteries
étaient anciennes, ralentir le fonctionnement des modèles
d’iPhone 6, SE et 7. Dans l’incapacité de revenir à la version
précédente du système d’exploitation, de nombreux consommateurs auraient été contraints de changer de batterie
voire d’acheter un nouveau téléphone. Le Service national
des enquêtes a donc transmis au parquet de Paris en 2019 les
conclusions de ses investigations estimant que ce défaut
d’information des consommateurs constituait une pratique
commerciale trompeuse par omission. Avec l’accord du procureur de la République, il a été proposé au groupe Apple
– qui l’a accepté – une transaction comprenant le paiement
de la somme de 25 M€ et la publication, pendant un mois,
d’un communiqué sur son site internet.
Wish, de nombreux indices de pratiques
commerciales trompeuses et de fraudes
La DGCCRF, qui enquêtait depuis plusieurs mois sur les
pratiques de la plateforme en ligne Wish, opérée par la société
CONTEXTLOGIC Inc., a mis en évidence des agissements
s’apparentant à des pratiques commerciales trompeuses. Les
pratiques constatées consistent :
−à alléguer de manière généralisée de fortes réductions
de prix, particulièrement attractives pour les consommateurs (pouvant aller jusqu’à 90 % de réduction) mais dénuées
de toute réalité économique (elles sont notamment calculées sur la base de prix de référence trompeurs);
−à mettre en avant des produits de forte notoriété dont
certains ne sont pas disponibles sur la plateforme;
−et à proposer des produits présentant des logos et signes
distinctifs s’apparentant à ceux de marques déposées
notoires (notamment marques de sport, parfums prestigieux, etc…) de nature à induire en erreur les consommateurs.
Ces pratiques, si elles étaient confirmées par le juge, seraient
particulièrement graves car susceptibles d’altérer le comportement des consommateurs et d’induire une concurrence
déloyale vis-à-vis des autres commerçants. Par ailleurs, il a été
constaté que sur la version de la plateforme à destination du
consommateur français, la description des produits dans les
annonces était quasi systématiquement rédigée en anglais. Il
revient maintenant à l’autorité judiciaire de donner les suites
qu’elle jugera nécessaires aux manquements présumés relevés
lors de cette enquête.
Google condamné pour pratiques
commerciales trompeuses
Saisie de plaintes d’hôteliers dénonçant l’affichage sur
Google d’un classement trompeur des hébergements touristiques, la DGCCRF a contrôlé en 2019 et 2020 la nature et
la loyauté des informations délivrées par la plateforme. Le
contrôle a été fait sur un nombre important d’établissements
grâce à la mise en œuvre d’outils numériques (data science).
L’enquête a révélé qu’au lieu de se référer au seul classement
officiel existant en France et délivré par Atout France (de 1 à
5 étoiles), la plateforme en ligne Google lui substituait une
Focus sur le numérique/commerce électronique 57
classification établie selon ses propres critères. Cette classification prêtait grandement à confusion par sa présentation
et par l’utilisation du terme « étoiles ». Cette pratique lésait
en premier lieu les consommateurs, trompés sur le niveau réel
de prestations auxquels ils pouvaient s’attendre au moment
de réserver un hébergement.
Il en résultait également un préjudice pour les hôteliers dont
les établissements étaient présentés à tort comme moins bien
classés que dans la réalité, ou subissant la concurrence d’établissements faussement mieux classés que le leur. Le Service
national des enquêtes de la DGCCRF a donc transmis au
parquet de Paris les conclusions de ses investigations estimant
que la nature des informations communiquées sur le classement des hébergements touristiques par la plateforme
Google constituait une pratique commerciale trompeuse.
Avec l’accord du procureur de la République, il a été proposé
aux sociétés Google Ireland Ltd et Google France – qui l’ont
acceptée – une transaction comprenant le paiement de la
somme de 1,1 M€ et la communication par la DGCCRF de cette
décision.
Dark patterns, des techniques de vente en ligne
altérant les comportements des consommateurs
Les dark patterns recouvrent des techniques étroitement liées aux pratiques commerciales déloyales. Il
s’agit de méthodes reposant sur des artifices de présentation et d’ergonomie des sites internet destinées à
pousser le consommateur à l’acte d’achat en exploitant des biais cognitifs altérant, à son détriment,
le comportement des consommateurs. La présentation d’offres promotionnelles de « prix de référence »,
de prix barrés très élevés, souvent déconnectés
de toute réalité économique, les pratiques menant
les consommateurs à souscrire des abonnements sans
qu’ils en aient conscience, des compteurs de visites
ou des comptes à rebours intégrés constituent autant
de techniques relevant de pratiques commerciales
trompeuses. L’interdiction du pré cochage en e-commerce constitue, à cet égard, une prise en compte du
concept par le législateur européen.
Très attentive au développement de ces techniques,
la DGCCRF a répondu à un appel à projets publié
par la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP) visant à appliquer les
leçons des sciences comportementales aux politiques publiques et à la protection économique
des consommateurs.
58 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
UN RENOUVELLEMENT
DU LIEN AVEC LES
CONSOMMATEURS
La professionnalisation
de l’accueil des
consommateurs
Les services de la DGCCRF sont régulièrement sollicités par
les consommateurs désireux de se renseigner sur leurs droits,
la réglementation applicable, ou d’obtenir des conseils en
cas de litiges avec des professionnels. Dans le cadre de son
plan stratégique 2020-2025, la DGCCRF a décidé de revoir son
processus d’accueil du public et de créer un service spécifique
dédié à la réponse aux saisines reçues par courrier, courriel ou
par téléphone. Lancé fin 2020, il est actuellement en phase
de montée en charge progressive.
Le nouveau service rassemble des agents de la DGCCRF
spécialisés et formés à la réponse téléphonique et écrite et a
pour mission de produire des réponses simplifiées et uniformisées, pour mieux répondre aux attentes des usagers. À terme,
le service traitera l’ensemble des demandes des consommateurs quel que soit le lieu de leur domicile et ou celui du siège
de l’entreprise et assurera un rôle de veille pour identifier les
pratiques déviantes des entreprises et les combattre.
Les professionnels pour leur part continueront de s’adresser
aux DIRECCTE (pôle C) ou aux DD(CS)PP pour obtenir
des informations.
SignalConso, une nouvelle
plateforme dédiée
à la protection
des consommateurs
Depuis 2018, la DGCCRF s’est lancée dans le projet innovant
d’une start-up d’État – incubée à la Direction interministérielle du numérique –, en créant une plateforme
de signalements automatisée permettant à un consommateur
de signaler en quelques clics des anomalies rencontrées dans
ses actes de consommation, et d’obtenir des conseils pour
agir. L’année 2020 a marqué le lancement de la plateforme à
l’échelle nationale.
SignalConso, une approche innovante
de la relation citoyen-entreprise-administration
Pour améliorer sa capacité à protéger les consommateurs
et la vie économique en détectant les entreprises en infraction, la DGCCRF a développé la plateforme SignalConso,
qui permet à chaque citoyen qui souhaite être acteur de la
protection des consommateurs de signaler à l’administration
les problèmes rencontrés dans ses actes de consommation, et
ce en toute transparence vis-à-vis du professionnel concerné.
Solution innovante de relation entre consommateurs, professionnels et administration, SignalConso responsabilise les
entreprises en leur transmettant les signalements pour les
inciter à s’autocorriger et permet à l’administration d’améliorer le ciblage de ses enquêtes en intervenant si nécessaire.
La plateforme a pour but de fournir un service simple, transparent et efficace à un maximum d’usagers, tout en travaillant
dans une logique de confiance vis-à-vis des entreprises en
leur permettant de se mettre en règle et de s’améliorer dans
leurs pratiques.
Le déploiement national
Après une année d’expérimentation menée dans 3 régions,
SignalConso a été étendu le 18 février 2020 sur l’ensemble du
territoire national. Dès cette date, la plateforme a dû s’adapter
pour répondre rapidement aux besoins des consommateurs
et des professionnels.
À titre d’exemple, l’outil a très vite intégré une rubrique
dédiée à la pandémie de COVID-19 pour recueillir le nombre
croissant de signalements liés à certains produits notamment
les masques et les gels hydroalcooliques. SignalConso a également évolué pour recueillir les signalements liés à certains
secteurs tels que la vente en ligne.
Depuis le lancement de la plateforme en février 2020,
SignalConso a reçu plus de 50000 signalements dont 66 %
ont été lus par les entreprises. Sur l’ensemble des signalements
lus, 80 % ont donné lieu à des réponses des entreprises. Ces
statistiques sont directement disponibles en temps réel sur
le site SignalConso.
Une start-up d’État pour innover
et s’adapter aux enjeux mouvants
Si la version actuelle est d’ores-et-déjà accessible à tous les
consommateurs, elle reste en pleine évolution. La rapidité
de mise en œuvre des modifications du site, l’adaptabilité au
contexte, l’intégration des entreprises au dispositif et l’exploitation facilitée des signalements sont des caractéristiques
fortes de la plateforme SignalConso, pleinement au service
des consommateurs, de leur protection et de leur sécurité.
Son développement associe les consommateurs, les professionnels et les enquêteurs de la DGCCRF afin de répondre au
mieux aux enjeux de chaque partie prenante.
Temps forts législatifs et réglementaires 59
TEMPS FORTS
LÉGISLATIFS ET
RÉGLEMENTAIRES
Encadrement du
démarchage téléphonique
et lutte contre les appels
frauduleux
La DGCCRF a contribué à la préparation de la loi visant à
encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre
les appels frauduleux du 24 juillet 2020. Outre l’aggravation
des sanctions existantes, le législateur, a mis en place quatre
dispositions :
−l’obligation de la détention d’un abonnement au dispositif
Bloctel pour tous les professionnels réalisant du démarchage
téléphonique;
−l’interdiction du démarchage téléphonique dans le secteur
de la rénovation énergétique;
−la présomption de responsabilité des donneurs d’ordre qui
sous-traitent leurs appels à des plateformes à l’étranger;
− une limitation des exclusions du dispositif d’opposition au
démarchage téléphonique aux seules relations existantes
entre un consommateur et un professionnel.
Cette loi a également modifié certaines dispositions s’appliquant aux services à valeur ajoutée (numéros surtaxés), qui
peuvent donner lieu à des pratiques abusives de la part
d’éditeurs de services peu scrupuleux. Outre l’aggravation
des sanctions pécuniaires existantes, le législateur a renforcé
le rôle:
− des opérateurs de ces services dans la lutte contre les
pratiques frauduleuses, qui devront renforcer leur vigilance,
et auront l’obligation de suspendre l’accès aux numéros
dans certains cas, par exemple quand aucun service réel
n’est disponible ou que l’annuaire inversé des numéros
surtaxés (https://www.surmafacture.fr) est mal renseigné
par l’éditeur du service. La responsabilité des opérateurs
de services à valeur ajoutée pourra être engagée dès lors
que les pratiques frauduleuses des éditeurs perdureront ;
− des opérateurs téléphoniques, qui pourront suspendre
l’accès aux numéros surtaxés litigieux afin de protéger leurs
clients en cas d’inaction des opérateurs de services à valeur
ajoutée.
Loi portant diverses
dispositions d’adaptation
au droit de l’Union
européenne en matière
économique et financière
(DDADUE)
La loi du 3 décembre 2020 portant diverses dispositions
d’adaptation au droit de l’Union européenne (DDADUE29)
modifie sensiblement le droit de la consommation et le droit
de la concurrence.
En matière de consommation, deux ordonnances seront prises
sur le fondement de ce texte:
− pour actualiser les règles relatives à la garantie légale
de conformité, en grande partie pour les adapter aux spécificités du numérique grâce à la transposition en droit interne
des nouvelles règles européennes relatives aux contrats
de vente de biens et aux contrats de fourniture de contenus
numériques et de services numériques (issues des directives
(UE) n° 2019-770 et n° 2019-771 du 20 mai 2019);
− pour adapter les règles de protection des consommateurs
en y intégrant l’économie numérique (réseaux sociaux,
places de marché, faux avis, algorithme) et en renforçant
leur effectivité grâce à des sanctions plus dissuasives (règles
issues de la directive (UE) n° 2019-2161 du 27 novembre 2019,
dite « omnibus »). La transposition de cette directive sera
aussi l’occasion de réintroduire en droit français un dispositif
d’encadrement des annonces de réduction de prix.
En matière d’équilibre des relations interentreprises, la loi
renforce les dispositions relatives à l’injonction en matière
de pratiques restrictives de concurrence en l’assortissant
d’une astreinte financière potentiellement élevée. Par ailleurs,
la loi habilite le Gouvernement, à transposer la directive sur
29. La loi n°2020-1508 du 3 décembre 2020 portant diverses dispositions
d’adaptation au droit de l’Union européenne en matière économique et
financière, dite loi DDADUE.
60 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
les pratiques commerciales déloyales dans les relations interentreprises au sein de la chaîne d’approvisionnement
agricole et alimentaire (directive (UE) n° 2019-633 du
Parlement européen et du Conseil du 17 avril 2019).
Outre-mer, de nouveaux leviers d’action
pour stimuler la concurrence
En ce qui concerne plus spécifiquement les outre-mer,
trois dispositions de la loi DDADUE font suite aux recommandations de l’Autorité de la concurrence (AdlC)
dans son avis rendu en juillet 2019. Tout d’abord, une
série de mesures, inspirées du règlement européen
n°2018-302 vise à lutter contre le géoblocage des consommateurs ultramarins (les empêchant d’accéder aux sites
internet de métropole), afin de favoriser le développement du commerce électronique outre-mer. Une
autre disposition interdit les pratiques discriminatoires
de la part d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises
bénéficiant d’une exclusivité d’importation de fait, au
détriment de toute autre entreprise avec lequel elle n’a
pas de lien capitalistique.
Enfin, la procédure permettant à l’AdlC de prononcer
une injonction structurelle, a été simplifiée afin
de répondre aux spécificités de ces territoires marqués
par l’étroitesse de leurs marchés et une faible concurrence. L’AdlC devrait ainsi pouvoir recourir plus facilement à cet outil.
La loi ASAP, des avancées
majeures en matière
de simplifications
administratives
La loi d’accélération et de simplification de l’action publique
du 7 décembre dite « ASAP » a prolongé l’expérimentation, issue de la loi EGAlim, relative au relèvement du seuil
de revente à perte et à l’encadrement des promotions
jusqu’en avril 2023 tout en prévoyant une dérogation pour
les produits saisonniers. Elle a également clarifié le droit applicable aux pénalités logistiques et aux sommes versées par les
fournisseurs aux centrales internationales.
S’agissant des pénalités logistiques la loi (article 139, modifiant
l’article L. 442-1 du Code de commerce) précise les conditions
dans lesquelles celles-ci constituent des pratiques abusives.
Concernant les centrales internationales, la loi (article 138,
modifiant l’article L. 441-3 du Code de commerce), énonce
que toutes les sommes versées par un fournisseur à une entité
juridique située en dehors du territoire français, concourant
à la détermination du prix convenu, doivent figurer dans la
convention unique.
Ces deux dispositions ne créent pas de règles nouvelles mais
viennent préciser le droit antérieurement applicable qui
permettait déjà d’appréhender les pratiques abusives en
matière de pénalités logistiques au travers du déséquilibre
significatif et l’absence de mention dans la convention
unique des sommes versées aux centrales internationales par
le truchement des règles du Code de commerce relatives à la
formation du contrat.
La loi AGEC (loi du
10février 202030) fait entrer
la vente en vrac dans le
Code de la consommation
Les dispositions de cette loi peuvent être regroupées autour
de quatre grands thèmes :
− le droit à l’information des consommateurs en matière
environnementale. Certaines allégations sont interdites
par la loi, d’autres sont strictement encadrées. Le consommateur est en effet le principal acteur de la transition vers
une économie circulaire et l’information est la clé du changement de son comportement pour des produits plus
durables et pouvant être réparés ;
−la lutte contre le gaspillage : des règles permettent de
favoriser le réemploi des produits de consommation;
−la réduction du plastique, notamment à usage unique :
dans un souci de réduction de l’utilisation des emballages
à usage unique, la loi AGEC consacre également la possibilité, pour le consommateur, de venir avec son propre
contenant, et d’acheter les produits en vrac; la loi définit
les produits vendus en vrac comme des produits vendus
sans emballage, en quantité choisie par le consommateur,
30. Loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage
et à l’économie circulaire.
Temps forts législatifs et réglementaires 61
dans des contenants ré employables ou réutilisables. Tous
les produits de consommation courante peuvent être ainsi
vendus en vrac, les exceptions à ce principe devant se
fonder sur des exigences de santé publique;
−et l’organisation des filières de responsabilité des producteurs (REP), c’est-à-dire des filières de traitement des déchets.
10 nouvelles filières REP sont créées (emballages professionnels, matériaux de construction, jouets, articles de sport,
articles de bricolages, huiles, tabac, chewing-gums, textiles
sanitaires et engins de pêche en plastique).
Les quatre volets de la loi AGEC imposent de nouvelles obligations aux professionnels. La DGCCRF est habilitée à
contrôler le respect par les professionnels de la plupart
des dispositions de ce texte.
Grand âge et autonomie,
renforcer l’information
des consommateurs
La DGCCRF est chargée de vérifier le respect de certaines
dispositions du Code de l’action sociale et des familles
par les établissements accueillant des personnes âgées et
les prestataires de services d’aide et d’accompagnement à
domicile (SAAD). Elle a ainsi saisi l’opportunité du projet de loi
« Grand âge et autonomie », en cours d’élaboration, pour
proposer des dispositions visant à consolider la transparence
en matière d’information pour les personnes âgées ou leur
famille, ainsi qu’à renforcer l’efficacité des contrôles menés.
Il s’agit par exemple d’améliorer l’information sur les prix et
les tarifs et d’accroître la lisibilité des documents contractuels
ou encore de prévenir les facturations abusives.
La DGCCRF intervient également dans la régulation des prix
des prestations dispensées par les opérateurs de SAAD et
dans les établissements hébergeant des personnes âgées,
dès lors que ces structures ne sont pas habilitées à recevoir
des bénéficiaires de l’aide sociale, en fixant conjointement
avec la Direction générale de la cohésion sociale, le taux
annuel maximum d’évolution des prix de ces prestations.
Dispositif « anti-cadeaux »,
des règles renforcées
Les textes devant être pris pour la pleine application du
dispositif dit « anti-cadeaux » d’encadrement des avantages
octroyés aux professionnels de santé par les industries
de santé ont été publiés à l’été 2020 (décret n°2020-730 du
15 juin 2020 et plusieurs arrêtés). Ces dispositifs contribuent
à un fonctionnement sain des marchés des médicaments
et des dispositifs médicaux. C’est à ce titre que la DGCCRF
intervient. Elle a ainsi collaboré à la refonte de ce dispositif,
en lien avec la Direction générale de l’offre de soins du ministère des Solidarités et de la Santé. Les arrêtés du 7 août 2020,
dont la préparation a été pilotée par la DGCCRF, listent les
avantages et précisent les montants permettant de définir
ceux considérés comme de valeur négligeable, ainsi que les
montants à partir desquels une convention octroyant un
avantage autorisé est soumise à un régime d’autorisation
préalable au lieu d’une déclaration. Le dispositif posé par
le Code de la santé publique (articles L.1453-3 à L.1454-10) est
désormais pleinement applicable depuis le 1er octobre. Des
contrôles sur l’application de ce dispositif ont été programmés
par la DGCCRF en 2021.
Réforme du droit de la copropriété, nouveau
plafonnement des frais et honoraires
Plusieurs textes ont été adoptés en 2020 dans le cadre
de la réforme du droit de la copropriété.
En particulier, le décret du 21 février 2020 plafonne à
380 € TTC les frais et honoraires que peut désormais
percevoir le syndic de copropriété au titre de l’établissement d’un état daté à l’occasion de la mutation à titre
onéreux d’un ou plusieurs lots. Ce décret a été pris en
application de la loi n du 10 juillet 1965 (article 10-1) fixant
le statut de la copropriété des immeubles bâtis. Par
ailleurs, le contrat type de syndic a évolué avec le décret
du 2 juillet 2020.
62 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Une nouvelle révision
des tarifs des professions
réglementées du droit
En février 2020 est intervenue la troisième révision tarifaire
des professions réglementées du droit depuis l’entrée en
vigueur de la loi pour la croissance et l’activité qui vise une
rémunération raisonnable de ces professions dont les tarifs
sont fixés par l’État pour leur activité réglementée. Les deux
précédents exercices de ce type avaient donné lieu à une
mise en œuvre progressive de la réforme, appliquant aux tarifs
réglementés de ces professions des baisses modérées, atteignant au maximum -5 %. La révision tarifaire de 2020, opérée
par une série textes réglementaires publiés le 28 février, s’est
inscrite dans la même logique, mais a été effectuée selon une
méthode de fixation des tarifs réglementés simplifiée et clarifiée. En outre, pour la première fois depuis la mise en œuvre
de cette réforme, les tarifs réglementés des notaires ont fait
l’objet de baisses dites « ciblées » pour certaines prestations
particulièrement demandées par le grand public (PACS et
mainlevée d’hypothèques), avec un impact toutefois limité
sur le chiffre d’affaires global de la profession.
De plus, cette révision tarifaire a été l’occasion de réformer
certains des éléments accessoires du tarif de ces professions,
notamment les remises pratiquées par les notaires, afin d’améliorer leur attractivité pour les clients. Passé un seuil d’émoluments de 200000 €, le tarif peut désormais être négocié
librement entre le notaire et son client. Par ailleurs, les majorations tarifaires dont bénéficient les notaires et les huissiers
installés en Outre-mer ont été revues à la baisse, de manière
à les rapprocher des surcoûts réellement supportés dans ces
territoires.
Enfin, l’entrée en vigueur de cette nouvelle révision tarifaire
a été adaptée de manière à prendre en compte les conséquences de la crise sur l’économie des professions concernées.
Les nouveaux tarifs des notaires, huissiers, commissaires-priseurs judiciaires et greffiers de tribunaux de commerce,
devaient initialement s’appliquer à compter du 1er mai 2020,
mais leur date d’entrée en vigueur a finalement été reportée
au 1er janvier 2021.
Les baisses tarifaires décidées en février 2020 sont de -5 %
pour les greffiers de tribunaux de commerce, -2,5 % pour
les notaires, - 1 % pour les administrateurs et mandataires
judicaires, -0,8 % pour les huissiers et commissaires-priseurs
judiciaires. Elles conduiront à un gain de pouvoir d’achat au
bénéfice des particuliers et entreprises clients de ces professions, estimé à plus de 200 M€ sur un an.
Transparence de
l’information sur les
produits agricoles et
alimentaires, élaboration
des différents textes
d’application
Dans la continuité de la loi EGAlim et afin de renforcer
l’information du consommateur sur les denrées alimentaires,
le Parlement a adopté la loi du 10 juin 2020 relative à la
transparence de l’information sur les produits agricoles et
alimentaires.
Cette loi prévoit notamment une meilleure information du
consommateur sur l’origine de certains produits, que cette
information soit portée sur le produit (par exemple l’origine des miels en mélange) ou sur le lieu de consommation
(par exemple la provenance des viandes en restauration
hors foyer). De même, la loi encadre l’usage des dénominations de denrées d’origine animale pour des denrées d’origine végétale, ainsi que celui du terme « fermier » pour les
fromages.
La DGCCRF, en concertation avec les parties prenantes
concernées, a élaboré les mesures d’application de ces dispositions, qui seront publiées au cours du premier semestre 2021,
à l’issue de leur notification à la Commission européenne et
de leur examen par le Conseil d’État.
Temps forts législatifs et réglementaires 63
La poursuite des
préparatifs pour la fin
des tarifs réglementés
de vente du gaz naturel
La DGCCRF est fortement impliquée aux côtés de la Direction
de l’énergie et du climat, ministère de la Transition écologique (DGEC), dans le processus d’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie, qui a prévu de supprimer
les tarifs réglementés de vente (TRV) du gaz naturel pour
l’ensemble des consommateurs et ceux de l’électricité pour
les consommateurs professionnels.
En 2020, la DGCCRF et la DGEC ont travaillé à la mise en
œuvre du cadre réglementaire prévu par la loi Énergie et
Climat pour garantir une information loyale des consommateurs et des conditions de concurrence équitables entre les
fournisseurs historiques et alternatifs. Les mesures adoptées
visent à informer les consommateurs concernés sur la fin
de leur éligibilité aux TRV et l’existence d’offres de marchés
susceptibles de mieux répondre à leurs besoins spécifiques.
Des mesures ont été adoptées pour encadrer l’ouverture
des fichiers clients des fournisseurs historiques d’électricité
et de gaz naturel au bénéfice des fournisseurs alternatifs, afin
de garantir que ces derniers bénéficient de conditions d’accès
équitables aux consommateurs perdant leur éligibilité aux
TRV. Ces mesures ont été adoptées en conformité avec la
pratique décisionnelle de l’Autorité de la Concurrence et dans
le respect des règles relatives à la protection des données
individuelles. Des modalités particulières, prises sur avis de la
CNIL, sont prévues pour les clients particuliers perdant leur
éligibilité aux TRV du gaz naturel, notamment la possibilité pour ces clients de s’opposer à la transmission de leurs
données personnelles.
64 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
La transposition en droit national du
Code européen des communications électroniques
introduit la notion d’offres groupées
Au premier semestre 2021, sera transposée la directive européenne du 11 décembre 2018 établissant
le Code des communications électroniques européen.
Cette directive introduit plusieurs éléments nouveaux en
droit interne, notamment la notion d’offres groupées : dès
lors qu’un service d’accès à internet ou de communication
interpersonnelle fondé sur la numérotation sera compris
dans l’offre, les dispositions spécifiques de la directive s’appliqueront à tous les éléments de l’offre. La directive prévoit
également la création d’un « récapitulatif contractuel »
qui facilitera la comparaison entre les offres des différents
fournisseurs. Les consommateurs bénéficieront d’une
meilleure information sur le niveau de consommation dans
le cadre des forfaits et pourront refuser que leur abonnement à un service de communications électroniques soit
utilisé pour la facturation de services tiers. Parallèlement à
ces nouveautés, de nombreuses règles structurantes du droit
de la consommation français appliqué aux télécoms seront
maintenues, notamment les durées maximales d’engagement
de 24 mois et le droit de résilier après 12 mois en ne payant
que le quart des sommes restant dues. De même, les opérateurs auront toujours la possibilité de modifier unilatéralement le contrat mais les consommateurs pourront toujours
résilier sans frais.
La DGCCRF mobilisée par les travaux européens
et nationaux visant à renforcer l’information
du consommateur sur les denrées alimentaires
De nouvelles attentes sont exprimées par les consommateurs en matière d’information sur les denrées alimentaires :
renforcement de l’indication de l’origine des produits, information sur les modes d’élevage, soutien au développement
d’un étiquetage nutritionnel simplifié en face avant, etc. Dans
ce contexte, certains opérateurs s’engagent dans des initiatives privées ou des démarches d’engagements volontaires
pour y répondre. Si cela est louable, la multiplication d’initiatives privées peut toutefois induire de la confusion pour
les consommateurs lorsqu’elle conduit à apposer sur les
denrées des informations pas toujours comparables. Pour
pallier cela, la Commission européenne, dans le cadre de sa
nouvelle stratégie « de la ferme à la table », l’un des axes
du pacte vert européen (UE Green Deal), a annoncé que
le règlement (UE) n° 1169-2011 concernant l’information
des consommateurs sur les denrées alimentaires (règlement
« INCO ») serait révisé afin de pouvoir prendre en compte
de manière plus globale les nouvelles attentes des consommateurs avec des dispositions harmonisées d’application
TRAVAUX
EUROPÉENS
ET COOPÉRATION
EUROPÉENNE
Les travaux européens sur la régulation
des plateformes numériques,
une ambition partagée
Le 15 décembre 2020, après une phase de consultation
de plusieurs mois, la Commission européenne a publié
deux projets de règlements, le Digital Services Act (DSA) et
le Digital Markets Act (DMA), dont l’objectif est d’adapter
le droit de l’Union européenne aux évolutions de l’économie
numérique. Le projet de règlement DSA vise à mieux responsabiliser les plateformes, notamment les places de marché, en
ce qui concerne les contenus (informations, services, produits)
qu’elles proposent en ligne. Dans un contexte où les contrôles
menés par la DGCCRF depuis plusieurs années en réponse à
l’essor de ces places de marché ont montré des taux préoccupants de produits dangereux (en particulier pour les jouets,
bijoux, accessoires électriques ou cosmétiques), et de non–
respect des droits des consommateurs, la DGCCRF veille à ce
que les enjeux en lien avec la sécurité et la protection économique des consommateurs aient pleinement leur place dans
les contributions des autorités françaises. Ce texte fera l’objet
en 2021 de discussions avec la Commission et de négociations
entre les États-membres; la DGCCRF proposera dans ce cadre
des règles spécifiques visant à la protection des consommateurs sur les places de marché électronique.
La vocation du projet de règlement DMA est de promouvoir
un environnement concurrentiel équitable sur les marchés
numériques en imposant aux plateformes numériques les plus
structurantes (gatekeepers) une série d’obligations et interdictions ex ante, spécifiques et détaillées, notamment en matière
de données (récolte, accès, portabilité) et d’interopérabilité
des applications, dont certaines pratiques strictement interdites (interdiction des clauses de parité tarifaire par exemple)
et d’autres acceptables sous certaines conditions (favoriser
ses propres produits dans le référencement notamment). Le
projet propose un nouveau dispositif d’enquêtes de marché
destinées à mettre à jour la liste des gatekeepers, à faire
entrer de nouvelles typologies de services de plateformes
dans le dispositif ou à compléter la liste des obligations. Elles
pourraient, en outre, permettre d’imposer des obligations et
des engagements aux acteurs régulés ou en passe de devenir
gatekeeper dans certaines circonstances. La DGCCRF a participé à l’élaboration de la position française et a plaidé pour la
bonne articulation de cette nouvelle régulation du numérique
avec le droit de la concurrence. En 2021, la DGCCRF contribuera, en lien avec les différentes administrations concernées,
à la construction et à la défense des positions françaises sur
ces deux textes.
Travaux européens et coopération européenne 65
obligatoire. Les travaux porteront plus particulièrement sur
l’extension de l’indication obligatoire de l’origine à d’autres
types de produits comme le lait ou le lait et la viande dans les
denrées transformées. Ils porteront également sur la généralisation d’un système d’étiquetage nutritionnel simplifié en
face avant (type Nutri-score) permettant aux consommateurs
de comparer facilement les produits en fonction de leur
qualité nutritionnelle. Le règlement « INCO » sera également
révisé en ce qui concerne la date de durabilité minimale,
celle-ci s’avérant mal comprise et source de gaspillage alimentaire. En complément, la Commission a indiqué vouloir instituer un cadre pour harmoniser l’étiquetage environnemental
sur les denrées alimentaires.
Nanomatériaux dans les cosmétiques,
les travaux de la DGCCRF
pour faire évoluer la réglementation
Les professionnels du secteur des cosmétiques contrôlés par
la DGCCRF, y compris ceux disposant de services juridique
et technique conséquents, sont parfois très peu sensibilisés
à la problématique des nanomatériaux. Beaucoup d’entre eux
considèrent ces substances de la même manière que les ingrédients conventionnels et n’ont pas développé de politique
de gestion spécifique. Les fabricants de cosmétiques font
régulièrement état de difficultés en ce qui concerne la
documentation transmise par leurs fournisseurs d’ingrédients,
qui ne permettrait pas de statuer sur le caractère nanométrique des ingrédients. Aussi, la DGCCRF a-t-elle également
initié des contrôles chez les principaux fournisseurs d’ingrédients de la filière cosmétique. Ces investigations sont en
cours.
Certains fabricants de cosmétiques mettent en avant des disparités entre plusieurs définitions des nanomatériaux dans les
textes européens, notamment entre le règlement « cosmétiques » et une recommandation trans-sectorielle de 2011,
pour appliquer une définition de portée moins large que
celle prévue par le règlement « cosmétiques » qui conduit
à exclure beaucoup de substances du champ de la réglementation des nanomatériaux. En lien avec l’ANSM, avec qui
elle coordonne la surveillance du marché des cosmétiques
en France, la DGCCRF échange de façon régulière avec les
organisations professionnelles, les fabricants de cosmétiques et les fournisseurs d’ingrédients pour accroître la
rigueur d’application de ce règlement et faire monter en
compétence toute la filière, au bénéfice de l’information
et de la sécurité des consommateurs. La récente initiative
de l’association COSMED, regroupant les PME-TPE du secteur,
de mettre en place un groupe de travail sur les nanomatériaux,
devrait stimuler des actions des professionnels en ce sens. La
DGCCRF est également intervenue auprès de la fédération
des entreprises de la beauté (Fébea) afin que celle-ci apporte
un certain nombre de clarifications dans les informations
règlementaires qu’elle met à disposition de ses adhérents.
Les autorités françaises mènent enfin des actions au niveau
européen pour renforcer l’attention des autres États membres
et de la Commission européenne sur l’utilisation des nanomatériaux dans les cosmétiques. Elles ont notamment adressé à
la Commission un état des lieux des constatations effectuées
depuis 2017 et l’ont alertée sur la présence de nanomatériaux
non autorisés dans certains produits.
Action de groupe, vers une généralisation
en Europe
Les négociations tenues au niveau européen concernant la
proposition de directive se sont achevées en juin 2020 sur
un accord politique entre les États membres et le Parlement
européen. La DGCCRF, pilote de cette négociation avec
le ministère de la Justice, a soutenu la généralisation de l’action
de groupe en Europe. La directive prévoit qu’un dispositif
d’action de groupe devrait être disponible dans chaque État
membre et facilite la mise en œuvre d’actions de groupe transfrontières via la reconnaissance mutuelle des associations et
organismes agréés.
La DGCCRF a cependant veillé, d’une part, à la préservation du dispositif national relatif à l’action de groupe
dans le domaine de la consommation et, d’autre part, à ce
que soit renforcée la prévention des conflits d’intérêts ou
autres abus.
La principale plus-value de la directive est de faciliter
le développement d’actions de groupe transfrontières, par
lesquelles une ou plusieurs associations de consommateurs issues de différents États membres pourront défendre
conjointement les consommateurs qu’elles représentent
à l’encontre du même professionnel. Afin de prévenir les
recours abusifs (par exemple le financement d’une action
de groupe par un concurrent du professionnel attaqué),
le tribunal saisi de l’action de groupe pourra vérifier le respect
des exigences de transparence et d’indépendance financière
de l’association.
À la date de rédaction du rapport, après finalisation linguistique, la directive doit être publiée au JOUE au début
de l’année 2021, transposée au plus tard 24 mois après sa
publication, pour une entrée en vigueur 6 mois après.
66 Bilan d’activité 2020 de la DGCCRF
Le SCL remporte un appel d’offre
européen visant à effectuer des essais
sur la sécurité des bijoux fantaisie
Le laboratoire SCL de Paris a remporté l’appel d’offres du
projet Coordinated Activities on Safety of Products (CASP)
2020 de l’Union européenne relatif à la sécurité des bijoux
fantaisie. Ce projet vise à centraliser dans un seul laboratoire
l’analyse de la présence de métaux lourds dans des bijoux
prélevés par les autorités de surveillance des marchés
de 9 États-membres de l’UE. Cette remarquable réussite est
le fruit d’efforts collectifs. Le laboratoire SCL de Paris s’est
fortement mobilisé pour répondre à ce véritable appel d’offre
concurrentiel : accréditation du domaine scientifique, CV
et expérience des techniciens amenés à réaliser les essais,
maquette de rapport d’expertise en anglais, facturation prévisionnelle des analyses, capacité d’accueil d’une conférence et
capacité d’expression orale en anglais afin de présenter les
résultats aux autorités participantes étaient autant de critères
de sélection. Outre qu’elle consacre la compétence du SCL,
cette reconnaissance trace une nouvelle voie de contribution aux activités des autorités de surveillance du marché au
niveau européen.
Outils et contacts 67
OUTILS ET
CONTACTS
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CONCURRENCE ET CONSOMMATION
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SOCIAUX
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Du fait du confinement, le programme des ateliers 2020
a été impacté et réduit.
Un seul atelier s’est tenu le 6 octobre 2020
Le nouvel outil de concurrence: révolution ou régulation?
Pour prendre contact
POUR LES CONSOMMATEURS
Sur la plateforme SignalConso
POUR LES PROFESSIONNELS
Depuis le 1er avril 2021, une nouvelle organisation des services
déconcentrés de l’Etat est mise en oeuvre dans le champ
de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités :
DANS L’HEXAGONE
Au niveau régional, vous pouvez contacter les directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités
(DREETS). Elles regroupent les missions jusqu’ici exercées par
les directions régionales des entreprises, de la concurrence,
de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE).
Organisées en pôles, les nouvelles DREETS comprennent
notamment un pôle « concurrence, consommation et
métrologie». En Ile-de-France, cette direction porte le nom
de Direction régionale et inter départementale de l’économie
de l’emploi du travail et des solidarités (DRIEETS).
Au niveau départemental, vous pouvez contacter, selon
les cas, les directions départementales de la protection
des populations (DDPP), ou les nouvelles directions départementales de l’emploi, du travail, des solidarités et
de la protection des populations (DEETS-PP) qui intègrent
les anciennes «unités départementales» des DIRECCTE aux
directions départementales interministérielles (DD(CS)PP).
OUTRE-MER
En Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion et à Mayotte,
vous pouvez contacter les directions de l’économie,
de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS).
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Pour plus d’information
www.economie.gouv.fr/dgccrf
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DGCCRF, 59 boulevard
Vincent Auriol
75703 Paris CEDEX 13 T: 0144871717
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