Système de mesure d'impédance électrique embarqué, application aux batteries Li-ion - Thèse Informatique
Système de mesure d'impédance électrique embarqué, application aux batteries Li-ion - thèse Informatique
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Positionnement robuste et pr´ecis de r´eseaux dimages.
Pierre Moulon
To cite this version:
Pierre Moulon. Positionnement robuste et pr´ecis de r´eseaux dimages.. Signal and Image Processing.
Universit´e Paris-Est, 2014. French.
HAL Id: tel-00996935
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00996935
Submitted on 27 May 2014
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recherche fran¸cais ou ´etrangers, des laboratoires
publics ou priv´es.École Doctorale Paris-Est
Mathématiques & Sciences et Technologies
de l’Information et de la Communication
THÈSE DE DOCTORAT
DE L’UNIVERSITÉ PARIS EST
Domaine : Traitement du Signal et des Images
présentée par Pierre MOULON
pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS EST
Positionnement robuste et précis de réseaux d’images.
Soutenue publiquement le 10 janvier 2014 devant le jury composé de :
Adrien BARTOLI Université d’Auvergne Clermont1 Rapporteur
Julie DELON Université Paris Descartes Examinateur
David FOFI Université de Bourgogne Rapporteur
Marc PIERROT-DESEILLIGNY École Nationale des Sciences Géographiques Examinateur
Renaud MARLET École des Ponts ParisTech Directeur de Thèse
Benoît MAUJEAN Mikros Image Encadrant industriel
Pascal MONASSE École des Ponts ParisTech Co-Directeur de Thèse
Luc ROBERT Autodesk ExaminateurÉcole des Ponts ParisTech
LIGM-IMAGINE
6, Av Blaise Pascal - Cité Descartes
Champs-sur-Marne
77455 Marne-la-Vallée cedex 2
France
Université Paris-Est Marne-la-Vallée
École Doctorale Paris-Est MSTIC
Département Études Doctorales
6, Av Blaise Pascal - Cité Descartes
Champs-sur-Marne
77454 Marne-la-Vallée cedex 2
FranceIci, mon cher, c’est adorable, et je découvre tous les jours des choses toujours plus belles. C’est à en devenir
fou, tellement j’ai envie de tout faire, la tête m’en pète. [...] Eh bien, mon cher, je veux lutter, gratter,
recommencer, car on peut faire ce que l’on voit et que l’on comprend, et il me semble, quand je vois la
nature, que je vais tout faire, tout écrire, [...] quand on est à l’ouvrage [...] Tout cela prouve qu’il ne
faut penser qu’à cela.
C’est à force d’observation, de réflexion que l’on trouve. Ainsi piochons et piochons continuellement [...].
Extrait d’une lettre de Claude Monet à Frédéric Bazille écrite en 1864.45
Remerciements
Mes encadrants. Je remercie tout d’abord Benoît Maujean et Renaud Keriven pour
m’avoir offert l’opportunité de réaliser ce travail de recherche au sein du laboratoire
IMAGINE et de l’entreprise Mikros Image. C’est avec un immense plaisir que j’ai pu
travailler sous la direction de Renaud Marlet, Benoît Maujean et Pascal Monasse pour
leurs qualités pédagogiques, scientifiques et humaines. Profitant de leur infaillible soutien
j’ai pu découvrir le monde de la recherche, de l’application de la recherche en industrie
et en apprendre toujours plus sur la vision par ordinateur. Je les remercie pour
leur disponibilité ainsi que leur patience face à mes nombreuses questions, ce qui m’a
permis de réaliser avec confiance ce doctorat.
Comité de thèse. Je remercie Julie Delon, Marc Pierrot-Deseilligny et Luc Robert
d’avoir accepté de faire partie du jury et je remercie tout particulièrement Adrien Bartoli
et David Fofi pour avoir accepté d’être mes rapporteurs, en dépit du travail important
que cela représente.
Mes collègues d’entreprise. Je remercie mes collègues pour les discussions techniques,
les sujets aléatoires abordés, la passion partagée pour la technologie informatique
et les langages de programmation : Lauren Agopian, Marc-Antoine Arnaud, Arnaud
Chassagne, Guillaume Chatelet, Laurent Clavier, Julien Dubuisson, Adrien Dutertre,
Michael Etienne, Thomas Eskenazi, Marie Fétiveau, Antonio Fiestas, Alexandra
Lefève-Gourmelon, Guillaume Maucomble, Valentin Noël, Jules Pajot, Nicolas Provost,
Michael Guiral, Nicolas Rondaud, Élodie Souton. Je remercie les personnes qui se reconnaîtront
pour les nombreux traits d’humour partagés avec plus ou moins de succès.
Je remercie tout particulièrement Bruno Duisit, Christophe Courgeau , Benoît Maujean
et Guillaume Provôt pour avoir participé au projet MiMatte3D de sa genèse à sa réalisation
concrète.
Mes collègues du laboratoire. Je remercie les membres permanents pour tous leurs
conseils et suggestions qu’ils m’ont prodigués : Arnak Dalalyan et Guillaume Obozinski
pour les discussions sur les optimisations convexes, Nikos Paragios pour ses
précieux conseils pour l’écriture de ’rebuttal’, Bertrand Neveu pour toutes les références
que tu as récupérées plus vite que l’éclair.
Je remercie également les post-doctorants, doctorants, futur doctorants et chercheurs
du laboratoire pour la bonne humeur apportée au laboratoire : Martin De La Gorce,
Alexandre Boulc’h, Amine Bourki, Raghudeep Gadde, Mateusz Kozinski, Zhe Liu, Francisco
Vitor Suzano Massa, Yohann Salaün, Olivier Tournaire, Marina Vinyes, Zhongwei
Tang. Je souhaite bonne continuation aux stagiaires que j’ai encadrés. Badis Djellab,
Emmanuel Habbets, Tristan Faure, Luc Girod, Rafaël Marini Silva et Lucas Plaetevoet :
Vous m’avez ouvert l’esprit sur de nouvelles problématiques. Je remercie aussi ceux
qui sont partis vers d’autres horizons avant moi : Achraf Ben-Hamadou, Olivier Collier,
Jamil Drareni, Ferran Espuny et Hoang-Hiep Vu. Je remercie David Ok, Victoria
Rudakova et Pascal Monasse pour avoir fait de l’aventure PRoVisG Mars 3D Challenge
un succès et une expérience inoubliable au Jet Propulsion Laboratory de la NASA. Enfinje remercie Brigitte Mondou et Sylvie Cach pour leur disponibilité et réactivité qui nous
facilitent le quotidien lors des missions et dossiers administratifs.
Mes anciens professeurs. Une pensée à tous mes professeurs qui grâce à leur pédagogie
m’ont insufflé la passion du développement logiciel et de l’imagerie numérique.
Mes amis. Pour leur soutien et encouragements : Antonin P., Cyril L., Nicolas N.,
Philippe M., Michel T., Elvire et Ludovic T..
Ma famille. Je souhaite enfin exprimer ma gratitude envers mes proches qui m’ont
toujours encouragé et mes parents pour m’avoir donné les moyens de réaliser mes
études en adéquation avec mes passions. Enfin, mes plus profonds remerciements vont
vers Fanny, ma chère et tendre, pour la patience et la compréhension dont elle a fait
part durant ces trois dernières années et plus encore pour le bonheur que j’ai de vivre à
ses côtés depuis notre rencontre.
67
Résumé
Calculer une représentation 3D d’une scène rigide à partir d’une collection d’images
est aujourd’hui possible grâce aux progrès réalisés par les méthodes de stéréo-vision
multi-vues, et ce avec un simple appareil photographique. Le principe de reconstruction,
découlant de travaux de photogrammétrie, consiste à recouper les informations
provenant de plusieurs images, prises de points de vue différents, pour identifier les
positions et orientations relatives de chaque cliché. Une fois les positions et orientations
de caméras déterminées (calibration externe), la structure de la scène peut être
reconstruite.
Afin de résoudre le problème de calcul de la structure à partir du mouvement des
caméras (Structure-from-Motion), des méthodes séquentielles et globales ont été proposées.
Par nature, les méthodes séquentielles ont tendance à accumuler les erreurs.
Cela donne lieu le plus souvent à des trajectoires de caméras qui dérivent et, lorsque
les photos sont acquises autour d’un objet, à des reconstructions où les boucles ne se referment
pas. Au contraire, les méthodes globales considèrent le réseau de caméras dans
son ensemble. La configuration de caméras est recherchée et optimisée pour conserver
au mieux l’ensemble des contraintes de cyclicité du réseau. Des reconstructions de
meilleure qualité peuvent être obtenues, au détriment toutefois du temps de calcul.
Cette thèse propose d’analyser des problèmes critiques au cœur de ces méthodes de
calibration externe et de fournir des solutions pour améliorer leur performance (précision,
robustesse, vitesse) et leur facilité d’utilisation (paramétrisation restreinte).
Nous proposons tout d’abord un algorithme de suivi de points rapide et efficace.
Nous montrons ensuite que l’utilisation généralisée de l’estimation robuste de modèles
paramétriques a contrario permet de libérer l’utilisateur du réglage de seuils de détection,
et d’obtenir une chaîne de reconstruction qui s’adapte automatiquement aux données.
Dans un second temps, nous utilisons ces estimations robustes adaptatives et une
formulation du problème qui permet des optimisations convexes pour construire une
chaîne de calibration globale capable de passer à l’échelle. Nos expériences démontrent
que les estimations identifiées a contrario améliorent de manière notable la qualité d’estimation
de la position et de l’orientation des clichés, tout en étant automatiques et sans
paramètres, et ce même sur des réseaux de caméras complexes. Nous proposons enfin
d’améliorer le rendu visuel des reconstructions en proposant une optimisation convexe
de la consistance colorée entre images.
Mots-clefs
calibration ; stéréovision multi-vue ; stéréovision ; estimation robuste ; programmation
linéaire ; vision par ordinateur.89
Abstract
To compute a 3D representation of a rigid scene from a collection of pictures is now
possible thanks to the progress made by the multiple-view stereovision methods, even
with a simple camera. The reconstruction process, arising from the photogrammetry
consist in integrating information from multiple images taken from different viewpoints
in order to identify the relative positions and orientations of each shot. Once
the positions and orientations (external calibration) of the cameras are retrieved, the
structure of the scene can be reconstructed.
To solve the problem of calculating the Structure from Motion (SfM), sequential and
global methods have been proposed. By nature, sequential methods tend to accumulate
errors. This provides most often trajectories of cameras that are subject to drift error.
When pictures are acquired around an object it leads to reconstructions where the loops
do not close. In contrast, global methods consider the network of cameras as a whole.
The configuration of cameras is searched and optimized in order to to best preserve the
constraints of the cyclical network. Reconstructions of better quality can be obtained,
but at the expense of computation time.
This thesis aims to analyse critical issues at the heart of these methods of external
calibration and provide solutions to improve their performance (accuracy , robustness
and speed) and their ease of use (restricted parametrization).
We first propose a fast and efficient feature tracking algorithm. We then show that
the widespread use of a contrario robust estimation of parametric models frees the user
about choosing detection thresholds, and allows obtaining a chain of reconstruction
that automatically adapts to the data. Then in a second step, we use the adaptive robust
estimation and a series of convex optimization to build a scalable global calibration
chain. Our experiments show that the a contrario identified estimates improve signifi-
cantly the quality of the pictures’s positions and orientations, while being automatic
and without parameters , even on complex camera networks. Finally, we propose to
improve the visual appearance of the reconstruction by providing a convex optimization
of the color consistency between images.
Keywords
calibration ; multi-view stereovision ; stereovision ; robust estimation ; linear programming
; computer vision.10SOMMAIRE 11
Sommaire
1 Avant propos 13
1.1 La photogrammétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.2 La photogrammétrie et les effets spéciaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.2.1 Le Match-moving . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.2.2 La PhotoModélisation/Image-Based-Modeling . . . . . . . . . . . . 21
1.3 Contexte de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2 Introduction 29
2.1 Organisation et contributions du manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.1.1 Contributions théoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.1.2 Contributions appliquées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.1.3 Contributions logicielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.1.4 Participation à la vie scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.1.5 Publications de l’auteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3 La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements 37
3.1 Notations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.2 La géométrie caméra . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.3 La géométrie à 2 vues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.4 La géométrie à 3 vues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.5 La triangulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.6 L’estimation de pose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.7 L’ajustement de faisceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.8 La géométrie multiples-vues et l’estimation de mouvements . . . . . . . 49
3.9 La mise en correspondances de points saillants . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.9.1 La détection de points saillants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.9.2 La description de point saillants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.9.3 L’appariement de point saillants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.10 Méthode de fusion rapide de paires de correspondances de points saillants
entre images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.10.1 Une solution ensembliste pour la construction de traces de points
saillants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.11 Contributions de ce chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4 L’estimation robuste de modèles paramétriques 65
4.1 MAX-CONSENSUS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4.2 RANSAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.2.1 Limitations et variantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.3 A Contrario-RANSAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
4.3.1 Le principe de la détection a contrario . . . . . . . . . . . . . . . . 7212 SOMMAIRE
4.3.2 Mise en correspondance a contrario pour l’estimation de la géométrie
épipolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
4.4 Généralisation de la mise en correspondance a contrario pour l’estimation
de modèles paramétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.4.1 Généralisation du calcul du NFA et utilisations . . . . . . . . . . . 78
4.4.2 Application pour l’estimation de la géométrie relative entre deux
images sphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.4.3 Évaluation expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.5 Contributions de ce chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
5 Une chaîne de calibration séquentielle 91
5.1 État de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
5.1.1 Analyse du point clef des méthodes de reconstructions séquentielles
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
5.2 Impact de l’estimation robuste contrainte sur une chaîne de calibration
séquentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.3 Une chaîne de calibration séquentielle a contrario . . . . . . . . . . . . . . 98
5.3.1 Une chaîne adaptative aux bruits des données . . . . . . . . . . . 99
5.4 Résultats et évaluations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
5.5 Contributions de ce chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
5.6 Les problématiques posées par les méthodes de calibrations séquentielles 109
6 Une chaîne de calibration globale 113
6.1 État de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
6.2 Une approche pour le passage à l’échelle basée sur des triplets . . . . . . 122
6.2.1 Inférence de graphes de rotations relatives . . . . . . . . . . . . . 123
6.2.2 Calcul de translations relatives stables par l’utilisation de tenseurs
tri-focaux réduits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
6.2.3 Fusion de translations relatives sous la norme l∞ pour le positionnement
global rapide d’un réseau de caméras . . . . . . . . . . . 133
6.3 Mise en place de la chaîne de reconstruction . . . . . . . . . . . . . . . . 137
6.3.1 Optimisation pour le passage à l’échelle . . . . . . . . . . . . . . . 140
6.4 Résultats et évaluations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
6.5 Contributions de ce chapitre et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
7 Amélioration de la consistance colorée 159
7.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
7.2 État de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
7.3 Une approche d’optimisation convexe pour améliorer la consistance colorée
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
7.3.1 Évaluations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
7.4 Contributions et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
8 Conclusion et perspectives 17913
Chapitre 1
Avant propos
La reconstruction de l’espace tridimensionnel qui nous entoure à partir d’images est
un des défis posés à la vision par ordinateur. Parmi les techniques possibles, la stéréovision
est celle qui est la plus explorée. Son principe, découlant de travaux de photogrammétrie,
est de recouper les informations provenant de plusieurs images prises
de points de vue différents. Autrefois binoculaire et fournissant des informations partielles,
la stéréo-vision est maintenant multi-vues et permet l’obtention de modèles
complets de ce qui est observé. Des méthodes de reconstruction de structure à partir
du mouvement (Structure-from-Motion) ont fait naître des nouvelles perspectives pour
la photographie 3D. Ainsi avec un simple appareil photographique on peut désormais
reconstruire un environnement en trois dimensions. Ce domaine porteur de la vision
par ordinateur ouvre de nouveaux horizons et un champ d’application qui va bien
au delà des besoins initiaux suscités par la robotique. Les applications possibles sont
nombreuses : architecture et urbanisme (DE LUCA 2009), archéologie, métrologie, cartographie,
divertissement (panoramas, visites virtuelles, jeux vidéo interactifs). Les retombées
pour la production cinématographique et les effets spéciaux sont évidemment
multiples.
Les travaux de cette thèse concernent l’application de la stéréo-vision pour la reconstruction
la plus précise possible de décors à partir de photographies pour l’industrie
audio-visuelle.14 1–Avant propos
La captation du réel
Réaliser l’acquisition d’un environnement réel sur un support numérique comporte
trois étapes principales (DE LUCA 2006) :
L’acquisition des données spatiales met en œuvre le relevé de la morphologie, des
dimensions et des aspects de surface de l’environnement étudié. Cette phase peut
utiliser différents dispositifs basés sur le principe de mesure avec ou sans contact
sous différentes configurations. Dans le cas de la photogrammétrie le résultat de
cette phase consiste en un nuage de points (la structure) représentant avec plus ou
moins de densité l’environnement et une série d’images orientées et positionnées
dans l’espace.
La reconstruction tridimensionnelle des surfaces est l’étape de modélisation qui permet
de construire le modèle géométrique de l’édifice en s’appuyant sur les mesures
issues de la phase de relevé. Plusieurs techniques permettent une reconstruction
automatique, semi-automatique ou manuelle des surfaces à partir des
nuages de points. Ces techniques diffèrent en fonction des données d’entrées
qu’elles peuvent traiter et du type de représentations géométriques qu’elles peuvent
générer.
La restitution de l’apparence visuelle s’intéresse à l’enrichissement de la géométrie
issue de la phase de reconstruction. Des attributs capables de décrire les aspects
de surface sont ajoutés sur la reconstruction. Il s’agit principalement d’associer au
modèle 3D les informations photométriques acquises au moment du relevé.15
L’acquisition des données spatiales sous une forme numérique est généralement
réalisée par des méthodes dites de métrologie. Bien que cette thèse se concentre sur
des méthodes de photogrammétrie il est important de citer les différentes méthodes de
numérisation existantes. Il sera ainsi plus facile pour le lecteur de comprendre que la
photogrammétrie est un choix privilégié dans le cadre de ce travail.
Les méthodes d’acquisition du réel peuvent être classifiées en deux catégories : les
méthodes dites avec ou sans contact.
Avec contact. Les méthodes avec contact réalisent la numérisation d’un objet 3D
grâce à un contact physique avec l’objet.
Palpeur
La numérisation est réalisée par le biais d’un palpeur et d’un bras
articulé. Les mesures angulaires sur les articulations de l’arbre
permettent de connaître précisément la position du palpeur et
permettent ainsi de numériser des points de l’espace. Son usage
intrusif envers les objets rend la numérisation d’objets fragiles pé-
rilleuse et l’acquisition d’objets de large dimension impossible.
Un autre désavantage est la fréquence d’acquisition qui est limitée
par l’opérateur lui-même, contraint par la vitesse de déplacement
du bras mécanique. L’acquisition d’une surface dense n’est
donc pas envisageable par un opérateur. Ce type d’acquisition est
le plus souvent limité au milieu industriel et à la vérification de
cotes sur des chaînes de production.
Sans contact. Les méthodes sans contact sont réalisées avec des appareils d’acquisition
distants. On distingue deux méthodes d’acquisition, les méthodes actives et les
méthodes passives.
Méthodes actives :
Télémétrie
Les scanners actifs émettent un rayonnement et détectent sa ré-
flexion afin de sonder un objet ou une scène. Différents types de
source de rayonnement sont utilisés : lumière, ultrason ou rayon
X. Les appareils de mesures les plus connus de cette catégorie
sont les scanners LIDAR (dits à temps de vol) et les scanners 3D
(dits à décalage de phase). Les scanners LIDAR ont une portée
plus grande et une fréquence d’acquisition plus élevée (10 000 à
100 000 points par seconde) que les scanners à décalage de phase.
Ces technologies ont un coût élevé et demandent une formation
pour être utilisées. L’acquisition de larges volumes requiert plusieurs
acquisitions avec la présence de marqueurs cibles à position
fixe pour faciliter les recalages. Ils sont donc assez complexes
à réaliser.16 1–Avant propos
Photogrammétrie
et triangulation
Les scanners dits à lumière structurée utilisent un appareil photo
et une source de lumière contrôlée (un vidéo-projecteur). L’analyse
de la déformation d’un motif lumineux projeté sur l’objet
permet de déterminer le relief de la surface imagée. Selon le
temps et la précision de la reconstruction souhaitées on utilise
un ou plusieurs motifs (lignes, points). La démocratisation de ce
type de scanner a été réalisée avec brio par Microsoft et son produit
Kinect. La Kinect est un scanner 3D qui réalise l’analyse des
déformations en temps réel d’un motif projeté en infrarouge afin
de calculer une carte de profondeur et localiser les positions du
squelette d’un ou plusieurs joueurs. Un inconvénient de ces scanners
est que leur précision est limitée à la zone de netteté de la caméra
et donc seuls de petits espaces peuvent être reconstruits. Ces
méthodes utilisant une source de lumière infrarouge, les acquisitions
se limitent à des espaces intérieurs dans un espace contrôlé
afin de ne pas être perturbées par une source externe de lumière
(soleil).
StéréoPhotométrie
Ici on se place dans un cas similaire au précédent, on considère
toujours un appareil photographique fixe, mais on considère
désormais une source de lumière unique en mouvement. Le
fait d’avoir différentes images avec des conditions d’illumination
différentes permet de déterminer l’état de la surface de l’objet
considéré. Des normales à la surface sont ainsi calculées et une
phase d’intégration permet de déterminer une surface représentant
l’objet observé. Image extraite de WU et al. (2011b).
Méthode passive :
Photogrammétrie
et triangulation
Des images sont capturées autour de l’objet à mesurer. Connaissant
des points en correspondance entre les images, on peut identifier
les positions des caméras et des points 3D correspondants
par triangulation. On identifie ainsi le mouvement des caméras
(orientation et translation) ainsi que la structure (points 3D) de la
scène. Ce problème d’optimisation est résolu par des algorithmes
de calcul de structure à partir du mouvement. Ces points peuvent
être soit des points naturels détectés soit des points identifiés par
des marqueurs cibles posés sur la scène imagée.
La photogrammétrie passive apparaît comme une solution particulièrement intéressante
:
• Le pré requis matériel est faible, seul un appareil photographique est nécessaire,
• Le prix d’un appareil photographique numérique de bonne qualité est moindre
que le prix d’un scanner de type LIDAR,
• Aucune formation particulière n’est nécessaire pour manipuler le matériel,
• La scène observée n’est pas manipulée ou détériorée,
• Aucune source de lumière projetée et aucuns contacts aux objets ne sont nécessaires.1.1–La
photogrammétrie 17
1.1 La photogrammétrie
Le mot photogrammétrie apparaît comme une évolution du mot, «métrophotographie»,
apparu en 1850 par le biais d’Aimé Laussedat. Le terme se popularise ensuite
à l’échelle européenne puis internationale en photogrammétrie sous l’impulsion allemande
du photographe Otto Kersten et de l’ingénieur civil Albrecht Meydenbaeuer
(WOCHENBLATT 1867) comme illustré sur la figure 1.1. L’idée originale est de réaliser
des relevés métriques de bâtiments ou terrains à partir de photographies.
La photogrammétrie a ensuite évoluée en commençant sur des travaux basées sur
de la stéréovision (stereoscopic viewing) et les travaux de Carl Pulfrich sur le stereocomparator
créé en 1901 (cf. FRITSCH (2006)). L’acquisition de données topographiques
a été initiée par des pionniers comme Nadar en 1858 avec l’acquisition d’images aé-
riennes en ballon à des fins militaires. Par la suite, d’autres techniques d’acquisitions
ont suivi. Durant la première guerre mondiale, des cerf-volants, avions et même des pigeons
(PHOTOGRAPHIQUES 1910) ont servi de moyens de transport pour l’acquisition
et la reconnaissance de terrains. Cette période a permis de découvrir et de proposer des
solutions de correction pour la rectification et l’utilisation d’images stéréographiques.
Dans une seconde phase, le développement de la géométrie algorithmique projective,
la connaissance avancée du calcul matriciel et de l’algèbre linéaire ont donné naissance
à la photogrammétrie analytique (KRUPPA 1913) et à la théorie de l’ajustement de
faisceaux (BROWN 1976 ; SLAMA et al. 1980 ; TRIGGS et al. 2000). L’ajustement de faisceaux
est le processus qui consiste à optimiser simultanément la trajectoire de la caméra
et la structure de la scène. La photogrammétrie étant gourmande en calculs numériques
son utilisation a été grandement facilitée par l’arrivée de l’ordinateur.
Le troisième fait marquant dans l’histoire de la photogrammétrie est l’apparition
de la version moderne de la camera obscura (Aristote) : l’appareil photographique numérique
(GARETH A. LLOYD et STEVEN J. SASSON 1978). L’acquisition numérique et
l’accessibilité à des solutions de stockage de plus en plus grandes se sont tellement dé-
mocratisées que l’on a observé une scission des communautés de recherche en fonction
du style d’acquisition et d’application (cf. figure 1.1). On note après 1970 la pleine croissance
de la photogrammétrie aérienne et la télé-détection : (remote sensing), puis plus
tard l’apparition du terme Structure from Motion (SfM) et digital photogrammetry dans
les années 1980-90. Cette disparité temporelle a été observée car au début les appareils
photographiques numériques n’étaient accessibles qu’à la communauté acquisition aé-
rienne. Dans un second temps l’appareil photographique numérique est devenu grand
public et la photogrammétrie au sol (SfM, close-range photogrammetry) alors a pu se dé-
mocratiser.
photogrammetry structure from motion remote - sensing
1870 1875 1880 1885 1890 1895 1900 1905 1910 1915 1920 1925 1930 1935 1940 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
0.00%
0.000004%
0.000008%
0.000012%
0.000016%
0.00002%
digital photogrammetry
FIGURE 1.1 – Nombre d’occurrences des mots photogrammetry, structure-from-motion et
remote-sensing dans les ouvrages référencés par Google© entre les années 1860 à 2000.
Nous sommes actuellement dans une quatrième phase de la photogrammétrie : une
phase applicative. Nous pouvons observer que la communauté de la vision par ordinateur
à fait mûrir des techniques et des applications qui sont désormais utilisables de18 1–Avant propos
manière stable par tout un chacun. On notera que certaines applications permettent de
nos jours :
De créer une image panoramique depuis nos téléphones mobiles,
De chercher de l’information en photographiant une pochette de disque ou une af-
fiche : LTU Technologies 1
, Kooaba 2
,
De jouer de manière interactive avec un avatar virtuel imitant nos mouvements sur
notre télévision (Microsoft Kinect).
Une utilisation concrète de la photogrammétrie et de la vision par ordinateur à très
large échelle est le logiciel Google Maps. Cette application permet de visualiser la surface
de notre planète à travers notre navigateur Internet (une couverture intégrale du
globe en basse définition est disponible depuis 2005). La résolution en mode de visualisation
aérienne est telle que l’on peut observer sa propre maison ou compter les piétons
sur une place. L’inclusion récente des rues avec StreetView en 2007 permet de naviguer
dans les rues d’une ville, de visualiser concrètement la situation d’un monument ou
d’un magasin comme si on y était. Même si les informations actuellement proposées
sont en majorité seulement en 2 dimensions, des représentations 3D sont d’ores et déjà
en préparation ou visibles pour certaines villes du globe. La technologie de numérisation
3D de villes est en passe d’être mûre pour des applications concrètes comme l’ont
montrés les sociétés "C3 Technologies" et Acute3D 3
.
Le futur laisse entrevoir des solutions libres de partage et création de carte 3D
à l’instar d’OpenStreetMap auxquelles des utilisateurs ordinaires peuvent contribuer
pour apporter de l’information. Le fait que l’acquisition humaine soit limitée au sol
est aussi en phase de changement. Les moyens de transport suivant l’évolution aé-
ronautique au plus proche (ballons radiocommandés dirigeables, drones et UAV), le
futur laisse imaginer que l’acquisition aérienne sera réalisable par tout un chacun dans
quelques années avec un simple drone tel que le "Teeny, Tiny Crazyflie Nano Quadcopter"
développé en 2012 (cf. figure 1.2).
FIGURE 1.2 – De gauche à droite : Nadar et son ballon 1858, un pigeon photographe
1910, un drone Parrot 2010, un micro UAV 2012.
Cette obsession de recréer le réel pour en redéfinir l’usage est le but principal visé
par l’industrie audiovisuelle. Voyons les usages de la photogrammétrie pour la création
d’effets spéciaux.
1. LTU Technologies http://www.ltutech.com/fr/
2. Kooaba http://www.kooaba.com/
3. Acute3D http://www.acute3d.com1.2–La photogrammétrie et les effets spéciaux 19
1.2 La photogrammétrie et les effets spéciaux
Pour le domaine des effets spéciaux, le terme photogrammétrie est interprété comme :
une méthode pour acquérir une représentation manipulable d’un environnement. On
cherche à acquérir le réel pour en détourner l’usage. L’intérêt est d’obtenir des copies
numériques pour réaliser des trucages. Une collection de bâtiments (DE LUCA 2006)
ou d’objets et personnages (BHAT et BURKE 2011) peut être ainsi créée et détournée
(cf. figure 1.3). Les budgets étant souvent serrés la photogrammétrie s’impose comme
un choix avant tout financier. Le prix d’un appareil photo numérique est bien moins
élevé que celui d’un laser 3D d’acquisition LIDAR. Un autre avantage technique est le
fait que le support photographique apporte la représentation photo-réaliste tandis que
les LIDARs ne possèdent pas tous une caméra coaxiale pour acquérir avec précision la
couleur de chaque point 3D numérisé. Cependant malgré le fait que les techniques de
photogrammétrie semblent relativement mûres on réalise que l’usage de la technologie
n’est pas encore aisée pour les besoins spécifiques des effets spéciaux.
(a) (b)
FIGURE 1.3 – (a) La structure d’un bâtiment re-créée à partir de photographies (DE
LUCA 2006). (b) Copie numérique d’un acteur par la société Agence de Doublure Numérique
(image du Figaro).
Les objectifs principaux liés aux effets spéciaux mêlant réel et virtuel sont les suivants
:
– l’estimation du mouvement d’une caméra vidéo, Match-moving :
insertion d’éléments virtuels de manière réaliste sur une vidéo de tournage.
– La photo-modélisation, Image-Based-Modeling IBM :
la création d’une copie numérique d’un environnement à partir de photographies.20
1–Avant propos
1.2.1 Le Match-moving
Le match-moving/motion-tracking est une technique utilisée pour identifier la trajectoire
d’une caméra à partir d’une séquence vidéo. Ayant la connaissance d’une caméra
virtuelle il est possible de faire bouger des objets 3D qui auront un mouvement en cohérence
avec la vidéo. La fusion de la scène réelle avec la scène virtuelle (compositing)
donne alors l’impression qu’elles ont été filmées du même point de vue. On notera deux
catégories de match-moving en fonction des dégrés de liberté du mouvement recherché :
le suivi 2D dit bidimensionnel et le suivi 3D dit tridimensionnel.
Le suivi de mouvement bidimensionnel est disponible dans des logiciels tels que
Adobe After Effects, Discreet Combustion et Shake. Cette technique se limite au suivi
du mouvement de points particuliers choisis par l’utilisateur dans les images de la
séquence. Une fois le mouvement de ces points identifié il est appliqué à de nouveaux
objets venant occulter la vidéo avec un nouveau contenu. Cette technique est suffisante
pour des surfaces planes, des mouvements de caméras simples et si il n’y a pas eu de
changements importants des paramètres de la caméra. L’usage le plus classique est le
remplacement d’un panneau publicitaire placé en arrière-plan d’une séquence vidéo
par une autre image.
Le suivi de mouvement tridimensionnel va quant à lui extrapoler les informations
tridimensionnelles (le mouvement de caméra) à partir de photographies bidimensionnelles
(la séquence vidéo). Le processus d’estimation de la trajectoire de la caméra requiert
l’estimation de contraintes de géométrie projective et l’application du processus
d’ajustement de faisceaux. Les points suivis sont la plupart du temps précisés par l’opé-
rateur. Des méthodes automatiques existent pour identifier certains points saillants,
mais dans la plupart des cas des retouches manuelles sont nécessaires si la séquence vidéo
présente des éléments en désaccord de mouvement. En effet les méthodes couramment
utilisées considèrent en pré-requis que la scène observée est statique. L’opérateur
vient alors supprimer les points qui ne sont pas sur la scène rigide : objets ou acteurs
en mouvement.
Parmi les logiciels capables d’effectuer un match moving tridimensionnel on peut
citer :
• 2d3 Boujou,
• Blender (depuis la version 2.61),
• Icarus (logiciel gratuit),
• Maya Live (Module de Maya Unlimited),
• PixelFarm PFTrack (réincarnation commerciale d’Icarus),
• Realviz MatchMover (racheté par Autodesk),
• Ssontech SynthEyes,
• Science.D.Visions 3DEqualizer,
• Voodoo (logiciel gratuit),
• VooCAT (logiciel commercial, réincarnation commerciale de Voodoo),
• VideoTrace.
Le marché du logiciel est assez diversifié. Des alternatives (commerciales, gratuites
et open-source) existent et montrent que le marché est large et demandeur. Le suivi de
mouvement de scène non rigide est quant à lui un domaine encore en évolution et de
ce fait aucune solution logicielle commerciale n’est présente sur le marché.1.2–La photogrammétrie et les effets spéciaux 21
1.2.2 La PhotoModélisation/Image-Based-Modeling
Dans le cas de l’Image-Based-Modeling on recherche à créer une représentation photoréaliste
3D des éléments photographiés. Une solution logicielle doit être identifiée pour
les trois étapes évoquées au début de ce chapitre : l’acquisition des données spatiales,
la reconstruction tridimensionnelle des surfaces, la restitution de l’apparence visuelle
(cf. figure 1.4).
FIGURE 1.4 – Les étapes nécessaires pour la photo-modélisation : la calibration pour
acquérir les données spatiales, la photo-modélisation pour reconstruire une surface et
enfin le calcul de la restitution visuelle colorée.
L’application de la photogrammétrie pour la reconstruction de bâtiment comme élé-
ment de décor 3D pour le domaine des effets spéciaux a été initiée par DEBEVEC et al.
(1996) avec son logiciel FAÇADE. Les auteurs proposent d’optimiser simultanément la
reconstruction tridimensionnelle de surfaces planes et le placement des caméras dans
l’espace. Les entrées de l’algorithme sont des primitives géométriques, comme des parallélépipèdes,
placées manuellement par l’utilisateur dans les images sur les formes
d’un bâtiment. En connaissant la projection d’une série de plan et de contraintes orthogonales,
des blocs 3D et images sont ainsi orientés et placés dans l’espace. Dans
un second temps, un raffinement manuel de la géométrie et une projection de texture
permet d’enrichir le détail du modèle 3D (cf. figure 1.5).
FIGURE 1.5 – Le logiciel FAÇADE (de gauche à droite) : les arêtes des parallélépipèdes
utilisées, la reconstruction 3D obtenue et le rendu photo-réaliste.22 1–Avant propos
A la suite de ce projet, trois classes de solutions ont émergé :
1. des solutions de reconstruction 3D par saisie manuelle,
2. des solutions automatiques avec le mûrissement des techniques de photogrammétrie,
3. des solutions semi-automatiques permettant d’intéragir avec les résultats obtenus
de manière automatique.
1.Les solutions par saisie manuelle
Quatre solutions logicielles de reconstruction 3D par saisie manuelle ont émergé sur le
marché :
– Canoma 1999
Évolution commerciale de FAÇADE (DEBEVEC et al. 1996). Cette solution a
disparu du marché suite au rachat mené par MetaCreations puis par Adobe Systems
en 2000.
– Eossystems PhotoModeler 1993
Précurseur sur le marché, le logiciel ne cesse d’évoluer depuis.
– RealViz Image Modeler 2000
Transfert technologique issu de l’INRIA (Projet Robotvis). Racheté par Autodesk
en 2009.
– Banzai Pipeline Ltd Enwaii 2008
Conception d’un logiciel dédié pour les contraintes liées à la production des
effets spéciaux. La solution s’intègre à un outil métier de la production visuelle :
Autodesk Maya.
Ces solutions requièrent que l’utilisateur saisisse des informations en correspondance
entre images (le plus souvent des points). Ces points sont utilisés pour la phase de
calibration, des caméras sont ainsi positionnées dans l’espace et des points 3D très
éparses sont reconstruits. Dans un deuxième temps, l’utilisateur peut réaliser à la main
la photo-modélisation. Des faces sont ainsi saisies entre les points 3D (amers). Cette
tâche reste un travail de longue haleine mais permet un contrôle précis sur les amers
3D utilisés et permet de guider la modélisation à faible nombre de polygones.
FIGURE 1.6 – ImageModeler : De gauche à droite, les images sources, les points et la
géométrie saisies manuellement, la restitution colorée.1.2–La photogrammétrie et les effets spéciaux 23
2.Les solutions automatiques
Par la suite, le développement des techniques de photogrammétrie a permis l’émergence
de solutions automatiques. Ces solutions ont vu le jour grâce à :
– une évolution marquante de la stabilité de la recherche de points saillants communs
entre images (SIFT : LOWE (1999)).
– l’évolution des algorithmes de structure à partir du mouvement (POLLEFEYS et al.
2000 ; BROWN et LOWE 2005a ; SNAVELY et al. 2006).
Ces améliorations notables ont permis de réaliser automatiquement :
– le calcul de la pose d’images dans l’espace,
– la création d’un nuage de points dense représentant la scène,
– la création d’une surface représentant la scène,
– la projection des images sources sur une surface pour une représentation photoréaliste.
Des résultats très réalistes peuvent être obtenus si les photographies acquises sont
en adéquation en résolution et netteté pour les détails que l’on souhaite obtenir (cf.
figure 1.7).
FIGURE 1.7 – Création d’une copie numérique d’un visage à partir de 20 images, merci
à Cédric Guiard, Gilles Gambier et Pierre Lelièvre de ADN (Agence de Doublure Numérique)
pour l’acquisition de ces images.24 1–Avant propos
Les logiciels suivants sont apparus par la suite (liste non exhaustive) :
Société Produit lancement Pays Transfert de technologie
Metria Orthoware 2007 Espagne Université de Valence
Microsoft Photosynth 2008 USA Université de Washington
Agisoft Photoscan 2010 Russie ?
Eossystems Photomodeler 2010* Canada ?
Autodesk PhotoFly 2011 France Realviz
Acute3D SmartCapture 2011 France ENPC (IMAGINE)
Pix4D PixelScanner 2011 Suisse EPFL (Cvlab)
3DFlow 3DFZephyr 2012 Italie Université de Vérone
Aurvis PixelScanner 2013 Turquie Doctorant EPFL (Cvlab)
TABLE 1.1 – Listes des solutions commerciales pour la photogrammétrie automatique.
*Intégration de composants automatiques depuis 2010.
On remarque que les 3/4 des solutions sont issues de savoir-faire académique et
d’universités et que ces solutions automatiques émergent toutes dans les deux premières
décennies des années 2000. Les ruptures significatives des dernières années citées
au début de cette section montrent que la photogrammétrie est stable pour la réalisation
d’applications concrètes et que le calcul de structure à partir du mouvement est
donc en passe de devenir accessible pour le plus grand nombre.
Le fait le plus marquant qui démontre que la technologie est attractive est le projet
Photosynth. Ce projet, basé sur une collaboration de Microsoft avec l’université de
Washington et les travaux de SNAVELY et al. (2006) : "Photo tourism, exploring photo
collections in 3D", permet d’explorer de manière interactive ses collections de photos
personnelles en 3D. Le navigateur web est alors transformé en interface de navigation
où l’on se promène en 3 dimensions d’image à image (cf figure 1.8). Microsoft a su
mettre la technologie en accès libre via une plateforme de démonstration Internet pour
la visualisation et un logiciel client pour réaliser les calculs de photogrammétrie. Malgré
le fait que le résultat du calcul ne soit utilisable qu’à travers une interface Internet
et non téléchargeable, cette application a fortement démocratisé la reconstruction 3D à
partir de photographies.
FIGURE 1.8 – Photosynth : une interface de navigation sur une collection d’images positionnée
en 3 dimensions.1.2–La photogrammétrie et les effets spéciaux 25
3.Les solutions semi-automatiques
Quelques solutions semi-automatiques ont été proposées par le milieu académique
mais elles ne sont pas encore apparues dans des logiciels commerciaux. Elles proposent
de faciliter les étapes de photo-modélisation en proposant des amers initiaux afin de
faciliter la création de primitives géométriques. Deux solutions sont illustrées ici : PhotoModel
et O-Snap.
PhotoModel. (SINHA et al. 2008) considère une scène calibrée. Le logiciel utilise les
données suivantes :
– des caméras positionnées et orientées dans l’espace,
– un nuage de point initial,
– des lignes reconstruites en 3D (lignes de fuite détectées dans les images).
Lorsque l’utilisateur souhaite dessiner une facette 3D, il dessine les contours de cette
face sur l’image de son choix. La position 3D de la face est alors interprétée automatiquement
en fonction des données 3D visibles projetées à l’intérieur du polygone utilisateur.
Une équation de plan 3D est ainsi déterminée automatiquement en ayant utilisé
que peu d’interactions utilisateur, saisie dans une seule image (contrairement aux mé-
thodes manuelles vues précédemment).
(a)Images (b) Saisie 2D (c) Modèle 3D (d) Modèle 3D texturé
FIGURE 1.9 – PhotoModel : une interface de photo-modélisation qui se base sur des
interactions utilisateur et le support 3D de points et lignes de fuite.
O-Snap. (ARIKAN et al. 2013) propose une interface de modélisation qui utilise
seulement le nuage de point 3D. La reconstruction 3D polygonale peut être interactivement
raffinée par l’utilisateur. Un modèle initial est automatiquement créé via la
génération d’hypothèses de polygones plans les plus probables. L’utilisateur guide ensuite
la méthode automatique, vers le résultat qu’il souhaite, en indiquant des relations
d’adjacences entre polygones pour former la géométrie désirée (exemple : les connections
entre les murs et toits de la figure 1.10).
FIGURE 1.10 – Un aperçu de la chaîne semi-automatique de modélisation O-Snap. De
gauche à droite : Un nuage de point bruité et incomplet est décomposé en une sélection
de plans. Des relations d’adjacences de polygones proches sont identifiées afin de les
connecter et de raffiner le modèle. L’utilisateur guide ensuite le processus automatique
en rajoutant manuellement des relations d’adjacences. Un modèle à faible nombre de
polygones représentant le nuage de points 3D peut ainsi être reconstruit.26 1–Avant propos
La photogrammétrie et la photo-modélisation pour les effets spéciaux
Lorsque l’on regarde les solutions existantes, on constate qu’une seule solution est
pour l’instant dédiée au monde des effets spéciaux audiovisuels. Il s’agit de la solution
«Enwaii» proposée par «Banzai Pipeline Ltd.». Bien que la solution soit entièrement
manuelle, elle présente l’avantage de s’intégrer directement à un outil métier utilisé
dans le domaine : Autodesk Maya. Cette solution propose une alternative pour prendre
en compte les contraintes liées à la production de contenus multimédias pour l’industrie.
Cependant les solutions manuelles présentent un défaut majeur : c’est le niveau
d’implication de l’utilisateur qui conditionne la précision de saisie des correspondances
et donc la qualité du résultat obtenu. Les étapes de calibration et modélisation étant manuelles,
l’utilisateur doit être formé afin de produire de bons résultats. Un utilisateur
avisé sera à même d’obtenir de bien meilleurs résultats qu’un novice.
Les solutions automatiques, comme Agisoft Photoscan, demandent quant à elles
peu de formation, mais en contre partie ne donnent pas de contrôle à l’utilisateur sur
la chaîne de traitement. Lorsqu’un jeu de photographies ne permet pas l’obtention de
modèle 3D automatique, l’utilisateur ne peut obtenir aucun résultat.
L’idéal pour le marché de la postproduction audioviselle serait une solution semiautomatique
fonctionnant de l’acquisition photographique sur site à la production du
contenu 3D final. L’utilisateur pourrait alors guider le processus automatique sur des
jeux d’images restreint ou au contraire être guidé sur des jeux de données comportant
de nombreuses images.
1.3 Contexte de la thèse
Cette thèse CIFRE commencée en octobre 2010 a été effectuée au sein du groupe de
recherche IMAGINE pour la tutelle laboratoire et de l’équipe recherche et développement
de MIKROS IMAGE pour la tutelle entreprise.
IMAGINE. Le groupe de recherche IMAGINE est un projet collaboratif entre l’École
des Ponts Paristech et Chaussée (ENPC) et du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
(CSTB). Ce groupe de recherche appartient au Laboratoire Informatique Gaspard
Monge (LIGM) de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée (UPEM). L’expertise d’IMAGINE
se situe en vision par ordinateur, en traitement de maillage, en apprentissage
statistique, en optimisation, et en programmation par contraintes. Une partie des travaux
actuels concerne les thématiques suivantes :
– La reconstruction haute précision de surfaces 3D à partir de grandes quantités
d’images acquises sous des conditions non contrôlées. Expertise transférée en
2011 au sein de l’entreprise Acute3D par Renaud Keriven et Jean-Philippe Pons.
– L’amélioration des méthodes de calibration de caméra par le biais de l’utilisation
de méthodes statistiques avec le projet ANR Callisto. Ce projet, en collaboration
avec le CNES est réalisé dans le cadre du projet MISS (Mathématiques de l’Imagerie
Satellitaire Spatiale).
– L’interprétation des images et leur sémantisation pour reconstruire des façades
de bâtiments riches d’informations (fenêtres, portes, ...).
Le travail de l’équipe IMAGINE a été notamment remarqué à l’échelle internationale
grâce à des résultats en reconstruction de surface et d’algorithmes de stéréo-vision
multiple-vues denses (HIEP et al. 2009). Les reconstructions les plus précises et les plus1.3–Contexte de la thèse 27
complètes ont été obtenues sur le jeux de données de référence mise en place par le CVLAB
de l’EPFL (STRECHA et al. 2008). L’équipe a également obtenu en 2011 le premier
prix au challenge ”PRoVisG Mars 3D Challenge” consistant à évaluer la précision de
reconstruction de la trajectoire d’un robot terrestre et martien.
Mikros Image. Créé en 1985, Mikros Image est un prestataire de services spécialisé
dans les effets numériques visuels. Mikros Image gère pour ses clients plus de 300
projets par an tous domaines confondus, depuis la supervision de tournage, jusqu’à
la finalisation de films de cinéma, de spots de publicité, de programmes de télévision
ou de contenus pour Internet et la téléphonie mobile. La gamme de services proposée
comprend :
– Effets spéciaux et images de synthèse 2D & 3D,
– Animation,
– Montage et conformation,
– Étalonnage, transferts de support numériques/argentiques et argentiques/numériques,
masterisation,
– Laboratoires vidéo, film & compression,
– Gestion d’actifs et outils de transmission numérique.
Mikros Image est une filiale à 100% de la société MTC (Multimédia Télévision Cinéma),
dont le capital est majoritairement détenu depuis octobre 2006 par la société
italienne Mediacontech, cotée à Milan. Son effectif compte plus de 100 salariés fixes et
environ 50 intermittents free-lances.
Mikros Image possède des antennes dans quatre pays : France, Belgique, Luxembourg,
Canada. Depuis 1999, Mikros Image possède une activité de recherche et développement
qui mobilise environ 10% de l’effectif de la société. Ses outils «maison» permettent
d’augmenter ses capacités de production, d’optimiser la qualité de ses réalisations
et d’offrir de nouveaux services, notamment pour son développement stratégique
et commercial. Certaines de ses applications sont développées avec des partenaires industriels
ou universitaires, dans le cadre de projets collaboratifs. Le financement de ses
outils est en partie assuré par des organismes de soutien public à l’innovation.
Mikros Image se trouve sur un marché en pleine expansion. En effet, les films et les
publicités utilisent de plus en plus d’effets visuels. De plus, compte tenu de la variation
du degré d’exigence au niveau du rendu final en raison de budgets variables, de jeunes
entreprises émergent sur ce climat concurrentiel tendu. La valeur ajoutée de Mikros
Image reste sa capacité à mener à bien des projets complexes, dans un temps imparti et
avec un budget donné.28 1–Avant propos29
Chapitre 2
Introduction
Le problème de la reconstruction 3D par stéréo-vision à partir de caméras multiples
calibrées capturant une scène fixe est étudié depuis plusieurs décennies. Les travaux
initiés par (BEARDSLEY et al. 1996) puis étendus par (POLLEFEYS et al. 2000 ; BROWN et
LOWE 2005a ; SNAVELY et al. 2006) ont démontré qu’il est possible d’estimer de manière
séquentielle la structure à partir du mouvement d’une ou plusieurs caméras. Le principe
de reconstruction, découlant de travaux de photogrammétrie, consiste à comparer les
informations provenant de plusieurs images, prises de points de vue différents, pour
identifier les positions et orientations de chaque cliché (le mouvement) puis la géomé-
trie de la scène (la structure). Il a été démontré sur des jeux de données comportant une
vérité terrain (STRECHA et al. 2008) que les résultats de reconstruction sont quantitativement
comparables à des acquisitions lasers. Des erreurs de localisation de caméras
de l’ordre du centimètre ou millimètre ont été mesurées.
Cependant l’application de ces mêmes méthodes séquentielles sur de larges jeux
d’images n’est pas simple. Le passage à l’échelle n’est alors atteignable qu’en ayant
recours à diverses approximations. Des implémentations massivement parallèles sont
utilisées pour accélérer la recherche de correspondances entre images (AGARWAL et
al. 2009). Des solutions dédiées pour l’ajustement non linéaire de paramètres sur GPU
sont utilisées (WU et al. 2011a). Des localisations GPS approximatives peuvent être utilisées
pour certaines images (CRANDALL et al. 2011) ou bien des informations GPS sont
combinées avec des plans de cadastre issus de bases de données GIS (système d’information
géographique) (STRECHA et al. 2010). Toutes ces approximations permettent
effectivement de traiter des jeux de données de plus en plus grands, mais ce passage
à l’échelle est réalisé au détriment de l’estimation de la position des caméras. Une pré-
cision moyenne de l’ordre du mètre est alors obtenue sur de larges jeux de données
(CRANDALL et al. 2011 ; WU 2013).
Le principal défaut de ces méthodes séquentielles est l’accumulation d’erreurs due
à la nature du processus. On observe des dérives lors de l’estimation des poses. Une
trajectoire circulaire est ainsi souvent identifiée en spirale. Des méthodes considérant
les poses de caméras de manière globale ont été développées (OLSSON et ENQVIST
2011 ; MARTINEC et PAJDLA 2007) pour supprimer ce phénomène de dérive, mais une
fois de plus le passage à l’échelle n’est pas aisé.
Ces méthodes d’estimation de pose et orientation de caméras possèdent des limitations
sur les points suivants :
• la robustesse,
• la précision,
• le passage à l’échelle.30 2–Introduction
Nous proposons dans cette thèse des solutions alternatives pour chacune de ces
limitations. Nous démontrerons l’impact positif des solutions proposées, en termes de
performances quantitatives et de temps de calcul.
2.1 Organisation et contributions du manuscrit
Cette thèse concentre son étude sur l’estimation de structure à partir du mouvement
(SfM) dans le cadre d’une application pour la postproduction audiovisuelle et
plus particulièrement la reconstruction de décors. Elle se focalise sur l’estimation pré-
cise de poses des caméras afin d’obtenir la meilleure représentation 3D possible de
l’environnement photographié.
La thèse s’articule autour de contributions sur les axes suivants :
• le suivi de points saillants dans des images non ordonnées,
• la généralisation de l’utilisation d’un estimateur robuste statistique de modèles
paramétriques,
• la vérification de l’impact, à large échelle, d’estimateurs robustes adaptatifs dans
les méthodes de calibration séquentielles,
• la robustesse et le passage à l’échelle pour l’estimation globale de la position d’un
réseau de caméras,
• l’harmonisation colorée d’un ensemble d’images multiple-vues.
2.1.1 Contributions théoriques
Les contributions théoriques sont axées sur :
1. Une généralisation des travaux de MOISAN et STIVAL (2004) et RABIN (2009) :
Nous proposons de généraliser le cadre d’estimation robuste de modèle paramétrique
défini par MOISAN et STIVAL (2004) afin de pouvoir utiliser cette estimation
robuste adaptative à la reconstruction 3D. Nous montrerons que la formulation
générique permet de réaliser des estimations de poses relatives, de matrices
de projection, de tenseurs tri-focaux. Nous proposerons des travaux préliminaires
pour explorer une paramétrisation a contrario d’erreurs angulaires appliquée à
l’estimation de pose relative d’images sphériques.
2. L’utilisation d’optimisation convexe pour garantir l’obtention d’un minima global
:
Nous proposons de réaliser par minimisation convexe la fusion de translations
relatives dans un repère global commun sous norme l∞ afin de calibrer
globalement en position un réseau de caméras. Nous présenterons finalement
un ajustement d’histogrammes via une déformation linéaire sous norme l∞ pour
l’harmonisation colorée d’une séquence d’images.
2.1.2 Contributions appliquées
Dans le cadre d’un projet de recherche et innovation, «Mimatte3D», nous avons dé-
veloppé une chaîne de reconstruction 3D prenant en compte les besoins métiers liés à
la postproduction audiovisuelle. Des outils permettant à l’utilisateur de guider le processus
automatique de reconstruction ont été réalisés (cf. figure 2.1). Ce projet subventionné,
OSEO-CNC-RIAM - 2012, a été réalisé par Benoit MAUJEAN, Bruno DUISIT,2.1–Organisation et contributions du manuscrit 31
Pierre MOULON et Christophe COURGEAU. Ce projet s’implique dans la vision industrielle
liée à cette thèse CIFRE.
Contributions
FIGURE 2.1 – Chaîne de traitement MiMatte3D pour l’aide à la construction de décors.
La chaîne «Mimatte3D» propose une suite d’outils pour l’aide à la reconstruction de
décor virtuel photo-réaliste à partir de photos s’intégrant le plus facilement aux outils
métiers des mattes-painters, les créateurs de décors. Le projet débouche sur les outils
suivants :
• MILINK : un outil de visualisation et édition de réseau de connections d’images
pour l’aide à la suppression de mises en correspondances d’images aberrantes,
• MICALIB : une chaîne de calibration externe séquentielle et une chaîne de calibration
globale,
• MIMODE : une interface d’aide à la photo-modélisation,
• MIMATTEIMPORTER : une interface de la géométrie de calibration pour le logiciel
d’édition 3D Autodesk Maya (caméras, nuages de points, plan images),
• MIPROJCAM : un outil de projection de texture sur de la géométrie pour le logiciel
d’édition 3D Autodesk Maya.
FIGURE 2.2 – Haut : une partie des images utilisées pour la reconstruction photoréaliste.
Bas : la calibration externe, la photo-modélisation et la restitution visuelle.32 2–Introduction
Cette chaîne réalisée pour le compte de Mikros Image est basée sur la librairie open
source OpenMVG réalisée pendant cette thèse.
Les figures 2.3, 2.4 illustrent des exemples de reconstruction de décors réalisés à
partir de collections d’images dans la phase finale du projet OSEO-CNC-RIAM - 2012 :
FIGURE 2.3 – Modélisation de la Mairie de Montrouge réalisée à partir de 20 images
acquises à partir d’un téléphone mobile.
FIGURE 2.4 – Modélisation de l’église du village de Ault réalisée à partir de 109 images.2.1–Organisation et contributions du manuscrit 33
2.1.3 Contributions logicielles
– PPT-GUI (Python Photogrammetry Toolbox)
Ce projet co-développé en collaboration avec Alessandro Bezzi et Luca Bezzi
d’ARC-TEAM permet un accès simplifié à des outils open-source de photogrammétrie
(Bundler (SNAVELY et al. 2006), CMVS (FURUKAWA et al. 2010), PMVS
(FURUKAWA et PONCE 2010)) sous les systèmes d’exploitation Linux et Windows.
Ce projet est intégré à la distribution Linux ArcheOS dédiée aux archéologues et
utilisé avec succès pour de nombreux projets de reconstitution faciale (cf. figure
2.5).
FIGURE 2.5 – Projets de reconstitution faciale menés par Cicero Moraes à partir de photographies
de crânes reconstitués en 3D via l’utilisation de PPT-GUI et Blender.
–
VG
VG
VG
openMVG (Open-source MultipleViewGeometry) est une bibliothèque C++
open-source conçue pour la recherche reproductible en vision par ordinateur. Elle
fournit une implémentation de l’état de l’art et un accès facilité aux outils communs
utilisés en géométrie multi-vues. La bibliothèque est multiplateforme, peut
être compilée sous Windows, Linux, MacOS et est utilisable sur des architectures
de type ARM (Apple Iphone iOS). Cette bibliothèque contient le code relatif aux
publications CVMP2012, ACCV 2012 et IPOL 2012. La qualité de ce projet est évaluée
dans le temps par une machine d’intégration continue et une série de tests
unitaires garantissant la non régression des fonctionnalités délivrées.
2.1.4 Participation à la vie scientifique
Récompenses :
• Le 31/10/2011 le groupe Imagine remporte le premier prix du PROVISG Mars 3D
Challenge. La compétition portant sur 3 thématiques :
1. la reconstruction de cartes de disparité,
2. la reconstruction de trajectoires de caméras à partir d’images acquises par
un robot,
3. la reconstruction 3D de la géométrie de la scène observée par le robot (cf.
figure 2.6),
nous a désignés vainqueurs parmis les 6 équipes participantes. Les évaluations
ont été réalisées sur des images du CNES et du robot martien «MER Mars Exploration
Rovers», fournies par le comité organisateur (le CMP (Center for Machine
Perception) de l’université CTU de Prague).34 2–Introduction
FIGURE 2.6 – Exemple de la reconstruction 3D d’un artefact de la planète Mars que nous
avons pu réaliser à partir d’images du robot MER fournies par le comité organisateur.
Les résultats ont été présentés à la conférence ICCV en 2011 au groupe de travail
«CVVT :E2M – Computer Vision in Vehicle Technology : From Earth to Mars»
et publié dans le journal de la conférence. Je tiens à remercier David Ok, Victoria
Rudakova et Pascal Monasse sans qui cette aventure n’aurait pas été couronnée de
succès et aussi Gerhard Paar, Rongxing (Ron) Li et Tomas Pajdla pour leur accueil
à l’université de Columbus et au JPL Nasa pour la présentation des résultats.
• Vainqueur du prix NVIDIA pour le meilleur papier court à la conférence CVMP
2013 pour le travail intitulé ’Global Multiple View Color Consistency’.
Encadrement de stages :
• Badis Djellab étudiant ENPC :
Stage réalisé au laboratoire Imagine sur l’estimation multi-modèle en utilisant
les méthodes de J-Linkage (TOLDO et FUSIELLO 2008). Étude de l’impact de la
suppression a contrario de modèle non-significatif pour accélérer et estimer avec
plus de précision le nombre de modèles à identifier.
• Bruno Duisit étudiant Polytech Paris Sud (Université Paris XI) :
Stage réalisé au sein de l’entreprise Mikros Image sur la modélisation 3D à
partir d’une image dans le logiciel Maya et la réalisation d’une interface de visualisation
et édition de graphes d’images.
• Tristan Faure et Luc Girod étudiants ENSG :
Stage réalisé au laboratoire Imagine sur la mise en place d’un protocole d’acquisition
de vérité terrain pour une évaluation des méthodes de photogrammé-
trie.
• Emmanuel Habbets étudiant ENSG :
Stage réalisé au laboratoire Imagine sur le calcul et la fusion de cartes de disparité.
Implémentation partielle d’une chaîne de traitement similaire aux travaux
de TOLA et al. (2012).
• Rafaël Marini Silva étudiant de l’école polytechnique :
Stage réalisé sur les méthodes de recherche de plus proches voisins parmi de
larges collections d’images. Implémentation d’un moteur de recherche basé sur la
quantification d’espace descriptif (JEGOU et al. 2011).
• Lucas Plaetevoet étudiant ENPC :
Stage réalisé au laboratoire Imagine sur la fusion d’acquisition de nuage de
points issus de capteur de type Kinect (lumière structurée).2.1–Organisation et contributions du manuscrit 35
Encadrement salarié :
• Bruno Duisit (Mikros Image) :
Encadrement de Bruno sur la thématique du projet MiMatte3D (cf. section
2.1.2).
Relecteur :
Relecteur pour le journal en ligne IPOL http://www.ipol.im.
2.1.5 Publications de l’auteur
• Revue internationale :
Automatic Homographic Registration of a Pair of Images, with A Contrario
Elimination of Outliers. L Moisan, P Moulon, P Monasse. IPOL 2012.
• Conférence internationale avec actes :
Global Fusion of Relative Motions for Robust, Accurate and Scalable Structure
from Motion. P Moulon, P Monasse, R Marlet. ICCV 2013.
Adaptive Structure from Motion with a contrario model estimation. P Moulon,
P Monasse, R Marlet. ACCV 2012.
• Démonstration en conférence internationale :
Adaptive model estimation, a real time demonstration. P Moulon, P Monasse,
R Marlet. ACCV 2012.
• Conférence internationale avec comité de relecture :
Global Multiple-View Color Consistency. P Moulon, D Bruno, P Monasse.
CVMP 2013. (Vainqueur du prix NVIDIA pour le meilleur papier court).
Unordered feature tracking made fast and easy. P Moulon, P Monasse. CVMP
2012.
• Conférence nationale avec comité de relecture :
La bibliothèque openMVG : open source Multiple View Geometry. P Moulon,
P Monasse, R Marlet. Orasis, Congrès des jeunes chercheurs en vision par
ordinateur 2013.
Estimation robuste de modèles a contrario, impact sur la précision en structure
from motion. Présentation orale. P Moulon, P Monasse, R Marlet. ISS France
2013.
• Groupe de travail :
L’utilizzo di tecniche structure from motion e imagebased modelling in ambienti
estremi. P Moulon, Nicolò Dell’Unto, A Bezzi, L Bezzi, Rupert Gietl. Low
Cost 3D 2012.
Python Photogrammetry Toolbox : A free solution for Three-Dimensional Documentation.
P Moulon, A Bezzi. ArchoFoss 2011.
• Bibliothèque open source :
OpenMVG Open-source MultipleViewGeometry 2012. https://github.com/
openMVG/openMVG.36 2–Introduction37
Chapitre 3
La géométrie multiples vues et
l’estimation de mouvements
Lorsqu’une scène est photographiée sous plusieurs points de vue, la connaissance
du déplacement apparent des éléments de la scène à travers la série d’images permet de
retrouver le déplacement de l’appareil photographique et d’obtenir une représentation
3D de la scène observée : on parle alors de SfM Structure from Motion.
Ce chapitre présente :
1. le modèle projectif classique de caméra,
2. une série de relations géométriques formulées à partir de correspondances de
points homologues entre photographies,
3. comment détecter et suivre des éléments à travers une série d’images.
Sommaire
3.1 Notations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.2 La géométrie caméra . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.3 La géométrie à 2 vues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.4 La géométrie à 3 vues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.5 La triangulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.6 L’estimation de pose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.7 L’ajustement de faisceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.8 La géométrie multiples-vues et l’estimation de mouvements . . . . . 49
3.9 La mise en correspondances de points saillants . . . . . . . . . . . . . 51
3.9.1 La détection de points saillants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.9.2 La description de point saillants . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.9.3 L’appariement de point saillants . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.10 Méthode de fusion rapide de paires de correspondances de points
saillants entre images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.10.1 Une solution ensembliste pour la construction de traces de points
saillants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.11 Contributions de ce chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6338 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
3.1 Notations
Dans les sections suivantes nous allons travailler avec des coordonnées définies
dans un espace cartésien ou projectif. En géométrie projective, les coordonnées homogènes
rendent les calculs possibles dans l’espace projectif comme les coordonnées
cartésiennes le permettent dans l’espace euclidien. Les coordonnées homogènes d’un
point de l’espace projectif de dimension n (x,y,z,...) sont écrites habituellement comme
un vecteur de longueur n + 1 (x,y,z, ... , w). Deux ensembles de coordonnées qui sont
proportionnels dénotent le même point d’espace projectif : pour tout scalaire non-nul c,
(cx, cy, cz,..., cw) est équivalent à (x, y,z,w). La coordonnée w = 0 permet de représenter
un élément à l’infini. Le passage de coordonnées homogènes à des cordonnées carté-
siennes est réalisé en divisant les n premiers éléments par le n+1
e
, soit w.
Un point 3D en coordonnées homogènes X4×1 = {X(1),X(2),X(3),X(4)} est repré-
senté en coordonnées cartésiennes X3×1. Pour tout W différent de 0, on obtient l’équation
:
X = (X(1)/W,X(2)/W,X(3)/W)
T X ∼ (
∼
X,
∼
Y,
∼
Z,1)
T
, (3.1)
avec ∼ définissant l’égalité à une échelle 1
W
près avec W = X(4).
De la même manière, un point 2D en coordonnées homogènes x3×1 = {x(1),x(2),x(3)},
est en relation avec son équivalent en coordonnées cartésiennes x2×1 :
x = (x(1)/w,x(2)/w)
T
x ∼ (
∼
x,
∼
y,1)
T
(3.2)
avec ∼ définissant l’égalité à une échelle 1
w
près avec w = x(3).
Notations complémentaires
x Un point en coordonnées cartésiennes
x Un point en coordonnées homogènes
{A} Une liste d’éléments de type A
[A] Une liste ordonnée d’éléments de type A
(A,B) Couple d’éléments associés, ici un 2-uplet
R Matrice de rotation
t Vecteur de translation
C Position du centre de projection d’une caméra
K Matrice des paramètres intrinsèques d’une caméra
Xj Point 3D d’index j
x
i
j Projection du point 3D Xj dans l’image i
tr Déplacements apparents des projections des points {Xj}j dans une série d’images
GA Graphe entre élements de type A
R
k
i
k
e
ligne de la matrice de rotation de l’image i
t
k
i
k
e composante du vecteur de translation de l’image i
x
i
j
(k) k
e composante du point x
i
j3.2–La géométrie caméra 39
3.2 La géométrie caméra
Un sténopé modélise un appareil photographique comme un système réalisant la
projection centrale d’une scène en 3 dimensions en 2 dimensions. Une image est le ré-
sultat d’une intégration de rayons lumineux observés sur une surface sensible durant
un court intervalle de temps à travers une série de lentilles. Lorsque ce système optique
est approximé par une seule lentille, on obtient un modèle simple de projection perspective,
le modèle sténopé. Dû au fait que l’ensemble des rayons lumineux observés
passe par un seul et unique point (le centre de projection) ces caméras sont souvent
appelées pinhole.
FIGURE 3.1 – Illustration d’une caméra sténopé. Un point 3D X est projeté en x sur un
plan image par une projection centrale. On appelle paramètres extrinsèques, la transformation
rigide [R|t] entre le repère monde O et la position de la caméra C. Pour simplifier
le plan image est ici montré en avant du centre optique C. Sur une caméra réelle ce plan
image est situé derrière le centre optique et tourné à 180◦
.
Ce système d’acquisition peut être réduit à deux composantes principales :
– un système optique permettant de réaliser la projection de la scène observée sur
un plan focal : R
3 → R
2
.
– une surface photo-sensible qui capte les densités de photons par pixels pour
former une image.
Une caméra sténopé transforme un point X de R
3
en un point image x de R
2 à
travers deux opérations :
Un changement de repère. Soit Xc un point monde défini dans le repère de la caméra :
Xc =
R t
0 1
X (3.3)
Cette relation de passage entre le repère monde et le repère local caméra dépend
de 6 degrés de liberté que l’on appelle les paramètres extrinsèques :
– 3 degrés de liberté pour l’orientation de la caméra : une matrice de rotation
R3×3,
– 3 degrés de liberté pour la translation, décrite par le vecteur t3×1, t représente
la position de l’origine monde O dans le repère caméra. La position C du centre
optique de la caméra est donc C = −R
T
t.40 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
Une projection et une mise à l’échelle. La transformation réalisée par l’optique et la
géométrie du capteur est modélisée par les paramètres intrinsèques définis par le
biais de 6 paramètres par une matrice K×3. Cette matrice dite de calibration ou
bien calibrage, peut s’écrire comme suit :
K =
f ku s cu
f kv cv
1
(3.4)
Soit :
– f la distance focale, distance du centre optique au plan focal,
– s, ku et kv des facteurs d’échelles,
– c : (cu, cv) le point principal modélise le décalage de l’origine,
Un point 3D en repère caméra Xc a pour correspondant x image :
x = [K|0]Xc = K
R t
0 1
X (3.5)
Ainsi un point x en repère image est transformé en un rayon en repère caméra xˆ
comme suit :
xˆ = K
−1
x (3.6)
Pour simplifier nous utiliserons c au centre de l’image de taille w×h et des pixels
carrés sur la surface photo sensible (ku = kv = 1 et s = 0) :
K =
f w/2
f h/2
1
(3.7)
Finalement ces deux transformations peuvent être combinées en une seule opération
matricielle. Un point X exprimé dans le repère monde est donc relié à sa projection
image x par la formule suivante :
x = PX (3.8)
Avec P = K[R|t] une matrice de projection de taille 3×4.
On néglige ici la distorsion causée par l’optique. Nous invitons le lecteur à consulter
les travaux de (BROWN 1966) pour plus de détails.3.3–La géométrie à 2 vues 41
3.3 La géométrie à 2 vues
Homographie
Lorsqu’un objet est plan, il est possible de définir une transformation exacte entre les
points homologues x et x
′
. La transformation la plus générale pour ce couple de points
(x, x
′
) est appelée homographie. L’homographie désigne une classe de transformations
projectives qui conservent les alignements. Si tous les points appartiennent à un même
plan, alors les projections obtenues dans les images conservent leur alignement (cf.
figure 3.2). L’image d’une ligne reste donc une ligne.
La fonction de passage entre les coordonnées de l’observation dans l’image gauche
et droite (x, x
′
), est définie par une transformation homographique H.
x
′ = Hx (3.9)
H est une matrice de transformation :
– projective 2D linéaire conservant les alignements,
– inversible entre les plans projectifs. On peut donc écrire :
x = H
−1
x
′
. (3.10)
– de taille 3×3 définie à un facteur près qui lui confère 8 degrés de liberté.
La matrice H étant définie à un facteur d’échelle près et chaque couple de points
homologues fournissant 2 équations indépendantes sur H, quatre points homologues
sont nécessaires pour définir de manière unique les huit paramètres indépendants de
l’homographie. Certaines configurations de points peuvent mener à des cas dégénérés,
nous invitons le lecteur à lire MOISAN et al. (2012) pour les détecter.
FIGURE 3.2 – La relation homographique établit une relation point à point entre les
images d’une surface plane dans plans images.
Note : Lorsqu’une caméra effectue un mouvement de rotation autour de son centre
optique (le point nodal), les images acquises sont reliées par des homographies. Ce
mouvement particulier de caméra permet la construction d’images panoramiques.42 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
La matrice essentielle et la géométrie épipolaire
La notion de matrice essentielle E a été proposée par LONGUET HIGGINS (1981). La
matrice E modélise le changement de repère entre deux caméras : une rotation R et une
translation t.
Cette géométrie repose sur la géométrie épipolaire qui associe à un point x une droite
l
′
(x), notée l
′ pour simplification. Cette droite, dite ligne épipolaire, est située à l’intersection
du plan image droit et du plan épipolaire défini par les points C, C
′
et x. l
′
est ainsi l’observation du rayon −→CX par la caméra C
′
. Toutes les lignes épipolaires ont
un point commun, la projection du centre optique de l’autre caméra. Ces points sont
appelés épipôles et sont notés e, e
′
respectivement pour la caméra gauche et droite.
FIGURE 3.3 – Relation épipolaire entre deux images. Étant donné une projection x d’un
point 3D X, sa projection x
′ dans l’image droite est restreinte à la ligne épipolaire correspondante
l
′
.
La contrainte épipolaire est traduite par l’utilisation de la matrice essentielle E. Cette
matrice permet de mettre en relation une correspondance de point entre deux images.
Soit deux caméras P = [I|0] et P
′ = [R|t]. Étant donné un point X en coordonnée euclidienne
dans le repère de la caméra gauche, sa position dans le repère de la caméra
droite est :
X
′ = RX +t (3.11)
Une pré-multiplication par X
T
[t]× permet d’obtenir :
X
T
[t]×RX′ = X
TEX′
(3.12)
ou E ∼ [t]×R est une matrice 3×3 et t est un vecteur de taille 3. [t]× est la représentation
matricielle du produit vectoriel (cross product matrix). Il est intéressant de noter que la
relation 3.12 est aussi utilisable avec des correspondances en repère caméra :
xˆ′
T
Exˆ = 0 (3.13)
E possède 5 degrés de liberté car elle dépend seulement de R et de la direction de
translation t. Multiplier t par un facteur d’échelle revient à multiplier E par le même
facteur, ce qui exprime les mêmes contraintes.
La matrice essentielle peut être identifiée à partir de 8 correspondances si l’on utilise
la formulation générale x
′TEx = 0 sans contraintes de structure de la matrice E et 5
points si l’on utilise des matrices de calibration connues cf. (NISTÉR 2004 ; LI et HARTLEY
2006).3.3–La géométrie à 2 vues 43
La matrice fondamentale
La géométrie épipolaire a notamment été étudiée par LUONG (1992) et FAUGERAS
(1992). Pour toute correspondance entre deux images on peut reprendre l’équation
3.13 :
xˆ′
T
Exˆ = 0
et l’écrire en considérant des points images (en coordonnées image, pixels) :
(K
−1
r x
′
)
TE(K
−1
l
x) = 0,
x
′T
(K
−T
r EK
−1
l
)x = 0,
x
′T
Fx = 0, (3.14)
ou F ∼ K′−TEK−1
est la matrice fondamentale. F est définie de taille 3×3 à un facteur
multiplicatif près, de rang 2, ce qui lui confère donc 7 degrés de liberté. Cette
matrice établit une relation point-ligne tout comme la matrice essentielle.
La matrice F peut être estimée à partir de 8 correspondances HARTLEY (1997a) ou
à partir de 7 correspondances en forçant a posteriori la contrainte de rang (TORR et
MURRAY 1997). Cette dernière méthode est la solution dite minimale et identifie de 1 à
3 solutions pour un échantillon de 7 correspondances. La géométrie épipolaire fournie
par la matrice F est particulièrement intéressante car elle établit une relation entre des
points en géométrie image. Les paramètres intrinsèques ne sont pas nécessaires pour
vérifier la consistance géométrique d’une paire de points.
Les épipôles étant les points d’intersection de toutes les droites épipolaires, ils défi-
nissent aussi le noyau de F : Fe = 0 et F
T
e
′ = 0.44 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
3.4 La géométrie à 3 vues
La géométrie d’un triplet d’images peut être représentée par un tenseur tri-focal T
(HARTLEY 1997b). T définit les relations épipolaires entre trois vues indicées i, j, k par
une matrice cube de taille 3×3×3. Un point x est mis en correspondance avec ses deux
lignes épipolaires correspondantes : l
′
, l
′′ (cf. figure 3.4) :
∑
i jk
x(i)l
′
j
l
′′
k T
jk
i
(3.15)
Ce tenseur est une généralisation du concept de la matrice fondamentale à un ensemble
de trois vues. Soit trois matrices de projections : P1 = [Id|0], P2 = [a
i
j
] et P3 = [b
i
j
]. Le
tenseur trifocal est défini ainsi :
T
jk
i = a
j
i
b
k
4 −a
j
4
b
k
i
| i, j, k = 1,2,3 (3.16)
avec i j une entrée de la matrice tel que i désigne la ligne et j la colonne.
FIGURE 3.4 – Les relations épipolaires existantes au sein d’un tenseur tri-focal T.
Une des propriétés les plus importantes du tenseur tri-focal est que la formulation
du tenseur permet d’établir des relations linéaires entre des lignes et points en correspondances
entre les trois images. Des contraintes tri-linéaires sont exprimables pour les
relations suivantes :
ligne-ligne-ligne
point–ligne–ligne
point–ligne–point
point–point-point
Une autre particularité du tenseur tri-focal par rapport aux tenseurs à deux vues (bifocaux),
telle que la matrice fondamentale, est la relation de transfert. Cette relation de
transfert permet d’identifier des points manquants lors de mises en correspondances.3.5–La triangulation 45
Supposons qu’une correspondance est connue (x
i ↔ x
j
) mais que le point correspondant
dans la troisième image x
k ne l’est pas. L’utilisation de la contrainte point-ligneligne
pour x
i
et x
j
identifie alors par intersection le point x
k
. Il est situé à l’intersection
des deux lignes épipolaires l
′′ et l
′′′
.
3.5 La triangulation
La triangulation est le procédé de calcul d’un point 3D X d’après ses observations
images x
i
et des matrices de projections Pi
. Idéalement le point 3D X est situé à l’intersection
des rayons
−→
Cix
i
. Étant donné que les données sont le plus souvent bruitées, les
rayons ne s’intersectent pas en pratique : cf. figure 3.5. Le candidat X est alors choisi
comme le point ayant les plus faibles erreurs de re-projection entre les projetés images
Pi(X) et les points de mesures x
i
:
minimiser
X
n
∑
i=1
x
i −PiX
2
(3.17)
avec n le nombre de vues considérées. Cependant une formulation directe menant à
cette solution n’est pas évidente à mettre en place. Souvent une solution approximative
est calculée, puis les erreurs résiduelles sont minimisées par itérations de l’algorithme
de Levenberg-Marquardt (cf. (HARTLEY et ZISSERMAN 2000)).
FIGURE 3.5 – La triangulation : Calcul du point X en fonction des caméras Pi et reprojections
images. A cause du bruit de mesure, le point X n’est pas aisé à identifier.
On note dans la littérature une série de méthodes pour trouver un candidat X dans
le cas à deux vues (cf. figure 3.6) :
Point milieu On recherche un point X situé sur le segment le plus court entre les deux
rayons
−→
Cix
i
. Ce segment est identifié grâce à la droite orthogonale aux deux rayons
considérés. Le point 3D recherché est alors situé au milieu de ce segment.
Optimisation linéaire ou dite de minimisation algébrique. Avec l’utilisation des coordonnées
homogènes on peut utiliser le fait que les vecteurs x
i
sont colinéaires à
PiX pour écrire :
[x
i
]×PiX = 0 (3.18)
Cette équation peut être réécrite sous une forme solvable aux moindres carrés :
AX = 0 (3.19)46 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
avec A une matrice 3n×4, n le nombre de vues et X un point visible (situé devant
les caméras). La solution en coordonnée homogène est calculée en minimisant
||AX|| sujet à ||X|| = 1 pour éviter la solution triviale X = 0 (cf. Triangulation DLT
(Direct Linear Transform) : HARTLEY et ZISSERMAN (2000)).
Optimisation itérative une solution initiale est identifiée puis optimisée de manière
itérative (LINDSTROM 2010).
Optimale le point X est recherché en minimisant une erreur géométrique : les erreurs
résiduelles. On minimise l’équation 3.17 directement (KANATANI et al. 2008). Cette
méthode est dite méthode gold-standard (cf. (HARTLEY et ZISSERMAN 2000)).
FIGURE 3.6 – De gauche à droite, de haut en bas. Situation théorique, point milieu,
méthode linéaire, méthode optimale.
Limitations
Les méthodes DLT sont le plus couramment utilisées dans le cas de la triangulation
à n vues, car identifier une solution optimale de manière directe implique des équations
complexes qui sont non triviales à résoudre. Des solutions optimales ont été exprimées
pour le cas à deux et trois vues (BYRÖD et al. 2007), mais pas au delà.
Perspectives
HARTLEY et SCHAFFALITZKY (2004a) proposent une formulation quasi-convexe du
problème qui permet d’identifier X par minimisation de la norme l∞ des erreurs résiduelles.
Cette formulation minimisée par bissection permet de vérifier l’existence d’une
solution et de garantir que la solution calculée est optimale par rapport au critère d’ajustement
utilisé (la norme l∞ des erreurs de re-projection).3.6–L’estimation de pose 47
3.6 L’estimation de pose
Étant donné des correspondances entre des points 3D Xj et les points images 2D xj
,
on cherche à identifier la matrice de caméra P optimale (cf. figure 3.7). On recherche
ainsi la pose (orientation et position) de la caméra qui fait que les rayons −−→CXj passent
au plus près possible des m points 2D xj projections des Xj
.
minimise
P
m
∑
j=0
xj −PXj
2
(3.20)
Ce problème appelé Perspective-n-Point est traité en fonction du nombre de degrés de
liberté de la pose :
1. Le cas non calibré :
la matrice P de taille 3 × 4 est à identifier. 12 degrés de liberté sont à estimer.
Une formulation linéaire de l’équation (3.20) permet de trouver aux moindres
carrés une matrice P possible à partir de 6 correspondances 2D-3D (HARTLEY et
ZISSERMAN 2000).
2. Le cas calibré (la matrice de calibration K est connue) :
6 degrés de liberté sont ainsi à identifier : 3 pour l’orientation R et 3 pour la position
t de la caméra. La connaissance a priori de la matrice de calibration permet
de réduire le nombre de correspondances nécessaires. Trois correspondances sont
suffisantes pour identifier un ensemble de solutions possibles (GAO et al. 2003 ;
KNEIP et al. 2011). Le lecteur est invité à consulter LEPETIT et al. (2009) pour une
liste plus exhaustive de différentes méthodes qui, à partir de n correspondances,
estiment la pose [R|t] de la caméra (méthodes PnP (Perspective-n-Point)).
FIGURE 3.7 – L’estimation d’une pose de caméra (une orientation et position) est déterminée
à partir de n correspondances 3D-2D.48 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
3.7 L’ajustement de faisceaux
L’ajustement de faisceaux, Bundle Adjustment, est un processus d’optimisation non
linéaire. On souhaite optimiser un vecteur de paramètres pour réduire une fonction
d’objectif donné. Dans notre cas la fonction objectif vise à réduire les erreurs résiduelles
de re-projection de la structure Xj aux mesures images x
i
j
. x
i
j
étant la projection du point
3D Xj dans l’image i. Le vecteur de paramètres est défini par une configuration initiale :
les paramètres des caméras {Pi}i et la structure de la scène {Xj}j
. Cette minimisation est
réalisée par utilisation d’une procédure itérative, l’algorithme de Levenberg-Marquardt.
Un vecteur p de départ représentant la configuration des paramètres est initialisé. A
chaque itération, on remplace p par une nouvelle estimation p + q, q étant déterminé
pour réduire la fonction objectif à minimiser. Lorsque la fonction objectif ne varie plus
ou que le vecteur de paramètres est stable l’algorithme est arrêté. Une convergence
vers la solution optimale est observée si le vecteur de départ n’est pas trop éloigné de
la solution. Par contre, si la solution initiale est éloignée, une solution locale peut être
identifiée.
Le problème d’ajustement de faisceaux est donc posé pour réduire la fonction coût
suivante :
minimise
{Pi}i
,{Xj}j
m
∑
j=0
n
∑
i=0
x
i
j −PiXj
2
(3.21)
avec n le nombre de matrices de projection P et m le nombre de points 3D considérés
dans la scène.
FIGURE 3.8 – L’ajustement de faisceaux : Une minimisation non linéaire des paramètres
de projection des caméras et de la structure 3D de la scène est réalisée pour réduire les
erreurs de re-projection résiduelles observé en domaine image.
Une synthèse complète sur l’ajustement de faisceaux est proposée par TRIGGS et al.
(2000). Ce problème d’optimisation peut être résolu avec l’usage de matrices parcimonieuses
(LOURAKIS et ARGYROS 2004). WU et al. (2011a) proposent une implémentation
parallèle (GPU ou CPU) et AGARWAL et MIERLE (2012) proposent une implémentation
parallèle générique pouvant utiliser une norme robuste pour éviter l’influence de mesures
aberrantes : Ceres-solver. Ceres présente l’avantage d’être générique, la spécifica-3.8–La géométrie multiples-vues et l’estimation de mouvements 49
tion des variables et la fonction objectif intervenant dans un problème non-linéaire sont
très facilement paramétrables, ce qui facilite l’implémentation de l’équation (3.21).
3.8 La géométrie multiples-vues et l’estimation de mouvements
Les techniques de structure à partir du mouvement, Structure-from-Motion, estiment
le déplacement d’une caméra ou d’un appareil photographique et reconstruisent la
structure de la scène à partir d’une séquence d’images. Soit la séquence d’images Ij
,
j ∈ {0,n}. Le procédé est le suivant : des éléments (ou primitives, par exemple des
points saillants 2D) sont détectés puis suivis à travers l’ensemble des images : x
i
j
. La
visibilité des points 3D Xj
image est ainsi connue. Les techniques de SfM cherchent
alors à identifier des caméras Pi ainsi qu’une structure Xj représentant au mieux les
données de visibilité x
i
j
. C’est un problème d’optimisation ou l’on cherche à minimiser
la somme des erreurs résiduelles en domaine image, l’équation (3.21), ou intervient n
images et m points 3D. Ces erreurs résiduelles mesurent la précision de la reconstruction
: l’adéquation entre la structure, les positions de caméra et les mesures images. Ces
erreurs de re-projections, appelées erreurs résiduelles, représentent la distance entre les
observations x
i
j
images et la re-projection des points 3D Pi(Xj) reconstruit.
FIGURE 3.9 – Illustration de la problématique de SfM. A partir de correspondances
entre images relatant des projections de points 3D commun, il s’agit d’identifier la structure
et les positions et orientations des clichés dans l’espace.50 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
On note trois grandes catégories d’algorithmes de Structure-from-Motion (cf. figure 3.10) :
1. Les méthodes séquentielles, Sequential SfM :
La méthode de reconstruction fait naître une première graine 3D, une reconstruction
initiale créée à partir de deux vues, puis la méthode fait croître cette reconstruction
en agrégeant les images restantes par estimation de pose. Des itérations
répétées d’ajustement de faisceaux sont utilisées pour limiter les effets de
dérive et d’accumulation d’erreurs. On distingue deux sous cas en fonction de la
manière d’établir les correspondances visuelles considérées entre images :
Dans le cas de séquences d’images ordonnées :
Les images sont traitées les unes après les autres dans leur ordre d’arrivée
: odométrie visuelle ou SLAM (communauté robotique). Les traces sont
construites de proche en proche à chaque arrivée d’image.
Dans le cas de séquences d’images non ordonnées :
Les images sont traitées dans leur ensemble pour construire les correspondances
visuelles et identifier les traces.
2. Les méthodes hiérarchiques, Hierarchic SfM :
Les images sont traitées par sous ensembles et sont fusionnées de manière
hiérarchique afin de reconstruire l’intégralité de la scène.
3. Les méthodes globales, Global SfM, Batch SfM :
Les images sont traitées dans leur ensemble. On distingue ici deux méthodes :
– Factorisation, Batch SfM : On recherche les matrices de projection et la structure
de la scène simultanément,
– Global SfM : Supposant les paramètres intrinsèques connus (une caméra calibrée)
le problème de SfM est découpé en deux sous tâches. D’abord les rotations
globales sont identifiées pour toutes les images puis dans un second temps la
structure et les translations des caméras sont identifiées.
FIGURE 3.10 – Illustration du processus des méthodes de SfM, de haut en bas, séquentielle,
hiérarchique et globale. Chaque point noir implique une reconstruction 3D ou un
assemblage de reconstructions 3D.3.9–La mise en correspondances de points saillants 51
3.9 La mise en correspondances de points saillants
L’extraction de caractéristiques visuelles, visual features extraction, consiste en des
transformations mathématiques calculées sur les pixels d’une image numérique. Ces
transformations permettent de mettre en évidence des éléments saillants possédant
certaines propriétés visuelles de l’image et de rechercher si des images possèdent du
contenu en commun localement similaire. Cette mise en correspondances photomé-
trique est réalisée en trois étapes principales :
1. La détection :
Une prise de décision locale en chaque point de l’image détermine si la zone
de l’image présente une caractéristique intéressante. Les zones mises en évidence
représentent des sous-ensembles du domaine de l’image, souvent sous la forme
de points isolés, de segments, de courbes continues ou de régions.
2. La description :
Une zone locale est utilisée autour de chaque zone d’intérêt pour construire
une signature venant décrire la région autour du point d’intérêt.
0 .2 0 .5 … 0 .2 0 .6
0 .1 0 .2 … 0 .5 0 .1
0 .6 0 .3 … 0 .3 0 .1
3. L’appariement :
Une comparaison des signatures entre deux images permet d’identifier les
zones similaires et ainsi d’identifier des points saillants images d’un même point
3D de la scène observée.
Le résultat de la phase d’appariement est utilisé par de nombreuses applications en
vision par ordinateur :
– la reconnaissance et le suivi d’objets,
– l’assemblage d’images panoramiques,
– la stabilisation vidéo,
– la reconstruction 3D et l’odométrie visuelle.52 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
3.9.1 La détection de points saillants
Il est primordial que la détection de points saillants dans une image soit le plus
robuste possible. L’invariance à certaines transformations comme la translation, la rotation
et l’échelle permettront ainsi d’établir avec plus de succès les futures étapes d’appariements
de points, et donc la robustesse des correspondances établies avec le déplacement
de la caméra. Plus un détecteur sera à même d’exhiber des points localisés pré-
cisément d’une image à l’autre plus il sera pertinent. Plusieurs catégories de détecteurs
sont identifiables :
– les bords, edges, curves (Canny, LSD, ...),
– les coins, corners (Harris, Fast, ...),
– les régions, blobs (Sift, Surf, Kaze, Mser, ...).
De nombreuses approches ont été proposées pour améliorer la robustesse et la répé-
tabilité de la détection de points saillants. L’une des premières approches a avoir été
largement utilisée est le détecteur de coins de HARRIS et STEPHENS (1988), invariant à
l’orientation de la structure détectée. LINDEBERG (1998) a ensuite proposé une repré-
sentation en espace échelle linéaire des images qui permet de définir une famille de
détecteurs de structures invariantes par changement d’échelle. L’utilisation de cet espace
échelle a été généralisé à la détection de coins par Harris-Laplace (MIKOLAJCZYK
et SCHMID 2001) et à la détection de blobs avec l’utilisation de différences de gaussiennes
par LOWE (1999). En définissant un point d’intérêt comme un extremum local
de la représentation en espace-échelle, ces approches permettent d’attribuer à ce point
une échelle caractéristique. Ces approches sont souvent coûteuses en calcul à cause de
la construction de l’espace échelle. Certaines approximations sont alors réalisées, au
détriment de la précision de localisation des zones saillantes, mais au profit de gains de
calculs non négligeables. L’utilisation d’images intégrales par la méthode SURF (BAY
et al. 2006) permet de réduire la consommation mémoire et de réaliser les opérations
de filtrage de manière très efficace. L’exploration de nouveau espace échelle mené par
ALCANTARILLA et al. (2012) démontre de meilleures stabilités sur les détections réalisées
et laisse envisager un détecteur encore plus performant (proche du temps réel :
ALCANTARILLA et al. (2013)).
FIGURE 3.11 – Une image i est décrite par un ensemble j de points saillants : {P
i
j
}i, j
.
Dans le cas de SIFT une position, une orientation et une échelle caractéristique sont
extraits par points.3.9–La mise en correspondances de points saillants 53
3.9.2 La description de point saillants
Afin de retrouver les observations image x
i
j d’un même point 3D Xj parmi une sé-
quence d’images, il est nécessaire d’identifier chaque observation image de manière
unique. Pour cela, chaque point est décrit par une signature. Cette signature définit un
ensemble de caractéristiques, un descripteur local qui est une représentation compacte
du voisinage du point d’intérêt (cf. figure 3.12).
0 .2 0 .5 … 0 .2 0 .6
0 .1 0 .2 … 0 .5 0 .1
0 .6 0 .3 … 0 .3 0 .1
FIGURE 3.12 – Chaque points saillants : {P
i
j
}i, j est décrit par une transformation de la
zone image locale l’entourant : {desc(P
i
j
)}i, j
.
Une solution simple, mais peu robuste, consiste à extraire un patch centré sur le
point d’intérêt. Mais le support d’invariance de ce type de descripteur est faible et limite
donc son usage. La robustesse de la description locale des points saillants peut
être améliorée en supportant l’invariance à des transformations géométriques et aux
changements d’éclairement. LOWE (1999) propose une représentation locale appelée
SIFT. Ce descripteur SIFT est composé d’histogrammes d’orientation du gradient. Ces
histogrammes sont estimés à partir de régions distinctes du voisinage normalisé et centré
de chaque point d’intérêt considéré. Il a été montré par MIKOLAJCZYK et SCHMID
(2005) que ce type de descripteur est très robuste à différents phénomènes, tels que :
bruit, compression JPEG, changement d’éclairement, rotation et changement d’échelle.
Ce type de descripteur est très utilisé pour les applications de recherche par le contenu
et la photogrammétrie car il possède une répétabilité élevée.
Un inconvénient majeur des descripteurs de type SIFT est l’occupation mémoire. On
construit en effet un descripteur de 128 valeurs flottantes par point d’intérêt. Cet espace
de relativement haute dimension n’est pas idéal pour les calculs sur des collections
d’images à large échelle. Des alternatives permettent de réduire la taille des signatures
en utilisant des signatures binaires. Ces signatures ont l’avantage d’être plus compactes
en mémoire et de proposer un espace de faible dimension. Leur dimension étant plus
faible, la phase d’appariement sera réalisée de manière plus rapide. STRECHA et al.
(2012) projettent les descripteurs SIFT en une représentation compacte via une matrice
de projection apprise par machine-learning. CALONDER et al. (2012) calculent nativement
un descripteur binaire par l’utilisation du signe de la différence de couple de points sur
une grille autour du point d’intérêt.
Idéalement on souhaite disposer de détecteurs et descripteurs de points d’intérêt
ayant les qualités suivantes :
– invariance de détection en translation, rotation et échelle,
– invariance aux variations d’éclairement (luminosité, contraste),
– un critère suffisamment local pour gagner en robustesse aux occultations mais
suffisamment large pour décrire suffisamment de contenu.
L’ajout de nouveaux degrés d’invariance tend à créer des faux positifs lors de l’établissement
de correspondances, car plus on devient invariant plus les points ont de chance
de se ressembler. C’est pourquoi lors de conditions d’acquisition contrôlée (comme c’est
le cas avec des robots mobiles), l’invariance en rotation n’est pas considérée. En considérant
une orientation verticale, des appariements plus stables seront ainsi identifiés.54 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
3.9.3 L’appariement de point saillants
Soit deux images, A et B, représentées par un ensemble de points saillants et descripteurs.
La phase d’appariement consiste à identifier les points ayant une forte similarité
entre les deux images. On note NA le nombre de points d’intérêts de l’image A et NB ceux
de l’image B. Pour chaque point saillant de A on recherche les points les plus similaires
de B. Cette mesure de ressemblance est réalisée par l’utilisation d’une métrique entre
les descripteurs liés aux points. Les NB distances sont évaluées pour chaque point de A
dans B. Cet ensemble présentant de nombreuses fausses hypothèses, il convient d’utiliser
un critère de rejet basé sur l’analyse des distances calculées pour retenir uniquement
les distances les plus vraisemblables (cf. figure 3.13).
L’étape d’appariement nécessite trois éléments :
– la recherche de plus proches voisins pour obtenir les correspondances hypothèses,
– l’utilisation d’une métrique pour mesurer la similarité d’une correspondance,
– l’utilisation d’une politique de rejet pour valider une correspondance.
FIGURE 3.13 – Appariements : les points les plus similaires de l’image A (gauche) sont
recherchés dans l’image B droite. Un filtre est utilisé pour déterminer de tous les candidats
possibles si une correspondance est dominante ou non.
La recherche de plus proches voisins pour chaque point d’intérêt est un problème
coûteux. La méthode naïve teste de manière exhaustive toutes les possibilités et les ordonne
par distance. Cette méthode est dite de force brute, Brute force. Des méthodes
de calculs approchées identifient les k plus proches voisins d’un descripteur plus rapidement.
Ces méthodes approchées, ANN, Approximate Nearest Neighbour, répartissent
les descripteurs suivant leur ressemblance dans un arbre binaire (KD-TREE) (MUJA
et LOWE 2009). Cet arbre binaire permet un parcours rapide pour évaluer quel sousensemble
de l’arbre est le plus similaire à un élément donné en requête. Ce partitionnement
permet de limiter le nombre de candidats sur lesquels la métrique est évaluée
lors d’une opération de recherche et d’identifier rapidement k voisins. La complexité
de recherche sur de larges ensembles de descripteurs est réalisable au prix d’une légère
dégradation des performances en précision de calcul, qui est fonction de la taille du
groupe considéré et des paramètres de l’arbre de partition.
La métrique est choisie en fonction du type de descripteurs utilisés :3.9–La mise en correspondances de points saillants 55
Euclidienne d(x, y) := kx−yk2 pour des descripteurs composés de valeurs réelles,
Hamming d(x, y) = ∑(x⊕y) pour des descripteurs composés de valeurs binaires,
EMD Earth Mover Distance pour des descripteurs circulaires (cf. RABIN (2009)).
Le critère de rejet permet de réduire avec une heuristique les fausses hypothèses
parmi les correspondances établies précédemment. Parmi les correspondances établies,
seulement quelques-unes sont valides et on souhaite les conserver. Couramment, un
filtre réalise le rejet de candidats, parmi les NB distances évaluées, pour chaque point
de A. On note plusieurs politiques de rejet dans la littérature (RABIN 2009) :
Critère FNN First Nearest Neighbour Pour chaque requête, on garde le plus proche
voisin ; le descripteur présentant le plus de similarité :
{(P
i
A
,P
j
B
) : j = argmin
k
d(desc(P
i
A
),desc(P
k
B
))}
Critère DT Distance Threshold Un seuil de validation global est utilisé sur la distance :
Pour chaque requête, l’ensemble des descripteurs candidats ayant une distance
plus petite que le seuil global δ sont validés :
{(P
i
A
,P
j
B
) : d(desc(P
i
A
),desc(P
j
B
)) < δ}
Critère DR Distance Ratio Le pourcentage de ressemblance entre les 2 plus proches
voisins dans la seconde image est utilisé : pour chaque requête (Pi)A, les 2 plus
proches voisins (Pj)B,(Pk)B sont identifiés. Le plus proche voisin est conservé
comme point homologue si le ratio des distances d((Pi)A,(Pj)B)/d((Pi)A,(Pk)B) est
inférieur à un seuil δ. L’idée utilisée est que plus des candidats sont similaires,
plus la chance de confusion est forte. On évite ainsi de mettre en relation des
correspondances ambiguës. δ est souvent choisi entre 0.6 et 0.8 (cf. les expérimentations
de LOWE (1999) pour identifier les meilleures valeurs possibles de ce
paramètre).
{(P
i
A
,P
j
B
) : j = argmin
k
d(desc(P
i
A
),desc(P
k
B
)) < δmin
k6=j
d(desc(P
i
A
),desc(P
k
B
))}
Critère SD Symmetric distance Une correspondance n’est conservée que si les correspondances
sont réciproques : les indices mis en correspondance doivent être les
mêmes quel que soit le sens de calcul A → B et A ← B :
{(P
i
A
,P
j
B
) : j = argmin
k
d(desc(P
i
A
),desc(P
k
B
)),i = min
k
d(desc(P
k
A
),desc(P
j
B
))}
Les correspondances établies étant photométriques de faux positifs peuvent toujours
être présents. Il convient par la suite de vérifier si les correspondances établies sont
géométriquement cohérentes (cf. chapitre 4).
Dans le cadre de cette thèse nous utiliserons les détecteurs et descripteurs SIFT (LOWE
1999). Les appariements ayant passé la politique de rejet DR sont retenus. La méthode
approchée ANN accompagnée de la norme euclidienne l2 est utilisée pour rechercher
les candidats.56 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
3.10 Méthode de fusion rapide de paires de correspondances
de points saillants entre images
Un des pré-requis souvent utilisé en vision par ordinateur est l’information de visibilité,
c’est-à-dire la connaissance qu’un point 3D donné se re-projette dans une série
d’image. Se pose alors le problème suivant : étant donné des détections image nous
voulons suivre le déplacement de ces détections dans une série d’images. Ce problème
est appelé suivi de points, ou point/feature tracking. Nous appellerons le déplacement
apparent d’un point de l’espace dans une série d’images une trace, (track).
FIGURE 3.14 – A gauche, une séquence de 9 images fournies avec le logiciel VideoTrace.
A droite, une série de traces identifiant le mouvement des points saillants qui ont pu
être suivis à travers toute la série d’images en utilisant nos algorithmes.
Le problème de suivi de points à travers une série d’images peut être abordé de
différentes manières en fonction de la nature de la collection d’images à traiter :
Une séquence d’images ordonnée. Narrow-baseline matching.
Ce type de séquence, comme des vidéos, induit par nature une amplitude de
mouvement faible. Ce faible mouvement des points à suivre permet de construire
les trajectoires de points de proche en proche par des zones de recherches locales.
Les méthodes sont basées sur des approches de corrélation (LUCAS et KANADE
1981 ; TOMASI et KANADE 1991) (cf. figure 3.15), ou de flux optique (HORN et
SCHUNCK 1981). Les méthodes les plus récentes présentent soit des boucles d’apprentissage
et de détection : TLD (KALAL et al. 2012) ou des analyses très rapides
des champs de déplacement : Zero Shift points (DUPACˇ et al. 2012).
FIGURE 3.15 – Suivi de trajectoire d’un point saillant par maximum de corrélation.
Une série d’images non ordonnée. Wide-baseline matching.
Dans ce cas la cohérence de mouvement ne peut être supposée. En effet les
points n’ont pas forcément de cohérence d’une image à l’autre car une partie différente
de la scène peut être vue. Le suivi de points est plus difficile, on ne sait
pas où rechercher d’une image à l’autre. Les points similaires entre des paires
d’images sont alors identifiés par des méthodes d’image-matching (cf. section 3.9)3.10–Méthode de fusion rapide de paires de correspondances de points saillants
entre images 57
puis filtrés pour vérifier leur cohérence géométrique (cf. chapitre 4). Ces correspondances
par paires d’images sont ensuite assemblées en trajectoires lorsqu’elles
partagent des points communs (cf. figure 3.16).
FIGURE 3.16 – Dans une série d’images non ordonnées (image1, image2, image3), des correspondances
sont identifiées par paire d’images (droite). Relier ces correspondances si
elles partagent des points en commun permet d’identifier les traces (bas gauche). Note :
L’analyse d’une série de paires 1 → 2,2 → 3,1 → 3 permet de créer une correspondance
entre l’image 1 et 3 qui ne serait pas identifiée par une analyse en séquence : 1 → 2 → 3.
Nous nous intéressons ici au cas générique, le cas des images non ordonnées. On
se retrouve donc avec la tâche suivante : combiner les correspondances géométriques
identifiées par paires en traces cohérentes. L’état de l’art traite le plus souvent ce problème
par la construction d’un graphe suivi d’une phase d’analyse (SNAVELY et al.
2006).
Soit i
k
le k
ième point de l’image i et (i
m, j
n
) une mise en correspondance établie entre
l’image i et j avec les points indicés m et n. Étant donné une liste de correspondances,
{(i
m,j
n
)}, on cherche à construire un graphe G puis on l’analyse pour identifier les
traces. Soit G = {S,E} avec S, un ensemble de sommets, et E un ensemble d’arêtes.
Les sommets S : {i
k} représentent les points saillants détectés dans les images.
Les arêtes E : {(i
m,j
n
)} représentent les correspondances établies par paires d’images.
Les deux étapes requises pour identifier les traces grâce au graphe G sont les suivantes :
1. G est construit en utilisant l’ensemble des correspondances par paires : {(i
m,j
n
)} :
Des liens entre points saillants S sont ainsi créés pour chaque correspondance
(i
m, j
n
) établie. Les correspondances deux à deux sont ainsi reliées entre elles.
2. Une analyse en composante connexe permet d’identifier les traces :
Chaque composante connexe est une trace identifiant le déplacement apparent
d’un point saillant dans une série d’images.
Cette approche est fonctionnelle mais non optimale, nous démontrerons dans la section
suivante que l’utilisation d’une structure de données plus adaptée permet de gagner en
efficacité.58 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
3.10.1 Une solution ensembliste pour la construction de traces de points
saillants
Au lieu de voir le problème de construction de traces comme la construction d’un
graphe et son analyse, nous considérons le problème de manière ensembliste. Nous
montrons que ce problème est soluble par l’utilisation de la théorie des ensembles et
que son utilisation est plus efficace que les méthodes de l’état de l’art sur le plan de
la complexité algorithmique. De plus, son utilisation possède plusieurs avantages aux
vues des solutions concurrentes disponibles.
La théorie
Proposition 1. En théorie des ensembles, la notion de relation d’équivalence sur un ensemble
permet de mettre en relation des éléments qui sont similaires par une certaine propriété.
Soit E un ensemble et R une relation d’équivalence. L’utilisation de la relation d’équivalence
R sur E permet la construction du groupe quotient E|R composé de classes Q .
Chaque Q représente ainsi la fusion des éléments similaires de E : les éléments de E
suivant la relation d’équivalence R . Les ensembles quotients {Q } obtenus représentent
des classes disjointes.
Proposition 2. L’utilisation de la relation d’équivalence sur une ensemble permet de créer les
classes par complétion par transitivité. Étant donné un ensemble d’éléments (les points saillants)
nous partitionnons en un certain nombre de classes disjointes les relations établies par les correspondances.
L’utilisation des correspondances de points homologues comme relation d’équivalence
permet d’établir les ensembles disjoints désirés : les traces.
La proposition 2 démontre que la théorie des ensembles est applicable à notre problème.
Voyons désormais comment réaliser ces opérations de manière concrète.
La solution logicielle
GALLER et FISHER (1964) propose de mener efficacement la construction et la manipulation
de classes d’équivalence à travers une structure de données, les disjoint-set,
et des algorithmes : union-find. La structure de données disjoint-set permet de maintenir
une forêt d’arbres, chaque arbre représentant un ensemble disjoint. Les algorithmes
union-find permettent de maintenir et créer des partitions entre les ensembles disjoints
grâce à deux opérations :
Trouver, Find détermine la classe d’équivalence d’un élément. Elle sert aussi à déterminer
si deux éléments appartiennent à la même classe d’équivalence.
Unir, Union réunit deux classes d’équivalence en une seule.
Une condition préalablement nécessaire à leur utilisation est la construction des singletons
: des ensembles d’équivalences contenant un seul élément par l’instruction MakeSet.
La mise en pratique
L’utilisation de la théorie des ensembles pour notre problème de construction de
traces nécessite la définition de l’ensemble et de la relation d’équivalence :3.10–Méthode de fusion rapide de paires de correspondances de points saillants
entre images 59
Soit {E} une collection d’ensembles : chaque point saillant considéré par les correspondances
est un ensemble disjoint,
Chaque point saillant est considéré comme une trace de taille 1.
Soit une relation d’équivalence R : E(f ind(i
m)) = E(f ind(j
n
)),
L’utilisation de la relation d’équivalence permet de fusionner deux classes, les
classes contenant les points homologues désignés par une correspondance (i
m, j
n
)
par utilisation de la fonction union : union(f ind(i
m), f ind(j
n
)). On réalise la complétion
par transitivité.
La procédure 1 de calcul de traces est alors réalisée, elle est composée de trois étapes
qui nécessitent de parcourir deux fois l’ensemble de correspondances :
1. Pour créer les ensembles de bases :
Un ensemble est créé par point saillant utilisé,
2. Pour appliquer la relation d’équivalence :
Les correspondances relatives sont fusionnées en traces par l’utilisation répé-
tée des fonctions find et union sur l’ensemble des correspondances. Find identifie
les ensembles d’appartenance des points saillants de la correspondance considé-
rée et les fusionne en utilisant l’opérateur union.
3. Les classes calculées sont parcourues pour lister et identifier les points appartenant
à chaque trace.
La fusion des correspondances est ainsi réalisée par fusion itérative des correspondances
à deux vues. Des traces de points de taille 1 sont unies et évoluent pour former
les traces désirées au cours du processus. L’algorithme obtenu est très simple à lire et
implémenter. Il est constitué de deux boucles sur les correspondances relatives.
Procédure 1 Calcul des traces de points saillants pour une série de paires de correspondances
Entrée: une liste de correspondances entre différentes paires d’images : L : {(i
m, j
n
)}
Sortie: les traces
(1) Construction des ensembles initiaux, les singletons :
pour (i
m, j
n
) ∈ L faire
si find(i
m) 6= 0/ alors
MakeSet(i
m)
fin si
si find(j
n
) 6= 0/ alors
MakeSet(j
n
)
fin si
fin pour
(2) Complétion par transitivité :
pour (i
m, j
n
) ∈ L faire
union(find(i
m), find(j
n
))
fin pour
(3) Récupération des traces :
Retourne chaque arbre de la forêt comme une trace
La complexité associée à une utilisation naïve de l’algorithme Union-Find et des
disjoint-sets est O(nlog(n)). TARJAN (1975) a ensuite montré que l’utilisation de deux optimisations,
union by rank et path compression, permettent de rendre la complexité quasilinéaire
en pratique : O(nα(n)) (α étant l’inverse de la fonction de Ackermann). Il n’est60 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
pas possible d’obtenir un meilleur résultat : FREDMAN et SAKS (1989) ont montré que
Ω(α(n)) mots en moyenne doivent être lus par opération sur toute structure de données
pour le problème des classes disjointes.
Le comportement de l’algorithme est illustré en figure 3.17. Des correspondances
par paires sont identifiées par différentes couleurs (bleu, vert, rose, violet). Ces correspondances
impliquent 12 points, 12 ensembles sont alors créées. Les correspondances
sont alors parcourues par paires (marquées par les différentes couleurs) et les
ensembles contenant les points homologues sont assemblés (union). Une forêt d’arbres
est alors construite et évolue pour créer les 4 trajectoires associées aux correspondances
initiales.
0 1 2 3 4 5 6 7
0
1
2
3
4
5
6
7
8
11
9 10
8 9 10 11
9 10 4 7 1 3 6 0 2 5 8 11
2 3
0 1 9
10
8
11
4
7
0
2
5
1
3
6 8
11
0
2
5
FIGURE 3.17 – Illustration des étapes de l’algorithme de fusion de traces. De haut en
bas. Les correspondances initiales par paires identifiées par différentes couleurs. La
création des 12 singletons, désignant les 12 points considérés par les correspondances.
L’évolution de la forêt de traces (de gauche à droite avec le parcours des appariements
par couleur). Et enfin chaque arbre de la forêt est parcouru pour identifier les points
appartenant à une trace commune.
Expérimentations
Notre solution , désignée sous l’acronyme UF, a été évaluée face à deux autres solutions
:
1. SNAVELY et al. (2006) : solution contenue dans le code source du logiciel associé
Bundler.
2. ZACH (2010-2011) : solution contenue dans le code source de la bibliothèque associée
ETH-V3D.
Le protocole de test est le suivant : pour des données initiales identiques, une liste
de correspondances {(i
m, j
n
)} géométriquement valide par géométrie fondamentale (cf.
section 3.3) est fournie aux trois solutions d’identification de traces. Les temps de calcul
et nombre de traces identifiées sont mesurés et comparés. Afin de pouvoir tester
différents scénarios le test est réalisé sur différents jeux de données images présentant
de 8 à 314 images. Ces tests permettent de faire intervenir de 10000 à 1 million de correspondances
initiales et ainsi d’évaluer le comportement des solutions à faible et large
échelle. Les résultats de l’expérience sont disponibles dans le tableau 3.1.entre images
3.10–Méthode de fusion rapide de paires de correspondances de points saillants
61
Jeux d’images nb. Images #{im, jn} Méthodes
UF Zach Bundler
temps s. # traces temps s. # traces temps s. # traces
1 HerzJesus 8 13726 10 2454 20 2383 10 2314
2 Castle 19 17853 12 2673 18 2543 30 2229
3 Entry 10 18914 13 2697 27 2524 20 2566
4 Fountain 11 29338 21 4279 52 4139 30 3513
5 Jean-fontana 66 53901 49 8551 72 7773 90 7672
6 Castle 30 56477 40 5639 73 5272 60 5033
7 DeteniceFountain 59 63437 56 7949 86 7445 250 7447
8 HerzJesus 25 68284 50 6603 130 5781 90 6160
9 SceauxCastle 282 364751 411 39639 613 36508 680 35845
10 StMartin 124 651990 531 51473 1505 49109 410 41380
11 Temple 314 1012804 640 20623 1295 15580 1280 19730
TABLE 3.1 – Statistiques sur l’évaluation la fusion de correspondances pour le calcul de traces. Les résultats sont triés
par ordre croissant du nombre de correspondances relatives. Le temps le plus court est affiché en gras.62 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements
Pour faciliter l’interprétation des résultats les temps des différentes méthodes ont
été représentés sous forme graphique sur la figure 3.18.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
FIGURE 3.18 – Représentation graphique des temps nécessaires pour identifier les
traces du tableau 3.1. Les jeux de données sont triés de manière croissante en fonction
du nombre de correspondances initiales.
L’expérience permet de faire des remarques sur les points suivants :
la vitesse d’exécution On remarque que la solution UF est dans 90% des cas plus rapide
que les deux autres solutions (cf. courbes de la figure 3.18).
la complexité à large échelle Pour de larges jeux de données on constate que les mé-
thodes Zach et Bundler présentent des résultats en dents de scies avec la taille
du jeu de correspondances relatives fournies. Notre solution par contre réagit de
manière beaucoup plus linéaire.
la complétude de la solution : le nombre de traces identifiées Il est important de noter
que le nombre de traces varie d’une implémentation à l’autre. Notre approche
étant ensembliste nous avons des garanties que pour notre critère d’équivalence
la solution identifiée soit optimale. Le fait que nous détectons tout le temps plus
de traces que les deux autres méthodes démontrent que leur implémentation n’est
pas parfaite et que des traces ne sont pas identifiées, ou rejetées à tort.
Concernant la complétude des solutions identifiées les arguments suivants sont avancés
: les deux implémentations disponibles évitent l’utilisation de graphes et utilisent
des tables d’indices. Ce qui rend les algorithmes sensibles à plusieurs facteurs :
Bundler : SNAVELY et al. (2006)
Résultat dépendant d’un index de départ,
Requiert plusieurs opérations de tri.
ETH-V3D : ZACH (2010-2011)
Résultat dépendant de l’ordre des paires d’images,
Grosse consommation mémoire.
La complexité de tels algorithmes est au minimum de O(nlog(n)) (due aux opérations
de tri requises). Nos tests ont confirmé que notre solution avec une complexité
plus faible, O(nα(n)) minimale théorique, présente une meilleure réactivité aux données
d’entrées.3.11–Contributions de ce chapitre 63
Limitations et perspectives
Les temps d’exécution de notre approche pourraient être encore réduits par l’utilisation
d’une version non bloquante de l’algorithme union-find (ANDERSON et WOLL
1991). Une version parallélisable de notre algorithme est alors envisageable, laissant
imaginer de meilleurs temps de réponse sur de larges jeux de données.
Cependant l’assemblage naïf des correspondances donne lieu à plusieurs problèmes
(AGARWAL et al. 2009) :
• plusieurs traces peuvent se croiser et donc contenir plusieurs fois le même point,
• plusieurs traces peuvent contenir des points dans la même image.
Notre approche actuelle se limite juste à détecter et ne pas exporter les traces qui
portent ces cas de conflits. Étant capable de détecter les arbres présentant des conflits
nous pouvons envisager un post-traitement afin de couper ses traces corrompues en
traces cohérentes en utilisant la méthode proposée par SVARM et al. (2012). Leur approche
propose une solution pour garder les traces les plus probables parmi les traces
corrompues qui se croisent. Leur solution est basée sur une analyse des arbres dits
de Gomory-Hu. Étant données des traces corrompues, l’algorithme utilise des coupes
récursives afin de conserver les n sous-traces portant les plus grandes pondérations.
Chaque arête porte pour poids le nombre de points géométriquement validés pour la
paire d’images considérée par cette arête.
3.11 Contributions de ce chapitre
Nous avons présenté les fondamentaux de la géométrie multi-vues et comment des
correspondances de points pouvaient être identifiées de manière automatique et assemblées
en trajectoire au sein de collections d’images non ordonnées.
Une nouvelle méthode permettant de calculer la fusion de correspondances dans le
but d’identifier les traces de points saillants à travers une série d’images a été exposée.
L’utilisation d’une structure de données et des algorithmes adaptés nous permet de ré-
soudre le problème de fusion avec une complexité optimale, quasi-linéaire en pratique.
Notre solution, utilisant «la théorie des ensembles», permet de mettre en œuvre une
solution élégante qui ne réalise aucune approximation et aucun biais dans les résultats.
Nos expériences ont confirmé les résultats théoriques sur le fait que notre méthode
a une complexité moindre et donc un temps d’exécution plus faible que les solutions
concurrentes. L’utilisation de notre algorithme a toujours démontré qu’il était capable
d’identifier plus de traces que les solutions concurrentes pour l’ensemble des jeux de
données. Cela démontre que les deux implémentations concurrentes sont biaisées et ne
garantissent pas un résultat complet au problème traité.
Ce travail a été présenté à la conférence CVMP (MOULON et MONASSE 2012) et
largement utilisé pour les autres travaux de ce manuscrit. Une implémentation libre est
disponible avec la librairie open-source openMVG (MOULON et al. 2013d).64 3–La géométrie multiples vues et l’estimation de mouvements65
Chapitre 4
L’estimation robuste de modèles
paramétriques
Lorsque des données sont légèrement bruitées il est courant d’utiliser une méthode
d’ajustement aux moindres carrés afin d’identifier les paramètres d’un modèle. Cependant
lorsque les données sont bruitées et polluées ces méthodes ne permettent plus de
trouver un modèle adéquat. Il est alors courant d’utiliser des méthodes d’estimation
robuste qui recherchent le sous ensemble de données s’ajustant le mieux au modèle paramétrique
choisi. Ces méthodes reposent sur des tests d’hypothèses pour identifier un
modèle et classifier les données suivant leur nature en :
• mesures fiables appelées inliers, auxquels le modèle s’ajuste,
• fausses mesures appelées outliers, les fausses mesures que le modèle réfute.
Nous allons dans ce chapitre :
1. Étudier les méthodes couramment utilisées : MAX-CONSENSUS et RANSAC et
discuter leurs limitations,
2. Expliquer et discuter un estimateur robuste incorporant un critère statistique permettant
de s’adapter de manière dynamique au bruit de mesure,
3. Montrer comment généraliser l’utilisation de cet estimateur robuste adaptatif à
différents modèles d’erreur.
Sommaire
4.1 MAX-CONSENSUS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4.2 RANSAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
4.2.1 Limitations et variantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.3 A Contrario-RANSAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
4.3.1 Le principe de la détection a contrario . . . . . . . . . . . . . . . 72
4.3.2 Mise en correspondance a contrario pour l’estimation de la géométrie
épipolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
4.4 Généralisation de la mise en correspondance a contrario pour l’estimation
de modèles paramétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.4.1 Généralisation du calcul du NFA et utilisations . . . . . . . . . . 78
4.4.2 Application pour l’estimation de la géométrie relative entre
deux images sphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.4.3 Évaluation expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.5 Contributions de ce chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8966 4–L’estimation robuste de modèles paramétriques
4.1 MAX-CONSENSUS
Le but de l’estimation robuste est d’identifier, parmi un ensemble D, le sous-ensemble
de points auxquels s’ajuste le mieux un modèle paramétrique H recherché. L’ensemble
D est en sortie classifié en deux sous-ensembles : les inliers et les outliers.
Soit Di
le i
e échantillon de D, M une métrique calculant l’erreur de re-projection
d’un échantillon au modèle H et δ un seuil d’acceptation. MAX-CONSENSUS est une
procédure itérative qui repose sur quatre étapes :
1. La génération d’hypothèses :
un échantillonnage stochastique aléatoire de s-uplets est réalisée afin de gé-
nérer des hypothèses H , s étant suffisant pour estimer les paramètres d’une hypothèse
H .
2. Une mesure de consensus :
l’ensemble des erreurs de re-projection au modèle en cours d’hypothèse H
est évalué pour chaque échantillon.
3. Un critère de validation :
Si l’erreur est inférieure à un seuil δ alors l’échantillon est ajouté au consensus.
4. Un critère d’arrêt :
un nombre d’itérations N.
MAX-CONSENSUS est une méthode qui teste successivement des hypothèses et mesure
la taille du consensus généré. La taille du consensus acceptant H sous une pré-
cision δ est maximisée et ainsi la consensus d’échantillon identifié est retenu comme
inliers :
argmax
H
#D
∑
i=1
1(M (H ,Di) < δ) (4.1)
Une recherche exhaustive des s-uplets est nécessaire afin de rechercher le modèle
idéal. L’évaluation de toutes les combinaisons de s-uplets n’est pas réalisable en pratique
car N =
#D
s
combinaisons seraient à évaluer. Notant que N → ∞ en fonction de
s et la taille de l’ensemble échantillon D un problème combinatoire se pose. Puisqu’il
n’est pas pensable de réaliser tous ces tirages, une façon naïve mais efficace pour limiter
la complexité est de choisir un N fixe et d’utiliser un échantillonnage stochastique.
MAX-CONSENSUS est une méthode itérative qui tire au sort, N fois, un s-uplet pour
générer une hypothèse et la vérifier. Note : plus s est petit, plus l’exploration stochastique
de l’espace des s-uplets sera large et rapidement réalisée.
MAX-CONSENSUS est une méthode à deux paramètres :
• δ : précision/erreur maximale tolérée pouvant être acceptée pour une appartenance
à l’ensemble de consensus,
• N : le nombre d’itérations à réaliser.4.2–RANSAC 67
4.2 RANSAC
La méthode RANSAC (RANdom SAmpling Consensus) (FISCHLER et BOLLES 1981)
est une évolution de la méthode MAX-CONSENSUS. L’idée est de réduire le nombre
de tirages N à réaliser. Si l’on a une idée du nombre d’inliers a-priori dans les données ;
on peut calculer le nombre de tirages nécessaires pour être sûr d’avoir statistiquement
parcouru l’espace des solutions de manière suffisante. A première vue cette solution
permet de réduire la complexité algorithmique de la recherche robuste de modèle, mais
elle a comme inconvénient d’ajouter un nouveau paramètre p sur la proportion estimée
de contamination des données.
RANSAC évalue le nombre suffisant de tirages N à réaliser pour assurer qu’avec
une probabilité p, au moins 1 échantillon de taille s n’est pas pollué. Si le taux d’inliers
w est connu, alors la probabilité de choisir tous les échantillons pollués est (1 − w
s
)
N,
c’est à dire Soit la probabilité de tirer N fois un s-uplet contenant au moins 1 outlier. On
a alors (1−w
s
)
N ≤ 1− p, soit encore :
N ≥
log(1− p)
log(1−ws)
(4.2)
RANSAC peut ainsi au fur et à mesure de son évaluation estimer le nombre d’itérations
N lui restant à effectuer en fonction de la taille du consensus le plus grand rencontré
jusqu’alors. A chaque fois qu’un meilleur consensus est identifié, N est remis à jour
grâce à l’équation 4.2 (cf. procédure 2).
Procédure 2 RANSAC : Recherche du plus large consensus pour un modèle paramé-
trique H
Entrée: D = {D0,...,Di} : un ensemble d’échantillons
Entrée: δ : un seuil de précision, borne haute pour l’acceptation des erreurs
Entrée: p : une probabilité sur la contamination de l’ensemble échantillon,
Entrée: N : un nombre maximal de tirages.
Sortie: le plus large ensemble consensus Sopt et les paramètres du modèle Hopt retenu.
compteur i = 0, #Sopt = 0/
(1) Échantillonnage aléatoire :
Tirage d’un s-uplet
Estimation d’un modèle H // Génération d’une hypothèse
(2) Sélection des inliers :
S = {Di} | M (H ,Di) < δ // Évaluation de l’hypothèse
(3) Consensus optimal :
si #S > #Sopt alors
Sopt = S
Hopt = H
N est mis à jour via l’équation 4.2 // Évaluation du #tirages restant à effectuer
fin si
(4) Critère d’arrêt :
tant que i < N, i = i+1. Retour à l’étape 1.
La seule différence entre MAX-CONSENSUS et RANSAC consiste en la mise à jour
du nombre de tirages restant à réaliser. L’algorithme RANSAC peut donc terminer plus
rapidement son estimation robuste, mais un paramètre supplémentaire p est rajouté.
Cependant, dans la majorité des cas le niveau de bruit des données est inconnu et variable
d’un jeu de données à l’autre. Le choix des paramètres δ et p est donc loin d’être68 4–L’estimation robuste de modèles paramétriques
évident.
RANSAC est une méthode à trois paramètres :
• δ : précision maximale acceptée pour construire un ensemble de consensus,
• N : le nombre maximal d’itérations pouvant être réalisées,
• p : une probabilité de succès fixé apriori.
4.2.1 Limitations et variantes
Les méthodes MAX-CONSENSUS et RANSAC ont une limitation majeure commune
par rapport à ce que l’on appelle l’efficacité relative.
L’efficacité relative est dépendante du choix arbitraire du seuil de précision δ. C’est
l’introduction de ce seuil qui permet une robustesse d’estimation tolérant jusqu’à
plus de 50 % d’outliers, mais en contrepartie le choix de ce paramètre est très
critique. Comme le montre la figure 4.1 lorsque ce seuil est trop élevé, quelques
outliers sont sélectionnés à tort. Lorsque ce seuil est trop faible, une transformation
fiable n’est pas estimable, car trop peu d’échantillons sont utilisés. On parle alors
de situation de sur-évaluation, over-fitting, ou de sous-évaluation, under-fitting.
(a) Distribution des points (b) Choix correct de δ
(c) δ trop petit, sous-évaluation (d) δ trop large, sur-évaluation
FIGURE 4.1 – Ambiguité du choix du seuil de sélection pour l’estimation d’un modèle
de droite.4.2–RANSAC 69
Diverses variantes de MAX-CONSENSUS et RANSAC sont proposées dans la litté-
rature pour chacune des 4 étapes mises en jeu : la génération d’hypothèses, la mesure
de consensus, le critère de validation et enfin le critère d’arrêt. Plutôt que de réaliser
une liste exhaustive (cf. CHOI et al. (2009)) nous allons lister quelques méthodes marquantes
par domaine d’étude.
Amélioration de la rapidité :
Échantillonnage guidé. L’échantillonnage de groupes de s-uplets peut être
vu comme un processus de génération d’hypothèses. En l’absence de connaissance
apriori sur le modèle suivi par les données, un échantillonnage uniforme
est utilisé, chaque hypothèse est ainsi générée indépendamment des
précédentes. Plusieurs heuristiques ont été proposées pour faire converger
l’algorithme plus rapidement.
MOISAN et STIVAL (2004) propose avec ORSA (Optimized Random Sampling
Algorithm) de tirer les échantillons parmi le meilleur ensemble Sopt lorsqu’une
hypothèse est jugée valide.
CHUM et MATAS (2005) propose avec PROSAC (PROgressive SAmple Consensus)
de tirer les échantillons en fonction d’un indice de confiance qui leur
est associé. Le tirage n’est plus réalisé de manière uniforme mais en tenant
compte de cette mesure de qualité. L’intuition est qu’il vaut mieux tester en
premier lieu les configurations sur lesquelles on a le plus confiance. Dans le
cas de la mise en correspondances d’images, la similarité entre les descripteurs
est associée aux échantillons.
NI et al. (2009) propose avec GROUPSAC de partitionner en sous-groupes
les échantillons. Dans le cas de correspondances images, un critère géomé-
trique est utilisé. La ressemblance des vecteurs directeurs entre les points
images en correspondance est ainsi utilisée dans un algorithme de regroupement
hiérarchique. La probabilité de tirer un échantillon est alors déterminée
par la taille d’un groupe et non plus uniforme.
Amélioration de la robustesse :
Adaptivité au bruit. Contrairement aux méthodes de type MAX-CONSENSUS
qui utilisent un seuil fixe δ sur les résidus observés, les méthodes citées
ici visent à mesurer la qualité et la validation d’un groupe associé à une
transformation. Il s’agit de déterminer de manière automatique le groupe
de consensus qui s’ajuste le mieux au modèle en cours d’hypothèse et de ne
plus dépendre d’un seuil δ fixé de manière heuristique. Pour chaque modèle,
le bruit des données est estimé, l’ensemble consensus satisfaisant le modèle
paramétrique est déterminé statistiquement. Ce problème n’est pas trivial,
mais apporter une solution permet de devenir adaptatif aux données.
Une façon de ne plus dépendre d’un seuil δ peut être réalisé en changeant la
métrique. ROUSSEEUW (1984) recherche l’ensemble consensus qui minimise
la médiane des résidus observés par la méthode LMedS, Least-Median-ofSquares.
On observe que la méthode permet de rejeter efficacement les données
aberrantes mais en contrepartie elle est très sensible à un bruit de type
gaussien. L’utilisation de la médiane limite l’identification d’un consensus à
des données polluées à moins de 50%.
Hypothèse : distributions normales des inliers et distribution uniforme
des outliers : L’algorithme MLESAC Maximum Likelihood SAC (TORR et ZISSERMAN
2000) introduit une mesure de qualité basée sur la probabilité de70 4–L’estimation robuste de modèles paramétriques
distribution des inliers et outliers. La distribution des inliers est modélisée
comme une distribution gaussienne et les outliers comme une distribution
uniforme.
Hypothèse : distributions uniformes des outliers : MINPRAN MINimize the
Probability of RANdomness (STEWART 1995) recherche un ensemble consensus,
qui associé à un modèle paramétrique, n’est pas expliqué par la chance
(le modèle de fond). La taille de cet ensemble consensus est évaluée par la
minimisation d’une probabilité P(S|H ). Considérant les résidus des outliers
uniformément distribués, une mesure de consistance est définie par l’utilisation
de la probabilité. MINPRAN modélise par des probabilités le fait d’observer
un groupe de k résidus plus petit qu’une erreur r parmi N résidus
selon une loi uniforme. Le groupe de k points présentant la plus faible probabilité
est retenu. Le calcul des probabilités permet d’obtenir une méthode
adaptative mais rajoute une complexité importante pour les calculs.
Hypothèses : points d’intérêt indépendants et uniformément distribués
dans les images : MOISAN et STIVAL (2004) proposent de mesurer la qualité
d’un groupe de correspondances dans le cadre de la théorie de la détection
a contrario. Cette approche présente de nombreuses similitudes avec l’algorithme
MINPRAN mais les hypothèses pour le modèle de fond sont diffé-
rentes. Cette méthode que nous référons par l’acronyme AC-RANSAC (A
Contrario RANdom SAmple Consensus) est expliquée plus en détail dans la
section 4.3.
Hypothèses : distributions uniformes des alpha-consistance de modèles :
StaRSaC (CHOI et MEDIONI 2009) propose de tester de manière exhaustive
différentes valeurs de seuil δ. Le consensus conservé est estimé en fonction
de la variance des paramètres du modèle H en estimation. RAGURAM et
FRAHM (2011) propose avec la méthode RECON REsidual CONsensus de rechercher
K hypothèses qui sont consistantes. La mesure de consistance repose
sur un test dit d’α-consistance permettant d’identifier la variance du
bruit d’un modèle en cours d’évaluation. RECON itère parmi différentes valeurs
de seuil α et garde le plus petit α donnant un ensemble de modèles
partageant des distributions similaires d’erreur résiduelle. L’inconvénient de
ces méthodes est que les seuils sont contraints apriori dans un intervalle fixe
et discrétisé en K sous seuils à évaluer.
Amélioration de la précision :
Optimisation locale. CHUM et al. (2003) propose avec LO-RANSAC pour chaque
hypothèse en cours d’acceptation de l’optimiser localement. C’est à dire de
lancer des estimations d’hypothèses parmi les données sélectionnées en inlier.
L’hypothèse donnant la plus petite erreur moyenne est retenue.
La méthode de MOISAN et STIVAL (2004) réalise à la fois un échantillonnage
guidé et une optimisation locale du modèle.4.2–RANSAC 71
Nous venons de voir qu’il existe toute une famille de méthodes RANSAC, chaque
méthode apporte des optimisations de certaines parties de l’algorithme de base. Chaque
méthode a ses avantages et inconvénients : fiabilité et paramètres plus ou moins visibles.
Nous allons nous intéresser par la suite à la méthode nommée AC-RANSAC, A
Contrario RANSAC, car elle repose sur la définition et l’usage de critères statistiques
d’aide à la décision bien fondés. Les points abordés par AC-RANSAC sont particulièrement
intéressants et permettent :
• la modélisation statistique du nombre de fausses alarmes,
• l’adaptabilité au bruit des données et donc une meilleure précision pour les modèles
identifiés (cf. figure 4.2),
• l’absence de paramètres autres qu’un nombre d’itération maximal,
• un point de rupture plus large que les autres méthodes (pouvant aller jusqu’à 90%
d’outliers si suffisamment d’hypothèses sont testées).
Des expériences, sur A Contrario RANSAC, réalisées par MOISAN et STIVAL (2004) et
NOURY (2011) ont démontré sur images synthétiques et réelles :
• l’amélioration du taux de réussite général et ce jusqu’a 90% d’outliers,
• l’amélioration générale de la précision (comparé à RANSAC et MSAC),
• l’amélioration systématique de la solution identifiée lorsque le taux d’outliers dé-
passe les 50%.
FIGURE 4.2 – Comportement d’AC-RANSAC pour la recherche d’un modèle paramé-
trique de ligne ou un bruit gaussien de plus en plus grand est ajouté. En vert les données
validées a contrario en rouge les données rejetées et en bleu le modèle identifié.
On note, en bas à droite, qu’en présence de bruit pur AC-RANSAC n’identifie aucun
modèle, RANSAC aurait lui retourné une fausse hypothèse.72 4–L’estimation robuste de modèles paramétriques
4.3 A Contrario-RANSAC
La théorie de la détection a contrario a été proposée initialement par DESOLNEUX
et al. (2000) pour la détection de segments puis généralisée à d’autres propos par la
suite : DESOLNEUX et al. (2007). Elle s’inspire des tests d’hypothèses pour détecter des
groupes significatifs d’objets partageant des caractéristiques similaires. Les «méthodes
a contrario» reposent sur la définition d’un modèle de fond et une mesure de signifi-
cativité.
4.3.1 Le principe de la détection a contrario
La méthodologie a contrario (AC)repose sur le postulat qu’une structure n’est perçue
que lorsqu’elle n’a que très peu de chance d’être due au hasard. Ce principe est défini
par le «principe de Helmholtz» (cf. figure 4.3). Lionel MOISAN (2003) définit l’idée à
exploiter comme suit :
Proposition 3. "Il est beaucoup plus simple de définir un modèle que l’on souhaite réfuter
(typiquement un modèle uniforme) qu’un modèle précis des objets que l’on souhaite détecter".
FIGURE 4.3 – Illustration du principe de Helmholtz (groupement perceptuel). A
gauche, aucune structure ne se détache de l’image, où les segments ont été tirés aléatoirement
de manière indépendante. A droite, on ne peut s’empêcher de regrouper certain
segments car les alignements visibles ont peu de chances d’arriver par hasard.
L’application de la méthodologie a contrario demande la définition de quatre critères
:
1. Un modèle de fond : La définition de l’hypothèse à réfuter.
2. Une mesure de similarité : Une mesure de l’adéquation d’un échantillon à une
hypothèse en cours d’évaluation.
3. Une mesure de significativité : Une mesure de l’adéquation d’un groupe d’échantillons
à une hypothèse en cours (la détection d’une structure significative).
4. Un critère d’optimisation : Optimisation permettant de retenir la meilleure hypothèse
rencontrée : celle qui réfute le plus le modèle de fond.
Appliquée à la recherche de modèle, la méthode a contrario répond à la question :
"Est-ce que le modèle considéré s’ajuste aux données par chance ?" Le cadre statistique
repose sur deux notions : la définition d’un modèle de fond, qui décrit le processus
génératif, pour lequel aucune structure significative n’est perçue, et une mesure de similarité
de caractéristiques composant un groupe. Cette similarité permet d’évaluer la
qualité des groupes testés afin de détecter automatiquement quel sous-groupe est cohérent,
rigide.4.3–A Contrario-RANSAC 73
4.3.2 Mise en correspondance a contrario pour l’estimation de la géométrie
épipolaire
Dans le but de s’affranchir des limitations de RANSAC, MOISAN et STIVAL (2004)
utilisent la méthodologie a contrario pour réaliser les tâches de sélection et validation
de groupe dans le but d’estimer la géométrie épipolaire à partir de correspondances. Ils
apportent les éléments suivants :
Rappel. On dispose d’un ensemble de correspondances C : {(m,m
′
)},#C = n entre
deux images I et I
′
. On considère qu’un sous-groupe de 7 points est nécessaire pour
calculer de 1 à 3 matrices fondamentales.
Le modèle de fond à réfuter, l’hypothèse nulle. On souhaite identifier un sous-groupe
de ces correspondances qui peut être expliqué par une unique transformation. Pour
estimer cette transformation dans la méthodologie a contrario, on définit une hypothèse
nulle H0 qui décrit la distribution des correspondances aléatoireC pour lesquelles
aucun groupement ne doit être validé. Un groupe de correspondances est considéré
comme significatif s’il réfute l’hypothèse nulle, en d’autres termes si l’observation d’un
tel groupe sous H0 est peu probable.
Proposition 4. Un ensemble C de n correspondances aléatoires {(m,m
′
)} suit l’hypothèse nulle
H0 lorsque :
• les correspondances (m,m
′
) sont des variables aléatoires mutuellement indépendantes,
• les points m et m
′
sont uniformément distribués dans leur image respective I, I
′
.
La mesure de similarité. La mesure permettant de vérifier la qualité d’un échantillon
de correspondances dans le cas de la géométrie épipolaire utilise une erreur de type
point-droite. Cette erreur résiduelle implique pour un modèle F et un couple de point
(m,m
′
) une distance des points m et m
′ aux lignes épipolaires F
Tm
′ dans I et Fm dans I
′
respectivement.
La mesure de significativité. On souhaite ici mesurer l’adéquation d’un modèle en
cours d’hypothèse aux données de manière statistique. Soit S
′ un sous-groupe de C, tel
que #S
′ = s et FS
′ la matrice fondamentale évaluée à partir du s-uplet. Si l’on considère
queC suit le modèle de fond et que l’on a estimé la matrice FS
′ à partir d’un sous-groupe
S
′ ⊂ C. Pour n’importe quelle correspondance aléatoire (m,m
′
) de C, la probabilité que
la distance entre m
′
et la ligne épipolaire FS
′m soit plus petite que α peut être majorée
(cf. figure 4.4). Cette borne supérieure est le rapport entre l’aire maximale d’une bande
de largeur 2α et l’aire A de l’image I
′
.
En notant M (FS
′m,m
′
) la distance euclidienne entre le point m
′
et la ligne épipolaire
FS
′m on note :
∀α > 0,PH0
[M (FS
′m,m
′
) ≤ α] ≤
2αDI
′
AI
′
(4.3)
où DI
′ et AI
′ désignent respectivement la longueur de la diagonale et l’aire de l’image I
′
.
On définit l’erreur symétrique de transfert pour la géométrie épipolaire :
max
2DI
′
AI
′
M (FS
′m,m
′
),
2DI
AI
M (m,F
T
S
′m
′
)
∈ [0,1]74 4–L’estimation robuste de modèles paramétriques
FIGURE 4.4 – Définition de la mesure de significativité de l’erreur α pour la géométrie
épipolaire.
Considérant un couple de point aléatoire (m,m
′
) ⊂ C | S
′ on peut écrire
PH0
max
2DI
′
AI
′
M (FS
′m,m
′
),
2DI
AI
M (m,F
T
S
′m
′
)
≤ α
≤ α
2 ≤ α (4.4)
Pour tout sous-ensemble S de C tel que S ∩S
′ = 0/ on peut ainsi mesurer l’adéquation
de la matrice fondamentale FS
′ pour les correspondances de S comme l’erreur de
transfert symétrique normalisée maximale sur tous les points de S :
α(S,FS
′) := max
(m,m′)∈S
max
2DI
′
AI
′
M (FS
′m,m
′
),
2DI
AI
M (m,F
T
S
′m
′
)
(4.5)
On appelle cette mesure l’α-rigidité. Plus α est petit, moins il est probable que l’ensemble
de correspondances soit dû au hasard. Les correspondances étant supposées
indépendantes, on obtient une borne α
#S pour la probabilité d’observer une rigidité
α(S,FS
′) :
∀α > 0, PH0
[α(S,FS
′) ≤ α] ≤ α
#S
(4.6)
On peut ainsi mesurer la cohérence d’un sous-groupe S de correspondances réelles selon
une transformation F en considérant que la probabilité de la rigidité aléatoire de
α(S,FS
′) soit plus petite que la rigidité observée α(S,F) sous l’hypothèse nulle H0. La
quantité α(S,F)
#S mesure à quel point on s’étonne d’observer un groupe de taille #S et
de rigidité α(S,F) en supposant que le groupe est généré aléatoirement. Comme on recherche
des groupes qui ne sont pas composés de bruit, seuls les groupes pour lesquels
la probabilité est faible seront validés.
Une optimisation. Afin de connaître de manière automatique quel sous-groupe S est
α-rigide, un critère de validation automatique est utilisé. Ce critère de validation s’appuie
sur l’espérance du nombre de fausses alarmes, le NFA : une probabilité α pondérée
par un nombre de tests. Cette mesure de qualité associe une borne supérieure de l’espé-
rance du nombre de fausses alarmes au nombre de groupes de taille k de S qui suivent
le modèle de fond :
Proposition 5. Soit C = {(mi
,m
′
i
)|i = 1,...,n} un ensemble de n appariements entre les images
I et I
′
. Soit S un sous-ensemble de C, constitué de #S = k correspondances, avec k ≤ n − 7.
L’ensemble S est dit ε-significatif s’il existe un sous-ensemble S
′ de C, tel que #S
′ = 7,S
′ ∩S = 0/
et4.3–A Contrario-RANSAC 75
NFA(S,FS
′, k) = 3(n−7)
n
k
k
7
α
k−7 ≤ ε. (4.7)
Le NFA permet d’estimer quel sous-groupe de taille k réfute l’hypothèse de fond H0.
On mesure ainsi l’α-rigidité d’un sous-groupe de S de taille k pour la matrice FS
′ . Cette
mesure est d’autant plus significative que la quantité NFA(S,FS
′, k) est faible. Le nombre
de tests utilisé est composé de :
1. le nombre de tirage aléatoire : Le terme 3
k
7
correspond au nombre de transformations
F qu’il est possible d’estimer parmi les k correspondances restantes. Le
nombre de 7-uplets multiplié par le nombre de modèles hypothèses maximum
pouvant être calculé.
2. le nombre de groupe de résidus (n − 7). Les appariements restants dont les erreurs
résiduelles sont ordonnées par ordre croissant (les différentes bornes supé-
rieures α à évaluer),
3. le nombre de groupe de taille k ≤ n−7 : le terme
n
k
.
Identifier le groupe optimal pour la matrice FS
′ consiste à trouver le nombre de
valeurs étant le plus α-consistant : le groupe Sk ayant le plus petit NFA. Soit, rechercher
le groupe de taille k minimisant l’équation NFA(S,FS, k) :
NFA(Sk) = min
k=8...n
NFA(S,FS
′, k) ≤ ε , (4.8)
avec ε = 1 comme borne naturelle pour indiquer que l’on autorise au plus une fausse
alarme par détection. Les sous-groupes sont explorés en faisant varier k ∈ [8,n].
Tester tous les sous-ensembles de 7-uplets n’étant pas envisageable, il convient d’utiliser
les mêmes idées que RANSAC pour créer l’algorithme AC-RANSAC (cf. procédure
3). Á chaque itération un 7-uplets S est tiré parmi les n correspondances. De une à trois
matrices fondamentales sont alors estimées. Pour chacune on recherche le sous-groupe
le plus α-consistant : Les erreurs pour les n−7 appariements restant (mi
,m
′
i
) ∈C | S sont
évaluées et ordonnées par ordre croissant puis le groupe de taille k optimal est identi-
fié. On itère jusqu’à ce qu’un nombre maximal d’itérations ait été atteint ou que l’on a
identifié une hypothèse donnant un NFA< 1, phase où l’on va pouvoir optimiser localement
le modèle pour continuer à identifier de nouvelle matrice F ayant sous-groupe
avec un NFA plus petit.
On obtient la procédure 3 :76 4–L’estimation robuste de modèles paramétriques
Procédure 3 AC-RANSAC
Entrée: D = {(m,m
′
)} : un ensemble de correspondances
Entrée: N : un nombre maximal de tirage
Sortie: l’ensemble consensus Sopt, le modèle Fopt validé a contrario et son NFA.
iter = 0, Sopt = 0/, optim = 0
NFAopt = 1
Dcopie = D
(1) Échantillonnage aléatoire :
Tirage d’un 7-uplet S parmi Dcopie
Estimation de(s) matrices F (au plus 3)
pour chaque matrice F faire
(2) Sélection des inliers :
Tri des correspondances (m,m
′
) selon leur erreur résiduelle αi
Sélection du groupe S
′de taille k minimisant le NFA(S,F,αi
, k)
(3) Validation :
si #S
′ > #Sopt et NFA(S’) < NFAopt alors
Sopt = S
′
Fopt = F
(3.1) Optimisation du modèle et réduction du nombre d’itération :
si NFA(S’) < 1 et optim = 0 alors
Dcopie = S
′
N = iter+N/10;
optim = 1
fin si
fin si
fin pour
(4) Critère d’arrêt :
Tant que iter < N, iter = iter +1. Retour à l’étape 1.
(5) Optimisation du modèle final :
Estimation aux moindres carrés de Fopt en utilisant Sopt.4.4–Généralisation de la mise en correspondance a contrario pour l’estimation de
modèles paramétriques 77
4.4 Généralisation de la mise en correspondance a contrario
pour l’estimation de modèles paramétriques
Le modèle de fond proposé pour la géométrie épipolaire par MOISAN et STIVAL
(2004) est très générique (indépendance mutuelle et distribution uniforme des points
homologues), il peut donc être utilisé pour l’estimation de modèles paramétriques
autres que la matrice fondamentale. Dans un premier temps nous nous intéressons au
cas des transformations géométriques du plan. Puis nous proposons d’explorer une
formulation générique du calcul NFA pour appliquer l’estimation robuste a contrario
AC-RANSAC à des modèles inexplorés jusqu’alors.
Étendre la formulation a contrario initiale pour le cas des transformations géomé-
triques du plan (similitudes, transformations affines et homographie) requiert de redé-
finir les points suivants :
1. La mesure de similarité : la mesure de l’erreur résiduelle,
Les transformations géométriques du plan impliquent non plus une distance
à une ligne épipolaire, mais une correspondance point à point. Soit Mp un modèle
paramétrique réalisant une transformation géométrique du plan. L’erreur
résiduelle de transfert dans l’image droite s’exprime par la distance euclidienne
entre le point x
′ de l’image droite et le point Mpx, transfert du point x de l’image
gauche à l’image droite :
M (Mpx, x
′
) = kMpx−x
′
k2. (4.9)
Pour tout correspondance (x, x
′
) la probabilité conditionnellement à H0 que la distance
M (Mpx, x
′
) soit plus petite que α est bornée supérieurement par le rapport
de l’aire du disque de rayon α divisé par l’aire A
′ de l’image I
′
:
∀α > 0, PH0
[M (Mpx, x
′
) ≤ α] ≤ π
α
2
A′
. (4.10)
Autrement dit,
∀α > 0, PH0
[
π
A′M (Mpx, x
′
)
2 ≤ α] ≤ α. (4.11)
2. La mesure de significativité : la mesure de l’α-rigidité,
Une nouvelle définition de la rigidité (en considérant les erreurs de transfert
dans les deux images) est exprimée :
α(S,MpS
′) := max
(x,x
′)∈S
max π
A′M (Mpx, x
′
)
2
,
π
A
M (x,M−1
p
x
′
)
2
(4.12)
La cohérence d’un sous-groupe S
′ de correspondances réelles selon une transformation
Mp, en considérant la probabilité que la rigidité aléatoire de α(S,MpS
′) soit
plus petite que la rigidité observée α(S,Mp) sous l’hypothèse nulle H0, est mesurée
comme précédemment :
∀α > 0, PH0
α(S,MpS′) ≤ α
≤ α
#S
(4.13)
3. La phase d’optimisation : le calcul du NFA.
En considérant maintenant un ensemble S de n appariements entre deux images
I et I
′ on exprime de manière analogue le critère de validation du NFA proposé
par MOISAN et STIVAL (2004) :
NFA(S,MpS′, k) = (n−Ns)
n
k
k
Ns
α
k−Ns ≤ ε, (4.14)
Système de mesure d’imp´edance ´electrique embarqu´e,
application aux batteries Li-ion
Rouba Al Nazer
To cite this version:
Rouba Al Nazer. Syst`eme de mesure d’imp´edance ´electrique embarqu´e, application aux batteries
Li-ion. Signal and Image processing. Universit´e de Grenoble, 2014. French.
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publics ou priv´es.THÈSE
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE GRENOBLE
Spécialité : Signal Image Télécommunications et Parole
Arrêté ministériel : 7 août 2006
Présentée par
Rouba AL NAZER
Thèse dirigée par Nadine MARTIN et
Co-encadrée par Viviane CATTIN
Pierre GRANJON
préparée au sein du Laboratoire CEA/LETI
dans l'École Doctorale Electronique Electrotechnique
Automatique Traitement du Signal
Système de mesure d'impédance
électrique embarqué, application
aux batteries Li-ion
Thèse soutenue publiquement le 24 Janvier 2014,
devant le jury composé de :
M., Gérard, BLOCH
Professeur, Université de Lorraine, Rapporteur
M., Christophe, FORGEZ
Professeur, Université de Technologie de Compiègne, Rapporteur
M., François, HUET
Professeur, Université Pierre et Marie Curie, Membre
Mme, Marie, CHABERT
Professeur, INP-Toulouse, Présidente
M., Maxime, MONTARU
Docteur Ingénieur, CEA/INES, Invité
Mme, Nadine, MARTIN
Directeur de Recherche CNRS, GIPSA-Lab, Directrice de thèse
Mme, Viviane, CATTIN
Docteur Ingénieur, CEA/LETI, Co-encadrante
M., Pierre, GRANJON
Maître de conférences, Grenoble-INP, GIPSA-Lab, Co-encadrant Remerciements
Ce travail a été effectué dans le laboratoire L2EP du leti du CEA grâce à Viviane Cattin que je tiens à
remercier pour m'avoir permis de réaliser cette thèse et de m'avoir orientée vers la thématique de l'étude de
l’impédance des batteries utilisées dans les véhicules hybrides. Je lui suis également reconnaissante pour tous
les précieux conseils qu'elle m'a donnés, pour la confiance qu'elle m'a accordée et sans qui ce travail n'aurait
jamais vu le jour.
J'adresse mes remerciements les plus chaleureux à Pierre Granjon, maître de conférences à ENSE3, pour sa
disponibilité, ses qualités pédagogiques et scientifiques. J'ai beaucoup appris à ses côtés et je lui adresse
toute ma gratitude. J'ai notamment apprécié d'avoir eu, tout au long de cette thèse, ses conseils de grande
rigueur scientifique et littéraire.
J'associe à ces remerciements Maxime Montaru, chercheur à l'INES de Chambéry, pour m’avoir transmis la
majeure partie des expériences effectuées dans le cadre d’autres projets et pour m’avoir conseillée et guidée
avec bienveillance grâce à ses précieuses connaissances dans le domaine des batteries.
Un énorme merci à vous trois pour m’avoir corrigée et aidée avec patience, tout au long de la rédaction de ce
manuscrit.
Je voudrais également remercier tous les membres du jury pour l'intérêt qu'ils ont porté à mon travail.
De manière plus personnelle, je remercie chaleureusement tous mes camarades du laboratoire qui m'ont
permis d'effectuer cette thèse dans une ambiance amicale, et plus particulièrement ceux qui se reconnaîtront,
pour leur soutien et leur bonne humeur.
Immanquablement, je souhaite remercier ma famille pour leur soutien constant. Cette thèse, aboutissement
de longues années d’études, je la dois beaucoup à mes parents, à mes sœurs et mes frères exceptionnels avec
qui j’ai vécu dans un climat toujours serein, à l’abri de tous soucis affectifs. Il m’est impossible de trouver
des mots pour dire à quel point je suis fière d’eux, et à quel point je les aime.Résumé
La ŵesuƌe d͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue eŶ eŵďaƌƋuĠ suƌ ǀĠhiĐule est uŶ sujet ĐlĠ pouƌ aŵĠlioƌeƌ les
foŶĐtioŶs de diagŶostiĐ d͛uŶ paĐk ďatteƌie. OŶ ĐheƌĐhe eŶ paƌtiĐulieƌ à fouƌŶiƌ aiŶsi des ŵesuƌes
supplémentaiƌes à Đelles du ĐouƌaŶt paĐk et des teŶsioŶs Đellules, afiŶ d͛eŶƌiĐhiƌ les iŶdiĐateuƌs de
ǀieillisseŵeŶt daŶs uŶ pƌeŵieƌ teŵps, et d͛Ġtat de saŶtĠ et de Đhaƌge daŶs uŶ seĐoŶd teŵps. UŶe
ŵĠthode ĐlassiƋue de laďoƌatoiƌe pouƌ oďteŶiƌ des ŵesuƌes d͛iŵpĠdaŶĐe d͛uŶe ďatteƌie est la
speĐtƌosĐopie d͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌoĐhiŵiƋue ;ou EI“Ϳ. Elle ĐoŶsiste à eŶǀoLJeƌ uŶ sigŶal siŶusoïdal eŶ
ĐouƌaŶt ;ou teŶsioŶͿ de fƌĠƋueŶĐe ǀaƌiaďle ďalaLJaŶt uŶe gaŵŵe de fƌĠƋueŶĐes d͛iŶtĠƌġt et ŵesuƌeƌ
ensuite la réponse en tension (ou ĐouƌaŶtͿ pouƌ ĐhaƋue fƌĠƋueŶĐe. UŶe teĐhŶiƋue d͛ideŶtifiĐatioŶ
aĐtiǀe ďasĠe suƌ l͛utilisatioŶ des sigŶaudž laƌge ďaŶde à ŵotifs ĐaƌƌĠs est pƌoposĠe. EŶ paƌtiĐulieƌ, des
siŵulatioŶs oŶt peƌŵis de Đoŵpaƌeƌ les peƌfoƌŵaŶĐes d͛ideŶtifiĐatioŶ de diffĠƌeŶts sigŶaux
d͛edžĐitatioŶ fƌĠƋueŵŵeŶt utilisĠs daŶs le doŵaiŶe de l͛ideŶtifiĐatioŶ et de ǀĠƌifieƌ les ĐoŶditioŶs
ĐoƌƌespoŶdaŶt à uŶ ĐoŵpoƌteŵeŶt liŶĠaiƌe et iŶǀaƌiaŶt daŶs le teŵps de l͛ĠlĠŵeŶt ĠleĐtƌoĐhiŵiƋue.
L͛ĠǀaluatioŶ de la ƋualitĠ d͛estiŵatioŶ est effeĐtuĠe en utilisant une grandeur spécifique : la
cohérence. Cette grandeur statistique permet de déterminer un intervalle de confiance sur le module
et la phase de l͛iŵpĠdaŶĐe estiŵĠe. Elle peƌŵet de sĠleĐtioŶŶeƌ la gaŵŵe de fƌĠƋueŶĐe où la
batterie respecte les hLJpothğses iŵposĠes paƌ la ŵĠthode d͛ideŶtifiĐatioŶ laƌge ďaŶde. AfiŶ de
valider les résultats, une électronique de test a été conçue. Les résultats expérimentaux permettent
de ŵettƌe eŶ ǀaleuƌ l͛iŶtĠƌġt de Đette appƌoĐhe paƌ ŵotifs ĐaƌƌĠs. UŶ ĐiƌĐuit de ƌĠférence est utilisé
afin d'évaluer les performances en métrologie des méthodes. L'étude expérimentale est ensuite
poursuivie sur une batterie Li-ion soumise à un courant de polarisation et à différents états de
Đhaƌge. Des essais Đoŵpaƌatifs aǀeĐ l͛EI“ soŶt ƌĠalisĠs. Le Đahieƌ de Đhaƌge Ġtaďli à l'aide d͛uŶ
simulateur de batterie Li-ioŶ a peƌŵis d͛Ġǀalueƌ les peƌfoƌŵaŶĐes de la teĐhŶiƋue laƌge ďaŶde
pƌoposĠe et de stƌuĐtuƌeƌ soŶ utilitĠ pouƌ l͛estiŵatioŶ des Ġtats de ǀieillisseŵeŶt et de Đhaƌge.Abstract
Embedded electrical impedance measurement is a key issue to enhance battery monitoring and
diagŶostiĐ iŶ a ǀehiĐle. It pƌoǀides additioŶal ŵeasuƌes to those of the paĐk͛s ĐuƌƌeŶt aŶd Đell͛s
ǀoltage to eŶƌiĐh the agiŶg͛s iŶdiĐatoƌs iŶ a fiƌst tiŵe, aŶd the battery states in a second time. A
classical method for battery impedance measurements is the electrochemical impedance
spectroscopy (EIS). At each frequency, a sinusoidal signal current (or voltage) of a variable frequency
sweeping a range of frequencies of interest is at the input of the battery and the output is the
measured voltage response (or current). An active identification technique based on the use of
wideband signals composed of square patterns is proposed. Particularly, simulations were used to
compare the performance of different excitation signals commonly used for system identification in
several domains and to verify the linear and time invariant behavior for the electrochemical element.
The evaluation of the estimation performance is performed using a specific quantity: the spectral
coherence. This statistical value is used to give a confidence interval for the module and the phase of
the estimated impedance. It allows the selection of the frequency range where the battery respects
the assumptions imposed by the non-parametric identification method. To experimentally validate
the previous results, an electronic test bench was designed. Experimental results are used to
evaluate the wideband frequency impedance identification. A reference circuit is first used to
evaluate the performance of the used methodology. Experimentations are then done on a Li–ion
battery. Comparative tests with EIS are realized. The specifications are established using a simulator
of Li-ion battery. They are used to evaluate the performance of the proposed wide band
identification method and fix its usefulness for the battery states estimation: the state of charge and
the state of health.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION ................................................................................................................................................ 1
CHAPITRE 1 : CONTEXTE GENERAL .............................................................................................................. 5
1.1 PROBLEMES ECOLOGIQUES ET ECONOMIQUES LIES AU TRANSPORT........................................................................ 5
1.1.1 Le transport en tant que principal émetteur de GES ......................................................................... 5
1.1.2 Le pétrole : conflits économiques et politiques ................................................................................. 8
1.2 VERS L͛ELECTRIFICATION DU VEHICULE ............................................................................................................ 8
1.3 GENERALITES SUR LES ACCUMULATEURS........................................................................................................ 10
1.3.1 Les technologies des accumulateurs ............................................................................................... 10
1.3.2 Grandeurs caractéristiques d’uŶ aĐĐuŵulateuƌ .............................................................................. 12
1.3.2.1 La capacité de stockage C ሺAhሻ .............................................................................................................. 12
1.3.2.2 La capacité nominale Cn ሺAhሻ................................................................................................................ 12
1.3.2.3 La capacité stockée Cs ሺAhሻ ................................................................................................................... 12
1.3.2.4 Le rendement faradique (%) ................................................................................................................... 12
1.3.2.5 L͛autodécharge (%) ................................................................................................................................. 12
1.3.2.6 La tension à vide (OCV pour Open Circuit Voltage) ................................................................................ 13
1.3.2.7 La durée de vie en cyclage et calendaire ................................................................................................ 13
1.3.3 Les accumulateurs Li-ion ................................................................................................................. 13
1.3.3.1 Fonctionnement ..................................................................................................................................... 13
1.3.3.2 Phénomènes physico-chimiques ............................................................................................................ 14
a) L͛effet de ĐouĐhe douďle............................................................................................................................. 14
b) Transfert de charge ..................................................................................................................................... 15
c) La diffusion .................................................................................................................................................. 15
d) Film de passivation ...................................................................................................................................... 15
e) Pertes ohmiques.......................................................................................................................................... 16
1.3.4 Des accumulateurs aux batteries .................................................................................................... 16
1.4 SYSTEME DE SUPERVISION DE BATTERIE ......................................................................................................... 16
1.4.1 IŶdiĐes d’Ġtats ................................................................................................................................. 17
1.4.1.1 Etat de santé (SOHሻ................................................................................................................................ 17
1.4.1.2 Etat de charge (SOC)............................................................................................................................... 17
1.4.2 Terminologie.................................................................................................................................... 18
1.5 L͛ACCUMULATEUR : OBJET DE MODELISATION ................................................................................................ 19
1.5.1 Boite Blanche ................................................................................................................................... 19
1.5.2 Boite noire ....................................................................................................................................... 20
1.5.3 Boite grise ........................................................................................................................................ 20
1.5.3.1 Le modèle de Randles généralisé ........................................................................................................... 21
1.5.3.2 Application aux cellules LiFePO4 ............................................................................................................. 231.6 CIRCUIT ELECTRIQUE EQUIVALENT ET NOTION D͛IMPEDANCE ELECTRIQUE ............................................................. 24
CHAPITRE 2 : IDENTIFICATION DE L’IMPEDANCE ELECTRIQUE D’UN ACCUMULATEUR.............................. 25
2.1 HYPOTHESES DE TRAVAIL............................................................................................................................ 26
2.2 ETAT DE L͛ART.......................................................................................................................................... 26
2.2.1 Identification de la résistance interne ............................................................................................. 27
2.2.1.1 Mesure par milliohmmètre.................................................................................................................... 27
2.2.1.2 Temps de repos (period-of-rest) ............................................................................................................ 27
2.2.1.3 Impulsion de courant .............................................................................................................................. 27
2.2.1.4 Interprétation ......................................................................................................................................... 27
2.2.1.5 Exploitation ............................................................................................................................................ 28
2.2.2 SpeĐtƌosĐopie d’iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue ;SIEͿ.................................................................................... 29
2.2.3 Vers une rupture inévitable des méthodes classiques ..................................................................... 29
2.3 IDENTIFICATION NON PARAMETRIQUE D͛UN ACCUMULATEUR............................................................................. 30
2.3.1 Système linéaire et invariant dans le temps (LIT) ............................................................................ 30
2.3.2 Identification non paramétrique ..................................................................................................... 31
2.3.2.1 Principe ................................................................................................................................................... 31
2.3.2.2 Cohérence spectrale ............................................................................................................................... 32
2.3.2.3 Algoƌithŵe d͛ideŶtifiĐatioŶ ŶoŶ paƌaŵĠtƌiƋue ...................................................................................... 33
2.3.2.4 Intervalles de confiance .......................................................................................................................... 34
2.3.3 Eƌƌeuƌs d’estiŵatioŶs ...................................................................................................................... 35
2.3.3.1 Erreur quadratique moyenne et variance d͛eƌƌeuƌ d͛estiŵatioŶ ........................................................... 35
2.3.3.2 Erreur quadratique moyenne efficace et écart type normalisés ............................................................ 35
2.3.4 IŶtĠƌġt ŵajeuƌ de l’ideŶtifiĐatioŶ laƌge ďaŶde pouƌ l’appliĐatioŶ eŶ eŵďaƌƋuĠ ............................. 36
2.3.5 Effet des paƌaŵğtƌes de la ŵĠthode d’estiŵatioŶ .......................................................................... 36
2.3.5.1 “igŶal d͛edžĐitation .................................................................................................................................. 37
a) Bruit blanc aléatoire .................................................................................................................................... 37
b) Séquence binaire pseudo aléatoire ............................................................................................................. 38
c) Chirp ............................................................................................................................................................ 38
d) Carré modulé en fréquence ........................................................................................................................ 39
e) Carré ............................................................................................................................................................ 40
2.3.5.2 Noŵďƌe d͛ĠĐhaŶtilloŶs, duƌĠe d͛aĐƋuisitioŶ, ŵoLJeŶŶage...................................................................... 40
2.3.5.3 Drift compensation ................................................................................................................................. 41
2.4 APPLICATION AUX ACCUMULATEURS : ETUDE EN SIMULATION............................................................................ 42
2.4.1 Système, entrée, sortie .................................................................................................................... 42
2.4.2 Visualisation des résultats ............................................................................................................... 43
2.4.3 Validation des résultats ................................................................................................................... 43
2.4.4 Simulations ...................................................................................................................................... 43
2.4.4.1 Paramètres de simulation ...................................................................................................................... 43
2.4.4.2 Cohérence spectrale ............................................................................................................................... 44
2.4.4.3 Intervalles de confiance .......................................................................................................................... 452.4.4.4 Effet du bruit de mesure ........................................................................................................................ 48
2.5 CONCLUSION ........................................................................................................................................... 49
CHAPITRE 3 : VALIDATION EXPERIMENTALE DES RESULTATS.................................................................... 51
3.1 BANC EXPERIMENTAL................................................................................................................................. 51
3.1.1 Electronique de génération des signaux à motifs carrés ................................................................. 51
3.1.2 TechŶiƋue d’ideŶtifiĐatioŶ paƌ aŶalLJse paƌ haƌŵoŶiƋue ;AHͿ......................................................... 52
3.1.3 Mesure à quatre points ................................................................................................................... 53
3.1.4 Circuit électrique de référence ......................................................................................................... 53
3.1.4.1 Description du circuit électrique de référence ....................................................................................... 53
3.1.4.2 Contraintes pour une mesure directe .................................................................................................... 53
3.2 PROTOCOLE EXPERIMENTAL ........................................................................................................................ 54
3.2.1 TeĐhŶologie de l’aĐĐuŵulateuƌ ....................................................................................................... 54
3.2.2 Réglage du point de fonctionnement .............................................................................................. 55
3.2.3 Aŵplitude du sigŶal d’edžĐitatioŶ..................................................................................................... 55
3.2.4 Paramétrage des expérimentations ................................................................................................ 57
3.2.4.1 CoŶĐeptioŶ des sigŶaudž d͛edžĐitatioŶ ...................................................................................................... 57
3.2.4.2 Séparation des mesures ......................................................................................................................... 58
3.3 RESULTATS EXPERIMENTAUX ....................................................................................................................... 59
3.3.1 Résultats des essais sur le circuit électrique de référence ............................................................... 59
3.3.1.1 ‘Ġsultats aǀeĐ la teĐhŶiƋue d͛analyse par harmonique ......................................................................... 59
3.3.1.2 ‘Ġsultats de la teĐhŶiƋue d͛ideŶtifiĐatioŶ laƌge ďaŶde .......................................................................... 60
3.3.1.3 ‘Ġsultats aǀeĐ l͛AH à ďase de signaux carrés périodiques ...................................................................... 62
3.3.1.4 Interprétation des résultats .................................................................................................................... 63
3.3.2 Test sur un accumulateur réel ......................................................................................................... 65
3.3.2.1 Etude dans la gamme de fréquence [Ͷ Hz-ͻ Hz]................................................................................. 65
a) Résultats avec la SBPA ................................................................................................................................. 65
b) Résultats avec un signal carré modulé en fréquence .................................................................................. 66
c) Résultats avec un signal carré périodique ................................................................................................... 67
d) Interprétation des résultats ........................................................................................................................ 68
3.3.2.2 Etude en basses fréquences [Ͳ,Ͳ͵͵ Hz-͵,͵͵ Hz]................................................................................... 69
3.4 CONCLUSION ........................................................................................................................................... 71
CHAPITRE 4 : L’IMPEDANCE ELECTRIQUE POUR LA SUPERVISION DES ACCUMULATEURS......................... 72
4.1 IMPEDANCE ELECTRIQUE ET CEE................................................................................................................. 72
4.1.1 Technologie DFRA/DFIS ................................................................................................................... 72
4.1.2 IdeŶtifiĐatioŶ paƌtielle d’uŶ CEE en utilisant une SBPA................................................................... 73
4.1.3 Principe de normalisation pour l’ideŶtifiĐatioŶ sous uŶ ĐouƌaŶt de polaƌisatioŶ foƌt [18]............. 74
4.1.4 Algoƌithŵe d’optiŵisatioŶ : aŵĠlioƌatioŶ des peƌfoƌŵaŶĐes ......................................................... 74
4.1.4.1 PƌiŶĐipe de l͛estiŵatioŶ paƌ optiŵisatioŶ ŶuŵĠƌiƋue............................................................................ 754.1.4.2 Application aux accumulateurs .............................................................................................................. 75
a) Approche classique ..................................................................................................................................... 77
b) Les approches alternatives .......................................................................................................................... 78
4.1.5 La nouvelle approche : estimation en deux étapes ......................................................................... 82
4.1.6 Résultats expérimentaux ................................................................................................................. 83
4.2 EXPLOITATION DE L͛IMPEDANCE ELECTRIQUE POUR LE SUIVI DES INDICES D͛ETAT.................................................... 84
4.2.1 Cahier des charges pour le SOH ...................................................................................................... 84
4.2.2 Cahier des charges pour le SOC....................................................................................................... 87
4.2.3 Etude de validitĠ de la teĐhŶiƋue d’identification large bande pour le suivi du SOH...................... 88
4.2.3.1 “igŶal d͛edžĐitatioŶ et ĐalĐul de la dispeƌsioŶ suƌ les ŵesuƌes ................................................................ 88
4.2.3.2 Interprétation des résultats .................................................................................................................... 89
4.2.4 ValiditĠ de la teĐhŶiƋue d’ideŶtifiĐatioŶ laƌge ďaŶde pouƌ le suivi du SOC..................................... 89
4.2.4.1 Essai de suivi du SOC .............................................................................................................................. 89
4.2.4.2 Interprétation des résultats .................................................................................................................... 90
4.3 CONCLUSION ........................................................................................................................................... 91
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES .................................................................................................................... 94
ANNEXE A. DERIVATION NON ENTIERE ET CPE ....................................................................................... 97
ANNEXE B. DATASHEET BATTERIE A123-SYSTEMS ................................................................................ 100
ANNEXE C. SIMULATEUR D’UN ACCUMULATEUR LIFEPOͶ .................................................................. 102
ANNEXE D. CARTE ELECTRONIQUE DE GENERATION DES SIGNAUX A MOTIFS CARRES ......................... 104
ANNEXE E. EXEMPLE D’UN DIAGRAMME DE NYQUIST TOTAL EXPERIMENTAL D’UN ACCUMULATEUR
LIFEPOͶ 106
REFERENCES ................................................................................................................................................. 107
TABLE DES FIGURES
FIGURE 1-1: EVOLUTION COMPAREE DE LA CONCENTRATION EN COʹ DANS L͛ATMOSPHERE ET DE LA TEMPERATURE MOYENNE DU
GLOBE TERRESTRE. ............................................................................................................................................... 6
FIGURE 1-2 : EMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE PAR SECTEUR EN FRANCE EN 2000 ET 2011 [4]. ........................................... 7
FIGURE 1-3 : EVOLUTION DE LA PRODUCTION EN AUTOMOBILE ET DE LA CONCENTRATION EN CO2 DANS L͛ATMOSPHERE................. 7
FIGURE 1-4 : EVOLUTION DU PRIX DE PETROLE DE 1987 A 2012 [6]. .................................................................................... 8
FIGURE 1-5 : DIAGRAMME DE RAGONE POUR DIFFERENTES TECHNOLOGIES D͛ACCUMULATEURS [9]. ......................................... 10
FIGURE 1-6 : PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT D͛UN ACCUMULATEUR LI-ION [14]. ................................................................. 13
FIGURE 1-7 : SCHEMA DE COMPOSITION DE LA COUCHE DOUBLE [16]. ................................................................................. 15
FIGURE 1-8 : LIEN ENTRE ACCUMULATEURS ET BATTERIES – EXEMPLE D͛UNE BATTERIE COMPOSEE DE 10 MODULES EN SERIE, CHAQUE
MODULE CONTENANT 5 ACCUMULATEURS DE 2,3 AH CHACUN EN PARALLELE (5P) MIS EN SERIE 12 FOIS (12S). .................. 16
FIGURE 1-9 : CIRCUIT DE RANDLES. ............................................................................................................................... 21
FIGURE 1-10 : DIAGRAMME DE NYQUIST DE ZR//CPE POUR DIFFERENTES VALEURS DE P [47]. .............................................. 22
FIGURE 1-11 : TROIS TYPES D͛IMPEDANCE DE WARBURG [18]. .......................................................................................... 23
FIGURE 1-12 : MODELE DE BATTERIES LIFEPO4 [18]. ..................................................................................................... 23
FIGURE 2-1 : ESTIMATION DE LA RESISTANCE VIA LE RAPPORT DE ∆V∆I EN UTILISANT LE SIMULATEUR ET COMPARAISON AVEC LES
VALEURS DES PARAMETRES DU CEE IMPLANTE. ....................................................................................................... 28
FIGURE 2-2 : SYSTEME SISO. ....................................................................................................................................... 30
FIGURE 2-3 : IDENTIFICATION D͛UN SYSTEME. ................................................................................................................. 32
FIGURE 2-4 : EXEMPLE D͛UNE SBPA (TRACE TEMPOREL A GAUCHE, DENSITE SPECTRALE DE PUISSANCE EN DB A DROITE).............. 38
FIGURE 2-5 : EXEMPLE D͛UN CHIRP (TRACE TEMPOREL A GAUCHE, DENSITE SPECTRALE DE PUISSANCE EN DB A DROITE). ............... 39
FIGURE 2-6 : EXEMPLE D͛UN CARRE MODULE EN FREQUENCE (TRACE TEMPOREL A GAUCHE, DENSITE SPECTRALE DE PUISSANCE EN DB A
DROITE)........................................................................................................................................................... 40
FIGURE 2-7 : EXEMPLE D͛UN CARRE (TRACE TEMPOREL A GAUCHE, DENSITE SPECTRALE DE PUISSANCE EN DB A DROITE). ............... 40
FIGURE 2-8 : REPONSE EN TENSION A UN COURANT CONTINU IDC A ESTIMER PAR UN POLYNOME GRACE A LA REPONSE EN TENSION A
UN COURANT IDC+ SBPA. ............................................................................................................................... 42
FIGURE 2-9 : ERREUR MOYENNE ENTRE PT ET UDCሺTሻ EN FONCTION DU DEGRE DU POLYNOME PT. ........................................ 42
FIGURE 2-10 : DENSITE SPECTRALE DE PUISSANCE (EN DB) DES CINQ SIGNAUX D͛EXCITATION.................................................... 44
FIGURE 2-11 : COHERENCE SPECTRALE, CINQ SIGNAUX D͛EXCITATION DIFFERENTS, RSB=0DB, GAMME DE FREQUENCE [13 HZ-320
HZ]................................................................................................................................................................. 45
FIGURE 2-12 : INTERVALLES DE CONFIANCE EN HAUTE FREQUENCE POUR LES SIGNAUX ............................................................ 47
FIGURE 2-13 : NRMSE EN % POUR DIFFERENTS SIGNAUX D͛EXCITATION EN FONCTION DU RSB. .............................................. 48
FIGURE 3-1 : SCHEMA SIMPLIFIE DE LA CARTE ELECTRONIQUE UTILISEE POUR GENERER DES SIGNAUX A MOTIFS CARRES. ................. 51
FIGURE 3-2 : APPAREIL VMP-300 DE CHEZ BIOLOGIC. ..................................................................................................... 52
FIGURE 3-3 : SCHEMA DU CIRCUIT DE REFERENCE PASSIF ET DE SON DIAGRAMME DE NYQUIST. ................................................. 53
FIGURE 3-4 : SCHEMA DU CIRCUIT DE REFERENCE PASSIF ADAPTE AU PROTOCOLE DE MESURE. .................................................. 54
FIGURE 3-5 : AMPLITUDE D͛EXCITATION (AͲ) DE LA SBPA SELON LES DONNEES DU SIMULATEUR POUR DIFFERENTES VALEURS DU
COURANT DE POLARISATION. ................................................................................................................................ 56FIGURE 3-6 : VARIATION DE L͛AMPLITUDE DU SIGNAL D͛EXCITATION ENTRE LE DEBUT (BLEU) ET LA FIN (VERT) DES TESTS EFFECTUES
POUR DIFFERENTES VALEURS DU SOC INITIAL, POUR UN COURANT DE POLARISATION DE ͳͳͲ MA POUR UNE DUREE DE
ͷ MINUTES. ..................................................................................................................................................... 57
FIGURE 3-7 : PHOTO DU MONTAGE DE MESURE EN ALTERNANCE (CONNEXION SIMULTANEE DU VMP-300 ET DU SYSTEME
D͛IDENTIFICATION LARGE BANDE).......................................................................................................................... 58
FIGURE 3-8 : PHOTO DU MONTAGE DE MESURE ISOLEE AVEC LE VMP-300. ......................................................................... 59
FIGURE 3-9 : DIAGRAMME DE NYQUIST DE L͛IMPEDANCE OBTENUE PAR ANALYSE HARMONIQUE DANS LA GAMME DE FREQUENCE
[Ͷ HZ-ͻ HZ]. ................................................................................................................................................ 60
FIGURE 3-10 : TRACES TEMPORELS DU SIGNAL D͛EXCITATION DE 19 BLOCS DE SBPA POUR LA GAMME DE FREQUENCE
[Ͷ HZ-ͻ HZ] : (A) SIGNAL COMPLET (COURANT A GAUCHE, TENSION A DROITE, CAS ACCUMULATEUR EN PREMIERE LIGNE ET
ACCUMULATEUR + CIRCUIT ELECTRIQUE DE REFERENCE EN DEUXIEME LIGNE), (B) TRACE IDEM QUE (A) ZOOME SUR UN BLOC DE
COURANT ET DE LA REPONSE EN TENSION CORRESPONDANTE POUR LES DEUX CAS, (C) COHERENCES SPECTRALES ESTIMEES A
L͛AIDE DES DONNEES PRECEDENTES POUR LES DEUX CAS. ........................................................................................... 61
FIGURE 3-11 : DIAGRAMME DE NYQUIST DE L͛IMPEDANCE OBTENUE POUR LA SBPA DANS LA GAMME DE FREQUENCE [Ͷ HZ-ͻ HZ].
...................................................................................................................................................................... 61
FIGURE 3-12 : TRACES TEMPORELS DES SIGNAUX UTILISES POUR L͛AH A BASE DE SIGNAUX CARRES PERIODIQUES : (A) TRACES
COMPLETS DU COURANT A GAUCHE ET DE LA REPONSE EN TENSION A DROITE POUR LES CAS ACCUMULATEUR EN PREMIERE LIGNE
ET ACCUMULATEUR + CIRCUIT ELECTRIQUE DE REFERENCE EN DEUXIEME LIGNE, (B) EXEMPLE DE DECOUPAGE D͛UN SIGNAL. .... 62
FIGURE 3-13 : DIAGRAMME DE NYQUIST DES IMPEDANCES ELECTRIQUES OBTENUES PAR L͛AH A BASE DE SIGNAUX CARRES
PERIODIQUES DANS LA GAMME DE FREQUENCE [Ͷ HZ-ͻ HZ]. ................................................................................. 63
FIGURE 3-14 : DIAGRAMME DE NYQUIST DES IMPEDANCES ELECTRIQUES ESTIMEES A L͛AIDE DES DIFFERENTS SIGNAUX PAR
COMPARAISON AVEC L͛IMPEDANCE THEORIQUE DANS LA GAMME DE FREQUENCE [Ͷ HZ-ͻ HZ]. .................................... 63
FIGURE 3-15 : (A) CONTACT CARTE-CARTE DANS LE CAS D͛IDENTIFICATION LARGE BANDE. (B) DIAGRAMME DE NYQUIST MONTRANT
UNE IMPEDANCE NON REPRODUCTIBLE ET INCONTROLABLE QUI EN RESULTE. ................................................................. 64
FIGURE 3-16 : COHERENCE SPECTRALE: RESULTATS DE TROIS MESURES EXPERIMENTALES OBTENUES AVEC LA SBPA COMME SIGNAL
D͛EXCITATION DANS LA GAMME DE FREQUENCE [Ͷ HZ-ͻ HZ]. ................................................................................ 66
FIGURE 3-17 : DIAGRAMME DE NYQUIST : RESULTATS DE TROIS MESURES EXPERIMENTALES OBTENUES AVEC LA SBPA COMME SIGNAL
D͛EXCITATION DANS LA GAMME DE FREQUENCE [Ͷ HZ-ͻ HZ]. ................................................................................ 66
FIGURE 3-18 : COHERENCE SPECTRALE : RESULTATS DE TROIS MESURES EXPERIMENTALES OBTENUES AVEC LE CARRE MODULE EN
FREQUENCE COMME SIGNAL D͛EXCITATION DANS LA GAMME DE FREQUENCE [Ͷ HZ-ͻ HZ]. .......................................... 67
FIGURE 3-19 : DIAGRAMME DENYQUIST : RESULTATS DE TROIS MESURES EXPERIMENTALES OBTENUES AVEC LE CARRE MODULE EN
FREQUENCE COMME SIGNAL D͛EXCITATION DANS LA GAMME DE FREQUENCE [Ͷ HZ-ͻ HZ]. .......................................... 67
FIGURE 3-20 : COHERENCE SPECTRALE: RESULTATS DE TROIS MESURES EXPERIMENTALES OBTENUES AVEC UN CARRE DE FREQUENCE
FONDAMENTALE ͺHZ COMME SIGNAL D͛EXCITATION. .............................................................................................. 68
FIGURE 3-21 : DIAGRAMME DE NYQUIST : RESULTATS DE TROIS MESURES EXPERIMENTALES OBTENUES AVEC UN SIGNAL CARRE DE
FREQUENCE FONDAMENTALE ͺHZ COMME SIGNAL D͛EXCITATION. .............................................................................. 68FIGURE 3-22 : RESULTATS DES ESTIMATIONS EXPERIMENTALES OBTENUES AVEC LES DIFFERENTS SIGNAUX A MOTIFS CARRES COMME
SIGNAL D͛EXCITATION DANS LA GAMME DE FREQUENCE [Ͷ HZ-ͻ HZ]. ...................................................................... 69
FIGURE 3-23 : COHERENCE : RESULTATS DE TROIS MESURES EXPERIMENTALES AVEC LA SBPA COMME SIGNAL D͛EXCITATIONS DANS LA
GAMME DE FREQUENCE [Ͳ,Ͳ͵͵ HZ-͵,͵͵ HZ]. .................................................................................................... 70
FIGURE 3-24 : DIAGRAMME DE NYQUIST POUR LES MESURES SUR UN ACCUMULATEUR DANS LA GAMME DE
FREQUENCE [Ͳ,Ͳ͵͵ HZ-͵,͵͵ HZ]. .................................................................................................................... 70
FIGURE 4-1 : SCHEMA DU CIRCUIT ELECTRIQUE EQUIVALENT UTILISE DANS [80]. .................................................................... 73
FIGURE 4-2 : ALGORITHME D͛OPTIMISATION. .................................................................................................................. 76
FIGURE 4-3 : HISTOGRAMMES NORMALISES OBTENUS AVEC L͛APPROCHE CLASSIQUE : LIGNES VERTES REPRESENTENT LES VALEURS
THEORIQUES, LES JAUNES SONT LES VALEURS MOYENNES ESTIMEES SUR LES DIFFERENTES REALISATIONS EFFECTUEES. ............ 78
FIGURE 4-4 : TRACE DU MODULE DES IMPEDANCES PARTIELLES ET DE L͛IMPEDANCE TOTALE DE L͛ACCUMULATEUR. ....................... 79
FIGURE 4-5 : HISTOGRAMMES NORMALISES, APPROCHE PAR SEGMENTATION DE LA BANDE DE FREQUENCE CLASSIQUE : LIGNES VERTES
REPRESENTENT LES VALEURS THEORIQUES, LES JAUNES SONT LES VALEURS MOYENNES ESTIMEES SUR LES DIFFERENTES
REALISATIONS EFFECTUEES. .................................................................................................................................. 80
FIGURE 4-6 : HISTOGRAMMES NORMALISES, APPROCHE PAR EXTENSION DE BANDES DE FREQUENCE CLASSIQUE : LIGNES VERTES
REPRESENTENT LES VALEURS THEORIQUES, LES JAUNES SONT LES VALEURS MOYENNES ESTIMEES SUR LES DIFFERENTES
REALISATIONS EFFECTUEES. .................................................................................................................................. 81
FIGURE 4-7 : HISTOGRAMMES NORMALISES, APPROCHE D͛OPTIMISATION EN DEUX ETAPES CLASSIQUE : LIGNES VERTES REPRESENTENT
LES VALEURS THEORIQUES, LES JAUNES SONT LES VALEURS MOYENNES ESTIMEES SUR LES DIFFERENTES REALISATIONS EFFECTUEES.
...................................................................................................................................................................... 82
FIGURE 4-8 : EXEMPLE DE RESULTATS EXPERIMENTAUX A DIFFERENTS SOCS ET INTENSITES DE COURANT. ................................... 84
FIGURE 4-9 : MODELE D͛EVOLUTION DE R EN FONCTION DU SOH. ..................................................................................... 86
FIGURE 4-10 : ABAQUE DE PRECISION POUR SOH. .......................................................................................................... 86
FIGURE 4-11 : TRACE DE LA VARIATION ∆ZSOCሺFሻ SUR L͛IMPEDANCE ELECTRIQUE A SOCͲ = ͻͷ% ET IͲ = -Ͳ,ʹA ET CE POUR
ͷ% DE VARIATION SUR LE SOC. .......................................................................................................................... 88
FIGURE 4-12 : TRACE DE L͛ECART TYPE DE LA PARTIE REELLE DE L͛IMPEDANCE DE L͛ACCUMULATEUR CALCULE SUR LES M = ͵Ͳ ESSAIS
AVEC LA SBPA COMME SIGNAL D͛EXCITATION. ........................................................................................................ 89
FIGURE 4-13 : DIAGRAMME DE NYQUIST A DIFFERENTS SOCS DE L͛IMPEDANCE ELECTRIQUE DE L͛ACCUMULATEUR DANS LA BANDE DE
FREQUENCE [Ͳ,Ͳ͵͵ HZ-͵,͵͵ HZ]. ..................................................................................................................... 90
FIGURE 4-14 : EVALUATION DES RESULTATS D͛IDENTIFICATION LARGE BANDE PAR RAPPORT AU CAHIER DES CHARGES DU SOC. ....... 91
FIGURE A-1 : DIAGRAMME DE BODE DE L͛APPROXIMATION D͛UN CPE [18]. ......................................................................... 98
FIGURE A-2 : CIRCUIT ELECTRIQUE EQUIVALENT DE L͛OPERATEUR DE DERIVATION NON ENTIERE S-Υ [18]. .................................. 99
FIGURE C-1 : SCHEMA DU CIRCUIT IMPLANTE SOUS SIMULINK........................................................................................... 102
FIGURE E-1 : DIAGRAMME DE NYQUIST EXPERIMENTAL COMPLET DE L͛ACCUMULATEUR A UN SOC DE 83 % ET SOUS UN COURANT DE
POLARISATION DE DECHARGE DE 0,92 A. ............................................................................................................. 106Page | 1
Introduction
De Ŷos jouƌs, le ƌĠĐhauffeŵeŶt ĐliŵatiƋue est l͛uŶ des dileŵŵes Ƌui edžalte les effoƌts des paLJs afiŶ
d͛eŶ liŵiteƌ les ĐoŶsĠƋueŶĐes gƌaǀes. A la ďase, il s͛agit d͛uŶ phĠŶoŵğŶe Ŷatuƌel Ƌue le gloďe
teƌƌestƌe ĐoŶŶait depuis l͛auďe des teŵps. Les fluĐtuatioŶs Ŷatuƌelles de teŵpĠƌatuƌe soŶt audž
alentours de plus ou moins ͳ°� par millénaire. Or, les mesures terrestres de températures réalisées
au cours du ��
siècle montrent une élévation significative de la température moyenne, ce qui
traduit une situation alarmante. Le gƌoupe iŶteƌgouǀeƌŶeŵeŶtal suƌ l͛ĠǀolutioŶ du Đliŵat ;GIECͿ
fondé paƌ l͛ONU est chargé de réaliser une synthèse des études scientifiques sur ce sujet. Dans son
dernier rapport, le GIEC a présenté des projections des modèles climatiques indiquant que la
température à la surface du globe est susceptible d'augmenter de ͳ,ͳ à ,Ͷ °� supplémentaires au
cours du ���
siècle. La corrélation entre les relevés de ��ଶ et l͛augŵeŶtatioŶ des teŵpĠƌatuƌes
pƌouǀe la ƌespoŶsaďilitĠ de l͛aĐtiǀitĠ huŵaiŶe liĠe à la pƌoduĐtioŶ ŵassiǀe de gaz à effets de seƌƌe
;GE“Ϳ. BieŶ Ƌue l͛Ġtude soit liŵitĠe à la pĠƌiode allaŶt jusƋu͛à ʹͳͲͲ, le réchauffement devrait se
poursuivre au-delà de cette date, même si les émissions s'arrêtent, en raison de la grande capacité
calorifique des océans et de la durée de vie du ��ଶ et des autres GES dans l'atmosphère.
Les conséquences prévues théoriquement de ce réchauffement accéléré sont nombreuses et
difficiles à cerner. Cependant, on en citera plusieurs qui sont déjà visibles : la fréquence, l'intensité et
la durée des phénomènes extrêmes (canicules, inondations, sécheresses, cyclones...) se sont
accentuées ; les écarts thermiques entre les saisons et les continents sont de moins en moins
marqués ; le recul des glaciers et la fonte des calottes polaires augmentent le niveau des océans ; les
cycles de vie de certaines espèces animales et végétales sont modifiés et leur risque d'extinction
s͛aĐĐƌoît, etĐ…
Outƌe Đes iŵpaĐts suƌ l͛eŶǀiƌoŶŶeŵeŶt, tous les seĐteuƌs soĐio-économiques seront affectés. Ces
ĐoŶsĠƋueŶĐes iŵposeŶt la ŵise à jouƌ de l͛iŶfƌastƌuĐtuƌe phLJsiƋue et soĐiale, allaŶt d'uŶe
modification des pratiques de construction à une adaptation des systèmes de santé. Le secteur de
l͛agƌiĐultuƌe seŶsiďle au Đliŵat seƌa aussi touĐhĠ. Le ĐhaŶgeŵeŶt de teŵpĠƌatuƌe affeĐte la pĠƌiode
des récoltes ; les précipitations fortes provoquent de sérieux glissements de terrain ou de violentes
ĐoulĠes de ďoue d͛où le ďesoiŶ d͛adaptatioŶ de Đe seĐteuƌ pouƌ ƌĠsisteƌ audž Đatastƌophes Ŷatuƌelles
plus intenses et plus fréquentes.
L͛eŶseŵďle des Ġtudes et doŶŶĠes aŶŶoŶĐeŶt doŶĐ uŶ daŶgeƌ Ƌui ŵeŶaĐe la ǀie suƌ la Teƌƌe. Ce
problème planétaire touche le monde entier sans exception et nécessite donc un engagement au
Ŷiǀeau iŶteƌŶatioŶal afiŶ d͛eŶ liŵiteƌ les ĐoŶsĠƋueŶĐes et sauǀeƌ la plaŶğte.Page | 2
L͛aĐtiǀitĠ huŵaiŶe gĠŶğƌe des GE“ Ƌui soŶt uŶe des Đauses du ƌĠĐhauffeŵeŶt ĐliŵatiƋue. La
combustion des énergies fossiles est l'un des premiers facteurs qui augmentent la production des
GES. C'est pourquoi aujourd'hui il est nécessaire de trouver de nouvelles énergies propres pour, sans
même penser à baisser cette production, tenter au moins d'arrêter sa croissance. Actuellement, la
quasi-totalité des activités (industries, transport, habitat etc..) se base sur les dérivés du pétrole
(essence et gazole) dont les stocks sur la planète sont limités ce qui entraine un problème
économique et politique : la ƌaƌetĠ des ƌessouƌĐes liĠe à l͛augŵeŶtatioŶ iŶĐoŶtƌôlaďle de la deŵaŶde
cause la croissance ingérable des prix et implique une dépendance politique envers les pays
fouƌŶisseuƌs. Des solutioŶs doiǀeŶt doŶĐ ġtƌe ŵises eŶ œuǀƌe pouƌ liŵiteƌ la consommation du
pétrole tant dans l'industrie, que l'habitat ou les transports.
Dans le domaine des transports, l'hybridation des motorisations thermiques est une solution
provisoire qui prépare pour les motorisations tout électriques. En utilisant des sources d'énergie
électriques au lieu des dérivés du pétrole, l'efficacité énergétique du véhicule est améliorée et, en
même temps, les émissions du véhicule et la consommation des carburants à base de pétrole sont
réduites.
Depuis plusieurs années, les études sur ces nouvelles configurations de véhicules sont lancées.
DiffĠƌeŶts sujets soŶt ĠǀoƋuĠs, ŵais la ďatteƌie ƌeste l͛ĠlĠŵeŶt pƌiŵoƌdial ǀu Ƌue le ďoŶ
fonctionnement des véhicules hybrides et électriques est lié à la disponibilité du réseau de puissance
et donc par conséquent à la batterie.
DaŶs Đe geŶƌe d͛appliĐatioŶs où de foƌtes puissaŶĐe et teŶsioŶ soŶt ŶĠĐessaiƌes, les aĐĐuŵulateuƌs
;dits aussi ĐellulesͿ soŶt ďƌaŶĐhĠs eŶ paƌallğle pouƌ foƌŵeƌ Đe Ƌu͛oŶ appelle uŶ Ġtage. L͛assoĐiatioŶ
de plusieurs étages en série forme un module, et finalement un pack est constitué de plusieurs
modules en série.
Le marché des batteries ne cesse d'évoluer au cours des années et les thèmes de recherche peuvent
être divisés en deux groupes. Le premier porte sur la chimie et les processus de fabrication des
batteries, et vise à augmenter l'énergie, la puissance, la sécurité et la dimension des cellules, de
ŵaŶiğƌe à ġtƌe Đoŵpatiďle aǀeĐ les edžigeŶĐes de l'autoŵoďile. Le seĐoŶd s͛iŶtĠƌesse audž ŵodes
d͛utilisatioŶ des ďatteries et concerne le développement des modèles pour décrire leurs
comportements, des algorithmes pour estimer des variables non mesurables, des circuits
ĠleĐtƌoŶiƋues pouƌ gĠƌeƌ les ďatteƌies peŶdaŶt leuƌ foŶĐtioŶŶeŵeŶt, etĐ… Le pƌeŵieƌ thğŵe de
recherche appaƌaît daŶs Đe ŵaŶusĐƌit au tƌaǀeƌs du Đhoidž de la teĐhŶologie de l͛aĐĐuŵulateuƌ, aloƌs
Ƌue le Đœuƌ de l͛Ġtude appaƌtieŶt au deudžiğŵe.
La ďatteƌie est souǀeŶt aĐĐusĠe d͛ġtƌe le faĐteuƌ liŵitaŶt de Đes Ŷouǀelles ĐatĠgoƌies de ǀĠhiĐules.
Etant la partie la plus coûteuse (ͷͲ % du prix du véhicule), ni le constructeur, ni le consommateur ne
désirent assumer le coût financier du remplacement du pack batterie au cours de la vie du véhicule. Page | 3
Le dĠǀeloppeŵeŶt d͛uŶ ǀĠhiĐule pƌopƌe eŶgloďe paƌ ĐoŶsĠƋueŶt l͛optiŵisation de sa chaîne de
ŵotoƌisatioŶ du poiŶt de ǀue du Đoût et de l'autoŶoŵie, aiŶsi Ƌu͛uŶe ŵise eŶ adĠƋuatioŶ de la duƌĠe
de vie du pack batterie avec celle du véhicule.
Malheureusement, les performances des batteries déclinent au fil de leur utilisation, ce qui rend leur
gestion un enjeu essentiel pour la diffusion des véhicules propres dans des conditions de coûts
acceptables. Un système de management de batterie (BMS pour Battery Management system) à
bord d'un véhicule est nécessaire afin de protéger les batteries de tous les dommages éventuels, de
prolonger leur durée de vie, et de veiller à les maintenir à un niveau de fonctionnement optimal.
Pouƌ atteiŶdƌe Đes oďjeĐtifs, plusieuƌs iŶdiĐes d͛Ġtat soŶt pƌĠdĠfiŶis doŶt deudž soŶt pƌiŵoƌdiaudž pouƌ
une bonne gestion de l'énergie. Une bonne connaissance de l'état de charge (��� pour State Of
Charge) et de l'état de santé (��� pour State Of Health) permet de déterminer le niveau de
fonctionnement que peut assurer la batterie. Une bonne surveillance de la batterie permet
également d'assurer son fonctionnement en toute sécurité et prévenir tout risque de dégradation
des accumulateurs eux-mêmes (emballement thermique, explosion) et de leurs performances. Dans
la littĠƌatuƌe, oŶ ŵeŶtioŶŶe souǀeŶt la peƌtiŶeŶĐe de l͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue pouƌ atteiŶdƌe Đes
objectifs. Sur la base d͛oďseƌǀatioŶs des ǀaƌiatioŶs de l͛alluƌe du speĐtƌe d͛iŵpĠdaŶĐe aǀeĐ les
conditions de mesures (courant, ���, ���, etĐ …Ϳ, oŶ suggğƌe uŶe ĐoƌƌĠlatioŶ iŵpliĐite ou edžpliĐite
de l͛iŵpĠdaŶĐe aǀeĐ Đes iŶdiĐes. DaŶs Đette optiƋue, le pƌojet de ƌeĐheƌĐhe pƌoposĠ daŶs Đe
ŵĠŵoiƌe ǀise à Ġtaďliƌ uŶ sLJstğŵe d͛estiŵatioŶ eŶ eŵďaƌƋuĠ de l͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue des
accumulateurs et s'inscrit dans le cadre de l'amélioration des systèmes de gestion de batterie.
Toute l'étude portera sur un accumulateur de technologie Li-ion. En effet, cette technologie présente
uŶe edžĐelleŶte deŶsitĠ d͛ĠŶeƌgie, uŶe duƌĠe de ǀie iŵpoƌtaŶte et Ŷe possğde pas d͛effet ŵĠŵoiƌe.
Après des débuts plus ou moins satisfaisants sur des technologies nickel-cadmium (����) ou nickelhydrure
métallique (����), les batteries Li-ion semblent prometteuses pour une utilisation dans des
applications de puissance et donc représentent la prochaine génération de système de stockage
Ƌu͛iŶtĠgƌeƌoŶt les ǀĠhiĐules ĠleĐtƌiƋues.
Etant donné que cette étude a pour finalité l'implantation en temps réel dans des processeurs
embarqués sur véhicule, l'originalité de cette thèse par rapport aux travaux similaires, repose sur
l'utilisation des signaux large bande à motifs carrés. Malgré leur simplicité apparente, leur intérêt est
notable. Faciles à implanter en embarqué, ces signaux ont prouvé leurs performances pour
l͛ideŶtifiĐatioŶ de sLJstğŵes, et oŶ ǀa les appliƋueƌ au Đas de l͛iŵpĠdaŶĐe d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ.
Ce document est structuré en quatre chapitres.
Un premier chapitre permet de situer la problématique traitée dans cette thèse par rapport aux
enjeux sociétaux et environnementaux du développement des véhicules non polluants. Ensuite, les
ĐaƌaĐtĠƌistiƋues d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ aiŶsi que les différentes approches de modélisation sont Page | 4
présentées. A côté des modèles mathématiques et électrochimiques, les circuits électriques
équivalents sont détaillés ainsi que les liens possibles entre les principaux phénomènes chimiques qui
y prennent place et les composants électriques du modèle. Ce formalisme permettra une analyse
physique plus aisée des différentes réponses de l'accumulateur.
Les Đhapitƌes suiǀaŶts ĐoŶstitueŶt le Đœuƌ du tƌaǀail réalisé durant cette thèse.
Le chapitre 2 commence aveĐ uŶe pƌĠseŶtatioŶ de la thĠoƌie de l͛ideŶtifiĐatioŶ ŶoŶ paƌaŵĠtƌiƋue des
systèmes linéaires et invariants dans le temps en utilisant des signaux large bande en entrée. Sur la
ďase d͛uŶ ĐiƌĐuit ĠleĐtƌiƋue ĠƋuiǀaleŶt ;���) implanté sous Simulink, une étude en simulation des
performances de signaux large bande de différents types pouƌ l͛estiŵatioŶ de l͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue
est pƌoposĠe afiŶ de ǀalideƌ l͛utilitĠ de tels sigŶaudž pouƌ Đette appliĐatioŶ. Plusieuƌs gƌaŶdeurs
ĐaƌaĐtĠƌistiƋues soŶt utilisĠes ;ĐohĠƌeŶĐe speĐtƌale, iŶteƌǀalle de ĐoŶfiaŶĐe…Ϳ afiŶ de ƋuaŶtifieƌ les
performances d͛estiŵatioŶ de Đes sigŶaudž d͛edžĐitatioŶ.
Ensuite, une étude expérimentale est présentée dans le chapitre 3. PuisƋue l͛iŵpĠdaŶĐe ƌĠelle de
l͛aĐĐuŵulateuƌ est iŶĐoŶŶue, la première partie de ce chapitre est consacrée à une étude effectuée
sur un circuit électrique de référence à impédance connue. En utilisant son expression analytique,
uŶe ĐoŵpaƌaisoŶ de peƌfoƌŵaŶĐes eŶtƌe la teĐhŶiƋue d͛identification large bande proposée et celles
de la méthode classique est établie. La seconde partie présente les résultats expérimentaux obtenus
sur un accumulateur réel.
Le Đhapitƌe ϰ ĐoŶstitue uŶe ĐoŶtiŶuitĠ Ŷatuƌelle de l͛Ġtude. Il dĠĐƌit deudž possiďilitĠs d͛edžploitatioŶ
de l͛iŵpĠdaŶĐe estiŵĠe ǀia la teĐhŶiƋue d͛ideŶtifiĐatioŶ laƌge ďaŶde. La pƌeŵiğƌe ĐoŶsiste à
l͛utilisatioŶ d͛uŶ algoƌithŵe d͛optiŵisatioŶ afiŶ de ƌeŵoŶteƌ audž ǀaleuƌs des ĐoŵposaŶts d͛uŶ ĐiƌĐuit
électrique équivalent. Dans cette optique, un algorithme double étape est élaboré. Celui-ci permet
d͛aŵĠliorer en termes de convergence, un algorithme classiquement utilisé. La seconde partie
pƌĠseŶte uŶe ĐoŵpaƌaisoŶ des peƌfoƌŵaŶĐes de la teĐhŶiƋue d͛ideŶtifiĐatioŶ laƌge ďaŶde pƌoposĠe
par rapport à uŶ Đahieƌ des Đhaƌges ĠlaďoƌĠ ǀia le siŵulateuƌ pouƌ le suiǀi des iŶdiĐes d͛Ġtat de
l͛aĐĐuŵulateuƌ : l͛Ġtat de Đhaƌge ;���) et l͛Ġtat de saŶtĠ ;���).
Page | 5
Chapitre 1 : Contexte général
1.1 Problèmes écologiques et économiques liés au transport
De nos jours, la quasi-totalitĠ des aĐtiǀitĠs huŵaiŶes s͛appuie suƌ la ĐoŶsoŵŵatioŶ des dĠƌiǀĠs du
pétrole (essence et gazole), ce qui est particulièrement vrai pour le secteur du transport. La
raréfaction de ces ressources et le réchauffement climatique que subit notre ère poussent à
l͛ĠŵeƌgeŶĐe de Ŷouǀelles ĠŶeƌgies alteƌŶatiǀes pƌopƌes et ƌeŶouǀelaďles. Le dĠǀeloppeŵeŶt de
véhicules hybrides et ĠleĐtƌiƋues s͛iŶsĐƌit daŶs Đette teŶdaŶĐe de foŶd. De tels ǀĠhiĐules peƌŵettƌoŶt
de ĐiƌĐuleƌ, d͛uŶe paƌt, eŶ ƌĠduisaŶt l͛ĠŵissioŶ des gaz à effet de seƌƌe ;GE“Ϳ ƌeĐoŶŶus ġtƌe les
pƌiŶĐipaudž ageŶts ƌespoŶsaďles du ƌĠĐhauffeŵeŶt ĐliŵatiƋue, et d͛autƌe paƌt, sans être menacés par
la raréfaction des ressources pétrolières.
1.1.1 Le transport en tant que principal émetteur de GES
Le terme GES regroupe plusieurs gaz émis par les activités humaines [1] :
le dioxyde de carbone (��ଶ
) qui provient de la combustion des énergies fossiles,
le méthane (��ସ
) qui provient de l’élevage des ruminants, de la culture du riz, des décharges
d'ordures, des exploitations pétrolières, gazières et charbonnières,
le protoxyde d'azote (�ଶ�) qui vient des engrais azotés et de divers procédés chimiques,
les gaz fluorés ou hydrofluorocarbures (���) qui sont des gaz propulseurs des bombes
aérosols, des gaz réfrigérants ou proviennent d'industries diverses,
les hydrocarbures perfluorés ( ��� ) qui sont émis notamment lors de la fabrication de
l'aluminium,
l'hexafluorure de soufre (��ሻ qui est un gaz inerte utilisé comme détecteur de fuite et isolant
électrique.
DaŶs soŶ ĐiŶƋuiğŵe ƌappoƌt sĐieŶtifiƋue de ϮϬϭϯ [Ϯ], le gƌoupe d͛edžpeƌts iŶteƌgouǀeƌŶeŵeŶtal suƌ
l͛ĠǀolutioŶ du climat (GIEC) confirme, avec plus de ͻͲ% de certitude, que le réchauffement observé
Đes ĐiŶƋuaŶte deƌŶiğƌes aŶŶĠes pƌoǀieŶt esseŶtielleŵeŶt de l͛augŵeŶtatioŶ des ĠŵissioŶs de GE“
par les activités humaines (chauffage, transports, industries, élevage intensif). La corrélation entre
l͛augŵeŶtatioŶ de la teŵpĠƌatuƌe et Đelle de la ĐoŶĐeŶtƌatioŶ des GE“ et plus paƌtiĐuliğƌeŵeŶt le
��ଶ (unité : parties par million en volume (����ͿͿ est uŶ des ĠlĠŵeŶts Ƌui peƌŵetteŶt d͛ĠtaLJeƌ
cette hypothèse [3] (Figure 1-11-1).Page | 6
Figure 1-1: Evolution comparée de la concentration en ��� dans l’atmosphère et de la
température moyenne du globe terrestre.
Les ĐoŶsĠƋueŶĐes gƌaǀes du ƌĠĐhauffeŵeŶt ĐliŵatiƋue soŶt saŶs ĠƋuiǀoƋue. L͛aĐĐƌoisseŵeŶt des
températuƌes ŵoLJeŶŶes ŵoŶdiales de l͛atŵosphğƌe et de l͛oĐĠaŶ, la foŶte gĠŶĠƌalisĠe de la Ŷeige et
de la glaĐe et l͛ĠlĠǀatioŶ du Ŷiǀeau ŵoLJeŶ ŵoŶdial de la ŵeƌ soŶt des oďseƌǀatioŶs Ƌu͛oŶ Ŷe peut
plus nier. Le réchauffement moyen constaté à la surface de la terre s͛Ġlğǀe de
Ͳ,ʹ℃ ሺͲ,Ͷͻ ° C à Ͳ,ͺͻ ° Cሻ sur la période ͳͻͷͳ − ʹͲͳʹ. Chacune des trois dernières décennies a
été beaucoup plus chaude que toutes les décennies précédentes, et la première décennie du ʹͳ�
siècle a été la plus chaude [1].
Pour toutes ces raisons, bon nomďƌe d͛Ġtats oŶt iŶǀesti daŶs des ƌeĐheƌĐhes ǀisaŶt à ƌĠduiƌe les
émissions de GES.
En France, plusieurs secteurs sont à l͛oƌigiŶe des ĠŵissioŶs de GE“ [ϰ]. Particulièrement, en ʹͲͳͳ et
aǀeĐ uŶ pouƌĐeŶtage d͛eŶǀiƌoŶ ͵%, le secteur des transports (regroupant la circulation automobile
et le transport routier) est le principal émetteur, en particulier pour le ��ଶ (Figure 1-21-2). Ce quota
pƌeŶd eŶ Đoŵpte la ĐoŶtƌiďutioŶ diƌeĐte de Đe seĐteuƌ à l͛ĠŵissioŶ de ��ଶ (combustion du gazole ou
de l'essence), de ��ସ (évaporation des carburants en stockage et combustions incomplètes) et de
��� (systèmes de climatisation), ainsi que sa contribution indirecte (émissions dues à l'exploitation
du pétrole). Page | 7
Figure 1-2 : Emissions de gaz à effet de serre par secteur en France en 2000 et 2011 [4].
DaŶs le seĐteuƌ du tƌaŶspoƌt, uŶe ĐoƌƌĠlatioŶ edžpliĐite est ŶotĠe eŶtƌe l͛ĠǀolutioŶ de la pƌoduĐtioŶ
automobile mondiale depuis ͳͺͺͲ et la concentration en ��ଶ daŶs l͛atŵosphère (Figure 1-31-3).
L͛oƌigiŶe de Đette augŵeŶtatioŶ peut ġtƌe attƌiďuĠe à deudž Đauses pƌiŶĐipales : l͛augŵeŶtatioŶ
ĐoŶtiŶue du Ŷoŵďƌe de ǀoituƌes eŶ ĐiƌĐulatioŶ d͛uŶe paƌt, et l͛edžigeŶĐe ĐoŶtiŶue des ĐlieŶts d͛aǀoiƌ
des voitures plus puissantes et donc émettant plus de ��ଶ d͛autƌe paƌt. EŶ ʹͲͲͷ, [5] annonce une
nouvelle inquiétante : selon une étude récente, la concentration en ��ଶ (͵ͺͲ ����) est ʹ % plus
élevée que le maximum atteint au cours de ces ͷͲ ͲͲͲ dernières années. En ʹͲͲ, le taux de
��ଶ est toujouƌs eŶ augŵeŶtatioŶ, l͛OƌgaŶisatioŶ MĠtĠoƌologiƋue MoŶdiale ;OMMͿ, eŶƌegistƌe uŶe
teneur de ͵ͺͳ,ʹ ����.
Figure 1-3 : Evolution de la production en automobile et de la concentration en CO2 dans
l’atmosphère.
Ces chiffres alarmants ont finalement abouti en ʹͲͲͷ à la ŵise eŶ plaĐe d͛uŶe Ŷoƌŵe aŶtipollutioŶ
réduisant les émissions de GES par la commission européenne. Elle a pour objectif de corriger
progressivement les tendances polluantes, et ses exigences sont réactualisées tous les quatre ans. Page | 8
1.1.2 Le pétrole : conflits économiques et politiques
De même que les préoccupations environnementales, les préoccupations économiques et politiques
impliquent également la mutation du secteur du transport. Les ressources en pétrole ne sont pas
illiŵitĠes aloƌs Ƌue les ďesoiŶs s͛aĐĐeŶtueŶt. Cette ƌaƌĠfaĐtioŶ a diƌeĐteŵeŶt iŶfluĠ suƌ le pƌidž de
l͛esseŶĐe Ƌui Ŷe Đesse d͛augŵeŶteƌ ;Figure 1-41-4Ϳ. L͛effoŶdƌeŵeŶt ŶotĠ eŶ ʹͲͲͺ est lié à la crise
financière qui a touché la planète. Cependant, la reprise à la hausse souligne une demande mondiale
importante.
Et Đe Ŷ͛est pas tout, les paLJs oĐĐideŶtaudž ŵaŶƋueŶt de ƌessouƌĐes pĠtƌoliğƌes. Ce sont les pays du
Moyen-Orient qui assurent les besoins des pays développés en pétrole. Cette dépendance
économique impacte profondément les relations politiques surtout avec les troubles politiques au
Moyen-OƌieŶt. L͛utilisatioŶ de pƌoduits pĠtƌoliers devient de moins en moins avantageuse face à
d͛autƌes alteƌŶatiǀes. Les ĐoŶstƌuĐteuƌs autoŵoďiles, eŶ paƌtiĐulieƌ, doiǀeŶt doŶĐ s'adapteƌ à Đe
ĐoŶtedžte eŶ dĠǀeloppaŶt des solutioŶs utilisaŶt des souƌĐes d͛ĠŶeƌgie ŵoiŶs Đoûteuses Ƌue le
pétrole.
Figure 1-4 : Evolution du prix de pétrole de 1987 à 2012 [6].
1.2 Vers l’électrification du véhicule
Face aux problèmes évoqués, les consommateurs désirent des véhicules de plus en plus propres et
les constructeurs automobiles doivent développer des solutions moins polluantes tout en utilisant
des ressources moins coûteuses que le pétrole.
Plusieurs possibilités sont envisageables. Utiliser le Gaz de Pétrole Liquéfié, le Gaz Naturel, le
ďiogazole eŶ soŶt des edžeŵples. CepeŶdaŶt, l͛ĠleĐtƌifiĐatioŶ du ǀĠhiĐule ĐoŶstitue ŶotaŵŵeŶt à
court terme une excellente solution alternative, et à moyen ou long terme, pourrait venir remplacer
les véhicules thermiques classiƋues. OŶ distiŶgue plusieuƌs degƌĠs d͛ĠleĐtƌifiĐatioŶ eŶ foŶĐtioŶ de
l͛iŵpoƌtaŶĐe du sLJstğŵe ĠleĐtƌiƋue daŶs la tƌaĐtioŶ du ǀĠhiĐule [ϳ] :
HEV : Véhicule Hybride Électrique (Hybrid Electric Vehicle). Ces véhicules disposent d’un
degré d’électrification plus ou moins important, allant de la simple aide au démarrage à un
mode tout électrique très limité. Le véhicule devient alors moins consommateur de carburant Page | 9
et moins polluant dans les villes. Il garde une autonomie et des performances dynamiques,
comparables à celles des véhicules thermiques classiques sur routes et autoroutes. Il se
distingue par l’impossibilité de se recharger sur une prise de courant [7].
PHEV : Véhicule Hybride Électrique Rechargeable (Plug-in Hybrid Electric Vehicle). Ces
hybrides rechargeables sont une variante du modèle hybride. Leur spécificité est de permettre
le rechargement de la batterie du véhicule à l’arrêt à l’aide d’une prise de courant. Le pack
batterie est, dans les faits, beaucoup plus important que pour un simple HEV. Le véhicule est
donc capable de fonctionner en mode tout électrique sur de petites distances (inférieures à
ͷͲ ��). Une fois la batterie déchargée, le véhicule se comporte alors comme un véhicule
hybride [7]. .
EV : Véhicule Électrique (Electric Vehicle). Les véhicules électriques ne sont pas des
véhicules hybrides, ils ont le plus haut degré d’électrification. On parle de véhicule « tout
électrique ». La seule source d’énergie utilisée, dans ces véhicules, est la batterie. Celle-ci se
recharge comme celle d’un PHEV sur une prise de courant (recharge classique ou rapide).
Les émissions sont alors nulles lors du roulage du véhicule, on parle également de véhicule
« Zéro Émission » [7].
Ces ǀĠhiĐules, eŶtƌe autƌes, foŶt l͛oďjet d͛Ġtudes ŵeŶĠes au CEA1
: en particulier, les instituts du LETI2
et du LITEN3
tƌaǀailleŶt daŶs le ďut de ǀaloƌiseƌ Đette teĐhŶologie. Il s͛aǀğƌe ĠǀideŶt Ƌue le ďoŶ
fonctionnement de ces véhicules dépend essentiellement des dispositifs de stockage d'énergie
électrique, en particulier des batteries. Par conséquent, le contrôle du système de stockage d'énergie
est primordial. Le principal obstacle est la difficulté d'une telle tâche. En effet, une batterie est un
système non-linéaire complexe influencé par plusieurs facteurs dont les principaux sont les profils
d͛utilisatioŶ, ĐaƌaĐtĠƌisĠs paƌ les ƌĠgiŵes de puissaŶĐe et les duƌĠes d͛iŶteƌƌuptioŶs, et la
température interne, dépendante de la température ambiante et du système de gestion thermique.
De plus, elle subit des modifications de ses propriétés en raison de processus de vieillissement. Dans
de nombreux cas, l'état de la batterie est évalué uniquement à partir de la tension, du courant et de
la température, ces paramètres étant accessibles à la plupart des systèmes de mesure embarqués
dans le véhicule.
Cette thèse est une contribution à la gestion embarquée des batteries, et plus particulièrement à la
dĠteƌŵiŶatioŶ de l'iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ ;ĠlĠŵeŶt de ďase d͛uŶe ďatteƌieͿ daŶs
un but de surveillance.
1 Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives
2 Laboratoire d’Electronique et de Technologie de l’Information
3 Laboratoire d’Innovation pour les Technologies des Energies Nouvelles et les nanomatériauxPage | 10
1.3 Généralités sur les accumulateurs
Afin de situer la problématique de ce travail de thèse, cette section présente de manière générale,
les accumulateurs, les différentes technologies existantes et leur principe de fonctionnement. Elle
introduit aussi les grandeurs caractĠƌistiƋues d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ, Đe Ƌui peƌŵet de dĠfiŶiƌ les iŶdiĐes
d͛Ġtat.
1.3.1 Les technologies des accumulateurs
UŶ aĐĐuŵulateuƌ est uŶ ĠlĠŵeŶt de stoĐkage d͛ĠŶeƌgie ĠleĐtƌoĐhiŵiƋue pouǀaŶt foŶĐtioŶŶeƌ de
manière réversible. Un accumulateur est constitué de deux couples oxydoréducteurs, ��ଵ/���ଵ et
��ଶ/���ଶ, pƌĠseŶts suƌ deudž ĠleĐtƌodes diffĠƌeŶtes aLJaŶt des poteŶtiels d͛ĠƋuiliďƌe diffĠƌeŶts. C͛est
l͛ĠĐaƌt eŶtƌe les poteŶtiels Ƌui fait la teŶsioŶ à ǀide de l͛aĐĐuŵulateuƌ ;��� pour open circuit
voltage). Ce dernier doit ġtƌe Đapaďle de fouƌŶiƌ uŶ ŵadžiŵuŵ d͛ĠŶeƌgie et de puissaŶĐe pouƌ uŶ
minimum de volume et de masse.
UŶ Đƌitğƌe iŵpoƌtaŶt de ĐoŵpaƌaisoŶ des peƌfoƌŵaŶĐes de diffĠƌeŶts aĐĐuŵulateuƌs est l͛ĠǀaluatioŶ
du couple puissance/énergie spécifique qui est représenté par le diagramme de Ragone (Figure
1-51-5Ϳ. Ce Đouple tƌaduit l͛ĠŶeƌgie fouƌŶie pouƌ uŶe puissaŶĐe doŶŶĠe [ϴ]. La puissaŶĐe ;ƌesp.
l͛ĠŶeƌgieͿ spĠĐifiƋue est dĠfiŶie Đoŵŵe ĠtaŶt la puissaŶĐe ŵadžiŵale ;ƌesp. l͛ĠŶergie maximale) que
peut fouƌŶiƌ l͛aĐĐuŵulateuƌ paƌ uŶitĠ de poids. UŶe pƌeŵiğƌe estiŵatioŶ de l͛ĠŶeƌgie spĠĐifiƋue peut
ġtƌe oďteŶue eŶ utilisaŶt la ĐapaĐitĠ ŶoŵiŶale, la teŶsioŶ ŶoŵiŶale et le poids de l͛ĠlĠŵeŶt.
Figure 1-5 : Diagramme de Ragone pour différentes technologies d’accumulateurs [9].
Le choix des technologies des accumulateurs intégrés dans les véhicules hybrides et électriques a
évolué au cours du temps. Le Tableau 1-1 présente une comparaison de trois principales
technologies utilisĠes et peƌŵet d͛edžpliƋueƌ les ƌaisoŶs aďoutissaŶt au Đhoidž de la teĐhŶologie �� −
���. Page | 11
Tableau 1-1 : Comparaison des technologies d’accumulateurs [13].
Au dĠpaƌt, eŶ ƌaisoŶ de leuƌ faiďle Đoût et de leuƌ siŵpliĐitĠ de ŵise eŶ œuǀƌe, les aĐĐuŵulateuƌs
plomb à électrolyte acide étaient les plus utilisés. Toutefois, leurs faibles densités énergétiques ainsi
que leur courte durée de vie ont poussé les constructeurs à développer de nombreuses autres
technologies : nickel à électrolytes alcalins (����, ����, ����), lithium à électrolyte polymère solide
et anode de lithium métallique en film minces (�� − ���) ou à électrolyte organique liquide et
électrode négative à insertion (�� − ���), alcalins (��/��, ��/��) etc. Les technologies qui ont
précédé les accumulateurs �� − ��� souffraient de plusieurs problèmes. On peut citer comme simple
exemple le dépôt métallique sous forme de dendrite. Ce dépôt, inhérent à la nature même du métal,
peut, dans les accumulateurs lithium métal polymère par exemple, provoquer des problèmes de
sécurité. Cette poussée dendƌitiƋue est susĐeptiďle d͛eŶtƌaîŶeƌ uŶ Đouƌt-circuit interne à
l͛aĐĐuŵulateuƌ paƌ peƌĐĠe du sĠpaƌateuƌ ;ŵeŵďƌaŶe sĠpaƌaŶt les deudž feuillets d͛ĠleĐtƌodesͿ. De
plus, elle ĐoŶtƌiďue à la ĐoŶsoŵŵatioŶ de l͛ĠleĐtƌolLJte Ƌui ƌĠagit aǀeĐ le lithiuŵ fraîchement déposé
[10]. Actuellement les accumulateurs �� − ��� dominent le marché des accumulateurs pour plusieurs
raisons. On en cite quelques unes ci-dessous [11][12] :
- densité d’énergie élevée (ͳͲ ��ℎ. �ିଵ environ),
- matière brute peu coûteuse et disponible dans la nature (minérale de triphylite),
- facilité de synthèse,
- respect de l’environnement et de la sécurité,
- vie de cycle et calendaire plus longue,
- excellente stabilité de structure,
- stabilité thermique et stabilité électrochimique.
Malgré ces performances, leur coût reste encore élevé. Les travaux de recherche actuels portent sur
les ŵatĠƌiaudž ĐoŶstitutifs des ĠleĐtƌodes, et ŶotaŵŵeŶt la positiǀe, afiŶ d͛augŵeŶteƌ la teŶsioŶ de
fonctionnement et/ou la durée de vie. Page | 12
1.3.2 Grandeurs caractéristiques d’un accumulateur
UŶe teĐhŶologie d͛aĐĐuŵulateuƌ peut ġtƌe ĐaƌaĐtĠƌisĠe paƌ uŶe ŵultitude de gƌaŶdeuƌs [ϮϬ], doŶt oŶ
donne ici la définition.
1.3.2.1 La capacité de stockage � ሺ�ℎሻ
La capacité de stockage � [20] représente la quantité de charge qu'il est possible d'obtenir lors d'une
dĠĐhaƌge Đoŵplğte de l͛aĐĐuŵulateuƌ iŶitialeŵeŶt ĐhaƌgĠ aǀeĐ uŶ ĐouƌaŶt ĐoŶstaŶt. La
nomenclature utilisée pour désigner la capacité de stockage obtenue pour une décharge de � heures
est �. De manière générale, lorsque l'on parle d'une capacité �ହ, cela revient à évoquer la quantité
de charge obtenue lors d'une décharge de ͷ heures.
1.3.2.2 La capacité nominale � ሺ�ℎሻ
La capacité nominale [20] correspond à la capacité de stockage obtenue à un régime de décharge
nominal et respectant les critères initiaux et finaux du constructeur (température, intensité du
ĐouƌaŶt, etĐ…Ϳ. Coŵŵe la ĐapaĐitĠ de stoĐkage, la ĐapaĐitĠ ŶoŵiŶale dĠpeŶd de la teŵpĠƌatuƌe et de
l'Ġtat de l͛aĐĐuŵulateuƌ.
1.3.2.3 La capacité stockée �௦
ሺ�ℎሻ
La capacité stockée [20] est analogue à la capacité nominale définie au paragraphe précédent
edžĐeptĠe Ƌue l'Ġtat iŶitial Ŷe dĠsigŶe pas foƌĐĠŵeŶt l͛aĐĐuŵulateuƌ Đoŵŵe ĠtaŶt ĐoŵplğteŵeŶt
chargé.
1.3.2.4 Le rendement faradique (%)
Le rendement faradique [20] ƞ représente l'efficacité de la recharge. En effet, dans les
accumulateurs à électrolyte aqueux, les réactions aux électrodes sont concurrencées par des
réactions secondaires. Ces réactions secondaires représentent des courants de fuite importants
notamment lors des charges. Les accumulateurs Li-ion, dont l'électrolyte n'est pas aqueux,
présentent des rendements faradiques proches de ͳͲͲ %.
1.3.2.5 L’autodécharge (%)
Les phĠŶoŵğŶes d͛autodĠĐhaƌge [ϮϬ] se tƌaduiseŶt paƌ uŶe peƌte de l͛ĠŶeƌgie loƌs du stoĐkage de
l͛aĐĐuŵulateur. Ce phénomène provient des réactions secondaires intervenant aux deux électrodes
et dépend fortement de la température. Pour les accumulateurs plomb et ���� [Ϯϭ], l͛autodĠĐhaƌge
est de ʹ % par jour. Les accumulateurs Li-ion sont beaucoup moins sensibles à ce phénomène avec
une autodécharge de ͳͲ % par mois [21]. Page | 13
1.3.2.6 La tension à vide (��� pour Open Circuit Voltage)
La teŶsioŶ à ǀide dĠsigŶe la teŶsioŶ d͛ĠƋuiliďƌe de l͛aĐĐuŵulateuƌ au ƌepos. Elle est dĠfiŶie Đoŵŵe la
diffĠƌeŶĐe des poteŶtiels d͛ĠƋuilibre entre les deux électrodes. Après des temps de relaxation
suffisant, celle-Đi dĠpeŶd diƌeĐteŵeŶt, d͛apƌğs la loi de NeƌŶst [ϮϮ], des aĐtiǀitĠs des espğĐes aĐtiǀes
et de la teŵpĠƌatuƌe. L͛histoƌiƋue de l͛utilisatioŶ de l͛aĐĐuŵulateuƌ peut aǀoiƌ uŶ iŵpact sur la
teŶsioŶ à ǀide. OŶ paƌle aloƌs de phĠŶoŵğŶe d͛hLJstĠƌĠsis. Celui-ci est limité pour les accumulateurs
Li-ion [20].
1.3.2.7 La durée de vie en cyclage et calendaire
Les performances des accumulateurs décroissent avec le temps. Un accumulateur est considéré en
fiŶ de ǀie loƌsƋue ses peƌfoƌŵaŶĐes Ŷe ƌĠpoŶdeŶt plus à Đelles ŶĠĐessaiƌes pouƌ l͛appliĐatioŶ ǀisĠe. La
durée de vie en cyclage dépend de plusieurs paramètres tels que le mode du cyclage, la fenêtre
d͛Ġtat de Đhaƌge utilisĠe et de la teŵpĠƌatuƌe de ĐLJclage. Elle est exprimée en nombre de cycles ou
bien en quantité de charge fournie [20].
Paƌ ailleuƌs, uŶe autƌe duƌĠe de ǀie est doŶŶĠe à uŶ aĐĐuŵulateuƌ loƌs d͛uŶ stoĐkage pƌoloŶgĠ, oŶ
paƌle de la duƌĠe de ǀie ĐaleŶdaiƌe. Mġŵe daŶs le Đas où l͛aĐĐuŵulateuƌ Ŷ͛est pas utilisĠ, il est le
siège de réactions secondaires qui le détériorent. Cette grandeur dépend aussi de plusieurs
paƌaŵğtƌes tels Ƌue l͛Ġtat de Đhaƌge de l͛aĐĐuŵulateuƌ et la teŵpĠƌatuƌe de stoĐkage [ϮϬ].
1.3.3 Les accumulateurs Li-ion
1.3.3.1 Fonctionnement
DaŶs Đette Ġtude, l͛aĐĐuŵulateuƌ Li-ion utilisé est de type ������ସ. Son fonctionnement repose sur
le sĐhĠŵa d͛odžLJdo-réduction classique de la Figure 1-61-6 intervenant simultanément aux deux
pôles : l͛ĠleĐtƌode positiǀe ;��ଵି௫����ସ) (Equation 1-1) et la négative (��௫ �) (Equation 1-2). On
Ŷoŵŵe souǀeŶt Đe pƌiŶĐipe ŵĠĐaŶisŵe « ƌoĐkiŶg Đhaiƌ » Đaƌ le lithiuŵ s͛iŶsğƌe et se dĠsiŶsğƌe
alteƌŶatiǀeŵeŶt d͛uŶe ĠleĐtƌode à l͛autƌe loƌs des pƌoĐessus de Đhaƌge / dĠĐhaƌge.
Figure 1-6 : Principe de fonctionnement d’un accumulateur Li-ion [14].
- Réaction électrochimique à l’électrode positivePage | 14
������ସ ↔ ��ଵି௫����ସ + ���ା + ��ି Equation 1-1
- Réaction électrochimique à l’électrode négative
� + ���ା + ��ି ↔ ��௫� Equation 1-2
OŶ ĐoŶstate Ƌu͛au Đouƌs des pƌoĐessus ĠleĐtƌoĐhiŵiƋues, le lithiuŵ ĐoŶseƌǀe toujours un caractère
ionique, sans que jamais ne survienne le phénomène de dépôt métallique.
Les ŵatĠƌiaudž d͛ĠleĐtƌodes soŶt gĠŶĠƌaleŵeŶt des ŵatĠƌiaudž d͛iŶseƌtioŶ doŶt la ĐaƌaĐtĠƌistiƋue
principale est de pouvoir insérer ou désinsérer des ions ��ା de manière réversible. En
fonctionnement, les ions ��ା sont échangés entre les deux électrodes, à travers un électrolyte qui
joue le rôle de conducteur ionique. Les électrons transitent, quant à eux, par le circuit électrique
externe pour garantir la neutralité des électrodes. Pour assurer ces échanges, la polarisation doit
bien entendu être toujours maintenue par le circuit externe. Lors de la décharge, les réactions
d͛odžLJdoƌĠduĐtioŶ audž ĠleĐtƌodes soŶt spoŶtaŶĠes. Des ioŶs ��ା (respectivement électrons) sont
pƌoduits à l͛ĠleĐtƌode ŶĠgatiǀe et soŶt tƌaŶspoƌtĠs à tƌaǀeƌs l͛ĠleĐtƌolLJte ;ƌespeĐtiǀeŵeŶt ĐiƌĐuit
ĠleĐtƌiƋueͿ aǀaŶt d͛ġtƌe iŶsĠƌĠs daŶs l͛ĠleĐtƌode positiǀe. Cela ĐoŶduit à uŶe odžLJdatioŶ de l͛ĠleĐtƌode
ŶĠgatiǀe ;aŶodeͿ et à uŶe ƌĠduĐtioŶ de l͛ĠleĐtƌode positiǀe ;ĐathodeͿ, et doŶĐ à la pƌoduĐtioŶ d͛uŶ
courant électrique. Lors de la charge, un courant doit être fourni par le circuit externe pour inverser
les ƌĠaĐtioŶs et stoĐkeƌ uŶe ĠŶeƌgie sous foƌŵe d͛ĠŶeƌgie ĐhiŵiƋue. DaŶs Đe Đas, l͛ĠleĐtƌode ŶĠgative
et l͛ĠleĐtƌode positiǀe deǀieŶŶeŶt ƌespeĐtiǀeŵeŶt, la Đathode et l͛aŶode.
1.3.3.2 Phénomènes physico-chimiques
Les accumulateurs Li-ion sont le siège de différents phénomènes physico-chimiques. Cette partie
décrit brièvement quelques-uns de ces phénomènes.
a) L’effet de couche double
L͛effet de ĐouĐhe douďle est la ƌepƌĠseŶtatioŶ ĠleĐtƌiƋue de l͛iŶteƌfaĐe ĠleĐtƌode-électrolyte.
LoƌsƋu͛uŶ ŵĠtal est ploŶgĠ daŶs uŶe solutioŶ, il a teŶdaŶĐe à se Đhaƌgeƌ ŶĠgatiǀeŵeŶt eŶ suƌfaĐe à
Đause d͛uŶ edžĐğs d͛ĠleĐtƌoŶs. À soŶ tour, cette surface attire les ions positifs de son voisinage pour
ĐƌĠeƌ uŶe ĐouĐhe positiǀe ;iŶteƌŶeͿ. Paƌ ĠƋuiliďƌe, uŶe ĐouĐhe d͛ioŶs de sigŶe opposĠ ;edžteƌŶeͿ ǀa
également se former quasi-instantanément le long de la première couche (Figure 1-71-7) [15]. Ce
phĠŶoŵğŶe tƌaduit le ĐoŵpoƌteŵeŶt d͛uŶ ĐoŶdeŶsateuƌ �ௗ dont le diélectrique a une épaisseur
très faible. Page | 15
Figure 1-7 : Schéma de composition de la couche double [16].
b) Transfert de charge
Le phĠŶoŵğŶe de tƌaŶsfeƌt de Đhaƌge tƌaduit la ĐiŶĠtiƋue de la ƌĠaĐtioŶ d͛odžLJdo-réduction [15].Ce
phĠŶoŵğŶe est dĠpeŶdaŶt, eŶtƌe autƌes, de la suƌteŶsioŶ à l͛iŶteƌfaĐe et de l͛aĐtiǀitĠ des odžLJdaŶts et
ƌĠduĐteuƌs. L͛edžpƌessioŶ du ĐouƌaŶt faƌadiƋue est doŶŶĠe, sous forme réduite, par la formule de
Butler-Volmer [17]:
�ி = �ሺ�ିఈி − �ିሺଵିఈሻிሻ Equation 1-3
Avec � la constante réduite de Faraday, � le coefficient de transfert de charge, � la surtension à
l͛ĠleĐtƌode ou la suƌteŶsioŶ à tƌaǀeƌs la douďle ĐouĐhe ;�ௗ), et � le ĐouƌaŶt d͛ĠĐhaŶge.
c) La diffusion
Le tƌaŶspoƌt paƌ diffusioŶ ĐoŶĐeƌŶe le dĠplaĐeŵeŶt de ŵatiğƌe sous l͛effet du gƌadieŶt de poteŶtiel
chimique des milieux les plus concentrés vers les moins concentrés. Ce phénomène est le plus
compliqué à analLJseƌ daŶs l͛Ġtude de l͛aĐĐuŵulateuƌ et Ŷ͛est solliĐitĠ Ƌue pouƌ des foŶĐtioŶŶeŵeŶts
à très basse fréquence (� < ʹ ���) ou à fort courant [15][18].
d) Film de passivation
Lorsque le potentiel des électrodes négatives (resp. positives) est situé en dehors du domaine de
staďilitĠ ĠleĐtƌoĐhiŵiƋue, uŶe ƌĠduĐtioŶ ;ƌesp. dĠĐoŵpositioŶͿ paƌtielle de l͛ĠleĐtƌolLJte à la suƌfaĐe
des grains de matière active est alors observée [14][19]. Ce processus entraîne la consommation
d͛uŶe paƌtie du lithiuŵ et ĐƌĠe uŶe Đouche solide à la surface de ces électrodes, appelée « film de
passiǀatioŶ ». EŶ plus d͛uŶe diŵiŶutioŶ iƌƌĠǀeƌsiďle de la ĐapaĐitĠ de l͛aĐĐuŵulateuƌ, uŶe diŵiŶutioŶ
de la puissaŶĐe dispoŶiďle due à l͛augŵeŶtatioŶ de l͛iŵpĠdaŶĐe de l͛ĠleĐtƌode à Đause de la présence
de cette couche, est aussi observée. Ce film permet la migration des ions lithium lors de
l͛iŶseƌtioŶ/dĠsiŶseƌtioŶ daŶs le ŵatĠƌiau ĐaƌďoŶĠ, et empêche partiellement la réduction de
l͛ĠleĐtƌolLJte. Page | 16
e) Pertes ohmiques
Tout passage de courant dans l͛aĐĐuŵulateuƌ est aĐĐoŵpagŶĠ d͛uŶe Đhute de teŶsioŶ liĠe audž
ƌĠsistaŶĐes de l͛ĠleĐtƌolLJte, de l͛ĠleĐtƌode et des ĠlĠŵeŶts de ĐoŶŶedžioŶ. BieŶ Ƌue Đes ƌĠsistaŶĐes
soieŶt de faiďles ǀaleuƌs, elles soŶt la Đause pƌiŶĐipale des peƌtes paƌ effet Joule daŶs l͛accumulateur.
1.3.4 Des accumulateurs aux batteries
Toutes les technologies sont caractérisées par une faible tension nominale par rapport aux exigences
de la plupart des systèmes à alimenter et particulièrement des véhicules hybrides et électriques
(ͳ,ʹ � pour des accumulateurs de type ����, ͵,ʹ V pour une technologie Li-ion phosphate de fer
(������ସ), ͵, � pour une technologie de type Li-ioŶ à ďase d͛odžLJde de ĐoďaltͿ. Pouƌ oďteŶiƌ de
fortes capacités, on place plusieurs accumulateuƌs eŶ paƌallğle, Đe tLJpe d͛assoĐiatioŶ est dĠsigŶĠ
comme un étage. Pour obtenir le niveau de tension adéquat, on place en série plusieurs étages, on
paƌle aloƌs de ŵodules. L͛assoĐiatioŶ de plusieuƌs ŵodules est appelĠe uŶe ďatteƌie d͛aĐĐuŵulateuƌs
ou « pack batterie » ou plus couramment batterie (Figure 1-81-8).
Figure 1-8 : Lien entre accumulateurs et batteries – Exemple d’une batterie composée de 10
modules en série, chaque module contenant 5 accumulateurs de 2,3 Ah chacun en parallèle
(5p) mis en série 12 fois (12s).
1.4 Système de supervision de batterie
Le foŶĐtioŶŶeŵeŶt daŶs des ĐoŶditioŶs aŶoƌŵales d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ peut pƌoǀoƋueƌ des dĠgâts
ĐatastƌophiƋues. L͛eŵďalleŵeŶt theƌŵiƋue eŶ est uŶ edžeŵple. Ce phĠŶoŵğŶe se dĠĐleŶĐhe suƌtout
lors d͛uŶ Đouƌt-ĐiƌĐuit iŶteƌŶe ou uŶe suƌĐhaƌge. Assuƌeƌ la sûƌetĠ des ĠlĠŵeŶts d͛uŶ paĐk ďatteƌie
est donc indispensable pour le développement des HEVs et EVs.
Les ďatteƌies utilisĠes daŶs les ǀĠhiĐules soŶt souŵises à des pƌofils d͛usage Đoŵpledžes. EŶ effet, ces
pƌofils ƌeflğteŶt l͛utilisatioŶ ĐhaotiƋue de la tƌaĐtioŶ opĠƌĠe paƌ le ĐoŶduĐteuƌ loƌs de tƌajets et Ƌui se Page | 17
ĐaƌaĐtĠƌiseŶt paƌ des ǀitesses et puissaŶĐes ǀaƌiaďles et iƌƌĠguliğƌes. CoŶtƌaiƌeŵeŶt à l͛utilisatioŶ au
seiŶ d͛uŶ oƌdiŶateuƌ poƌtaďle ;paƌ exemple) constituée de charges et de décharges répétitives, les
profils automobiles peuvent être considérés comme aléatoires.
Un système de supervision, désigné comme le BMS (Battery Management system), est donc toujours
iŶtĠgƌĠ daŶs les HEVs et EVs afiŶ d͛assurer a minima la sûreté de fonctionnement des batteries.
1.4.1 Indices d’états
Paƌŵi les iŶdiĐateuƌs d͛Ġtat Ƌui s'aǀğƌeŶt iŵpoƌtaŶts pouƌ la gestioŶ de la ďatteƌie, oŶ peut Điteƌ
l'Ġtat de Đhaƌge et l͛Ġtat de saŶtĠ. DaŶs Đe paƌagƌaphe, oŶ s͛iŶtĠƌesse à leuƌ dĠfiŶitioŶ à l͛ĠĐhelle de
l͛aĐĐuŵulateuƌ, ŵais les ŵġŵes ŶotioŶs peuǀeŶt ġtƌe adaptĠes à l͛ĠĐhelle d͛uŶe ďatteƌie.
1.4.1.1 Etat de santé (���ሻ
Le ǀieillisseŵeŶt est la ŵodifiĐatioŶ, au fil du teŵps, des pƌopƌiĠtĠs de l͛aĐĐuŵulateuƌ. Il se tƌaduit
généralement par une baisse de la capacité nominale �ሺ�ℎሻ au fil de l͛utilisatioŶ ou du teŵps
[Ϯϱ][Ϯϲ]. L͛Ġtat de saŶtĠ ;��� pour « state of health ») est donc défini comme le rapport de la
ĐapaĐitĠ ŶoŵiŶale de l͛aĐĐuŵulateuƌ à l͛iŶstaŶt � paƌ ƌappoƌt à Đelle eŶ soƌtie d͛usiŶe à � :
��� = ,ሺ்ሻ
,బ
ሺ்ሻ
Equation 1-4
La capacité nominale variant avec la température, cet indice est généralement défini pour une
température de référence � donnée.
1.4.1.2 Etat de charge (���)
L͚Ġtat de Đhaƌge ou ��� (pour « state of charge ») représente le rapport des capacités stockée et
nominale à une température � donnée. Il est normalisé entre Ͳ et ͳͲͲ%.
��� =
�௦ሺ�ሻ
�ሺ�ሻ Equation 1-5
Le calcul par coulométrie permet de suivre facilement le ��� d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ. Il ĐoŶsiste à
calculer la quantité de charge retirée (décharge) ou injectée (charge) entre deux instants différents
loƌsƋue l͛aĐĐuŵulateuƌ est souŵis à uŶ ĐouƌaŶt � (Equation 1-6).
���ሺ�ଶ
ሻ− ���ሺ�ଵ
ሻ =
ͳ
͵ͲͲ�
ە
ۖ
۔
ۖ
ۓ− න ��� �� � < Ͳ ሺ�é�ℎ����ሻ
௧మ
௧భ
− න ƞ��� �� � > Ͳ ሺ�ℎ����ሻ
௧మ
௧భ
Equation 1-6
� est la capacité nominale en �ℎ, �ଵ et �ଶ sont les instants en � de dĠďut et fiŶ de l͛appliĐatioŶ du
courant �, ƞ est le ƌeŶdeŵeŶt faƌadiƋue Ƌui ƌepƌĠseŶte l͛effiĐaĐitĠ de ƌeĐhaƌge [ϮϬ].
DaŶs l͛appliĐatioŶ des ǀĠhiĐules hLJďƌides et ĠleĐtƌiƋues, le calĐul d͛iŶtĠgƌatioŶ s͛effeĐtue gƌâĐe à uŶe
valeur référence de temps et de la mesure du courant total du pack batterie ou de l͛aĐĐuŵulateuƌ. Page | 18
Les eƌƌeuƌs aĐĐuŵulĠes à Đause à l͛iŶtĠgƌatioŶ soŶt ĐoŵpeŶsĠes gƌâĐe au ƌeĐalage du ��� via une
mesure de tension lorsque celle-ci atteint les limites haute ou basse. Dans [52][88], plusieurs
méthodes de mesure du ��� sont détaillées.
1.4.2 Terminologie
Dans ce paragraphe, une définition est donnée pour la surveillance, le diagnostic et la supervision
des batteries. Cette terminologie est directement inspirée du domaine de la supervision des
systèmes complexes [23][24].
D͛uŶe ŵaŶiğƌe gĠŶĠƌale, la supeƌǀisioŶ d͛uŶ sLJstğŵe a pouƌ ďut de ƌĠagiƌ ĐoƌƌeĐteŵeŶt audž
ĐhaŶgeŵeŶts d͛Ġtats ĠǀeŶtuels de Đe sLJstğŵe ;dĠgƌadatioŶ, appaƌitioŶ de dĠfauts, …Ϳ afiŶ de
ŵaiŶteŶiƌ ses peƌfoƌŵaŶĐes et d͛assuƌeƌ la sĠĐuƌitĠ des ďieŶs et des personnes. Elle est constituée de
trois tâches principales :
l’étape de surveillance,
l’étape de diagnostic,
l’étape de décision.
L͛oďjeĐtif de la suƌǀeillaŶĐe ;ou « monitoring »Ϳ est la dĠteƌŵiŶatioŶ à ĐhaƋue iŶstaŶt de l͛Ġtat
ĐouƌaŶt du sLJstğŵe d͛iŶtĠƌêt. Cet état est constitué par un ensemble de symptômes dont il faut
détecter la présence et déterminer les caractéristiques. Il est important de noter que ces symptômes
ne sont pas des défauts, mais plutôt des indicateurs qui permettront la détection et la caractérisation
de défauts ou de défaillances dans une étape ultérieure. La tâche de monitoring est réalisée grâce
aux connaissances disponibles sur ce procédé, qui peuvent être de deux types :
- les connaissances a priori développées avant l’action de surveillance, constituées par
exemple par des modèles physiques du système,
- les connaissances en fonctionnement constituées par les observations faites sur le système
lors de son fonctionnement.
L͛Ġtape de diagŶostiĐ est l͛opĠƌatioŶ Ƌui ĐoŶsiste à ƌeŵoŶteƌ des symptômes et de leurs
ĐaƌaĐtĠƌistiƋues audž dĠfauts pƌĠseŶts daŶs le sLJstğŵe d͛iŶtĠƌġt. Cette Ġtape utilise doŶĐ les soƌties
de l͛Ġtape pƌĠĐĠdeŶte de suƌǀeillaŶĐe pouƌ fouƌŶiƌ uŶe liste de dĠfauts et de dĠfaillaŶĐes ĠǀeŶtuels
ainsi que leurs caractéristiques ;gƌaǀitĠ, loĐalisatioŶ…Ϳ.
EŶfiŶ, l͛Ġtape de dĠĐisioŶ ĐoŶsiste à ƌĠagiƌ ĐoƌƌeĐteŵeŶt à l͛appaƌitioŶ de dĠfauts et de dĠfaillaŶĐes
au seiŶ du sLJstğŵe, et à eŶtƌepƌeŶdƌe les aĐtioŶs ĐoƌƌeĐtes peƌŵettaŶt d͛assuƌeƌ la sûƌetĠ de
fonctionnement du procédé (changement de consigne, passage dans un mode dégradé de
foŶĐtioŶŶeŵeŶt, opĠƌatioŶ de ŵaiŶteŶaŶĐe, ƌĠpaƌatioŶ, ŵise hoƌs seƌǀiĐe…Ϳ.
Concernant les applications de gestion de batteries embarquées dans des HEVs et EVs, la
surveillance de la batterie (le système d͛iŶtĠƌġtͿ ĐoŶsiste à estiŵeƌ les iŶdiĐateuƌs d͛Ġtats ;les
symptômes) qui seront présentés dans le paragraphe suivant. Pour y parvenir, la tension et le Page | 19
courant sont le plus souvent observés (constituant les connaissances en fonctionnement). Des
connaissances a priori peuvent également être rajoutées en utilisant un modèle de batterie. Ensuite,
l͛Ġtape de diagŶostiĐ ĐoŶsiste eŶ gĠŶĠƌal à attƌiďueƌ uŶ seuil pouƌ ĐhaƋue iŶdiĐateuƌ. Paƌ edžeŵple uŶ
état de charge aux alentours de Ͳ% peut entrainer une surdéchaƌge si l͛aĐĐuŵulateuƌ ĐoŶtiŶue à
dĠďiteƌ du ĐouƌaŶt, ĐeĐi aLJaŶt des ĐoŶsĠƋueŶĐes ŶĠfastes suƌ l͛aĐĐuŵulateuƌ. L͛Ġtape de diagŶostiĐ
ĐoŶsisteƌa doŶĐ iĐi à Đoŵpaƌeƌ l͛Ġtat de Đhaƌge ĐouƌaŶt de l͛aĐĐuŵulateuƌ aǀeĐ uŶ seuil pƌĠdĠteƌŵiŶĠ
proche de Ͳ %. Une fois ce seuil franchi intervient la dernière étape du système de supervision : la
tâĐhe de dĠĐisioŶ. Pouƌ l͛edžeŵple pƌĠĐĠdeŶt de suƌdĠĐhaƌge, il s͛agiƌa de liŵiteƌ le ĐouƌaŶt puis
d͛ouǀƌiƌ le ĐoŶtaĐteuƌ de sĠĐuƌitĠ eŶ Đas de fƌaŶĐhisseŵeŶt du seuil afiŶ de ƌĠagir correctement à cet
événement particulier.
Les systèmes regroupant toutes ces fonctionnalités sont appelés systèmes de gestion ou de
supervision de batteries, ou plus communément « BMS » (pour Battery Management system).
1.5 L’accumulateur : objet de modélisation
AfiŶ d͛assuƌeƌ les diffĠƌeŶtes tâĐhes du BM“, la ŵodĠlisatioŶ des aĐĐuŵulateuƌs s͛aǀğƌe uŶ outil
essentiel pour comprendre et prédire leur fonctionnement dans un système aussi délicat que les
HEVs et EVs. Elle aide à développer des outils théoriques et pratiques nécessaires pour la
compréhension et la caractérisation des accumulateurs, siège de différents phénomènes
ĠleĐtƌoĐhiŵiƋues Đoŵpledžes. Ce ŵodğle doit s͛adapteƌ à Ŷ͛iŵpoƌte Ƌuel pƌofil de Đhaƌge suƌ uŶe
large variation du ��� de l͛aĐĐuŵulateur et à différentes températures de fonctionnement. Cette
seĐtioŶ est de Ŷatuƌe ďiďliogƌaphiƋue [Ϯϳ]. L͛oďjeĐtif Ŷ͛est pas de ƌeĐeŶseƌ tous les ŵodğles edžistaŶts
mais plutôt de se positionner par rapport aux travaux existants et souligner a posteriori les choix
adoptés dans cette thèse.
1.5.1 Boite Blanche
Il s͛agit des ŵodğles phLJsio-chimiques. Ce sont les modèles les plus précis et les plus utilisés par les
ĐoŶĐepteuƌs d͛aĐĐuŵulateuƌs pouƌ optiŵiseƌ les peƌfoƌŵaŶĐes d'uŶ aĐĐuŵulateuƌ [Ϯϳ]. Toutefois, ils
sont également les plus lents et les plus difficiles à configurer (paramètres basés sur la connaissance
de la structure, la chimie, la composition, la capacité, la température, et d'autres caractéristiques de
l͛aĐĐuŵulateuƌͿ. Paƌ edžeŵple, [Ϯϴ][Ϯϵ] oŶt dĠǀeloppé un modèle électrochimique isotherme qui
décrit la charge et la décharge d'un accumulateur au lithium pour un seul cycle. Ce modèle se base
suƌ la ƌĠsolutioŶ d͛ĠƋuatioŶs diffĠƌeŶtielles ŵettaŶt eŶ jeu les ĐoŶĐeŶtƌatioŶs des espğĐes eŶ
solution. Ces modèles peƌŵetteŶt de pƌĠdiƌe la teŶsioŶ de l͛aĐĐuŵulateuƌ eŶ foŶĐtioŶ du teŵps,
ŵais aussi les pƌofils de ĐoŶĐeŶtƌatioŶ au seiŶ des ĠleĐtƌodes et de l͛ĠleĐtƌolLJte [ϯϬ]. Ils peuǀeŶt aussi Page | 20
être utilisés pour définir les capacités disponibles à différents profils de sollicitation ou établir les
régimes optimaux de courant admissible.
1.5.2 Boite noire
Il s͛agit des modèles empiriques [27] consistant à établir une relation directe entre les conditions
d͛usage et les peƌfoƌŵaŶĐes de l͛aĐĐuŵulateuƌ ;ĐapaĐitĠ, ĠŶeƌgie, …Ϳ. Ces modèles sont les plus
faciles à configurer mais sont difficilement extrapolables. Les paramètres utilisés n'ont pas de
sigŶifiĐatioŶ phLJsiƋue, Đe Ƌui liŵite sĠƌieuseŵeŶt l͛aŶalLJse du ĐoŵpoƌteŵeŶt de l͛aĐĐuŵulateuƌ. La
loi de Peukert [14] est un exemple de ce genre de modèle. On peut aussi citer dans cette catégorie
les modèles basés sur la logique floue [31][32][33][34] ou ceux sur les réseaux de neurones
[35][36][37]. Bien que la précision, la vitesse et la complexité de ces modèles soient acceptables, le
ĐoŵpoƌteŵeŶt de l͛aĐĐuŵulateuƌ est dĠĐƌit paƌ des relations sans aucun lien direct avec les
phénomènes physico-ĐhiŵiƋues Ƌui s͛LJ dĠƌouleŶt. Paƌ ĐoŶsĠƋueŶt, l͛iŶteƌpƌĠtatioŶ phLJsiƋue des
résultats demeure difficile.
1.5.3 Boite grise
Au lieu de modéliser le ĐoŵpoƌteŵeŶt de l͛aĐĐuŵulateuƌ, soit eŶ dĠĐƌiǀaŶt les pƌoĐessus
électrochimiques, soit par approximation empirique, les modèles de type boite grise [27] tentent de
fournir une représentation équivalente du comportement d'un accumulateur. Bien que le nombre de
paramètres soit en général limité, ces modèles font appel à des tables qui nécessitent un effort de
configuration important.
Il s͛agit eŶ paƌtiĐulieƌ de la modélisation des accumulateurs par des circuits électriques équivalents
(���s) [38][39][40][41][42][43] qui constitue un outil essentiel pour les professionnels du génie
électrique. De tels circuits permettent de traduire le comportement électrique fréquentiel et
temporel des accumulateurs. Grâce à l'analogie entre les différents domaines de la physique-chimie
et le domaine de l'électricité, les circuits électriques peuvent, sous certaines conditions de linéarité,
approcher les différents phénomènes physico-chimiques présents dans un accumulateur au moyen
d͛ĠlĠŵeŶts passifs ;ƌĠsistaŶĐes, ĐapaĐités, inductances) et actifs (force électromotrice, source de
ĐouƌaŶt …Ϳ.
Il est important de distinguer les modèles statiques des modèles dynamiques. Les modèles statiques
ne prennent pas en compte les phénomènes transitoires et leur impédance est constituée
uniquement d'éléments résistifs, tandis que les modèles dynamiques sont capables de décrire les
phénomènes transitoires en utilisant des éléments dont les impédances sont complexes.
Suivant la gamme de validité du modèle, les paramètres de ces circuits peuǀeŶt iŶtĠgƌeƌ l͛iŶflueŶĐe
de diǀeƌs faĐteuƌs tels Ƌue la teŵpĠƌatuƌe, l͛Ġtat de Đhaƌge, le ĐouƌaŶt et l͛Ġtat de saŶtĠ. UŶe phase Page | 21
de ĐaƌaĐtĠƌisatioŶ pƌĠalaďle est aloƌs ƌĠalisĠe peƌŵettaŶt d͛Ġtaďliƌ le lieŶ eŶtƌe Đes paƌaŵğtƌes et les
différents facteurs.
Enfin, quelle que soit la complexité du modèle ��� utilisé, des modèles supplémentaires sont
ŶĠĐessaiƌes pouƌ pouǀoiƌ suiǀƌe l͛ĠǀolutioŶ du ��� ;ǀia le suiǀi de l͛��� par exemple), de la
température ;ǀia uŶ ŵodğle d͛ĠǀolutioŶ d͛uŶ ou plusieuƌs paƌaŵğtƌes du ���), et du ��� (via un
modèle d͛ĠǀolutioŶ d͛uŶ ou plusieuƌs paƌaŵğtƌes du ���).
1.5.3.1 Le modèle de Randles généralisé
L͛aĐĐuŵulateuƌ pƌĠseŶte des ĐoŵpoƌteŵeŶts ŵiĐƌosĐopiƋues tƌğs Đoŵpledžes et des phĠŶoŵğŶes
internes fortement couplés. Randles a proposé un circuit électrique équivalent (Figure 1-91-9) en les
traduisant avec des composants électriques [44].
Figure 1-9 : Circuit de Randles.
Une interprétation préalable des composants est possible. Le modèle (Figure 1-91-9) renferme une
résistance ohmique (�) et une inductance (�) en série modélisant les effets des électrodes, de
l͛ĠleĐtƌolLJte et de la ĐoŶŶeĐtiƋue. Le comportement de la double couche peut être associé à la
capacité �ௗ alors que la cinétique de la réaction électrochimique peut être décrite par la résistance
de transfert de charge (�௧Ϳ. “eloŶ soŶ ŵodğle, le poteŶtiel d͛ĠƋuiliďƌe est représenté par une source
de tension idéale (���). Enfin le phénomène de diffusion, connu pour être difficile à étudier, est
modélisé par une impédance de Warburg ( �� Ϳ. Tƌois Đas d͛iŵpĠdaŶĐe de Waƌďuƌg soŶt
gĠŶĠƌaleŵeŶt utilisĠs seloŶ l͛Ġpaisseuƌ de la couche de diffusion [18] : épaisseur semi-infinie,
Ġpaisseuƌ fiŶie eŶ pƌĠseŶĐe de la ĐoŶǀeĐtioŶ ou de l͛hLJpothğse de NeƌŶst, et Ġpaisseuƌ fiŶie à tƌaǀeƌs
un film mince. Ces impédances peuvent être généralisées en intégrant des exposants non entiers
dans leur expression.
Aussi, afiŶ de pƌĠseŶteƌ les ĠƋuatioŶs ĐoƌƌespoŶdaŶtes à ĐhaƋue Đas, il s͛aǀğƌe ŶĠĐessaiƌe
d͛iŶtƌoduiƌe ƌapideŵeŶt des ĐoŵposaŶts à iŵpĠdaŶĐe d͛oƌdƌe ŶoŶ eŶtieƌ appelĠs ĠlĠŵeŶts à phase
constante (��� pour « Constant Phase Element »Ϳ [ϰϱ][ϰϲ] et pƌĠseŶtĠs plus eŶ dĠtails daŶs l͛AŶŶedže
A de Đe ŵĠŵoiƌe. La foƌŵule gĠŶĠƌale de l͛iŵpĠdaŶĐe d͛uŶ ��� est donnée par :
�ாሺ�ሻ =
ͳ
�ሺ�ʹ��ሻ
Ͳ � ͳ Equation 1-7 Page | 22
�� ൜
� = ͳ: �������é ����
� = Ͳ: �é�������� ����
� est une constante et � est un complexe tel que �ଶ = −ͳ, � étant la fréquence, � ĠtaŶt l͛oƌdƌe ŶoŶ
entier du ���. Dans cette étude, un ��� va être connecté en parallèle à une résistance �. Afin de
clarifier la notion du ���, l͛iŵpĠdaŶĐe du ĐiƌĐuit �//��� est tracée à la Figure 1-101-10 pour
différentes valeurs de �.
Figure 1-10 : Diagramme de Nyquist de ��//��� pour différentes valeurs de � [47].
Normalement, un système réel dépend non seulement de son état actuel mais également de ses
états passés. La dériǀĠe d͛oƌdƌe ŶoŶ-eŶtieƌ d͛uŶe foŶĐtioŶ �ሺ�ሻ permet de prendre en compte les
valeurs de �ሺ�ሻ à tous les instants � < Ͳ gƌâĐe à l͛iŶtĠgƌatioŶ Ƌui appaƌaît ŶatuƌelleŵeŶt daŶs les
dĠfiŶitioŶs pƌĠseŶtĠes daŶs l͛aŶŶedže A. Elle fournit donc une caractérisation globale de �ሺ�ሻ. C͛est
cet effet mémoire qui fait de la dérivation non-entière un outil intéressant pour modéliser
ĐoƌƌeĐteŵeŶt les phĠŶoŵğŶes ĐapaĐitifs et diffusifs Ƌui oŶt lieu au seiŶ d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ.
EŶ foŶĐtioŶ du Đas ĐoŶsidĠƌĠ, l͛iŵpĠdaŶĐe de diffusion est exprimée de manière différente [18]
(Figure 1-111-11) :
la diffusion semi-infinie est correctement modélisée par un ��� [18],
la diffusion finie d’après l’hypothèse de Nernst [18] est modélisée par :
�ௐሺ�ሻ = �
���ℎሺ���ሻ
ሺ���ሻ
Equation 1-8
A tƌğs ďasses fƌĠƋueŶĐes, l͛iŵpĠdaŶĐe de Waƌďuƌg pƌĠseŶte le ĐoŵpoƌteŵeŶt d͛uŶe ƌĠsistaŶĐe. C͛est
pourquoi on parle de « circuit fermé ».
la diffusion finie à travers un film mince [18] est modélisée par :
�ௐሺ�ሻ = �
���ℎሺ���ሻ
ሺ���ሻ
Equation 1-9
La paƌtie iŵagiŶaiƌe teŶd ǀeƌs l͛iŶfiŶi pouƌ les fƌĠƋueŶĐes ďasses Đe Ƌui ĐoƌƌespoŶd à l͛iŵpĠdaŶĐe
d͛uŶe ĐapaĐitance ou à un état de « circuit ouvert ».
Ces phĠŶoŵğŶes diffusifs seƌoŶt ŶĠgligĠs daŶs la suite de la thğse ǀu Ƌu͛ils Ŷe soŶt solliĐitĠs Ƌue pouƌ
des fréquences extrêmement basses. Page | 23
Figure 1-11 : Trois types d’impédance de Warburg [18].
1.5.3.2 Application aux cellules LiFePO4
Le modèle classique de Randles donné à la Figure 1-91-9 et ďasĠ suƌ des iŵpĠdaŶĐes d͛oƌdƌe eŶtieƌ
Ŷ͛est pas approprié pour décrire finement le comportement macroscopique complexe de
l͛aĐĐuŵulateuƌ. AfiŶ de ŵodĠliseƌ ĐoƌƌeĐteŵeŶt uŶ aĐĐuŵulateuƌ, le ƌeĐouƌs à l͛utilisatioŶ des ����
s͛aǀğƌe iŶtĠƌessaŶt, et paƌtiĐuliğƌeŵeŶt pouƌ ŵodĠliseƌ l͛effet de ĐouĐhe douďle et du filŵ de
passiǀatioŶ. C͛est pouƌƋuoi le ŵodğle de ‘aŶdles gĠŶĠƌalisĠ ;Figure 1-121-12) consistant à introduire
dans le circuit classique deux de ces termes, ��� et ���ௗ, a été proposé dans K.DONG [18] pour
modéliser un accumulateur de type ������ସ.
Figure 1-12 : Modèle de batteries LiFePO4 [18].
L͛ĠƋuatioŶ aŶalLJtiƋue de l͛iŵpĠdaŶĐe totale de Đe ĐiƌĐuit où l͛iŵpĠdaŶĐe de Waƌďuƌg est ŶĠgligĠe est
donc finalement donnée par :
�௬௧௨ ሺ�ሻ = � + ʹπ��� +
�
ͳ + ��ሺʹπ��ሻ
+
�௧
ͳ + �௧�ௗሺʹπ��ሻ
Equation 1-10
Le Tableau 1-2 ƌĠĐapitule l͛eŶseŵďle des paƌaŵğtƌes de Đe ŵodğle aiŶsi Ƌue les phĠŶoŵğŶes Ƌue
[18] a essayé de leur associer.
� Résistance des électrodes, électrolytes et connexions
� Inductance de connexions
� Résistance du film de passivation
�, � Paramètres du ��� : effet du film de passivation Page | 24
�௧ Résistance de transfert de charge
�ௗ, �ௗ Paramètres du ���ௗ : effet de la double couche
Tableau 1-2 : Récapitulatif des paramètres du ��� de Randles amélioré.
Le simulateur associé (Annexe C), développé sous Matlab/Simulink à l͛INE“4
[18][20][48], a montré
de ďoŶŶes peƌfoƌŵaŶĐes loƌs d͛edžpĠƌiŵeŶtatioŶs ŵeŶĠes suƌ des aĐĐuŵulateuƌs gƌaphite ������ସ
de la compagnie A123 Systems Ltd, de capacité nominale ʹ,͵ �ℎ et de tension nominale de ͵,͵� (cf.
Annexe B). Le modèle présenté ici sera donc celui utilisé dans la suite de ce mémoire, et le
simulateur correspondant sera utilisé pour la réalisation des études en simulations, préliminaires à la
phase expérimentale.
1.6 Circuit électrique équivalent et notion d’impédance électrique
La validité des ���� précédents est basée sur les hypothèses suivantes :
Un ��� est défini et valable uniquement autour d’un point de fonctionnement donné.
L’amplitude des fluctuations de courant à l’entrée de l’accumulateur reste faible. Par
conséquent, l’accumulateur modélisé autour du point de fonctionnement choisi peut être
considéré comme linéaire.
Sous les hypothèses précédentes et pour un point de fonctionnement fixe, l’accumulateur
peut être considéré comme un système linéaire et invariant dans le temps (LIT) pour lequel
les notions de fonction de transfert et de réponse fréquentielle sont parfaitement définies,
comme il est montré dans le chapitre suivant.
Dans ce cas, l’impédance électrique définie par l’Equation 1-10 correspond à la réponse
fréquentielle du système LIT constitué par l’accumulateur au point de fonctionnement fixe
considéré, dont l’entrée est le courant parcourant cet accumulateur, et la sortie la tension à
ses bornes.
Cette impédance dépend des différents éléments du ��� choisi et contient donc la majeure partie
de l͛iŶfoƌŵatioŶ liĠe audž phĠŶoŵğŶes phLJsiƋues Ƌui pƌeŶŶeŶt plaĐe daŶs l͛aĐĐuŵulateuƌ. Elle est
doŶĐ iŵpoƌtaŶte à ĐalĐuleƌ pouƌ sa ĐaƌaĐtĠƌisatioŶ et/ou sa suƌǀeillaŶĐe. C͛est suƌ Đette deƌŶiğƌe
remarque que repose la démarche suivie dans les chapitres suivants.
4
Institut National de l’Energie SolairePage | 25
Chapitre 2 : Identification de l’impédance électrique d’un
accumulateur
L͛ideŶtifiĐatioŶ de sLJstğŵes est uŶ eŶseŵďle de ŵĠthodes ǀisaŶt à ŵodĠliseƌ les sLJstğŵes
dynamiques à partir de données expérimentales. Elle consiste à déterminer un modèle
mathématique du système en utilisant et en analysant ses entrées et ses sorties. Si ce modèle
mathématique repose sur un ensemble fini de paramètres, on parle d'identification
« paramétrique ». L͛ideŶtifiĐatioŶ paƌaŵĠtƌiƋue permet dans la plupart des cas de faciliter la
synthèse de lois de commande, ce qui en fait un outil très apprécié dans le domaine de
l͛autoŵatiƋue. “i le ŵodğle ŵathĠŵatiƋue ĐoŶsiste eŶ uŶe foŶĐtioŶ Ƌui ĐaƌaĐtĠƌise le sLJstğŵe à
identifier, comme la fonction de transfert ou les réponses impulsionnelle ou fréquentielle d'un
sLJstğŵe liŶĠaiƌe et iŶǀaƌiaŶt daŶs le teŵps, oŶ paƌle aloƌs d͛ideŶtifiĐatioŶ « non paramétrique ». De
plus, deux approches différentes de l'identification peuvent être envisagées. Si les entrées du
système sont imposées par l'utilisateur spécifiquement pour l'identification, on parle d'approche «
active ». Par contre, si on utilise les signaux d'entrée et de sortie du système en fonctionnement,
sans ajouter aucun signal supplémentaire pour l'identification, on parle d'approche « passive ».
DaŶs Đe Đhapitƌe, Đ͛est l͛ideŶtifiĐatioŶ ŶoŶ paƌaŵĠtƌiƋue aĐtiǀe Ƌui est Đhoisie. EŶ effet, uŶe fois
liŶĠaƌisĠ autouƌ d͛uŶ poiŶt de foŶĐtioŶŶeŵeŶt, le système peut être caractérisé par sa réponse
fréquentielle, autrement dit son impédance électrique. Cette grandeur constitue donc un modèle
non-paƌaŵĠtƌiƋue de l͛aĐĐuŵulateuƌ ǀalaďle autouƌ du poiŶt de foŶĐtioŶŶeŵeŶt ĐoŶsidĠƌĠ. L͛oďjeĐtif
des méthodes développées dans ce chapitre est de réaliser une estimatioŶ pƌĠĐise de l͛iŵpĠdaŶĐe
ĠleĐtƌiƋue d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ autouƌ d͛uŶ poiŶt de foŶĐtioŶŶeŵeŶt eŶ eŵploLJaŶt uŶ sigŶal d͛eŶtƌĠe
dĠdiĠ à l͛ideŶtifiĐatioŶ et eŶ ŵesuƌaŶt le sigŶal de soƌtie ĐoƌƌespoŶdaŶt. De plus, les ŵĠthodes
présentées devront permettre de suiǀƌe l͛ĠǀolutioŶ de Đette iŵpĠdaŶĐe au Đouƌs du teŵps.
Ce Đhapitƌe Ġtaďlit tout d͛aďoƌd les hLJpothğses de tƌaǀail Ƌui seƌoŶt ƌespeĐtĠes tout au loŶg de
l͛Ġtude. EŶsuite, uŶ Ġtat de l͛aƌt suƌ les ŵĠthodes ĐouƌaŵŵeŶt utilisĠes ;paƌaŵĠtƌiƋues et ŶoŶ
paramétriƋuesͿ pouƌ ideŶtifieƌ l͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ est pƌĠseŶtĠ. EŶfiŶ, la
possibilité d'employer des méthodes d'identification large-bande pour estimer cette impédance
ĠleĐtƌiƋue suƌ des ďaŶdes de fƌĠƋueŶĐe doŶŶĠes seƌa ĠtudiĠe. L͛iŶtĠƌġt ŵajeur de cette approche
seƌa la possiďilitĠ d͛ġtƌe iŵplaŶtĠe sous foƌŵe ƌĠĐuƌsiǀe et doŶĐ eŶ teŵps-réel, et embarqué dans les
véhicules. Page | 26
2.1 Hypothèses de travail
Le système en étude (accumulateur), ayant pour entrée le courant de polarisation �ௗ (courant
ĐoŶtiŶu appliƋuĠ à l͛aĐĐuŵulateuƌͿ auquel est superposée une composante alternative de faible
amplitude ∆�ሺ�ሻ , et pour sortie la réponse en tension correspondante, a en général un
ĐoŵpoƌteŵeŶt ŶoŶ liŶĠaiƌe [ϰϵ][ϱϬ]. CepeŶdaŶt, l͛ideŶtification non paramétrique proposée dans
Đette Ġtude est ƌestƌeiŶte audž sLJstğŵes liŶĠaiƌes et iŶǀaƌiaŶts daŶs le teŵps ;LITͿ. Pouƌ Ƌu͛elle
aboutisse à des résultats valables, il faut que les conditions expérimentales permettent une
linéarisation locale autouƌ d͛uŶ poiŶt de foŶĐtioŶŶeŵeŶt fidže. Ce deƌŶieƌ est assoĐiĠ à uŶ eŶseŵďle
de paramètres qui doivent tous pouvoir être considérés comme constants au cours de la mesure. Le
pƌeŵieƌ de Đes paƌaŵğtƌes est l͛iŶteŶsitĠ du ĐouƌaŶt de polaƌisatioŶ Ƌui est ďieŶ Đonstante. Les
autƌes paƌaŵğtƌes soŶt ƌelatifs à l͛Ġtat gloďal de l͛aĐĐuŵulateuƌ : son ���, son ��� et sa
température �. Tout d͛aďoƌd, le ��� est considéré naturellement constant étant donné sa
dLJŶaŵiƋue tƌğs leŶte. EŶsuite, l͛aĐĐuŵulateuƌ foŶĐtioŶne dans un régime stable établi à température
ambiante : sa température est donc également considérée constante. Finalement, le ��� est
effeĐtiǀeŵeŶt plus ou ŵoiŶs ǀaƌiaďle duƌaŶt la ŵesuƌe ;seloŶ l͛iŶteŶsitĠ du ĐouƌaŶt de polaƌisatioŶͿ.
Cependant, en respeĐtaŶt uŶ Đoŵpƌoŵis eŶtƌe la duƌĠe de ŵesuƌe et l͛iŶteŶsitĠ du ĐouƌaŶt de
polarisation, une variation de ��� limitée à ʹ% est considérée comme acceptable. Sous les
hLJpothğses pƌĠĐĠdeŶtes, le poiŶt de foŶĐtioŶŶeŵeŶt autouƌ duƋuel l͛aĐĐuŵulateuƌ foŶĐtionne peut
être considéré comme fixe. La composante alternative ��ሺ�ሻ superposée au courant de polarisation
doit ĠgaleŵeŶt ġtƌe d͛aŵplitude suffisaŵŵeŶt faiďle pouƌ peƌŵettƌe la liŶĠaƌisatioŶ du sLJstğŵe. OŶ
ĐoŶsidğƌe daŶs la suite Ƌu͛elle Ŷe doit pas pƌovoquer plus de ʹͲ à ͶͲ �� de variation sur la réponse
en tension [51], une amplitude de ͳͷͲ �� est alors admise (soit un régime de �/ͳͷ).
Pour récapituler, les hypothèses de travail se résument à :
une durée de mesure suffisamment faible pour que le ��� ne varie pas de plus de ʹ%.
une composante alternative ∆�ሺ�ሻ suffisamment faible, correspondant à une amplitude de
�/ͳͷ.
Sous ces conditions, l'accumulateur sera considéré comme un système LIT autour du point de
fonctionnement fixe, et donc pouvant être caractérisé par sa réponse fréquentielle. Cette dernière
ƌelie le ĐouƌaŶt d'eŶtƌĠe et la teŶsioŶ de soƌtie de l͛aĐĐuŵulateuƌ, il s'agit doŶĐ d'uŶe iŵpĠdaŶĐe
électrique.
2.2 Etat de l’art
Dans la littérature, on trouve plusieurs paramètres électriques dont la définition est plus ou moins
siŵpleŵeŶt ƌeliĠe à Đelle de l͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ. La teƌŵiŶologie est
changeante, ce qui rend parfois difficile la compréhension de la grandeur mesurée. Page | 27
2.2.1 Identification de la résistance interne
Le modğle ĠleĐtƌiƋue le plus siŵple d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ est uŶe souƌĐe de teŶsioŶ eŶ sĠƌie aǀeĐ uŶe
résistance. Cette dernière englobe les résistances dues aux processus électrochimiques ainsi que
Đelles des ĐoŶŶedžioŶs. Ce teƌŵe de ƌĠsistaŶĐe Ŷ͛est pas dĠfiŶi de façon claire définitive, chaque
définition dépendant de la technique de mesure utilisée [52].
2.2.1.1 Mesure par milliohmmètre
EŶ appliƋuaŶt uŶ sigŶal d͛edžĐitatioŶ siŶusoïdal à haute fƌĠƋueŶĐe ;tLJpiƋueŵeŶt ͳ ��� ), le
ŵilliohŵŵğtƌe doŶŶe diƌeĐteŵeŶt la paƌtie ƌĠelle de l͛iŵpĠdaŶĐe Đoŵpledže de l͛aĐĐuŵulateuƌ à
cette fréquence [52].
2.2.1.2 Temps de repos (period-of-rest)
Le ĐouƌaŶt de dĠĐhaƌge appliƋuĠ à l͛aĐĐuŵulateuƌ est iŶteƌƌoŵpu ďƌutaleŵeŶt Đe Ƌui Đause apƌğs
une certaine durée de repos �, une variation ∆� suƌ la teŶsioŶ de l͛aĐĐuŵulateuƌ. La ƌĠsistaŶĐe
iŶteƌŶe de l͛aĐĐuŵulateuƌ, dite aussi ƌĠsistaŶĐe dLJŶaŵiƋue [ϱϮ], est aloƌs dĠfiŶie paƌ :
�ௗሺ�ሻ =
∆�ሺ�ሻ
�
Equation 2-1
2.2.1.3 Impulsion de courant
Une impulsion de courant ∆� est appliquée après une période de repos ou ajoutée à un courant de
Đhaƌge ou de dĠĐhaƌge dĠjà appliƋuĠ à l͛aĐĐuŵulateuƌ. UŶe ǀaƌiatioŶ ∆� est ensuite observée après
une durée �. Une nouvelle définition de la résistance interne peut alors être établie [53] :
�ௗሺ�ሻ =
∆�ሺ�ሻ
∆�
Equation 2-2
2.2.1.4 Interprétation
Dans ces deux dernières techniques, la résistance interne dépend fortement du temps de repos
T [52]. [52] présente que sur les technologies de batterie au plomb et nickel-cadmium, on a :
si � < ͳͲ ��, �ௗ correspondra au terme � du circuit de Randles amélioré (Figure 1-12),
si � ~ ͳ �, les processus à constantes de temps supérieures à ͳ � influent sur la mesure et
�ௗ dépendra des termes � et �,
si � > ͳ ���, les processus lents s’ajoutent et �ௗ dépendra d’une relation entre �, � et �௧
du circuit de Randles amélioré.
Afin de comprendre la relation entre la grandeur résistive estimée par le simple rapport tension sur
courant et les termes résistifs du ��� de la Figure 1-12, une simulation a été réalisée en se référant
au circuit électrique paramétré sur des cellules A123 ʹ,͵ �ℎ tel que présenté au chapitre précédent
(paragraphe 1.5.3.2.). Un échelon de courant est appliqué en entrée du simulateur. Les valeurs du Page | 28
rapport tension sur courant calculées (�ௗ) apƌğs diffĠƌeŶts teŵps d͛atteŶte soŶt ĐoŵpaƌĠes audž
termes résistifs connus du ��� choisi (Figure 2-12-1). On observe que :
- le terme � associé à la résistance Joule (électrodes et électrolyte) est mesurable pour des durées
inférieures à Ͳ,ͳ �� ce qui nécessite des systèmes de métrologie à fréquences d’acquisition
élevées. Cette grandeur est intéressante vu qu’elle est souvent liée aux ��� et ��� [52] [53]
pour certaines technologies d’accumulateurs.
- une valeur de résistance peut correspondre à la somme des contributions des termes � et �, ce
qui peut s’observer notamment au niveau du coude formé par l’allure de la réponse en tension,
- un temps d’attente long sur la réponse en tension fournit une valeur de résistance plus grande
mais sans sens physique précis.
Figure 2-1 : Estimation de la résistance via le rapport de ∆�
∆�
en utilisant le simulateur et
comparaison avec les valeurs des paramètres du ��� implanté.
2.2.1.5 Exploitation
La ƌĠsistaŶĐe dLJŶaŵiƋue ŵesuƌĠe Ŷ͛est Ŷi uŶe ƌĠsistaŶĐe puƌe Ŷi le ŵodule de l͛iŵpĠdaŶĐe
électrique à une fréquence donnée [52]. Cependant, les deux dernières techniques (temps de repos
et impulsion de courant) citées ci-dessus sont généralement utilisées en raison de leur simplicité de
ŵise eŶ œuǀƌe. Elles ŶĠĐessiteŶt uŶe ǀaƌiatioŶ de ĐouƌaŶt eŶ eŶtƌĠe du sLJstğŵe. DaŶs ĐeƌtaiŶes
appliĐatioŶs ;ǀĠhiĐules ƌoulaŶtͿ Đette ǀaƌiatioŶ est ŶatuƌelleŵeŶt gĠŶĠƌĠe. DaŶs d͛autƌes ;ďatteƌies
des véhicules en charge ou UPS (Uninterruptible Power Supply) en mode de veille), on se permet de
générer une variation de durée juste suffisante pour effectuer les mesures [24].
La quantité obtenue �ௗ a fait l͛oďjet d͛Ġtudes pouƌ dĠteƌŵiŶeƌ uŶe possiďle ƌelatioŶ aǀec les indices
d͛Ġtat ��� et ��� de l͛aĐĐuŵulateuƌ, saŶs pouƌ autaŶt l͛assoĐieƌ à des pƌoĐessus ĠleĐtƌoĐhiŵiƋues
[52][54]. Notamment, il a été montré l͛utilitĠ de Đe paƌaŵğtƌe au diagŶostiĐ du ��� [52][55][56][57]. Page | 29
EtaŶt doŶŶĠes les ĐoŶtƌaiŶtes d͛ĠĐhaŶtilloŶŶage d͛uŶ sLJstğŵe eŵďaƌƋuĠ, Đette ŵĠthode Ŷe seŵďle
pas permettre de déterminer directement la valeur de la résistance � car il faudrait alors
échantillonner à haute fréquence. L͛ĠǀolutioŶ de la ŵesuƌe du teƌŵe � + � peut toutefois
peƌŵettƌe de suiǀƌe l͛ĠǀolutioŶ de Đet iŶdiĐateuƌ d͛Ġtat.
2.2.2 Spectroscopie d’impédance électrique (SIE)
La speĐtƌosĐopie d͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue ;“IEͿ, appelĠe aussi teĐhŶiƋue d͛aŶalLJse paƌ haƌŵoŶiƋue
(AH) [58][51][59][60], est particulièrement utile et efficace pour étudier la dynamique des
processus électrochimiques et physiques aux interfaces électrode/électrolyte [60]. Elle a également
été utilisée pour caractériser l'impédance d'accumulateurs électriques [61]. Elle permet de
déconvoluer les phénomènes à constantes de temps différentes.
Cette méthode consiste à appliquer une excitation sinusoïdale et à mesurer la réponse de
l͛aĐĐuŵulateuƌ. La solliĐitatioŶ peut ġtƌe eŶ ĐouƌaŶt ou eŶ teŶsioŶ ; on parle alors respectivement
des modes galvanostatique ou potentiostatique.
DaŶs le Đas d͛uŶ essai galvanostatique, le courant continu (nommé aussi courant de polarisation) est
contrôlé et une composante alternative sinusoïdale
i(t) Imax sin(2Sft) lui est superposée. Le
sLJstğŵe ĠtaŶt liŶĠaƌisĠ autouƌ d͛uŶ poiŶt de foŶĐtioŶŶeŵeŶt, la ƌĠpoŶse eŶ teŶsioŶ de
l͛aĐĐuŵulateuƌ est ŵesuƌĠe et ĐoŶsidĠƌĠe de la foƌŵe suiǀaŶte :
v(t) Vmax sin(2Sft M). En utilisant
Đes deudž gƌaŶdeuƌs, l͛iŵpĠdaŶĐe Đoŵpledže de l͛aĐĐuŵulateur est donnée dans le domaine
fréquentiel par :
*exp( ( )) )(
)(
max
max fj
I
V f
Z f
est M Equation 2-3
Dans les deux modes, en balayant une gamme de fréquence donnée, fréquence par fréquence, une
bonne estimation de l'impédance complexe de l͛aĐĐuŵulateuƌ peut ġtƌe oďteŶue.
2.2.3 Vers une rupture inévitable des méthodes classiques
BieŶ Ƌu͛elles soieŶt siŵples et faĐiles à ŵettƌe eŶ œuǀƌe, les ŵĠthodes d͛ideŶtifiĐatioŶ paƌtielle de
l͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue d͛uŶ aĐĐuŵulateuƌ Ŷ͛oŶt pas la ƌiĐhesse fƌéquentielle nécessaire pour
l͛aŶalLJse fiŶe de soŶ ĐoŵpoƌteŵeŶt.
EŶ Đe Ƌui ĐoŶĐeƌŶe l͛AH, elle ƌeste diffiĐile à utiliseƌ pouƌ des appliĐatioŶs eŵďaƌƋuĠes telles Ƌue
pouƌ les EVs et HEVs où le Đoût de l͛ĠleĐtƌoŶiƋue ŶĠĐessaiƌe à soŶ iŵplaŶtatioŶ ƌeste pƌohibitif.
UŶ autƌe poiŶt faiďle de Đes ŵĠthodes est à souligŶeƌ. EŶ effet, l͛iŵpĠdaŶĐe ĠleĐtƌiƋue est uŶe
gƌaŶdeuƌ iŶtĠƌessaŶte pouƌ oďteŶiƌ des iŶfoƌŵatioŶs suƌ les iŶdiĐes d͛Ġtats de l͛aĐĐuŵulateuƌ.
Toutefois, pour pouvoir suivre leur évolution dans le temps, elle doit être estimée à plusieurs dates
teŵpoƌelles ĐoŶsĠĐutiǀes. Oƌ, aǀeĐ l͛AH paƌ edžeŵple, ĐhaƋue Ŷouǀelle estiŵatioŶ de l͛iŵpĠdaŶĐe
https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01066805/document
G´en´eration de mod`eles num´eriques de surface et
d´etection de changements 3D `a partir d’imagerie
satellite st´er´eoscopique tr`es haute r´esolution
Cyrielle Gu´erin
To cite this version:
Cyrielle Gu´erin. G´en´eration de mod`eles num´eriques de surface et d´etection de changements
3D `a partir d’imagerie satellite st´er´eoscopique tr`es haute r´esolution. Other. Universit´e Ren´e
Descartes - Paris V, 2014. French. .
HAL Id: tel-00953485
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00953485
Submitted on 28 Feb 2014
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´emanant des ´etablissements d’enseignement et de
recherche fran¸cais ou ´etrangers, des laboratoires
publics ou priv´es.THESE DE DOCTORAT DE `
l’UNIVERSITE PARIS DESCARTES ´
Sp´ecialit´e : Informatique
Ecole doctorale Informatique, T´el´ecommunications et ´ Electronique (Paris) ´
Pr´esent´ee par
Cyrielle GUERIN
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR de l’UNIVERSITE PARIS DESCARTES ´
G´en´eration de Mod`eles Num´eriques de Surface et D´etection de
Changements 3D `a Partir d’Imagerie Satellite St´er´eoscopique
Tr`es Haute R´esolution
soutenue le 18 f´evrier 2014
devant le jury compos´e de :
M. Pascal Monasse Rapporteur
M. Laurent Polidori Rapporteur
M. Andres Almansa Examinateur
M. Bruno Vallet Examinateur
Mme. Nicole Vincent Examinatrice
M. Renaud Binet Encadrant
M. Marc Pierrot-Deseilligny Directeur de th`ese2Remerciements
Avant tout, mes remerciements vont `a Renaud Binet et Marc Pierrot-Deseilligny, initiateurs
et encadrants de ce sujet de th`ese qui m’a captiv´e pendant ces trois ann´ees. Merci `a Marc de
m’avoir fait d´ecouvrir MicMac et la programmation dynamique que j’utilise maintenant partout !
Merci Renaud pour ton enthousiasme, tes nombreuses id´ees au cours de la th`ese et surtout pour
m’avoir beaucoup appris dans le domaine de l’imagerie optique.
Je tiens aussi `a remercier la DGA d’avoir financ´e ces travaux. Participer `a ce programme a ´et´e
tr`es motivant.
Merci `a Philippe Blanc, toujours de tr`es bon conseil et `a Bruno Vallet pour le travail tr`es enrichissant
que nous avons r´ealis´e ensemble.
Merci `a toute l’´equipe du CALTECH pour m’avoir invit´ee dans vos murs et fait d´ecouvrir
d’autres pistes de recherche ! Merci S´ebastien pour toute l’aide que tu m’as apport´ee durant
ce stage mais aussi pour m’avoir fait visiter ce petit bout des Etats–Unis ! J’esp`ere que notre ´
collaboration ne s’arrˆetera pas l`a.
Je tiens aussi `a remercier les enseignants du Master 2 de l’EGID et surtout Samia Boukir et
Nesrine Chehata. Merci de m’avoir incit´ee `a continuer dans la recherche quand je n’´etais qu’´etudiante
en master ! J’esp`ere Nesrine qu’on se retrouvera encore souvent pour des conf´erences,
IGARSS a ´et´e un tr`es bon moment.
Je n’oublie sˆurement pas tout le labo TSE avec lequel j’ai travaill´e pendant ces trois ann´ees.
Merci bien sˆur `a Philippe pour m’avoir accueillie dans ce labo et m’avoir encourag´ee tout au
long de la th`ese. Un grand bravo `a Adrien pour m’avoir cˆotoy´ee dans le mˆeme bureau pendant
plus de 2 ans ! Tu resteras mon irrempla¸cable coll`egue de bureau et ami.
Merci `a Thierry d’avoir toujours eu confiance en moi et de m’avoir soutenu tous les jours, bon
3ou moins bon...Merci `a B´eatrice pour nos collaborations sur divers projets. Merci `a Philippe,
Rodolphe et Eric pour avoir accept´e de relire cette th`ese. Finalement merci `a vous tous, ¸ca a ´et´e
un r´eel plaisir de travailler avec vous dans ce labo.
Merci aussi `a tous ceux que j’ai rencontr´ee durant cette th`ese. Merci `a Franck pour d’inoubliables
conversations et fous rires si d´ecompressants sur la ligne C3 ! Je te souhaite le meilleur pour ta
nouvelle carri`ere et j’esp`ere qu’on ne se perdra pas de vue. Bien sˆur, je remercie Boris, rencontr´e
de fa¸con si inopin´e et qui s’est r´ev´el´e ˆetre un ami tr`es pr´ecieux, merci d’avoir pass´e ces heures `a
m’´epauler pour mon article, tu m’as beaucoup apport´e. You rock !
Merci enfin `a mes parents et `a mes soeurs, vous m’avez soutenue durant toutes ces ann´ees
d’´etudes. J’ai pu compter sur votre soutien inflexible lors de mes plus grandes p´eriodes de stress.
Du fond du coeur, merci. C’est `a vous que je d´edie cette th`ese.
4R´esum´e
L’imagerie satellite permet aujourd’hui l’acquisition d’un nombre croissant de donn´ees dont
l’augmentation des r´esolutions spatiale et temporelle permet de caract´eriser de plus en plus finement
une sc`ene et son ´evolution. Dans ce contexte, les m´ethodes de d´etection des changements
apparus entre deux sc`enes sont particuli`erement ´etudi´ees. Elles sont g´en´eralement bas´ees sur
les diff´erences radiom´etriques entre les images. Cependant, ces m´ethodes s’av`erent souvent peu
robustes `a des changements radiom´etriques non pertinents tels que ceux induits par la variation
des conditions d’acquisition des images.
L’objectif de cette th`ese est ainsi de d´evelopper une m´ethode alternative, bas´ee sur la recherche
des changements d’´el´evation de la sc`ene. L’´el´evation repr´esente en effet une information pertinente
et adapt´ee, notamment dans un contexte de d´etection des changements de type urbain
(construction, destruction ou modification d’infrastructures).
Pour r´epondre `a des besoins en analyse d’image qui n´ecessitent des r´esultats rapides et fiables,
la m´ethode que nous proposons est une chaˆıne de traitements compl`ete et automatique bas´ee
sur l’exploitation de couples d’image satellites st´er´eoscopiques tr`es haute r´esolution permettant
la g´en´eration et la comparaison de Mod`eles Num´eriques de Surface (MNS). Afin de limiter les
fausses alarmes de changements dues aux erreurs li´ees `a la g´en´eration des MNS, une ´etape cl´e
de cette th`ese a consist´e `a augmenter la pr´ecision des MNS, notamment `a travers la prise en
compte des zones d’occlusions et de mauvaise corr´elation.
La m´ethode de g´en´eration des MNS `a ainsi ´et´e am´elior´ee et une technique innovante de fusion
des deux MNS provenant du mˆeme couple d’images a ´et´e d´evelopp´ee. La comparaison des MNS
g´en´er´es avec un MNS LiDAR montre que notre approche permet une nette augmentation de la
qualit´e des MNS, les erreurs de corr´elation sont r´eduites tandis que les zones d’occlusion sont
5pr´ecis´ement localis´ees.
La m´ethode de d´etection des changements d’´el´evation est, quant `a elle, bas´ee sur une labellisation
par optimisation des pixels du MNS diff´erentiel calcul´e `a partir des MNS produits `a chaque
date. Cette ´etape permet de mettre en ´evidence les vrais changements de la sc`ene parmi le bruit
r´esiduel des MNS.
Les r´esultats obtenus sur diff´erents sites test´es montrent que plus de 80% des changements de
taille sup´erieure `a 15 pixels x 15 pixels (ou 100 m2 avec des images tr`es haute r´esolution) sont
d´etect´es par notre m´ethode, avec moins de 20% d’erreurs. Nous montrons cependant que ces
r´esultats d´ependent principalement du param`etre de r´egularisation de la d´etection des changements,
qui contrˆole le taux de fausses alarmes par rapport au taux de bonnes d´etections du
r´esultat.
6Abstract
The growing amount of satellite data, increasingly resolved spatially and temporally, represents
a high potential of information allowing the accurate characterization of the evolution
of an area of interest. For this reason, automatic analysis techniques such as change detection
methods are widely investigated. Most of them are based on radiometric changes between
remote sensed optical images. These methods are however very sensitive to a significant number
of irrelevant changes such as those due to the variation of the geometrical conditions between
two different acquisitions.
The objective of this work is then to develop an alternative method based on the elevation
change detection. The advantage of using the elevation is that this information is particularly
relevant and well adapted in a context of urban monitoring where the elements of interest
correspond to buildings that can be constructed, modified or destroyed between two dates.
In order to satisfy new needs in image analysis which require quick and reliable results, our
method is a complete and automatic processing flow based on the analysis of high resolution
satellite stereoscopic couples and the generation of Digital Surface Models (DSM).
Stereoscopic DSMs, however, generally suffer from a high number of correlation errors leading
to false alarms in the final change detection map. One of the main contribution of this work
consisted in increasing the DSM accuracy, especially through a better handling of the occlusion
and miss-correlation areas. For this purpose, the image matching technique has been improved
and all DSMs computed from the same stereoscopic couple are then fusioned through a
new approach, based on an optimization method. The comparison between our DSM with a
LiDAR-based DSM indicates that our method largely improves the DSM quality, the amount
of correlation errors is decreased while the occlusion areas are accurately localized.
The change detection method itself is based on the labelization of the pixels of the differential
7DSM computed from the DSMs generated at each date of interest. This step, performed through
another optimization process, enables to bring forward the relevant changes among the residual
noise of the DSMs. The results, obtained for several experimental areas, show that more than
80% of the changes larger than 15 pixels x 15 pixels (100 m m2 with high resolution images) are
detected with our method, with less than 20% of false alarms. We also show that these results
mainly depend on the regularization parameter which controls the balance between the amount
of false alarms towards the amount of true detections in the final results.
8Table des mati`eres
Introduction G´en´erale 13
1 Etudes bibliographiques et strat´egie adopt´ee ´ 17
1.1 La d´etection de changements : ´etat de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.1.1 M´ethodes de d´etection des changements radiom´etriques . . . . . . . . . . 18
1.1.2 M´ethodes alternatives : d´etection des changements d’´el´evation . . . . . . 19
1.2 M´ethodes de restitution 3D : ´etat de l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.2.1 Mise en correspondance d’images par m´ethode d’optimisation . . . . . . . 25
1.2.2 Caract´eristiques des corr´elateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.2.3 Les strat´egies de mise en correspondance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.2.4 Les outils de restitution 3D existants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1.3 Description g´en´erale de la chaˆıne de traitements d´evelopp´ee . . . . . . . . . . . . 35
1.4 Capteurs utilis´es et donn´ees d’entr´ee . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2 Outils et m´ethodes n´ecessaires `a la chaˆıne de traitements 41
2.1 Co–localisation des images : utilisation d’un outil de spatio–triangulation . . . . 42
2.1.1 Contexte et objectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.1.2 Principe de la spatio–triangulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.2 Outil pour la r´esolution de probl`emes de labellisation . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.2.1 Trois probl`emes de labellisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.2.2 Les m´ethodes d’optimisation existantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2.2.3 Description de l’algorithme s´electionn´e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
9TABLE DES MATIERES `
3 G´en´eration de Mod`eles Num´eriques de Surface sur une grille r´eguli`ere `a partir
de couples st´er´eoscopiques 61
3.1 Description de la strat´egie de mise en correspondance adopt´ee . . . . . . . . . . . 62
3.1.1 Technique de mise en correspondance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.1.2 Fonction d’optimisation et r´egularisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.1.3 Prise en compte des zones d’occlusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.2 D´eveloppement d’une m´ethode de basculement des MNS sur une grille g´eographique
r´eguli`ere . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
3.2.1 Interpolation des points de la grille r´eguli`ere . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.2.2 Conditions au calcul de l’´el´evation d’un point . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.3 Am´elioration des MNS : d´eveloppement d’une m´ethode de fusion des MNS . . . 72
3.3.1 Erreurs des MNS asym´etriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.3.2 M´ethode de fusion des MNS asym´etriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3.4 Qualit´e et pr´ecision des MNS obtenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.4.1 Co–localisation LiDAR et MNS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.4.2 Crit`eres de qualit´e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
3.5 Application au cas de la multi–st´er´eoscopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4 D´eveloppement d’une m´ethode de d´etection des changements d’´el´evation 93
4.1 Calcul et analyse du MNS diff´erentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.2 M´ethode de d´etection des changements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5 Exp´erimentation et discussion des r´esultats de la m´ethode de d´etection des
changements d’´el´evation 101
5.1 Pr´esentation des zones de test . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.1.1 Phoenix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.1.2 Christchurch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.1.3 R´egion de Tohoku : analyse d’une zone catastroph´ee . . . . . . . . . . . . 105
5.2 M´etriques d’analyse des r´esultats de la d´etection de changements . . . . . . . . . 109
5.2.1 Variables calcul´ees . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
10TABLE DES MATIERES `
5.2.2 M´etriques d’analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
5.3 Analyse de sensibilit´e des r´esultats obtenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
5.3.1 Influence des param`etres de la m´ethode sur les r´esultats . . . . . . . . . . 113
5.3.2 Impact de la qualit´e des donn´ees d’entr´ee . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
5.3.3 Int´erˆet d’une m´ethode globale : comparaison avec un filtrage local . . . . 121
5.3.4 Influence du paysage de la zone d’´etude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
5.4 Analyse des r´esultats sur la zone de Sendai . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
6 Conclusion g´en´erale 133
6.1 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
6.2 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Table des figures 139
Liste des tableaux 143
Bibliographie 145
11TABLE DES MATIERES `
12Introduction G´en´erale
Depuis le lancement des premiers satellites d´edi´es `a la t´el´ed´etection spatiale, leur nombre,
leur r´esolution et leur capacit´e d’acquisition n’ont de cesse d’augmenter. Aujourd’hui, Pl´eiades
1A et 1B fournissent des images `a 70 cm de r´esolution tandis que WorldView-3 est attendu
avec une r´esolution inf´erieure `a 50 cm. Ce nombre de donn´ees, d’une qualit´e toujours meilleure,
permet d’acc´eder `a une grande quantit´e d’informations pour caract´eriser et analyser une sc`ene
et son ´evolution `a de tr`es fines ´echelles spatiales et temporelles.
Pour traiter ces nouveaux flux de donn´ees, les m´ethodes permettant l’analyse de s´eries multi–
temporelles d’images sont alors particuli`erement int´eressantes et en fort d´eveloppement. Les
applications `a ces ´etudes sont tr`es nombreuses, `a commencer par l’agriculture, pour caract´eriser
l’´evolution des sols, jusqu’aux g´eosciences, pour l’observation des glaciers en termes de volume,
d’´etendue ou de vitesse [1], pour la surveillance des volcans [2] ou encore pour les mesures des
d´eformations tectoniques [3, 4].
L’augmentation drastique de la r´esolution des images permet aussi aujourd’hui une observation
beaucoup plus fine des milieux urbains pour une meilleure analyse g´eographique et d´emographique
des villes `a travers la mise `a jour des plans cadastraux ou autres bases de donn´ees [5]
mais aussi pour la cartographie de d´egˆats mat´eriels (en terme de bˆatiments ou d’infrastructures
d´etruits) apr`es une catastrophe majeure telle qu’un s´eisme, un tsunami, un glissement de
terrain, un ´ev´enement m´et´eorologique ou encore une guerre [6]. Dans ce contexte, les m´ethodes
de d´etection des changements, automatiques ou semi–automatiques, sont particuli`erement
avantageuses.
Les algorithmes de d´etection de changements sont traditionnellement bas´es sur l’´etude
13INTRODUCTION GEN´ ERALE ´
d’images radars ou optiques. En imagerie optique, la plupart des m´ethodes s’int´eressent aux
diff´erences de r´eflectances entre les donn´ees acquises `a des dates t1 et t2 [7]. Cependant, les
r´esultats montrent que, dans un contexte de suivi des infrastructures urbaines, de nombreuses
fausses alarmes ou changements non pertinents sont g´en´er´es par ces m´ethodes de d´etection
2D. Ces alarmes sont g´en´eralement dues aux diff´erentes conditions d’acquisition des images
(conditions d’´eclairement ou d’atmosph`ere, azimut solaire, saison ou encore angles d’acquisition
des images) lors des prises de vue ainsi qu’`a de nombreux changements radiom´etriques tels que
l’´evolution des sols, les r´enovations de toitures ou de revˆetement de sol.
Le travail de th`ese pr´esent´e ici s’inscrit dans cette probl´ematique de d´etection de changements.
Dans le but de s’affranchir des changements radiom´etriques, nous nous int´eressons
aux changements d’´el´evation de type urbain (directement reli´es au bˆati) et dans un contexte
de suivi temporel ou de crise majeure n´ecessitant des r´esultats fiables et rapides. Afin de
r´epondre au mieux `a cette probl´ematique, la technique propos´ee est bas´ee enti`erement sur les
diff´erences d’´el´evation de la sc`ene entre les deux dates d’int´erˆet. En effet, cette information,
dont la variation en milieu urbain est g´en´eralement li´ee `a des changements du bˆati, est robuste
`a la plupart des changements 2D et est donc particuli`erement adapt´ee `a cet objectif [8].
Aujourd’hui, diff´erents syst`emes d’acquisition permettent d’acc´eder `a l’information d’´el´evation
d’une sc`ene : les lasers a´eroport´es (Airborne Laser Scaning ou ALS), le LiDAR (Light Detection
And Ranging), les satellites radar ou encore l’imagerie st´er´eoscopique, a´erienne ou spatiale, `a
travers la g´en´eration de Mod`eles Num´eriques de Surface (MNS). Du fait de leur tr`es haute
r´esolution, leur large capacit´e d’acquisition et la rapidit´e de livraison et de traitement de ces
donn´ees, les satellites optiques produisant des images st´er´eoscopiques apparaissent comme la
meilleure r´eponse pour la d´etection des changements d’´el´evation. De plus, le coˆut de ces images
est relativement faible compar´e aux autres syst`emes d’acquisition, voire nulle lors d’une crise
majeure car ces images sont alors gratuitement mises `a disposition des agences cartographiques `a
travers la Charte Internationale Espace et Catastrophes Majeures, sign´ee par de nombreux pays.
L’objectif de ce travail est ainsi de d´evelopper et de tester, dans un contexte urbain, une
m´ethode de d´etection de changements innovante et bas´ee sur les changements d’´el´evation d’une
sc`ene entre deux dates. Afin de r´epondre de fa¸con adapt´ee `a la probl´ematique de quantification
14INTRODUCTION GEN´ ERALE ´
de d´egˆats apr`es une catastrophe, la technique de d´etection de changements d´evelopp´ee est une
chaˆıne de traitements compl`ete et automatique, d´ebutant par le recalage des donn´ees brutes et
fournissant, en sortie, une carte g´eor´ef´erenc´ee des changements d´etect´es.
Au cours de cette th`ese, nous d´etaillerons toutes les ´etapes de cette chaˆıne de traitements,
leurs objectifs et leurs r´esultats.
Dans une premi`ere partie, nous montrerons l’int´erˆet de la recherche des changements d’´el´evation
(ou 3D) par rapport aux changements radiom´etriques `a travers un ´etat de l’art de ces m´ethodes.
Nous ´etudierons aussi les m´ethodes de g´en´eration de MNS `a partir d’images st´er´eoscopiques
(chapitre 1), ´etape primordiale de la chaˆıne de traitements.
Dans une seconde partie, nous d´ecrirons les outils existants n´ecessaires `a notre chaˆıne de
traitements, qui consistent en un outil de recalage des images, ´etape indispensable `a tout
traitement g´eom´etrique des images et un outil de r´esolution de probl`emes de labellisation par
programmation dynamique (chapitre 2). Cet algorithme est en effet central pour trois ´etapes de
calcul de notre chaˆıne de traitements.
Puis, dans le chapitre 3, nous d´etaillerons la m´ethode compl`ete de g´en´eration des MNS. Cette
m´ethode, qui d´ebute par la mise en correspondance des images st´er´eoscopiques pr´esente ensuite
deux innovations majeures permettant d’am´eliorer la pr´ecision des MNS en vue de la d´etection
des changements.
La technique de d´etection de changements 3D, bas´ee sur une classification de la carte des
diff´erences d’´el´evation par une m´ethode de labellisation, sera finalement expos´ee dans le chapitre
4.
Enfin, la derni`ere partie aura pour objectif d’illustrer l’int´erˆet de la chaˆıne de traitements
d´evelopp´ee et d’analyser les r´esultats obtenus dans diff´erentes sc`enes urbaines, que ce soit dans
un contexte de mise `a jour des bases de donn´ees ou pour la caract´erisation et la quantification
rapide des d´egˆats apr`es une catastrophe majeure (chapitre 5).
15INTRODUCTION GEN´ ERALE ´
16Chapitre 1
Etudes bibliographiques et strat´egie
´
adopt´ee
Dans le domaine de la d´etection de changements par imagerie satellite, de nombreuses m´ethodes
existent mais elles sont principalement bas´ees sur l’exploitation de la radiom´etrie des
images tandis que tr`es peu de m´ethodes utilisent l’information 3D de la sc`ene. C’est cette approche
que nous avons choisi de d´evelopper dans notre chaˆıne de traitements car elle se r´ev`ele
particuli`erement pertinente pour la d´etection des changements de type bˆati, dans un contexte
urbain.
La chaˆıne de traitements propos´ee n´ecessite ainsi une ´etape de reconstruction 3D de la sc`ene.
Cependant, les contraintes li´ees aux acquisitions satellites rendent le calcul de la mise en correspondance
des images particuli`erement complexe et de multiples techniques ont ´et´e d´evelopp´ees
afin d’am´eliorer leur robustesse.
Dans une premi`ere partie de ce chapitre, nous pr´esenterons quelques unes des m´ethodes classiques
de d´etection de changements radiom´etriques. Nous d´etaillerons ensuite plus particuli`erement les
m´ethodes d´evelopp´ees pour la d´etection des changements d’´el´evation et nous montrerons leur
int´erˆet, notamment en milieu urbain. Puis, dans une seconde partie, nous analyserons les m´ethodes
de restitution 3D existantes et l’int´erˆet de certaines techniques pour notre chaˆıne de
traitements.
Enfin, dans une derni`ere partie, nous d´etaillerons toutes les ´etapes de notre chaˆıne de traitements
et les donn´ees utilis´ees lors des phases exp´erimentales.
171.1. LA DETECTION DE CHANGEMENTS : ´ ETAT DE L’ART ´
1.1 La d´etection de changements : ´etat de l’art
1.1.1 M´ethodes de d´etection des changements radiom´etriques
Les m´ethodes traditionnelles en d´etection de changements sont bas´ees sur la comparaison
temporelle des radiom´etries qui peut ˆetre effectu´ee directement `a l’´echelle du pixel. Un large
inventaire des m´ethodes les plus connues est fourni par Radke [7].
Les m´ethodes les plus simples et rapides `a impl´ementer sont celles utilisant les diff´erences
radiom´etriques ou les rapports (ratios) entre les pixels correspondant en t1 et t2 [7, 9, 10].
Cependant, ces m´ethodes n´ecessitent souvent des seuillages ou des r`egles de d´ecisions et restent
tr`es sensibles au bruit des images, aux erreurs de recalage et surtout aux conditions d’acquisition
des images, diff´erentes entre t1 et t2, qui g´en`erent de nombreuses alarmes de changements,
g´en´eralement non pertinentes.
D’autres m´ethodes, de type statistique, sont aussi employ´ees `a l’´echelle du pixel [7, 9]. Le
but est de d´ecider, pour chaque pixel, s’il correspond `a un changement ou non en fonction de
l’hypoth`ese changement ou non changement qui d´ecrit le mieux son intensit´e. Ces hypoth`eses
sont pos´ees `a partir des variations d’intensit´e des pixels dans la s´erie temporelle [7].
L’analyse par composantes principales (PCA) est aussi largement utilis´ee [10–12]. Elle permet
de r´eduire la dimension spectrale des images aux composantes les plus riches en information et
donc o`u les changements les plus importants ont la plus grande probabilit´e d’apparaˆıtre.
Cependant, les hypoth`eses, n´ecessaires pour la mise en oeuvre de ces m´ethodes, proviennent
souvent d’une premi`ere analyse des changements recherch´es et limitent ainsi l’automatisation
de ces m´ethodes.
Les m´ethodes de classification des pixels sont aussi tr`es d´evelopp´ees. Deux m´ethodes sont
principalement utilis´ees : la post classification et la classification directe multi–date [13].
La premi`ere consiste `a classer les pixels, de fa¸con supervis´ee ou non, sur chaque image ind´ependamment
puis `a comparer les classes. Le probl`eme de cette approche est l’impact important
d’une erreur de classe dans l’une des images sur le r´esultat final. Cette m´ethode est ainsi plutˆot
utilis´ee pour la d´etection de changements `a grande ´echelle comme pour l’occupation des sols
par exemple [7, 9, 10, 12].
18CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
La classification directe multi–dates n´ecessite la concat´enation des images, puis la classification,
souvent supervis´ee, des pixels selon leur valeur dans toutes les bandes afin de faire apparaˆıtre
les changements [11]. Enfin, les images multi–spectrales permettent aussi l’utilisation d’outils
tels que les Support Vector Machine (SVM) [14]. Les valeurs spectrales de chaque pixel sont
alors repr´esent´ees par un vecteur dans l’espace temporel, la magnitude et la direction de ces
vecteurs permettent le classement des pixels en changement ou non changement dans l’image.
Ces m´ethodes de classification s’av`erent souvent plus robustes aux erreurs de recalage ou au
bruit des images mais elle n´ecessitent souvent des processus supervis´es.
Aujourd’hui, avec l’augmentation de la r´esolution spatiale des images, l’int´egration d’informations
sur le voisinage des pixels devient indispensable car un objet est maintenant repr´esent´e
par plusieurs pixels dans l’espace image. L’image peut alors ˆetre analys´ee de fa¸con plus efficace
en consid´erant cette information spatiale [11, 12, 15]. Ainsi, Bruzzone [16] utilise une approche
bas´ee sur les Champs de Markov Al´eatoires (Markov Random Fields, MRF) afin de mod´eliser les
probabilit´es d’appartenance d’un pixel `a une classe en fonction de son voisinage. Al–Khudhairy
[15] se base sur la forme et l’homog´en´eit´e des objets afin de les classer.
Ces approches, de plus en plus r´epandues, am´eliorent la robustesse des algorithmes au bruit et
aux distorsions g´eom´etriques des images mais sans pour autant supprimer la sensibilit´e `a tous
les changements radiom´etriques non pertinents tels que les variations de r´eflectance des surfaces,
l’´evolution des sols ou des revˆetements d’infrastructures.
1.1.2 M´ethodes alternatives : d´etection des changements d’´el´evation
Derni`erement, de nouvelles approches, alternatives `a la d´etection de changements 2D, ont
´emerg´e. Leur but est de concentrer la d´etection sur les changements d’´el´evation de la sc`ene
tout en ´etant plus robuste aux conditions d’acquisition des images ou aux changements non
pertinents qui correspondent souvent `a des changements 2D. Dans le cadre d’une d´etection des
changements urbains de type bˆati, ces m´ethodes apparaissent donc particuli`erement appropri´ees.
Les donn´ees d’entr´ee utilis´ees pour obtenir cette information d’´el´evation proviennent alors
de campagnes LiDAR, de lasers a´eroport´es ou plus fr´equemment d’imagerie st´er´eoscopique,
spatiale ou a´erienne [17, 18].
Ces techniques de d´etection des changements 3D peuvent ˆetre divis´ees en deux cat´egories
191.1. LA DETECTION DE CHANGEMENTS : ´ ETAT DE L’ART ´
principales : les techniques image `a base de donn´ees et les techniques image `a image.
Les techniques dites image–base de donn´ees consistent g´en´eralement `a comparer une base
de donn´ees vecteur, contenant les empreintes de bˆatiments (telles que des donn´ees cadastrales)
et une image de l’´el´evation de tous les points de la sc`ene. Ces techniques sont les plus utilis´ees
en d´etection de changements car elles sont n´ecessaires pour la mise `a jour automatique ou
semi–automatique de bases de donn´ees d´ej`a existantes.
La strat´egie g´en´eralement adopt´ee dans ce cas est l’extraction des bˆatiments sur la carte
d’´el´evation et la comparaison des empreintes obtenues avec la base de donn´ees initiale afin de
constater la pr´esence ou non du bˆatiment `a la date de la base de donn´ees [5, 19, 20].
L’extraction des bˆatiments est alors le point sensible de la m´ethode et peut ˆetre effectu´ee, selon
le type de donn´ees d’entr´ee, par un algorithme d’extraction de structures dans un nuage de
points g´en´er´e par des donn´ees laser [18], par des m´ethodes de classification `a partir de MNS et
de donn´ees multispectrales [19, 21] ou bien par l’extraction des contours 2D des bˆatiments sur
un MNS afin de comparer les segments obtenus avec la base de donn´ees vecteur [5]. Cette ´etape
d’extraction est particuli`erement sensible car une erreur peut g´en´erer une fausse diff´erence entre
la base de donn´ees et les empreintes calcul´ees, notamment lorsque la carte des ´el´evations de la
sc`ene est g´en´er´ee `a partir d’images, plus bruit´ees que les donn´ees laser. De mˆeme, l’´etape de
comparaison n´ecessite g´en´eralement que les donn´ees vecteur et image soient tr`es pr´ecis´ement
recal´ees. Des post–filtrages sont souvent appliqu´es sur les extractions de bˆatiment afin de
compenser ce type d’erreur, mais ces filtrages peuvent alt´erer la d´etection des changements les
plus petits, tels que les modifications apport´ees `a un bˆatiment.
Enfin, l’inconv´enient majeur de ces techniques r´eside dans le fait que les bases de donn´ees
cadastrales sont tr`es rarement disponibles et mises `a jour, rendant ce type de m´ethode totalement
inadapt´e pour la quantification des d´egˆats apr`es une catastrophe majeure par exemple [19].
Les techniques image `a image repr´esentent alors la seule alternative lorsqu’aucune donn´ee
externe n’est disponible ou valide. Elles consistent `a calculer la diff´erence entre deux images
d’´el´evation acquises aux dates t1 et t2 afin de mettre en ´evidence les changements d’´el´evation
apparus.
Cette m´ethode est largement utilis´ee pour des probl´ematiques de g´eoscience telles que l’´etude
20CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
d’objets g´eologiques comme les volcans [2] ou les glaciers [1], la mesure des mouvements
topographiques ou des glissements de terrain [3, 4].
Dans ce contexte de surveillance des milieux, il est souvent n´ecessaire d’acqu´erir des s´eries
temporelles compos´ees de nombreuses images afin de suivre les variations sur une grande
p´eriode de temps. Les donn´ees employ´ees sont alors tr`es souvent des donn´ees satellitaires ou
a´eriennes qui permettent d’acqu´erir des sc`enes sur de vastes emprises terrain.
Pour des applications en g´eoscience, les variations recherch´ees sont typiquement de tr`es
basse fr´equence spatiale et de faible amplitude altim´etrique, visibles `a grande ´echelle et donc
facilement d´etectables par une simple diff´erence entre les cartes d’´el´evation, g´en´er´ees `a basse
ou moyenne r´esolution [3, 4]. Au contraire, dans le contexte urbain dans lequel se place ce
travail, les changements recherch´es sont g´en´eralement de tr`es haute fr´equence spatiale et de
forte amplitude, n´ecessitant une pr´ecision de d´etection qui ne peut ˆetre obtenue qu’avec des
images tr`es haute r´esolution. Les m´ethodes d´evelopp´ees pour la basse ou moyenne r´esolution
ne sont pas adapt´ees `a cette probl´ematique car il est alors n´ecessaire de mettre en ´evidence les
changements recherch´es parmi les nombreuses fausses alarmes g´en´er´ees `a haute ou tr`es haute
r´esolution spatiale [8, 22].
Parmi les m´ethodes de d´etection image–image `a tr`es haute r´esolution, deux types de techniques
sont appliqu´es : les techniques semi–automatiques, bas´ees sur l’utilisation d’informations
multi–spectrales ou contextuelles telles que la taille ou la forme des objets ou encore sur
l’utilisation de zones d’apprentissage et les techniques enti`erement automatiques.
Jung [23] propose une m´ethode semi–automatique qui utilise des MNS g´en´er´es par imagerie
st´er´eoscopique a´erienne. Dans une premi`ere ´etape, un algorithme de focusing permet de
rechercher les zones ayant probablement chang´e grˆace `a la comparaison des MNS de chaque
date. Puis une seconde ´etape permet, pour chaque date, de classer ces zones d’int´erˆet selon
les labels ”bˆatiment” ou ”non–bˆatiment” `a l’aide d’arbres de d´ecision g´en´er´es `a partir de zones
d’apprentissage. Les deux segmentations ainsi obtenues sont alors compar´ees pour retrouver les
changements du bˆati. Avec ce type de m´ethode, la qualit´e de la d´etection d´epend alors de chacune
des segmentations et ne permet pas de retrouver les modifications apport´ees `a un bˆatiment.
Aujourd’hui, peu d’´etudes portent sur la d´etection des changements d’´el´evation entre deux
211.1. LA DETECTION DE CHANGEMENTS : ´ ETAT DE L’ART ´
MNS g´en´er´es `a partir d’images satellites st´er´eoscopiques tr`es haute r´esolution.
En effet, malgr´e les avantages qu’apporte la haute r´esolution temporelle de ces images qui
sont aussi moins on´ereuses qu’une campagne d’acquisition a´erienne, leur r´esolution reste
beaucoup plus basse que celle des images a´eriennes (aujourd’hui WorldView–1 atteins 50 cm de
r´esolution nadir lorsque les images a´eriennes ont une r´esolution de l’ordre du d´ecim`etre). De
plus, les images a´eriennes sont plus contrast´ees que les images satellites permettant une mise
en correspondance plus efficace pour la g´en´eration de MNS pr´ecis. Enfin, leur acquisition quasi
nadir permet de limiter les zones d’occlusion dans les images.
Ainsi, les MNS produits `a partir de couples d’images satellites souffrent de plus nombreuses
erreurs de corr´elation et de zones d’occlusion par rapport `a ceux produits par l’a´erien, erreurs
se propageant souvent sous forme de fausses alarmes sur les cartes finales de d´etection de
changements.
Afin de r´eduire l’impact des erreurs de MNS dans le MNS diff´erentiel, Tian [8] propose
le calcul d’une diff´erence robuste entre les MNS des deux dates d’acquisition qui se traduit
par l’affectation, pour chaque pixel (i, j) de l’image des diff´erences, de la diff´erence minimale
obtenue entre le pixel du MNS `a t1 en (i, j) et un pixel du MNS t2 appartenant `a une fenˆetre de
taille d´efinie et centr´ee sur le pixel (i, j). Puis, dans une seconde ´etape, la carte des diff´erences
obtenue est analys´ee par une extraction de contours suivie par un affinage de formes par un
algorithme de box-fitting.
Dans une autre approche, Tian [24] propose, apr`es le calcul de la diff´erence robuste, l’application
d’un masque des zones d’ombre, bas´e sur l’exploitation des bandes multispectrales tel que
l’a impl´ement´ee Marchant [25]. Ce masque est alors combin´e `a un masque regroupant les
corr´elations de faible coefficient obtenues lors de la g´en´eration des MNS. La diff´erence masqu´ee
ainsi obtenue est alors segment´ee puis les ´el´ements mis en ´evidence sont filtr´es `a partir de
crit`eres de tailles et de formes d´ecrits par Chaabouni–Chouayakh [22], afin de mieux s´eparer les
changements appartenant au bˆati des fausses erreurs.
Cette approche permet la d´etection de 60% `a 80% des objets de plus de 100 m2
et de 2 m `a
3 m d’´el´evation diff´erentielle, respectivement et avec 50% `a 15% de fausses alarmes.
Plus r´ecemment, Tian [26] a am´elior´e cette approche grˆace `a l’ajout d’un indicateur de
changements calcul´e directement entre les images panchromatiques ayant permis la g´en´eration
22CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
des MNS. Cet indicateur de changements est bas´e sur l’analyse de l’´evolution des statistiques
locales d’une image entre deux dates. Le r´esultat de la fusion des informations obtenues par la
diff´erence robuste segment´ee et par les indicateurs de changements radiom´etriques est ensuite
filtr´e `a partir des mˆemes crit`eres de formes et de tailles. Les r´esultats montrent alors de 55% `a
93% des changements d´etect´es avec 45% `a 16% de fausses alarmes.
Cependant, si les r´esultats de ces m´ethodes apparaissent prometteurs, les nombreux seuils et
crit`eres n´ecessaires peuvent limiter les changements d´etectables `a certaines formes et tailles.
Enfin, Reinartz [6] effectue une segmentation des images aux dates t1 et t2 en utilisant une
m´ethode de classification bas´ee sur le IR–MAD (Iteratively Reweighted Multivariate Alteration)
d´evelopp´ee par Nielsen [27]. Les r´esultats de segmentation aux deux dates sont alors associ´es
avec le MNS diff´erentiel afin de d´ecider, pour chaque r´egion segment´ee, si elle correspond `a des
bˆatiments d´etruits ou nouveaux.
En conclusion de cette ´etude, nous noterons que, `a notre connaissance, aucune m´ethode
totalement automatique n’existe pour la d´etection des changements d’´el´evation `a partir d’imagerie
satellite seule, sans ajout d’informations externes ou contextuelles. Pourtant, la capacit´e
de r´eactivit´e des satellites face `a une crise, leur agilit´e pour la st´er´eoscopie ainsi que leur r´esolution
inf´erieure au m`etre sont des atouts majeurs pour des probl´ematiques de d´etection de
changements d’´el´evation, mˆeme si la g´en´eration de MNS pr´ecis `a partir de ces donn´ees demeure
difficile.
1.2 M´ethodes de restitution 3D : ´etat de l’art
Classiquement, la reconstruction 3D d’une sc`ene n´ecessite le calcul de la disparit´e entre tous
les pixels homologues des deux images d’un couple st´er´eoscopique.
Les pixels homologues correspondent `a des pixels repr´esentant un mˆeme point terrain, rep´er´es
sur chaque image du couple st´er´eoscopique. La disparit´e correspond au d´ecalage g´eom´etrique
(en pixels) mesur´e entre deux pixels homologues lorsque les angles de prise de vue des images
diff`erent. Cette valeur de disparit´e est reli´ee `a l’´el´evation de la sc`ene au pixel consid´er´e, elle est
donc calcul´ee pour tous les pixels d’une image par la mise en correspondance dense des images
231.2. METHODES DE RESTITUTION 3D : ´ ETAT DE L’ART ´
afin d’obtenir l’´el´evation de tous les points de la sc`ene.
Cependant, les contraintes li´ees aux acquisitions satellite rendent le calcul de la disparit´e particuli`erement
complexe car de nombreuses difficult´es se pr´esentent :
– les angles d’acquisition des images sont souvent importants (jusqu’`a 30◦ d’incidence) g´en´erant
des diff´erences radiom´etriques importantes,
– ces angles d’incidence g´en`erent d’importantes zones d’occlusion : c’est–`a–dire des zones
cach´ees dans l’image, typiquement les zones aux abords des bˆatiments. Dans ce cas il n’est
pas possible de trouver des pixels homologues dans ces zones,
– des d’objets peuvent ˆetre en mouvement : la mise en correspondance des images d’un
couple implique comme hypoth`ese que la sc`ene soit parfaitement immobile entre les deux
acquisitions, or, dans la r´ealit´e, cette hypoth`ese n’est pas r´ealisable,
– certaines zones sont trop homog`enes ou poss`edent une texture r´ep´etitive ou bien une
structure 3D tr`es complexe (c’est le cas pour la structure de la v´eg´etation), dans tous ces
cas il est tr`es difficile de d´eterminer pr´ecis´ement les pixels homologues,
– il existe des changements radiom´etriques entre les acquisitions : toutes les surfaces n’´etant
pas lambertiennes, c’est–`a–dire que la lumi`ere n’est pas forc´ement r´efl´echie de la mˆeme
fa¸con dans toutes les directions, une mˆeme surface peut pr´esenter diff´erentes radiom´etries
selon l’angle de l’acquisition et ainsi compliquer la mise en correspondance,
– certains d´efauts g´eom´etriques r´esiduels subsistent, mˆeme apr`es l’affinage, comme nous le
montrerons dans la section 2.1.
Depuis les 30 derni`eres ann´ees, de nombreux algorithmes ont ´et´e d´evelopp´es pour la
reconstruction 3D de sc`enes `a partir d’imagerie terrestre, a´erienne ou spatiale. Des inventaires
de ces techniques ont ´et´e r´ealis´es par Scharstein [28], Brown [29] puis plus r´ecemment par
Lazaros [30]. La base de donn´ees de Middlebury 1 a notamment ´et´e tr`es utilis´ee pour r´ealiser
ces inventaires. Ils permettent de comparer un grand nombre de ces techniques en termes
de performance et de m´ethodologie. Les techniques pr´esent´ees ne sont cependant pas toutes
transposables aux images satellites.
1. Ensemble de jeux de donn´ees correspondant `a des images st´er´eoscopiques accompagn´ees de v´erit´es terrain
mis `a disposition des utilisateurs pour tester des algorithmes de mise en correspondance. Le contexte et les images
sont cependant ´eloign´es de notre probl´ematique de reconstruction 3D par imagerie satellite en milieu urbain.
24CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
1.2.1 Mise en correspondance d’images par m´ethode d’optimisation
Pour de nombreux auteurs, la mise en correspondance d’images peut ˆetre vue comme un
probl`eme de labellisation [31],[32],[33],[34] : chaque valeur de disparit´e ou d’´el´evation (alors
consid´er´ee comme un label) affect´ee `a un pixel d’une image maˆıtre est d´eduite de la s´election du
pixel homologue parmi plusieurs candidats dans l’image esclave.
La mise en correspondance peut ainsi ˆetre r´esolue `a partir d’une m´ethode d’optimisation : l’objectif
est alors de retrouver, pour chacun des pixels d’une image maˆıtre, les pixels homologues
dans l’image esclave (ou dans toutes les autres images dans le cas de la multi–st´er´eoscopie).
La mise en correspondance peut alors ˆetre r´ealis´ee par des m´ethodes locales d’optimisation :
la recherche de primitives homologues (pixels, segments ou r´egions) est alors effectu´ee de fa¸con
locale uniquement, ou bien `a travers des m´ethodes globales (ou semi–globales) selon lesquelles
la mise en correspondance est r´esolue en recherchant la solution de disparit´e sur l’image enti`ere
(ou des subdivisions de l’image).
Ainsi, les m´ethodes de mise en correspondance peuvent ˆetre bas´ees sur les algorithmes d’optimisation
que nous verrons plus en d´etails dans le chapitre 2, section 2.2.2.
M´ethodes locales de mise en correspondance
Les m´ethodes locales peuvent ˆetre bas´ees sur la mise en correspondance des segments ou des
contours de l’image, tels que les contours de bˆatiments. Plusieurs auteurs utilisent ces contours
pour aider `a la mise en correspondance radiom´etrique des images.
La m´ethode propos´ee par Baillard [35] recherche les points de contours des bˆatiments sur des
images a´eriennes afin d’apporter une contrainte g´eom´etrique `a la corr´elation radiom´etrique des
pixels, effectu´ee dans une seconde ´etape.
Zhang [36] propose, sur des images satellites, une m´ethode hybride bas´ee sur la combinaison
de la mise en correspondance dense des pixels et celle des contours de l’image. Cette technique
permet d’imposer une forte contrainte de r´egularisation entre les contours d´etect´es afin de
garantir une surface r´eguli`ere tout en pr´eservant les discontinuit´es au niveau des contours.
Ces techniques montrent des r´esultats particuli`erement int´eressants, notamment pour les zones
homog`enes mais elles peuvent ˆetre sensibles `a la d´etection de contours. Les m´ethodes bas´ees
251.2. METHODES DE RESTITUTION 3D : ´ ETAT DE L’ART ´
sur les contours restent cependant peu utilis´ees `a cause des erreurs produites par la d´etection
de contours et la difficult´e de retrouver les plus petites structures.
Les m´ethodes les plus populaires de mise en correspondance sont g´en´eralement bas´ees sur
l’intensit´e des pixels des images et la mise en correspondance dense de tous les pixels de l’image,
souvent `a travers la m´ethode dite de block matching. Cette m´ethode est bas´ee sur la corr´elation
d’une fenˆetre de pixels d´efinie sur l’image maˆıtre avec une fenˆetre glissante sur l’image esclave
et le calcul d’un score de corr´elation. La disparit´e est ensuite ´evalu´ee `a partir du pixel ayant
engendr´e le meilleur score de corr´elation (technique du winner take all) [37].
La zone de recherche est alors souvent contrainte par la ligne ´epipolaire (ou pseudo–´epipolaire
dans le cas des images satellites). Ce type de m´ethode, tr`es rapide, est cependant particuli`erement
sensible au bruit des images, aux diff´erences radiom´etriques ou encore aux d´efauts
d’orientation r´esiduels des images lorsque la mise en correspondance est r´ealis´ee le long de
l’´epipolaire seulement.
R´ecemment, d’autres techniques ont ´emerg´e, bas´ees sur la mise en correspondance de zones
segment´ees d’une image [38] et l’assignement d’une valeur de disparit´e `a ces zones par m´ethode
d’optimisation. Ces techniques sont cependant sensibles `a toutes les erreurs de segmentation
qui sont alors susceptibles de provoquer des erreurs de reconstruction 3D.
M´ethodes globales ou semi–globales
Les m´ethodes de reconstruction 3D les plus populaires et les plus efficaces sont aujourd’hui
les m´ethodes bas´ees sur la mise en correspondance `a travers une optimisation sur l’image.
Ces m´ethodes fonctionnent par le calcul d’un coˆut de mise en correspondance li´e au score de
corr´elation obtenu entre les fenˆetres de pixels candidates sur chaque image (block matching),
auquel s’ajoute un terme de r´egularisation. Nous d´ecrirons en d´etail cette optimisation dans le
chapitre 3, section 3.1.
Les diff´erences entre les nombreuses m´ethodes bas´ees sur une optimisation sont li´ees `a la mesure
de similarit´e, `a la contrainte de r´egularisation et `a la m´ethode d’optimisation employ´ee.
Comme nous le verrons dans le chapitre 2, section 2.2.2, de nombreuses m´ethodes d’optimisation
ont ´et´e d´evelopp´ees et appliqu´ees au traitement d’images et plus particuli`erement `a la mise en
26CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
correspondance d’images.
On trouve notamment les m´ethodes globales telles que le belief propagation [39], [33], ou
les graph-cuts [40], [41], l’objectif est alors de retrouver, pour tous les pixels de l’image
simultan´ement, une solution qui minimise une fonctionnelle d’´energie globale sur l’image.
Les m´ethodes dites semi–globales [42] permettent de calculer une solution non plus sur toute
l’image simultan´ement mais sur des s´equences de pixels de l’image trait´ees ind´ependamment
[43]. Ces s´equences peuvent ˆetre form´ees par les lignes [34] de l’image ou bien par les lignes,
colonnes et toutes les directions interm´ediaires de l’image, selon la m´ethode de Hirschmuller [ ¨ 31]
ou Pierrot-Deseilligny [32] ou encore par un graphe s´electionn´e dans l’image comme le propose
Veksler [44]. Les r´esultats obtenus sur chaque s´equence de l’image sont ensuite fusionn´es afin
d’obtenir la solution semi–globale.
Nous verrons dans la section 2.2.3 que la m´ethode de reconstruction que nous avons s´electionn´ee
est bas´ee sur ce type d’optimisation semi–globale et r´esolue par programmation dynamique `a
l’image des m´ethodes propos´ees par Hirschmuller et Pierrot-Deseilligny [ ¨ 31], [32].
1.2.2 Caract´eristiques des corr´elateurs
Quelle que soit la m´ethode d’optimisation choisie, la mesure de similarit´e employ´ee pour calculer
la correspondance entre les pixels ou entre les fenˆetres de pixels de chaque image (matching
cost), est un point important pour s´electionner les pixels homologues.
Une ´etude des diff´erentes mesures de la litt´erature a ´et´e r´ealis´ee par Scharstein et Szeliski [28],
puis Hirschmuller [ ¨ 45].
Les mesures les plus utilis´ees sont :
– la somme des diff´erences radiom´etriques au carr´e (Sum of Absolute Differences ou SAD),
– la somme des diff´erences radiom´etriques absolues (Sum of Squared Differences ou SSD),
– le normalized cross correlation coefficient (ou NCC).
De nombreuses autres mesures de similarit´e sont propos´ees dans la litt´erature. Birchfield
[46] propose une mesure de ressemblance robuste `a l’´echantillonnage pixellique des images : au
lieu de comparer deux fenˆetres de pixels d´ecal´ees par un nombre entier de pixels, il compare
chaque pixel de l’image maˆıtre avec une interpolation lin´eaire d’une fenˆetre de pixels sur l’autre
271.2. METHODES DE RESTITUTION 3D : ´ ETAT DE L’ART ´
image.
Afin d’ˆetre le plus robuste possible aux diff´erences radiom´etriques provoqu´ees par la variation
d’angle de prise de vue, des m´ethodes dites ”non-param´etriques” sont aussi tr`es utilis´ees. Elles
consistent `a filtrer les donn´ees avant la corr´elation afin de r´eduire l’impact de ces diff´erences
[37]. Le filtrage de rank, par exemple, recherche dans une fenˆetre centr´ee sur un pixel, le nombre
de pixels dont la valeur est en dessous de celle du pixel consid´er´e puis remplace la valeur du
pixel central par cette valeur. La correlation (r´ealis´ee avec la mesure SAD) va alors d´ependre de
l’agencement des valeurs et non plus de l’intensit´e. Cependant, ce filtrage engendre une perte
d’information spatiale qui r´eduit le pouvoir discriminant de la m´ethode [29].
Une variation `a ce filtrage, nomm´e le filtre census, pr´eserve la distribution spatiale de la fenˆetre
en encodant le r´esultat du filtre de rank pour chaque pixel dans une chaˆıne de bytes [29].
D’autres filtrages de la fenˆetre de mise en correspondance sont utilis´es tels que le Laplacian
of Gaussian ou le filtrage moyen [45]. Tous ces filtres tentent d’am´eliorer la robustesse aux
conditions d’acquisition et aux erreurs de corr´elation des images car ils diminuent la sensibilit´e
aux outliers des images. Ils sont majoritairement suivis d’une corr´elation par SAD.
Hirschmuller [ ¨ 31] propose une mesure de similarit´e bas´ee sur la notion d’information mutuelle,
r´eput´ee moins sensible au recalage et aux conditions d’illumination des images. L’information
mutuelle entre deux fenˆetres de pixels est calcul´ee en additionnant l’entropie des histogrammes
de chaque image puis en soustrayant l’entropie de l’histogramme joint.
Hirschmuller et Szeliski [ ¨ 45] ont compar´e diff´erents coˆuts de corr´elation et leur efficacit´e pour
la mise en correspondance dense des images. Ils montrent d’abord que la performance d’une
fonction de coˆut d´epend avant tout de la m´ethode d’optimisation employ´ee indiquant que la
fonction de coˆut a finalement un impact mod´er´e sur le r´esultat final.
Cependant, ils observent que le filtrage de rank et l’information mutuelle semblent plus efficaces
au niveau des discontinuit´es car ils permettent notamment une meilleure robustesse `a l’effet
d’adh´erence qui conduit g´en´eralement `a la dilatation des objets de la sc`ene. Ce probl`eme,
inh´erent aux m´ethodes de block matching, apparaˆıt lorsqu’il y a un saut brutal de disparit´e dans
l’une des images qui ne peut ˆetre parfaitement localis´e `a l’int´erieur de la fenˆetre de corr´elation.
Finalement, bien que plus performants, le filtre de rank ou l’information mutuelle n´ecessitent
un temps de calcul 1,5 `a 5 fois plus important que le temps requis pour une mesure de type
SAD. Cette derni`ere est la mesure impl´ement´ee dans l’outil de mise en correspondance que
28CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
nous utilisons.
1.2.3 Les strat´egies de mise en correspondance
L’approche multi–r´esolution
Aujourd’hui, la plupart des auteurs utilisent une approche coarse to fine ou multi–´echelle
pour la g´en´eration des MNS. Cette m´ethode est bas´ee sur la corr´elation r´ealis´ee sur les images
r´e–´echantillonn´ees de l’´echelle la plus grande `a la plus petite. Le r´esultat obtenu pour une
certaine ´echelle sert alors d’initialisation pour la corr´elation `a ´echelle suivante. Le grand
avantage de cette technique est un important gain de temps [31], [32].
Cependant, Szintsev [40] montre que de tels algorithmes ont tendance `a flouter les bords de
bˆatiments car lors de l’agr´egation des pixels d’une fenˆetre de corr´elation, des pixels appartenant
`a deux surfaces diff´erentes sont m´elang´es aux ´echelles les plus grandes et les discontinuit´es
sont plus difficilement retrouv´ees. Des erreurs peuvent alors se propager `a toute la pyramide
d’images.
Certains auteurs proposent des fenˆetres de corr´elation adaptatives au niveau des zones de fortes
discontinuit´es [47]. Sizintsev [40] et Pierrot-Deseilligny [32] proposent l’´equivalent d’un filtrage
morphologique `a chaque niveau de la pyramide d’images en utilisant la fenˆetre de corr´elation
comme ´el´ement structurant afin de simuler une fenˆetre adaptative pouvant se d´eplacer autour de
la discontinuit´e qui a ´et´e calcul´ee au niveau sup´erieur de la pyramide, augmentant la pr´ecision
au niveau de ces zones de discontinuit´es. Cet algorithme est d´ecrit par P´enard et al.[48] et est
impl´ement´e dans l’outil de mise en correspondance que nous avons s´electionn´e.
La prise en compte des occlusions
L’un des points les plus sensibles de la mise en correspondance r´eside dans la pr´esence des
zones d’occlusion sur les images st´er´eoscopiques. Elles correspondent `a des zones observ´ees
sur une des deux images seulement et pour lesquelles il est impossible de retrouver les pixels
homologues (ces zones sont souvent appel´ees demi–occlusion ou half–occlusion dans la litt´erature
car l’occlusion n’est pr´esente que sur une des deux images). Ces zones se situent aux abords
291.2. METHODES DE RESTITUTION 3D : ´ ETAT DE L’ART ´
des bˆatiments et ont une taille variable en fonction de l’angle d’incidence de l’acquisition de
l’image. Or, pour la st´er´eoscopie, les angles d’incidence peuvent ˆetre tr`es importants (jusqu’`a
30˚pour les images WorldView) cr´eant des zones d’occlusion de taille importante dans l’image.
Ces derni`eres ann´ees, de nombreux auteurs se sont int´eress´es `a ce sujet. Brown [29] d´efinit
trois classes d’algorithmes prenant en compte les occlusions : ceux qui d´etectent les occlusions
(g´en´eralement apr`es le calcul de la disparit´e), ceux qui sont plus robustes aux zones d’occlusion
grˆace aux fonctions de coˆut impl´ement´ees et enfin ceux qui mod´elisent les zones d’occlusion lors
de la mise en correspondance.
Les m´ethodes les plus simples pour la d´etection des zones d’occlusion sont bas´ees sur la
d´etection des discontinuit´es dans l’image. Fua [49] et Qingxiong [33] calculent deux cartes de
disparit´e en inversant les rˆoles maˆıtre et esclave des images `a chaque fois. Les disparit´es dont
les valeurs sont trop ´eloign´ees entre elles pour le mˆeme point sont alors consid´er´ees comme des
occlusions. Cette m´ethode dite de back matching est aujourd’hui impl´ement´ee dans de nombreux
algorithmes [29]. Elle est cependant longue en temps de calcul et peut g´en´erer de tr`es
nombreuses zones dites d’occlusion qui sont en r´ealit´e dues `a des diff´erences d’illumination, des
zones homog`enes ou plus g´en´eralement des zones de mauvaise corr´elation sur l’une des deux
cartes de disparit´e.
Egnal [50] compare cinq approches de d´etection des zones d’occlusion bas´ees sur :
– l’analyse de l’histogramme des disparit´es dans une fenˆetre de disparit´e,
– les variations du coefficient de corr´elation,
– le double calcul de la disparit´e `a partir de chacune des images,
– l’analyse de la contrainte d’ordre des disparit´es (pas forc´ement respect´ee lors d’une occlusion),
– les discontinuit´es de la disparit´e.
Ce dernier algorithme, ainsi que l’algorithme de double calcul de disparit´e apparaissent comme
les plus prometteurs. Cependant, leur efficacit´e semble d´ependre du paysage en pr´esence (la
position de l’occlusion, la pr´esence d’objets fins, etc...). De plus, il n’y a pas eu d’´etude concernant
la performance de ces algorithmes en fonction de la m´ethode d’optimisation appliqu´ee.
Les m´ethodes r´eduisant la sensibilit´e aux zones d’occlusion correspondent souvent `a
30CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
l’adaptation de la mesure de similarit´e en fonction de ce probl`eme. Chambon [51] utilise deux
mesures combin´ees : le zero mean normalized cross correlation coefficient et le smooth median
absolute deviation, afin d’am´eliorer la robustesse envers ces zones. Les filtrages de rank et census
propos´es par Zabih [37] permettent aussi une certaine robustesse aux outliers et donc souvent
aux erreurs parfois ponctuelles g´en´er´ees par les zones d’occlusion (lorsque l’angle d’incidence
reste faible).
Enfin, d’autres m´ethodes passent par l’utilisation de fenˆetres adaptatives en fonction du degr´e
de confiance de la corr´elation, le but est d’optimiser les r´esultats de la corr´elation pr`es des zones
d’occlusion [29].
Les m´ethodes mod´elisant les zones d’occlusion, c’est–`a–dire permettant leur localisation
en fonction du voisinage, int`egrent les zones d’occlusion directement dans la recherche de la
disparit´e en cr´eant des fonctions de coˆut sp´ecifiques `a ces zones. Belhumeur [52] a impl´ement´e
un mod`ele complexe de fonction de coˆut incluant des termes pour les surfaces lisses, les limites
d’objets et les pentes. Bobick et Intille [34] associent un coˆut avec les zones d’occlusion qu’ils
r´eduisent ou augmentent en fonction de l’orientation des contours de bˆatiments et donc de celle
de la zone d’occlusion.
L’´etude comparative de Egnal [50] ne consid`ere que des m´ethodes de d´etection des zones d’occlusion.
A notre connaissance, aucune ´etude ne permet de comparer les diff´er ` entes techniques
cit´ees pour la prise en compte de ces zones (d´etection - sensibilit´e - mod´elisation). Cependant,
les m´ethodes les plus efficaces, rapides et faciles `a impl´ementer sont vraisemblablement les m´ethodes
de d´etection des occlusions, mˆeme si elles n´ecessitent g´en´eralement un double calcul de
la disparit´e ou un post–traitement des cartes de disparit´e g´en´er´ees.
Les m´ethodes r´eduisant la sensibilit´e aux occlusions montrent certaines performances mais ne
permettent pas la localisation des occlusions et peuvent donc engendrer des erreurs dans le MNS,
erreurs qui se propagent g´en´eralement ensuite dans la d´etection des changements de la sc`ene.
Au contraire, les m´ethodes de mod´elisation s’av`erent tr`es performantes pour la localisation mais
elles sont particuli`erement difficiles `a impl´ementer.
Dans la chaˆıne de traitements d´evelopp´ee, nous avons choisi une m´ethode de d´etection des zones
d’occlusion appliqu´ee apr`es le calcul des cartes d’´el´evation par mise en correspondance. Cet
311.2. METHODES DE RESTITUTION 3D : ´ ETAT DE L’ART ´
algorithme, bas´e sur des contraintes g´eom´etriques au niveau des discontinuit´es de l’image sera
d´ecrit dans le chapitre 3, section 3.2.
Les g´eom´etries de mise en correspondance
La g´eom´etrie de mise en correspondance correspond `a la technique choisie pour la recherche
des pixels homologues entre les images st´er´eoscopiques. Selon le nombre d’images disponibles et
leur pr´ecision d’orientation, plusieurs g´eom´etries sont possibles.
Classiquement, cette recherche est bas´ee sur la g´eom´etrie ´epipolaire (ou pseudo–´epipolaire dans
le cas des images satellites) comme repr´esent´e sur la figure 1.1(a). La recherche d’un pixel de
l’image maˆıtre est effectu´ee le long de la ligne ´epipolaire correspondante sur l’image esclave.
Une recherche bi–dimensionnelle (transversale `a l’´epipolaire) permet d’ˆetre plus robuste aux
erreurs r´esiduelles dans les mod`eles g´eom´etriques des images.
Cette technique, encore tr`es r´epandue, n´ecessite cependant un r´e–´echantillonnage ´epipolaire des
images.
La seconde g´eom´etrie, tr`es classique aujourd’hui, est la g´eom´etrie image (ou faisceaux),
illustr´ee en figure 1.1(b). Le principe est la recherche du pixel homologue d’une image maˆıtre
sur l’image esclave en localisant celui–ci grˆace aux mod`eles g´eom´etriques des images (affin´es
pr´ealablement) et pour chaque altitude d´efinie dans un rep`ere terrain [36], [32]. Une fois le pixel
localis´e sur l’image esclave, il est aussi possible d’effectuer la recherche selon une seconde dimension,
dans l’espace image afin d’ˆetre, l`a encore, plus robuste aux erreurs g´eom´etriques des images.
Enfin, la g´eom´etrie dite terrain, repr´esent´ee en figure 1.1(c), permet de retrouver, pour
chaque altitude z d’un point d´efini dans un rep`ere terrain, les pixels de chaque image qui
correspondent `a ce point terrain grˆace aux mod`eles g´eom´etriques des images. Un score de
corr´elation est alors calcul´e entre les fenˆetres de pixels d´efinies autour des pixels s´electionn´es.
L’altitude finale choisie est alors celle qui maximise le score de corr´elation entre les fenˆetres de
pixels s´electionn´ees.
Cette technique permet le calcul direct de la carte de profondeur sur une grille terrain r´eguli`ere,
quel que soit le nombre d’images utilis´e. De plus, toutes les images sont consid´er´ees ensemble,
sans notion de maˆıtre et esclave, permettant un processus sym´etrique. Si cette technique se
32CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
montre peu robuste aux erreurs g´eom´etriques des images ou aux occlusions lorsque seulement
deux images sont utilis´ees, elle s’av`ere tr`es avantageuse lorsque le nombre d’images augmente
car elle est alors plus pr´ecise (notamment pour la prise en compte des zones d’occlusion) et plus
rapide qu’une mise en correspondance d’images deux `a deux.
Ces diff´erentes g´eom´etries de mise en correspondance sont d´ecrites en d´etail, avec leurs
avantages et inconv´enients, dans l’article de P´enard et al [48]. Les auteurs montrent notamment
que la g´eom´etrie image pr´esente g´en´eralement de meilleurs r´esultats que la g´eom´etrie terrain,
c’est pourquoi cette derni`ere a ´et´e s´electionn´ee pour la mise en correspondance dans notre chaˆıne
de traitements.
1.2.4 Les outils de restitution 3D existants
Aujourd’hui, de nombreux outils de reconstruction 3D existent sous forme de packages
commerciaux ou open–source. On notera, parmi les packages commerciaux les plus populaires,
Socet–set de BAE Systems, Erdas Imagine de Intergraph, Sat–PP de 4D Ixplorer, OrthoEngine
de PCI Geomatics, Smart3DCapture de Acute3D ou encore Photo Modeler. Les performances
de ces outils sont g´en´eralement bonnes mais le param´etrage peut ˆetre difficile surtout lorsque les
codes sources ne sont pas accessibles, ce qui les rend peu exploitables dans un cadre de recherche.
D’autre outils existent tels que PMVS, de Furukawa et Ponce [53], OpenCV library
(contenant les librairies pour la mise en correspondance selon l’algorithme de Hirschmuller ¨
[31]) ou encore MicMac d´evelopp´e par l’IGN [32]. Ces outils sont libres de t´el´echargement mais
parmi eux, seul MicMac est un outil totalement open–source.
Le t´el´echargement des codes sources de MicMac permet en effet le contrˆole de tous les
param`etres et la maˆıtrise interne compl`ete du code. Ses diff´erentes options, qui autorisent
la mise en correspondance selon toutes les g´eom´etries cit´ees pr´ec´edemment, l’utilisation de
plusieurs m´ethodes d’optimisation et d’interpolation et l’option multi–´echelle en font un outil
particuli`erement adaptable `a tous les contextes (g´eologique ou urbain, en imagerie spatiale ou
terrestre).
C’est pourquoi l’outil MicMac est donc celui que nous avons s´electionn´e pour la mise en
correspondance des images st´er´eoscopiques.
331.2. METHODES DE RESTITUTION 3D : ´ ETAT DE L’ART ´
(a) Sch´ema de principe de la g´eom´etrie ´epipolaire
(b) Sch´ema de principe de la g´eom´etrie image
(c) Sch´ema de principe de la g´eom´etrie terrain
Figure 1.1 – Sch´ema de principe des diff´erentes g´eom´etries de mise en correspondance.
34CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
1.3 Description g´en´erale de la chaˆıne de traitements d´evelopp´ee
L’objectif fix´e lors du travail de th`ese est de d´evelopper une m´ethode totalement automatique
pour la d´etection des changements d’´el´evation `a partir d’images satellites st´er´eoscopiques.
Nous nous pla¸cons dans un contexte urbain, le but ´etant de retrouver tous les changements du
bˆati (construction, destruction ou modifications d’infrastructure). Les contraintes du syst`eme
sont alors les suivantes :
– le syst`eme doit ˆetre enti`erement automatique de l’acquisition des images `a la g´en´eration
des cartes de changements,
– la m´ethode doit ˆetre applicable quels que soient le ou les capteurs tr`es haute r´esolution
utilis´es, qu’ils soient satellites ou a´eriens,
– les param`etres doivent ˆetre suffisamment g´en´eriques afin que la m´ethode soit applicable
dans des contextes vari´es (milieu urbain, montagneux, d´esertique).
Afin de r´epondre au mieux `a ces contraintes, une chaˆıne compl`ete et innovante de traitements `a
´et´e d´evelopp´ee. Cette chaˆıne, illustr´ee en figure 1.2 comprend trois ´etapes majeures : la premi`ere
´etape (entour´ee en trait plein sur la figure) correspond `a la spatio–triangulation ou recalage
simultan´e de toutes les images disponibles, sans consid´eration de leur date d’acquisition. Cette
´etape, d´ecrite dans le chapitre 2, section 2.1, sera r´ealis´ee `a l’aide d’outils existants permettant
la recherche de points de liaison entre les images et l’affinage des mod`eles g´eom´etriques des
images.
La seconde ´etape (entour´ee en pointill´es fins) permet la g´en´eration de MNS pr´ecis pour chaque
date. Cette ´etape, d´ecrite dans le chapitre 3 consiste d’abord en une mise en correspondance
des images `a l’int´erieur de chaque couple, chaque image ´etant successivement maˆıtre et
esclave. Cette mise en correspondance, r´ealis´ee `a l’aide de l’outil MicMac et par une m´ethode
d’optimisation (voir section 3.1), est suivie par le basculement des MNS g´en´er´es sur une grille
r´eguli`ere commune (voir section 3.2) puis par la fusion de tous les MNS obtenus avec un
algorithme de labellisation par optimisation (voir section 3.3).
Ces deux derni`eres ´etapes sont issues de d´eveloppements r´ealis´es au cours de la th`ese et
351.3. DESCRIPTION GEN´ ERALE DE LA CHA ´ ˆINE DE TRAITEMENTS DEVELOPP ´ EE´
Figure 1.2 – Illustration des diff´erentes ´etapes de la chaˆıne globale de traitements.
permettent de prendre en compte toutes les contraintes et sources d’erreurs inh´erentes aux
images satellites afin de g´en´erer des MNS pr´ecis en vue de la d´etection des changements
d’´el´evation.
36CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
Ainsi, la derni`ere ´etape (entour´ee en pointill´es larges) a pour objectif l’analyse de la
diff´erence des MNS afin de mettre en ´evidence les changements d’´el´evation les plus pertinents
de la sc`ene selon une m´ethode que nous avons d´evelopp´ee. Cette m´ethode, d´ecrite dans le
chapitre 4, est bas´ee sur la classification des pixels du MNS diff´erentiel `a travers un algorithme
de labellisation par optimisation.
Nous noterons finalement que trois ´etapes de calcul r´ealis´ees dans cette chaˆıne de traitements
sont bas´ees sur une labellisation des pixels de l’image r´esolue par une m´ethode d’optimisation.
Un algorithme ”noyau” a ainsi ´et´e d´evelopp´e au cours de th`ese et a ´et´e adapt´e pour la r´esolution
de chacun de ces probl`emes. Cet algorithme est d´ecrit dans le chapitre 2, section 2.2.3.
1.4 Capteurs utilis´es et donn´ees d’entr´ee
Au cours de ce travail, de nombreux jeux de donn´ees ont ´et´e utilis´es afin d’exp´erimenter les
m´ethodes sur diff´erentes sc`enes et d’en analyser les r´esultats. Seules des images panchromatiques
provenant de capteurs tr`es haute r´esolution spatiale ont ´et´e employ´es : Ikonos, dont les images
obtenues ´etaient r´e–´echantillonn´ees `a 1 m de r´esolution spatiale, WorldView-1 et 2, produisant
des images `a environ 60 cm de r´esolution spatiale et Pl´eiades, produisant des images `a environ
70 cm de r´esolution spatiale. Le tableau 1.1 r´esume toutes les donn´ees utilis´ees.
Bien que les images multispectrales puissent apporter des informations permettant de filtrer
les cartes de d´etection de changements obtenues `a la mani`ere de Tian [8], nous avons choisi de
d´evelopper notre chaˆıne de traitements `a partir des images panchromatiques uniquement.
Tous ces capteurs sont de type push–broom : barrettes lin´eaires de d´etecteurs permettant
l’acquisition de chaque ligne de l’image successivement grˆace au d´efilement du paysage dans le
plan focal.
Quatre zones g´eographiques ont ´et´e ´etudi´ees pour les diff´erentes ´etapes de calcul de la m´ethode,
en fonction des donn´ees disponibles.
Pour l’illustration de la chaˆıne compl`ete, i.e. de la g´en´eration des MNS `a la d´etection de changements,
la ville de Phoenix, en Arizona (Etats-Unis) a ´et´e analys´ee entre les dates de 2008 et 2011. ´
Cette zone permet d’´evaluer les performances de la m´ethode lors de l’analyse de l’´evolution ty-
371.4. CAPTEURS UTILISES ET DONN ´ EES D’ENTR ´ EE´
Capteur Date R´esolution Angle Angle b/h
d’acquisition spatiale (m) d’azimut (◦
) d’´el´evation (◦
)
Donn´ees acquise sur la ville de Phoenix (Etats-Unis)
WorldView-1 2008-10-06 0,59 51,5 64,1
0,67
WorldView-1 2008-10-06 0,56 141,6 67,6
WorldView-1 2011-04-28 0,62 156,2 59,6
0,70
WorldView-1 2011-04-28 0,56 65,0 67,6
Donn´ees acquise sur la ville de Toulouse (France)
Pl´eiades 2012-05-07 0,70 115,5 64,7 0,54
Pl´eiades 2012-05-07 0,70 88,9 64,6 0,55
Pl´eiades 2012-05-07 0,70 102,2 65,2 0,54
Donn´ees acquise sur la ville de Chistchurch (Nouvelle Z´elande)
WorldView-1 2009-09-16 0,66 85,7 57,2
0,66
WorldView-1 2009-09-16 0,58 66,3 23,7
WorldView-2 2011-08-30 0,60 199,5 57,3
0,66
WorldView-2 2011-08-30 0,47 289,0 87,2
Donn´ees acquise sur la ville de Sendai (Japon)
Ikonos 2010-12-11 1 (reech.) 64,9 64,65
0,79
Ikonos 2010-12-11 1 (reech.) 149,15 60,66
Ikonos 2011-08-13 1 (reech.) 314,4 61,14
0,72
Ikonos 2011-08-13 1 (reech.) 250,96 56,66
Table 1.1 – M´etadonn´ees des images utilis´ees lors des diff´erentes ´etudes.
pique d’un milieu urbain. Dans ce mˆeme contexte, la ville de Christchurch, en Nouvelle Z´elande
a aussi ´et´e ´etudi´ee. L’int´erˆet de cette zone est la pr´esence de deux acquisitions LiDAR effectu´ees
au mˆeme endroit et `a des dates proches des acquisitions satellitaires. Cette zone permet ainsi
une quantification pr´ecise des performances des algorithmes mis en place.
Les donn´ees Pl´eiades, acquises sur la ville de Toulouse selon le mode tri–st´er´eoscopique, permettent
d’illustrer l’int´erˆet de l’algorithme de g´en´eration des MNS pour le traitement d’acquisitions
multi–st´er´eoscopiques.
38CHAPITRE 1. ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES ET STRAT ´ EGIE ADOPT ´ EE´
La zone de Sendai (Japon), permet enfin de tester de la chaˆıne de traitements sur un cas concret
de catastrophe majeure. En effet, les donn´ees disponibles ont ´et´e acquises avant et apr`es le s´eisme
suivi par le tsunami qui a ravag´e la cˆote de Sendai le 11 mars 2011.
1.5 Conclusion
Ce chapitre pr´esente tout d’abord de nombreuses m´ethodes de d´etection de changements
`a partir d’images satellites ou a´eriennes. Cependant, si les m´ethodes classiques bas´ees sur la
comparaison radiom´etrique des images montrent de bonnes performances, elles ne s’av`erent
pas toujours efficaces du fait des nombreuses fausses alarmes qu’elles g´en`erent et sont souvent
difficilement automatisables car trop d’a priori sur les changements sont n´ecessaires.
Les m´ethodes bas´ees sur l’exploitation de l’information d’´el´evation de la sc`ene paraissent alors
mieux adapt´ees, notamment au contexte urbain. Bien que ces m´ethodes n´ecessitent aussi des
informations a priori ou contextuelles, l’analyse de la diff´erence entre deux cartes d’´el´evation
montre de tr`es bon r´esultats.
Dans cet objectif, de nombreuses m´ethodes de restitution 3D ont ´et´e ´etudi´ees afin de s´electionner
une strat´egie suffisamment robuste pour la mise en correspondance d’images satellites
et la g´en´eration de cartes d’´el´evation. Nous avons vu que de nombreuses techniques permettent
de prendre en compte les erreurs de recalage des images ou bien les zones d’occlusion, ces deux
points ´etant particuli`erement importants dans le cas des images satellites.
La chaˆıne de traitements r´ealis´ee lors de cette th`ese est ainsi bas´ee sur la g´en´eration de MNS
`a travers plusieurs ´etapes de calcul permettant d’am´eliorer leur pr´ecision grˆace `a une technique
de mise en correspondance s´electionn´ee pour ses performances et son adaptabilit´e, suivi par des
post–traitements permettant une meilleur prise en compte des erreurs d’occlusion.
La m´ethode de d´etection des changements d´evelopp´ee est, quant `a elle, une m´ethode innovante
car totalement automatique permettant la d´etection des changements pertinents du bˆati grˆace
`a la seule utilisation de l’information d’´el´evation produite aux dates d’int´erˆet.
391.5. CONCLUSION
40Chapitre 2
Outils et m´ethodes n´ecessaires `a la
chaˆıne de traitements
Ce chapitre pr´esente les outils de calcul, utilis´es en l’´etat ou bien impl´ement´es, n´ecessaires
`a la chaˆıne de traitements d´evelopp´ee.
La premi`ere ´etape de la chaˆıne de traitements consiste en un recalage simultan´e de toutes les
donn´ees disponibles aux dates t1 et t2. Cette ´etape est bas´ee sur des outils existants pour la
recherche de points de liaison entre les images et l’affinage des mod`eles g´eom´etriques des images
par ajustement de faisceaux. Cette ´etape est essentielle pour la g´en´eration des MNS et le calcul
des MNS diff´erentiels, calculs qui n´ecessitent une grande pr´ecision de recalage entre les images.
Apr`es un bref rappel de l’objectif et du principe de la spatio–triangulation des images, nous
verrons quelques r´esultats obtenus apr`es ce calcul et nous discuterons des erreurs r´esiduelles
g´en´er´ees.
Nous verrons ensuite dans ce chapitre l’outil central n´ecessaire aux ´etapes de calcul r´ealis´ees
dans notre chaˆıne de traitements. Cet outil est un algorithme d’optimisation semi-globale et
permettant la r´esolution de probl`emes de labellisation. Nous montrerons tout d’abord comment
cet algorithme a ´et´e s´electionn´e parmi les nombreux algorithmes d’optimisation existants puis
nous d´etaillerons son impl´ementation telle que nous l’avons r´ealis´ee.
412.1. CO–LOCALISATION DES IMAGES : UTILISATION D’UN OUTIL DE
SPATIO–TRIANGULATION
2.1 Co–localisation des images : utilisation d’un outil de spatio–
triangulation
2.1.1 Contexte et objectif
Les capteurs tr`es haute r´esolution tels que les capteurs Pl´eiades, WorldView, Ikonos,
GeoEye ou OrbView sont particuli`erement agiles, facilitant les acquisitions st´er´eoscopiques.
Les images peuvent alors ˆetre prises par vue lat´erale (across track) ou plus commun´ement en
mode avant–arri`ere le long de la trace du satellite (along track), permettant des acquisitions
quasi–simultan´ees. Ces diff´erentes conditions d’acquisition sont le point cl´e de la st´er´eoscopie.
Cependant, les mod`eles g´eom´etriques fournis avec les images et contenant les informations
sur la position du satellite, son orientation et sa direction de vis´ee lors de l’acquisition, ne sont
pas suffisamment pr´ecis. En effet, pour des satellites tr`es haute r´esolution tels que Pl´eiades,
il faudrait atteindre une pr´ecision de restitution des angles de vis´ee au microm`etre pour que
l’orientation du satellite soit connue `a l’´echelle du pixel. Ceci n’est aujourd’hui pas r´ealisable
par les syst`emes de contrˆole [54].
La figure 2.1 pr´esente les angles correspondant aux variations d’attitudes du satellite appel´es
roulis αR, tangage αT et lacet αL.
Ainsi, lorsque les mod`eles g´eom´etriques natifs associ´es aux images sont exploit´es, on observe
que les pixels homologues (ou points de liaison) appartenant `a diff´erentes images (du mˆeme
couple st´er´eoscopique ou non) et repr´esentant un mˆeme point physique ne correspondent pas
aux mˆemes coordonn´ees terrain.
On observe des biais variables selon les satellites et la pr´ecision de leurs mod`eles g´eom´etriques :
DigitalGlobe annonce une pr´ecision de localisation absolue au sol de 15 m pour QuickBird, 9 m
pour Ikonos et 5 m pour WorldView tandis que Pl´eiades est annonc´e `a 12 m de pr´ecision [54].
Or, la mise en correspondance des images n´ecessite une pr´ecision subpixellique (typiquement
inf´erieure `a 0,5 m) de localisation relative des images. En effet, la technique employ´ee, d´etaill´ee
au chapitre 3, est bas´ee sur le parcours des lignes de vis´ee de chacun des pixels. De mˆeme, lors
de l’´etape de d´etection de changements, d´ecrite dans le chapitre 4, le calcul de la diff´erence des
42CHAPITRE 2. OUTILS ET METHODES N ´ ECESSAIRES ´ A LA CHA ` ˆINE DE
TRAITEMENTS
MNS pixel `a pixel est particuli`erement sensible au recalage des MNS, lui–mˆeme directement li´e
au recalage des images d’origine.
Afin de s’assurer de la pr´ecision de co–localisation des images puis des MNS, nous avons
choisi de proc´eder, avant tout autre traitement, `a une spatio–triangulation [55] (plus connue
sous le nom d’a´ero–triangulation pour les images a´eriennes).
2.1.2 Principe de la spatio–triangulation
Le principe de la spatio–triangulation est de corriger les erreurs des mod`eles g´eom´etriques
des images afin que les lignes de vis´ee provenant des pixels homologues de chacune des images
se croisent au mieux sur les mˆemes coordonn´ees au sol [56]. Cet affinage des mod`eles peut ˆetre
r´ealis´e de fa¸con absolue au sol si des points d’appuis sont disponibles (points rep´er´es dans l’image
et de coordonn´ees terrain connues) ou relative, c’est–`a–dire que les images sont alors seulement
co–localis´ees entre elles.
Le principe de la spatio–triangulation est illustr´e dans les figures 2.2(a) et 2.2(b) qui pr´esentent
l’orientation des images avant et apr`es cette ´etape.
Figure 2.1 – Illustration du syst`eme d’acquisition en barrette push–broom et des angles d’attitude
du satellite.
432.1. CO–LOCALISATION DES IMAGES : UTILISATION D’UN OUTIL DE
SPATIO–TRIANGULATION
(a) Orientation et localisation des images avant spatio–
triangulation.
(b) Orientation et localisation des images apr`es spatio–
triangulation.
Figure 2.2 – Illustration du r´esultat de la spatio–triangulation pour le recalage des images.
Selon les donn´ees fournies avec les images satellites, les mod`eles g´eom´etriques peuvent
correspondre au mod`ele physique des images ou aux fractions rationnelles (RPC).
Le mod`ele physique est un mod`ele explicite, calcul´e en prenant en compte les param`etres de
prise de vue du syst`eme `a chaque instant et d´efini par les ´eph´em´erides du satellite (orbitographie,
attitude et orientation du satellite `a chaque instant).
Les fractions rationnelles permettent de mod´eliser la ligne de vis´ee de chacun des pixels afin
de retrouver les matrices de passage des coordonn´ees images aux coordonn´ees terrain pour
n’importe quelle altitude [56].
En g´eom´etrie image, on d´efinit par mod`ele direct, le mod`ele physique ou analytique, permettant
le calcul des coordonn´ees terrain d’un point `a partir de ses coordonn´ees image (et d’une
altitude). Le mod`ele inverse permet de calculer les coordonn´ees image d’un point `a partir de
ses coordonn´ees terrain.
Ainsi, la spatio–triangulation consiste `a affiner les mod`eles g´eom´etriques des images, et plus
particuli`erement les angles d’attitude : roulis, tangage et lacet, en leur introduisant un mod`ele
44CHAPITRE 2. OUTILS ET METHODES N ´ ECESSAIRES ´ A LA CHA ` ˆINE DE
TRAITEMENTS
d’erreur. L’objectif est de corriger ces mod`eles afin de garantir la crois´ee des faisceaux provenant
d’un jeu de points de liaison ou d’appuis. Cet objectif peut ˆetre atteint si les mod`eles d’erreurs
introduits, sur l’instrument, l’orientation ou l’attitude du satellite, sont en ad´equation avec la
r´ealit´e [55]. Lorsque seuls des points de liaison sont disponibles, des contraintes de localisation
absolue sont pos´ees grˆace `a des a priori afin d’´eviter que le mod`ele ne diverge.
Les points d’appuis ´etant des donn´ees rares voire inexistantes, toutes les images de la chaˆıne
de traitements propos´ee sont recal´ees entre elles de fa¸con relative.
Une premi`ere ´etape, avant l’affinage des mod`eles, consiste `a rechercher des points de liaison
entre les images. Cette ´etape est r´ealis´ee grˆace `a un outil de corr´elation d’images d´evelopp´e au
CEA 1
. Cet outil permet la corr´elation non dense des images deux `a deux afin de d´eterminer les
points homologues les plus fiables (c’est–`a–dire ceux montrant le meilleur score de corr´elation).
Seuls quelques centaines de points, bien r´epartis sur chaque image, sont n´ecessaires pour affiner
les mod`eles.
L’´etape d’ajustement de faisceaux est ensuite effectu´ee `a l’aide du logiciel Euclidium, d´evelopp´e
par le CNES et l’IGN.
Ces outils de corr´elation et d’ajustement de faisceaux, d´ej`a existants et valid´es, fonctionnent de
fa¸con totalement automatique pour tous type de capteurs.
Cependant, il apparaˆıt que mˆeme apr`es l’affinage des mod`eles g´eom´etriques des images, des
erreurs r´esiduelles persistent. Ces erreurs sont g´en´eralement dues `a des variations temporelles
d’orientation du capteur lors de la prise de vue, impossibles `a mod´eliser et `a corriger par la
spatio–triangulation du fait du faible nombre de degr´es de libert´e du mod`ele d’erreur (biais et
d´erive temporelle d’attitude).
Un autre d´efaut, inh´erent aux traitements sol, peut aussi repr´esenter une source d’erreur non
corrigeable par la spatio–triangulation : c’est le d´efaut provenant de la simulation en “capteur
parfait” des images. En effet, l’acquisition des images satellites est r´ealis´ee par segments,
illustr´es en figure 2.1. Lorsque l’image est produite, les segments de chaque ligne sont fusionn´es
afin de simuler un capteur lin´eaire monolitique. Or, des d´efauts de calibration sur les distances
inter–barrettes peuvent subsister et engendrer des erreurs dans les mod`eles g´eom´etriques des
images (RPC ou mod`eles physiques), erreurs qui ne peuvent ˆetre mod´elis´ees et corrig´ees par la
1. Cet outil a ´et´e d´evelopp´e en interne et aucune publication n’y fait r´ef´erence.
452.1. CO–LOCALISATION DES IMAGES : UTILISATION D’UN OUTIL DE
SPATIO–TRIANGULATION
(a) D´efauts r´esiduels d’une image OrbView-3
apr`es spatio–triangulation.
(b) D´efauts r´esiduels d’une image WorldView-1
apr`es spatio–triangulation.
Figure 2.3 – Illustration du r´esultat de la spatio–triangulation pour le recalage des images
(´echelle en pixels).
spatio–triangulation car elle n’autorise pas de degr´es de libert´e sur le plan focal.
Figure 2.4 – Illustration du calcul des r´esidus de la spatio–triangulation.
Dans le but de quantifier ces erreurs, les distances r´esiduelles entre les faisceaux provenant
de points homologues trouv´es entre les deux images d’un couple OrbView-3 et d’un couple
WorldView-1 ont ´et´e calcul´ees (figures 2.3(a) et 2.3(b)).
46CHAPITRE 2. OUTILS ET METHODES N ´ ECESSAIRES ´ A LA CHA ` ˆINE DE
TRAITEMENTS
La figure 2.4 permet d’illustrer le calcul de cette distance pour deux points homologues
M i1 et M i2, appartenant `a deux images diff´erentes I1 et I2. Le recalage des images n’´etant pas
parfait, les faisceaux provenant de ces points ne se croisent pas. La plus petite distance entre
ces faisceaux est repr´esent´ee par la distance entre les points M et M′ dans l’espace terrain.
Projet´ee en g´eom´etrie image, cette distance correspond `a la distance d entre les points M i2
(point homologue `a M i1) et M i′
2
(point retrouv´e par corr´elation ´epipolaire entre les deux
images). Cette distance, calcul´ee apr`es le recalage des images, repr´esente l’erreur r´esiduelle de
la spatio–triangulation.
Cette distance a ´et´e calcul´ee apr`es l’affinage des mod`eles g´eom´etriques d’un couple d’images
OrbView–3 et d’un couple d’images WorldView–1.
Les figures 2.3(a) et 2.3(b) illustrent les r´esultats obtenus pour ces deux capteurs. On observe
sur la figure 2.3(b) des artefacts lin´eaires tr`es marqu´es formant des discontinuit´es dans l’image
(rep´er´es par les fl`eches rouges en haut de la figure 2.3(b)), d’amplitude d’environ 0,7 pixel
pour les images WorldView-1. Ces d´efauts correspondent aux d´efauts capteurs non corrig´es des
images (ils ne sont pas visibles sur la figure 2.3(a)).
Les d´efauts d’attitude sont, quant `a eux, visibles sous formes d’ondulations quasi horizontales
et tr`es marqu´ees sur la figure 2.3(a) et horizontales sur la figure 2.3(b). Ces d´efauts sont rep´er´es
par les fl`eches noires `a gauche de chacune des figures.
Ces r´esidus, d’ordre pixellique pour les images OrbView-3 mettent en ´evidence des erreurs
d’orientation trop importantes sur ce capteur pour notre ´etude, tandis que les erreurs d’ordre
subpixelliques du capteur WorldView-1 sont acceptables et autorisent la mise en correspondance
des images pour la g´en´eration fiable de MNS.
2.2 Outil pour la r´esolution de probl`emes de labellisation
2.2.1 Trois probl`emes de labellisation
A l’int´erieur de cette chaˆıne de traitements, trois ´etapes d ` e calcul sont bas´ees sur la
r´esolution d’un probl`eme de labellisation (voir section 1.3). C’est–`a–dire qu’`a chacune de ces
472.2. OUTIL POUR LA RESOLUTION DE PROBL ´ EMES DE LABELLISATION `
´etapes de calcul, la valeur de chaque pixel de l’image de sortie r´esulte d’un choix r´ealis´e entre
plusieurs valeurs ou attributs possibles selon des crit`eres calcul´es appel´es attaches aux donn´ees.
Dans une premi`ere ´etape de calcul, lors de la mise en correspondance des images, le pixel
homologue `a un pixel de l’image maˆıtre est choisi parmi plusieurs candidats en fonction d’un
crit`ere de similarit´e. La s´election du pixel homologue permet alors de d´eduire l’´el´evation du
point terrain repr´esent´e par ces pixels homologues (voir chapitre 3, section 3.1).
Dans un second calcul, qui correspond `a la fusion des MNS, les pixels du MNS final r´esultent
du choix entre les diff´erentes valeurs d’´el´evation propos´ees par chacun des pixels des MNS `a
fusionner. Ce choix est r´ealis´e en fonction d’un crit`ere de confiance calcul´e pour chacun des
pixels des diff´erents MNS (voir chapitre 3, section 3.3).
Enfin, lors de la d´etection des changements, c’est en fonction de la valeur du pixel dans la
diff´erence de MNS qu’un label de changement (positif, n´egatif ou non changement) est attribu´e
au pixel de la carte finale des changements (voir chapitre 4).
Ces probl´ematiques, bien que tr`es diff´erentes en termes de labels et d’objectifs, ont pour
caract´eristique commune que toutes les solutions ne sont pas ´equiprobables. En effet, `a crit`eres
d’attache aux donn´ees identiques, on privil´egie les solutions r´eguli`eres. Cette r´egularit´e se
traduit par le fait que, dans une image, la valeur d’un pixel n’est pas ind´ependante des valeurs
des pixels qui l’entourent, de mˆeme, le label affect´e `a un pixel d´epend des labels affect´es aux
pixels voisins. L’ensemble des labels peut ainsi ˆetre consid´er´e comme un champ de Markov
al´eatoire [28, 42, 57, 58] et la probabilit´e d’affectation d’un label `a un pixel d´epend alors de la
probabilit´e conjointe de l’appartenance du label `a ce pixel et aux pixels de son voisinage. Le
probl`eme de labellisation n’est alors plus consid´er´e comme un probl`eme local mais peut ˆetre
r´esolu de fa¸con globale sur l’image.
Toutes les solutions de labellisation possibles sur l’image ne sont pas ´equiprobables. Cependant,
il existe une solution optimale qui correspond a priori `a une solution r´eguli`ere sur l’image qui
limite les variations de hautes fr´equences, correspondant g´en´eralement `a du bruit.
Cette formulation se traduit alors par l’introduction d’une contrainte de r´egularisation spatiale
dans le calcul de labellisation des pixels.
Chacune des labellisations rencontr´ees dans la chaˆıne de traitements est alors r´esolue `a
48CHAPITRE 2. OUTILS ET METHODES N ´ ECESSAIRES ´ A LA CHA ` ˆINE DE
TRAITEMENTS
partir d’une mˆeme m´ethode bas´ee sur la minimisation d’une fonctionnelle d’´energie globale E
sur l’ensemble des pixels x d’une image X et permettant d’assigner un label n
j appartenant au
jeu de labels N = {n
1
, n2
, ..., nz}, (z ´etant le nombre total de labels) `a chacun des pixels x ∈ X
selon la fonction suivante :
E(n) = X
x∈X
Cdata(n(x)) + X
(x′)∈V (x)
Creg(n(x), n(x
′
)). (2.1)
Cdata(n(x)) repr´esente le coˆut pour l’affectation du label n au pixel x en fonction d’un crit`ere
de probabilit´e d’appartenance `a ce label.
Creg(n(x), n(x
′
)) correspond au coˆut pour l’affectation d’un des labels n `a deux pixels voisins x
et x
′
. Ce terme traduit la contrainte de r´egularisation.
2.2.2 Les m´ethodes d’optimisation existantes
De nombreuses approches existent pour r´esoudre la minimisation d’une fonctionnelle
d’´energie sur une image. Ce sujet a notamment ´et´e largement ´etudi´e pour r´esoudre le probl`eme
de la mise en correspondance d’images [28], comme nous l’avons vu dans le chapitre 1, section
1.2, mais cette approche est aussi tr`es utilis´ee en restauration d’image ou en segmentation
[12, 58].
Nous rappelons que les algorithmes de minimisation d’´energie peuvent ˆetre divis´es en deux
cat´egories : les algorithmes permettant de retrouver une solution exacte ou approch´ee en
consid´erant toute l’image en une seule fois, et les algorithmes qui partitionnent l’image en
une s´erie de probl`emes plus simples `a r´esoudre (g´en´eralement en consid´erant l’image par
s´equences de pixels en une dimension) et qui permettent de retrouver des solutions minimales
localement qui sont ensuite fusionn´ees afin d’obtenir le r´esultat global [43]. Ce sont les m´ethodes
semi–globales [42].
Les m´ethodes globales
Les m´ethodes les plus populaires d’optimisation globale sont celles bas´ees sur les graph-cuts
[59], [58] et [41], ou encore le belief propagation [43, 60]. Ces m´ethodes sont parmi les plus
efficaces comme l’a d´emontr´e Scharstein [28], `a partir du benchmark Middelbury [61], puis
492.2. OUTIL POUR LA RESOLUTION DE PROBL ´ EMES DE LABELLISATION `
(a) Illustration de la construction des graph–cuts.
Figure provenant de l’article de Roy et Cox [59]
(b) Illustration du graphe 3D et de la surface
de disparit´e.
Figure 2.5 – Illustration de la m´ethode des graph–cuts appliqu´ee au calcul de la disparit´e.
Schindler [42] sur des probl`emes de classification d’images. D’autres m´ethodes, comme les
recuits–simul´es (simulated annealing), d´evelopp´es par Geman [57], sont souvent jug´ees moins
efficaces et trop lourdes en temps de calcul, notamment parce que les labels de chacun des
pixels sont recalcul´es `a chaque it´eration afin de retrouver un minimum global [58].
Formulation du probl`eme de mise en correspondance `a travers la th´eorie du
Maximum-flow. L’id´ee des graph–cuts est de ramener le probl`eme de minimisation d’´energie
`a un probl`eme de coupe minimale dans un graphe, ce qui, d’apr`es le th´eor`eme de Ford-Fulkerson
[62], revient `a trouver le flot maximal (ou MaxFlow) `a travers un graphe, probl`eme pour lequel
il existe des algorithmes de calcul exacts et efficaces.
Dans le cas d’un probl`eme de mise en correspondance, Roy et Cox [59] ont d´evelopp´e un
algorithme permettant de retrouver globalement et en une seule fois la surface de disparit´e (repr´esent´ee
en rouge sur la figure 2.5) pour un couple d’images st´er´eoscopiques.
Avec cet algorithme d’optimisation, et afin de satisfaire une contrainte de r´egularisation spatiale
dans toutes les directions, la mise en correspondance ne peut pas se faire selon une seule
dimension `a travers la mise en correspondance classique des lignes ´epipolaires.
50CHAPITRE 2. OUTILS ET METHODES N ´ ECESSAIRES ´ A LA CHA ` ˆINE DE
TRAITEMENTS
L’id´ee est alors de construire un graphe 3D (x, y, z), x et y repr´esentent la dimension image
(ligne,colonne) et z repr´esente les hypoth`eses d’´el´evation donn´ees par la recherche sur les parallaxes.
A ce graphe sont ajout´es une source ` S et un puits T permettant de former le graphe
G = (V, E) avec V l’ensemble des sommets du graphe, c’est `a dire la grille 3D form´ee entre S
et T, et E l’ensemble des arˆetes qui connectent tous les sommets de la grille (repr´esent´ee sur la
figure 2.5(b)).
A chaque arˆete est affect´e un coˆut (ou une capacit´e de flot) :
– les arrˆetes verticales (nomm´ees D sur la figure 2.5(b)) sont les arˆetes dites de disparit´e et
correspondent directement au coˆut de mise en correspondance : un coefficient de corr´elation
´elev´e entre deux pixels va permettre la saturation de l’arˆete correspondante par le flot
maximal et inversement,
– les arˆetes horizontales (nomm´ees O sur la figure 2.5(b)) sont les arˆetes d’occlusion (O) qui
contrˆolent la r´egularisation et permettent de limiter les variations de la surface de disparit´e
selon le poids de la r´egularisation,
– les arˆetes connect´ees `a la source ou au puits sont, quant `a elles, de capacit´e infinie.
Toute solution Z = f(x) repr´esente une coupe minimale qui divise le graphe selon deux ensembles
:
– Z > f(x), c’est l’ensemble appel´e background dans la figure 2.5(a),
– Z < f(x), c’est l’ensemble appel´e foreground dans la figure 2.5(a).
On montre que le coˆut de la coupe minimale d´efinie pr´ec´edemment est calcul´e exactement par
la formule pr´ec´edente (´equation 2.1).
Ce probl`eme peut donc ˆetre formul´e comme un probl`eme de flot maximum pour lequel Cox et
Roy proposent une solution optimis´ee [59].
Kolmogorov [63] a cependant montr´e que l’application des graph–cuts est soumise `a une
condition dite de “sous–modularit´e” de la fonction d’´energie de r´egularisation. En effet, les poids
des arˆetes du graphe doivent ˆetre forc´ement positifs de la source vers le puits afin que l’algorithme
converge, cette condition se traduit par l’´equation suivante :
Creg(0, 0) + Creg(1, 1) ≤ Creg(0, 1) + Creg(1, 0). (2.2)
Avec Creg le coˆut d’affectation de deux labels binaires (0 ou 1) `a deux pixels voisins. Si l’´energie
512.2. OUTIL POUR LA RESOLUTION DE PROBL ´ EMES DE LABELLISATION `
de r´egularisation ne satisfait pas ces contraintes, la solution optimale ne peut ˆetre garantie.
Cette contrainte peut limiter la gamme de fonctions de coˆut possible pour la r´esolution d’un
probl`eme d’optimisation par graph–cuts.
Autres approches d’optimisation globale Un autre algorithme, largement utilis´e pour
l’optimisation globale est le belief propagation [39], [33] ou la version loopy belief propagation
propos´ee par Felzenszwalb [43]. Cette m´ethode fonctionne par passage de “messages” entre le
graphe d´efini par les quatre connexes d’un pixel. Chaque message est un vecteur de dimension
´egale au nombre de labels en jeu et fonction du coˆut minimum obtenu pour chaque label,
consid´erant leurs probabilit´es sur les quatre connexes du pixel. Cependant, Kolmogorov montre
que la convergence de cet algorithme n’est pas toujours assur´ee [64, 65] et la solution trouv´ee
apparaˆıt souvent de plus haute ´energie que les graph–cuts et donc non optimale. De plus, le
temps de calcul n´ecessaire reste particuli`erement long [64], bien que la variante de Felzenszwalb
permette de r´eduire ce temps [43].
Une m´ethode proche du belief propagation a ´et´e r´ecemment introduite, le tree-reweighted message
passing [65]. Cette m´ethode apparaˆıt moins gourmande en ´energie puisque les ”messages” ne sont
plus pass´es entre un graphe form´e des quatre connexes mais `a travers un graphe form´e par un
arbre. Kolmogorov [65] et Szeliski [64] ont montr´e que cette m´ethode ´etait plus efficace que les
graph–cuts sur les jeux de test de Middelbury mais reste n´eanmoins plus lente que les graph–cuts.
De mani`ere g´en´erale, les graph–cuts et autres m´ethodes d’optimisation globales n´ecessitent
de tr`es grandes capacit´es m´emoire (notamment lorsque plusieurs labels sont en jeu) et sont
alors difficilement applicables sur des images compl`etes de grande emprise telles que les images
satellites tr`es haute r´esolution [42].
Les m´ethodes semi–globales
D’autres proc´ed´es permettent la r´esolution de probl`emes d’optimisation, non pas en recherchant
une solution exacte ou approch´ee au minimum global sur toute l’image simultan´ement
mais en fonctionnant it´erativement sur la recherche de minimas locaux sur l’image `a partir de
52CHAPITRE 2. OUTILS ET METHODES N ´ ECESSAIRES ´ A LA CHA ` ˆINE DE
TRAITEMENTS
Figure 2.6 – Illustration d’un effet de streaking le long des lignes d’une image trait´ee par
programmation dynamique.
fonctions qui permettent une approximation de la fonction globale. L’avantage de ces m´ethodes
est de r´eduire largement la complexit´e des probl`emes en les divisant en sous–probl`emes plus
faciles et rapides `a r´esoudre [43].
La m´ethode la plus populaire est la programmation dynamique. Cette m´ethode est aujourd’hui
appliqu´ee dans de nombreux domaines de traitement d’image [31, 34, 44, 66].
Appliqu´ee `a une image, l’id´ee de base de la programmation dynamique consiste `a optimiser
une fonction d’´energie sur chacune des lignes ind´ependamment [34]. L’inconv´enient majeur de
cette m´ethode est le manque de coh´erence entre chacune des lignes, cr´eant des effets de streaking
ou artefacts lin´eaires, le long des lignes dans le r´esultat lorsqu’un label a tendance `a se propager
le long de la ligne du fait de la r´egularisation spatiale.
Ce ph´enom`ene est illustr´e sur le MNS pr´esent´e en figure 2.6 o`u la propagation de valeurs d’´el´evation
le long des lignes, sans coh´erence avec les colonnes, est fortement marqu´ee.
Afin de limiter ce probl`eme, plusieurs approches ont ´et´e d´evelopp´ees : Bobick et Intille [34],
dans un contexte de mise en correspondance d’images, d´etectent pr´ealablement les contours de
l’image et adaptent les coˆuts le long de ces contours afin d’aligner les disparit´es dans l’image
finale. La difficult´e r´eside alors dans la d´etection pr´ecise des contours de l’image `a prendre en
532.2. OUTIL POUR LA RESOLUTION DE PROBL ´ EMES DE LABELLISATION `
compte.
Ohta [67] proc`ede d’abord `a une recherche des disparit´es selon les lignes puis utilise les r´esultats
obtenus afin de contraindre une recherche selon les colonnes de l’image. Les r´esultats obtenus
sont alors additionn´es pour s´electionner la disparit´e finale de chaque pixel.
Veksler [44] applique la programmation dynamique sur des structures en arbre, choisies en
fonction des contours les plus importants de l’image. Cet algorithme permet alors de minimiser
l’´energie selon deux dimensions afin de se rapprocher au mieux d’une optimisation globale.
L’inconv´enient de cette m´ethode r´eside ici dans le choix des structures d’arbre utilis´ees et de
leur initialisation.
Hirschmuller [ ¨ 31] applique la programmation dynamique selon plusieurs directions sur l’image,
ind´ependamment les unes des autres, puis additionne les coˆuts obtenus pour chaque label afin
de calculer le coˆut final de chaque disparit´e pour chacun des pixels de l’image. Cet algorithme
permet le calcul rapide de l’optimisation et prend en compte tout le voisinage des pixels puisque
toutes les directions de l’image sont calcul´ees. Cette optimisation quasi globale est appel´ee le
semi–global labelling [31, 42].
Schindler, [42] compare plusieurs m´ethodes de classification d’images bas´ees sur (i) un
algorithme de graph–cuts tel que celui propos´e par Boykov [58], (ii) un algorithme de semi–global
labelling bas´e sur la m´ethode de Hirschmuller [ ¨ 31] et (iii) des m´ethodes de classification locale,
sans contrainte spatiale.
Il apparaˆıt d’abord que les m´ethodes d’optimisation globales sont plus efficaces que les m´ethodes
de classification locales : les r´esultats obtenus montrent une pr´ecision g´en´erale de classification
de 70,5% `a 80% pour une m´ethode locale, 72% `a 80% pour une m´ethode semi-globale et
de 72,5% `a 85% pour une m´ethode de graph–cuts. Cependant, si les m´ethodes graph–cuts
pr´esentent la meilleure efficacit´e, Schindler observe que les m´ethodes de semi–global labelling
montrent des performances tr`es proches tout en maintenant un temps de calcul inf´erieur, ce
qui en fait une bonne alternative aux graph–cuts pour des labellisations sur de nombreuses
´etiquettes et une large emprise.
Le semi–global labelling apparaˆıt donc comme une m´ethode d’optimisation suffisamment
performante pour des questions de labellisation et tr`es adapt´ee dans un contexte de traitement
54CHAPITRE 2. OUTILS ET METHODES N ´ ECESSAIRES ´ A LA CHA ` ˆINE DE
TRAITEMENTS
rapide et automatique puisque ses performances en termes de temps de calcul et d’allocation m´emoire
sont sup´erieures `a celles des m´ethodes globales. Ce type de m´ethode a donc ´et´e s´electionn´e
pour la r´esolution des probl`emes de labellisation rencontr´es dans notre chaˆıne de traitements.
2.2.3 Description de l’algorithme s´electionn´e
L’algorithme de programmation dynamique utilis´e dans ce travail est bas´e sur la programmation
dynamique sur une s´equence, algorithme d´ecrit par Felzenszwalb [66]. Une s´equence
correspond alors `a un sous–ensemble de pixels de l’image.
Afin de r´eduire les effets de streaking de la programmation dynamique, les minimisations sont
effectu´ees ind´ependamment sur plusieurs directions de l’image : lignes, colonnes, diagonales et
directions interm´ediaires, telles que repr´esent´ees sur la figure 2.7 et selon la technique propos´ee
par Hirschmuller et Pierrot-Deseilligny [ ¨ 31, 32]. Tous les coˆuts, obtenus par label pour chaque
pixel et selon chaque direction sont ensuite fusionn´es afin d’obtenir la solution semi–globale sur
toute l’image. De cette fa¸con, et en parall´elisant les calculs dans chaque direction, l’optimisation
est effectu´ee efficacement selon un temps polynomial.
Figure 2.7 – Illustration du parcours des diff´erentes directions pour la programmation dynamique
afin de calculer le coˆut ”semi–global”.
552.2. OUTIL POUR LA RESOLUTION DE PROBL ´ EMES DE LABELLISATION `
Algorithme de minimisation selon une direction
Soit une s´equence lin´eaire de pixels X = {x0, x1, ..., xi
, ..., xf } le long d’une direction de
l’image. Le but est d’assigner `a chacun des pixels xi un label n(xi) appartenant au jeu de labels
N = {n
1
, n2
, ..., nz}, z ´etant le nombre total de labels.
La solution S de labellisation sur la s´equence de x0 `a xf correspond alors `a la solution qui
minimise les coˆuts de labellisation en chaque pixel de la s´equence, selon l’´equation :
S(n(x0), ..., n(xf )) = Xxf
x0
Cdata(x, n(xi)) + λ
xX
f−1
x0
Creg((xi
, n(xi)),(xi+1, n(xi+1)). (2.3)
Cdata(x, n(xi)) repr´esente la fonction d’attache au donn´ees, c’est la probabilit´e que le label n
corresponde au pixel xi de la s´equence.
Creg((xi
, n(xi)),(xi+1, n(xi+1)) repr´esente le coˆut de r´egularisation entre deux pixels cons´ecutifs
xi et xi+1 sur la s´equence et portant un label n.
Cette fonction de r´egularisation est souvent calcul´ee selon le mod`ele de Potts [68] dans lequel
le coˆut affect´e au label n est ´egal `a 0 si les deux labels cons´ecutifs sont identiques et 1 sinon
(´equation 2.4).
Creg((xi
, n(xi)),(xi+1, n(xi+1))) =
0 if n(xi) = n(xi+1),
1 if n(xi) 6= n(xi+1).
(2.4)
Ce mod`ele est utilis´e lors de l’´etape de d´etection des changements (chapitre 4) mais nous
verrons que les ´etapes de mise en correspondance (chapitre 3 section 3.1) et de fusion des MNS
(section 3.3) n´ecessitent des fonctions de r´egularisation plus complexes.
La variable scalaire λ repr´esente, quant `a elle, le poids accord´e `a la contrainte de r´egularisation
: plus cette valeur est importante, plus la contrainte spatiale sera renforc´ee, c’est–`a–dire
que le coˆut d’affectation d’un label, diff´erent du label pr´ec´edent, sera augment´e. En pratique,
nous verrons que cette variable est d´efinie en fonction du r´esultat recherch´e qui doit ˆetre plus
ou moins r´egulier selon le contexte.
Le principe de l’algorithme est de calculer le meilleur chemin passant par chaque couple
pixel–label (xi
, nj
), selon un parcours de la s´equence de pixels de x0 `a xf . L’objectif est de
56CHAPITRE 2. OUTILS ET METHODES N ´ ECESSAIRES ´ A LA CHA ` ˆINE DE
TRAITEMENTS
Figure 2.8 – Illustration du calcul des coˆuts obtenus pour chaque label et chaque pixel de la
s´equence selon l’´equation 2.5. Les fl`eches vertes repr´esentent chacun des coˆuts calcul´es, les fl`eches
rouges repr´esentent le coˆut le plus faible obtenu entre un label d’un pixel et tous les labels du
pixel pr´ec´edent.
calculer, pour un couple pixel–label (xi
, nj
), le coˆut pour le couple suivant (xi+1, nj
) (figure
2.8).
Soit A(x0, nj
) le coˆut initial du label n
j au pixel x0 de la position 0 est d´efini par :
A(x0, nj
) = Cdata(x0, n). (2.5)
A la position ` xi de la s´equence, le coˆut A(xi
, nj
) pour lui assigner un label n
j
se calcule selon
l’´equation suivante :
A(xi
, nj
) = Cdata(xi
, nj
) + min
nk
A(xi−1, nk
) + λCreg(n
j
, nk
)
, (2.6)
n
j
et n
k deux labels appartenant au jeu de labels N. Ainsi, pour chacun des labels n
j
(j ∈ [1 : z])
propos´es `a chacun des pixels xi
, le coˆut obtenu correspond `a tous les coˆuts cumul´es du chemin
de x0 `a xi qui minimisent le coˆut en n
j
.
Dans la figure 2.8, les fl`eches vertes repr´esentent tous les chemins possibles pour parvenir
`a chacun des labels. Le chemin amenant le coˆut minimal en chaque label de chaque pixel est
repr´esent´e par les fl`eches rouges.
Une fois tous ces coˆuts calcul´es, le meilleur chemin de x0 `a xf correspond au chemin ayant
572.2. OUTIL POUR LA RESOLUTION DE PROBL ´ EMES DE LABELLISATION `
amen´e le label de coˆut minimal n
j∗
xf
au dernier pixel xf , tel que :
n
∗
(xf ) = argmin
n
A(xf , n(xf ))). (2.7)
La matrice finale contenant la somme des coˆuts de chacun des labels et pour chaque pixel est
alors parcourue afin de retrouver le label amenant le coˆut minimal sur chaque pixel.
G´en´eralisation de l’algorithme `a plusieurs directions
Le coˆut semi–global est d´efini comme le coˆut de chaque label obtenu `a travers le sous–graphe
d´etermin´e par toutes les directions calcul´ees dans l’image.
Selon cette d´efinition, la minimisation est appliqu´ee sur des s´equences lin´eaires de pixels dans
toutes les directions impos´ees et de fa¸con ind´ependante entre les s´equences comme illustr´e sur
la figure 2.7. Les matrices de coˆuts, obtenues pour chaque pixel et selon chaque direction sont
ensuite fusionn´ees afin d’obtenir un coˆut final pour chaque label et pour chaque pixel, tel que
le d´ecrivent Hirschmuller et Pierrot-Deseilligny [ ¨ 31, 32].
Or, les coˆuts obtenus dans les matrices ne peuvent ˆetre directement comparables entre eux
puisque les coˆuts sont cumul´es lors des parcours de chaque s´equence de pixels qui ne poss`edent
pas forc´ement le mˆeme nombre de pixels. Afin de rendre possible cette comparaison de coˆut entre
les labels d’un mˆeme pixel sur les diff´erentes directions, il est n´ecessaire de les recalculer selon
une mˆeme ´echelle. Cette op´eration se traduit par le calcul de la distance `a la solution optimale
de labellisation, C(nx)
d
sur toutes les s´equences obtenues, selon la formule :
C(xi
, n(xi))d = C(xi
, n(xi)) − C(xi
, n∗
(xi)). (2.8)
Ces distances `a la solution optimale par label peuvent alors ˆetre additionn´ees pour chaque
label et selon chacune des directions. Le label final n
d∗
choisi pour chaque pixel xi et dans toutes
les directions est finalement celui ayant le coˆut minimal, tel que :
n
d∗
(xi) = argmin
n
X
dirs
C(xi
, n(xi))d
. (2.9)
Le nombre de directions peut avoir un impact important sur le r´esultat final. Cependant, `a
partir d’un certain nombre de directions trait´ees, les diff´erences entre les r´esultats diminuent
fortement, elles sont presque nulles au del`a de 12 directions. Or, le nombre de directions trait´ees
58CHAPITRE 2. OUTILS ET METHODES N ´ ECESSAIRES ´ A LA CHA ` ˆINE DE
TRAITEMENTS
augmente sensiblement le temps de calcul de la m´ethode, il est donc n´ecessaire de trouver
le nombre de directions ad´equat afin d’obtenir le meilleur ´equilibre entre temps de calcul et
pr´ecision du r´esultat.
Dans la plupart des probl`emes trait´es dans ces travaux, un nombre de 8 ou 12 directions sera
utilis´e. Une comparaison des r´esultats obtenus avec 1, 4, 8, 12 et 16 directions est pr´esent´ee
dans le chapitre 5.
2.3 Conclusion
La spatio–triangulation permet l’affinage des mod`eles g´eom´etriques des images afin de
corriger les erreurs d’orientation et d’attitude dues `a une restitution imparfaite des informations
sur la position du satellite, son orientation et sa direction de vis´ee lors de l’acquisition. L’objectif
de cette op´eration, r´ealis´ee simultan´ement sur toutes les images disponibles, est de permettre
un recalage relatif pr´ecis entre toutes ces donn´ees.
Cette ´etape est r´ealis´ee `a l’aide d’outils existants permettant la recherche fiable de points
homologues puis l’ajustement des faisceaux.
Cependant, nous avons montr´e que des d´efauts, de capteur ou d’attitude, persistent dans
les mod`eles affin´es. Ces erreurs peuvent n´eanmoins ˆetre acceptables lorsqu’elles restent sub–
pixelliques comme c’est le cas pour les images WorldView-1 que nous utilisons.
Le second outil que nous avons d´etaill´e, au cours de ce chapitre, est un algorithme de
programmation dynamique que nous avons impl´ement´e et adapt´e pour le calcul de trois des
traitements de la chaˆıne d´evelopp´ee au cours de cette th`ese : la mise en correspondance, la
fusion des MNS et la d´etection des changements d’´el´evation.
Cet algorithme de programmation dynamique a ´et´e s´electionn´e pour sa facilit´e d’impl´ementation
par rapport `a d’autres m´ethodes d’optimisation globales classiques telles que les graph–cuts
mais aussi et surtout pour la rapidit´e d’ex´ecution des calculs et son efficacit´e reconnue.
592.3. CONCLUSION
60Chapitre 3
G´en´eration de Mod`eles Num´eriques
de Surface sur une grille r´eguli`ere `a
partir de couples st´er´eoscopiques
Comme nous l’avons vu dans le chapitre 1, de nombreuses techniques existent pour la
g´en´eration de MNS en fonction des contraintes associ´ees aux donn´ees d’entr´ee et des sources
d’erreurs `a prendre en compte. La strat´egie que nous avons choisie est bas´ee sur trois ´etapes
de calcul. La premi`ere ´etape consiste en une mise en correspondance des images `a l’aide d’un
outil existant, MicMac, et dont les options que nous utilisons seront d´ecrites dans une premi`ere
partie de ce chapitre.
Puis nous d´etaillerons la m´ethode que nous avons d´evelopp´ee afin de basculer les MNS sur une
grille r´eguli`ere terrain tout en localisant et filtrant certaines erreurs de mise en correspondance.
Dans une troisi`eme partie, nous pr´esenterons certaines erreurs de mise en correspondance
non corrig´ees, notamment dues aux zones d’occlusion de l’image esclave et nous d´ecrirons la
m´ethode que nous avons d´evelopp´ee pour r´esoudre ce probl`eme et am´eliorer la pr´ecision des
MNS obtenus. Cette m´ethode est bas´ee sur la fusion des deux MNS g´en´er´es `a partir du mˆeme
couple d’images st´er´eoscopiques par inversion des rˆoles maˆıtre et esclave des images. Nous
d´etaillerons notamment l’algorithme permettant cette fusion `a travers la labellisation des pixels
du MNS final, contrˆol´ee par une contrainte de r´egularisation spatiale.
613.1. DESCRIPTION DE LA STRATEGIE DE MISE EN CORRESPONDANCE ADOPT ´ EE´
Puis, dans une derni`ere partie, nous analyserons les r´esultats obtenus `a travers la comparaison
des MNS g´en´er´es avec une v´erit´e LiDAR, acquise `a une date proche de nos donn´ees satellites,
sur la ville de Christchurch en Nouvelle-Z´elande.
3.1 Description de la strat´egie de mise en correspondance
adopt´ee
3.1.1 Technique de mise en correspondance
La m´ethode de mise en correspondance d’images que nous avons s´electionn´ee est bas´ee sur
la g´eom´etrie image (repr´esent´ee figure 1.1(b), p34). Comme cit´e dans le chapitre 1, section
1.2.3, cette g´eom´etrie ne n´ecessite pas le r´e–´echantillonnage complet de l’image en g´eom´etrie
´epipolaire et se montre plus robuste que la g´eom´etrie terrain aux erreurs g´eom´etriques des
images ainsi qu’aux zones d’occlusion lorsque seulement deux images sont en jeu [48]. Cette
robustesse est un avantage certain pour notre chaˆıne de traitements dans laquelle toute erreur
de MNS (planim´etrique ou altim´etrique) peut avoir des cons´equences sur la carte finale des
changements de la sc`ene.
Le principe de la g´eom´etrie image r´eside dans le parcours des lignes de vis´ee des pixels dont
la mod´elisation a ´et´e affin´ee lors de l’´etape de spatio-triangulation (chapitre 2,section 2.1).
Pour chacun des pixels de l’image maˆıtre (g´en´eralement l’image la plus au nadir) et de coordonn´ees
xM(lM, cM), la ligne de vis´ee est parcourue de fa¸con discr`ete avec un pas altim´etrique
d´etermin´e par l’utilisateur. Chaque pas d´efinit un point P dans l’espace, de coordonn´ees
(Px, Py, Pz). La ligne de vis´ee de l’image esclave passant par ce point de l’espace est alors
d´etermin´ee `a partir du mod`ele g´eom´etrique inverse de l’image esclave et le pixel correspondant
dans cette image, de coordonn´ee (lE, cE) est localis´e.
La corr´elation entre les pixels est alors effectu´ee `a travers des fenˆetres de corr´elation centr´ees sur
chacun des pixels de l’image maˆıtre et de l’image esclave et de taille sp´ecifi´ee par l’utilisateur
(ici une fenˆetre de rayon R = 2 pixels est utilis´ee). L’imagette de l’image esclave est alors
r´e–´echantillonn´ee dans la g´eom´etrie de l’imagette maˆıtre. Lorsque le pixel homologue est
s´electionn´e, on obtient alors, pour le pixel consid´er´e dans l’image maˆıtre, une valeur directe de
62CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
l’altitude du point.
Toutefois, la g´en´eration de MNS dans la g´eom´etrie de l’image maˆıtre pr´esente un inconv´enient.
En effet, puisque la recherche de l’´el´evation est r´ealis´ee `a partir de l’image maˆıtre, la carte
des ´el´evations est g´en´er´ee dans la g´eom´etrie de l’image maˆıtre et il est alors n´ecessaire de les
r´e–´echantillonner dans une nouvelle grille g´eographique r´eguli`ere afin que les MNS produits `a
partir de diff´erentes images maˆıtre soient comparables entre eux pixel `a pixel.
3.1.2 Fonction d’optimisation et r´egularisation
Parmi les m´ethodes d’optimisation impl´ement´ees dans l’outil MicMac, nous avons choisi
une m´ethode bas´ee sur la programmation dynamique, notamment pour des raisons de temps de
calcul (cf. chapitre 2 section 2.2.2). L’´equation g´en´erale de cette optimisation est pr´esent´ee en
section 2.2.3
Lors de la mise en correspondance, les labels correspondent `a toutes les ´el´evations z test´ees et le
coˆut d’attache aux donn´ees Cdata(xMi
, z(xMi
)), c’est–`a–dire le coˆut pour assigner une ´el´evation
z `a un pixel xMi de l’image maˆıtre, est une fonction du score de corr´elation obtenu entre le
pixel de l’image maˆıtre xMi
et le pixel homologue trouv´e dans l’image esclave xE. Il est ici
calcul´e avec le NCC (´equation 3.1) :
Cdata(xMi
, z(xMi
)) = NCC(xMi
, xE). (3.1)
Soit deux vecteurs uM et uE constitu´es de l’ensemble des q valeurs des vignettes de corr´elation
centr´ees en xMi
et en xE, respectivement. p
ds
w est une fonction de pond´eration, w ∈ [1 : q]. Pour
chaque vecteur uM de valeurs Uw, on pose :
R(uM) =
Pq
w=1 p
ds
P w Uw
n
w=1 p
ds
w
(3.2)
La d´efinition est identique pour chaque vecteur VE de valeurs Vw.
Le coefficient de corr´elation s’´ecrit :
NCC(uM, vE) = R(uMvM) − R(uM)R(vE)
q
(R(u
2
M) − R(uM)
2) ∗ (R(v
2
E
) − R(vE)
2)
(3.3)
Lors de la g´en´eration de MNS, la r´egularisation a pour but de limiter les variations d’altitude.
Ainsi, cette fonction est calcul´ee `a partir de la diff´erence d’altitude obtenue entre deux pixels
633.1. DESCRIPTION DE LA STRATEGIE DE MISE EN CORRESPONDANCE ADOPT ´ EE´
cons´ecutifs de l’image maˆıtre xMi
et xMi−1
selon l’´equation suivante :
Creg((xMi
, z(xMi
)),(xMi−1
, z(xMi−1
))) = f(| z(xMi) − z(xMi−1)
|). (3.4)
(a) Carte des ´el´evations d’un couple WorldView-1, r´egularisation λ = 0.02.
(b) Carte des ´el´evations d’un couple WorldView-1, r´egularisation λ = 1.0.
Figure 3.1 – Illustration de l’impact de la r´egularisation pour la g´en´eration de MNS.
Le param`etre de r´egularisation est un param`etre particuli`erement important dans la g´en´e-
64CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
ration des MNS puisqu’il contrˆole les variations d’altitudes des MNS g´en´er´es. En effet, plus sa
valeur est importante, plus le poids de la r´egularisation spatiale sera important, faisant disparaˆıtre
les structures les plus fines (et le bruit) du MNS et flouter les bords de bˆatiments.
Ce ph´enom`ene est bien repr´esent´e en figure 3.1(b). Inversement, une faible r´egularisation va
permettre d’observer les variations plus fines d’altitude (et ainsi de s´eparer les bˆatiments tr`es
proches les uns des autres), mais en augmentant la pr´esence de bruit (figure 3.1(a)).
Ainsi, en milieu urbain, milieu dans lequel les discontinuit´es et les variations fines d’´el´evation
doivent ˆetre respect´ees afin d’obtenir un MNS pr´ecis au niveau des bˆatiments, la r´egularisation
est d´efinie `a une valeur faible, de mˆeme pour un milieu fortement escarp´e. Inversement, en milieu
rural, d´esertique ou vallonn´e, la r´egularisation peut ˆetre largement augment´ee.
L’outil MicMac permet d’adapter ais´ement ce param`etre qui fait ainsi partie des param`etres de
notre chaˆıne de traitements.
3.1.3 Prise en compte des zones d’occlusion
La m´ethode choisie pour la prise en compte des zones d’occlusion est bas´ee sur une localisation
post–traitement, apr`es la g´en´eration de la carte d’´el´evation de la sc`ene en g´eom´etrie image.
En effet, lors du r´e–´echantillonnage de la carte des ´el´evations sur une grille r´eguli`ere, ´etape dite
de “basculement”, nous avons d´evelopp´e une m´ethode permettant de localiser ces zones en fonction
des angles d’acquisition de l’image maˆıtre et de la pr´esence de discontinuit´es.
Le basculement a ainsi un rˆole majeur dans la g´en´eration du MNS final.
3.2 D´eveloppement d’une m´ethode de basculement des MNS
sur une grille g´eographique r´eguli`ere
Comme pr´ecis´e pr´ec´edemment, selon cette technique de mise en correspondance, la carte
des ´el´evations est calcul´ee dans la g´eom´etrie de l’image maˆıtre. Afin de comparer des cartes
d’´el´evations obtenues sur une mˆeme zone selon diff´erentes dates, diff´erents capteurs ou mˆeme
selon diff´erentes techniques de g´en´eration de MNS, il est n´ecessaire de r´e–´echantillonner ces
cartes d’´el´evations selon une grille terrain r´eguli`ere et commune `a toutes les cartes produites.
C’est l’´etape de basculement.
G´en´eralement, ce r´e–´echantillonnage est effectu´e par interpolation des points de la grille
653.2. DEVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE BASCULEMENT DES MNS SUR UNE ´
GRILLE GEOGRAPHIQUE R ´ EGULI ´ ERE `
r´eguli`ere. Ainsi, l’´el´evation de chacun des points de cette grille r´eguli`ere est interpol´ee `a partir
des coordonn´ees terrain des trois points les plus proches de lui provenant de la carte des
´el´evations calcul´ee. Pour ce faire, les pixels de la grille image sont parcourus par triplets. Cette
technique d’interpolation est la plus commune, notamment parce que la maille d’origine est une
maille carr´ee.
Le basculement que nous proposons est aussi bas´e sur une interpolation des points de la
grille r´eguli`ere `a partir du nuage de points form´e par la carte des ´el´evations en g´eom´etrie image.
Mais, avant chaque interpolation d’un point de la grille `a partir des points les plus proches,
certaines conditions sont v´erifi´ees afin de d´eterminer si le point est valide et peut ˆetre calcul´e
ou non. Ces conditions reposent sur des contraintes g´eom´etriques permettant la d´etection des
fa¸cades et des zones d’occlusion et une contrainte qualitative sur le score de corr´elation obtenu
lors de la mise en correspondance. Elles ont pour but de limiter les erreurs sur le MNS final
produit.
3.2.1 Interpolation des points de la grille r´eguli`ere
L’´etape de basculement repose sur une interpolation de l’´el´evation de chacun des points
de la grille r´eguli`ere `a partir des trois points les plus proches formant un triangle autour du
pixel consid´er´e, le syst`eme est illustr´e en figure 3.2. Ce triplet de point provient du nuage de
points obtenu lors de la mise en correspondance et dont les coordonn´ees planim´etriques ont ´et´e
calcul´ees grˆace aux mod`eles g´eom´etriques des images.
Les pixels de l’espace image, consid´er´es par triplets, de coordonn´ees ligne l et colonne c tel que
P
I
1 = (l, c), P
I
2 = (l, c+ 1) et P
I
3 = (l + 1, c) correspondent alors `a des coordonn´ees x y et z dans
l’espace terrain T tel que P
E
1 = (x1, y1, z1), P
E
2 = (x2, y2, z2) et P
E
3 = (x3, y3, z3) (sommets des
triangles noirs sur la figure 3.2).
Si un point de la grille terrain r´eguli`ere (en rouge sur la figure 3.2) se situe `a l’int´erieur du
triangle, les points de coordonn´ees P = (xP , yP , zP ) sont alors interpol´es par une interpolation
lin´eaire `a partir des coordonn´ees des trois sommets du triangle P
E
1
, P
E
2
et P
E
3
.
66CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
Figure 3.2 – Principe de parcours de la grille image maˆıtre pour l’interpolation des points de
la grille r´eguli`ere.
3.2.2 Conditions au calcul de l’´el´evation d’un point
Les images ayant ´et´e acquises avec un angle d’incidence pouvant ˆetre fort, deux difficult´es
doivent ˆetre consid´er´ees :
– les fa¸cades de bˆatiments, visibles sur l’image maˆıtre, g´en`erent plusieurs points d’´el´evations
diff´erentes mais avec les mˆemes coordonn´ees planim´etriques,
– les zones d’occlusion des images doivent ˆetre localis´ees afin de ne pas interpoler les points
correspondants.
Pour le premier cas, lors du calcul de l’´el´evation d’un point situ´e `a l’int´erieur d’un triangle
d’interpolation tel que le point P de la figure 3.2, si il apparaˆıt qu’une ´el´evation a d´ej`a ´et´e d´etermin´ee
`a ces mˆemes coordonn´ees planim´etriques, cela peut signifier que ce point appartient `a une
fa¸cade de bˆatiment. En effet, le long d’une fa¸cade, les points poss`edent les mˆemes coordonn´ees
planim´etriques mais des coordonn´ees altim´etriques diff´erentes.
Dans ce cas, seul le point correspondant `a l’´el´evation maximum trouv´e doit ˆetre pris en compte,
ceci afin de retrouver l’´el´evation la plus haute du bˆatiment (son toit). Cette technique de recherche
de la plus haute ´el´evation d’un objet est connue sous le nom de Z-Buffer dans la litt´erature
[69].
673.2. DEVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE BASCULEMENT DES MNS SUR UNE ´
GRILLE GEOGRAPHIQUE R ´ EGULI ´ ERE `
Pour le second cas, les zones d’occlusion doivent ˆetre localis´ees afin de ne pas interpoler les
points de ces zones ce qui entraˆınerait des erreurs.
Dans ce but, nous avons mis en place une technique de d´etection des zones d’occlusion bas´ee sur
leur localisation `a partir de l’analyse des angles d’acquisition (´el´evation et azimut) de l’image
maˆıtre. La figure 3.3 illustre le principe de localisation utilis´e.
Sur la figure 3.3, les points P
E
1
, P
E
2
et P
E
3
repr´esentent les points dans l’espace terrain
correspondant `a un triplet de pixels de l’image maˆıtre. Le point P correspond au point de la
grille r´eguli`ere `a interpoler.
Dans une premi`ere ´etape, les deux points du triplet de points correspondant `a l’´el´evation
maximum et minimum dans le triangle sont d´etermin´es, si la diff´erence d’´el´evation Dh obtenue
sur le triangle est inf´erieure `a 1 m (r´esolution altim´etrique des MNS), le point P de la grille
terrain situ´e dans le triangle peut ˆetre calcul´e directement car le terrain est consid´er´e comme
quasiment plat `a cet endroit.
Si une diff´erence d’´el´evation plus importante est relev´ee, il est alors n´ecessaire de d´efinir si
une zone d’occlusion est pr´esente `a cet endroit et quelle est son emprise afin de d´ecider si le
triangle est viable pour le calcul d’un point.
En premier lieu, on d´efinit le point le plus ´elev´e (P
E
1 dans la figure 3.3) et le plus bas (point
P
E
3
) du triplet de points.
La droite DM reliant la projection de P
E
1
, P
E′
1
sur le plan horizontal et le point P
E
3
est calcul´ee.
Cette droite repr´esente la distance au sol entre le point le plus haut et le point le plus bas.
Puis, les angles d’azimut a et d’incidence i sont d´efinis pour le point P
E
1
. On d´etermine alors
la droite Di
, projection sur le plan horizontal du vecteur d´efini dans l’espace par les angles
d’azimut et d’incidence au point P
E
1
. La droite Di repr´esente alors l’orientation et la longueur
au sol de la zone d’occlusion.
Le vecteur DM pr´ec´edemment obtenu est alors projet´e sur le vecteur Di en un vecteur Dx. Cette
projection permet de situer le triplet de points consid´er´es en fonction de la zone d’occlusion, i.e
si les vecteurs sont oppos´es le point peut ˆetre calcul´e car il n’y a pas de zone d’occlusion (sur
l’image maˆıtre). Si les vecteurs sont dans le mˆeme sens et que Dx est plus grand que Resplani
2
,
Resplani ´etant la r´esolution planim´etrique du MNS, alors le point ne peut pas ˆetre calcul´e car il
68CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
Figure 3.3 – Illustration du principe de l’interpolation d’une grille r´eguli`ere terrain `a partir des
points obtenus dans la g´eom´etrie de l’image maˆıtre.
se situe dans la zone d’occlusion de l’image maˆıtre.
Ce principe permet la localisation rapide des zones d’occlusion qui pourront alors ˆetre prises en
compte dans la suite des calculs.
Enfin, une derni`ere contrainte sur le basculement consiste `a ne pas prendre en compte, dans le
calcul, les pixels de la carte des ´el´evations dont le score de corr´elation final, obtenu lors de la
mise en correspondance, est inf´erieur `a un certain seuil. L’objectif est ici de filtrer les points
pour lesquels la corr´elation a ´echou´e, toujours afin de limiter les erreurs sur le MNS final.
Ce seuil sur le score de corr´elation est d´efini ici `a 2σ, σ ´etant l’´ecart–type obtenu `a l’histogramme
des scores de corr´elation. Cette valeur est g´en´eralement proche de 0, 45.
La figure 3.4(b) illustre le r´esultat d’un basculement d’une carte des ´el´evations pr´esent´ee en
figure 3.4(a) obtenue `a partir d’un couple d’images WorldView-1 `a 60 cm de r´esolution spatiale.
Sur la carte bascul´ee, les pixels noirs repr´esentent les zones masqu´ees lors du basculement, que
693.2. DEVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE BASCULEMENT DES MNS SUR UNE ´
GRILLE GEOGRAPHIQUE R ´ EGULI ´ ERE `
(a) Carte des ´el´evations en g´eom´etrie image
(b) Carte des ´el´evations en g´eom´etrie terrain
Figure 3.4 – Illustration du r´esultat du basculement d’un MNS WorldView-1 `a partir de la carte
des ´el´evations en g´eom´etrie image.
70CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
ce soit `a cause des zones d’occlusion de l’image maˆıtre ou d’un score de corr´elation trop faible.
Il faut noter que lors de toutes les ´etapes suivantes de notre chaˆıne de traitements, ces points
ne sont jamais interpol´es `a partir de leurs voisins. En effet, leur interpolation serait susceptible
de produire des erreurs dans le MNS, erreurs pouvant se r´epercuter dans la carte finale de
d´etection de changements.
Cette technique de localisation des zones d’occlusion est bas´ee uniquement sur une analyse
g´eom´etrique, post´erieure au calcul des ´el´evations par mise en correspondance. Son principal
inconv´enient est de produire de nombreuses fausses zones d’occlusion. Ces erreurs proviennent
le plus souvent d’erreurs de corr´elation dans la carte des ´el´evations originale. En effet, une
erreur de corr´elation g´en`ere, par d´efinition, une ´el´evation erron´ee et donc souvent une variation
d’´el´evation entre deux pixels voisins, qui ne repr´esente pas la r´ealit´e. Dans la m´ethode de
d´etection des zones d’occlusion, cette variation est assimil´ee `a la pr´esence d’un bˆatiment et la
zone `a proximit´e de la variation d’´el´evation est alors consid´er´ee comme une zone d’occlusion.
Ainsi, de nombreux pixels du MNS bascul´es peuvent ˆetre masqu´es sans pour autant faire partie
d’une zone d’occlusion.
Sur des zones homog`enes de l’image, toit de bˆatiment large et lisse par exemple tel que
celui du bˆatiment carr´e encercl´e dans la figure 3.4(a), on observe de nombreuses petites zones
noires masqu´ees. Ces zones masqu´ees proviennent tr`es probablement de pixels dont le score de
corr´elation se situait en dessous du seuil fix´e.
Dans les sections et chapitres suivants, ces zones d’occlusion et de mauvaise corr´elation
d´etect´ees et masqu´ees lors du basculement seront regroup´ees et cit´ees sous le terme de “masque
du MNS“.
Ce masque de MNS sera pris en compte lors de toutes les ´etapes suivantes de la chaˆıne de
traitements.
713.3. AMELIORATION DES MNS : D ´ EVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE FUSION ´
DES MNS
3.3 Am´elioration des MNS : d´eveloppement d’une m´ethode de
fusion des MNS
3.3.1 Erreurs des MNS asym´etriques
Les figures 3.5(a) et 3.5(c) pr´esentent les r´esultats de deux MNS calcul´es `a partir du mˆeme
couple st´er´eoscopique mais avec inversion des rˆoles maˆıtre et esclave de chaque image.
Sur ces images, les pixels noirs repr´esentent les zones masqu´ees car appartenant `a des zones
d’occlusion ou des zones de faible score de corr´elation, calcul´ees lors du basculement (section
3.2).
De fa¸con g´en´erale, les deux MNS produits `a partir du mˆeme couple st´er´eoscopique sont tr`es
similaires. On note, pour une zone de 2000 × 2000 pixels sur un couple d’image WorldView-1
acquis en 2008 sur la ville de Phoenix, une diff´erence moyenne de 0,004 m avec un ´ecart–type
de 1,76 m. Cet ´ecart-type r´esulte typiquement du bruit provenant de mauvaises corr´elations
ou de zones d’occlusion ayant g´en´er´e des erreurs lors de la mise en correspondance des images,
erreurs ensuite r´epercut´ees sur les MNS bascul´es.
On observe que, selon le MNS (et donc selon l’angle d’acquisition de l’image maˆıtre), les
zones d’occlusion sont g´er´ees et masqu´ees plutˆot au sud (figure 3.5(a)) ou au nord (figure 3.5(c))
des bˆatiments.
De plus, comme d´etaill´e pr´ec´edemment, certaines erreurs de corr´elation ont g´en´er´e des variations
d’´el´evation dans la carte des ´el´evations qui ont elles–mˆemes g´en´er´e des occlusions virtuelles lors
du basculement. Ces erreurs ´etant variables d’un MNS `a l’autre, les zones d’occlusion g´en´er´ees
sont aussi variables entre les MNS.
Enfin, des erreurs importantes de corr´elation sont visibles dans les MNS. Ces erreurs sont variables
en amplitude et en localisation selon le MNS, elles sont notamment visibles `a proximit´e
des bˆatiments et encercl´ees en rouge sur la figure 3.5(a).
Afin d’obtenir un MNS coh´erent et le plus pr´ecis possible, la solution propos´ee est de calculer les
deux cartes d’´el´evation provenant du mˆeme couple avec inversion des rˆoles maˆıtre et esclave des
images puis de fusionner ces MNS, pr´ealablement bascul´es dans la mˆeme g´eom´etrie. L’objectif
de cette fusion est de garder le maximum d’informations correctes provenant de l’un ou l’autre
des MNS.
72CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
(a) MNS1, couple st´er´eoscopique WorldView-1 du 24/06/2008.
(c) MNS2, couple st´er´eoscopique WorldView-1 du 24/06/2008.
Figure 3.5 – MNS asym´etriques provenant du mˆeme couple d’images st´er´eoscopiques.
733.3. AMELIORATION DES MNS : D ´ EVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE FUSION ´
DES MNS
3.3.2 M´ethode de fusion des MNS asym´etriques
Plusieurs techniques peuvent ˆetre employ´ees pour la fusion des deux MNS.
Une technique consiste `a calculer, pour chaque pixel, la moyenne entre les deux valeurs obtenues.
Si l’une des deux valeurs appartient `a un des masques de MNS calcul´es lors du basculement,
alors le pixel du MNS final est lui–mˆeme enregistr´e dans le masque final du MNS. Ce masque
final repr´esente alors l’union des deux masques g´en´er´es pour chaque MNS.
Un r´esultat de cette fusion est pr´esent´e figure 3.6(c). Sur cette figure, les erreurs de corr´elation
encercl´ees pr´ec´edemment n’ont pas ´et´es corrig´ees, on observe mˆeme que le MNS fusionn´e
poss`ede toutes les erreurs provenant de chacun des MNS. De mˆeme, le masque final, union des
deux masques des MNS est plus cons´equent que les masques de chacun des MNS. Cette fusion
par la moyenne entraˆıne donc la perte qualitative et quantitative d’information par rapport `a
chacun des MNS source.
Afin de mieux prendre en compte les erreurs d’´el´evation de l’un ou l’autre des MNS tout en
utilisant toute l’information spatiale correcte de chacun des MNS (c’est–`a–dire en limitant les
erreurs et les zones masqu´ees), nous proposons de r´esoudre la fusion `a l’aide d’une contrainte
de r´egularisation spatiale.
La m´ethode propos´ee est bas´ee sur un probl`eme de labellisation permettant d’obtenir le MNS
final : `a chaque pixel xi du MNS final est attribu´e un label m provenant du jeu de label
M ∈ {MNS1, MNS2, Occlusion}. La valeur du pixel attribu´ee au MNS final est alors celle qui
correspond au label s´electionn´e. Les labels MNS1 et MNS2 correspondent, pour chaque pixel,
aux valeurs d’´el´evation calcul´ees lors de la g´en´eration de l’un ou l’autre MNS, tandis que le
label Occlusion correspond `a un label occlusion, attribu´e au pixel lorsque aucune valeur de
MNS ne paraˆıt coh´erente.
Le choix d’un label, pour chacun des pixels du MNS final est effectu´e `a partir des diff´erentes
donn´ees obtenues `a la g´en´eration des MNS. Ces donn´ees sont :
– le Normalized Cross Correlation Coefficient, NCC(pr´esent´e en section 3.1.2 et d’´equation
3.3) obtenu lors de la mise en correspondance des images pour chacun des pixels (et r´e–
´echantillonn´e dans la mˆeme g´eom´etrie que le MNS lors de l’´etape de basculement, section
74CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
(a) MNS1. (b) MNS2.
(c) R´esultat de la fusion des MNS par une moyenne et l’intersection des
zones d’occlusion.
Figure 3.6 – MNS provenant du mˆeme couple st´er´eoscopique et r´esultat de leur fusion par la
moyenne.
753.3. AMELIORATION DES MNS : D ´ EVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE FUSION ´
DES MNS
3.2),
– la diff´erence d’´el´evation obtenue entre les deux MNS pour le mˆeme pixel,
– la r´egularisation spatiale qui d´epend de la variation d’altitude entre deux pixels cons´ecutifs
dans le MNS final.
Le NCC est une donn´ee importante qui permet ici de donner un indice de confiance `a
l’altitude d´elivr´ee par chaque pixel de chacun des MNS : plus le NCC est important, plus
la probabilit´e que la corr´elation soit correcte en ce pixel est ´elev´ee. La comparaison des
NCC provenant de chaque MNS permet alors d’indiquer quelle valeur de MNS paraˆıt la plus
pertinente.
De mˆeme, la diff´erence obtenue entre les valeurs de MNS sur un mˆeme pixel permet de localiser
des zones de mauvaise corr´elation ou d’occlusion. En effet, l’´el´evation obtenue en un pixel doit
ˆetre sensiblement la mˆeme pour les deux MNS, une diff´erence d’´el´evation correspond alors
g´en´eralement `a une erreur sur l’un ou les deux MNS. C’est le principe utilis´e par les techniques
de back matching pour la d´etection des zones d’occlusion [49], [33].
Enfin, la pr´esence d’une contrainte de r´egularisation spatiale permet de lisser le MNS final.
Comme d´etaill´e au chapitre 2, section 2.2.1, ce probl`eme de labellisation peut ˆetre r´esolu par
une minimisation d’´energie dont l’algorithme est d´ecrit en section 2.2.3 et l’´equation g´en´erale
est de type :
E(n) = X
x∈X
Cdata(n(x)) + X
(x′)∈V (x)
Creg(n(x), n(x
′
)). (3.5)
Nous rappelons que chaque MNS poss`ede d´ej`a son propre masque, calcul´e lors de l’´etape de
basculement d´ecrit en section 3.2. Les pixels appartenant `a ce masque doivent alors ˆetre pris en
compte lors du calcul du MNS final par fusion.
Ainsi, la valeur de tous les pixels de chaque MNS et correspondant `a un masque est d´efinie `a
−9999 lors de cette ´etape de fusion. Les valeurs correspondantes dans la carte des NCC sont,
elles, d´efinies `a 0. Nous d´etaillerons tout au long de cette section, comment ces pixels sont pris
en compte dans la fusion.
Dans cette ´etape de fusion, la fonction d’attache aux donn´ees, CData(xi
, m(xi)), pour les
labels MNS1 et MNS2 d´epend du coefficient de corr´elation (NCC) obtenu `a la g´en´eration des
76CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
MNS : plus ce coefficient est important pour le label consid´er´e m au pixel xi
, plus la probabilit´e
du label est ´elev´ee en ce pixel.
Concernant le label Occlusion, la fonction d’attache aux donn´ees d´epend du NCC maximum
obtenu entre les deux NCC correspondant `a chacune des valeurs de MNS en pr´esence et de la
diff´erence calcul´ee entre les deux valeurs de MNS au pixel xi
.
Ainsi, lorsque l’un ou les deux MNS obtiennent un score de corr´elation important, leur coˆut
d’attache aux donn´ees est faible tandis que celui du label Occlusion est fort car il est calcul´e
comme ´etant l’inverse du maximum de corr´elation obtenu. La probabilit´e du label Occlusion
est donc faible au pixel xi
. Le choix entre les labels MNS1 et MNS2 d´epend alors de chacun de
leur coefficient de corr´elation et de la r´egularisation. Ce cas est repr´esent´e par un chemin de
fl`eches vertes en larges pointill´es sur la figure 3.7.
L’´equation 3.6 r´esume le calcul des attaches aux donn´ees pour chacun des labels :
CData(xi
, m(xi)) =
1 − NCC(xi
, m(xi)) si m ∈ {MNS1, MNS2},
max[NCC(xi
, MNS1), NCC(xi
, MNS2)] + F1(xi) si m ∈ {Occlusion}.
(3.6)
Dans la fonction d’attache aux donn´ees du label Occlusion, la fonction F1(xi) correspond `a
la valeur absolue de la diff´erence d’´el´evation relev´ee au pixel xi et normalis´ee entre 0 et 1 tel
que :
F1(xi) = 1
1 + e−L(|Z(xi,MNS1)−Z(xi,MNS2)|−t1)
. (3.7)
Le param`etre L est d´efini `a 1.
Cette fonction, non lin´eaire, permet d’affecter un coˆut suffisamment faible pour les diff´erences
sup´erieures `a un seuil t1 d´efini `a 5 m, diff´erences consid´er´ees ici comme importantes et donc
pouvant provenir d’une occlusion. Des diff´erences plus faibles peuvent en revanche provenir
d’une faible erreur sur l’un des MNS qui ne doit pas pour autant privil´egier le label Occlusion
mais plutˆot le label MNS le plus pertinent, en particulier si le NCC correspondant est
fort. C’est pourquoi le NCC maximum est int´egr´e dans la fonction d’attache aux donn´ees
du label Occlusion : plus le maximum NCC est fort, plus la probabilit´e d’une occlusion est faible.
Dans le cas o`u l’une des valeurs de MNS au pixel xi correspond au masque natif du MNS,
773.3. AMELIORATION DES MNS : D ´ EVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE FUSION ´
DES MNS
par exemple pour le MNS2, on obtient : NCC(xi
, MNS2) = 0 et MNS2(xi) = −9999, donc :
CData(xi
, MNS1) = 1 − NCC(x, MNS1),
CData(xi
, MNS2) = 1,
CData(xi
, Occlusion) = NCC(x, MNS1) + 0.
(3.8)
Le pixel xi peut alors ˆetre labellis´e MNS1 ou bien Occlusion selon la valeur de NCC obtenue en
xi pour le MNS1. C’est le chemin repr´esent´e en fl`eches violettes et en petits pointill´es dans la
figure 3.7.
Dans le cas o`u les valeurs des deux MNS en xi appartiennent aux masques d’occlusion on
obtient :
CData(xi
, MNS1) = 1,
CData(xi
, MNS2) = 1,
CData(xi
, Occlusion) = 1.
(3.9)
Dans ce cas particulier, la valeur du MNS final en xi est forc´ement ´egale `a 0 (puisque tous les
labels en pr´esence correspondent `a une valeur `a 0) et le label s´electionn´e d´epend alors seulement
du terme de r´egularisation. C’est le chemin repr´esent´e en fl`eches oranges et lignes pleines dans
la figure 3.7.
La fonction de r´egularisation est d´efinie telle que :
CReg((xi
, m(xi)),(xi+1, m(xi+1))) = C
R, (3.10)
avec C
R le terme de r´egularisation qui d´epend de la diff´erence absolue entre les valeurs d’´el´evations
Z(xi
, m(xi)) et Z(xi+1, m(xi+1)) obtenues par les labels m pour deux pixels cons´ecutifs xi
et xi+1. Ce terme est calcul´e ainsi :
C
R =
F2(| Z(xi
, m(xi)) − Z(xi+1, m(xi+1)) |) si m(xi) et m(xi+1) ∈ {MNS1, MNS2},
β si m(xi) ∈ {MNS1, MNS2} et m(xi+1) ∈ {Occlusion},
γ si m(xi) ∈ {Occlusion}.
(3.11)
avec F2 d´efinie par :
F2(| Z(xi
, m(xi)) − Z(xi+1, m(xi+1)) |) = 1
1 + e−L(|Z(xi,m(xi))−Z(xi+1,m(xi+1))|−t2)
. (3.12)
78CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
Le param`etre L est d´efini `a 1. La valeur t2 de la fonction F2 est ici pos´ee `a 2.5 m (valeur
seuil utilis´ee dans la m´ethode de d´etection de changements). L’objectif de cette fonction est de
normaliser les diff´erences d’´el´evations entre 0 et 1 afin que les valeurs de coˆut obtenues pour
chaque label soient comparables entre elles.
F2 est une fonction de r´egularisation entre deux labels de pixels cons´ecutifs et permet ainsi de
lisser le MNS final car la valeur du label choisi est alors celle qui se rapproche le plus de la
valeur voisine.
L’utilisation d’une fonction sigmo¨ıde permet de donner des coˆuts similaires aux labels amenant
des variations d’´el´evation proches et ainsi ´eviter une fonction seuil qui attribuerait des coˆuts
´egaux `a 0 ou 1 et orienterait alors trop fortement le choix final du label.
Lors du calcul de la fonction de r´egularisation :
– lorsque l’une des deux valeurs cons´ecutives appartient `a l’un des masques natifs des MNS,
le coˆut calcul´e par la fonction F2 est alors proche de 1, coˆut ´elev´e permettant de limiter
la probabilit´e de ce label,
– lorsque les deux valeurs de pixels correspondent aux masques natifs des MNS, F2 est alors
´egal `a 0. Les coˆuts de labellisation sont alors similaires en ce pixel pour les deux MNS.
Les variables β et γ correspondent `a des valeurs fix´ees `a une valeur moyenne de coˆut (β = 0.5
et γ = 0.5). Ces valeurs, tr`es lˆaches, permettent d’attribuer des coˆuts neutres aux labels
consid´er´es, le coˆut final du label d´epend alors principalement de l’attache aux donn´ees.
La figure 3.7 pr´esente un sch´ema r´ecapitulatif qui illustre l’orientation du choix de chacun
des labels en fonction des donn´ees d’entr´ee (NCC et valeur de MNS) et des fonctions d’attache
aux donn´ees utilis´ees. Sur la figure 3.7, les carr´es bleus clair indiquent les labels gagnants
pour lesquels le coˆut attribu´e est le plus faible en fonction du calcul de l’attache aux donn´ees
mais aussi en fonction de la r´egularisation. Les labels entour´es en rouge repr´esentent les labels
impossibles pour chacun des cas d´ecrits.
En pratique, il est `a noter que les fonctions d’attache aux donn´ees, de mˆeme que la
r´egularisation, ne privil´egient que rarement le label Occlusion. Cette caract´eristique n’est
cependant pas un inconv´enient puisque l’objectif est de diminuer les occlusions, et notamment
793.3. AMELIORATION DES MNS : D ´ EVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE FUSION ´
DES MNS
les fausses occlusions provenant d’erreurs de corr´elation, et les pixels de faible NCC afin de
privil´egier les valeurs correctes de chacun des MNS.
De mˆeme, on note que des coˆuts tr`es similaires peuvent ˆetre affect´es aux deux labels MNS. Or,
comme pr´ecis´e pr´ec´edemment, en de nombreux pixels des MNS, les ´el´evations calcul´ees sont
tr`es proches car il n’y avait pas d’ambigu¨ıt´es dans la mise en correspondance. Dans ce cas,
l’affectation de l’une ou l’autre valeur des MNS n’a pas d’impact r´eel sur le MNS final.
La figure 3.8(c) pr´esente le r´esultat obtenu par la fusion par labellisation des deux MNS produits
`a partir du mˆeme couple st´er´eoscopique. Bien que toujours globalement similaire aux MNS,
ce r´esultat ne pr´esente plus les erreurs importantes de corr´elation encercl´ees pr´ec´edemment.
Figure 3.7 – Sch´ema r´ecapitulatif de la proc´edure de fusion des MNS en fonction des valeurs
initiales et de l’attache aux donn´ees.
80CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
(a) MNS1 (b) MNS2
(c) R´esultat de la fusion par optimisation avec r´egularisation spatiale.
Figure 3.8 – 3.8(a) et 3.8(b) : MNS calcul´es `a partir du mˆeme couple st´er´eoscopique et r´esultats
de leur fusion par optimisation globale 3.8(c).
813.4. QUALITE ET PR ´ ECISION DES MNS OBTENUS ´
Elles ont pu ˆetre supprim´ees grˆace `a cette m´ethode de fusion. De plus, les zones masqu´ees
sont r´eduites par rapport `a la fusion par la moyenne pr´esent´ee en figure 3.6(c), permettant
d’obtenir un r´esultat contenant une plus grande quantit´e d’informations car c’est la somme des
informations pertinentes des MNS1 et MNS2.
Enfin, il est `a noter que, bien que ces zones masqu´ees puissent ˆetre interpol´ees `a partir des
valeurs qui les entourent, nous avons choisi de ne pas le faire afin de ne pas g´en´erer d’erreurs
d’interpolation qui pourraient engendrer des erreurs dans la carte finale des changements
d’´el´evation. Ces zones sont alors consid´er´ees comme des zones de “non–information” et prises
en compte lors de la d´etection des changements d’´el´evation.
3.4 Qualit´e et pr´ecision des MNS obtenus
Afin d’observer l’apport de la m´ethode de g´en´eration des MNS par fusion par rapport `a la
g´en´eration de MNS asym´etriques par mise en correspondance simple, le MNS g´en´er´e sur la ville
de Christchurch (Nouvelle-Z´elande) est compar´e avec une v´erit´e terrain obtenue avec un LiDAR.
Ce LiDAR 1 a ´et´e acquis en 2011, ann´ee d’acquisition des images WorldView-2 sur la mˆeme zone
(voir tableau 1.1, chapitre 1, section 1.4).
La comparaison a ´et´e effectu´ee sur une zone commune entre le LiDAR et les MNS d’environ
2300 × 2600 pixels.
3.4.1 Co–localisation LiDAR et MNS
Le LiDAR dont nous disposons a ´et´e r´e–´echantillonn´e `a 1 m de r´esolution spatiale.
Comme discut´e dans le chapitre 2, section 2.1, les images ayant permis la g´en´eration des MNS
ont ´et´e affin´ees simultan´ement permettant leur co–localisation pr´ecise entre elles et ainsi, la
co–localisation pr´ecise entre les MNS. Cependant, cette co–localisation est effectu´ee en relatif
et la localisation absolue des mod`eles n’est pas garantie.
Ainsi, les MNS et le LiDAR ne peuvent ˆetre nativement co–localis´es (on observe des biais
1. Pour des raisons de confidentialit´e, le LiDAR et les informations associ´ees ne peuvent ˆetre pr´esent´es dans
ce manuscrit. Nous nous excusons pour cette restriction aupr`es des lecteurs.
82CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
jusqu’`a 12 m en longitude et 25 m en latitude entre le MNS et le LiDAR).
Afin de permettre la comparaison pr´ecise entre le LiDAR et les MNS, il est alors n´ecessaire de
recaler ces donn´ees entre elles. Cette op´eration est effectu´ee de fa¸con classique, en prenant des
points de liaison entre les donn´ees (ces points sont s´electionn´es au milieu des toits afin d’obtenir
une meilleure pr´ecision). L’erreur r´esiduelle sur ces points est d’environ 0,7 pixels RMS (erreur
moyenne quadratique). Puis, un mod`ele de d´eformation affine du MNS est calcul´e en fonction
de ces points de liaison afin d’obtenir un MNS recal´e (au pixel pr`es) sur le LiDAR.
3.4.2 Crit`eres de qualit´e
La comparaison entre le LiDAR et les MNS a ´et´e effectu´ee `a plusieurs niveaux : une
diff´erence globale a ´et´e r´ealis´ee entre les donn´ees afin d’observer le bruit de ces derni`eres.
Puis, une comparaison a ´et´e effectu´ee entre les zones masqu´ees des MNS afin d’observer les
erreurs r´esiduelles sur ces zones et leurs diff´erences entre le MNS asym´etrique et le MNS
fusionn´e. Enfin, la comparaison de profils s´electionn´es sur les diff´erentes donn´ees va permettre
d’observer comment les structures telles que les bords de bˆatiments, les toits mais aussi les
zones homog`enes sont g´er´ees dans les MNS.
Diff´erence globale
Dans un premier temps, l’image des diff´erences entre le LiDAR et le MNS asym´etrique
(MNS obtenu `a partir de la g´eom´etrie image puis bascul´e dans un espace terrain)a ´et´e
calcul´ee. La moyenne des diff´erences obtenue est d’environ −0, 4 m avec un ´ecart–type d’environ
3, 1 m. Cet ´ecart–type est particuli`erement important et illustre le bruit pr´esent dans le MNS.
La diff´erence calcul´ee entre le MNS fusionn´e (par la technique d´ecrite en section 3.3)
montre, elle, une moyenne d’environ −0, 25 m avec un ´ecart–type d’environ 2, 4 m. Ces valeurs,
largement plus faibles que les r´esultats obtenus avec le MNS asym´etrique attestent que la
proportion d’erreur a diminu´e sur le MNS fusionn´e.
833.4. QUALITE ET PR ´ ECISION DES MNS OBTENUS ´
Diff´erences entre les masques des MNS asym´etrique et fusionn´e
Les zones masqu´ees sur le MNS asym´etrique et pas sur le MNS fusionn´e, ou inversement,
repr´esentent les zones o`u la probabilit´e d’erreur est la plus forte.
Dans la section 3.3, nous expliquons que la fusion de deux MNS g´en´er´es `a partir du mˆeme
couple st´er´eoscopique, mais avec inversion des rˆoles maˆıtre et esclave, permet de prendre en
compte les zones d’occlusion situ´ees sur les deux images du couple st´er´eoscopique.
Cependant, nous avons pu noter, dans la section 3.2, que les erreurs de corr´elation g´en´er´ees lors
de la mise en correspondance peuvent engendrer des fausses zones d’occlusion. Ainsi, le masque
du MNS fusionn´e peut contenir des pixels faussement enregistr´es comme occlusion.
La comparaison de la taille de ces masques donne une premi`ere id´ee sur la qualit´e des MNS
et la pr´ecision des masques : en effet, on observe que 19,3% des pixels appartenant au MNS
asym´etrique sont enregistr´es dans le masque, tandis que cette quantit´e baisse `a 15,5% pour le
MNS fusionn´e. Cette diff´erence indique qu’une plus petite quantit´e de pixels a ´et´e enregistr´ee
dans le masque du MNS fusionn´e.
Ce ph´enom`ene est paradoxal puisque le MNS fusionn´e permet d’enregistrer les occlusions
appartenant aux deux images du couple st´er´eoscopique au contraire du MNS asym´etrique. On
peut donc en d´eduire que le masque du MNS fusionn´e est plus pr´ecis sur les zones d’occlusion
et limite le nombre de pixels masqu´es.
De plus, les masques des MNS prennent aussi en compte les scores de corr´elation les plus faibles
obtenus lors de la mise en correspondance. Or, nous avons vu que la fusion des MNS permet de
r´eduire le nombre de pixels masqu´es `a cause de ce seuil. En effet, lorsqu’un pixel est masqu´e
dans l’un des MNS mais poss`ede un score de corr´elation suffisamment ´elev´e dans l’autre MNS
tout en r´epondant `a la contrainte de r´egularisation, cette valeur de pixel est alors privil´egi´ee
dans le MNS final plutˆot que la valeur masqu´ee. Ces contraintes de calcul sur le MNS final
permettent ainsi de r´eduire les zones masqu´ees.
Afin de comparer la qualit´e des masques des MNS asym´etrique et fusionn´e, tous les pixels
enregistr´es dans un masque pour l’un des MNS et ayant une valeur d´efinie dans l’autre MNS,
sont compar´es avec la v´erit´e LiDAR.
84CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
(a) Histogramme des diff´erences entre le LiDAR
et les pixels masqu´es dans le MNS fusionn´e mais
d´efinis dans le MNS asym´etrique
(b) Histogramme des diff´erences entre le LiDAR et
les pixels masqu´es dans le MNS asym´etrique mais
d´efinis dans le MNS fusionn´e
Figure 3.9 – 3.9(a) et 3.9(b) : Histogrammes des cartes de diff´erences calcul´ees entre le liDAR
et le MNS asym´etrique et MNS fusionn´e, respectivement.
L’histogramme pr´esent´e en figure 3.9(a) int`egre les pixels masqu´es dans le MNS fusionn´e et
ayant une valeur d’´el´evation d´efinie dans le MNS asym´etrique.
Ces pixels repr´esentent 11,9% de l’image. On observe une moyenne des diff´erences entre ces
valeurs dans le MNS asym´etrique et le LiDAR de −2, 32 m avec un ´ecart–type de 6, 14 m.
L’histogramme confirme cette tendance de fortes diff´erences entre ces valeurs et le LiDAR.
Nous pouvons ainsi en d´eduire que ces valeurs d´efinies dans le MNS asym´etrique mais pas dans
le MNS fusionn´e repr´esentent principalement des erreurs d’´el´evation du MNS asym´etrique.
L’histogramme pr´esent´e en figure 3.9(b) correspond aux pixels masqu´es dans le MNS
asym´etrique mais ayant une valeur d´efinie dans le MNS fusionn´e.
On recense 8% des pixels de l’image appartenant `a cette cat´egorie. La diff´erence calcul´ee entre
ces pixels appartenant au MNS fusionn´e et la v´erit´e LiDAR est en moyenne de −1, 1 m avec un
´ecart–type de 3, 9 m. Ces chiffres montrent un r´esultat bien meilleur sur ces pixels bien que des
erreurs subsistent.
Ce r´esultat indique qu’un grand nombre de ces pixels, recens´es dans le masque du MNS
asym´etrique, poss´edaient en r´ealit´e une altitude d´efinie et correcte, car proche du LiDAR, dans
l’autre MNS asym´etrique. Ces valeurs sont donc maintenant des valeurs correctes dans le MNS
853.4. QUALITE ET PR ´ ECISION DES MNS OBTENUS ´
fusionn´e. Cependant, certaines erreurs r´esiduelles pourraient ˆetre corrig´ees, par exemple, grˆace
`a l’utilisation de plus de deux images st´er´eoscopiques afin d’am´eliorer la pr´ecision de ce masque.
Comparaison de profils d’´el´evation
Les figures 3.10(a) et 3.10(b) permettent de comparer des profils d’´el´evation obtenus entre
le LiDAR, le MNS asym´etrique et le MNS fusionn´e.
Ce profil, qui s’´etend sur une distance de 1000 m (la r´esolution spatiale des pixels ´etant de 1 m),
montre de nombreux bˆatiments, de hauteurs variables entre 4 et 9 m environ.
Globalement, les profils des MNS asym´etrique et fusionn´e suivent la tendance du profil LiDAR,
on observe cependant un biais entre le LiDAR et les MNS, ces derniers pr´esentent en effet une
altitude plus faible de plusieurs dizaine de centim`etres d’apr`es la zone basse entre 1900 m et
2100 m. Ce biais est aussi visible sur les bˆatiments situ´es entre 1800 m et 1900 m. Ce biais reste
n´eanmoins dans la r´esolution altim´etrique donn´ee pour les MNS qui est de 1 m.
On observe, malgr´e le bruit pr´esent sur les MNS, que le toit gondol´e du bˆatiment situ´e entre
2100 m et 2200 m est particuli`erement bien rendu dans les deux MNS. De mˆeme, les bˆatiments,
pourtant proches les uns des autres entre 1700 m et 1800 m apparaissent tr`es bien d´emarqu´es.
On note que le MNS asym´etrique semble g´en´erer un bruit plus important, avec de plus
fortes variations d’´el´evations, que celui g´en´er´e par le MNS fusionn´e. Les bords de bˆatiment
(correspondant `a des zones d’occlusion) sont aussi mieux g´er´es par le MNS fusionn´e. En effet,
on observe, notamment pour les bˆatiments entre 2100 m et 2300 m, que le MNS asym´etrique a
tendance `a ´elargir les bˆatiments et `a g´en´erer des ´el´evations tr`es fortes aux abords des bˆatiments.
Ce ph´enom`ene est corrig´e dans le MNS fusionn´e dans lequel tous les bords de bˆatiments sont
supprim´es car consid´er´es comme des zones d’occlusion.
Ce comportement montre l’int´erˆet de g´erer les zones d’occlusion dans les MNS puisque des
bords de bˆatiments ´elargis sont de fortes sources de fausses alarmes dans la carte finale des
changements.
86CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
(a) Comparaison des profils LiDAR et MNS asym´etrique.
(b) Comparaison des profils LiDAR et MNS fusionn´e.
Figure 3.10 – Profils d’´el´evation compar´es entre le MNS asym´etrique (en vert), le MNS fusionn´e
(en bleu) et le Lidar (en rouge).
3.5 Application au cas de la multi–st´er´eoscopie
L’algorithme que nous avons d´evelopp´e pr´ec´edemment permet le calcul d’un MNS pr´ecis
`a partir d’un couple st´er´eoscopique. Or, les nouveaux satellites tels que Pl´eiades permettent
aujourd’hui l’acquisition d’images en n–uplet st´er´eoscopiques, avec n ∈ [2 : 25] pour Pl´eiades.
Chaque image est alors acquise avec un angle d’incidence et d’azimut diff´erent. Dans ce cas, il
est n´ecessaire de prendre en compte tout ou partie des images produites pour le calcul d’un MNS.
L’algorithme de fusion des MNS est alors une solution int´eressante pour g´erer les n-uplets
st´er´eoscopiques.
873.5. APPLICATION AU CAS DE LA MULTI–STER´ EOSCOPIE ´
Dans ce contexte, la solution propos´ee est la cr´eation de tous les MNS possibles provenant de la
mise en correspondance de toutes les images 2 `a 2 avec inversion des rˆoles maˆıtre et esclave et la
fusion de tous les MNS obtenus afin de calculer un MNS final. Pour un n–uplet st´er´eoscopique,
le nombre de MNS `a g´en´erer est alors de NMNS = n ∗ (n − 1). Le nombre de labels pr´esents
dans la fusion est ensuite ´egal au nombre total des MNS g´en´er´es, additionn´e du label Occlusion.
Dans le calcul de la fusion, effectu´e selon l’algorithme d´ecrit pr´ec´edemment, la seule
diff´erence notable est le calcul de l’attache aux donn´ees pour le label Occlusion (´equation 3.6).
Dans le cas de la st´er´eoscopie simple, il est n´ecessaire de calculer la diff´erence entre les deux
valeurs de MNS obtenues au mˆeme pixel xi
. Dans le cas de la multi–st´er´eoscopie, le nombre
de MNS en jeu ´etant sup´erieur `a 2, toutes les diff´erences entre les MNS g´en´er´es sont calcul´ees
et l’attache aux donn´ees est alors fonction de la diff´erence minimale obtenue (en dehors des
diff´erences ´egales `a 0 qui proviennent de la diff´erence entre deux masques de MNS).
Ce choix d’utiliser la diff´erence minimum est orient´e par le fait qu’en un pixel, les valeurs de
MNS doivent ˆetre similaires. Ainsi, plus des valeurs seront proches, plus la probabilit´e que les
valeurs de MNS soient pertinentes est ´elev´ee.
La figure 3.12 pr´esente le r´esultat du calcul d’un MNS `a partir de deux images d’un triplet
st´er´eoscopique 3.12(a) et des trois images du triplet 3.12(b). Ce triplet d’images Pl´eiades a ´et´e
acquis sur la ville de Toulouse en mai 2012 (figure 3.11(a)).
La figure 3.11(b) permet de montrer les conditions d’acquisition de ce triplet. Dans cette figure,
la position d’un point sur le p´erim`etre du cercle repr´esente l’angle d’azimut de l’acquisition de
l’image consid´er´ee tandis que la position sur le rayon du cercle repr´esente l’angle d’incidence de
l’acquisition.
Selon cette figure, on observe que le triplet st´er´eoscopique a ´et´e acquis avec un angle d’incidence
assez ´elev´e (environ 25˚) et selon un seul passage du satellite. Ce syst`eme d’acquisition n’apparaˆıt
pas id´eal pour limiter les zones d’occlusion puisque les angles azimutaux des trois images
sont particuli`erement proches entre eux.
En effet, le MNS calcul´e `a partir de deux images contient de nombreuses zones masqu´ees `a cause
des nombreuses zones d’occlusion, particuli`erement importantes du fait des angles d’acquisition
des images, mais aussi des erreurs de corr´elation (sur les toits de bˆatiments, par exemple). Tandis
88CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
(a) Partie d’une image panchromatique du triplet st´er´eoscopique Pl´eiades acquis sur
la ville de Toulouse le 07/05/2012.
(b) Illustration de la g´eom´etrie d’acquisition du triplet st´er´eoscopique.
Figure 3.11 – Illustration du triplet st´er´eoscopique Pl´eiades acquis sur la ville de Toulouse.
893.5. APPLICATION AU CAS DE LA MULTI–STER´ EOSCOPIE ´
(a) Toulouse, MNS fusionn´e `a partir d’un couple st´er´eoscopique.
(b) Toulouse, MNS fusionn´e `a partir d’un triplet st´er´eoscopique.
Figure 3.12 – MNS calcul´es `a partir de 2 images puis 3 images du mˆeme uplet st´er´eoscopique.
90CHAPITRE 3. GEN´ ERATION DE MOD ´ ELES NUM ` ERIQUES DE SURFACE SUR UNE ´
GRILLE REGULI ´ ERE ` A PARTIR DE COUPLES ST ` ER´ EOSCOPIQUES ´
que le MNS tri-st´er´eoscopiques apparaˆıt beaucoup plus lisse et seules les vraies zones d’occlusion
(zones vues par aucune des images), situ´ees, comme attendues, au nord–ouest des bˆatiments,
sont masqu´ees.
De fa¸con quantitative, on observe que sur le MNS form´e `a partir de deux images st´er´eoscopiques,
19,2% des valeurs du MNS appartiennent au masque tandis que sur le MNS obtenu avec le triplet
st´er´eoscopique complet, seule 8,3% des valeurs appartiennent au masque.
Ce r´esultat montre l’apport de la multi–st´er´eoscopie pour la g´en´eration des MNS, mˆeme lorsque
les conditions d’acquisition st´er´eoscopiques ne sont pas id´eales, c’est–`a–dire que les images ne
sont pas acquises selon des angles d’azimut tr`es diff´erents. Cette comparaison permet de d´emontrer
non seulement la capacit´e de la m´ethode pour la multi–st´er´eoscopie mais aussi le fort
int´erˆet de la multi-st´er´eoscopie pour la pr´ecision des MNS.
3.6 Conclusion
La m´ethode de g´en´eration d´evelopp´ee dans notre chaˆıne de traitements est bas´ee sur trois
´etapes de calcul. La premi`ere est la mise en correspondance des images, selon une g´eom´etrie image
et donc bas´ee sur le calcul de l’´el´evation de tous les points d’une image maˆıtre, calcul effectu´e
par l’outil MicMac. La seconde ´etape est le basculement des ´el´evations, de la g´eom´etrie image
`a une g´eom´etrie terrain d´efinie. Cette op´eration, d´evelopp´ee au cours de cette th`ese, a permis
de mettre en place une meilleure gestion des points terrain situ´es dans des zones d’occlusion de
l’image maˆıtre, et de filtrer les points dont le score de corr´elation est particuli`erement bas.
Cette technique de mise en correspondance ´etant asym´etrique, les erreurs dues notamment aux
zones d’occlusion de l’image esclave ne sont pas prises en compte. La troisi`eme ´etape de calcul a
donc pour objectif de g´en´erer un MNS final dans lequel les zones d’occlusion appartenant `a l’une
ou l’autre des images du couple sont prises en compte tout en limitant les erreurs ponctuelles
de corr´elation pr´esentes sur l’un des MNS seulement. Pour cela, la mise en correspondance est
r´ealis´ee deux fois, avec inversion des images maˆıtre et esclave et les MNS obtenus sont fusionn´es
selon une technique formul´ee comme un probl`eme de labellisation dans lequel les labels de chaque
pixel correspondent aux valeurs de chacun des MNS en pr´esence ou `a un label occlusion. Ce
probl`eme est alors r´esolu `a partir de l’algorithme de programmation dynamique impl´ement´e, dont
les fonctions de coˆuts ont ´et´e adapt´ees afin de privil´egier les meilleurs coefficients de corr´elation
913.6. CONCLUSION
obtenus et les valeurs permettant de lisser les variations du MNS final.
Tous les param`etres et seuils de la m´ethode compl`ete de g´en´eration des MNS sont r´esum´es dans
le tableau 3.1.
La comparaison des MNS r´esultats avec un LiDAR acquis sur la mˆeme zone a permis de pr´esenter
l’apport de cette fusion de MNS par rapport `a un MNS asym´etrique, notamment envers les zones
d’occlusion ou les zones de mauvaise corr´elation.
Enfin, nous avons montr´e que cette m´ethode et l’algorithme d´evelopp´e ´etaient parfaitement
adaptables au cas de la multi–st´er´eoscopie quels que soient les angles d’acquisition des images.
Etape Param`etre impact sur le r´esultat Valeur recommand´ee MicMac
R´egularisation Impact important D´epend de la zone trait´ee :
des MNS sur les variations du MNS en milieu urbain λ = 0.02
Nombre de direction Impact mod´er´e d`es 12 directions
de calcul 12 directions
Basculement
R´esolution de la grille Impact sur la r´esolution 2 fois la r´esolution
terrain du MNS du r´esultat native des images
Seuil sur le score de Impact sur la qualit´e du 2σ
corr´elation MNS r´esultat
Fusion
Seuil t1 Impact sur la quantit´e D´epend des scores de corr´elation
de pixels d´efinis en label occlusion obtenus t1 5 m
Seuil t2 Impact faible D´efini `a 2,5 m
sur la r´egularisation du MNS
β et γ Impact faible D´efinies arbitrairement `a 0,5
Nombre de directions Impact tr`es mod´er´e G´en´eralement pos´e `a 12
de calcul sur le r´esultat
R´egularisation Impact mod´er´e D´efini exp´erimentalement `a 5,0
sur la r´egularisation du MNS
Table 3.1 – Tableau de synth`ese des param`etres de la m´ethode compl`ete de g´en´eration des MNS.
92Chapitre 4
D´eveloppement d’une m´ethode de
d´etection des changements
d’´el´evation
La derni`ere ´etape de la chaˆıne de traitements, d´evelopp´ee au cours de cette th`ese, consiste
`a d´etecter les changements d’´el´evation r´eels et pertinents de la sc`ene. Dans un contexte urbain,
ces changements correspondent `a toutes les constructions, destructions ou modifications de
bˆatiments ou d’infrastructures apparues entre les deux dates d’int´erˆet.
La m´ethode employ´ee pour la d´etection de changement est bas´ee sur l’analyse de la diff´erence
des MNS obtenus pour les dates t1 et t2. Cependant, `a la diff´erence de Tian [26] qui filtre
le MNS diff´erentiel `a partir d’op´erations morphologiques et de connaissances a priori sur les
tailles et formes des objets recherch´es, notre analyse est bas´ee sur une classification par une
m´ethode d’optimisation semi–globale des pixels de l’image.
Dans cette section, nous pr´esenterons tout d’abord l’int´erˆet du filtrage du MNS diff´erentiel
pour la mise en ´evidence des changements d’´el´evation puis nous d´etaillerons la m´ethode que
nous avons d´evelopp´ee afin de mettre en ´evidence les changements les plus pertinents.
934.1. CALCUL ET ANALYSE DU MNS DIFFERENTIEL ´
4.1 Calcul et analyse du MNS diff´erentiel
Comme d´ecrit dans le sch´ema global de la chaˆıne de traitements (chapitre 1, section 1.3,
figure 1.2), une fois les MNS g´en´er´es pour les dates t1 et t2, leur diff´erence dMNS est calcul´ee
telle que :
dMNS = MNSt2 − MNSt1
. (4.1)
Ainsi, les constructions apparues entre t1 et t2 apparaissent avec des pixels de valeurs positives
sur le MNS diff´erentiel tandis que les destructions correspondent `a des valeurs n´egatives.
L’union des zones masqu´ees de chacun des MNS, sont, quant `a elles d´efinies `a z´ero dans le MNS
diff´erentiel.
Cependant, certaines erreurs r´esiduelles de corr´elation restent attach´ees `a chacun des MNS,
comme nous l’avons illustr´e dans le chapitre 3, section 3.4 lors de la comparaison avec la v´erit´e
LiDAR et ce, malgr´e l’am´elioration de la pr´ecision des MNS.
Ces erreurs de corr´elation proviennent le plus souvent de la mise en correspondance sur des zones
difficiles telles que :
– les structures 3D complexes comme celles de la v´eg´etation,
– les zones homog`enes ou tr`es p´eriodiques,
– les bords de bˆatiments,
– les cibles mobiles,
– les zones d’occlusion.
Or, toute erreur dans un des MNS peut g´en´erer une diff´erence d’´el´evation potentiellement importante
dans le MNS diff´erentiel et ainsi provoquer une fausse d´etection dans la carte finale des
changements. La seule segmentation du MNS diff´erentiel ne permet donc pas de mettre en ´evidence
les changements pertinents d’´el´evation dans le bˆati car le nombre d’alarmes de d´etection
provenant des erreurs du MNS est alors trop grand.
Les figures 4.1(a) et 4.1(b) repr´esentent les MNS obtenus sur la ville de Phoenix aux dates
t1 = 2008 et t2 = 2011. La figure 4.2(a) montre le MNS diff´erentiel calcul´e `a partir de ces
deux MNS. Enfin, la figure 4.2(b) pr´esente un exemple de seuillage du MNS diff´erentiel. Sur cet
exemple toutes les diff´erences d’´el´evation inf´erieures `a -2,5 m sont repr´esent´ees en rouge et celle
sup´erieures `a 2,5 m, en bleu.
94CHAPITRE 4. DEVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE D ´ ETECTION DES ´
CHANGEMENTS D’EL´ EVATION ´
(a) MNS ombr´e calcul´e `a partir des images WorldView-1 de 2008.
(b) MNS ombr´e calcul´e `a partir des images WorldView-1 de 2011.
Figure 4.1 – 4.1(a) et 4.1(b) MNS de 2008 et 2011 calcul´es sur la zone 1 d´efinie sur la ville de
Phoenix.
954.1. CALCUL ET ANALYSE DU MNS DIFFERENTIEL ´
(a) MNS diff´erentiel calcul´e `a partir des MNS 2008 et 2011.
(b) MNS diff´erentiel segment´e `a 2,5 m (changements positifs en bleus)
et `a -2,5 m (changements n´egatifs en rouge).
Figure 4.2 – 4.2(a) MNS diff´erentiel. 4.2(b) MNS diff´erentiel seuill´e.
96CHAPITRE 4. DEVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE D ´ ETECTION DES ´
CHANGEMENTS D’EL´ EVATION ´
Notons que ce seuil `a 2,5 m repr´esente le seuil que nous utiliserons pour toutes les d´etections
de changements effectu´ees `a partir des MNS calcul´es `a 1 m de r´esolution altim´etrique et
planim´etrique. Ce seuil correspond `a la hauteur standard d’un ´etage de bˆatiment et paraˆıt tout
`a fait adapt´e pour la r´esolution des MNS (1 m de r´esolution altim´etrique et planim´etrique).
Sur cette figure, de tr`es nombreuses alarmes de changements sont visibles. Ces alarmes de
changements, souvent repr´esent´ees par quelques pixels, sont r´eparties sur toute l’image.
Les changements r´eels et pertinents du bˆati sont pourtant ais´ement rep´erables (pour les
plus importants) sur la carte seuill´ee. En effet, ces changements sont g´en´eralement repr´esent´es
par des amas de pixels, homog`enes spatialement et bien d´elimit´es contrairement au bruit.
C’est pourquoi, nous avons choisi de mettre en ´evidence ces changements pertinents `a partir
d’une technique de classification r´esolue `a travers une optimisation globale du MNS diff´erentiel,
associ´ee `a une contrainte de r´egularisation spatiale. Cette technique permet en effet de prendre
en compte la coh´erence locale du MNS diff´erentiel afin d’´eliminer le bruit tout en conservant les
changements coh´erents du bˆati.
4.2 M´ethode de d´etection des changements
La m´ethode choisie pour la d´etection des changements d’´el´evation consiste en une
classification des pixels du MNS diff´erentiel. A chaque pixel est attribu´e un label ` r provenant
du jeu de labels R et qui correspond `a un changement positif (construction), `a
un changement n´egatif (destruction) ou `a un non–changement, en fonction de sa valeur
mais aussi de celle des ses voisins afin de satisfaire la contrainte de r´egularisation spatiale
(R ∈ {Changementpositif, Changementngatif, Nonchangement}).
Ce probl`eme s’apparente alors aux probl`emes d’optimisations globales, introduits dans le
chapitre 2.2, et r´esolus `a partir de l’´equation g´en´erale 2.2.3.
La fonction d’attache aux donn´ees utilis´ee dans cette optimisation, CData(xi
, r(xi)), correspond
au coˆut pour attribuer un label r au pixel xi du MNS diff´erentiel, i ´etant la valeur de
974.2. METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS ´
diff´erence d’´el´evation au pixel xi
. Ce coˆut, pour chaque label, d´epend de la valeur de diff´erence
d’´el´evation obtenue dans le MNS diff´erentiel et normalis´ee par une fonction sigmo¨ıde (repr´esent´ee
en figure 4.3).
Il est d´efini par :
CData(xi
, r(xi)) =
1
1+exp−L(|i|−T )
si r(xi) = {non changement},
1 −
1
1+exp−L(i−T )
si r(xi) = {changement positif},
1 −
1
1+exp−L(−i−T )
si r(xi) = {changement n´egatif}.
(4.2)
Dans l’´equation 4.2, le param`etre T est fix´e `a 2,5 m, seuil de la d´etection de changements d´efini
pr´ec´edemment.
La normalisation des valeurs du MNS diff´erentiel dans la fonction d’attache aux donn´ees permet
de rendre comparable entre eux les coˆuts obtenus par un pixel et pour chaque label. Si de
nombreuses techniques permettent la normalisation des valeurs, nous avons choisi une fonction
sigmo¨ıde qui permet un seuillage ”flexible” des coˆuts de chacun des labels selon la valeur du
pixel.
En effet, une fonction concave (ou “marche”) calculerait un coˆut `a 0 ou `a 1 sans aucun
interm´ediaire pour chaque label, une fonction lin´eaire, au contraire, ne serait pas suffisamment
d´eterminante pour des valeurs de pixels trop diff´erentes du seuil fix´e. Tandis que la fonction
sigmo¨ıde permet un seuillage plus doux.
Le param`etre L est li´e `a la courbure de la fonction sigmo¨ıde.
La figure 4.3 pr´esente diff´erentes sigmo¨ıdes calcul´ees avec des valeurs de L allant de L = 1, 0 `a
L = 4, 0. D’apr`es cette figure, on observe que la valeur de L s´electionn´ee permet d’obtenir des
coˆuts diff´erents de 0 et 1 pour des valeurs de diff´erence d’´el´evation situ´ees entre 0,5 m et 4,5 m
tandis qu’une valeur de L plus forte telle que L = 4, 0 restreint ce seuillage `a des valeurs de
diff´erences entre 1,0 m et 4,0 m. Au contraire, une valeur de L plus faible n’est pas suffisamment
restrictive car on observe alors des valeurs de coˆut encore importantes (et donc une probabilit´e
plus faible de changements positifs) pour une diff´erence d’´el´evation de 4,0 m qui est pourtant
une diff´erence d’´el´evation non n´egligeable.
Le param`etre L a ainsi ´et´e choisi `a L = 3, 0, cette valeur paraˆıt plus adapt´ee aux diff´erences
d’´el´evation recherch´ees.
98CHAPITRE 4. DEVELOPPEMENT D’UNE M ´ ETHODE DE D ´ ETECTION DES ´
CHANGEMENTS D’EL´ EVATION ´
Figure 4.3 – Fonction sigmo¨ıde permettant le calcul des coˆuts d’attache aux donn´ees pour le
label changement positif. Les quatre courbes illustrent les r´esultats pour diff´erentes valeurs de L
utilis´ees.
Il faut noter cependant que l’impact de L sur le r´esultat final est plutˆot faible.
Nous rappelons que tous les pixels appartenant `a l’un ou l’autre des masques des MNS g´en´er´es
`a t1 et t2 sont d´efinis `a z´ero dans le MNS diff´erentiel. Leur probabilit´e de changement est donc
fix´ee `a z´ero tandis que leur probabilit´e de non–changement est tr`es ´elev´ee. Le label de ces pixels
n’est cependant pas fix´e de fa¸con d´efinitive, ainsi, selon la r´egularisation employ´ee et le voisinage
de ces pixels, leur labellisation en changement est autoris´ee si les conditions sont favorables.
Le terme de r´egularisation, CReg((xi
, r(xi)),(xi+1, r(xi+1))) correspond `a un coˆut de transition
seulement et calcul´e selon le mod`ele de Potts [68]. Ce terme d´epend ainsi de la variation de
labels entre deux pixels cons´ecutifs xi et xi+1 de la s´equence. Il est d´efini par :
C
T
((xi
, r(xi)),(xi+1, r(xi+1))) =
0 si r(xi) = r(xi+1)
1 si r(xi) 6= r(xi+1)
(4.3)
Enfin, le param`etre λ repr´esente, dans ce contexte, une variable particuli`erement importante
puisqu’elle d´efinit le poids accord´e `a la fonction de r´egularisation par rapport `a celui de la
994.3. CONCLUSION
fonction d’attache aux donn´ees. Plus cette valeur est ´elev´ee, plus la contrainte de r´egularisation
sera importante et aura tendance `a supprimer les variations fines de labels et donc les alarmes
de changements les plus petites spatialement et inversement. Le param`etre λ permet alors le
contrˆole de l’´equilibre entre la pr´ecision de la d´etection et la sensibilit´e aux changements r´eels
de la sc`ene.
4.3 Conclusion
La m´ethode d’analyse du MNS diff´erentiel que nous avons d´evelopp´ee est bas´ee sur
la classification des pixels selon des labels changements positifs, changements n´egatifs ou
non–changement en fonction de la valeur du pixel et de son voisinage, pris en compte `a travers
une contrainte de r´egularisation spatiale.
Les param`etres de la m´ethode sont d´ecrits dans le tableau 4.1.
Cette m´ethode de filtrage global permet ainsi le contrˆole de la pr´ecision et de la sensibilit´e
du r´esultat grˆace au param`etre de r´egularisation λ, contrˆole d’autant plus important qu’il va
permettre `a l’utilisateur de moduler le r´esultat en fonction des changements recherch´es.
Les r´esultats obtenus par cette m´ethode de d´etection des changements d’´el´evation et selon
diff´erents param`etres seront analys´es dans la section 5
Param`etre impact Valeur
Seuil T Impact important D´epend de la r´esolution alti. du MNS
sur la hauteur des changements d´etect´es pour 1 m : seuil = 2,5 m
R´egularisation Impact important sur la pr´ecision D´epend des r´esultats recherch´es
et sensibilit´e du r´esultat g´en´eralement entre 2 et 7
Directions Impact mod´er´e sur le r´esultat G´en´eralement pos´ee `a 12
Courbure L Impact n´egligeable D´epend du seuil en ´el´evation des
changements recherch´es
Table 4.1 – Tableau de synth`ese des param`etres n´ecessaires `a la m´ethode de d´etection des
changements d’´el´evation.
100Chapitre 5
Exp´erimentation et discussion des
r´esultats de la m´ethode de d´etection
des changements d’´el´evation
Afin d’analyser les performances de la m´ethode de d´etection des changements, trois sites
sont analys´es `a travers la pr´ecision de la m´ethode (quantit´e de fausses alarmes d´etect´ees par
rapport au nombre total de d´etections) et sa sensibilit´e, aussi appel´ee rappel, (quantit´e de
bonnes d´etections retrouv´ees par rapport au nombre total de changements de la sc`ene).
Les deux premiers sites sont repr´esent´es par plusieurs zones choisies sur les villes de Phoenix
(Arizona, USA) et de Christchurch (Nouvelle–Z´elande), villes dynamiques `a d´eveloppement
continu.
Le troisi`eme site se trouve dans la r´egion de Tohoku (Japon), et plus particuli`erement sur la
ville de Sendai. Cette zone, qui a ´et´e d´evast´ee par une catastrophe majeure, permet en effet
d’analyser les r´esultats de la m´ethode dans un contexte de crise.
1015.1. PRESENTATION DES ZONES DE TEST ´
5.1 Pr´esentation des zones de test
5.1.1 Phoenix
Sur la ville de Phoenix, deux couples st´er´eoscopiques ont ´et´e acquis en 2008 et 2011 par le
capteur WorldView-1 (cf. tableau 1.1, chapitre 1, section 1.4).
Trois zones d’´etudes ont ´et´e d´efinies `a partir de ces images. Ces zones, d’une taille de
2000 × 2000 pixels ont ´et´e s´electionn´ees sur l’image en fonction du nombre de changements qui
ont ´et´e retrouv´es mais aussi en fonction de la vari´et´e de bˆatiments et infrastructures qu’elles
contiennent. Les figures 5.1(a), 5.1(b) et 5.1(c) repr´esentent ces diff´erentes zones.
La zone 1 (figure 5.1(a)) comprend de petits pavillons r´esidentiels, de nombreux parcs ainsi
que des quartiers d’affaires. La zone 2 (figure 5.1(b)) contient plutˆot des quartiers d’affaires
avec quelques tr`es hauts bˆatiments. Enfin, la zone 3 (figure 5.1(c)) pr´esente plutˆot des zones
industrielles.
Sur ces zones, on note aussi la pr´esence d’autoroutes avec de nombreux v´ehicules mobiles,
de la v´eg´etation, ou encore des pavillons tr`es proches les uns des autres. Tous ces ´el´ements
repr´esentent des sources d’erreurs potentiellement importantes pour les MNS, qui se r´epercutent
dans la d´etection de changements. Ces diff´erentes difficult´es permettent ainsi de tester au mieux
les performances de notre chaˆıne de traitements.
Aucune v´erit´e terrain de type cadastrale n’´etant disponible sur la ville de Phoenix, une carte
de r´ef´erence a ´et´e g´en´er´ee manuellement pour chacune des trois zones d’´etude. Plus pr´ecis´ement,
cette carte a ´et´e cr´e´ee par comparaison visuelle entre les images acquises aux dates t1 et t2.
Tous les changements du bˆati visibles ont ´et´e rep´er´es et localis´es dans cette carte de r´ef´erence,
qu’ils soient de quelques m`etres carr´es (taille d’un conteneur) ou de plusieurs centaines de m`etres
carr´es (bˆatiment industriel).
Cependant, afin de mieux analyser les r´esultats, les changements ont ´et´e divis´es en deux cat´egories
: les changements sup´erieurs ou ´egaux `a 15×15 pixels, soit 100 m2 pour des images `a
60 cm de r´esolution, et tous les changements de l’image. Ce seuil repr´esente la taille g´en´eralement
d´etectable par les m´ethodes de d´etection de changements sur des images tr`es haute r´esolution
d´ecrites par ailleurs [26]. Or, l’analyse des performances de la m´ethode lorsque toutes les tailles
102CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
(a) Illustration de la zone #1 de Phoenix. (b) Illustration de la zone #2 de Phoenix.
(c) Illustration de la zone #3 de Phoenix. (d) Illustration de la zone de Christchurch.
Figure 5.1 – Orthoimages provenant des images panchromatiques WorldView–1 repr´esentant
les trois zones test´ees sur la ville de Phoenix et la zone de Christchurch.
1035.1. PRESENTATION DES ZONES DE TEST ´
(a) Orthoimage WorldView-1, 2008, Phoenix zone
1.
(b) Donn´ee de r´ef´erence. En vert les changements
de taille > 100 m2
, en noir les changements inf´erieurs
`a 100 m2
Figure 5.2 – 5.2(a)Orthoimage calcul´ee et 5.2(b) donn´ee de r´ef´erence des changements de la
zone 1 de Phoenix.
de changements sont recherch´ees permet de mieux appr´ehender les limites de la m´ethode.
Au cours de ces analyses de sensibilit´e, nous parlerons plutˆot de ce seuil `a 100 m2 mais nous
pr´ecisons que ce seuil d´epend avant tout de la r´esolution des images native. Pour des images
haute r´esolution `a 2 m, ce seuil serait calcul´e `a 15×15 pixels soit 300m2
.
Finalement, sur la zone 1 de Phoenix, 126 changements de toutes tailles ont ´et´e recens´es dont
55 changements sup´erieurs `a 100 m2
(figure 5.2(b)). Sur la zone 2 de Phoenix, 71 changements
ont ´et´e recens´es dont 22 larges changements. Enfin, sur la zone 3, 138 changements ont ´et´e
retrouv´es dont 34 sup´erieurs `a 100 m2
.
5.1.2 Christchurch
Sur la ville de Christchurch, en Nouvelle-Z´elande, nous disposons de deux acquisitions
st´er´eoscopiques de 2009 et 2011 (cf. tableau 1.1, chapitre 1, section 1.4). A ces donn´ees
s’ajoutent deux acquisitions LiDAR de 2010 et 2011.
La zone commune aux donn´ees optiques et LiDAR a ´et´e s´electionn´ee pour tester la m´ethode de
d´etection de changement. Cette zone, d’une superficie de 1200 km2
environ, est repr´esent´ee en
figure 5.1(d).
104CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
Le LiDAR a ´et´e pr´ealablement r´e–´echantillonn´e `a une r´esolution planim´etrique identique `a
celle des MNS (1 m). Cependant, la pr´ecision d’acquisition du LiDAR est largement meilleure
que celle des MNS g´en´er´es. Les petites structures, les bˆatiments et tous les objets de la sc`ene
sont donc plus nets 1
.
Une d´etection des changements d’´el´evation entre les deux acquisitions LiDAR a donc ´et´e r´ealis´ee
avec une r´egularisation faible (λ = 2, 0) et un seuil classique `a 2,5 m. L’objectif est de faire
ressortir tous les changements de la sc`ene.
Ainsi, les changements d´etect´es entre les deux acquisitions LiDAR sont consid´er´es comme
suffisamment pr´ecis et exhaustifs pour repr´esenter une v´erit´e terrain qui permettra l’analyse des
r´esultats obtenus sur cette zone par la d´etection de changements appliqu´ee entre les MNS g´en´er´es.
Cependant, les LiDAR ayant ´et´e acquis `a des saisons diff´erentes, une faible r´egularisation
a aussi fait ressortir tous les changements li´es `a la v´eg´etation. Ces changements ont dˆu ˆetre
manuellement supprim´es de la v´erit´e terrain g´en´er´ee.
De plus, une ann´ee s´epare la premi`ere acquisition satellite st´er´eoscopique de la premi`ere
acquisition LiDAR (cf tableau 1.1, section 1.4). Afin de prendre en compte cet ´ecart et les
changements ayant eu lieu entre ces acquisitions, ces derniers ont ´et´e d´etect´es en appliquant
la m´ethode de d´etection entre l’acquisition satellite de 2009 et LiDAR de 2010, `a faible
r´egularisation spatiale. Puis, ces changements ont ´et´e manuellement filtr´es des fausses alarmes
telles que celles provenant de la v´eg´etation. La carte des changements ainsi obtenue a ensuite
´et´e additionn´ee `a la v´erit´e terrain.
Tout comme pour les trois zones de Phoenix, les changements rep´er´es ont ´et´e divis´es selon
les deux cat´egories : ceux de taille sup´erieure `a 100 m2
et tous les changements. Finalement, 43
changements de toutes tailles ont ´et´es rep´er´es sur la zone, dont 35 de taille sup´erieure `a 100 m2
.
5.1.3 R´egion de Tohoku : analyse d’une zone catastroph´ee
La r´egion de Tohoku est situ´ee au Nord Est du Japon, sur la pr´efecture de Miyagi.
1. Nous rappelons que pour des raisons de confidentialit´e des donnn´ees, les donn´ees LiDAR ne peuvent ˆetre
pr´esent´ees ici.
1055.1. PRESENTATION DES ZONES DE TEST ´
(a) Orthoimage Ikonos de 2010, Sendai. (b) Orthoimage Ikonos de 2011, Sendai.
(c) MNS obtenu `a partir du couple Ikonos
2010.
(d) MNS obtenu `a partir du couple Ikonos
2011.
Figure 5.3 – Ortho images et MNS calcul´es avant et apr`es la catastrophe de Sendai du
11/03/2011. 106CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
Cette r´egion a ´et´e frapp´ee le 11 mars 2011 par un s´eisme de magnitude 9 qui a ´et´e suivi par
l’un des plus puissants tsunamis jamais connus au Japon puisque la vague a atteint 7,6 m de
haut pr`es de la pr´efecture de Miyagi et plus de 40 m plus au Nord [70].
Un rapport de police fait ´etat de plus de 15 000 personnes d´ec´ed´ees et 2800 disparus. Le
tsunami a aussi g´en´er´e de tr`es importants d´egˆats avec pr`es de 240 000 bˆatiments d´etruits et
224 000 partiellement endommag´es.
Les images pr´esent´ees en figures 5.3(a) et 5.3(b) montrent une partie de la r´egion touch´ee
par cette catastrophe, avant et apr`es le 11 mars 2011. Ces images proviennent de couples
st´er´eoscopiques acquis par le capteur Ikonos le 11 d´ecembre 2010 et le 13 aoˆut 2011 (cf. tableau
1.1, chapitre 1, section 1.4).
Contrairement aux zones de Phoenix et Christchurch pr´ec´edemment pr´esent´ees, la zone de
Sendai montre un paysage totalement diff´erent entre les acquisitions avant et apr`es le passage
du tsunami. La zone habitable a ´et´e presque totalement d´etruite de mˆeme que tous les terrains
agricoles aux alentours. Ce type de paysage rendrait totalement impossible une d´etection de
changements radiom´etriques qui g´en`ererait alors un tr`es grand nombre de fausses alarmes.
Les MNS pr´esent´es en figures 5.3(c) et 5.3(d) font ´etat de l’ampleur de la catastrophe et des
destructions g´en´er´ees.
Afin de tester les performances du syst`eme pour la d´etection des d´egˆats, une large zone,
d’environ 360 km2 a ´et´e s´electionn´ee parmi les zones les plus touch´ees (repr´esent´ee par le
rectangle rouge dans les figures 5.3(a) et 5.3(b). Cette zone ainsi que la carte de r´ef´erence des
changements sont illustr´ees en figure 5.4.
On peut observer sur cette zone la destruction totale de la partie la plus proche de la cˆote, puis,
plus au nord–ouest, des bˆatiments qui semblent avoir r´esist´e. Le nombre de bˆatiments chang´es
est alors largement sup´erieur `a celui des bˆatiments inchang´es.
L’objectif est donc de tester notre chaˆıne de traitements sur une zone sinistr´ee afin d’observer
les r´esultats obtenus en d´etection de changements du bˆati.
Comme pour les zones urbaines pr´ec´edentes, une carte de r´ef´erence des changements a
´et´e r´ealis´ee sur la zone. Cependant, les d´egˆats importants et donc les changements massifs
rendent difficile la quantification des r´esultats, notamment par le coefficient Kappa (que nous
1075.1. PRESENTATION DES ZONES DE TEST ´
expliquerons section 5.2.2).
Pour r´esoudre ce probl`eme et quantifier pr´ecis´ement les performances de la m´ethode, la carte
de r´ef´erence contient tous les changements (bˆatiments d´etruits) mais aussi les non–changements
(bˆatiments intacts) de la sc`ene. Au total, 220 bˆatiments d´etruits ont ´et´e r´epertori´es et 76
bˆatiments intacts.
Nous pr´ecisons cependant que cette carte de r´ef´erence, r´ealis´ee manuellement `a partir des images
panchromatiques avant et apr`es la catastrophe, regroupe parfois plusieurs bˆatiments adoss´es les
uns aux autres en un seul ´el´ement (d´etruit ou non), ce qui entraˆıne une diminution de sa pr´ecision.
(a) Orthoimage Ikonos de 2010, Sendai. (b) Orthoimage Ikonos de 2011, Sendai.
(c) Carte de r´ef´erence des bˆatiments d´etruits (en rouge) et
intacts(en vert).
Figure 5.4 – Zone partiellement d´etruite par le Tsunami et quantifi´ee `a travers la carte de
r´ef´erence des bˆatiments d´etruits et intacts.
108CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
5.2 M´etriques d’analyse des r´esultats de la d´etection de
changements
5.2.1 Variables calcul´ees
Afin d’analyser les performances de la m´ethode, les alarmes, vraies ou fausses, d´etect´ees
par la m´ethode sont compt´ees `a l’´echelle de l’objet et non du pixel. En effet, la qualit´e de nos
donn´ees de r´ef´erence, et notamment le d´etourage des changements dans les cartes de r´ef´erence
g´en´er´ees manuellement, ne permet pas une correspondance au pixel pr`es entre les d´etections
sur la carte des changements d´etect´es et les changements d´etour´es sur la carte de r´ef´erence. De
plus, la m´ethode de d´etection des changements mise en place est bas´ee sur une r´egularisation
spatiale ce qui tend `a ´eroder les bords des alarmes de changements dans la carte r´esultat.
Le d´ecompte des pixels bien ou mal class´es ne repr´esenterait alors pas la r´ealit´e de la d´etection.
Le d´ecompte des vraies et fausses d´etections est donc effectu´e au niveau objet, c’est–`a–dire
que tout pixel isol´e ou amas de pixels connexes (avec 8 connexes consid´er´es autour de chaque
pixel) rencontr´e dans la carte des changements r´esultante est compt´e comme une alarme de
changement.
Ainsi, une vraie d´etection est confirm´ee d´es lors qu’un, ou plusieurs pixels, labellis´es en
changement dans la carte des changements, correspondent `a un changement r´eel dans la carte
de r´ef´erence. Inversement, si un pixel isol´e, ou un amas de pixels, labellis´e changement dans
la carte des changements, ne correspond `a aucun changement de la carte de r´ef´erence, cette
d´etection est consid´er´ee comme une fausse alarme.
Nous noterons enfin que dans la carte de r´ef´erence des changements, les changements r´eels
sont marqu´es sans consid´eration de leur sens (changement positif ou n´egatif). Le d´ecompte des
changements r´eels bien d´etect´es par la m´ethode se fait donc sans cette consid´eration (on parlera
des classes changement et non–changement). En effet, le d´ecompte s´epar´e des changements
positifs et n´egatifs n’apporte pas d’indice sur les performances de la m´ethode.
La d´etection distincte de ces changements lors du calcul de la carte des changements est
n´ecessaire au fonctionnement de la m´ethode de d´etection mais pas `a l’analyse des r´esultats.
La quantification des r´esultats est effectu´ee `a travers le calcul de plusieurs variables :
1095.2. METRIQUES D’ANALYSE DES R ´ ESULTATS DE LA D ´ ETECTION DE ´
CHANGEMENTS
– TP (True Positives ou vrai positifs) : nombre de changements r´eels bien d´etect´es,
– TN (True Negatives ou vrai n´egatifs) : nombre de non–changements bien d´etect´es,
– FP (False Positives ou faux positifs) : nombre de non–changements d´etect´es comme changement
(aussi appel´e fausse alarme),
– FN (False Negatives ou faux n´egatifs) : nombre de changements r´eels omis (ou omissions).
Le calcul de la quantit´e TN est difficile et n’a jamais ´et´e r´ealis´e, `a notre connaissance, `a
l’´echelle objet dans la litt´erature. Pourtant cette variable est essentielle pour le calcul d’une de
nos m´etriques d’analyse, le coefficient Kappa.
Lors de ce travail, nous avons choisi de calculer cette valeur selon une d´efinition empirique, bas´ee
sur le nombre de pixels total de l’image divis´e par la taille moyenne d’un objet (´equation 5.1). De
cette fa¸con, l’image est consid´er´ee comme si elle ´etait totalement constitu´ee d’objets `a d´etecter.
T N =
(l × c)
moyenneobjet
− T P − F N − F P. (5.1)
Dans l’´equation 5.1, l et c repr´esentent le nombre de lignes et de colonnes de l’image
respectivement, moyenneobjet repr´esente la taille moyenne d’un objet d’une sc`ene urbaine. Il
est d´etermin´e ici `a environ 15 × 15 pixels, valeur consid´er´ee comme une taille moyenne de
d´etections si toutes les d´etections (vraies et fausses) sont compt´ees `a faible r´egularisation.
Avec cette d´efinition particuli`ere de TN, toute l’emprise de l’image est alors prise en compte,
quelle que soit la densit´e des habitations. En effet, si le TN devait ˆetre repr´esent´e par le nombre
de bˆatiment uniquement, alors, dans une sc`ene contenant moins de 10 bˆatiments mais de
nombreuses sources de fausses alarmes, le nombre de fausses alarmes serait particuli`erement
´elev´e et le TN tr`es faible, diminuant la pr´ecision de la m´ethode sans pour autant repr´esenter
la r´ealit´e de la d´etection. La consid´eration de la sc`ene comme recouverte d’objets permet ainsi
d’am´eliorer la pr´ecision du calcul des performances de la m´ethode.
Il est cependant `a noter que cette variable TN sera utilis´ee dans une m´etrique particuli`ere
permettant la comparaison, entre elles, des classifications r´ealis´ees dans ce travail et la recherche
des param`etres de la m´ethode les plus adapt´es. La d´efinition de TN est alors la mˆeme pour
tous les r´esultats de classification qui seront compar´es lors de ce travail.
110CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
5.2.2 M´etriques d’analyse
Les m´etriques d’analyse des r´esultats utilis´ees sont des m´etriques standards qui permettent
l’´evaluation des performances de la d´etection de changements par rapport aux donn´ees de
r´ef´erence.
Les m´etriques les plus classiques correspondent aux taux de bonnes d´etections (ou True
Positive Rate, TPR) et de fausses d´etections (ou False Positive Rate, FPR), calcul´ees selon les
´equations 5.2.
T P R =
T P
T P + F N
× 100, F P R =
F P
F P + T P
× 100. (5.2)
Une autre m´etrique importante est repr´esent´ee par le coefficient Kappa (´equation 5.3) qui
correspond au calcul de l’accord entre la v´erit´e terrain et le r´esultat de classification obtenu.
La premi`ere description et utilisation de ce coefficient provient de Cohen [71] et a permis de
calculer le degr´e de coh´erence entre deux jugements psychiatriques ind´ependants.
Plus r´ecemment et dans notre domaine d’´etude, ce coefficient a ´et´e employ´e notamment par
Wilkinson [72] pour l’analyse et l’inter–comparaison des r´esultats de diff´erentes m´ethodes
de classification d’images recens´es sur 15 ans. L’objectif de cette analyse ´etait l’´evaluation
des performances de nombreuses m´ethodes de classification supervis´ees ou non, utilisant des
donn´ees externes ou non et quel que soit le nombre de classes ou la r´esolution initiale de l’image.
Dans ce contexte, l’utilisation du coefficient Kappa, dont les donn´ees d’entr´ees correspondent
au nombre de classes et aux variables TP, TN, FP et FN d´ecrites pr´ec´edemment, apparaˆıt alors
particuli`erement adapt´ee.
Ce coefficient est calcul´e selon l’´equation suivante :
K =
OA − Pe
1 − Pe
, (5.3)
OA =
T P
T P + F P + F N
, (5.4)
Pe =
M
(T P + F P + T N + F N)
2
, (5.5)
M = (T P + F P) × (T P + F N) + (F N + T N) × (F P + T N). (5.6)
1115.3. ANALYSE DE SENSIBILITE DES R ´ ESULTATS OBTENUS ´
OA correspond `a la pr´ecision g´en´erale de la classification (Overall Accuracy). Pe est d´ecrit
comme le taux de concordance al´eatoire. Cette valeur est ´egale `a 1 si la correspondance entre
la v´erit´e terrain et le r´esultat de classification obtenu est uniquement le fait du hasard et `a 0 sinon.
L’avantage de cette m´etrique est d’ˆetre particuli`erement adapt´ee lorsque les classes en
pr´esence sont d´es´equilibr´ees, c’est–`a–dire, dans notre contexte, lorsque la classe des non–
changements est tr`es grande par rapport `a la classe changement.
De plus, les taux de vraies et de fausses d´etections ne permettent pas de d´efinir la r´egularisation
qui entraˆınera le meilleur ´equilibre entre fausses alarmes et bonnes d´etections. En effet, ces
m´etriques, ind´ependantes l’une de l’autre, indiquent le meilleur param´etrage de l’algorithme en
fonction du taux de bonnes d´etections recherch´ees ou bien du taux de fausses alarmes maximum
accept´e.
Le coefficient Kappa prend en compte tous les termes de la matrice de confusion de la d´etection
de changement (TP, TN, FP, FN). Cette m´etrique permet ainsi la comparaison pr´ecise de plusieurs
classifications tout en mettant en ´evidence le param´etrage de l’algorithme le plus adapt´e,
qui correspond alors `a la meilleure correspondance entre la carte de r´ef´erence des changements
et la carte calcul´ee et donc au meilleur ´equilibre entre bonnes d´etections et fausses alarmes.
Le calcul du coefficient Kappa est donc particuli`erement important pour l’analyse compl`ete des
r´esultats obtenus par la m´ethode de d´etection tandis que l’analyse des diff´erents taux de bonne
ou fausse d´etection est importante pour expliquer le comportement du Kappa.
Ces deux m´etriques sont tr`es compl´ementaires entre elles.
5.3 Analyse de sensibilit´e des r´esultats obtenus
Dans cette section, plusieurs analyses de sensibilit´e sont effectu´ees. Elles concernent les
diff´erents param`etres de la m´ethode et leur impact sur les r´esultats mais aussi l’analyse de
l’impact de la qualit´e des donn´ees d’entr´ee (MNS) ou des changements recherch´es ou encore
l’analyse des performances en fonction des caract´eristiques de la zone ´etudi´ee.
Les cartes de d´etections de changements calcul´ees en vue de ces analyses de sensibilit´e ont,
112CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
pour la plupart, ´et´e g´en´er´ees `a partir de la zone 1 de Phoenix. Cette zone pr´esente en effet de
tr`es nombreux changements et des sources r´eduites de fausses alarmes ce qui en fait une zone
test int´eressante pour la mesure de l’influence des param`etres ou des donn´ees d’entr´ee.
5.3.1 Influence des param`etres de la m´ethode sur les r´esultats
Nombre de directions de la programmation dynamique
Le premier param`etre de la d´etection de changements que nous ´etudions est le nombre
de directions utilis´ees dans le calcul. En effet, comme d´ecrit dans le chapitre 2, section 2.2.3,
l’algorithme de programmation dynamique, con¸cu au cours de cette th`ese, n´ecessite le calcul des
coˆuts de labellisation selon plusieurs directions dans l’image, coˆuts calcul´es ind´ependamment
pour chaque direction puis fusionn´es afin de retrouver la solution finale de labellisation. Nous
avons montr´e en effet que l’utilisation de nombreuses directions permet de limiter les effets de
streaking sur le r´esultat final.
Les figures 5.5(c), 5.5(d), 5.5(e) et 5.5(f) illustrent les r´esultats obtenus avec 1, 8, 12 et 16
directions respectivement et une r´egularisation moyenne λ = 3, 0.
On observe que lorsqu’une seule direction est calcul´ee, les effets de streaking sont particuli`erement
importants (visible le long des lignes de l’image 5.5(c)). D’apr`es la figure 5.5(d), le calcul de 8
directions r´eduit l’effet de streaking. Puis, de 12 `a 16 directions, le r´esultat est globalement
identique et l’effet de streaking est quasi nul.
La figure 5.6 pr´esente les taux de bonnes et fausses d´etections obtenues avec une r´egularisation
fix´ee `a λ = 3, 0 et un nombre variable de directions de calcul, de 1 `a 16 directions.
La r´egularisation a ´et´e fix´ee `a une valeur relativement faible afin de bien observer l’impact de
ce nombre de directions sur un grand nombre de d´etections.
Comme attendu d’apr`es les figures pr´ec´edentes, on observe une tr`es forte diminution des fausses
alarmes (mais aussi des bonnes d´etections) entre 1 et 4 directions de calcul. A partir de 4 `
directions, les taux diminuent de fa¸con moins flagrante puis ils semblent se stabiliser entre 12
et 16 directions.
1135.3. ANALYSE DE SENSIBILITE DES R ´ ESULTATS OBTENUS ´
(a) Orthoimage WorldView-1, 2008. (b) Orthoimage WorldView-1, 2011.
(c) Carte des changements calcul´ee avec 1 direction
de calcul.
(d) Carte des changements calcul´ee avec 8
directions de calcul.
(e) Carte des changements calcul´ee avec 12
directions de calcul.
(f) Carte des changements calcul´ee avec 16
directions de calcul.
Figure 5.5 – Cartes de d´etection de changements obtenues `a partir d’un nombre variable de
directions de calcul et une r´egularisation λ = 3, 0. R´esultats calcul´es sur la zone 1 de Phoenix.
114CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
Figure 5.6 – Illustration de l’impact du nombre de directions de calcul sur les taux de bonnes et
fausses d´etections. R´esultats calcul´es sur la zone 1 de Phoenix avec une r´egularisation λ = 3, 0.
La d´etection de changements est donc g´en´eralement calcul´ee avec 12 directions. Le calcul `a
16 directions n’apportant pas de diff´erences significative au r´esultat mais augmente le temps de
traitement.
Param`etre de r´egularisation
Le param`etre λ est le param`etre ayant le plus d’influence sur le r´esultat de d´etection de
changements.
Les figures 5.7(c), 5.7(d), 5.7(e) et 5.7(f) illustrent qualitativement l’effet de ce param`etre. Chacune
de ces figures repr´esente une carte de d´etection de changements obtenue `a partir d’un λ
´egal `a 2,0, 3,0, 4,5 et 6,0, respectivement. D’apr`es ces figures, les alarmes de changements disparaissent
en fonction de leur taille, que ce soit les fausses alarmes (situ´ees principalement dans
la carte obtenue avec une tr`es faible r´egularisation) ou les vrais changements, et ce, de la plus
faible `a la plus forte r´egularisation. On note, par exemple, que de nombreux changements r´eels
marqu´es dans la carte de r´ef´erence ne sont pas d´etect´es `a λ = 6, 0.
Afin d’observer les effets de la r´egularisation sur les r´esultats de d´etection de changement, les
taux de bonnes d´etections (TPR) et de fausses alarmes (FPR) ont ´et´e trac´es en fonction du
1155.3. ANALYSE DE SENSIBILITE DES R ´ ESULTATS OBTENUS ´
param`etre de r´egularisation sur les figures 5.8(a) `a 5.8(d).
(a) Orthoimage WorldView-1 de 2008, Phoenix
zone #1.
(b) Orthoimage WorldView-1 de 2011, Phoenix
zone #1.
(c) Carte des d´etections obtenue avec λ = 2. (d) Carte des d´etections obtenue avec λ = 3.
(e) Carte des d´etections obtenue avec λ = 5. (f) Carte des d´etections obtenue avec λ = 6.
Figure 5.7 – Cartes des d´etections calcul´ee avec diff´erentes valeurs de λ et 12 directions. R´esultats
calcul´es sur la zone 1 de Phoenix avec une r´egularisation λ = 3, 0
116CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
Ces figures pr´esentent le comportement des m´etriques avec l’augmentation de la r´egularisation.
Dans un premier temps, les TPR (figures 5.8(a) et 5.8(c)) marquent un palier proche de 100%
de bonnes d´etections tandis que les taux de FPR, d’abord tout aussi haut, diminuent de fa¸con
presque lin´eaire. Puis, pour des λ entre 2,5 et 3,5, le taux de bonnes d´etections commence `a
d´ecroˆıtre mais plus faiblement que le taux de fausses alarmes qui baisse drastiquement. Puis la
courbe des fausses alarmes atteint un pallier vers λ = 4, 0 de mˆeme que celle des TPR qui ne
d´ecroit que faiblement.
Ce comportement r´esulte en fait de la suppression des petites fausses alarmes, souvent tr`es nombreuses
`a faible r´egularisation, ce qui entraˆıne une tr`es forte baisse des taux FPR. Les petits
changements pertinents, eux aussi supprim´es, sont cependant moins nombreux, expliquant la
d´ecroissance moins rapide de la courbe des TPR.
Lorsque toutes ces petites d´etections sont supprim´ees, les d´etections restantes sont alors des
fausses alarmes ou des vraies d´etections de taille importante et donc tr`es difficiles `a supprimer `a
moins d’augmenter tr`es fortement la r´egularisation, ceci explique le palier `a la fin des courbes.
Autres param`etres de la m´ethode
Nous avons vu, dans la section 4, que d’autres param`etres interviennent dans la m´ethode de
d´etection de changements d´evelopp´ee. Ces param`etres sont notamment le seuil T, fix´e `a 2,5 m
et la courbure L, fix´ee `a 3,0.
Des analyses de sensibilit´e pourraient ˆetre r´ealis´ees pour observer les performances de la
m´ethode en fonction de ces deux param`etres. Cependant, le seuil a ´et´e fix´e ici d’apr`es une valeur
standard et en consid´erant la r´esolution altim´etrique obtenue pour les MNS. C’est pourquoi
aucune ´etude n’a ´et´e men´ee quant `a la sensibilit´e de ce param`etre.
La courbure L permet, comme nous l’avons montr´e, de contrˆoler les coˆuts pour chaque label
en fonction de la proximit´e entre la valeur du pixel et le seuil. Ce param`etre n’a cependant
que peu d’impact d’apr`es les quelques tests que nous avons r´ealis´es cependant aucune analyse
compl`ete n’a encore ´et´e effectu´ee.
1175.3. ANALYSE DE SENSIBILITE DES R ´ ESULTATS OBTENUS ´
5.3.2 Impact de la qualit´e des donn´ees d’entr´ee
Influence de la qualit´e des MNS
Afin d’observer la sensibilit´e de la m´ethode de d´etection des changements envers les donn´ees
d’entr´ee qui lui sont inject´ees, c’est–`a–dire les MNS utilis´es, l’algorithme a ´et´e test´e sur des MNS
de qualit´e diff´erente : les MNS obtenus apr`es une mise en correspondance asym´etrique simple
et les MNS obtenus apr`es fusion de MNS asym´etriques (technique d´ecrite dans le chapitre 3,
section 3.3). La qualit´e de ces MNS a ´et´e discut´ee dans section 3.4.
Les figures 5.8 pr´esentent les r´esultats obtenus pour la zone 1 de Phoenix, dont les
changements ont ´et´e d´etect´es `a partir des MNS asym´etriques (courbes vertes et turquoises
pointill´ees) et des MNS fusionn´es (courbes bleues et rouges pleines).
Les r´esultats ont ´et´e calcul´es sur la zone 1 de Phoenix puis trac´es en fonction du param`etre λ
utilis´e.
Les figures 5.8(a) et 5.8(c) pr´esentent les taux de bonnes et de fausses d´etections lorsque
seuls les changements sup´erieurs `a 100 m2
sont consid´er´es et lorsque tous les changements sont
consid´er´es.
D’apr`es ces figures, les taux de bonnes d´etections obtenues avec les MNS fusionn´es apparaissent
sensiblement plus ´elev´es que ceux obtenus avec les MNS asym´etriques : une diff´erence de 5% `a
20% est not´ee. De mˆeme, les taux de fausses alarmes d´etect´ees `a partir des MNS fusionn´es sont
plus faibles que ceux obtenus avec les MNS asym´etriques. L’´ecart constat´e est de 0 `a plus de 10%.
Les figures 5.8(b) et 5.8(d) pr´esentent les coefficients Kappa obtenus pour tous les changements
ou les changements sup´erieurs `a 100 m2 uniquement, pour le MNS fusionn´e et pour le
MNS asym´etrique pr´esent´es. D’apr`es ces figures, le Kappa apparaˆıt fortement corr´el´e aux taux
de fausses et bonnes d´etections : plus les taux de vraies d´etections et de fausses d´etections sont
proches l’un de l’autre (c’est–`a–dire autant de bonnes d´etections que de fausses alarmes) plus
le Kappa est faible, indiquant une mauvaise classification et inversement un taux de bonnes
d´etections tr`es sup´erieur `a un taux de fausses alarmes entraine un fort coefficient Kappa et
donc une bonne classification.
118CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
(a) Taux de vrais et faux positifs calcul´es pour les
changements sup´erieurs `a 100 m2
.
(b) Coefficient Kappa calcul´e pour les changements
sup´erieurs `a 100 m2
.
(c) Taux de vrais et faux positifs calcul´es pour
tous les changements de la sc`ene.
(d) Coefficient Kappa calcul´e pour tous les changements
de la sc`ene.
Figure 5.8 – 5.8(a) et 5.8(c) variation des taux de fausses et vraies d´etection en fonction
de la r´egularisation λ. 5.8(b) et 5.8(d) : Variations du coefficient Kappa en fonction de la
r´egularisation λ. R´esultats calcul´es pour la zone 1 de Phoenix.
Comme attendu ici, les valeurs de Kappa obtenues `a partir des MNS fusionn´es sont
largement plus hautes que celles provenant des r´esultats de MNS asym´etriques, quelle que soit
la taille des changements recherch´es.
D’apr`es les diff´erents taux TPR et FPR calcul´es, cela s’explique par le nombre important
1195.3. ANALYSE DE SENSIBILITE DES R ´ ESULTATS OBTENUS ´
des fausses alarmes par rapport au nombre total de d´etections lorsque les MNS utilis´es sont
asym´etriques. En effet, les MNS fusionn´es pr´esentent une meilleure pr´ecision sur les fines
structures de la sc`ene et moins d’erreurs de corr´elation, entraˆınant un taux de fausses alarmes
plus faible. Cette diff´erence a n´eanmoins tendance `a disparaˆıtre avec des r´egularisations plus
importantes puisque ce param`etre agit comme un filtre qui supprime les plus fines erreurs des
MNS. Le r´esultat final `a haute r´egularisation est alors tr`es similaire que ce soit pour les MNS
fusionn´es ou pour les MNS asym´etriques.
Influence de la taille de changements recherch´ee
Les figures 5.8 pr´esentent les r´esultats obtenus pour la zone 1 de Phoenix lorsque l’on
consid`ere les changements sup´erieurs `a 100 m2
(figures 5.8(a) et 5.8(b)). Dans ce cas, le taux
de bonnes d´etections observ´e est de 100% `a plus de 75% pour des r´egularisations de 1 `a 6,5.
A la valeur de Kappa maximum (soit `a une r´egularisation `a ` λ = 5, 0 d’apr`es la figure 5.8(b)), le
taux de bonnes d´etections est de 90%, avec moins de 10% de fausses alarmes.
Lorsque les changements de toutes tailles sont consid´er´es, la valeur maximale du kappa
atteint seulement 0,76 pour une r´egularisation `a λ = 3, 0. D’apr`es la figure 5.8(c), cela
correspond `a environ 80% des changements bien d´etect´es et 35% de fausses alarmes.
En effet, les changements inf´erieurs `a 100 m2
repr´esentent les deux tiers de tous les changements
mais sont tr`es difficiles `a d´etecter et ont tendance `a ˆetre supprim´es rapidement lorsque la
r´egularisation augmente. Une plus faible r´egularisation est donc n´ecessaire pour les rep´erer ce
qui implique alors un taux de fausses alarmes r´esiduelles plus important et donc un coefficient
Kappa plus faible.
Nous rappelons que la taille des changements recherch´es d´epend en premier lieu de la
r´esolution des images (puis des MNS) en entr´ee de la chaˆıne de traitements. En effet, la taille
de 100 m2
(soit 15 × 15 pixels) est adapt´ee pour des images acquises `a 60 cm de r´esolution
permettant la g´en´eration de MNS `a 1 m de r´esolution spatiale. Cette taille doit ˆetre red´efinie
en fonction de la r´esolution des images d’entr´ee du syst`eme.
120CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
5.3.3 Int´erˆet d’une m´ethode globale : comparaison avec un filtrage local
Cette section pr´esente la comparaison de la m´ethode de classification des changements
employ´ee avec une m´ethode plus classique, repr´esent´ee par un filtrage morphologique. Ce type
de filtrage local est en effet souvent utilis´e dans la litt´erature et plus particuli`erement par
Tian [26] et Chaabouni [22] pour l’analyse de MNS diff´erentiels en vue de la d´etection des
changements d’´el´evation.
Le filtrage local test´e est appliqu´e sur le r´esultat d’une segmentation (`a +2,5 m et -2,5 m,
valeur de seuil identique `a celle utilis´ee dans le filtrage global) du MNS diff´erentiel. Ce filtrage est
bas´e sur l’application d’une op´eration morphologique sur l’image segment´ee, sous forme d’une
ouverture.
Pour rappel, une ouverture (binaire), en morphologie math´ematique, correspond `a l’´erosion des
amas de pixels connexes portant une valeur ´egale `a 1 (donc un label changement dans notre
cas) `a l’aide d’un ´el´ement structurant, suivi par la dilatation de ces mˆemes amas avec le mˆeme
´el´ement [73].
Cette op´eration permet de supprimer les d´etections (vraies ou fausses) de taille inf´erieure `a
l’objet structurant. Ainsi, la variation de la taille de l’objet structurant permet de contrˆoler le
nombre de fausses d´etections mais aussi celui des vraies d´etections en fonction de leur taille.
Cette technique se rapproche ainsi du filtrage global dont le param`etre de r´egularisation permet
aussi le contrˆole des taux de fausses alarmes et de vrais positifs.
Les r´esultats de ce filtrage morphologique sont pr´esent´es dans les figures 5.9 et compar´es
aux r´esultats obtenus avec le filtrage global.
Sur les figures, les courbes noires repr´esentent les r´esultats obtenus avec le filtrage morphologique.
Les courbes bleues et rouges pr´esentent les r´esultats obtenus avec le filtrage global pour
les changements sup´erieurs `a 100 m2
et tous les changements, respectivement.
Lorsque seuls les changements importants (sup´erieurs `a 100 m2
) sont consid´er´es, les taux de
bonnes d´etections des deux types de filtrage atteignent tous les deux les 100% (`a faible r´egularisation)
mais avec des taux de fausses alarmes de 78% environ pour le filtrage morphologique
et de 50% pour le filtrage optimis´e (figure 5.9(a)).
1215.3. ANALYSE DE SENSIBILITE DES R ´ ESULTATS OBTENUS ´
(a) Taux de vrais et faux positifs calcul´es pour les
changements sup´erieurs `a 100 m2
.
(b) Coefficient Kappa calcul´e pour les changements
sup´erieurs 100 m2
.
(c) Taux de vrais et faux positifs calcul´es pour tous
les changements de la sc`ene.
(d) Coefficient Kappa calcul´e pour tous les changements
de la sc`ene.
Figure 5.9 – 5.9(a) et 5.9(c) : Variations des taux de fausses et vraies d´etections en fonction
de la r´egularisation λ ou de la taille de l’´el´ement structurant. 5.9(b) et 5.9(d) : Variations du
coefficient Kappa en fonction de la r´egularisation λ ou de la taille de l’´el´ement structurant.
R´esultats calcul´es sur la zone 1 de Phoenix
Si un faible taux de fausses alarmes est recherch´e (moins de 10%), le taux de bonnes d´etections
descend alors `a 58% pour le filtrage morphologique tandis qu’il se maintient au–dessus
des 90% pour le filtrage optimis´e.
Les courbes Kappa (figure 5.9(b)) confirment une diff´erence importante entre les r´esultats des
122CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
filtrages puisque la valeur maximale du Kappa atteint par le filtrage optimis´e est de 0,92 tandis
qu’elle atteint seulement 0,72 pour le filtrage morphologique.
Lorsque tous les changements sont consid´er´es, le taux de bonnes d´etections du filtrage
morphologique apparaˆıt globalement plus ´elev´e que celui du filtrage optimis´e mais le taux de
fausses alarmes est plutˆot ´elev´e par rapport `a celui du filtrage optimis´e (figure 5.9(c)).
Les courbes Kappa montrent en effet que certains r´esultats des filtrages optimal et morphologique
sont comparables lorsqu’une r´egularisation de λ = 4, 0 est utilis´ee pour le filtrage
optimis´e et un ´el´ement structurant de taille 5 × 5 est utilis´e pour le filtrage morphologique.
Avec ces param`etres, le filtrage optimis´e pr´esente un TPR d’environ 58% et un FPR d’environ
10% tandis que le filtrage morphologique pr´esente un TPR d’environ 61% pour un taux FPR
d’environ 20%, entraˆınant une valeur de Kappa de 0,68.
Cependant, pour une r´egularisation `a λ = 3, 5, r´egularisation donnant les meilleurs r´esultats
pour le filtrage optimis´e d’apr`es les courbes Kappa en figure 5.9(d), le TPR obtenu est d’environ
72% pour un FPR de moins de 30% et une valeur de kappa `a 0,71, l´eg`erement meilleure que
celle obtenu par filtrage morphologique.
Les r´esultats obtenus pour le filtrage morphologique apparaissent ainsi d’une qualit´e presque
semblable `a celle du filtrage optimis´e lorsque tous les changements sont recherch´es mais tr`es en
dessous des r´esultats du filtrage optimis´e lorsque la d´etection se concentre sur les changements
les plus larges uniquement. Les taux de bonnes d´etections et de fausses alarmes ´etant `a chaque
fois inf´erieurs en qualit´e `a ceux du filtrage optimis´e.
Si nous ne r´efutons pas que les r´esultats obtenus, particuli`erement pour les changements larges,
peuvent ˆetre dus `a l’utilisation non optimale des op´erations morphologiques, nous montrons
cependant ici que le filtrage optimis´e et son param´etrage peuvent ˆetre utilis´es de fa¸con tr`es
simple et efficacement pour la recherche des changements quelle que soit leur taille. Tandis que
les op´erations morphologiques peuvent ˆetre complexes `a param´etrer afin d’ˆetre adapt´ees aux
changements recherch´es et montrer des performances ´equivalentes.
1235.3. ANALYSE DE SENSIBILITE DES R ´ ESULTATS OBTENUS ´
5.3.4 Influence du paysage de la zone d’´etude
Dans cette section, les performances obtenues sur les diff´erentes zones tests pr´esent´ees au
d´ebut de ce chapitre seront compar´ees entre elles afin d’analyser les r´esultats en fonction des
zones, des difficult´es qu’elles pr´esentent et du nombre de fausses alarmes qu’elles g´en`erent.
Phoenix
Les r´esultats obtenus sur les trois zones de Phoenix sont pr´esent´es en figure 5.10 avec,
comme pr´ec´edemment le calcul des taux de bonnes (TPR) et fausses (FPR) d´etections et le calcul
du coefficient Kappa pour tous les changements et pour les changements sup´erieurs `a 100 m2
.
Lorsque seuls les grands changements sont pris en compte, globalement et selon les zones,
les taux de bonnes d´etections se situent entre 100% et 75%, avec un taux de fausses alarmes
variant alors de 100% `a moins de 5%.
Malgr´e les variations de paysage de ces zones, la r´egularisation optimale pour ces changements
se situe toujours approximativement `a λ = 5, 0, d’apr`es les courbes Kappa pr´esent´ees dans les
figures 5.10(b), 5.10(d) et 5.10(f).
Ainsi, `a cette r´egularisation, la valeur du Kappa est alors ´egale `a 0,93 pour la zone 1, avec 90%
de bonnes d´etections et 5,6% de fausses alarmes. Pour la zone 2, on obtient une valeur de Kappa
´egale `a 0,82 pour λ = 5, 0 pour des taux de 81% de bonnes d´etections et de 18% de fausses
alarmes. Enfin, concernant la zone 3, la valeur du Kappa est `a 0,87 pour λ = 5, 0 et les taux de
bonnes et fausses d´etections atteignent 79,5% et 3,57%, respectivement.
Lorsque tous les changements sont consid´er´es, en revanche, la r´egularisation optimale est d’environ
λ = 3, 5. Les coefficients Kappa, calcul´es pour chacune des zones sont alors de 0,72, 0,50
et 0,59, respectivement pour les zones 1, 2 et 3. Les taux de bonnes d´etections atteignent alors
72% pour les zones 1 et 2 et 53% pour la zone 3 tandis que les taux de fausses alarmes sont de
28,3% pour la zone 1, 62% pour la zone 2 et 34% pour la zone 3.
D’apr`es tous ces r´esultats, la zone 1 semble pr´esenter les meilleurs taux de bonnes et fausses
d´etections. Cette zone contient en fait de tr`es nombreux changements (126) dont pr`es de la
moiti´e sont des changements de grande taille.
124CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
(a) Taux de vrais et faux positifs pour la zone #1. (b) Coefficient Kappa calcul´e pour la zone #1.
(c) Taux de vrais et faux positifs pour la zone #2. (d) Coefficient Kappa calcul´e pour la zone #2.
(e) Taux de vrais et faux positifs pour la zone #3. (f) Coefficient Kappa calcul´e pour la zone #3.
Figure 5.10 – 5.10(a), 5.10(c) et 5.10(e) Variations des taux de bonnes et fausses d´etections
en fonction du λ. 5.10(b), 5.10(d) et 5.10(f ) Variations du coefficient Kappa. R´esultats calcul´es
pour chacune des zones de Phoenix 1255.3. ANALYSE DE SENSIBILITE DES R ´ ESULTATS OBTENUS ´
De plus, les sources de fausses alarmes sont assez r´eduites par rapport aux autres zones.
La zone 2 de Phoenix pr´esente des r´esultats de moins bonne qualit´e. Ceci s’explique par le fait
que cette zone contient de nombreux bˆatiments particuli`erement hauts. Ces bˆatiments g´en`erent
de grandes zones d’occlusion et donc de nombreuses erreurs qui ne sont pas totalement filtr´ees
lors de la g´en´eration des MNS. De plus, cette zone contient plusieurs zones de v´eg´etation qui
entraˆınent de nombreuses fausses alarmes. Enfin, seulement 71 changements sont recens´es dans
cette zone dont moins d’un tiers sont de grands changements bien d´etectables.
Finalement, la zone 3 pr´esente des r´esultats situ´es qualitativement entre la zone 1 et la zone 2.
Cette zone contient de nombreux changements (138) mais seul un quart correspond `a des changements
larges, ce qui explique les taux plus faibles de bonnes d´etections. Cette zone contient aussi
une voie express avec de nombreux v´ehicules g´en´erant un certain nombre de fausses alarmes.
Cependant, `a forte r´egularisation, les nombreuses fausses alarmes g´en´er´ees, (qui sont de petite
taille) sont supprim´ees permettant d’atteindre un tr`es faible taux de fausses alarmes `a λ = 5.
Christchurch
Les r´esultats obtenus pour la zone de Christchurch sont pr´esent´es en figure 5.11. Comme
pr´ec´edemment, les changements de taille sup´erieure `a 100 m2
sont repr´esent´es par la courbe
bleue et les changements toutes tailles confondues par la courbe rouge. Au vu du tr`es faible
nombre de changements inf´erieurs `a 100 m2
(8 seulement), les courbes sont tr`es proches, que ce
soit les courbes de bonnes d´etections ou de fausses alarmes.
Dans les deux cas, le coefficient Kappa atteint plus de 0,8 (0,8 pour tous les changements et
0,85 pour les changements sup´erieurs `a 100 m2
). Lorsque tous les changements sont consid´er´es,
ce coefficient apparaˆıt tr`es haut par rapport `a celui obtenu sur les zones de Phoenix (il est de
0,72 dans le meilleur r´esultat de Phoenix). Ceci s’explique par le faible nombre de changements
de petite taille. Lorsque seuls les grands changements sont consid´er´es, le coefficient Kappa est
de 0,85, coefficient proche des meilleurs r´esultats de Phoenix.
Cependant, d’apr`es la figure 5.11(a), si le taux de bonne d´etection est haut (il va de 100% `a
80% pour les changements larges), on observe un taux de fausses alarmes assez haut.
126CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
(a) Taux de vrais et faux positifs calcul´es
pour la zone de Christchurch.
(b) Coefficient Kappa calcul´es pour la zone
de Christchurch.
Figure 5.11 – 5.11(a) : Variations des taux de bonnes et fausses d´etections en fonction du λ.
5.11(b) : Variation du coefficient Kappa. R´esultats calcul´es pour la zone de Christchurch.
En effet, la zone s´electionn´ee dans Christchurch contient beaucoup de v´eg´etation sous la
forme d’arbres imposants et tr`es proches des habitations. Cet ´el´ement est souvent source de
fausses alarmes, notamment lorsque des arbres sont coup´es ou des haies sont plant´ees entre
deux acquisitions.
Cette zone, assez diff´erente en terme de paysage et contenant des d´efauts plus prononc´es
que les zones de Phoenix, montre tout de mˆeme une r´egularisation optimale aux environs d’un
λ = 5, 0 pour des changements sup´erieurs `a 100 m2
. Cette valeur de r´egularisation, identique `a
celle trouv´ee pour les 3 zones de Phoenix apparaˆıt ainsi bien adapt´ee au contexte urbain.
5.4 Analyse des r´esultats sur la zone de Sendai
Les r´esultats obtenus sur la zone de Sendai sont pr´esent´es en figure 5.12. Sur cette figure, la
courbe des bonnes d´etections est trac´ee en bleue, la courbe des fausses alarmes en rouge et la
courbe du coefficient Kappa en vert.
Contrairement aux zones pr´esent´ees pr´ec´edemment, la courbe des bonnes d´etections d´ecroˆıt
doucement, de fa¸con presque lin´eaire, tandis que la courbe des fausses alarmes, tr`es basse mˆeme
`a faible r´egularisation, ne d´ecroˆıt que tr`es peu puis semble se stabiliser `a moins de 10% de
fausses alarmes.
1275.4. ANALYSE DES RESULTATS SUR LA ZONE DE SENDAI ´
La courbe Kappa, quant `a elle, pr´esente un maximum `a environ 6,5 pour une r´egularisation `a
λ = 3, 0.
Le fort taux de bonnes d´etections, mˆeme `a haute r´egularisation, s’explique par le nombre
tr`es important de changements contigus de la sc`ene. En effet, pr`es de 300 bˆatiments ont ´et´e
recens´es sur une zone de 270 km2
soit une densit´e d’habitation de plus d’un bˆatiment pour
1 000 m2
. Densit´e indiquant des bˆatiments tr`es proches entre eux.
De plus, ces bˆatiments sont tr`es peu ´elev´es par rapport `a ceux des villes pr´ec´edemment ´etudi´ees
puisque leur hauteur n’exc`ede pas 5 m.
Or, la m´ethode d´evelopp´ee, bas´ee sur la notion de coh´erence locale traduite par l’utilisation
d’une r´egularisation spatiale, a tendance `a lisser les variations de labels hautes fr´equences. Dans
le cas du suivi urbain, cette caract´eristique permet de supprimer les fines variations de labels
qui repr´esentent alors g´en´eralement des fausses alarmes puisque la grande majorit´e de l’image
est labellis´ee non–changement.
Dans le cas de Sendai, au contraire, la majorit´e de l’image est labellis´ee en changement. Ainsi,
`a l’int´erieur de la zone d´etruite, ce sont les pixels labellis´es non–changements qui apparaissent
comme des variations fines de labels et qui auront donc tendance `a ˆetre supprim´es.
Ce ph´enom`ene tend `a limiter la pr´esence de fausses alarmes de changements sous forme d’amas
de pixels isol´es et `a maintenir un taux de bonnes d´etections tr`es haut.
Ainsi, la m´ethode d´evelopp´ee ne permet pas de discriminer chacun des bˆatiments d´etruits
dans la zone totalement sinistr´ee mais elle va plutˆot d´elimiter cette zone sinistr´ee. Toutefois,
la m´ethode peut s’av´erer tr`es int´eressante pour localiser les bˆatiments d´etruits isol´es et
plus difficiles `a retrouver visuellement car noy´es au milieu des tr`es nombreux changements
radiom´etriques.
La courbe Kappa pr´esente une forte augmentation partant d’une r´egularisation λ = 1, 0
`a λ = 3, 5, augmentation due `a la baisse du nombre de fausses alarmes et au maintien
des bonnes d´etections `a un taux ´elev´e. Puis, entre λ = 3, 5 et λ = 5, 0, le kappa montre
une diminution qui s’explique par un palier et mˆeme une l´eg`ere augmentation du nombre
de fausses alarmes (ph´enom`ene qui apparait lorsque la r´egularisation va diviser une alarme
importante de changement en deux alarmes distinctes) et la baisse du taux de bonnes d´etections.
128CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
Figure 5.12 – Courbes des taux de bonnes d´etections, fausses alarmes et coefficient Kappa.
Enfin, lorsque la r´egularisation atteint λ = 5, 0, le Kappa baisse de fa¸con quasi lin´eaire en
suivant la tendance du taux de bonnes d´etections.
Finalement, les courbes pr´esent´ees montrent de nouveau une r´egularisation optimale proche
de λ = 3, 0 lorsque des changements de toutes les tailles (mais majoritairement inf´erieurs `a
100 m2
) sont recherch´es, mˆeme dans un contexte aussi particulier que celui d’une destruction
massive du bˆati et surtout avec des images provenant d’un capteur tr`es haute r´esolution diff´erent
de celui utilis´e pour les zones exp´erimentales pr´ec´edentes.
La figure 5.13 pr´esente la carte des changements obtenue sur une emprise importante de
la r´egion de Sendai. Cette carte a ´et´e obtenue avec une r´egularisation λ = 3, 0, r´egularisation
optimale d´efinie pr´ec´edemment. L’ampleur de la destruction est particuli`erement visible sur cette
carte qui laisse pourtant apparaˆıtre des zones en changements positifs. Ces zones ne sont pas
des erreurs mais correspondent en fait `a des amas, tr`es probablement de d´ebris, apparus entre
les acquisitions avant et apr`es la catastrophe.
Nous rappelons que l’image post–´ev`enement a ´et´e acquise 5 mois apr`es la catastrophe. La zone
d´etruite a donc ´et´e en grande partie d´eblay´ee durant ces 5 mois. Cet intervalle d’acquisition
peut alors repr´esenter un inconv´enient pour la mesure de la performance de notre m´ethode, le
r´esultat de la carte de changement serait peut ˆetre diff´erent si la zone n’avait pas ´et´e d´eblay´ee.
1295.4. ANALYSE DES RESULTATS SUR LA ZONE DE SENDAI ´
(a) Ortho image Ikonos de 2010. (b) Ortho image Ikonos de 2011.
(c) Carte des changements d’´el´evation obtenue avec λ = 3.
Figure 5.13 – Images ortho rectifi´ees de la r´egion de Tohoku et carte des changements r´esultante.
130CHAPITRE 5. EXPERIMENTATION ET DISCUSSION DES R ´ ESULTATS DE LA ´
METHODE DE D ´ ETECTION DES CHANGEMENTS D’ ´ EL´ EVATION ´
Cette carte de changements met aussi clairement en ´evidence les destructions apparues dans
la v´eg´etation, notamment sur la partie sud de l’image o`u une forˆet enti`ere a ´et´e d´evast´ee par
le tsunami. Bien que les changements sur la v´eg´etation soient g´en´eralement compt´es en fausses
alarmes, ceux–ci apparaissent pertinents puisque les d´egˆats environnementaux peuvent aussi
avoir un fort impact ´economique pour une r´egion et n´ecessiter une ´evaluation.
5.5 Conclusion
Ce chapitre a permis de tester les performances de la m´ethode d´evelopp´ee pour la d´etection
des changements d’´el´evation ainsi que sa sensibilit´e envers les param`etres utilis´es ou les donn´ees
d’entr´ee.
Ces ´evaluations ont ´et´e r´ealis´ees grˆace `a la comparaison des cartes de changements obtenues
avec des cartes de r´ef´erences g´en´er´ees manuellement (ou `a l’aide d’un LiDAR) et `a travers
l’utilisation de plusieurs m´etriques classiques de la litt´erature : les taux de bonnes d´etections et
de fausses alarmes ainsi que le coefficient Kappa.
Comme attendu, la r´egularisation est le param`etre ayant la plus forte influence sur le r´esultat.
Les diff´erents cas test pr´esent´es (Phoenix, Christchurch et Sendai) ont permis de montrer que
lorsque des changements de toutes tailles sont recherch´es, la r´egularisation optimale se situe `a
environ λ = 3, 0 et permet d’obtenir 100% des changements d´etect´es pour 70% `a 80% de fausses
alarmes.
Lorsque seuls les changements sup´erieurs `a 100 m2
sont cibl´es, une r´egularisation λ = 5, 0 est
recommand´e et permet d’obtenir plus de 80% de bonnes d´etections et moins de 20% de fausses
alarmes.
Nous avons aussi pu observer que la qualit´e du MNS avait un impact important sur la qualit´e
du r´esultat, notamment `a faible r´egularisation lorsque les changements de petite taille sont
consid´er´es et que le taux de fausses alarmes g´en´er´ees par les erreurs des MNS est ´elev´e.
Enfin, dans le cas d’une sc`ene pr´esentant des changements tr`es important dus `a une catastrophe
majeure, nous avons pu montrer les performances de la m´ethode en termes de bonnes d´etections
et de fausses alarmes tout en confirmant une r´egularisation optimale `a λ = 3, 0 lorsque les
changements de toutes les tailles sont recherch´es. Si ces analyses permettent d´ej`a une bonne
´evaluation des performances de la m´ethode envers diff´erents param`etres, elles pourraient
1315.5. CONCLUSION
cependant ˆetre compl´et´ees par des analyses portant sur l’impact de la r´esolution native et la
qualit´e (contraste et piqu´e) des images d’entr´ee sur la taille des changements d´etectables et leur
taux de d´etection.
132Chapitre 6
Conclusion g´en´erale
6.1 Conclusion
Nous pr´esentons, dans ce travail de th`ese, une chaˆıne de traitements automatique, non
supervis´ee et efficace pour la recherche des changements d’´el´evation apparus entre deux dates
d’int´erˆet. Cette chaˆıne est bas´ee sur la g´en´eration de MNS `a chaque date `a partir de couples
d’images satellites st´er´eoscopiques tr`es haute r´esolution puis sur l’analyse de leur diff´erences.
L’un des avantages de cette chaˆıne est d’ˆetre totalement automatique, c’est–`a–dire qu’aucune
information externe n’est n´ecessaire. Cet avantage permet de garantir l’efficacit´e de la m´ethode
sur n’importe quelle zone du globe, pourvu que des couples st´er´eoscopiques soient pr´esents aux
dates d’int´erˆet.
Nous avons montr´e au cours de cette th`ese que l’un des ´el´ements les plus sensibles de la
m´ethode est la qualit´e du MNS, c’est pourquoi une grande partie de ce travail est d´edi´ee `a
l’am´elioration de la pr´ecision des MNS produits par imagerie spatiale.
Une technique innovante, bas´ee sur la fusion de tous les MNS asym´etriques r´ealisables `a partir
d’un mˆeme couple st´er´eoscopique a ´et´e d´evelopp´ee dans cet objectif. Cette m´ethode s’est av´er´ee
particuli`erement efficace pour diminuer les erreurs de corr´elations dans le MNS final, qu’elles
proviennent de la mise en correspondance sur des objets difficiles de la sc`ene ou des zones
d’occlusion de l’une ou l’autre image du couple. Enfin, nous avons montr´e que cette m´ethode
´etait aussi avantageuse pour traiter la multi–st´er´eoscopie.
1336.1. CONCLUSION
La m´ethode de d´etection des changements d’´el´evation d´evelopp´ee dans la chaˆıne de
traitements est bas´ee sur une classification optimis´ee de tous les pixels du MNS diff´erentiel,
classification qui d´epend de la valeur de diff´erence d’´el´evation des pixels mais aussi d’une
contrainte spatiale permettant de limiter les variations de labels affect´es `a des pixels connexes.
Cette m´ethode de classification permet ainsi de mettre en avant les changements coh´erents de
la sc`ene tout en supprimant le bruit de corr´elation tandis que l’´equilibre fausses alarmes et
bonnes d´etections est alors contrˆol´e par le param`etre de r´egularisation λ.
Cette m´ethode a ´et´e test´ee sur plusieurs zones diff´erentes et dans un contexte de recherche
des changements urbains typiques d’une ville. Ces zones ont ´et´e s´electionn´ees dans les villes de
Phoenix (Arizona, Etats-Unis) et de Christchurch (Nouvelle-Z´elande). ´
Les r´esultats montrent que, lorsque un taux de d´etection de plus de 80% est attendu et pour
des changements de taille sup´erieure `a 15×15 pixels, les taux de fausses alarmes varient alors
de 20% `a 35% seulement et avec une r´egularisation optimale d´efinie `a λ = 5, 0.
Lorsque des changements de toutes tailles sont recherch´es, la r´egularisation optimale est alors
abaiss´ee `a environ λ = 3, 0 et permet la d´etection de 60% `a 80% des changements avec de 40%
`a 60% de fausses alarmes.
Ces r´esultats sont cependant particuli`erement sensibles aux sources d’erreurs de corr´elation
pr´esentes dans la sc`ene.
Dans un contexte plus particulier de destruction urbaine importante, apr`es une catastrophe
majeure, nous montrons que les mˆemes r´egularisations peuvent s’appliquer et entraˆınent un
taux de plus de 95% de bonnes d´etections et moins de 10% de fausses alarmes, valeurs obtenues
pour la r´egion de Tohoku, touch´ee par un tsunami le 11 mars 2011.
La chaˆıne de traitement d´evelopp´ee n´ecessite cependant l’utilisation de nombreux param`etres,
que ce soit pour la g´en´eration des MNS ou la d´etection des changements. On montre
pourtant que, quel que soit le contexte ou le capteur tr`es haute r´esolution (ville de Phoenix
en image WorldView-1 ou r´egion d´etruite de Sendai en images Ikonos) les mˆeme param`etres
peuvent ˆetre utilis´es. Nous montrons ainsi que seule la r´esolution du capteur ou le contexte de
la zone d’´etude (urbaine ou rurale vallonn´ee) doivent ˆetre pris en compte pour la g´en´eration des
MNS tandis que la r´esolution des images, la taille des changements ou la pr´ecision recherch´ee
134CHAPITRE 6. CONCLUSION GEN´ ERALE ´
sont les seules v´eritables contraintes du syst`eme de d´etection de changements.
Enfin, le syst`eme fonctionne sur un seul et mˆeme “noyau” algorithmique, noyau que nous
avons r´ealis´e de fa¸con `a le rendre adaptable `a de nombreux probl`emes de labellisation tandis
que les probl`emes rencontr´es dans la chaˆıne de traitements sont eux–mˆemes tous formul´es
en termes de labellisation des pixels d’une image selon des contraintes de probabilit´e et une
contrainte de r´egularisation spatiale.
6.2 Perspectives
Nous pouvons mettre en ´evidence trois perspectives d’´evolution `a fort int´erˆet pour la chaˆıne
de traitements d´evelopp´ee.
La premi`ere consiste en la cr´eation d’un masque de v´eg´etation. En effet, nous avons montr´e,
lors des ´etapes de g´en´eration de MNS, que la mise en correspondance avait une forte tendance
`a produire des erreurs sur des textures 3D aussi complexes que la v´eg´etation. Dans l’´etape
de basculement des MNS, la v´eg´etation est partiellement supprim´ee grˆace aux contraintes sur
le score de corr´elation et dans l’´etape suivante de fusion des MNS, d’autres erreurs dues `a la
v´eg´etation peuvent ˆetre ´elimin´ees grˆace `a la r´egularisation sur le MNS.
Mais ces erreurs restent n´eanmoins une des sources principales de fausses alarmes dans la
d´etection des changements, notamment lorsque les couples ou n-uplets st´er´eoscopiques n’ont
pas ´et´e acquis `a la mˆeme saison et que la v´eg´etation est alors plus ou moins d´evelopp´ee entre
les images.
Ce ph´enom`ene a notamment ´et´e illustr´e sur les cartes de changements obtenues sur la zone de
Christchurch. Cependant, nous avons aussi pu montrer les d´egˆats importants sur la v´eg´etation
apr`es la catastrophe de Sendai grˆace aux changements d´etect´es sur la v´eg´etation. Les changements
apparus sur la v´eg´etation peuvent ainsi, selon le contexte ou l’application demand´ee, ˆetre
recherch´es ou ˆetre consid´er´es en fausses alarmes.
C’est pourquoi une perspective int´eressante `a ce travail est la cr´eation de masques de v´eg´etation
afin de diminuer les fausses alarmes g´en´er´ees ou bien afin de mettre en ´evidence les alarmes de
changements que la v´eg´etation produit.
1356.2. PERSPECTIVES
Afin d’´eviter les cas o`u une zone de v´eg´etation serait transform´ee en zone bˆatie ou inversement,
il serait alors n´ecessaire de g´en´erer des masques de v´eg´etation correspondant `a chacune des
dates d’´etude.
Deux solutions pourraient ensuite ˆetre envisag´ees pour la prise en compte de ces masques dans
la d´etection des changements. Une premi`ere approche serait le filtrage post–traitement des
alarmes de changements lorsque qu’une alarme correspond, `a chacune des dates, `a une zone
de v´eg´etation. Une seconde approche, certainement plus pr´ecise, consisterait `a consid´erer la
v´eg´etation comme un label `a part enti`ere lors de la classification des pixels.
Une autre perspective d’am´elioration de la pr´ecision des r´esultats peut ˆetre repr´esent´ee par
le couplage de la m´ethode de d´etection des changements d’´el´evation, telle que nous l’avons
con¸cue, avec une m´ethode de d´etection des changements radiom´etriques.
Nous avons pr´ecis´e, au d´ebut de ce travail, que les m´ethodes de d´etection des changements
radiom´etriques ´etaient tr`es sensibles aux conditions d’acquisitions des images et d´etectaient
ainsi des changements d’illumination non pertinents pour notre contexte. Cependant, nous
avons aussi montr´e que notre m´ethode peut aussi g´en´erer des fausses alarmes mais sur des zones
trop homog`enes ou trop p´eriodiques qui sont une gˆene pour la mise en correspondance. Ainsi,
le filtrage, par exemple, des alarmes de changements 3D par une m´ethode de d´etection des
changements radiom´etriques pourrait s’av´erer tr`es avantageux pour la pr´ecision des r´esultats
finaux.
Enfin, une derni`ere perspective `a ce travail est la g´en´eration de MNS `a partir d’images
satellites monososcopiques, n’ayant pas ´et´e acquises simultan´ement. En effet, la chaˆıne de
traitements d´evelopp´ee est bas´ee sur l’utilisation de couple ou uplets st´er´eoscopiques n´ecessaires
pour les deux dates t1 et t2. Cette condition, requise pour tout traitement, n’est pourtant pas
toujours satisfaite sur toutes les r´egions du globe car si les satellites aujourd’hui font preuve
d’une grande r´eactivit´e et peuvent acqu´erir des images st´er´eoscopiques dans un court d´elai et
n’importe o`u, les archives st´er´eoscopiques ne sont, elles, pas toujours disponibles.
Une piste importante consisterait donc `a d´evelopper une m´ethode capable de g´en´erer des MNS
`a partir de nombreuses images monoscopiques acquises dans les mois qui entourent la date
d’int´erˆet t1 et avec n’importe quel capteur tr`es haute r´esolution. La mise en correspondance de
136CHAPITRE 6. CONCLUSION GEN´ ERALE ´
toutes les images n´ecessiterait alors la prise en compte de leurs diff´erences qu’elles soient dues
`a l’acquisition des images comme les diff´erences d’illumination ou aux changements survenus
entre les acquisitions.
Cette piste pr´esente ainsi un fort int´erˆet dans de nombreux domaines n´ecessitant la cr´eation de
MNS.
1376.2. PERSPECTIVES
138Table des figures
1.1 Sch´ema de principe des diff´erentes g´eom´etries de mise en correspondance. . . . . 34
1.2 Illustration des diff´erentes ´etapes de la chaˆıne globale de traitements. . . . . . . . 36
2.1 Illustration du syst`eme d’acquisition en barrette push–broom et des angles d’attitude
du satellite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.2 Illustration du r´esultat de la spatio–triangulation pour le recalage des images. . . 44
2.3 Illustration du r´esultat de la spatio–triangulation pour le recalage des images
(´echelle en pixels). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.4 Illustration du calcul des r´esidus de la spatio–triangulation. . . . . . . . . . . . . 46
2.5 Illustration de la m´ethode des graph–cuts appliqu´ee `a une image. . . . . . . . . . 50
2.6 Illustration d’un effet de streaking le long des lignes d’une image trait´ee par programmation
dynamique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.7 Illustration du parcours des diff´erentes directions pour la programmation dynamique
afin de calculer le coˆut ”semi–global”. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.8 Illustration du calcul des coˆuts obtenus pour chaque label et chaque pixel de la
s´equence selon l’´equation 2.5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.1 Illustration de l’impact de la r´egularisation pour la g´en´eration de MNS. . . . . . 64
3.2 Principe de parcours de la grille image maˆıtre pour l’interpolation des points de
la grille r´eguli`ere. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3.3 Illustration du principe de l’interpolation d’une grille r´eguli`ere terrain `a partir des
points obtenus dans la g´eom´etrie de l’image maˆıtre. . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.4 Illustration du r´esultat du basculement d’un MNS WorldView-1 `a partir de la
carte des ´el´evations en g´eom´etrie image. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
139TABLE DES FIGURES
3.5 MNS asym´etriques provenant du mˆeme couple d’images st´er´eoscopiques. . . . . . 73
3.6 MNS provenant du mˆeme couple st´er´eoscopique et r´esultat de leur fusion par la
moyenne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.7 Sch´ema r´ecapitulatif de la proc´edure de fusion des MNS en fonction des valeurs
initiales et de l’attache aux donn´ees. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.8 3.8(a) et 3.8(b) : MNS calcul´es `a partir du mˆeme couple st´er´eoscopique et r´esultats
de leur fusion par optimisation globale 3.8(c). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.9 3.9(a) et 3.9(b) : Histogrammes des cartes de diff´erences calcul´ees entre le liDAR
et le MNS asym´etrique et MNS fusionn´e, respectivement. . . . . . . . . . . . . . . 85
3.10 Profils d’´el´evation compar´es entre le MNS asym´etrique (en vert), le MNS fusionn´e
(en bleu) et le Lidar (en rouge). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.11 Illustration du triplet st´er´eoscopique Pl´eiades acquis sur la ville de Toulouse. . . 89
3.12 MNS calcul´es `a partir de 2 images puis 3 images du mˆeme uplet st´er´eoscopique. . 90
4.1 4.1(a) et 4.1(b) MNS de 2008 et 2011 calcul´es sur la zone 1 d´efinie sur la ville
de Phoenix. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
4.2 4.2(a) MNS diff´erentiel. 4.2(b) MNS diff´erentiel seuill´e. . . . . . . . . . . . . . . 96
4.3 Fonction sigmo¨ıdale permettant le calcul des coˆuts d’attache aux donn´ees pour le
label changement positif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.1 Orthoimages provenant des images panchromatiques WorldView–1 repr´esentant
les trois zones test´ees sur la ville de Phoenix et la zone de Christchurch. . . . . . 103
5.2 5.2(a)Orthoimage calcul´ee et 5.2(b) donn´ee de r´ef´erence des changements de la
zone 1 de Phoenix. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.3 Ortho images et MNS calcul´es avant et apr`es la catastrophe de Sendai du
11/03/2011. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.4 Zone partiellement d´etruite par le Tsunami et quantifi´ee `a travers la carte de
r´ef´erence des bˆatiments d´etruits et intacts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
5.5 Cartes de d´etection de changement obtenues `a partir d’un nombre variable de
directions de calcul et une r´egularisation λ = 3, 0. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
5.6 Illustration de l’impact du nombre de directions de calcul sur les taux de bonnes
et fausses d´etections. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
140TABLE DES FIGURES
5.7 Cartes des d´etections calcul´ee avec diff´erentes valeurs de λ et 12 directions. . . . 116
5.8 5.8(a) et 5.8(c) : Variations des taux de fausses et vraies d´etections en fonction de
la r´egularisation λ. 5.8(b) et 5.8(d) : Variation du coefficient Kappa en fonction
de la r´egularisation λ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
5.9 5.9(a) et 5.9(c) : Variations des taux de fausses et vraies d´etections en fonction
de la r´egularisation λ ou de la taille de l’´el´ement structurant. 5.9(b) et 5.9(d) :
Variations du coefficient Kappa en fonction de la r´egularisation λ ou de la taille
de l’´el´ement structurant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
5.10 5.10(a), 5.10(c) et 5.10(e) Variations des taux de bonnes et fausses d´etections en
fonction du λ ; 5.10(b), 5.10(d) et 5.10(f ) Variations du coefficient Kappa pour
chacune des zones test de Phoenix. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
5.11 5.11(a) : Variations des taux de bonnes et fausses d´etections en fonction du λ.
5.11(b) : Variation du coefficient Kappa. R´esultats calcul´es pour la zone de Christchurch.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
5.12 Courbes des taux de bonnes d´etections, fausses alarmes et coefficient Kappa. . . . 129
5.13 Images ortho rectifi´ees de la r´egion de Tohoku et carte des changements r´esultante. 130
141TABLE DES FIGURES
142Liste des tableaux
1.1 M´etadonn´ees des images utilis´ees lors des diff´erentes ´etudes. . . . . . . . . . . . . 38
3.1 Tableau de synth`ese des param`etres de la m´ethode compl`ete de g´en´eration des MNS. 92
4.1 Tableau de synth`ese des param`etres n´ecessaires `a la m´ethode de d´etection des
changements d’´el´evation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
143LISTE DES TABLEAUX
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Une approche d’alignement `a la probl´ematique de la
d´etection des activit´es habituelles
Rick Moritz
To cite this version:
Rick Moritz. Une approche d’alignement `a la probl´ematique de la d´etection des activit´es
habituelles. Computers and Society. INSA de Rouen, 2014. French. .
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Submitted on 10 Feb 2014
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recherche fran¸cais ou ´etrangers, des laboratoires
publics ou priv´es.THESE
Pr´esent´ee `a :
L’Institut National des Sciences Appliqu´ees de Rouen
En vue de l’obtention du grade de :
Docteur en Informatique
Par
Rick P. C. MORITZ
Routine Activity Extraction from Local Alignments
in Mobile Phone Context Data
Soutenance le 05/02/2014
Devant le jury compos´e de :
Pr´esident Christophe Garcia Professeur des Universit´es LIRIS, INSA Lyon
Rapporteurs Bruno Cr´emilleux Professeur des Universit´es GREYC, Universit´e de Caen
Philippe Leray Professeur des Universit´es LINA, Universit´e de Nantes
Directeur de Th`ese Michel Mainguenaud Professeur des Universit´es LITIS, INSA de Rouen
Co-Encadrants Alexandre Pauchet Maˆıtre de Conf´erences LITIS, INSA de Rouen
Gr´egoire Lefebvre Ing´enieur R&D, Docteur Orange Labs MeylanAbstract
Humans are creatures of habit, often developing a routine for their day-to-day life.
We propose a way to identify routine as regularities extracted from the context data
of mobile phones. Mobile phones have become the de facto wearable sensor device,
used and carried on person over most of the day. We study existing approaches to
this problem, and deem past results not satisfactory, with regard to the ever richer
context data available, that is not being exploited. Subsequently, we choose Lecroq
et al.’s existing state of the art algorithm as basis for a set of modifications that render
it suitable for the task, foremostly addressing performance issues. This algorithm is
itself an evolution of a dynamic programming based local alignment algorithm, which
is frequently used in biological sequence analysis. Our approach searches alignments in
sequences of n-tuples of context data, which correspond to the user traces of routine
activity. Our key enhancements to this algorithm are exploiting the sequential nature of
the data to reduce algorithmic complexity by a factor equal to the number of data sources
available, and using an early maximisation approach to reject non-optimal alignments
in favour of optimal alignments.
We develop a generator of context-like data to allow us to evaluate our approach
automatically, without relying on manual annotation of ground truth. Additionally, we
collect and manually annotate a mobile phone context dataset to facilitate the evaluation
of our algorithm. The results are promising, allowing us to prove the concept of our
approach, while also outlining the limitations. Our contribution can be used as a filter
for a domain expert (e.g. the user of the mobile phone himself) to determine whether
a certain interval of data corresponds to an actual activity based habit, reducing the
workload compared to a pure manual approach. The configurability of the algorithm
allows the expert to have control over which patterns are filtered or retained.Contents
Nomenclature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xii
1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2 State of the Art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.1 Context Datasets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.1.1 Reality Mining Dataset . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.1.2 Lausanne Data Collection Campaign . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.1.3 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2 Machine Learning and Statistical Analysis . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2.1 Classification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2.2 Clustering . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2.3 Probabilistic State Machines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.2.4 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.3 Sequence Mining . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.3.1 Itemset Mining and Sequential Pattern Mining . . . . . . . . . . . 14
2.3.2 String Mining . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3.3 Comparison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.4 Conclusion and Direction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3 Alignment of Sequences of n-Tuples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.1 Context Model . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.1.1 Sequence of n-tuples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.1.2 Blocking and Sampling . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.1.3 Meta-data . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.1.4 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.2 Alignment Algorithm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
iv3.2.1 Contribution I: Reduction to n-tuple Problem . . . . . . . . . . . . 57
3.2.2 Contribution II: Locally Optimal Alignments . . . . . . . . . . . . 63
3.3 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4 Experimental Validation and Results . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.1 Synthetic Data Evaluation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.1.1 Synthetic Data Generator and Dataset . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.1.2 Synthetic Data Pattern Extraction Evaluation . . . . . . . . . . . 89
4.1.3 Analysis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
4.2 Real World Data Evaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.2.1 Data Collection Campaign . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.2.2 Evaluation of Alignment Approach on Real Data . . . . . . . . . . 102
4.2.3 Analysis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5 Conclusions and Future Work . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Bibliography . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
A Benchmarks of Supervised Classification Algorithms for Next Place Prediction . . 130
A.1 The Next Place Prediction Problem . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
A.2 Dataset Analysis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
A.3 Next Visit Prediction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
A.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
B Details on the evaluation processes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
B.1 Real world data . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
B.1.1 Similarity score tables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
B.1.2 Detailed results of the alignment algorithm evaluation on synthetic
data . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
B.1.3 Expert annotated patterns . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
vList of Figures
2.3.1 A WAP-tree and conditional WAP-trees for two subsequences c and ac
(Source: Pei et al. [2000]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.3.2 Examples of different types of repeat-related features in a string. . . . . . 26
2.3.3 Construction of a suffix tree from abcbcabc%. The numbers indicate both
the order and the index of the current suffix being added. New leaves and
nodes at each step are shaded. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3.4 Identification of longest repeats using Baker’s algorithm in the complete
suffix tree from Fig. 2.3.3. Steps 7, 8 and 9 of the tree construction are
performed, adding the three shaded leaves. The order in which the leaves
are added is given by the nodes and indicated by the superscripts of the
vertex labels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3.5 Original Needleman-Wunsch algorithm, as introduced by Needleman and
Wunsch [1970]. The left table is filled with incrementation markers (“1”)
at each location where a pair of values match. In the right table, the values
for all the cells have been determined, and the alignment highlighted by
arrows and bold values. The alignment (arrows) starts at the maximum
value and then follows the maximum values, upwards and to the left in
the table. The “skips” between values 5 and 4, and 3 and 2 are indicative
of deletions in the row-string. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.3.6 Calculation of the local similarity using the dynamic programming approach.
The preceding values in the table are either incremented by the
substitution score, in the case of the diagonal predecessor, or decremented
by the indel penalty. The maximum value is carried over for all successive
operations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
vi2.3.7 Dynamic programming version of the Needleman-Wunsch algorithm. Nonmatching
substitutions have no penalty, matching substitutions score a
value of 1 and insertions and deletions are penalised with a value of -
1. The left table shows how a particular cell value is calculated from
three predecessor values, the right table shows the complete table and
highlights the series of maximal values which indicate the alignment operations.
Note that the traceback follows substitutions over indels in cases
of ambiguity (e.g. the 4→3 transition marked in the right table), as the
value that was used to calculate the current value defines the path for the
traceback, and not necessarily the maximum value. . . . . . . . . . . . . . 36
2.3.8 Two accumulated similarity tables obtained using the Smith-Waterman
algorithm. The left has been calculated using a similarity score of 1 for
matches, and dissimilarity penalties of -2 for non-matching substitutions
and indels. The right table has this penalty reduced to -1. In each case,
the alignments with a similarity score of at least 3 have been highlighted.
Note how the higher penalty leads to smaller, more local alignments. . . . 38
2.3.9 Row and column prefixes, and accompanying notation. . . . . . . . . . . 40
2.3.10Three different ways of modelling context for different sequence mining
approaches. “Data synchronisation” refers to the need to have a full set
of sensor readings available at every time step, irrespective of different
sampling frequencies of the actual sensors. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.1.1 The transformation of continuous context C(t) into context data in a
sequential model. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.1.2 Linking w- and z-axes into a single dimension, due to translational symmetry
(i.e.: every set of discrete steps taken along the z-axis is replicated
identically in the w-axis). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.1.3 Splitting a long sequence of context data into blocks of roughly equal (but
not necessarily equal) lengths. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.1.4 The reduction of the size of individual accumulated similarity score tables
which can be obtained by blocking. a and b are two sequences, with the
local similarity scores contained in the volume spanned between them. . . 51
3.1.5 A sample substitution similarity score table from the set of n tables. . . . 52
3.1.6 Two intervals of identical values but different lengths can be aligned by
assigning positive similarity score to insertions and deletions of identical
values. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
vii3.2.1 Two example context sequences, the resulting context data sequences and
an alignment (cells underlaid in grey) that corresponds to two similar
subsequences. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.2.2 Alignment of two context sequences a and b from a corpus. . . . . . . . . 56
3.2.3 Selection of tuple elements in a sequence using reverse addressing. The
origin of the coordinate system used here is in the lower right end of the
sequence. From there the first coordinate is incremented when moving
one element to left, and the second when moving one element upwards. . 58
3.2.4 Example of the •i,,j operator. If the operator is used on the same sequence
of n-tuples, with one pair of indices being higher than the other, the
smaller result is a subset of the larger one. In this case the result underlaid
in black is a subset of the result underlaid in grey. . . . . . . . . . . . . . 59
3.2.5 Selection of a column and row using the ↑ and ← operators. . . . . . . . . 60
3.2.6 Calculation of a column similarity score. Two columns are extracted from
two sequences, then aligned in inverse order, up to the point where the
similarity score reaches zero. The maximum similarity from this interval
is the similarity value we assign these two columns. . . . . . . . . . . . . . 61
3.2.7 The local dependencies of the calculation of a local similarity value. To
the left in the three-dimensional table of accumulated similarity scores T
and to the right the equivalent representation in the domain of the two
sequences a and b. Operations V and VI – insertion and deletion – are
one-dimensional operations and therefore appear only either in a or on b. 63
3.2.8 The rightmost (n-th) z-slice of a table T. The axes of the plane correspond
to the temporal axes of the sequences. The height and colour are
representations of the accumulated similarity value in the cell in T. The
white profile line denotes the plane of an arbitrarily chosen MASS. The
highest value is denoted by an X. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.2.9 The local neighbourhood of a node (in the centre of the shown cube) in
the accumulated score table T. The shown cube consists of 27 sub cubes,
the one at the centre being the “home node”. The other 26 surrounding
it, are the direct neighbours. A partial spatial subdivision is shown in the
lower left corner to illustrate the notion of “radius”. . . . . . . . . . . . . 66
viii3.2.10Accumulated similarity score table for the alignment operations of the
context data corresponding to two consecutive days. Each graph represents
one of the five slices (n = 5) of the z-axis, starting at one at the top,
incrementing to five at the bottom right. Height and colour correspond to
local similarity values. The x - y plane is spanned by the temporal axes
of the sequences. Note multiple peaks at different heights. . . . . . . . . . 67
4.1.1 Stream, pattern and cell for a simulated 4-tuple dataset. The stream
consists of patterns (coloured) and random data (light grey). Each pattern
consists of defined values (blue) and undefined values (white). . . . . . . . 71
4.1.2 Four alphabets A1, A2, A3, A4 with respective spectra 5, 6, 4 and 2. N.B.:
Different symbols across different sensors (e.g. “A”, “1”, “a”, “0”) are
used here for illustration purposes only, symbols are actually represented
by their indices (i.e. as in A2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
4.1.3 A set of patterns, P = {X1, . . . , Xm}, with n data sources and lengths
l1, . . . , lm, and a pattern element x = Xm,n,1 ∈ An. . . . . . . . . . . . . . 74
4.1.4 Illustration of dependence coefficient determination during creation of
similar patterns. The right vectors are created from the values of the
left vectors, through linear interpolation and scaling. . . . . . . . . . . . . 79
4.1.5 Noise is applied to symbol x from alphabet A1 using transition cost matrix
T1 and transition cost vectors ~b1,
~d1, ~e1. The resulting value is y = 4.
This example uses integer values for easier reading and comprehension, in
general the random values are real values. The process starts with value
x2,1,1 = 2 from pattern X2, extracts the corresponding row from T1 and
selects the smallest absolute value in the sum of the extracted row and a
random vector, to determine the index of the element to replace x. . . . . 84
4.1.6 Extract of a possible resulting stream with n = 4 and m = 3 different
patterns (blue, yellow and green) and noise (red). I and D indicate cells
in which insertions or deletions have happened. y is the symbol that has
been generated in Fig. 4.1.5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.1.7 Evaluation scoring example. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
ix4.1.8 The ratios of the number of alignments to the combinatorially expected
number of identical pairs of patterns in two different files, for all five
datasets and all 27 experiments. As the number of patterns rises, the
expected number of pairs gets lower, and the rate of alignments gets
closer to the number of pairs.
*Note: The values for dataset 3 are on another scale than the others. . . . 93
4.2.1 Clustering of locations into places of the data gathered by one subject
over a one week timespan. Artificial jitter has been introduced to the
data, to better visualise data density. Note how nine incidences in the
top left are clustered together with the other points towards the top left.
The low number of incidences renders this error negligible. . . . . . . . . . 100
4.2.2 Visualisation of an extract of the captured data, with similar intervals
marked. This extract covers the morning period of two consecutive days.
The y-axis represents the different discretised context values. The values
shown in this extract are light intensity on a logarithmic scale (loglux),
the state of the proximity sensor (prox), the location cluster id (place),
the battery level (batt) and the orientation of the phone (ori). . . . . . . . 101
4.2.3 Alignment of three pre-selected patterns with campaign data in 58 slices
corresponding to 24-hour periods of 5-tuples. . . . . . . . . . . . . . . . . 103
4.2.4 Mean precision and recall for the instances in the corpus (“B” - part
of the alignment) for the 24 test configurations. From left to right are
the different values of MASS used. With rising MASS, both precision and
recall increase. The rightmost bars are fewer, as no alignments were made
with MASS values 1,700 and above for pattern 3, and no alignments were
made with MASS values 3,000 for pattern 1. Due to the smaller number
of elements contained in pattern 3, it has higher values than patterns 1
and 2 for the same MASS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
A.3.1Results for the Naive Bayes Classification Algorithm . . . . . . . . . . . . 134
A.3.2Results for the LogitBoost Adaptive Decision Tree Classification Algorithm135
A.3.3Results for the SMO Classification Algorithm without Feature Selection
Filters . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
A.3.4Results for the SMO Classification Algorithm with Feature Selection Filters136
B.1.1Reference pattern 1 - evening and night at the week-end home. . . . . . . 146
B.1.2Reference pattern 2 - morning and transit to work on a week-day. . . . . . 147
B.1.3Reference pattern 3 - at work, telephone stored or turned over. . . . . . . 148
xList of Tables
2.1 Comparison of SPM and string mining . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
4.1 Configuration of the five datasets. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.2 Configuration values for the 27 experiments making up a dataset. . . . . . 88
4.3 Transition matrix T used for the generation of the test datasets. . . . . . 88
4.4 Key results: averages and standard deviations across all configurations. . 91
4.5 Average Pattern Size for Dataset One . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
4.6 Key results: averages and standard deviations across all configurations
for the state of the art algorithm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
4.7 Evaluation results. A is the search pattern, B is the instance in the corpus.105
A.1 Classifier and Filter Configurations Tested . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
B.1 Similarity score table for luminance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
B.2 Similarity score table for proximity . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
B.3 Similarity score table for places . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
B.4 Similarity score table for battery levels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
B.5 Similarity score table for orientation values . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
xiNomenclature
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BLOSUM BLOcks SUbstitution Matrix - A substitution scoring matrix for the alignment
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BT Backtrack - Second step of a dynamic programming algorithm; in our case
a trace along elements in a score table, marking the operations required to
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FASTA fast - All. A sequence mining software suite developed by Lipman and Pearson
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xiiGSM Global System for Mobile communication – European standard for second
generation digital cellular networks for mobile phones.
GSP Generalized Sequential Patterns. An Apriori-type sequential pattern mining
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indel Insertions and deletions in sequences. A single term is sufficient to describe
both these inverse operations, due to the symmetry of the alignment operation
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LAN Local Area Network - a computer network with scope limited to a small
geographic entity and using local addressing.
LZ A set of compression algorithms proposed by Ziv and Lempel in 1977 and
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two sequences are to be considered similar or not.
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The dataset is explained in Subsection 2.1.2, and one of the competition tasks
is presented in Annex A.
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sensor In this work: a source of discrete context data. This can be anything from
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readings, such as orientation, linking the data of an accelerometer and magnetometer.
SPADE Sequential PAttern Discovery using Equivalence classes. A sequential pattern
mining algorithm proposed by Zaki (1998)
SPAM Sequential PAttern Mining. An algorithm proposed by Ayres et al. (2002)
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Eagle and Pentland [2009]. Although routine is not universal, for those that adhere to
it, it provides a stable framework of activities. If a computer system can be made to be
aware of this routine, then it can be proactive and anticipatory in nature, preparing for
commonly encountered situations, or even alerting the user when routine is unexpectedly
broken at some point. Routine can also be used to enhance a computing system which
adapts itself to current events. When historical data can be linked to the present state,
activities and contexts can be recognised with increased certainty. All this is beneficial,
when developing ubiquitous computing systems – specifically with regard to ambient,
passive interfaces.
We assume that habits (i.e. activity patterns indicating routine) can be derived from
user context data. “Context” classically refers to the entirety of the environment of
a human-computer interaction – slightly varying definitions have been proposed by
Schmidt et al. [1999], Chalmers [2004] and Dourish [2004]. Examples of context data
are factors such as physical environment (e.g. place, light, noise), social environment,
system status and simultaneous tasks. For the purpose of determining routine, we are
primarily interested in specific aspects of context, that are characteristic to an activity.
This does not necessarily imply that the context data allows one to infer the actual
activity, but it is sufficient to identify recurrences. One theme of this thesis is in fact
that of the title of Schmidt et al. [1999] “There is more to context than location”: there
exists a large body of work on spatio-temporal routine detection, but our aim is to go
further, and include other context data to obtain a model of routine that is richer in
information and higher in resolution.
1Currently, the most widespread device in use with the capability to observe a reasonable
amount of context, is the mobile phone. These phones are equipped with a number
of sensors and an almost constant network connectivity which allows queries to nearby
fixed sensors. For many people, their mobile phone is a constant companion allowing the
capture of context data for a large number of activities. Furthermore, as multi-purpose
mobile computing terminals, these same phones also form the interface to the computing
system that benefits the most from having access to routine information. With regard
to the definitions of context previously given, there is one further remark to make: context
is defined as being linked to an interaction. At first glance, capturing data over
the course of a day, to observe routine, is a passive process and does not fall under the
traditional view of an interaction. But – within the concept of ambient interfaces – even
just carrying a mobile phone (or in fact, even not carrying it) becomes an interaction,
because we instrument the phone. Therefore, this implicit interaction happens within a
context, which is duly recorded.
Routine conveys important information all by itself, but can also be used to enhance
current context information. A key use of context data is directly on mobile devices,
which are situated within a certain context, used within a certain context and thus
ideally exploit this data to better fulfil their purpose, as well as adapt and respond
to changes in context. One pertinent example for such a mobile application that uses
routine and current context data, is the Magitti leisure guide [Bellotti et al., 2008].
Similar applications in the domain of prediction and recommendation are presented by
Anand and Mobasher [2007]. Wesson et al. [2010] discuss the benefits of adapting the
mobile user interface of a computing system to the current context. Baldauf et al. [2007]’s
survey of context aware systems essentially covers many more examples, where having
additional context information based on a routine model can improve the user experience.
The spectrum of approaches covers safety, security, entertainment and education. Mobile
guidance and navigation systems can also be made to be context sensitive and routine
dependent [Brush et al., 2010, Li and Willis, 2006].
Our technical goal is to detect patterns in the context data of a mobile phone user, with
the expectation that patterns in the data correspond to routine activities. Raw context
data can be understood to be a number of time series of physical values. Based on
this representation, there exist multiple ways to analyse the data: Statistical approaches
based on state transition probabilities (e.g. Ashbrook and Starner [2002]), database
oriented approaches based on sequential apparition frequency (e.g. Giannotti et al.
[2007]) and sequence based approaches based on edit distances and similarity measures
(e.g. Sigg et al. [2010]). As the title of the work suggests, we ultimately pursue an
2approach that performs approximate string matching by aligning pairs of sequences.
This algorithm determines local similarity scores for sequences of context data – we
suppose that highly similar sequences of context data correspond to similar contexts
and thus to actions of the same type. But we must also consider potential shortcomings
of the data on which we base our study: sensor noise may render an activity difficult
to recognise, and an activity is not repeated identically every time, leading to potential
variations in duration and values in the corresponding context data, which must also be
accounted for.
Our alignment algorithm – an adapted version of the algorithm introduced by Lecroq
et al. [2012] – is based on a representation of context data as a sequence of n-tuples. In
this structure we calculate local alignments. To determine if these alignments correspond
to context patterns, we devise an evaluation procedure. This procedure is in one case
applied to synthetic data, generated according to predefined parameters, and in another
to real world data which we gathered during a data collection campaign. The results
from a large spectrum of test conditions allows us to characterise the suitability of our
algorithm for the routine activity detection problem. The final results indicate that the
algorithm reliably performs as a filter for context data, to limit the function of a domain
expert to approving or rejecting the extracted data as being correspondent to a routine
activity. Conversely, there are limitations to using it as a general, fully automated
routine extraction approach.
This work is structured as follows:
❼ In the second chapter, we examine the state of the art for both available context
datasets and pattern detection approaches. We study the datasets for their suitability
for routine context extraction and their data collection methods. The pattern
detection approaches are divided into statistical and sequence mining approaches.
We briefly discuss statistical approaches, and explore the various sequence mining
approaches in more detail. We split the latter field into sequential pattern mining
approaches, which take a database oriented view on sequences, and on string
mining, which is focused on comparing long, individual sequences. We conclude
this chapter with a direct comparison of the most promising approaches and an
argumentation for our choice of approach, as well as identifying the limitations
upon which our solution has to improve.
❼ The third chapter introduces our context model and algorithmic contributions.
The context model defines a similarity measure for a pair of context sequences,
which the alignment algorithm then uses to find maximally similar subsequences
3from a pair of sequences. Our algorithmic contribution is divided into two parts.
The first part reduces algorithmic complexity by simplifying the state of the art approach,
the second part details our local maximisation approach to further increase
performance.
❼ The fourth chapter is dedicated to the experimental evaluation of our approach, on
synthetic and real world data. It describes a data generator we developed with the
goal of creating well-understood data with context-data-like characteristics and a
high degree of configurability to allow the reproduction of a variety of scenarios.
We also document our results obtained on five different such scenarios. A set
of variable parameters for each scenario allows us to gain a further insight on the
theoretical performance of our algorithm and its behaviour under varied conditions.
We also present our data collection campaign in some detail. We used part of that
data for a second evaluation, which is also described in this chapter.
❼ The final section gives a summary of our contributions and results, presents our
conclusions and discusses limitations to our approach as well as potential future
work to address these limitations and propose extensions.
4State of the Art
As we laid out in the introduction, our approach to identifying routine activities is to
find patterns in time series of context data. In this section we present and discuss
different possible approaches, which should theoretically reveal such temporal patterns.
We briefly revisit the notion of “context” and examine how context data is represented
in actual context datasets. By class of approach, we present existing routine activity
detection solutions.
We examine the varying approaches for a number of criteria, relevant to our task.
These criteria are:
1. The ability to process data that has the volumetric characteristics of context data,
regarding both algorithmic complexity and real world constraints;
2. The degree of pre-treatment of context data required;
3. The flexibility of the underlying model, to accept situation-specific tuning;
4. The resilience of the approach against the inherent noise and unreliability in sensors
and slight variations in how activities are repeated;
5. The impact of temporal effects, such as desynchronisation of data and dilation or
contraction of the time-scale of an activity;
6. The effort required to parametrize the underlying model and
7. The suitability to a (partial) deployment on mobile platforms.
We will refer to these criteria by their number in the following sections, whenever a
relevant bit of information is touched upon.
5Our examination of the state of the art is split into three sections. First, we take a
look at existing context datasets, to situate our goal with regard to available data. Then,
we survey the state of the art for relevant methods that allow us to match, compare or
extract patterns in time series data, by studying two fields of specific interest: Statistical
approaches to pattern mining and sequence mining based approaches. Finally, we crosscompare
the most suitable approaches and datasets, to determine the course for this
work.
2.1 Context Datasets
When examining user behaviour over the long term, a large dataset of context data is
crucial to verify our hypothesis. In this section, we look at a number of different context
datasets to learn more about available context data, and the utility of this data for our
task.
A small dataset, that can be understood to be a pioneering precursor, is that of Raento
[2004]. Another early dataset by M¨antyj¨arvi et al. [2004] was limited to a strict set of
scenarios, and did not actually consist of a recording of real world data. Kotz and Essien
[2005] present a simple location-focused dataset, obtained by studying the movement of
wireless network users of Dartmouth college.
Two specific context data sets have caught our attention, the reality mining dataset
(RMD [Eagle and Pentland, 2005]), and the Nokia mobile data challenge (MDC [Kiukkonen
et al., 2010]) dataset. They represent, respectively, the first large scale mobile
phone dataset ever published as well as the largest and most complete dataset currently
available.
2.1.1 Reality Mining Dataset
The RMD is the first large scale mobile phone context data set that has been collected.
Due to its public availability, it stands as a reference dataset when it comes to the
detection of routine user behaviour. It was designed with this goal in mind and used in
the work of Eagle and Pentland [2009] to determine behavioural routines.
The dataset is the result of a broad (100 participants) mobile phone data acquisition
campaign the data from which was made available to the scientific community. The
RMD was established using the Context Phone application developed by Raento et al.
[2005]. It contains primarily finely grained location information, but also application
and communication use logs and relative proximity indicators among study subjects.
6The specific protocol was established as follows: One hundred MIT students and
members of faculty staff were given Nokia smart phones, pre-installed with several applications
that track context. This context data comprises call meta data, the set of
Bluetooth devices in range, the ID of the connected cellular radio tower, application
usage and some phone status variables, such as whether the phone is idling or charging.
This data was collected over an academic year, aggregating 450,000 hours of data,
with Bluetooth data being logged in five minute intervals. The researchers report some
data loss (around 15%) due to some subjects deactivating their phones during the night,
and also due to some data corruption events. Finally, there are incidents of forgotten
phones, where the phone records data, which has no association with the actual activities
of the test subject.
In addition to the context data, there is data from surveys of subsets of the test
group to establish some meta-data (relationships between study participants and social
activities) to the main data gathered by the phones. Some subjects also kept more
detailed activity diaries over part of the data gathering period.
2.1.2 Lausanne Data Collection Campaign
This dataset [Kiukkonen et al., 2010] includes data from 200 users from the Lake Geneva
region in Switzerland and consists of the data from around 80 different smart phone
context data sources, recorded over a period of over one year. This data was made
available to researchers within the framework of the Mobile Data Challenge [Laurila
et al., 2012], but is not readily available to the public.
The gathered data can be divided into four groups: Location data, media-related
data, social interaction data and behavioural data. The central physical data present in
the set are 3D accelerometer readings, location and sound measurements. Additionally
logs of applications, communications and the operating system are kept, alongside the
agenda and contact list.
A key distinction of this dataset is the heterogeneous study group. Where the RMD
only studied students and faculty staff members from the Media Lab, as well as students
of one other lab, this campaign stretches much wider. By consequence, the social graph
among the participants is much less dense.
Another difference lies in the precision of the location data. Cell tower data is notoriously
imprecise, discriminating at around the city block level, whereas more powerful
modern phones are equipped with GPS which can reduce this to roughly the street address
level, even without further augmentation with wireless networks. Using WLAN
access points – as done for this study – increases this precision further, especially in
7urban zones. In comparison, the Bluetooth augmentation chosen for the RMD only
works in select installations outfitted with a beacon.
This much higher fidelity of the data leads to a much larger challenge, when distributing
this data, as pure anonymisation no longer suffices to protect the identity of the
subjects.
Furthermore, the higher potential fidelity also implies a potential higher use of the
battery. Non-intrusiveness in the routine usage of the phone is a key requirement, as
otherwise the impact of adapting to the measuring device would create behaviours and
data not corresponding to the reality of the test subject’s day to day life. In an attempt
to mitigate these effects, each data source has its own update frequency, in an adaptive
event-based system. This allows the sampling to run throughout the day.
To minimise data losses, collected data is transmitted to a database server via wireless
networks twice a day.
With regard to ground truth, an initial questionnaire establishes some demographic
and social information, but no further information is acquired.
2.1.3 Discussion
A key limitation to the present datasets, is that none of the bases contains any ground
truth regarding context routine. Most do not include any manual annotation with semantic
data at all. In fact, the large scale nature is somewhat at odds with such demands,
as the effort to manually annotate a large dataset by someone other than the subject
is immense. Conversely, asking a subject to annotate his or her own data introduces a
higher level of effort required to take part in such a campaign and decreases the number
of participants.
Another problem is that most datasets are limited to location data, and lack many of
the physical sensors present in more modern phones, that we presume to capture physical
context more accurately. Although the Nokia MDC-dataset does provide accelerometric
data and some sound samples, modern smart phones are also equipped with gyroscopes,
compasses, light meters and proximity sensors. Conversely, the approach taken by Nokia
for the Lausanne data collection campaign includes a vast number of sensors, some of
which are not necessarily of interest for the routine activity detection task, increasing
the complexity of the required pre-treatment (2). The asynchronous nature of data
collection preserves relative temporal structures in high detail (5).
Finally, the acquisition platforms used for these two previous datasets have been obsoleted
by the development of the mobile phone market. Therefore, if a new dataset would
be a requirement, this would entail a new development of the data collection software
8suite.
The creation of a new mobile context dataset that contains at least sufficient physical
sensor values therefore appears possible and necessary. Many of the paradigms put
forward for the different collection campaigns remain valid, such as the principle of nonintrusiveness
and the need to assure data integrity. Alternatively, it is common to use
synthetic data to verify the behaviour of an algorithm. For this type of data, ground
truth of the generation step can be used to address the lack of ground truth in real
context datasets.
Once a solution to gather the required physical context data is achieved, the next
challenge is to find routine data within it.
2.2 Machine Learning and Statistical Analysis
Classic statistical machine learning approaches are a mainstay of much of the work of
context data analysis. We focus on three key categories: classification as a means of
context and activity recognition and prediction, clustering to determine similarities in
data and probabilistic state machines – specifically (hidden) Markov models – as a means
of modelling routine.
2.2.1 Classification
Classification algorithms are a class of algorithms that use a set of examples to learn rules
that are then applied to determine which label is to be associated to a measurement.
Typically, this is represented by the determination of a characteristic vector over the
feature space of the observed events.
We discuss two different usages of these types of algorithm, within the scope of the
routine activity detection problem: in activity recognition, a current set of measurements
of context data are used to determine the current activity; in activity or place prediction,
the current state of system is used as a characteristic vector for predicting a future state.
2.2.1.1 Activity Recognition
Supervised classification is the principal component in most activity recognition systems.
They function by assigning a characteristic vector to each element of a set of activities,
and then estimating from actual measurements the current activity.
In the field of mobile device based activity recognition, supervised classification has
been used (for example) in the works of Choudhury et al. [2008], Lester et al. [2006],
9Berchtold et al. [2010] and Sigg et al. [2010]. Activity recognition by itself does not
solve the routine activity detection problem, but a well functioning activity detector can
reduce the complexity of the problem by orders of magnitude by transforming it from a
multi-dimensional problem into a uni-dimensional one (1,2). We can nonetheless state a
limitation to this approach, in that a supervised activity detection requires knowledge of
each of the activities that are to be discerned (6). This renders this approach of limited
use, when trying to solve a general version of the routine activity detection problem.
Furthermore, feature vectors are understood as a unit, therefore algorithms based on
them cannot work around desynchronized data (4,5).
2.2.1.2 Activity and Place Prediction
Another potential application of supervised classification is in the field of predicting future
activities. The approach is similar to activity detection, with the difference that
characteristic vectors are assigned to subsequent activities or places. This type of approach
was frequently chosen by entries for the MDC “next location prediction” task
[Etter et al., 2012, Wang and Prabhala, 2012, Gao et al., 2012], as for that task the
known data was restricted to the context data obtained during the “visit” to the directly
preceding place. The most successful approaches relies on heuristics which reject
certain subsets of the data by declaring it out-of-date information with regard to the
prediction task. The benchmarks of three state of the art algorithms – naive Bayes
[John and Langley, 1995], alternating decision trees [Holmes et al., 2002] and a sequential
minimal optimization based approach [Platt, 1999] – on the MDC prediction task
are available in Annex A.
The Magitti [Bellotti et al., 2008] recommendation system predicts next activities using
a supervised classification approach [Partridge and Price, 2009]. The system is based on
the assignment of a leisure activity (e.g. “eat” or “watch”) to corresponding locations in
town instead of having a location specific activity model. This meta-activity approach
avoids the problem of being limited to recognising specific activities, but consequently
the result is too general for many applications outside the activity adviser use case they
target (3).
2.2.2 Clustering
Where classification assigns one of a pre-defined set of labels to a sample of data, clustering
attempts to group a set of data points via a pre-defined distance metric. There are
three aspects to clustering that are of relevance to the routine activity detection prob-
10lem: Using clustering to segment sensor data, using clustering to segment sequences and
clustering entire sequences. The first is an important step towards obtaining a discrete
context model, the second helps identifying atomic activities, and the third is a routine
activity extraction approach.
2.2.2.1 Context Data Clustering
Context data clustering is a useful first pre-treatment step to reduce the complexity
of the routine activity detection problem (1), by transforming the problem from one
on continuous data (and essentially a signal processing problem) into a problem over
discrete data (2,4). This has been used by Ashbrook and Starner [2002] to derive semantically
relevant places from a user’s spatio-temporal positioning data, which then
allows the construction of a state-based predictor on the transformed data. Their choice
of clustering algorithm was the k-means clustering algorithm. In their article they also
meet one of the limitations inherent to clustering algorithms: the results often have to
be manually verified, or selected from a number of different configurations (3,6).
2.2.2.2 Sequence Segmentation
Sequence clustering can be performed to segment long sequences of context data into
locally self-similar subsequences [Clarkson and Pentland, 1999, Himberg et al., 2001].
This can be used as a semi-automatic pre-treatment step to address (1,2,6,7) in routine
activity detection approaches, at some potential disadvantage to (4,5). In general, sequence
clustering with a simple Euclidean distance does not produce meaningful results
[Keogh et al., 2003], requiring the choice of a meaningful metric, before implementation.
2.2.2.3 Sequence Clustering
Clustering can also be used to group subsequences by inter-similarity and thus identify
patterns. This has been shown by Laasonen [2005] to be a potential avenue of establishing
a routine based user model and subsequently recognising and predicting a mobile user’s
routes. This works by classifying some of the locations visited by a user as bases, which
are locations where a user rests, and others as transient points. In this case, a place
corresponds to the currently connected network cell. An edit distance and item similarity
measure serves as basis for the clustering model. Katsaros et al. [2003] have shown a
similar sequence clustering solution to predict locations, but without the distinction of
location classes. The distance measure for the hierarchical clustering which they employ,
is a weighted edit distance. This can have good performance with regard to (4,5) at some
11cost to (6). As a statistical approach, there is also a limitation with regard to (1), in
that a certain minimal amount of data is required to obtain clusters with acceptable
confidence values.
2.2.3 Probabilistic State Machines
In the third type of approach, we look at different kinds of probabilistic state machines,
which are relevant for user activity recognition and prediction.
A relevant example of using hidden Markov models [Baum et al., 1970] to find routine
in context is the work of Clarkson [2003], who studied video streams taken from two
worn cameras, with the goal of identifying context recurrences. They use an alignment
based approach, similar to dynamic time warping [Myers and Rabiner, 1981]. Ashbrook
and Starner [2002] use second order Markov models to predict next locations. This
required clustering of geolocation data into discrete locations, which where then studied
for transition probabilities.
In the work of Song et al. [2004], multiple predictors based on probabilistic state
machines (Markov models and LZ compression [Ziv and Lempel, 1978]) are evaluated
on a common dataset from the Dartmouth campus wireless network [Kotz and Essien,
2005]. A state machine approach requires a sequence segmentation to be viable (6).
This means that activities are identified either based on supervised activity recognition
or based on sequence segmentation. A common drawback to all approaches outlined in
this subsection, is that they are not truly suited to treating multiple data sources in
parallel (1,5).
2.2.4 Discussion
Within the frame of the routine activity detection problem, statistical approaches can be
divided into two categories of application: on the one hand there are data pre-treatment
approaches, that reduce the complexity of the actual routine extraction process, and on
the other hand there are statistical models that encode routine activity.
The former can be used at different levels of granularity, and comprise classification,
clustering and segmentation. A high abstraction approach – as often chosen in the
literature we presented – can simplify the routine activity detection problem to the
point where it is merely the extraction of frequent state transitions. While in theory
this is advantageous with regard to (1), (6) and (7), it invariably has drawbacks, when
applying criteria (2), (3) and (5). A low abstraction level has the inverse consequences.
Therefore, the choice of abstraction level has to be carefully weighed, when developing
12a discrete model.
The routine activity detection approaches – using sequence clustering or probabilistic
state machines – are relatively simple propositions (1) which depend heavily on accurate
preprocessing (2). The central weakness of these approaches – when used on rich
context data – is that they use a simple model derived from data that has been heavily
preprocessed and abstracted, which results in abstract routine models. These are easy
to interpret but hard to validate against the actual data.
Furthermore, there is a whole host of limitations to automatic context data abstraction
that essentially make this class of approaches not suitable for context data that has
multiple independent data sources. When working at a finely grained level, with less
abstraction, the models become harder to interpret, and lose their appealing simplicity.
This downside leads us to examine approaches that are more suited to this kind of data
representation: sequence mining algorithms.
2.3 Sequence Mining
Context data is inherently of sequential nature: for each aspect of context, one state
follows another and each activity is followed by another. Sequence mining is a subset of
data mining, which consists of approaches specifically targeted at sequential data.
The field of sequence mining offers a variety of algorithms designed to discover all
kinds of features in sequences of discrete elements. As laid out in the introduction, our
primary interest is pattern detection. There are two schools of thought, with regard to
this problem:
1. Sequential pattern mining (SPM) takes an itemset mining and association rule
learning approach to finding such patterns, by looking at the frequency of occurrence
of subsequences in a corpus.
2. String mining is an approach that has its roots in bioinformatics, and can be seen
as a generalisation of Hamming and Levenshtein distances. We are particularly
interested in alignment problems, where the goal is the identification of similar
sequences.
In the following two sections, we will present different approaches and applications of
sequential pattern mining and string mining. In the third subsection we will compare
the particular advantages and challenges of each class of approach, and evaluate them
against our set of criteria.
132.3.1 Itemset Mining and Sequential Pattern Mining
The aim of sequential pattern mining (SPM) is to find within a database of sequences
of itemsets (i.e. sets of discrete elements) a subset of interesting sequences. Within
the context of the routine activity detection problem, this criterion of interest is that
the sequences appear frequently. Sequences in this case are not limited to consecutive
elements, but are based on the notion “event Y occurs after event X, within an interval
window δ”. There are several ways to formulate the routine activity detection problem
in terms of an SPM problem, each suited to a specific group of algorithms from the field.
First, context could be abstracted to fit the “sequence of itemsets” paradigm. There
is a wealth of classic approaches that find potentially non-consecutive exact sequential
patterns. A first challenge in adapting the problem to this formulation lies in finding
a useful time-discretisation and temporal splitting interval. The former is achieved by
having each sensor value discretised into an item, and by grouping measurements during
a predefined time interval into itemsets. The latter requires study of how gravely nonconsecutive
patterns impact the results. By shortening the sequences, such patterns
become less of an issue, but other, larger patterns may disappear. Additionally, there is
the question of which level of support is desired as basis for the result.
An early review of examination of patterns in sequential data was performed by Laird
[1993]. At this stage, the focus of research was mainly on prediction, extrapolation and
modelling of time series.
In the same year, itemset mining was introduced by Agrawal et al. [1993]. This forms
the basis for all of the following SPM approaches, which is why we take a closer look at
the key approaches of the field. The following classification of the approaches is based
on the taxonomies proposed by Mabroukeh and Ezeife [2010] and Mooney and Roddick
[2013]. We assign the following classes to differentiate between approaches:
❼ Apriori-based (including variants for closed patterns or hierarchical data),
❼ Pattern-growth (including variants for closed patterns),
❼ Vertical data structures,
❼ Early-Pruning and
❼ Hybrid;
and then we also discuss variations of these which take into account hierarchical metadata,
specifically and exclusively mine closed or maximal frequent patterns, or mine multidi-
14mensional or approximate patterns. All algorithms and challenges identified in the field
of itemset mining can be transferred almost exactly to sequential pattern mining.
2.3.1.1 Itemset Mining
Itemset mining has as prerequisite the presence of a database which is partitioned according
to a primary criterion (e.g. a user ID or a calendar day). The goal is to find
subsets of data that occur multiple times among the sets of data points connected to
each instance of the criterion. An example relevant to the field of mobile and context
sensitive computing is a database consisting of entries that have been generated by
logging discretised context data of a user over time. Splitting the database to obtain
individual data per hour, and then searching for co-occurrences of certain context values
in these sets across different hours, shall determine which context states are frequently
encountered together in temporal proximity.
Once the frequency of appearance of such an item combination is above a certain
threshold, the set is considered to be significant. Furthermore, there is an interest in
maximising these sets: a single element that appears across multiple sets is of little
interest, whereas large sets carry more information. Once these sets are identified,
association rules can be created among them.
Association rules can be understood as a way to encode the conditional probability of
the presence of an element in an itemset, given a set of elements already present in that
set. For example, let there be three context states a, b and c(e.g. loud noise, bright light
and medium movement speed) that were recorded during one hour. Furthermore, let
the set (a, b, c) appear frequently (and maximally) in a database. Then, it is possible to
predict that if a and c are present in one set, that b might also be present in this set (e.g.
because all three are present when the user rides his motorcycle on a sunny day) based
on the support of the set (a, b, c) (i.e. how often the elements appear together, relative
to the overall number of sets created by splitting the database along the key criterion).
In terms of context prediction, this means that it is possible to predict context event b
as a function of the presence of context events a and c. Clearly, this is limited in scope
with regard to the routine activity detection problem, but the close link to sequential
pattern mining makes it deserving of a study, to introduce the concepts used further on.
Apriori-Based Algorithms The itemset mining problem has first been approached
by means of the Apriori-class of algorithms [Agrawal and Srikant, 1994, Mannila et al.,
1994]. The key property on which the Apriori-class algorithms are built is the downward
closure: the fact that each frequent itemset consists of sub-itemsets that are all frequent,
15and inversely, extending a non-frequent itemset by any item results in another infrequent
itemset. This can be exploited to first find frequent elements, and then iteratively extend
these candidates to sets, element by element, until the support frequency-threshold is
no longer attained. Han et al. [2007] offer an extensive list of further improvements to
this approach, with regard to distributed and parallel approaches, as well as general
efficiency improvements. The key limitation to this approach lies in the high number of
database scans – one for each growth operation – that are necessary to determine the
support value for each of the valid candidates that have been generated. Compared to
the naive approach, the Apriori property enables the rejection of all subsets which are an
extension of subsets that by themselves do not have sufficient support in the database.
Pattern-Growth Algorithms Another class of approaches avoids the expensive candidate
generation aspect of the Aprior-type algorithms. FP-growth is one such algorithm,
introduced by Han et al. [2000b]. This approach uses a divide-and-conquer technique.
First, the database is transformed into a list of frequent ordered according to of descending
support, and by key-criterion. From this list, a tree is constructed: a node is created
for each frequent element, and they are arranged in the tree by their direct prefix item.
If an element with an existing identical prefix is found, it is merged into the existing
node and the frequency counter of that node is incremented.
From every node in this tree, it is then possible to identify frequent itemsets, by
following a path of nodes toward the root, from each leaf corresponding to an item. Each
such leaf defines a specific sub-itemset. The support of the itemsets are represented by
the support of each leaf. A similar tree-based algorithm has been presented by Agarwal
et al. [2001].
Vertical Data Structure Algorithms A third way to approach the problem of
frequent itemset mining, is to take an orthogonal view at the database [Zaki, 2000]:
Instead of assigning to each key criterion a set of items, assign to each item a set of
elements from the key criterion. In an example, this would mean that instead of having
a set of activities (items) assigned to each day (criterion), to instead assign to each
activity the list of days where they occurred. Using this representation, the Apriori
property can still be used to generate set extension candidates. Support for a candidate
is determined by intersecting the sets that are created by the inversion of the database
table. A key advantage is that determining support is as easy as counting the number
of elements that are assigned to an item.
What is notable about this approach, is that the corresponding sequential pattern
16mining algorithm SPADE [Zaki, 1998] was developed before this idea was ported to
itemset mining.
Concept Hierarchy-Aware Algorithms An important extension to itemset mining
is the acknowledgement that items may be related, and that at times it is useful to mine
sets not only of items, but of classes of items. By using concept hierarchies, these
classes can be established and (hierarchically) interrelated. One approach to mining
such itemsets is a top-down specialisation approach, where first top-level general sets
are mined, and then their specialisations are examined for sufficient frequency/support.
This is possible if the minimal support threshold is constant across all abstraction levels
of the concept hierarchy [Han and Fu, 1995, Srikant and Agrawal, 1995]. Han et al.
[2006] present a variation of this approach to problems where minimal support varies by
level.
Closed and Maximal Frequent Patterns Two further important concepts that
restrict the scope of the problem to obtain more expressive results are the concepts of
closed frequent patterns and maximal frequent patterns.
The former are patterns for which no pattern exists that encompasses it, where both
have the same support. This eliminates from the results the most trivial subsets of
frequent patterns, without reducing the overall information contained in the results
compared to mining all frequent patterns. Any two patterns with different support
remain separate.
Maximal frequent patterns on the other hand restrict this even further: all frequent
itemsets that are subsets of another pattern that is frequent, are discarded. This means
that the frequency information for these sub-patterns is lost. There exist Apriori-type
algorithms optimised for closed itemsets (e.g. A-Close by Pasquier et al. [1999]) as well
as FP-based algorithms (e.g. FPClose by Grahne and Zhu [2003]). Yang [2004] showed
that enumerating maximal patterns is an NP-hard problem.
2.3.1.2 Sequential Pattern Mining
Sequential pattern mining, when compared to itemset mining, adds the additional dimension
of (temporal) order to the problem. Itemset mining examines merely the co-presence
of items with respect to the key criterion, whereas sequential pattern mining respects
the order of appearance of the itemsets in the data.
A naive approach to pattern mining is to count the number of instances of every
imaginable subsequence of a database (database being used synonymous with databank,
17i.e. restricted to the physical storage of data). A subsequence in the context of sequence
mining consists of itemsets, therefore the presence of multiple items in such an itemset
produces ever more possible subsequences to test against the database. Therefore, much
as for itemset mining, the goal remains to reduce the number of subsequences to test
and the complexity of counting support.
Sequential pattern mining has relatively frequently been the subject of extensive surveys.
Zhao and Bhowmick [2003] present some of the earlier developments in the field,
Mabroukeh and Ezeife [2010] have established a taxonomy and cross-comparison of the
key approaches to sequential pattern mining and more recently Mooney and Roddick
[2013] have proposed a slightly differing classification and comparison on the same subject.
Han et al. [2007] present a survey of approaches to the more general frequent pattern
mining problem. All four surveys discuss in more detail what has been introduced here.
The following are the main approaches to sequential pattern mining, for the most part
mirroring the concepts used in itemset mining:
Apriori-Based Algorithms On the base of the Apriori property, Agrawal and Srikant
[1995] developed an Apriori-type SPM-algorithm, which has then been extended into the
“Generalized Sequential Patterns” (GSP) algorithm in Srikant and Agrawal [1996]. This
approach uses a similar minimal starting point, and then iterative growth of candidates,
but with a fixed and predefined order for the sequential aspect.
An approach that integrates ideas from other algorithms is SPAM by Ayres et al.
[2002]. SPAM generates a lexicographic tree and descends along the nodes in depth-first
order. The Apriori property determines that any children of a node that does not have
minimum support can be discarded from the search. Support is determined by counting
incidences in a vertical data structure, which consists of a binary bit map of the sequence,
upon which a binary and operation is executed.
Pattern-Growth Algorithms The divide and conquer approach has also been applied
to sequence mining in the PrefixSpan algorithm [Pei et al., 2001, 2004]. PrefixSpan
first determines the set of frequent patterns of length one, and then extends the patterns
by determining possible prefixes from within this set, in a similar approach to FP-growth.
To do this efficiently, the database is transformed into a more suitable representation.
In the case of PrefixSpan, this is a projected database, as introduced in FreeSpan [Han
et al., 2000a]. The projection mechanism for sequences and subsequences functions as
follows: A sequence S
0
is a projection of its supersequence S with respect to a prefix P
if there exists no other supersequence of S
0
that is also a subsequence of S which shares
18the prefix P. This means that the extension of S
0
to S is done purely by extending the
prefix P.
The database is rearranged according to the prefixes (which are the frequent items in
the first step), where each prefix is assigned all occurrences of its postfixes by projection.
By matching all postfixes with possible extensions of the prefix – to find frequent patterns
– it is possible to determine a new set of prefixes upon which to project the database.
A new scan if the database is not necessary, as the relevant sequences to project are
already assigned to the prefix used in the previous step. This makes PrefixSpan fast,
but the construction of the projected database becomes a major influence on the overall
complexity of the algorithm.
Another Pattern-Growth approach uses tree projection instead of database projection.
One representative from this group is WAP-mine Pei et al. [2000]. Similarly to the
database projection approach, there are very few scans of the database - in this case
two. The first determines the frequent items, the second builds the tree of frequent
subsequences related to these items. The initial tree consists of an empty root, to which
the frequent elements are added as nodes. The first element to be added is the first
frequent item of the first sequence in the database. The second frequent item is added
as a child. This is followed through for all frequent elements in their order of appearance
in the first sequence. The same is done for the other sequences, but whenever an element
is already present in the correct order in the tree, the existing element is used instead.
In parallel, a header link table is established. It links each occurrence of an itemset to
the next occurrences of the same itemset within the tree, beginning with the first.
To mine this tree, the least frequent item in the tree is chosen, and set as a conditional
suffix. Based on this suffix, an intermediate tree is constructed, which consists of those
branches that end (whether on a leaf or a node) on this suffix. These are identified by
following the header links previously established. The new conditional tree therefore
consists of the old tree, minus all the nodes header-linked to the corresponding suffix,
and minus the branches that do not contain the suffix at all. For the next step, the
suffix is grown by the least frequent item of the new tree, and the process repeated,
until only a suffix and the root node are left. Each suffix generated this way is a frequent
sequential pattern. This process is demonstrated in Fig. 2.3.1, with the sequences
abdac, eaebcac, babf aec and af bacfc, using the example from Pei et al. [2000].
Hybrid Algorithms SPADE [Zaki, 2001] can be considered as a hybrid approach,
combining Apriori-based and Pattern-Growth characteristics. It uses an orthogonal view
approach to itemset mining for sequential pattern mining. Similarly to Apriori-based
19Figure 2.3.1.: A WAP-tree and conditional WAP-trees for two subsequences c and ac
(Source: Pei et al. [2000])
approaches, this approach generates a large amount of candidate sequences that are
then reduced by growing the length of the sequences progressively. SPADE transforms
a database into a set of key-value pairs, where a list of pairs of sequences (in which it
appears) and partition IDs of the key distinction criterion (e.g. a day) is assigned to
each itemset (element of a sequence). The algorithm consists of three steps: first, the
frequent sequences of length one are identified, then these sequences are extended to
frequent sequences of length two. These are arranged in a lattice1
structure, which is
traversed in the third step, to count support and enumerate frequent sequences. This
lattice structure can grow very large, as it defines an order across all frequent patterns.
The authors propose to partition the lattice into smaller subsets, that are sufficiently self
contained to be given the term equivalence classes. The strength of SPADE is mining
maximal sequences, as when mining all frequent sequential patterns the performance is
no better than GSP [Mabroukeh and Ezeife, 2010].
Early-Pruning Techniques This class of approaches exploits the sequential nature
of the data, by tracking the positions of items that appear in the sequence. Specifically, if
the (absolute) last position of an item is smaller than the position of the current sequence
under consideration, then that item cannot occur behind this current sequence [Yang
and Kitsuregawa, 2005]. LAPIN [Yang et al., 2007] maintains both a list of the last
positions of frequent items, as well as a set of prefix border positions for each frequent
item to achieve this. The former is a straight forward table, assigning each sequence a
1A lattice is a specific way to represent a (partially) ordered set, with operations defined to determine
infima and suprema for pairs of set elements. See Davey and Priestley [2002] for a complete
introduction.
20list of indices corresponding to items that are frequent over all the database; the latter is
generated from this list, and consists of all occurrences that have last appearances after
the first instance of the item they are related to. By counting the elements in the second
set – and determining whether they have sufficient support – it is possible to find the
frequent patterns without searching the database.
Notable about this approach is that the data structure used is relatively static and
has to be regenerated whenever new entries are added to the database. This makes
determining the update frequency an engineering challenge when used in conjunction
with high frequency data sources.
Closed Sequential Pattern Mining These basic approaches return all frequent patterns,
particularly including all single elements that are frequent. In most applications
this is undesirable, hence closed sequential pattern mining algorithms such as CloSpan
[Yan et al., 2003] and BIDE [Wang and Han, 2004] have been developed. CloSpan exploits
the property that when projecting a database of sequences with respect to two
sequence prefixes, where one prefix is a subsequence of the other, the resulting two projected
databases are equivalent if and only if the number of items of each of the projected
databases is equal. This allows CloSpan to determine whether extending a sequence by
an additional item creates an equivalent sequence or a sequence with different support.
This permits the algorithm to distinguish between redundant candidate sequences and
those that form a separate result. BIDE is an extension to this approach, that uses
projections in two directions to remove non-closed frequent patterns.
This covers the most basic approaches to sequential pattern mining. With regard to
the routine activity mining problem, there are two further characteristics of interest:
multi-dimensional approaches and approximate approaches.
Multi-dimensional Sequential Pattern Mining The previously presented notion
of “sequence” covers sequences of itemsets, which could comprise the information from
multiple context data streams in parallel. Adding a clear notion of orthogonality between
the different types of data allows for a more discerning treatment. By assigning each
context data source its own dimension, there is no interaction between different states
of different sensors.
The first “multi-dimensional” sequential pattern mining approach by Pinto et al. [2001]
was so only with regard to allowing multiple key criteria according to which support is
calculated. This allowed a multi-dimensional notion of support, but the actual itemsets
where still restrained to consist of elements of a single dimension. This work has
21been extended with an optimisation for closed multidimensional patterns in the work of
Songram et al. [2006] and Boonjing and Songram [2007].
Plantevit et al. [2010] undertook the next logical effort, to treat sequences of multidimensional,
multi-level data. They develop the bottom-up approach described by Beyer
and Ramakrishnan [1999] to mine maximally atomic frequent sequences, which are sequences
consisting of a single (hence atomic) multi-dimensional item. This item must
be the most specific – with regard to the concept hierarchy model – item that is still
frequent in the database. From this point, the sequences of length one are built up to
longer sequences using the SPADE algorithm [Zaki, 2001].
Approximate Sequential Pattern Mining The realisation that exact pattern mining
is too restrictive for real world problems has been reached by Wang et al. [2000]. The
first approach to mining long sequential patterns from noisy data by Yang et al. [2002]
uses a probabilistic model to account for the noise: a compatibility matrix consisting of
the conditional probabilities, that x is the real value, given that y has been observed,
gives a notion of relative proximity of values, with regard to the measurement (or data
generation) process. The notion of support is adapted to become noise-tolerant. The
actual significance criterion under noisy influences on the data is termed match, and is
defined as the maximum conditional probability of an occurrence of a pattern, given
any one subsequence of a sequence, averaged across the database. A slightly modified
Apriori-property holds for the match measure as it does for support, if subpatterns are
defined as a pattern that lacks some symbols present in the respective superpattern.
Although theoretically it is possible to use classical algorithm with this model, the
large number of candidates and database scans generated using Apriori-/support-based
approaches makes them impractical. Instead, the authors propose a statistical filtering
approach to reduce the number of passes, which is based on two criteria: First the additive
Chernoff bound [Hoeffding, 1963, Domingos and Hulten, 2000] is used to estimate
the size of a pattern (i.e. the points beyond which extending a subsequence reduces its
match below the relevance threshold) based on the results of random sampling. This
divides the set of candidates into three (probable) classes: frequent, infrequent and ambiguous
patterns. The second optimisation deals with the ambiguous patterns – which
require further attention – to determine the frequent and infrequent patterns contained
within. The specific approach refines the borders (left and right limits of the end of the
ambiguously frequent subsequence) obtained during the random sampling approach by
collapsing them down to the actual borders. This is done using a hierarchical division
of the two estimated borders, which takes at worst O(log(n)) steps to find the correct
22border, where a classic linear algorithm would take n steps. Overall performance of the
approach depends very much on the data and the number of ambiguous patterns that
cannot be identified during the first probabilistic step.
ApproxMAP [Kum et al., 2003] – another approximate method – borrows some notions
from string mining. This algorithm mines consensus patterns (i.e. short patterns that
appear in similar fashion across many of the examined sequences) through multiple
pattern alignment. It uses a hierarchical edit distance as a similarity measure for pairs
of sequences, and thus determines clusters of similar sequences. In a second step, a
representative for each cluster is selected. A consensus pattern is determined to be
present whenever a sufficient number of sequences in the cluster share this representative
to achieve a strength threshold – a notion similar to “minimum support”.
Applications in Context Pattern Mining The main application to context data
mining is the field of trajectory mining and more generally spatio-temporal data mining.
Due to the limited scope of this problem, compared to the routine activity detection
problem, we only briefly introduce a few key approaches.
Rashad et al. [2007b] developed a multi-dimensional PrefixSpan [Pei et al., 2001]
specialisation called MobilePrefixSpan (based on the work of Pinto et al. [2001]), to
mine movement patterns of mobile users. Their database consists of entries, describing
which user was present in which mobile phone network cell, at which time. Using the
generated movement profiles, they try to predict future positions of users, with the goal
of providing better resource management in the wireless network itself. Compared to
the original PrefixSpan, they restrict sequences to consecutive sequences, as they argue
that the exact order in which cells are visited is more important than the more global
trends that traditional sequence mining detects.
Giannotti et al. [2007] also perform pattern mining on GSM or GPS location data.
They extend the basic SPM model with annotations indicating the typical transition
times between elements (see also the previous work of Yoshida et al. [2000]) and replace
itemsets by spatial points. The calculation of support is not done by exact matching, but
instead by an error tolerant neighbourhood function. One of the key problems of this
approach, is that of determining Regions-of-Interest – i.e. semantically similar regions,
to determine the neighbourhood function – for which they provide a seed-and-growth
approach, using popular spatial points as starting points. The actual mining algorithm
is introduced in Giannotti et al. [2006] and uses prefix projection (like PrefixSpan [Pei
et al., 2001]), but modified to accept time-stamped sequences.
Further work in this field can be found in the works of Kang and Yong [2010], Lei and
23Wong [2009], Nanni et al. [2010], Zhao et al. [2013], Zheng et al. [2011].
2.3.1.3 Discussion
SPM, at first glance, presents a suitable approach to the routine activity detection problem.
The blocking metaphor (selecting sequences from a database by a key criterion)
works well with the notion of days and weeks structuring human activity. The performance
is compatible with the volumetry of context data (1). Although actual algorithmic
complexity largely depends on the data, the sample data presented usually scales up to
hundreds of thousands of itemsets in the sequences. The notion of closed patterns and
maximal patterns allow refining the result to those patterns that should be the most
interesting.
The traditional SPM is limited, in that it can only identify exact patterns. Semantic
hierarchical models can help with this (3,6). In this case, similar sensor values are
grouped under a more general label, to allow for more general patterns to be mined.
Additionally, approximative approaches exist, that are able to find patters in noisy
data, or use string mining approaches to identify similar sequences, thus addressing
criterion (4).
Although these hierarchical approaches are more realistically employed to solve the
routine activity detection problem, there still persists one problem. Treating each sensor
merely as one source of items that are all fundamentally equivalent, in that in theory
each item can be replaced by any other, leads to a large number of comparisons that
can be prevented, if from the start the data is considered multidimensional. Plantevit
et al. [2010]’s multilevel and multi-dimensional approach is capable of eliminating these
ambiguities, which should in theory allow an optimized treatment of such truly parallel
data. On the other hand, this approach is limited to exact matches, which puts higher
demands on the preprocessing of the context data. As with the other approaches, the
non-consecutive sequences that do not make sense need to be removed from the results.
Lastly, tuples (i.e. multi-dimensional datasets) are treated as a unit, so desynchronised
context data would prove problematic (5).
A notable drawback then, across almost all SPM algorithms – when dealing with
context data – is that in the classical retail shopping scenario, items are numerous and
sequences are short, but for the context scenario, sequences are long, and “items” are
relatively few. This is the foremost limitation, as non-consecutive patterns can appear by
coincidence much more easily in these conditions, without actually indicating a recurring
activity. The consecutive approach by Rashad et al. [2007b] provides a solution to this,
but inversely the increased requirement for exactness (as now erroneous values are not
24skipped) requires more intense preprocessing, which renders an adoption problematic.
The time-interval supporting approaches by Yoshida et al. [2000] and Giannotti et al.
[2006] allow to quantify these intervals between items and use them to determine patterns
that take these intervals into account.
Compared to SPM, string mining addresses approximate approaches much more comprehensively,
and with less inherent complexity.
2.3.2 String Mining
Strings are finite length character sequences. By assigning to each state of a context or
sensor a specific character, it is possible to represent context data sequences with strings.
String mining, as a discipline, is closely linked to bioinformatics and computational
biology. With the discovery of the structure of DNA, RNA and protein structure, and
the ability to obtain base pair sequences and amino acid sequences from cells, the search
for meaning in these sequences became a major research topic. This so-called “biological
revolution” has motivated a large parallel effort in the development of effective and
efficient sequence analysis (i.e. string mining) algorithms.
In their survey of string mining in bioinformatics, Abouelhoda and Ghanem [2010]
provide a taxonomy of the field, discerning principally between repeat-related problems
and string comparison problems.
Repeat-related problems try to find repeated or otherwise interesting subsequences
within larger sequences, whereas string comparison problems are based on comparisons
between two separate strings, and often inspired by a need to determine a similarity
metric. Each of these two categories is explored in the following, with a closer look at
approaches that are of relevance to our routine activity detection problem.
2.3.2.1 Repeat-Related Problem
Repeat-related problems can be divided into the following subclasses (c.f. Fig. 2.3.2):
Dispersed Repeats i.e. finding repeats through a sequence. These repeats can be either
approximate or exact, with fixed or variable length.
Tandem Repeats i.e. repeats that occur in an adjacent manner. These repeats can also
be either exact or approximate in nature.
Unique Subsequences i.e subsequences that do not have repeats and appear only once
in a sequence.
25Absent Words i.e. subsequences that do not exist at all in the original sequence. Only
the shortest absent words are of interest, as generally there is an infinite number
of subsequences not contained within a sequence.
With regard to the class of repeat-related problems, our task falls within the scope
of a dispersed longest repeat problem: Find a pair of sub-strings that match, where
neither the pairs of preceding elements nor the pairs of succeeding elements match.
Alternatively, if a sufficiently powerful classifier were to exist, which could consistently
assign a correct activity label to a set of sensor readings, the routine activity detection
task could be expressed as an exact repeat problem; otherwise it would be a more
general approximate repeat problem. The approximate repeat problem is solved by
a local alignment algorithm in O(n
2
) [Smith and Waterman, 1981], which technically
belongs to the class of comparison problems, and is described in the corresponding –
next – subsection.
A naive, brute-force approach to finding (longest) pairs of exact repeats would be to
create a scatter plot, and scan along its diagonals for series of matches. Given n lines of
input, this type of approach would use O(n
2
) time and O(n) space.
a b c c a d c d a c a b d b c c c b a d a a c a c d d c b b b b c c d b b a c
a b c c a d c d a c a b d b c c c b a d a a c a c d d c b b b b c c d b b a c
a b c c a d c d a c a b d b c c c b a d a a c a c d d c b b b b c c d b b a c
a b c c a d c d a c a b d b c c c b a d a a c a c d d c b b b b c c d b b a c
{aaa,aab,aad,aba,abb,acb,acc,adb,add,baa,bab,bba,bbd,bca,bcb,bcd,
bda,bdc,bdd,caa,cbc,cbd,cdc,dab,dad,dba, dbd,dca,dcc}
dispersed exact repeats of size 3
tandem exact repeats of size 2
unique subsequences of size 2
absent words of size 3:
a b c c a d c d a c a b d b c c c b a d a a c a c d d c b b b b c c d b b a c
dispersed approximate repeats of size ~5
a b c c a d c d a c a b d b c c c b a d a a c a c d d c b b b b c c d b b a c
tandem approximate repeats of size ~3
Figure 2.3.2.: Examples of different types of repeat-related features in a string.
26Suffix Tree Approach A suffix tree [McCreight, 1976] based approach appears more
suited for large volumes of data. Baker [1992] proposes an exact matching algorithm
using the suffix tree structure, that finds pairs of maximal repeats in a sequence of length
n and m repeats in O(n + m) time. It follows a description of this approach and an
illustration on the example input string abcbcabc% (% is the string termination symbol).
The algorithm consists of four steps:
1. A suffix tree is generated, as follows:
a) An empty tree is generated (as in Fig. 2.3.3-0);
b) A leaf containing the entire string (appended with a termination symbol “%”)
is created (as in Fig. 2.3.3-1);
c) A new leaf containing the first suffix (comprising all but the first element) is
created (as in Fig. 2.3.3-2 to -6, and Fig. 2.3.4 for the final three leaves);
d) If the head (i.e. the first elements of this suffix) is present in an existing leaf,
a new node representing this head is created, and two leaves representing each
of the possible suffixes to this head are added to it (e.g. in Fig. 2.3.3-4 for
bc, when the suffix bcabc% is added to the tree which already contains a leaf
bcbcabc%);
e) Repeat (c) and (d) with the first suffix of the remaining string (as in Fig. 2.3.3-
3 to -6 and Fig. 2.3.4 for the final three leaves, 7, 8 and 9). Each newly added
leaf representing a new suffix is assigned the index of its first element in the
original string.
2. In the suffix tree, identify head nodes (circular nodes in Fig. 2.3.4) which satisfy a
minimum length condition (≥ 2 for this example). They correspond to repeating
sub-strings, with differing right elements (as otherwise the head node would already
comprise this right element). The left element may still be identical. In the example
these are the nodes bc and abc.
3. Build a list of suffixes, grouped by left elements: For each possible element to
the left of the node “head” element, a list is created. Each leaf is added to the
corresponding list. In the example, this is shown for node bc in Fig. 2.3.4, with
the left elements a (in the case ∗abc∗, leaves 2 and 7) and c (in the case ∗cbc∗, leaf
4). The leaves are emphasised by being enclosed within the dashed ellipses, and
labelled with the prefixes.
27root
0
root
abcbcabc%
1
root
abcbcabc%
2
bcbcabc%
root
abcbcabc%
bcbcabc%
cbcabc%
3
root
cbcabc%
4
root
5
abcbcabc%
c bc bc
root
6
c
bc
% abc
Figure 2.3.3.: Construction of a suffix tree from abcbcabc%. The numbers indicate both
the order and the index of the current suffix being added. New leaves and
nodes at each step are shaded.
4. Form the cross-product of each distinct pair of lists for all nodes. In the example
this is the cross-product of the lists (2, 7) × (4) = (2, 4),(7, 4) for the node bc,
meaning that bc is the longest repeat for the instances of bc in the fourth position
in the string, with the instances in the second and seventh position.
The pair of leaves 2 and 7 of the node bc in the example are not longest matches, as the
preceding character is an a each time. Therefore the actual longest match is to be found
elsewhere: in the node abc and the pair of leaves 1 and 6.
Applications to User Modelling Within the context of routine activity detection,
this approach has been used by Pitkow and Pirolli [1999] to mine users’ web access logs,
with the goal of predicting websites that a user will visit in the near future. After extraction
of the longest matching subsequences, these subsequences are split, and Markov
models (of different orders) are used to obtain transition probabilities. The key use of
the longest repeat problem in this case was to optimize performance over a previous
approach, by limiting the generation of Markov models to the data contained within
longest matching subsequences, while maintaining similar prediction performance.
Similarly, Pauchet et al. [2009] use suffix-tree based repeat-mining to identify recurring
28root
7 + 8 + 9
%
c
bc
%(7)
%(8)
abc
%(9)
1 6
2
4
7
8 5
9
3
example for node bc:
2
7
x 4
bc in position 4 has
longest match with bc
in positions 2 and 7
left prefix leaves
a 2,7
c 4
prefix a
prefix c
Figure 2.3.4.: Identification of longest repeats using Baker’s algorithm in the complete
suffix tree from Fig. 2.3.3. Steps 7, 8 and 9 of the tree construction are
performed, adding the three shaded leaves. The order in which the leaves
are added is given by the nodes and indicated by the superscripts of the
vertex labels.
behaviour of users of medical catalogues. This information is then used to present
a subset of works from the catalogue to the user, which contains elements which are
expected to be part of the desired search result.
In the field of pervasive and mobile computing, Katsaros and Manolopoulos [2005]
propose an approach to – for example – track the location of a client in a wireless
cellular network. They describe a prediction task, and also use a suffix tree to find
longest exact matches, from which they construct a probabilistic model of transitions.
Sigg et al. [2010] use exact (or approximate) repeat search as the first stage of their
context prediction algorithm. This stage is used to determine “typical” contexts. Suffixes
of the observed context are then aligned with these typical contexts, to find the best
match. They then predict the next context to be the continuation of the identified
typical context.
2.3.2.2 String Comparison Problem
String comparison problems can be categorized as follows:
global i.e. compare entire strings;
29semi-global i.e. search problems – finding short strings within a larger one;
local i.e. problems on sets of sub-strings. Local problems can further be subdivided
into problems with variable length and fixed length of these sub-strings.
Furthermore, each of these problems has exact and approximate variations.
When approaching the task of identifying routine activities from context data as a comparison
problem, then this problem should be interpreted as local comparison problem,
either of exact or approximate nature, and of variable length. Additionally, a dispersed
approximate repeat problem can be reformulated in terms of an equivalent comparison
problem: comparing pairs of subsequences of the sequence in which approximate repeats
are sought.
Exact Matching Local exact matches (i.e. identical sub-strings within two larger
strings) can be found in a brute force way: Pair all sub-strings of one string of length
n and the other, and check for identity. Due to the identical length requirement, this
implies O(n
3
) string comparisons. Search space reduction to strings of length l further
reduces this to O(n
2
l).
To render the problem more tractable, it is possible to limit the search to maximal
exact matches. In this case, Baker’s suffix tree algorithm for finding maximal repeats
(see subsubsection 2.3.2.1) can be modified to find maximal exact matches instead.
The modifications are the following: The lists of positions (shown in the right part of
Fig. 2.3.4) are split into two subsets, one containing those suffixes belonging to the first
of the input strings, the other containing those that belong to the second input string.
The result is then obtained by forming the Cartesian product of each pair of lists, where
both the input string and the left element are distinct. This minimal modification has
no effect on algorithmic time and space complexity.
A complete survey of a large number of both recent and early approaches to exact
on-line string matching (i.e. finding a known pattern in a string) can be found in a
review of the field by Faro and Lecroq [2013]. Each of the algorithms in the survey
has been tested against a battery of synthetic and real world data, and characterised
in how well it suits two problem characteristics, pattern size and alphabet size. We
voluntarily omit detailed study of these approaches, as expressing the routine activity
detection problem as a search problem is highly inefficient, due to the combinatorial
scale of the possible, unknown, patterns. The identification problem (“Is the current
context a known context?”), which these algorithms address, is much less complex than
the routine mining problem, and even a worst case O(n) algorithm [Knuth et al., 1977]
30has little impact on the overall performance.
Applications to User Modelling One application of this algorithm in the field of
context data, is the SHIP algorithm by Cook et al. [2003], which uses exact matching to
determine frequencies of following activities, with the goal of predicting future context
from recognising frequent sequences. This approach can also be classified as a sequential
pattern mining approach, given the fact that the exact matching is used to extract a
frequency measure for a part of a sequence. The approach requires permanent access to
a history of past activities, in order to perform a matching of the current subsequence
with historic data. SHIP is one of multiple algorithms of the MavHome smart home
architecture. This is an agent-based multilayer architecture, which uses a predefined
set of concepts to transform physical sensor data (“lowest” layer) into abstract, discrete
context data, before it is treated by the learning and decision-making modules (“highest”
layer).
String matching algorithms have also been adapted to two- or multidimensional data.
This is possible through an extension of the string-matching paradigm to “wider” data
structures (i.e. where each string element itself is a string of length greater than one)
which has been proposed by Baker [1978]. The problem is reduced back to a string
matching problem, which allows the use of efficient, well known algorithms. First rows
from the search pattern are matched with rows from the subject array, then a table of
matches annotated with a row ID is created. In this table, the row IDs are matched
with the order of row IDs in the pattern array, column-wise. Therefore, the algorithm
effectively represents the problem as the concatenation of two string matching problems.
A similar approach is taken by Zhu and Takaoka [1989]. They use the hashing pattern
matching approach of Karp and Rabin [1987] on the columns of the input data to first
reduce the array problem to a string problem, and then use the algorithm of Knuth et al.
[1977] row by row to find the array patterns.
To the best of our knowledge, these approaches have not been used within the field of
context data mining or applied to related fields, but could be considered as candidates,
given a suitable framework.
The k-Error Problem The k-error problem (explored in depth in the work of Navarro
[2001]) is a quite specific approximate string comparison problem, where the goal is to
match a pattern to a string, without incurring more than a fixed number of modifications,
and the more general alignment problem, in either global or local flavour. A global
alignment of two strings is the ideal ordered set of operations to transform one string to
31another, whereas local alignments are based on the same principle, but look instead to
find maximally similar sub-strings within the pair of input strings.
The k-error problem is too limited in scope, to be of use in the simple string case, as it
is restricted to a search functionality, and the constraints of the fixed number of changes
make no sense when dealing with context data. Nonetheless, further on we cover some
variants of this approach, that generalize it to two dimensions, where the reasonable
complexity of the solutions has some more interest. The class of alignment problems on
the other hand is more flexible, and thus more interesting of analysis, and can also be
used to solve the k-error problem.
Global Alignment The first foray into the field was led by two biologists, Needleman
and Wunsch [1970]. They propose a method to find the largest similar subsequence
of a pair of amino acid sequences. More specifically, their algorithm finds similar subsequences
of maximum length. Their original algorithm – which has largely been surpassed
by a dynamic programming version – is illustrated for an example in Fig. 2.3.5.
Two input strings are orthogonally arranged, so that a table can be spanned between
them. In this version, every match of two symbols is given a score (1) in a table – as
shown in the left table in Fig. 2.3.5. This value is added to the largest value in the
top left sub-table – the empty table is assumed to contain the score 0 – this process
is detailed in the right table of Fig. 2.3.5 . Following the increases in score across the
table, gives the operations required to perform an alignment (denoted by arrows in the
example).
Non-deterministic configurations can be encountered, for example when one string
contains a sub-string in inverse order as the other string (e.g. abcd and acbd). In that
case, the following value can be based on either of the two previous rows of the table.
This is because the incremented value for the b-b-match is not in the sub-table from
which the maximum is chosen when examining the c-c-match. This leads to two equal
values, one in each row of the table, and a common value in the following table. Because
the top-most of the equal values is to the right of the lower-most, it is not possible to
traverse both values, leading to the non-deterministic situation, where one of the two
equally valid paths (deletion of b or deletion of c) has to be chosen.
Dynamic Programming Algorithm The formalisation of the dynamic programming
algorithm for global sequence alignment [Sankoff, 1972], requires the definition
of a few terms. Let Σ be an alphabet of characters and let Σ∗ be the set of all possible
combinations of characters into sequences. Let ε be the empty word. Let a ∈ Σ
32A
C
G
T
C
G
A
C
G
A
1
0
0
0
0
0
1
0
0
C
0
2
1
1
2
1
1
2
1
T
0
1
2
3
2
2
2
2
2
C
0
2
2
2
4
3
3
4
3
A
1
1
2
2
3
4
5
4
4
C
0
2
2
2
4
4
4
6
5
G
0
1
3
2
3
5
4
5
7
A
C
G
T
C
G
A
C
G
A
1
1
C
1
1
1
T
1
C
1
1
1
A
1
1
C
1
1
1
G
1
1
1
Figure 2.3.5.: Original Needleman-Wunsch algorithm, as introduced by Needleman and Wunsch [1970]. The left table is filled
with incrementation markers (“1”) at each location where a pair of values match. In the right table, the values
for all the cells have been determined, and the alignment highlighted by arrows and bold values. The alignment
(arrows) starts at the maximum value and then follows the maximum values, upwards and to the left in the
table. The “skips” between values 5 and 4, and 3 and 2 are indicative of deletions in the row-string.
333 3
2
3 2
1
insertion
-1
-1 ±0
deletion
Figure 2.3.6.: Calculation of the local similarity using the dynamic programming approach.
The preceding values in the table are either incremented by the
substitution score, in the case of the diagonal predecessor, or decremented
by the indel penalty. The maximum value is carried over for all successive
operations.
and b ∈ Σ (a 6= b) be two such characters. For each pair of (a, b), define an elementwise
replacement edit distance or substitution distance sub(a, b) ∈ R where it holds
sub(a, a) 6= sub(a, b). In the original paper, the proposed values were 1 for a match and
0 for a mismatch. An alignment can comprise insertions and deletions (indels). These
operations are assigned a penalty value indel ∈ R (= −1 in the original paper).
The next step is the accumulation of these values in an array (“accumulated similarity
score table”) spanned by the two input sequences. Row by row, the array is filled. Each
cell in the array is calculated as the maximum of the sum of values in the directly adjacent
cells with already determined values and the indel penalty, and the sum of the value in the
diagonally adjacent cell with already determined value and the appropriate substitution
score for the position of the cell (cf. Fig. 2.3.6 ). Formally: For two sequences S1 and
S2 with last elements a and b respectively, the similarity score sim(S1, S2) is recursively
defined as:
sim(S1, S2) := max
sim(S
−1
1
, S−1
2
) + sub(a, b)
sim(S
−1
1
, S2) + indel
sim(S1, S−1
2
) + indel
(2.3.1)
34where S
−1
is the prefix of length |S| − 1 of a sequence S. The initial condition is
sim(S, ε) = sim(ε, S) = 0. Once the array has been completely populated, the maximum
value in the last row or column is selected as origin. From this point, a trace
of maximum values in the array is followed in the opposite direction of its generation.
The direction taken at each step corresponds to an alignment operation. A diagonal
movement corresponds to a substitution, whereas a movement into a directly adjacent
cell corresponds to an indel. The sequence of operations that is returned this way is the
sequence of operations required to align one of the input strings with the other.
Using a dynamic programming approach, the algorithm can be implemented within
the constraints of O(n
2
) time and space. When comparing k sequences (of average length
n), the complexity is of the order of O(n
k
).
Optimal Global Alignment Hirschberg [1975] proposes a linear space algorithm,
which computes only the optimal score, and returns only the optimal sequence of alignment
operations. This is achieved through a divide and conquer approach. Let S
i be
the suffix consisting of the last i elements of a sequence S and S
−i be the corresponding
prefix.
Given sequences S1, S2 ∈ Σ
∗
, with |S1| = n and |S2| = m, it holds:
∀0≤i≤n : M(i) := max
0≤j≤m
{sim(S
−i
1
, S−j)
2
) + sim(S
i
1
, Sj
2
)} → M(i) = sim(S1, S2)
This means that, for each position i in S1, there exists a position j in S2 such that the sum
of similarity values of the pair of prefixes and the pair for suffixes from these positions is
equal to the similarity value of the pair of sequences. Splitting S1 approximately in half
(at index i) therefore implies an optimal split of S2 at the j where the minimum M(i) is
calculated. Repeat this process on the pairs of first and second subsequences generated
by the split until only a trivial problem (such as S2 being empty, or S1 containing only
a single symbol and S2 being not empty) remains.
The dynamic programming approach is illustrated – for the same pair of strings as
in the previous example – in Fig. 2.3.7. Note how the value in each cell depends only
on the three neighbouring values (as indicated in equation 2.3.1), which is crucial to
Hirschberg’s approach.
Local Alignment Global alignments are of interest, when a corpus of known interesting
subsequences exists. As referenced above, Sigg et al. [2010] use global alignment
35A
C
G
T
C
G
A
C
G
A
1
0
-
1
-
2
-
3
-
4
-
5
-
6
-
7
C
0
2
1
0
-
1
-
2
-
3
-
4
-
5
T
-
1
1
2
2
1
0
-
1
-
2
-
3
C
-
2
0
1
2
3
2
1
0
-
1
A
-
3
-
1
0
1
2
3
3
2
1
C
-
4
-
2
-
1
0
2
2
3
4
3
G
-
5
-
3
-
1
-
1
1
3
2
3
5
A
C
G
T
C
G
A
C
G
A
1
0
-
1
-
2
-
3
-
4
-
5
-
6
-
7
C
0
2
1
0
-
1
-
2
-
3
-
4
-
5
T
-
1
1
2
2
1
0
-
1
-
2
-
3
C
-
2
0
1
2
3
2
1
0
-
1
A
-
3
-
1
0
1
2
GC
-
1
-
1
±
0
Figure 2.3.7.:
Note that the traceback follows substitutions over indels in cases of ambiguity (e.g. the 4
shows the complete table and highlights the series of maximal values which indicate the alignment operations.
-1. The left table shows how a particular cell value is calculated from three predecessor values, the right table
penalty, matching substitutions score a value of 1 and insertions and deletions are penalised with a value of
Dynamic programming version of the Needleman-Wunsch algorithm. Non-matching substitutions have no
→3 transition marked
and not necessarily the maximum value.
in the right table), as the value that was used to calculate the current value defines the path for the traceback,
36to identify known context sequences in a stream of real-time context data. In order to
actually identify such repeating patterns in sequences, local alignments need to be found.
The reference local alignment algorithm is Smith and Waterman’s algorithm [Smith
and Waterman, 1981], a variation on the dynamic programming Needleman-Wunsch
optimal matching algorithm described earlier. The key differences are that negative
values are used to represent the similarity of different values, and that in the accumulated
similarity score table all negative values are truncated to zero. The similarity function
above is modified to:
sim(S1, S2) := max
0
sim(S
−1
1
, S−1
2
) + sub(a, b)
sim(S
−1
1
, S2) + indel
sim(S1, S−1
2
) + indel
(2.3.2)
and furthermore, a backtrack halts when a zero value is encountered. The result is
that – in the accumulated similarity score table – the score rises along pairs of local
subsequences that are similar, then drops as they become dissimilar further on, and
finally reaches zero. This zero value then serves as a delimiter: any similarity elsewhere
is not impacted by the previous values, and thus locality is introduced. The degree of
locality is directly dependent on how quickly similarity scores are accumulated to reach
zero, from the point that the two subsequences diverge. This means: the dissimilarity
of a pair of intervals between two pairs of similar intervals determines whether the two
intervals are treated as a single pair of similar sub-strings containing the dissimilar substrings,
or as two separate pairs.
An example of this is given in Fig. 2.3.8, with two different penalties (-2 and -1 for
left and right tables respectively) used to calculate the two tables. The result is that the
smaller alignments are each time reset (to a zero score) in the left table, before they can
form a larger alignment.
Although Myers and Miller [1988] showed that it is possible to apply Hirschberg’s
approach to local alignments, this is not always desirable, as reducing the result to the
optimal alignment, discards all other local alignments present in the data.
Fast Search Algorithms In bioinformatics, one of the key challenges is to check
for the presence of medium length sequences within a genome. This is best achieved
by algorithms that are optimized for search, such as FASTA by Lipman and Pearson
[1985] and BLAST by Altschul et al. [1990]. These algorithms use heuristics to achieve
37A C G T C G A C G
A 1 0 0 0 0 0 1 0 0
C 0 2 1 0 1 0 0 2 1
T 0 1 2 2 1 1 0 1 2
C 0 1 1 2 3 2 1 1 1
A 1 0 1 1 2 3 3 2 1
C 0 2 1 1 2 2 3 4 3
G 0 1 3 2 1 3 2 3 5
A C G T C G A C G
A 1 0 0 0 0 0 1 0 0
C 0 2 0 0 1 0 0 2 0
T 0 0 0 1 0 0 0 0 0
C 0 1 0 0 2 0 0 1 0
A 1 0 0 0 0 0 1 0 0
C 0 2 0 0 1 0 0 2 0
G 0 0 3 1 0 2 0 0 3
Figure 2.3.8.: Two accumulated similarity tables obtained using the Smith-Waterman
algorithm. The left has been calculated using a similarity score of 1 for
matches, and dissimilarity penalties of -2 for non-matching substitutions
and indels. The right table has this penalty reduced to -1. In each case,
the alignments with a similarity score of at least 3 have been highlighted.
Note how the higher penalty leads to smaller, more local alignments.
much better search performance than exact methods, at the cost of a guarantee that the
obtained results are correct. By being limited to search, these approaches do not offer
themselves to the more exploratory nature of the routine activity detection problem pursued
in this work. A further number of approximate on-line string matching algorithms
is exposed in a survey by Navarro [2001], which introduces algorithms that are also
based on statistical approaches, automata based approaches, filtering approaches and
bit-parallelism based approaches.
Two-Dimensional Pattern Matching Approximate pattern matching approaches
for multiple dimensions can be divided into two classes: error-tolerance-based approaches
and alignment-based approaches.
The former use a simple model, that merely counts the number of modifications required
to transform one structure into the pattern that is being sought. If the number of
operations required exceeds a limit, a mismatch between data and pattern is assumed,
similar to the k-mismatch approach for strings. Krithivasan and Sitalakshmi [1987]
present a row-based approach to this problem, and a simple generalisation of the dynamic
programming algorithm. Their model of a pattern is rectangular. The algorithm
consists of two steps: first patterns are represented in an optimized fashion, by reducing
rows that are identical or similar to a differential representation. Then, the data
is searched for occurrences of the first row of the pattern, and for each occurrence it is
38verified whether the second row of the pattern follows. The number of required modi-
fications is tracked for the set of occurrences, and whenever the error-limit is exceeded,
the occurrence is discarded.
Amir and Farach [1991] present an early algorithm that takes into account general
structures, as opposed to merely rectangular ones. To achieve reasonable run time,
they use numerical convolutions to perform the approximate matching. Baeza-Yates
and Navarro [1998] present an approach of identical optimal complexity, that consists of
a filtering step, discarding all rows in the text that cannot possibly contain a pattern,
before using a standard dynamic programming algorithm for the final matching.
Two-Dimensional Motif Extraction The previously introduced two-dimensional
matching approaches do not allow the extraction of patterns from data, but instead
solve the problem of finding a known pattern within data. As in the one-dimensional
case, matching alone is not the key issue of the routine activity detection problem.
Instead, the identification of common patterns in input data, is the key problem of the
routine activity detection problem. Such extraction algorithms have first been proposed
by Apostolico et al. [2008]. The notion of a pattern in their work is still essentially
rectangular, but through the use of “don’t care”-symbols (symbols in patterns that match
any symbol in the input data) the actual informational content of a pattern can take
arbitrary shapes. Their approach primarily searches for autocorrelations of a single input
array. An autocorrelation in their nomenclature is a similarity between the array and
its transposed array. They propose an incremental combinatoric approach to detecting
a base of patterns. A base is a set of maximally sized and maximally dense patterns,
which comprises all patterns of an autocorrelation. Within the framework of the routine
activity detection problem, such a base would correspond to a set of recurring contexts
of maximal length and specificity, that describes all recurring contexts in a specified time
frame.
The incremental algorithm functions as follows: iterating over the cells of the array,
in a row-major order, from the lower right corner to the upper right, a base is found for
each sub-set of elements contained up to the current position. During the iteration step,
new base element patterns are generated, through inclusion of the new symbol. Some
of these patterns are novel – i.e. have not been generated previously – and render some
old patterns obsolete, either by rendering them more specific, or by extending them in
size. New patterns can be not novel, for example when a novel pattern removes an old
pattern through extension from the base, but a previously removed pattern does then
again become a valid base element, through this removal. Iterating this process across
39data of size N = m × n requires O(N3
) time. By reducing the alphabet to a binary
alphabet, complexity can be reduced to O(N2
) [Rombo, 2009].
Two-Dimensional Local Alignment A generalizations of the local alignment by
dynamic programming paradigm to two dimensions is presented in Lecroq et al. [2012].
This approach can be seen as an extension of the Smith-Waterman algorithm. It computes
similarity scores for each pair of “prefixes” (in the two-dimensional case, this is
the array to the top and left of the chosen position) in a table, that has now gained
four dimensions. Two of these dimensions correspond to the widths and the other two
dimensions correspond to the lengths of the two arrays being locally aligned.
S 1 2 .. i .. n-1 n
1 C1 A2 Ai Bn-1 An
2 C1 A2 Bi Cn-1 An
3 A1 B2 Ci Bn-1 Cn
4 A1 A2 Ai Bn-1 Cn
…
…
…
…
…
…
…
j A1 A2
…
Ci
…
Bn-1 Cn …
…
…
…
…
…
…
l-4 C1 C2 Ai An-1 Bn
l-3 B1 B2 Ci An-1 Cn
l-2 C1 B2 Ai An-1 An
l-1 C1 B2 Ci An-1 Bn
l C1 A2 Ai An-1 Cn
S
S
Figure 2.3.9.: Row and column prefixes, and
accompanying notation.
The similarity value in the table entry
is computed as a function of the preceding
values, much as in the Smith-Waterman
dynamic programming algorithm. The
difference in the two-dimensional case is
that the preceding values now number
eight instead of three. First of all, the
number of possible deletion and insertion
operations has doubled (lines V to VIII in
equation 2.3.3), as they can be either in
vertical (VII, VIII) or horizontal (V,VI)
direction, and furthermore substitutions
can be accompanied by different movements
in the top-left direction. These
directions are either top (IV), left (III)
or top-left (in both arrays simultaneously
- I and II). Finally, in the case of the
top-left movement, the order of the submovements
(top-left (II) or left-top (I))
influences the score. This is the case, because
row prefix and column prefix similarities play a role in the calculation of the
substitution scores, taking the place of the per-element substitution scores used in the
one-dimensional case. In the following, let S ← and S ↑ denote the row prefix and
column prefix of the bottom-right element of a sequence S (cf. Fig. 2.3.9)
Column-prefix similarities are added to the similarity score, when doing an in-row
substitution movement, and row prefix similarities are added, when doing an in-column
40substitution movement. In the case of the combined diagonal movement, the order then
impacts which row prefix and which column prefix is considered.
Let the upper index in S
−i,−j denote which array prefix is used: S
−1,0
is S without
the last row, S
0,−1
is S without the last (rightmost) column, and S
−1,−1
is S without
both last row and column. indel(S) is the indel score of the bottom right element of S.
To formalize (compare with equation 2.3.2), the similarity of two arrays S1 and S2 is
defined as:
sim(S1, S2) :=
max
0
sim(S
−1,−1
1
, S−1,−1
2
) + sim(S1 ↑, S2 ↑) + sim(S
0,−1
1 ←, S0,−1
2 ←) (I)
sim(S
−1,−1
1
, S−1,−1
2
) + sim(S
−1,0
1
↑, S−1,0
2
↑) + sim(S1 ←, S2 ←) (II)
sim(S
0,−1
1
, S0,−1
2
) + sim(S1 ↑, S2 ↑) (III)
sim(S
−1,0
1
, S−1,0
2
) + sim(S1 ←, S2 ←) (IV)
sim(S1, S−1,0
2
) + indel(S2) (V)
sim(S1, S0,−1
2
) + indel(S2) (VI)
sim(S
−1,0
1
, S2) + indel(S1) (VII)
sim(S
0,−1
1
, S2) + indel(S1) (VIII)
(2.3.3)
This similarity is then implemented in the same way as the standard Smith-Waterman
approach, with time complexity in O(N × M), where N is the number of elements in S1
and M is the number of elements in S2. Although this algorithm is generally designed
to detect patterns in arrays, the actual use in Lecroq et al. [2012] is to identify similar
passages of annotated conversations. This kind of data is notably sequential only in the
time dimension, whereas the annotation dimension is fixed, and each column has its own
alphabet. Therefore, the application is to a problem of finding similar subsequences in
sequences of tuples.
With these different approaches having been exposed, we can now compare their
suitability for the routine activity detection problem.
2.3.2.3 Discussion
Our look at string mining is focused on alignment techniques, as this class of approaches
returns pairs of similar subsequences from two input sequences of symbols and thus
allows us to extract information from the data. There are three identifiable ways how to
apply this to our routine activity detection problem:
41❼ reduce the sensor data to discrete context states, and obtain a single sequence
of such states – each similar pair of subsequences should correspond to a routine
activity;
❼ formulate the task as a multi-sequence task (to remain coherent with multiple
sources of context data) and seek alignments on each sequence – merged similar
subsequences should correspond to routine activities;
or
❼ consider context to be a sequence of n-tuples, with each tuple corresponding to
a context state, consisting of multiple discrete context factors – pairwise locally
similar subsets should correspond to routine activities.
These three different conceptual approaches are illustrated in Fig. 2.3.10.
In each case, it is required that the context is represented in a discrete format. The
difference between the first and following two approaches lies in the alphabet size and
tolerance to desynchronisation. A single value that encodes multiple values cannot encode
certain intricacies in context data, such as one sensor reading leading or lagging
the same sensor reading in another instance (5), with regard to the other sensor data.
This restricts the appeal of the single string approach.
t
sensor data
context state abstraction
sensor state abstraction
sensor state abstraction
data synchronisation
Pattern-mining a
single sequence
Pattern-mining multiple
sequences and merging
Pattern-mining an
n-dimensional sequence
Figure 2.3.10.: Three different ways of modelling context for different sequence mining
approaches. “Data synchronisation” refers to the need to have a full set
of sensor readings available at every time step, irrespective of different
sampling frequencies of the actual sensors.
42The multi-sequence approach is excellent with regard to desynchronisations, as each
sensor is studied at an independent temporal time scale from the others, to find patterns.
On the other hand, this complete uncoupling means that coupling effects only get
introduced after the first pattern mining pass, introducing additional model parameters
(6) to characterise the merge operations.
The multi-dimensional approach is limited, in that there are no efficient ways of mining
such patterns. On the other hand – as the illustration makes readily apparent – it is
possible to project the data into the plane, which induces “neighbourhood artefacts”
where the link between neighbouring sensors is stronger than between those that are
projected into areas that are further apart. The Smith-Waterman based two-dimensional
local alignment algorithm can find patterns in this data, but at the cost of relatively
high complexity (1).
The exact motif-extraction approach of Apostolico et al. [2008] is also capable of
extracting information from such projected context data, but the time complexity of
its combinatorial approach is even higher (1). Additionally, it will only extract exact
patterns, having only the freedom of the don’t care symbol, but not permitting structural
variation between pattern instances (5). Although the exact approach means that
initial parametrisation is not required, by consequence it is not possible to obtain an
intrinsic distance between two patterns, or to allow for substituted elements outside of
replacements with the don’t care symbol, which removes all information of the subset of
symbols that can appear in those positions. With sufficient pre-treatment of the context
data, in theory it could be possible to reliably extract patterns, of flexible shapes. In
comparison to the alignment approach the complexity is too limiting, and the amount
of pre-treatment too vast, for this approach to be considered suitable for the routine
activity detection problem.
Similarly, although the suffix-tree solution to the dispersed repeat problem has efficient
solutions (1,7), the fact that it merely covers exact repeats, means that the pre-treatment
has to deliver a sequence of activities as input (2,3). Otherwise the variations which one
can expect in context data, render the approach unsuitable (4,5). Such a pre-treatment
is difficult to obtain in a sufficiently general manner, which renders exact repeat solutions
more difficult to apply to the routine activity detection problem than alignment solutions.
2.3.3 Comparison
For each of the two approaches, we have presented similar classes of approaches. Looking
back at the list of seven criteria we initially defined, we can rank features of classes of
approaches for each one:
43Complexity (1) The first criterion favours approaches which have low algorithmic
complexity and also an inherent capacity to deal with multidimensional data. Whereas
the former is an obvious implication, the latter judgement is based on the fact that
any other approach would either require a merging post-processing step or projecting
pre-processing, both of which may have unexpected implications on complexity.
Preprocessing (2) The second criterion similarly favours multi-dimensional approaches,
as pre-treatment can be reduced to the per-element level and possibly a simple synchronisation.
Adaptability (3) The third criterion is somewhat in opposition with criteria (2) and
(6). Complex models are able to closer match the actual data, and give a richer representation.
Approaches using multi-level hierarchical or substitution score based models
have advantages under this criterion.
Noise (4) Extraction from noisy data is best performed by approximate approaches.
Exact approaches require additional pre-treatment to fulfil this criterion.
Time Effects (5) This criterion also favours approximate approaches, specifically
those that allow skipping or ignoring individual entries when mining for patterns, as
well as treating each sensor with a certain amount of individuality.
Parametrisation Effort (6) The parametrisation effort is lower for substitution
based models compared to hierarchical models, as there is no need to define cross-sensor
relations.
Partial Mobile Deployment (7) This final criterion mostly an engineering challenge,
as all sequence mining based approaches require a large off-line component, that
does not need to be based on the mobile device. On the other hand, a recognition or
prediction algorithm based on an established model can be deployed on a mobile device
with little worry about platform constraints.
For both string mining and SPM, we can at this stage discard the exact one-dimensional
approaches – exact repeat mining and the standard sequential pattern mining algorithms
– as the demands this would put on the pre-treatment of the data cannot reasonably
expected to be met.
44Table 2.1.: Comparison of SPM and string mining
sequential pattern mining string mining
approximative Y N Y N
multi-dimensional Y N Y N Y2 N Y N
(1) complexity
X
high med. low high med. high low
(2) preprocessing high med. high low high med. high
(3) adaptability med. med. low high med. low low
(4) noise tolerance high med. low high med. med. low
(5) time effects tolerance low med. low high low low low
(6) parametrisation effort med. high low high med. low low
(7) mobile deployment no no yes no yes no yes
The approximate methods of string mining have a larger maturity compared to the
approximate approaches of sequential pattern mining, or in the case of the approach by
Kum et al. [2003] is even based on a string mining paradigm. Additionally, there remains
a drawback of sequential pattern mining, in that there is no consecutivity criterion
present in most algorithms.
Plantevit et al. [2010]’s multi-dimensional approach based on the M3SP algorithm
is the only true multi-dimensional algorithm in both fields. To some degree, it shares
the drawbacks of the exact sequential pattern mining approaches, but due to the multidimensionality,
the pre-treatment of the data becomes much less of an issue, and the
underlying hierarchical model can be used to give a semblance of an approximate approach.
A way to render it more suitable to the routine activity detection, would be
to add a consecutivity criterion, as has been done with the algorithm of Pinto et al.
[2001] by Rashad et al. [2007a] or take into account temporal data [Giannotti et al.,
2006, Yoshida et al., 2000]. The two-dimensional approach by Lecroq et al. [2012] appears
to be similarly suitable. The key drawback lies in the required projection of the
multi-dimensional context data into the plane in which the algorithm operates, but it
takes into account desynchronisations across different sensors, and could be reduced to a
lower complexity by taking into account the projection, and thus the incompatibility of
data that is adjacent in the sensor-dimension. A side-by-side comparison of the general
approaches with regard to the seven criteria is presented in Table 2.1.
2This is an estimate based on a naive extension of the approach of [Lecroq et al., 2012] to multiple
dimensions.
452.4 Conclusion and Direction
Our survey of available context datasets has shown that none of them is truly suitable
to quantifiably verify that detected patterns correspond to routine activity. The lack of
ground truth is the prime limitation, but there is also only a small subset of physical
context data present in the existing datasets. This leads us to pursue two strategies to
address – separately – each of the shortcomings: A generation algorithm can give us
true ground truth knowledge, whereas our own data collection campaign would provide
us with as much physical information as required. We also need to annotate some of the
real world data with routine activities, to quantitatively verify our claims.
With regard to the algorithms and approaches we studied, none matches our task
directly. All require either modification or extensive adaptation to a specific dataset.
A common drawback is the substantial effort required to prepare context data for the
data model used in conjunction with the algorithms; alignment based approaches minimise
this aspect, by only requiring tables of similarity scores, which can be determined
using statistical analysis. Alignment approaches are also uniquely tolerant to desynchronisations
between sensor streams. In the above comparison to SPM, the alignment
approaches win out, barely. Compared to a clustering or a probabilistic state machine
approach, the simpler pre-processing of the alignment approach is the deciding factor in
its favour.
This leads us to pursue an approach based on n-tuple sequence alignment.
46Alignment of Sequences of n-Tuples
Overview
This chapter presents our algorithmic contributions towards an answer to the routine
activity detection problem. First we introduce a model that presents context in a way
that an alignment algorithm can use. Next we cover our algorithmic contributions to
the alignment algorithms of the state of the art, and finally we discuss the implications
of our approach.
3.1 Context Model
Fundamentally, context data is the set of values of a number of context factors, at a
specific moment in time. Assuming there are n context factors, this is most accurately
reflected as a vector-valued function over time, of the type C(t) = (c1(t), c2(t), . . . , cn(t)).
Of course, a digital computer can impossibly treat continuous data of any kind, and a
digital sensor can never capture data in a continuous manner. Any context data therefore
is a discrete valued time series, unless different context factors are sampled at different
rates, in which case the data is in the form of multiple time series. We adhere closely to
this natural representation in the following.
3.1.1 Sequence of n-tuples
We postulated in the introduction that routine activities correspond to recurrent motives
in context data. The state of the art approaches to finding such motives favour the use of
a sequence based approach. Consequently, we adopt a model that represents context as
a sequence of context states. In specific, we structure context as a sequence of n-tuples.
471.1 0.3 0.2 0.8
0.7 0.2
0.4 0.5 0.3
0.4 0.6 0.4
0.6 0.5 0.5
0.8 0.3 0.2
0.5 0.6 0.2
C = C(t)
ℝ ℝn
t
discretisation
t
synchronisation
and classification
t
A1 A2
A3 A4
B1
A2
A3 A4
C1
B2
A3 A4
C1
B2
B3 A4
B1
B2 B3 B4
B1
A2 A3 B4
C1
B2
A3 B4
C = (c1
(t1
), c2
(t2
),…, cn
(tn
))
ℕn ℕ n
C = (c1
, c2
,…, cn)(t)
ℕ ℕ n
Figure 3.1.1.: The transformation of continuous context C(t) into context data in a sequential
model.
With regard to the natural time series representation, this requires that our context data
sources are synchronized and sampled at constant and equal intervals. Each position in a
tuple contains a (coarsely – e.g. at a semantically relevant level) discretised or classified
reading from one of n context data sources. These context data sources each measure
one context factor and are referred to as sensors in the following. Each tuple represents
context at a moment in time, which we assume to be valid over the constant interval of
time, until the next set of values becomes available.
In Fig. 3.1.1 the process of transformation from physical context into context data
and finally into a synchronized and coarsely discretised n-tuple representation is illustrated.
Discretisation (at the physical digital sensor level) transforms context from the
continuous function over time into a number of time series. This is then synchronised
into a single time series, and the values are replaced with abstract representative class
IDs, column by column. In the example, we excluded possible expansions or contractions
in the “width”, due to a single sensor measuring multiple physical properties, or data
from multiple sensor being used to determine a class based on multidimensional data.
This is merely to aid comprehension — in reality these characteristics may appear in
the process chain.
By choosing an n-tuple approach to alignment, over a 2D-approach, we can eliminate
a degree of freedom from the latter. The fact that each sensor has its own, separate set
of values, allows us to fuse the two in-tuple dimensions into a single one, by requiring
that any operation performed along one axis has to be equally performed along the
other. This enforced translational (across sequences) symmetry not only prevents us
from having to define similarity values for nonsensical configurations (e.g.: How similar
48x y
z w
z
C C
determine
local
similarities
fuse
dimensions
T∈ℕ4
3
Figure 3.1.2.: Linking w- and z-axes into a single dimension, due to translational symmetry
(i.e.: every set of discrete steps taken along the z-axis is replicated
identically in the w-axis).
is a bright light to an upside down mobile device?) but also reduces complexity of
the alignment algorithm. The specific consequences are discussed in subsection 3.2.1.
Fig. 3.1.2 shows how the four-dimensional alignment problem has been reduced to a
three-dimensional one, by linking the in-tuple dimensions.
3.1.2 Blocking and Sampling
Although it is generally possible to find pairs of similar subsequences by searching for
local alignments of a sequence with itself, the time and memory required to do so grow
by the square of the length of the sequence (cf. paragraph Local Alignment on page 35).
There exists a limit from which on it is no longer possible to calculate local alignments,
because no computer system has sufficient memory available to perform the computation.
We have identified two means of managing the issues that arise from an increased
volume of data:
❼ A first variable that we can control a priori is the sampling frequency of context
data. Depending on the granularity of context patterns we wish to identify, we
can reduce or increase the sampling frequency. This also reduces or increases the
sequence length, for a given time interval of context data.
49…
…
l
i
l
i+1
≠
corpus context C
Figure 3.1.3.: Splitting a long sequence of context data into blocks of roughly equal (but
not necessarily equal) lengths.
❼ Another way to address this problem is by splitting the sequence along regular
(time-)intervals into subsequences of n-tuples. It is often sensible to do this along
semantically relevant lines, for example by choosing 24 hour intervals or seven
day intervals. This is illustrated in Fig. 3.1.3 where a long sequence of context
data is divided into a set of subsequences with potentially different lengths. The
different lengths are artefacts of the data collection, and do not affect the alignment
calculation.
Memory constrained situations are defused by using this approach, as the accumulated
score tables for each pair of subsequences are much smaller. Fig. 3.1.4 shows how the
large table spanned between two long sequences a and b is reduced to many smaller tables,
when the long sequences are divided into blocks. The impact on total computation time
is negligible, due to high number of alignment operations that result, which also scales
to the square of the number of segments. On the other hand, it is trivial to parallelise
across pairs of blocks, which reduces the real duration (i.e. wall time) of performing an
alignment when more than one processor is available.
50Blocking into
N Blocks
Volume = N2 small volumes
a
b
Figure 3.1.4.: The reduction of the size of individual accumulated similarity score tables
which can be obtained by blocking. a and b are two sequences, with the
local similarity scores contained in the volume spanned between them.
Another advantage to blocking, lies in that fact that blocks are crucial for a sequence
mining approach. Conversely, a downside is that there is an accuracy penalty, even when
choosing “convenient” intervals (i.e. such that periods of interest are well away from the
beginning or end of a block). Notably, patterns that fall across these boundaries could
be represented as two separate alignments, or not at all, because each half might be
too short to meet an imposed similarity criterion. One possible means of addressing this
shortcoming, is to allow overlaps between adjacent blocks. This practice introduces some
overhead, when alignments that can be found in the overlap are “stitched together”.
3.1.3 Meta-data
As we pursue a local alignment-based approach, we need to be able to determine local
similarities of subsequences. A key requirement is that we define the relation between
each pair of discrete states of each sensor by means of a set of similarity scores. These
similarity scores are by nature positive, when describing the similarity of identical values,
and negative when describing the similarity of non-identical values. We chose to represent
these values in the form of n (one for each element of an n-tuple) symmetrical tables,
containing positive values in the main diagonal, and negative values elsewhere. A small
example is given in Fig. 3.1.5.
513 -1 -1 -2 -2
-1 3 -1 -2 -2
-1 -1 3 -2 -2
-2 -2 -2 5 1
-2 -2 -2 1 5
n
A B C D E
A
B
C
D
E
S
Figure 3.1.5.: A sample substitution similarity score table from the set of n tables.
We can imagine four ways, how such a set of meta-data can be obtained. The first two
are based on statistical analysis of an existing dataset: transition frequencies between
sensor states are a possible indicator to an underlying system, but the same can be
claimed of substitution probabilities between sensor states for hand-selected patterns. A
third approach is to base the values on the physical distances of the underlying classes.
In the case of two places, the distance of the shortest route between the two, or the time
required to cover that distance, could be such physical pointers. Finally, in absence of
such data, a simple model that does not assign different scores at all, except one positive
and one negative score to differentiate between same and different values can be used.
Each approach requires expert supervision, and of course it is also possible for an expert
to project his own view of the problem onto a manually crafted set of meta data that
does not directly reference any of the above approaches, or mixes them.
Besides these substitution scores, an alignment-oriented model also requires insertion
and deletion scores. Contrary to the affine (for length) and constant (for deleted/inserted
value) approach chosen in bioinformatics (cf. BLOSUM-type block transition score tables
by Henikoff and Henikoff [1992] and the work of Altschul and Erickson [1986]), we decide
to use scores which are a fixed offset of the substitution similarity score.
Our reasoning behind this choice is as follows: in context data it is common for context
sources to return a constant value, for a different length of time. Particularly, periods
of inactivity (with regard to the mobile device) show this characteristic. An example:
52constant
value
constant
value
locally
optimal
alignment
with negative
deletion score
desired
locally
optimal
alignment
aligns if insertion/deletion
of constant values has
positive similarity
Figure 3.1.6.: Two intervals of identical values but different lengths can be aligned by
assigning positive similarity score to insertions and deletions of identical
values.
a user sleeps for different lengths of time during two different nights in a week. Our
goal in this case is to align the entirety of both instances of “user sleeps”, instead of
just the closest matching sub-sequence of the longer interval. The score offset gives a
high similarity score for alignments of a subsequence of constant values with another
subsequence of identical values but different length, while also penalising non-identical
deletions and insertions over substitutions.
This concept is illustrated in Fig. 3.1.6, where two intervals of constant values but
different lengths are shown side by side, with two possible ways of defining similarity
being shown: To the right, the state-of-the-art approach of assigning negative scores to
all deletions and insertions, and to the left an example where the sum of deletion score
and substitution score of the two constant values is positive. This allows the inclusion
of the entire interval. In practice, a positive score would usually be undesirable, as
problems of scale might arise. Often it is sufficient to allow a similarity score to bridge
across such intervals without penalizing the accumulated score too much, as activities
following longer series of constant values are usually also similar, if the constant values
are part of the trace of a significant routine activity. In this case a lightly negative
score-sum is preferred.
533.1.4 Discussion
This model – and particularly the definition of a similarity measure – is specific to
alignment approaches. Data that is presented according to this model can be transformed
to conform to another model, as long as the granularity of the discretisation is not too
coarse, and the classification key which is used to map raw values to abstract context
values is available. Of specific interest to us, is the transformation to a model that is
compatible to a sequential pattern mining approach, because it would enable a direct
comparison. Such a conversion would require that the similarity tables are transformed
into a similarity hierarchy.
We consider the absence of semantic and physical information in data that conforms
to this model to be an advantage: it protects the privacy of the user whose data is
being treated. Despite it being possible to infer some semantic information (e.g. which
location IDs correspond to home and work) from a stream of data formatted according
to this model, there is very little risk of physical information (i.e. where the previously
mentioned places are located) to become compromised. This makes our model suitable
for data storage and processing on distributed systems, that are not necessarily under
direct control of the user, with little risk of a breach of privacy. This hypothesis is
reinforced by the evaluation of Voigtmann et al. [2012] of different context analysis
approaches and models.
The adaptation of raw data to our model requires some amount of intervention by
an expert, but automation is possible to a degree. The influence of this expert in the
creation of the model is pivotal. Assuming that an expert has derived a perfect context
model, we cannot guarantee that he can transform this model with perfect accuracy into
a set of meta-data. This limitation is due to the fact that similarity values are limited
in precision and difficult to scale across multiple sensors.
Anecdotally, in the field of biological sequence alignment, research showed that incorrectly
obtained substitution score tables (Styczynski et al. [2008]) can in fact increase
the accuracy of the used alignment algorithm. In this case an error in the statistical
determination of similarity values from a reference dataset was present. We therefore
theorise that our similar model would display similar resilience to slight inaccuracies
in the similarity value tables. We also have to emphasise that the parametrisation of
a model that performs exactly as expected is far from a well understood or intuitive
practice.
With this model in place, we examine in more detail our approach to process this data
for routine context.
541 2 .. n-1 n
A1 B2 An-1 Bn
B1 C2 An-1 Cn
C1 C2 Cn-1 An
A1 A2 Bn-1 An
A1 A2
…
Bn-1 Cn
C1 C2 Bn-1 Bn
C1 B2 Cn-1 Cn
B1 B2 An-1 Cn
B1 A2 Cn-1 Bn
A1 C2 Bn-1 An
1 2 .. n-1 n
C1 A2 Bn-1 An
C1 A2 Cn-1 An
A1 B2 Bn-1 Cn
A1 A2 Bn-1 Cn
A1 A2
…
Bn-1 Cn
C1 C2 An-1 Bn
B1 B2 An-1 Cn
C1 B2 An-1 An
C1 B2 An-1 Bn
C1 A2 An-1 Cn
alignment
Figure 3.2.1.: Two example context sequences, the resulting context data sequences and
an alignment (cells underlaid in grey) that corresponds to two similar
subsequences.
3.2 Alignment Algorithm
It is our declared goal to find patterns in context data. As we have laid out in our
survey of the state of the art (cf. section 2.4 on page 46), the search for local alignments
appears to be the most suitable approach to this task. Any such alignment (i.e. a pair
of similar subsequences of two sequences from a corpus of context data) corresponds to
two instances of similar activities or contexts. Fig. 3.2.1 reprises how context sequences
correspond to alignments. Two similar sequences of activities (being at home, working
at the hospital in the morning and the laboratory in the afternoon, before playing hockey
on one hand and the same activities in a different order on the other) result in two similar
sets of context data. A subset of this data attains a locally optimal similarity score and
is therefore considered to be in alignment. This alignment then serves as pointer for the
original similarity in the activities.
Fig. 3.2.2 illustrates how pairs of context sequences from a corpus (i.e. an established
set of subsequences of context data - cf. subsection 3.1.2 on page 49) are generally
aligned. This is the key operation to find frequently appearing similar subsequences in
55x y
z w
z
a b
determine local
similarities
Figure 3.2.2.: Alignment of two context sequences a and b from a corpus.
this corpus, which we then understand to be representatives of routine activities.
Before we continue, we briefly discuss the two key terms that we use so frequently in
this work: alignment and similarity. An alignment is defined as a result of an alignment
algorithm with a specific configuration. More generally, it is a subsequence and the associated
operations to transform it into another similar subsequence (cf. subsection 2.3.2
on page 25).
On the other hand, the – rather abstract – notion of similarity is less obvious. With
regard to sequences, we can define four key criteria of similarity: Substitution similarity
at the elemental level is the most atomic criterion. It stems from the pair-wise similarity
values defined beforehand (cf. subsection 3.1.3 on page 51). Another similarity criterion
is the density of positive substitution similarities. A high density means a high similarity
of a set of values. A third similarity criterion is size: at the same density, a larger
set of values can be considered to be more similar, than a smaller one. Finally, we
impose a synchronicity criterion. The less gaps need to be opened or filled in a pair of
subsequences, given the same size and density, the higher the similarity score for the
overall sequence.
In the following, we implement this notion of similarity with a recursively accumulated
similarity measure. Basically, we call a sequence “similar” to another, if the last row
and column of both sequences are similar, and the remaining sequence is also similar
56(cf. subsection 2.3.2 on page 25 and the next subsection for formal descriptions), while
using a standard one-dimensional similarity measure for rows and columns. This measure
allows us to describe a very precise notion of what similarity is. By parametrising
the context model appropriately, we can craft a measure that corresponds to specific
expectations. An expert – who defines a set of rules that effectively links certain kinds
of patterns in the data to routine activities – can therefore tune the parameters on a
case-by-case basis.
A similarity measure based on this concept lies at the heart of the work of Lecroq
et al. [2012] on aligning annotated dialogues to find similar structures. We extend and
adapt this approach for use on context data and our context model. Our modifications to
their algorithm, which primarily address significant performance issues that arise when
attempting to use their approach on long sequences of context data, are detailed in the
following.
3.2.1 Contribution I: Reduction to n-tuple Problem
Our first angle of approach lies in the elimination of unnecessary size of the table of
accumulated scores. In the original approach, this table spans four dimensions, to take
into account insertions and deletions in horizontal and vertical directions in the plane.
As our context model does not allow for any interaction between different elements of the
same tuple, we restrict permitted operations from the 2D approach (cf. subsection 3.1.1
on page 47 and Fig. 3.2.2 on the preceding page).
When determining the similarity of a pair of tuples we now only allow substitutions
between elements with identical indices. This brings our approach closer to a true ntuple
approach. As a consequence, insertion and deletion operations are restricted to the
sequence dimension, but are not limited to entire n-tuples at a time. This optimisation
reduces the local similarity score table T to three dimensions, and thereby each cell only
depends upon five “predecessor cells”. Each of these cells corresponds to a vertex in the
cube marked T in Fig. 3.2.7.
This step also simplifies and thereby optimises some ancillary calculations. It is often
required to calculate row and column similarity scores locally; for the row case, only
substitutions are of interest. The local column alignments also mean that the algorithm
retains full flexibility when working with data that has a tendency to de-synchronise, by
being able to “break up” tuples to form alignments.
As the calculation of the score table is naturally defined in a recursive manner, we
will first define ways of selecting individual tuple elements in a sequence with a reference
point in the bottom right. For the following, let s be a sequence of n-tuples of length l.
57Definition 1. s [i, j] , i < l ∈ N, j < n ∈ N is the element in the j-th position from the
end of the n-tuple in the i-th position from the rear (l-th row) of the sequence s.
In Fig. 3.2.3, we present three examples (one general, and two similar to the common
usage in the following) of how this inverted addressing of elements of a sequence works.
s 1 2 .. i .. n-1 n
1 C1 A2 Ai Bn-1 An
2 C1 A2 Bi Cn-1 An
3 A1 B2 Ci Bn-1 Cn
4 A1 A2 Ai Bn-1 Cn
…
…
…
…
…
…
…
j A1 A2
…
Ci
…
Bn-1 Cn …
…
…
…
…
…
…
l-4 C1 C2 Ai An-1 Bn
l-3 B1 B2 Ci An-1 Cn
l-2 C1 B2 Ai An-1 An
l-1 C1 B2 Ci An-1 Bn
l C1 A2 Ai An-1 Cn
s[n-i,l-j]
s[1,1]
s[0,1]
Figure 3.2.3.: Selection of tuple elements in a sequence using reverse addressing. The
origin of the coordinate system used here is in the lower right end of the
sequence. From there the first coordinate is incremented when moving one
element to left, and the second when moving one element upwards.
Next, we define a way to express the recursive reduction of the sequence:
Definition 2. The •i,,j operator represents the sub-sequence consisting of the original
sequence, minus the last i tuples and the last j tuple elements. If we understand s to be
an ordered set of coordinate-value pairs, this can be expressed as si,,j := s \ s [x, y] ∀x <
i ∨ y < j.
This operator is illustrated in Fig. 3.2.4, where both a general case is shown, and the
58usage that is most common in the following, with indices in the [0,1] range.
s 1 2 .. i .. n-1 n
1 C1 A2 Ai Bn-1 An
2 C1 A2 Bi Cn-1 An
3 A1 B2 Ci Bn-1 Cn
4 A1 A2 Ai Bn-1 Cn
…
…
…
…
…
…
…
j A1 A2
…
Ci
…
Bn-1 Cn …
…
…
…
…
…
…
l-4 C1 C2 Ai An-1 Bn
l-3 B1 B2 Ci An-1 Cn
l-2 C1 B2 Ai An-1 An
l-1 C1 B2 Ci An-1 Bn
l C1 A2 Ai An-1 Cn
sn-i,l-j
s1,1
Figure 3.2.4.: Example of the •i,,j operator. If the operator is used on the same sequence
of n-tuples, with one pair of indices being higher than the other, the smaller
result is a subset of the larger one. In this case the result underlaid in black
is a subset of the result underlaid in grey.
To calculate in-tuple and in-column similarity values, we define two operators:
Definition 3.
s [i, j]← := {s [i, j + 1] , s [i, j + 2] , . . . , s [i, n]}
is the right-to-left sequence of elements to the left of a position in a tuple, and
s [i, j]↑ := {s [i + 1, j] , s [i + 2, j] , . . . , s [l, j]}
is the bottom-to-top sequence of all prior elements in a column (i.e. all elements with
the same tuple index).
One example of each of these operations is illustrated in Fig. 3.2.5.
59s 1 2 .. i .. n-1 n
1 C1 A2 Ai Bn-1 An
2 C1 A2 Bi Cn-1 An
3 A1 B2 Ci Bn-1 Cn
4 A1 A2 Ai Bn-1 Cn
…
…
…
…
…
…
…
j A1 A2
…
Ci
…
Bn-1 Cn …
…
…
…
…
…
…
l-4 C1 C2 Ai An-1 Bn
l-3 B1 B2 Ci An-1 Cn
l-2 C1 B2 Ai An-1 An
l-1 C1 B2 Ci An-1 Bn
l C1 A2 Ai An-1 Cn
s[2,1]
s[1,0]
Figure 3.2.5.: Selection of a column and row using the ↑ and ← operators.
Lastly, we require a uni-dimensional similarity measure, to determine what used to be
row and column scores:
Definition 4. For two sequences x, y of single elements, sim(x, y) is the
❼ locally (i.e. before the similarity reaches a zero value) maximum similarity score
of the Smith-Waterman algorithm on the reversed column sequences, if x and y
are both sequences generated with the ↑ operator.
❼ maximum accumulated value of substitution similarity scores, if x and y are sequences
generated by the ← operator.
Fig. 3.2.6 shows an example to illustrate this, based on 4 steps: First a pair of columns is
extracted from a sequence of n-tuples, then reversely aligned, one with the other. Once
the similarity score reaches zero, the alignment is aborted, and the local maximum in
the aligned interval is the score returned by the sim operator.
60s 1 2 .. i .. n-1 n
1 C1 A2 Ai Bn-1 An
2 C1 A2 Bi Cn-1 An
3 A1 B2 Ci Bn-1 Cn
4 A1 A2 Ai Bn-1 Cn …
…
…
…
…
…
…
j A1 A2
…
Ci
…
Bn-1 Cn …
…
…
…
…
…
…
l-4 C1 C2 Ai An-1 Bn
l-3 B1 B2 Ci An-1 Cn
l-2 C1 B2 Ai An-1 An
l-1 C1 B2 Ci An-1 Bn
l C1 A2 Ai An-1 Cn
Bn-1
Cn-1
Bn-1
Bn-1
…
Bn-1 …
An-1
An-1
An-1
An-1
An-1
Cn-1
Bn-1
…
Bn-1
…
Bn-1
Cn-1
An-1
2 - align
3 - accumulated
similarity
reaches 0
1- extract
4 – sim is the maximum accumulated
similarity score in this interval
Figure 3.2.6.: Calculation of a column similarity score. Two columns are extracted from
two sequences, then aligned in inverse order, up to the point where the
similarity score reaches zero. The maximum similarity from this interval
is the similarity value we assign these two columns.
With these prerequisites in place, we can express the accumulated similarity score for
two subsequences a and b recursively as follows:
Definition 5. For two sequences of n-tuples a, b and the accumulated similarity score
is:
sim(a, b) =
max
0
sim(a1,1, b1,1) + sim(a [0, 0] ↑, b [0, 0] ↑) + sim(a [0, 1] ←, b [0, 1] ←) (I)
sim(a1,1, b1,1) + sim(a [1, 0] ↑, b [1, 0] ↑) + sim(a [0, 0] ←, b [0, 0] ←) (II)
sim(a0,1, b0,1) + sim(a [0, 0] ↑, b [0, 0] ↑) (III)
sim(a1,0, b1,0) + sim(a [0, 0] ←, b [0, 0] ←) (IV)
sim(a0,0, b1,0) + indel(b[0, 0]) + sim(a[0, 0] ←, b[1, 0] ←) (V)
sim(a1,0, b0,0) + indel(b[0, 0]) + sim(a[1, 0] ←, b[0, 0] ←) (VI)
(3.2.1)
The similarity score sim(a, b) is 0, if a = ∅ ∨ b = ∅.
61In the domain of the accumulated local similarity score table T, each cell contains
the similarity values of the subsequences (of sub-tuples) defined by the coordinates (cf.
subsection 2.3.2). The iterative algorithm of determining each value in T is started by
initialising the first plane in each dimension of the table with zeroes, to satisfy the end
condition of the recursive definition of the similarity scoring function. The other cells
are calculated as illustrated in Fig. 3.2.7: Each arrow (labelled I-VI) corresponds to an
operation in equation 3.2.1, excluding the column and row similarities. These are the
operations that are performed in each case, before choosing the maximum value amongst
them:
(I) Substitution and movement to the left (column-row-order): The space diagonal
predecessor value is added to the column similarity of the predecessor and the row
similarity of the current rows.
(II) Substitution and movement to the left (row-column-order): The space diagonal
predecessor value is added to the column similarity of the current columns and the
row similarity of the predecessor.
(III) Movement to the left: The z-axis predecessor value is added to the column similarity
of the current columns.
(IV) Substitution: The x-y-diagonal predecessor value is added to the row similarity of
the current rows.
(V) Insertion: The y-axis predecessor value is added to the row similarity of the current
row and preceding row.
(VI) Deletion: The x-axis predecessor value is added to the row similarity of the preceding
row and current row.
The dynamic programming paradigm of the approach is therefore maintained, despite
our recursive definition of local similarity.
62a b
z z
z
x y
x
y
i-1 plane
j-1 plane
k-1 plane
i,j,k
i,k j,k
I,II
III
IV
V
VI
i lies on the x-axis
j lies on the y-axis
k lies on the z-axis
T
Figure 3.2.7.: The local dependencies of the calculation of a local similarity value. To
the left in the three-dimensional table of accumulated similarity scores T
and to the right the equivalent representation in the domain of the two
sequences a and b. Operations V and VI – insertion and deletion – are
one-dimensional operations and therefore appear only either in a or on b.
3.2.2 Contribution II: Locally Optimal Alignments
The state-of-the-art approach selects every position in the accumulated score table where
the score is above a minimum similarity threshold as a candidate for a backtrack (BT)
– and by extension as an alignment. This leads to a large number of alignments being
calculated, especially if high-scoring alignments (i.e. large alignments with a high
similarity density) are present in the data.
In such a high-scoring alignment, the minimal score is reached long before the end of
the alignment. Each cell with a similarity score above this minimum generates a new BT
and eventually the corresponding alignment, none of which are in any way meaningful.
Alignments can branch in three (four, in the original algorithm) dimensions, which results
in a very large number of BTs, as large volumes of cells containing high similarity values
exist in the 3D scoring table. Whereas an individual BT operation is not extremely costly
from a computational point of view, this high number of BTs effectively – and severely –
limits either the usable problem size or the usable minimal accumulated similarity score
(MASS).
63Figure 3.2.8.: The rightmost (n-th) z-slice of a table T. The axes of the plane correspond to the temporal axes of the sequences.
line denotes the plane of an arbitrarily chosen MASS. The highest value is denoted by an X.
The height and colour are representations of the accumulated similarity value in the cell in T. The white profile
64In Fig. 3.2.8, we look at an extract of the n-th slice of the table T, where typically
accumulated scores are highest compared to other z-slices. Any point above the reference
plane at MASS-level is a potential candidate for a BT. This volume is visibly of
considerable size.
To alleviate this problem, we retain only the most meaningful alignments. The inspiration
for this choice can be found in bioinformatics, where the algorithm of Smith
and Waterman [1981] is often used to identify only the optimum local alignment (Myers
and Miller [1988]). This goes so far, that many evolutionary optimisations have focused
exclusively on this problem. In fact, in Lecroq et al. [2012], reference is also made to a
maximal element for the BT, but also in a global sense. Although this approach is too
radical for our problem, we still perform a similar optimisation, but on a local scale.
We calculate BTs exclusively from the locally highest accumulated scores– as opposed
to from every score higher than the MASS. This corresponds to the peak in Fig. 3.2.8.
A simple check whether any one of the 26 adjacent values is higher than the value in
the current position determines if the current position in the accumulated score table is
retained as a candidate for a BT. The number 26 stems from the fact that each cell has
six directly neighbouring cells (one per surface of a cube), as well as three times four
in-plane diagonal neighbours (one per vertex) and eight “node diagonal” neighbours (one
per node), in the 3D table.
Although this introduces a large number of branches into the execution, it reduces the
number of candidates (and therefore of expensive BTs) drastically. All of the removed
backtracks are in essence redundant: The higher scoring alignment includes all elements
a smaller alignment would include, and a larger alignment with a lower score would have
an overall lower similarity, and therefore the added elements are not similar. We restrict
ourselves to a maximum search radius of 1 (√
2 for in-plane diagonals and √
3 for space
diagonals). Fig. 3.2.9 visualises how we obtain the number of 26 neighbours, and what
these distances mean in the 3D geometry of the accumulated score table.
Though there is a benefit to extending the search radius, in that “double peaks”
would no longer lead to twin alignments of largely similar nature, the added cost of
extending the search radius would quadratically (surface of a sphere) increase the number
of branches, and the additional reduction in candidates would be comparatively small.
On the other hand, the number 26 is also the minimal number of checks required for
this approach to be functional, as otherwise for large accumulated similarity values there
would always be greater-than-MASS values in one of the adjacent positions.
For an illustration of the scale of this issue, Fig. 3.2.10 shows an example similarity
score table. It shows that selecting a small MASS is necessary to detect smaller similar
653
3=27 cubes
26 neighbours to
central cube
l = 1 l
2 = 2
l
2 = 3
Figure 3.2.9.: The local neighbourhood of a node (in the centre of the shown cube) in
the accumulated score table T. The shown cube consists of 27 sub cubes,
the one at the centre being the “home node”. The other 26 surrounding
it, are the direct neighbours. A partial spatial subdivision is shown in the
lower left corner to illustrate the notion of “radius”.
structures (values above 1500 in this case are of significant interest), but large similar
structures generate huge amounts of potential candidates at this smaller value. We
reduce the volume of BTs from the volume around each of the peaks to just the number
of peaks themselves. The side-by-side representation of the third dimension obscures
somewhat that the 5 surfaces in the figure actually form a volume, but each point in a
surface is neighbouring to the point in the same coordinates in a neighbouring surface,
and they are all considered for the selection of final candidates for a BT.
3.3 Discussion
Reducing the degrees of freedom from the two-dimensional approach leads to a lowered
complexity. Where originally the accumulated score table required O(lmn2
) (where l
and m are the sequence lengths, n the number of elements in a tuple) space (and time
to calculate), this has now been reduced to O(lmn), without any reduction in relevant
capability. This means that we can now work with sequences that are n-times longer
than previously, within the same system constraints.
The two-dimensional basis for the algorithm means that the order of columns still has
66Figure 3.2.10.: Accumulated similarity score table for the alignment operations of the
context data corresponding to two consecutive days. Each graph represents
one of the five slices (n = 5) of the z-axis, starting at one at the top,
incrementing to five at the bottom right. Height and colour correspond
to local similarity values. The x - y plane is spanned by the temporal
axes of the sequences. Note multiple peaks at different heights.
67an impact on the accumulated similarity scores. A notion of single-step cursor movement
is still present in our approach (cf. equation 3.2.1), and thus accumulated scores depend
only and directly on the scores of the left tuple neighbour and the accumulated similarity
score of the sequences to the left of the elements under consideration.
Reducing the number of BT candidates by local optimization can drastically increase
performance, especially when the MASS is a small fraction of maximum accumulated
similarity scores. If the neighbourhood of every peak consists of 5 cells in each direction
of each of the three dimensions where the score is above MASS, this reduces the number
of BTs by a factor of around 1000.
The average worst case (i.e. in an infinitely large table where cells with values higher
than MASS are surrounded by exactly one layer of cells with value 0) improvement is
by a factor of 7. This optimisation does remove some granularity, as possibly semantically
atomic routine elements can be included within larger scale alignments, and thus
disappear from view. On the other hand, they would be lost in the noise of meaningless
alignments, if the classic approach were to be retained. A way to recover such smaller
scale patterns, could be by iteratively locally aligning intervals of interest, with ever
decreasing MASS.
Beyond this theoretical evaluation, we also performed an experimental validation.
There we address whether the alignment approach is valid for context data, as opposed
to just general sequential data.
68Experimental Validation and Results
Overview
This part is dedicated to the evaluation of the alignment-based approach on both automatically
annotated synthetic data and manually annotated real-world data. Before
getting to the actual evaluation, we first examine the provenance of our test data. Consequently,
we detail the synthetic data generation procedure. Additionally, we present
the real world data collection campaign and the pre-treatment process required by our
context data model. The evaluation of the algorithm on synthetic data is detailed in the
following section, and the evaluation on real world data in the subsequent one.
4.1 Synthetic Data Evaluation
Testing on “real” data is crucial to being able to judge the “in the wild”-performance
of an algorithm, but there are several limitations when solely relying on it. The manual
annotation of ground truth is often labour intensive and error-prone. This limits the
scope of possible evaluation. Conversely, an evaluation on synthetic data allows us to
complement the results we can obtain from real world data, particularly by giving better
control over the results and a wider variety of testing conditions.
4.1.1 Synthetic Data Generator and Dataset
In the following, we introduce a model and an algorithm that simulates parallel data
from multiple sources containing cross-source repetitive patterns. Due to the many
parameters that can be set, and the multiple random influences, the overall model for
the generator is complex. For this reason, the description is split in five sub-sections,
69of which the first lays out the requirements and design choices, the second some key
definitions and terms used in the context of the description of the generation model
and algorithm; the third and fourth sub-section detail each of the major sub-routines of
generating data. An illustratory example is used throughout this subsection.
4.1.1.1 Data Generation Context Model
It is our goal to give the experimenter the greatest possible freedom with regard to
the characteristics of the generated data. Some general expectations of what makes up
context data guide us in the design of our generator. The basic structure of context is
a sequence of n-tuples, when n context data sources are present. Within this sequence,
we encounter two different states of context. Either the current context is part of a set
of routine contexts, or it is not. A routine context influences a specific subset of context
measurements, reproducibly each time it is present in the data. Per sensor, different
amounts of data may be relevant to a pattern.
How much influence a routine context has on the context data is determined by how
much variation there is between different instances of the context. This variation can be
expressed as a random process. This random process modifies values between different
instances of routine context, or leads to desynchronisation effects when elements are
skipped or extended. It is inherent to each routine context. Furthermore, non-routine
contexts may also lead to desynchronisation of following routine contexts, due to the
global continuity of context. A separate random process determines these effects, and
the amount of value modifications in the non-routine data, if a baseline has been defined.
A model of probabilistic distances determines how likely it is for a certain value to be
modified to another one, or to be extended or skipped.
The order of appearance of the routine contexts is usually regular as well, but can also
vary under random influences. A real world example could be a person oversleeping,
and skipping an entire morning activity, on their way to work. These varying orders can
also be modelled by a random process.
Finally, different context sources may have interactions. As an example, location
and radio signal strength are often correlated. Such correlations need to be taken into
account when evaluating the random process which determines the ultimate values of a
context. and may also be interesting when defining a set of routine contexts.
70data 1
pattern
time
pattern
cell
data 2
data 3
data 4
stream
Figure 4.1.1.: Stream, pattern and cell for a simulated 4-tuple dataset. The stream
consists of patterns (coloured) and random data (light grey). Each pattern
consists of defined values (blue) and undefined values (white).
4.1.1.2 Definitions
The model used during the generation process consists of two key structures: the stream
is a concept which represents data from multiple independent sensors evolving over
time. In terms of the context model, it represents the sequence of n-tuples of sensordata.
Patterns are two-dimensional arrangements of data symbols in a rectangular grid
(cf. the example in Fig. 4.1.1). The stream is created by alternating intervals of n-tuples
of random data and randomly modified instances of these patterns. The output of the
data is a direct representation of the stream.
The atomic unit of data – the individual grid element – is called a cell. Each cell is
specific to a moment in time (horizontal) and a data source (vertical). Data sources in
this context are discrete random variables, with a limited set of states (“alphabet”), each
element of which is a symbol. The number of different attainable symbols - the cardinality
of the alphabet - is called the spectrum of a data source (cf. Fig. 4.1.2). The real-world
counter part to these data sources are filtered sensors producing discrete measurement
values. Each cell of a pattern contains either a symbol from the corresponding alphabet
or is a place holder asterisk “*” value indicating an entry that is not defined by the
pattern.
71Figure 4.1.2.: Four alphabets A1, A2, A3, A4 with respective spectra 5, 6, 4 and 2. N.B.:
Different symbols across different sensors (e.g. “A”, “1”, “a”, “0”) are
used here for illustration purposes only, symbols are actually represented
by their indices (i.e. as in A2).
Random effects – termed noise in the following – are a key factor in the generation of
patterns and the stream. This noise is based on random variables, which are sampled,
and the resulting values then transformed into length variations or symbol substitutions.
All random variables that are used to generate noise are considered to be normally distributed
(except in the limit-case of infinite variance, which is transformed into uniform
distribution over an interval).
The effect of noise is derived from user defined transition cost matrices (one for each
alphabet) with the number of rows and columns equal to the size of the alphabet, and
correlation matrices (one for each pattern, and one for non-pattern intervals).
The transition cost matrices contain the cost of substitution between symbols. The
costs of transitions for the following special symbols
* place holder for empty cells in patterns;
del delete a cell from the stream;
ins add an additional value to the stream.
make up a further four vectors:
1. A vector containing the cost of conversion of any symbol to the * value;
2. A vector containing the cost of conversion from * to an alphabet value;
723. A vector associated to ins, which contains the cost of converting any alphabet
value or * to an insertion;
4. A vector associated to del, which contains the cost of converting any alphabet
value or * to a deletion.
These symbols form a global (i.e. across all data sources) alphabet of control-characters
Ag = {*, del, ins}. Of these, * can appear in patterns (hence there being both a “to”
and “from” vector of transition costs), but none of these symbols appears in the stream.
The operations linked to these symbols represent two different kind of noise effects:
Temporal noise (del and ins) causes relative shifts in the time domain of data sources
by inserting or deleting values, as well as local extension or compression of periods of
data. Data noise (values replacing *) introduces random values in predefined areas,
which corresponds to variable parts of otherwise fixed patterns and permits us to use
rectangular patterns with little loss of generality.
The correlation matrices are lower triangular matrices with one line and column for
each data source. Each line corresponds to the relative weights given to the calculation of
a value by other values in the previous rows. A positive correlation value means that the
influence of the random values used to determine the content of the respective cell have a
quasi-linear effect on the determination of the current value. A negative correlation value
conversely has an inverse quasi-linear effects. Zero values mark independent data sources.
In this context “quasi-linearity” is an artificial effect to transform multi-dimensional
random values from one space to another. This may not hold up to a comparison to
real world data, but provides a reasonably simple model which avoids having to define
correlations per pattern and per symbol individually.
The following naming conventions are used henceforth: Z>0 = {1, 2, 3, . . .} the natural
numbers excluding zero and R≥0 =
S
x∈R,x≥0
{x} all non-negative real values. The
notation xi,h,k represents the element in the h-th line of the k-th column of a matrix (or
table) Xi
.
Let n ∈ Z>0 be the number of data sources, m ∈ Z>0 be the number of patterns,
Ai = {x ∈ Z>0|x ≤ si},(1 ≤ i ≤ n) be the (abstracted) alphabet of the i-th data source
and lj ∈ Z>0 be the length of the j-th pattern Xj ∈ P ⊂
Sm
j=1×
n
i=1(Ai ∪ {∗})
lj of the
indexed set of patterns (cf. Fig 4.1.3 for a complete set of patterns, with empty cells,
a sample elements and corresponding dimensions.). Let ~s ∈ N
n
>0 with components si
be the spectra-vector where ∀1≤i≤n : si = |Ai
|, with | · | being the cardinality and let
lstream ∈ Z>0 be the number of total grid columns of the stream.
In the following, x, y ∈ Ai ∪ Ag,(1 ≤ i ≤ n) stand for symbols.
73X1
X2
X3
Xm -1
Xm
n
lm
l1
lm-1
empty cell
cell
element
x
Figure 4.1.3.: A set of patterns, P = {X1, . . . , Xm}, with n data sources and lengths
l1, . . . , lm, and a pattern element x = Xm,n,1 ∈ An.
N (ση), η ∈ {o, p, q, r, u} are Gaussian distributions with variance σ
2
η
serving as sources
of random values for
o value variety of noise intervals between two instances of patterns in the stream,
random variable o;
p noise applied to pattern-defined values during the instantiation of patterns in
the stream, random variable p;
q variations in length – unless lengths are predefined for each pattern – and
values between two different patterns, random variable q;
r variations of the interval length between two instances of the same pattern in
the stream, random variable r;
u variations of the length of noise intervals in the stream, random variable u.
The transition cost matrices are Ti = [ti,h,k],(1 ≤ i ≤ n) ∈ R
si×si
≥0
and form the set
T := Sn
i=1,
{Ti}. The entries ti,h,k are the positive real-valued costs of transforming the
74h-th symbol of Ai
into the k-th symbol. The costs of transition relative to the elements
of Ag are the pattern insertion and deletion cost vectors ~bi
, ~ci ∈ R
si
for the transitions
from and to *, and the stream insertion and deletion cost vectors ~di
, ~ei ∈ R
(si+1) for
transitions to del and ins.
Transition cost tables are related to the substitution score tables of the algorithms used
to align pattern instances. In the alignment algorithm, they indicate similarity based on
the way the model is configured. In this generator, they define the probability of random
transformations of symbols. An important feature of transition cost tables is that they
do not necessarily need to be symmetric, even though a naive approach considering the
value spaces as Euclidean spaces with distances would indicate this. Yet, when using
probabilities of transition in example data as basis for the cost of state-transitions, the
assumption of symmetry is rendered invalid, as the resulting graph of transitions is not
necessarily symmetric. For the values in the table to have the expected effect, they need
to be scaled in consideration of the variances of p and q.
A gappiness vector ~g ∈ R
n
≥0
, with ∀
n
i=1~gi ≤ 1 contains the ratio of pattern entries to
empty cells for each data source, and simulates effects of limited data source availability
and information significance and density.
Let lower triangular matrices ξi ∈ R
n×n
, i = {1, .., m} be the correlation matrices
for patterns Xi and let ξ0 be the correlation matrix for non-patterned values. These
matrices are lower triangular, as each new value can only ever be correlated to values
that have already been generated. The entries are normalized so that each row-sum is
equal to one.
Let ~w ∈ Z
m
>0 be a representation of the frequency of pattern apparition in the stream.
Each value corresponds roughly to the relative period of apparition of a pattern in the
stream. Finally, let lnoise ∈ R be the average length and let ¯lnoise ∈ Z>0 be the maximum
length of a non-pattern-interval in the stream.
For our running example, let n = 4, m = 3, ~s> = (5, 6, 4, 2) and ~l
> = (10, 6, 7). Let
the corresponding gappiness vector be ~g = (0.1, 0.1, 0.3, 0.3), and let the first of four
transition tables be
T1 =
0 7 5 4 8
7 0 2 5 3
5 2 0 1 2
4 5 1 0 3
8 3 2 3 0
∈ T .
75Furthermore, let
~b1 =
3
9
5
9
2
, ~c1 =
4
8
3
4
9
,
~d1 =
5
2
3
9
7
4
, ~e1 =
5
2
4
7
6
6
and the correlation matrices
ξ0 = ξ1 =
1 0 0 0
0 1 0 0
1 0 0 0
0.5 0 0 0.5
.
Finally, let ~w
> = (45,30, 50), lnoise = 4.8 and ¯lnoise = 15.
We use these values to demonstrate how to generate pattern values and pattern instances
in the stream.
4.1.1.3 Pattern Generation
The first step R1 of the algorithm is to generate m different patterns according to the
parameters given:
X1 = R1(n, l1, ~s, T , ξ1, ~g)
Xj = R1(n, lj , ~s, X1, σq, T , ξj ), j = 2, . . . , m
A reference pattern X1 is generated first, consisting of randomly selected entries based
on vectors ~γl ∈ ×i 1 are then modified to reflect the
correlations dictated by ξ1:
ψ
0
i,l := X
i
k=1
ξ1,i,k
si + 1
sk + 1
d
l(sk+1)
si+1
X
e
j=b
(l−1)(sk+1)
si+1 c+1
ψ~
k,jωi,j,k (4.1.1)
where
ωi,j,k :=
j −
(l−1)(sk+1)
si+1 if j < (l−1)(sk+1)
si+1 + 1 ∧ sk > si
l(sk+1)
si+1 − j + 1 if j > l(sk+1)
si+1 ∧ sk > si
1 if (l−1)(sk+1)
si+1 + 1 ≤ j ≤
l(sk+1)
si+1
l(sk+1)
si+1 − j + 1 if j > (l−1)(sk+1)
si+1 + 1 ∧ sk < si
j −
(l−1)(sk+1)
si+1 if j < l(sk+1)
si+1 ∧ sk < si
sk+1
si+1 if l(sk+1)
si+1 ≤ j ≤
(l−1)(sk+1)
si+1 + 1
which corresponds to a constant resampling, linearising across vector dimensions by
treating them as intervals. An example is given in Fig. 4.1.4. The values on each arrow
correspond to the scaled value that is used to determine the value at the end of the
arrow. In the left case, the values in the left vector are scaled up (by 5/3) and in the
right case, the values are scaled down (by 3/5). Then, these scaled values are spread
according to the coverage they have on the corresponding parts of the vector. In the
case of the middle value (2 - marked with red dashed line) in the left example, this is
1/5 for the second value of the right vector, 1 for the third value, and 1/5 for the fourth
value. Scaling is applied accordingly, hence (2 · 5/3 · 1/5) = 2/3 is the influence on the
top value of the three values that are marked in the right vector.
Let x = x1,i,l be the value of the i-th row and l-th column of X1 and the k-th element
of Ai
. Let vx ∈ R
si+1 be a vector whose components are the l-th of Ti and the l-th
element of ~c:
vx :=
ti,1,k
ti,2,k
.
.
.
ti,si,k
ci,k
78s+1=3 s+1=5 s+1=5 s+1=3
1
2
3
1
4/3
2
8/3
3
1
2
3
4
5
1.4
3
4.6
0.6
0.8
0.4
1.8
0.8
1.6
3.0
1
2/3
2/3
2
2/3
2
3
Figure 4.1.4.: Illustration of dependence coefficient determination during creation of similar
patterns. The right vectors are created from the values of the left
vectors, through linear interpolation and scaling.
or, in the case of x = *:
v* :=
b1
b2
.
.
.
bk
0
The index y of the minimal component of |vx − ψ~0
i
|,
y = min
]
|vx − ψ~0
i
|
(here | · | is the component-wise absolute value) is the value that takes the place of x in
Xj , unless y = si+1 in which case * is inserted into the pattern at this position. This is
repeated for all n × lj entries of the pattern.
Furthermore, the length lj of the j-th pattern – if not specifically set to a certain value
beforehand – is calculated by obtaining a random real value ∆lj from N (σq), adding it
to l1 and rounding to the closest integer:
79lj :=
b∆lj + l1 + 0.5c ∆lj + l1 > 0
0 ∆lj + l1 = 0
d∆lj + l1 − 0.5e ∆lj + l1 < 0
Addition or removal of elements is done column-wise: for every column, a random check
is performed against |∆lj |
max(lj ,l1)
(until the lj -th column is reached) to determine whether
the current column of X1 is skipped or a column of equally distributed randomly selected
symbols inserted.
To compute x2,1,1 of the pattern X2 ∈ Z
4×6
>0
of our running example, given σ
2
q = 2 as
the variance of the distribution of q, we first determine whether the first line is skipped
to make up for the difference in length to X1. This is done by obtaining a random
value from the interval [0, 1] and testing whether it is smaller than 10−7
max(10,7) = 0.3.
We assume – for the sake of this example – that this is not the case, and instead
x2,1,1 is derived from x1,1,1. We obtain a vector ψ~
1 ∈ R
6 by repeatedly sampling q:
ψ
>
1 = (0.1, 0.5, −1.6, 1.1, −0.8, 0.3). Then
x2,1,1 = min
]
|vx1,1,1 − ψ~0
1
| = min
]
|v2 − ψ~
1|
= min
]
t1,1,2
t1,2,2
t1,3,2
t1,4,2
t1,5,2
c1,2
− ψ~
1
= min
]
7 − 0.1
0 − 0.5
2 + 1.6
5 − 1.6
3 + 0.8
8 − 0.3
= 2
The values x2,k,l,(k > 1), are calculated by taking into account the correlation matrix.
Let ψ~>
4 = (−1.5, 0.8, −0.3). We determine ψ~0
4 using equation 4.1.1, and the resampling
of ψ~
1 shown in Figure 4.1.4:
ψ~0
4 = 0.5
0.3
−0.25
−0.5
+ . . . + 0.5
−1.5
0.8
−0.3
=
−0.6
0.275
−0.4
This allows us to calculate
x2,4,1 = | min
]
ψ~0
4 − vx1,4,1
|
as above.
80These steps are repeated until m patterns have been created. These patterns are then
integrated into the stream.
4.1.1.4 Stream Generation
Streams are generated by interposing modified instances of patterns with blocks of random
values. The generation of streams can be considered as a relation
R2(n, T , P, σp, σo, σr, σu, ~w, lnoise,
¯lnoise, ξ0) :
Z>0 × R
n×si×si ×
[m
j=1
n
×
i=1
(A
lj
i ∪ {∗}) × R
n
≥0 × R
n
≥0 × R≥0 × R≥0 × Z
m
>0 × R × Z>0
→
n
×
i=1
(Zsi+1 \ {0})
lstream
This is a projection of the configuration space (dimensions, transition model, patterns,
randomness, correlations) into a stream. There are three main tasks to consider:
Scheduling Each pattern has a predefined frequency of instantiation, which can be understood
as an m-vector ~w ∈ R
m. σp determines how much the appearance intervals
vary.
Noise Noise duration and variety are defined by lnoise,
¯lnoise, σu and σo.
Modifications The variance between instances of the same pattern is defined by σr ∈ R
n
.
Scheduling is managed in the following way:
1. During the first run, ~w
0 = ~w is created in order to track changes to ~w without
losing the original information.
2. The pattern Xmin]( ~w0)
is selected and inserted into the stream, where min]( ~w
0
) is
the index of the minimal component of ~w
0
:
min
]
( ~w
0
) = i|∀| ~w0
|
j=1 : w
0
i ≤ w
0
j
.
If multiple components share the same smallest value, the value of min]
is picked
at random from the corresponding indices.
3. The vector ~w
0
is updated by adding ~wmin]( ~w0) + r to the component pertaining to
Xmin]( ~w0)
: w
0
min]( ~w0) = w
0
min]( ~w0) + wmin]( ~w0) + r
81Algorithm 4.1 Scheduling pattern instances
input : The scheduling vector ~w ∈ R
m
output: A scheduled stream
~w
0 ← ~w;
l ← 0;
while l < lstream do
jins ← min]( ~w
0
) = i|∀| ~w0
|
j=1 : w
0
i ≤ w
0
j
;
append pattern Xjins to stream;
increment l by the length of Xjins ;
w
0
jins ← w
0
jins
+ wjins + r; // update minimal value in ~w
0
for j ← 1 to m do // update other values in ~w
0
if j 6= jins then
w
0
j ← w
0
j −
wjins
m−1
end
end
append noise interval of length min((lnoise + u),
¯lnoise) to stream;
l ← l + min((lnoise + u),
¯lnoise)
end
4. ∀j=1,...,m,j6=min]( ~w0)
: w
0
j = w
0
j −
wmin]
( ~w0)
m−1
, which avoids under- and overflows due to
incrementation and decrementation, as the decrement of each step is equal to its
increment, and E(r) = 0.
5. A noise interval of the length of min((lnoise + u),
¯lnoise) is injected into the stream,
containing random values that adhere to the dependencies defined by ξ0.
This is also formulated in pseudocode in algorithm 4.1.
Within the frame of our example, this has the following effects: First, an interval of
noise of length 5 is appended to the stream based on the assumption that the average
value of 4.8 is not significantly impacted by the random effects of u. Then, pattern X2
is appended to the stream, as the smallest value in ~w
> (30), is in the second position.
~w
0
is then updated as follows:
~w
0 =
w
0
1 −
w2
2
w
0
2 + w2 + r
w
0
3 −
w2
3
=
45 − 15
30 + 30 + r
50 − 15
=
30
60 + r
35
The contents of a noise interval cell are generated by determining the index of the
smallest component of the distance ∆o,i = |φi − vˆ0|, where φi ∈ R
si+2 is a set of vectors
of subsequent results of the event at the base of o, modified according to the method
82proposed in equation 4.1.1 (replacing ξ1 with ξ0 and adjusting sizes) and ˆv0 ∈ R
si+2 is
~b appended by the last entries of ~d and ~e respectively:
vˆ0 =
b1
b2
.
.
.
bsi
dsi+1
esi+1
Thus, the symbol added to the stream is:
y = min]
|φ − vˆ0|
In the case of y = si + 2, the control value ins is generated: a new φ is randomly
obtained, ∆o,i re-evaluated, and a new value is inserted after the current position using
this very same algorithm. If the minimum index obtained is si + 1, a del control value
is generated and no value is written into the i-th row of the stream during this iteration.
For all other indices, the resulting index corresponds directly to the symbol of the
corresponding alphabet to be written into the stream. Once this is done, the algorithm
continues, by performing the same actions on the symbol in the cell to the right, for all
columns that are to be generated.
The modifications applied to instances of patterns in the stream are calculated in
the same way for non-defined cells. For cells of patterns containing symbols, the above
algorithm is adapted by calculating min] ∆p,i = min]
|ρ − vˆx|, with ρ ∈ R
si+2 a vector
of random values obtained by sampling p (si + 2)-times, and x being the value in the
pattern cell and hence ˆvx being the x-th column of Ti appended by the x-th elements of
~d and ~e:
vˆx :=
ti,1,x
ti,2,x
.
.
.
ti,si,x
dx
ex
In Figure 4.1.5, we show how the element x2,1,1 = 2 is instantiated into the stream,
modified by noise to become the sensor value 4.
83pattern element x = 2 є A1 1 2 3 4
5 ins del
*
3
9
5
9
2
5
5
1
0
7
5
4
8
2
2
2
7
0
2
5
3
3
4
3
5
2
0
1
2
9
7
4
4
5
1
0
3
7
6
5
8
3
2
3
0
4
6
4335207
1-204-423
35316-24
output symbol y = 4
T1
0
zero mean
noise
Gaussian
d
e
b
Figure 4.1.5.: Noise is applied to symbol x from alphabet A1 using transition cost matrix T1 and transition cost vectors
b
~
1, d
~
1, ~e1. The resulting value is y = 4. This example uses integer values for easier reading and comprehension,
in general the random values are real values. The process starts with value x2,1,1 = 2 from pattern X2, extracts
the corresponding row from T1 and selects the smallest absolute value in the sum of the extracted row and a
random vector, to determine the index of the element to replace x.
84I D
D I
I
I
I I D I
time
Figure 4.1.6.: Extract of a possible resulting stream with n = 4 and m = 3 different
patterns (blue, yellow and green) and noise (red). I and D indicate cells
in which insertions or deletions have happened. y is the symbol that has
been generated in Fig. 4.1.5.
This process (schedule - noise - pattern) is repeated until the sum over all noiseinterval-lengths
and pattern-instance-lengths is equal or larger than lstream. A schematic
example of a resulting stream is given in Fig. 4.1.6.
With regard to our initially targeted model, this allows us to control most variables
precisely. We can generate data that locally or progressively desynchronises, data that
has controlled amounts of noisy variation and in any size or shape desirable. To help
this latter fact, we also permit the handcrafting and loading of pre-defined patterns.
We currently identify the following weaknesses to our approach: we limit ourselves to
normally distributed noise for all random aspects of the generation process. We consider
this as a safe default choice, especially to model sensor measurement noise, but it may
not be an accurate model for variations caused by human actions. In the absence of a
better model for this kind of variation, we restricted ourself to Gaussian distributions.
Our correlation algorithm between two data sources with different numbers of symbols
is not correct, in the sense that we linearise across dimensions which have no actual linear
relationship. On the other hand, we see this as the only way to implement correlation.
Due to the difficult nature of this feature, we do not use it for the generation of our
data, based on the assumption that strongly correlated data is unified to a single sensor
reading in real world context data.
85A final problematic issue is that of our multidimensional noise issue, which makes the
link between a chosen variance value and the actual effect on value transitions rather
unintuitive. Although a probability interval based approach may have had more predictable
results, it would be more complex to integrate with the notion of data source
correlation, and would require a rather complex calculation of interval limits for each of
the possible transitions.
Taking into account these limitations, we feel nonetheless confident that it allows us
to generate a number of well understood datasets. The ability to retain the information
of which pattern is instantiated in which cells of the output stream allows us to evaluate
our alignment algorithm against this ground truth.
4.1.1.5 Dataset Generation
For the evaluation procedure, we generate 135 datasets, which can be characterised
by five different scenarios, each of which has 27 different variations by adjusting three
variables. Each scenario serves to link a configuration of the data generator, to a specific
type of behaviour of a simulated human exhibiting a certain way of life. These five
scenarios are:
1. A scenario without random influences, outside the order of pattern instantiation.
This corresponds to a human who reproduces the exact same set of context data
every time a certain activity is performed, and always performs activities that are
repeated eventually.
2. A scenario with an interval (of length 10) of random data between each two pattern
instances. This could represent a person that performs some activities exactly the
same way, between which there are intervals of irregular activity.
3. A scenario where each pattern instance is heavily treated with noise. This correspond
to a person that acts with regularity, but is insufficiently instrumented to
give trustworthy data, or does the same activity in a different way.
4. A scenario where each pattern is instantiated in varying intervals. A user profile
exhibiting this behaviour would be a from a person performing activities identically
each time, but not in the same order or at the same frequency.
5. A scenario where 75% of the cells of each pattern are undefined. These sparse patterns
represent a faulty sensor suite or someone who only has a few key detectable
regularities in their daily activities.
86These configurations are summarised in Table 4.1.
A number of other configurations parameters are equal across all configurations and
scenarios:
❼ All patterns have length 10;
❼ Each simulated sensor has an alphabet size of 10 – a realistic compromise between
separation and resolution;
❼ Transition costs are equal for all configurations;
❼ The inter-pattern variance is infinite across all configurations – each pattern is
generated independently from the others.
Furthermore, we vary three properties in three ways each:
❼ Number of patterns: 2, 5 or 10;
❼ Number of rows: 2, 5 or 10;
❼ Number of columns: 100, 200 or 500 (cf. Table 4.2).
In Table 4.2, advancing a column increments from the base index given in the first
column. For example, the 15th configuration can be found in the column denoted +5 in
the row denoted 10.
These latter give us the 27 variations of each of the five principal scenarios and thus
we obtain the number of 135 configurations. For each scenario, a set of ten patterns is
defined, of which suitable subsets are used for each of the configurations.
We define the transition costs for the generator such that the identity transition is
assigned a zero cost, whereas a substitution with any other symbol is assigned a cost of
one. Substituting a symbol with an insertion or a deletion is given a cost of two (using
the classic model of fixed indel scores), and substituting a don’t care symbol with any
alphabet symbol is given a cost of one as well. Table 4.3 contains the entire transition
cost matrix.
Table 4.1.: Configuration of the five datasets.
Dataset 1 2 3 4 5
noise interval length (count) 0 10 0 0 0
pattern noise distribution (σ
2
) 0 0 9 0 0
pattern repetition distribution (σ
2
) 0 0 0 9 0
gappiness (ratio) 0 0 0 0 0.75
87Table 4.2.: Configuration values for the 27 experiments making up a dataset.
index +0 +1 +2 +3 +4 +5 +6 +7 +8
2 5 10 2 5 10 2 5 10 num. of patterns (m)
1 2 2 2 5 5 5 10 10 10 num. of rows (n)
100 100 100 100 100 100 100 100 100 num. of columns (l)
2 5 10 2 5 10 2 5 10 num. of patterns (m)
10 2 2 2 5 5 5 10 10 10 num. of rows (n)
200 200 200 200 200 200 200 200 200 num. of columns (l)
2 5 10 2 5 10 2 5 10 num. of patterns (m)
19 2 2 2 5 5 5 10 10 10 num. of rows (n)
500 500 500 500 500 500 500 500 500 num. of columns (l)
Table 4.3.: Transition matrix T used for the generation of the test datasets.
ins del 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 *
* 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0
0 2 2 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 2 2 1 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1
2 2 2 1 1 0 1 1 1 1 1 1 1 1
3 2 2 1 1 1 0 1 1 1 1 1 1 1
4 2 2 1 1 1 1 0 1 1 1 1 1 1
5 2 2 1 1 1 1 1 0 1 1 1 1 1
6 2 2 1 1 1 1 1 1 0 1 1 1 1
7 2 2 1 1 1 1 1 1 1 0 1 1 1
8 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 0 1 1
9 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 1
The similarity score table for the local alignment algorithm is derived from these
values. The identity score is set to 10. The substitution of one symbol with a different
one is assigned a penalty of -15. This value is chosen as an optimisation for scenario 2,
based on the following consideration:
The chance of a random match is 1/10 for each cell. In the two row case, completely
bridging the noise interval between two patterns requires an alignment of the 20 cells
between two patterns. The expected value of random matches in this interval is two. To
improve pattern separation, the penalty value is chosen to prevent over-alignment even
for four instances of matches in the interval of noise. This covers 95% of all cases in the
two-row configuration.
The insertion and deletion penalty are chosen twice as high (-30) as the substitution
penalty, mirroring the generation configuration.
88For each one of the 135 configurations, a dataset consisting of ten sequences is generated.
Next, we evaluate our alignment approach on this generated data.
4.1.2 Synthetic Data Pattern Extraction Evaluation
This subsection presents the results obtained from using our local alignment algorithm
(as introduced in Chapter 3) on synthetic data generated according to a number of
different scenarios. We have generated a total of 135 different datasets, and use the
alignment approach to extract patterns, which are then compared to the actual patterns
– as generated – in the test data. We decided to limit ourselves to 135 datasets, as we
assume this to be a good compromise between covering some of the breadth of possible
configurations, and also allowing us to present all the results.
4.1.2.1 Evaluation Criteria
We evaluate the alignments on four criteria.
Number How many alignments are made, with regard to the expected number of possible
pairings of patterns between the two sequences?
Precision How much of an alignment actually covers a pattern?
Recall What part of a pattern is covered by an alignment?
Alignment size How big are the alignments that are found, compared to the size of the
patterns present?
We average precision and recall across all alignments for a configuration. If an alignment
covers multiple patterns, we only consider the best-covered pattern. In Fig. 4.1.7, the
precision and recall measures are presented on an example.
4.1.2.2 Hypotheses
With regard to the five scenarios characterising each dataset laid out in the previous
section, we can expect the following results:
1. The first dataset, especially in conjunction with low numbers of patterns, should
develop “macro-pattern” artefacts (i.e. series of patterns with the same order of
individual patterns) and few, but overly large alignments can be expected.
89Aligned cells outside pattern
Unaligned pattern cells
Total pattern cells: 24
Total aligned cells: 20
Aligned pattern cells = 16
Precision = 16/20 = 4/5
Recall = 16/24 = 2/3
Size ratio = 20/24 = 5/6
Unaligned non-pattern cells
Aligned pattern cells
Figure 4.1.7.: Evaluation scoring example.
2. The second dataset should have a low incidence rate for complete over-alignments.
These occur when two patterns appear in the same order in two input matrices
and the random values between patterns are sufficiently similar. Patterns should
otherwise be well discerned. Single-row over-alignments can be expected to be more
common (over one third for configurations with only two patterns), especially for
larger row numbers.
3. Dataset three can be expected to be a case where the algorithm would not be able
to identify most of the patterns. The selected configuration means that almost 80%
of all values are changed during instantiation. This makes alignable patterns rare.
Despite a minimal admissible score of only 60% compared to datasets one, three
and four, complete and correct alignments of patterns are unlikely to be made.
The contiguous characteristics of the alignments mean that some changed cells of
patterns can be included in the alignments.
4. Results on dataset four should also be similar to those on dataset one, but with –
on average – shorter alignments, as macro-patterns should be less likely to emerge,
when the order of pattern instantiation is less regular. The impact of this is expected
to be more noticeable with configurations with a higher number of patterns.
Alignments are more likely to match well with patterns.
905. In the fifth dataset finally, the scoring system in place and the extreme gappiness
should have a large percentage of false positives among very few, partial alignments
of actual patterns. It can be seen to serve as a negative control experiment. In
contrast to set three, the alignments should be more likely to span non-pattern
cells.
4.1.2.3 Results
The average evaluation results for each scenario are contained within Table 4.4. This
table contains the ratio of detected alignments to expected number of pairs of patterns
in the data, the average precision and recall values across all 27 configurations (which are
themselves the averages across all alignments for each configuration) and the size ratio.
The values for Dataset 3 and Dataset 5 are not directly comparable to the others, as we
used a different MASS base score, to account for the noise in Dataset 3 and the missing
data in the case of Dataset 5. MASS in these cases have been reduced to 0.6 (a value we
consider to be similar to what may pass as a real world noise tolerance value) and 0.25
(three-quarters of the cells of a pattern are undefined) respectively of the corresponding
MASS in the other configurations. For these, MASS is equal to the size of the pattern,
as we assign a similarity score of one per identical cell.
Table 4.4.: Key results: averages and standard deviations across all configurations.
Measure Dataset 1 Dataset 2 Dataset 31 Dataset 4 Dataset 52
#alignments
#pairs of pat. 0.31 ± 0.26 0.69 ± 0.29 0.041 ± 0.054 0.31 ± 0.26 0.22 ± 0.32
precision 0.54 ± 0.22 0.77 ± 0.20 0.13 ± 0.06 0.52 ± 0.24 0.54 ± 0.18
recall 1.00 ± 0.00 1.00 ± 0.00 0.56 ± 0.19 1.00 ± 0.01 0.20 ± 0.06
alignment size
pattern size 5.66 ± 4.48 2.45 ± 2.51 6.72 ± 3.96 6.65 ± 6.08 1.60 ± 0.24
The runtime for the complete set of alignments is around 4 minutes of real time on
a pair of Intel➤ Xeon➤ E5-2560. Across all 135 configurations, we obtained 214,963
alignments.
In Fig. 4.1.8, we present the ratios of alignments to expected pairs of patterns per
configuration. The most striking trend is that datasets 1 and 4, and to a lesser extent
dataset 2, show a series of this measure rising in patterns of three. This can
be directly attributed to the macro-patterns that are created, which are obviously
more numerous when the number of patterns in the data is low, and simultaneously
1The results for Sets 3 have been obtained with a MASS of 60% of those of Sets 1,2 and 4.
2The results for Sets 5 have been obtained with a MASS of 25% of those of Sets 1,2 and 4.
91the lack of noise does not allow segmentation of the patterns into their components.
Table 4.5.: Average Pattern Size
for Dataset One
config. mean error
0 4.13 ±2.73
1 1.32 ±0.93
2 1.82 ±1.99
3 1.29 ±0.81
4 5.86 ±5.50
5 5.25 ±5.31
6 2.81 ±3.25
7 8.92 ±5.61
8 8.99 ±5.64
9 4.69 ±5.07
10 1.53 ±1.27
11 1.23 ±0.73
12 3.70 ±2.86
13 3.09 ±2.53
14 1.89 ±1.60
15 4.35 ±2.68
16 3.72 ±2.75
17 2.98 ±2.22
18 8.68 ±10.54
19 2.22 ±3.11
20 11.26 ±12.35
21 8.45 ±11.74
22 4.50 ±8.19
23 17.55 ±14.69
24 17.89 ±14.89
25 8.88 ±12.30
26 5.83 ±4.86
A more subtle trend lies in the reduced number
of alignments made, when there are more sensors
in the data. This can possibly be ascribed to the
higher MASS in use for those scenarios.
For dataset one, almost all patterns are covered
by alignments and average alignment size is 5.66
times the pattern size (validating our macropattern
hypothesis), two outlier configurations (16
and 17) reach an average pattern size over 17 times
larger than patterns, with very large deviations in
the samples (cf. detailed results in Annex B.1.2
and an extract in Table 4.5). Mean precision across
all configurations is 0.55 (standard deviation across
means of each configuration: 0.22).
Dataset two benefits from the fact that it is the
reference for the score matrix. This means good
separation of patterns due to the noise between
them (alignment size on average 2.45 times the pattern
size). The average number of alignments is
0.69 times the number of pairs of patterns. Precision
is relatively high, and almost all patterns
are completely covered by at least one alignment.
Problems with over-alignment arise when a low
number of patterns is combined with a high number
of sensors. Here the score obtained by aligning
a pattern with another is high, and the chance
that the following patterns match is also high;
this means that an alignment stretches over multiple
patterns when the score penalty incurred by
the noise interval is not sufficient to prevent overalignment.
Dataset three highlights the detrimental effects
of noise on alignment quality and quantity. Especially
with the equidistant layout of the value
space, there are very few alignments made with the provided score matrix. The preci-
920
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27
Dataset 1
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27
Dataset 2
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27
Dataset 3*
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27
Dataset4
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27
Dataset 5
Figure 4.1.8.: The ratios of the number of alignments to the combinatorially expected
number of identical pairs of patterns in two different files, for all five
datasets and all 27 experiments. As the number of patterns rises, the
expected number of pairs gets lower, and the rate of alignments gets closer
to the number of pairs.
*Note: The values for dataset 3 are on another scale than the others.
93sion score is very low, alignment size varies wildly, but is on average very large, despite
a 40% reduction in minimal admissible scores, which should favour smaller alignments.
The pattern coverage metric is no longer accurate for this case, as its implementation
depends on the simultaneous start of a pattern which is no longer guaranteed once insertions
and deletions appear. Notably, some patterns were found in all configurations.
The results from dataset four are in most aspects very similar to those from dataset
one. In comparison, the average size of patterns is higher; recall and precision are lower,
and show a slight increase in variability.
Dataset five – serving as negative control – has the minimal admissible score of the
alignments reduced to one quarter of those of dataset one, to offset the three-quarter
loss of information induced by the gappiness value. This visibly does not even out the
loss of information due to gappy patterns. The score matrix punishes inequality too
heavily for but a few chance alignments to arise, if any at all. Precision is no lower
than for datasets one and four, as the low scores of the alignments do not allow the
inclusion of a large number of non-matching values in alignments. The average recall for
patterns covered by alignments is very low. Alignment sizes reflect the reduced scores and
are similar across all configurations (0.05 standard deviation, excluding configurations
without alignments).
4.1.2.4 Performance Comparison
Our key contributions having as goal performance improvements of an existing algorithm,
we compare these results with those obtained with the original algorithm. Where the
previous results – with the new algorithm – were obtained in just over 4 minutes, the
original algorithm (as described by Lecroq et al., 2012) gave most results after around
10 hours, but eight configurations with large alignments (particularly configurations of
datasets 1 and 3 with long sequence lengths and few different patterns) took over a week
to give results, under the same testing configuration.
To verify that this drastic increase in performance did not negatively influence our
performance metrics, they are presented in Table 4.6. Even if initially the values appear
better (especially precision for datasets one and four) than what we obtained from the
faster algorithm, we argue that this is possibly due to an undesired effect. The key
difference in results, is that a total of 291,858 alignments are made using the slower
approach. Since these alignments can be assumed to be smaller than the ones we obtain
using the fast variant (due to the score maximisation effort), they reduce the impact of
macro-patterns on the evaluation scores. On the other hand, they are also likely to be
redundant, as they should be covered by or similar to another alignment of the same pair
94Table 4.6.: Key results: averages and standard deviations across all configurations for
the state of the art algorithm
Measure Dataset 1 Dataset 2 Dataset 33 Dataset 4 Dataset 54
#alignments
#pairs of pat. 0.57 ± 0.27 0.867 ± 0.15 0.022 ± 0.024 0.55 ± 0.27 0.15 ± 0.23
precision 0.70 ± 0.24 0.93 ± 0.06 0.22 ± 0.10 0.69 ± 0.26 0.64 ± 0.21
recall 0.98 ± 0.03 1.00 ± 0.00 0.72 ± 0.32 0.95 ± 0.14 0.20 ± 0.05
alignment size
pattern size 2.82 ± 2.20 1.12 ± 0.11 6.48 ± 4.21 3.19 ± 3.37 1.40 ± 0.16
of input sequences. The improved average recall values of our new algorithm compared
to the older one also are indicative of this. Additionally, our results for the more difficult
datasets (three and five) actually show an improvement with regard to the number of
alignments found using our new approach over the state of the art algorithm.
We therefore claim that the reduction in results and much decreased time required for
the calculation make the resulting reduction in average precision an acceptable trade off,
especially because there is evidence that the decrease is due to additional, non-maximal
patterns in the data, which are of less interest.
4.1.3 Analysis
Overall, this evaluation shows that the algorithm works largely as expected, and allows
us to judge system constraints. Our optimisations on the state of the art algorithm have
reduced run time massively. This renders it capable of realistically dealing with data
that has a much larger scale than previously possible. On the dataset for which the
algorithm was tuned, the results are acceptable, especially when the presence of many
patterns inhibits the formation of macro patterns. Recall values in particular indicate
that most of the time an alignment corresponds to a pattern.
The results also show the limits of our approach. Although in the ideal case we
observe many perfect fits of alignments to patterns, we also observe the tendency of
the current configuration to extend alignments beyond pattern boundaries, if identical
pattern sequences are present. In sparse data or in noisy data, the simple model we use
here prevents reliable extraction of patterns, because all substitutions are equiprobable.
This is especially characterised by the low recall values, indicating that most alignments
are made from data that is randomly similar to other data.
One of the key observations on these results is that the length of the sequence has
a detrimental effect on almost all performance measures. This is due to combinatorial
3The results for Sets 3 have been obtained with a MASS of 60% of those of Sets 1,2 and 4.
4The results for Sets 5 have been obtained with a MASS of 25% of those of Sets 1,2 and 4.
95effects which create macro-patterns in a higher number in these long sequences. Minimising
length – so that only a few patterns are included in a sequence – allows for
better precision. Especially in real world data, when examining data from people with a
routine-heavy lifestyle, one would expect to find larger patterns if the search window is
sufficiently large. This is reinforced by the number of different patterns countering this
combinatorial effect.
Another observation is that the wider the dataset, the worse the impact of macropatterns.
This is due to the higher accumulated similarity score after each block of
identical data, and therefore increased tendency to bridge the gaps between identical
blocks. Although this is a problem with ideally replicated pattern instances, in noisy data
this increased resiliency might be beneficial. The effect can be controlled by adjusting
the similarity scores for the various edit operations.
On the other hand, the actual behaviour on context data can only be determined by
testing the approach on real world data. This is explored in the next section.
4.2 Real World Data Evaluation
The previous synthetic data based evaluation of our algorithm allowed us to determine
the runtime of our algorithm under specific, controlled conditions, as well as gain some
initial insights on how it performs with regard to our accuracy measures. To truly
validate our approach, further evaluation on real data is required. In the following we
describe how we obtained the real data we use, present our results and then analyse
them for potential conclusions.
4.2.1 Data Collection Campaign
The validation of our approach on real world data is a key part of this work. After an
examination of available context datasets (cf. section 2.4 on page 46), we come to the
conclusion that none of these is suitable for the specific aims of this work. Hence, we
designed a specific data collection protocol and launched a data collection campaign in
late 2011. This section documents the process of this campaign from conception to an
annotated dataset that is in a suitable format for the alignment approach introduced in
the previous chapters.
964.2.1.1 Motivation
The key limitations we identified in existing datasets, were the absence of ground truth
data and the limited scope of the available context data. Our key goal therefore was to
address these shortcomings, by including more physical context data and simultaneously
maintaining a reasonable volume of data – so that manual annotation with ground truth
data would be possible.
The key design imperative is a small footprint, in the sense of the context data capture
mechanism not impeding the daily routine of the test subjects. Additionally, it is
important for the data collection mechanism to maximize the amount of data available,
both by implementing safeguards to prevent the loss of already recorded data, and by
allowing the subjects to selectively disable individual sensors. The latter follows our
reasoning that users would be more open to gathering data if they could selectively
disable sensors. It is better to lose some data for an interval, than to lose all of it, in
case a user wants to disable tracking. This approach – coupled with visible feedback of
the current sensor values – aligns our data capture philosophy with the one proposed by
K¨arkk¨ainen et al. [2010].
4.2.1.2 Data Collection Campaign
We decided to use an Android application as mobile segment of our data collection
software. This application regularly records sensor data and transmits this data in
aggregated batches to a storage database server. The following values are being recorded
every ten seconds:
❼ Local time and date,
❼ Geolocation (via the Android Location API: Based on GPS and radio network
fingerprints),
❼ Linear acceleration forces (3D Accelerometer),
❼ Angular velocity (3-axis gyroscope),
❼ Magnetic field (3-axis magnetometer),
❼ Luminance,
❼ State of the handset proximity sensor,
❼ Type of data network currently available,
97❼ Signal strength of cellular network and
❼ Remaining battery charge.
These values are first written to a local database on each of the phones, and then automatically
sent to a central database server every 24 hours, if a wireless LAN connection
is available. Otherwise a retransmission is attempted every six hours. A participant
in the data collection campaign can also manually trigger a transmission of the locally
stored data.
Our campaign was centred around Rouen (a major regional town in northern France)
and Grenoble (a university town in south-eastern France). We recruited a total of 20
test subjects, from 5 of which we obtained useful amounts of data. The other test
subjects did not participate over the entire term of the campaign, possibly due to lack of
incentive or usability issues caused by the increased battery drain of their phones. The
campaign ran for a duration of two months, from November 2011 until January 2012.
The total amount of data we accumulated was around 430 MB, most of which was from
3 of these 5 users, with the remaining users contributing much less data. Most of this
variation is either due to early termination of participation in our campaign, or because
many sensors were either disabled by the participant or not available on the participant’s
hardware.
Besides the obvious privacy concerns of such a campaign, one other issue that presented
itself to participants was the high battery usage, particularly of the GPS and microelectromechanical
sensors (e.g. accelerometer, gyroscope, magnetometer). This reduced
the battery run time of most of the handsets used in the campaign to significantly less
than 24 hours, meaning that recharging the device every night was recommended and
necessary.
With regard to the design goals, this was the principal concession we had to make. Using
the smart phone as capture platform for the context data, allowed for less disruption
in the daily lives than a separate device would have generated. Our other criterion, of
capturing a wide variety of physical context data, has been mostly met. Unfortunately
many phones lacked gyroscopes and some device specific issues when using the microphone
prevented us from reliably capturing environmental noise levels, which ultimately
prevented us from including this in our data. Meteorological information also appeared
as a promising aspect of context data to us, but at the time of development, thermometers,
barometers and hygrometers were not available on phone platforms, and using real
time data from a nearby weather station is both unreliable and difficult to implement.
Getting this data after the end of the campaign was also an option, but historical data is
98only available at low temporal resolutions and from services implementing strict quotas
on queries.
4.2.1.3 Data Preparation
The data we collected requires some amount of pre-treatment to fit to the model we
have laid out earlier. Although the ten-second acquisition interval gave us a regular
time-discrete source of data, most values were still quasi-continuous.
Due to the amount of manual intervention required at this stage, we reduce our test
dataset to the data of the test subject which contributed the largest amount of data.
Examination of this data reveals that this participant’s device lacked a gyroscope, so
no angular velocity data is available. Other sensors contain obviously “troublesome”
(false readings, singleton outliers) values, which we eliminate. We also discard network
type and signal strength data, as they are highly correlated with geolocation. To further
reduce the amount of data present – to facilitate manual annotation of patterns – we
fuse magnetic and accelerometric orientation data into one single 6-axis sensor. This
leaves us with five context data sources:
1. light intensity on a logarithmic scale
2. state of the proximity sensor
3. location
4. battery charge level
5. orientation with regard to the magnetic North Pole and the gravitational centre of
the earth.
The next step is the actual discretisation, which is performed manually. Clustering
algorithms (such as k-means and X-means [Pelleg and Moore, 2000]) serve as an aid to
assign 14 place-IDs to all pairs of longitude and latitude values (see Fig. 4.2.1 for an
example), 8 orientation IDs to all 6-tuples of accelerometer and magnetometer readings
and 8 discrete battery charge levels. The luxmeter only gives 10 different levels of
luminance, which are used directly and the proximity sensor returns a binary reading.
We then reduce the sampling frequency to one measurement every one hundred seconds,
and cut the data into 24-hour segments, from 4 a.m. to 4 a.m. the following day. These
segments are around 850 5-tuples long, which renders them tractable both for the alignment
algorithm (cf. the runtime of our initial experiments in subsection 4.1.2.4) and –
to a much larger degree – manual annotation. The latter is a necessary step to allow
99Figure 4.2.1.: Clustering of locations into places of the data gathered by one subject over
a one week timespan. Artificial jitter has been introduced to the data, to
better visualise data density. Note how nine incidences in the top left are
clustered together with the other points towards the top left. The low
number of incidences renders this error negligible.
proper evaluation of discovered alignments: Three key patterns (cf. Annex B.1.3) have
been selected by visual analysis of graphs of the sensor data (cf. Fig. 4.2.2), and then
each occurrence has been labelled by hand, by annotating the raw data with a pattern
ID for the sensors and intervals that visually resembled one another.
Although this is an inaccurate practice, it does allow us to roughly label some of the
features we expect the algorithm to correctly identify and inter-align. As the choice
of “ground truth” is somewhat arbitrary, especially with regard to the vast amount of
data present even after the sweeping reductions in data volume, it cannot be understood
to be a truly ideal measure. Nonetheless, it is the best measure available under the
circumstances, especially considering that the envisioned application is as a decision aid.
Being able to detect these key features is a good benchmark of whether this capability
of the algorithm also persists for similar data.
4.2.1.4 Post Processing
Once the discretised data is available, the next step is to determine the additional information
required to obtain the metadata information (substitution score tables and
indel penalties). We assign each pair of states for each sensor a similarity value, using
10086420
12
10
5:38 5:47 5:57 6:06 6:17 6:28 6:37 6:48 7:01 7:10 7:20 7:31 7:42 9:42 9:53 10:04 10:13
86420
12
10
6:33 6:44 6:55 7:03 7:14 7:23 7:36 7:45 7:56 8:07 8:15 8:26 8:37 8:46 8:57 9:06 9:17
loglux
prox
place
batt
ori
time
Figure 4.2.2.: Visualisation of an extract of the captured data, with similar intervals marked. This extract covers the morning
period of two consecutive days. The y-axis represents the different discretised context values. The values shown
in this extract are light intensity on a logarithmic scale (loglux), the state of the proximity sensor (prox), the
location cluster id (place), the battery level (batt) and the orientation of the phone (ori).
101the approach laid out in the following.
For this evaluation, we create a set of similarity scores derived from both external
knowledge of the data sources and transition probabilities between each of the different
values. Specifically: In the case of the battery level, we used a linear distance function
between the discrete levels, and for everything else we based the similarity measure
on the transition probability, and then symmetrised these values. The negative values
in the latter case correspond to a projection of the transition probabilities onto a
quasi-logarithmic scale, with a score of -10 penalizing less than one transition in 10,000
observations, and a score of -4 corresponding to one transition in five observations. The
positive values are around 5 times the transition probability. The special case of the missing
reading is dealt with, by assigning a weak malus to any substitution of this value
with another and a weak bonus when matched, as we do not consider sensor malfunction
and deactivation to be a reliable context information, despite the potential significance.
For this data, we expect many temporal extensions and compressions of patterns, and
therefore wish to align constant similar sections of different length. Due to the combined
insertion/deletion+substitution approach, we set a relatively low negative supplement
score for insertion and deletion of -2, compared to the maximum negative score of -10
for transition probabilities smaller than 10−5
. The full substitution score tables can be
found in Appendix B.1.1.
One key relationship in these tables is that of positive scores to negative scores, as it
defines the tolerance of alignments to differences in data. Due to the weakly positive to
weakly negative effect of “constant” insertions and deletions, as well as the width of the
data we are using and the long periods of constant values in the data, it is preferable to
penalize non-identical substitutions heavily. This also shapes more compact alignments,
preventing “over-alignment”.
With the dataset now laid out, we can use it for the evaluation process.
4.2.2 Evaluation of Alignment Approach on Real Data
This section quantifies how well the alignment approach works to match the manually
selected patterns to the instances of these patterns in the dataset. The key parameters
are the substitution score tables, as well as the insertion and deletion scores, and finally
the minimal accumulated similarity score (MASS, cf. section 3.2). The generation of
the tables is described in the previous section, and the choice of MASS is discussed in
the following section. Thereupon follow the results we have obtained.
1021 2 3
campaign data
patterns
find local alignments
for each pairing with
different MASS
#58
Figure 4.2.3.: Alignment of three pre-selected patterns with campaign data in 58 slices
corresponding to 24-hour periods of 5-tuples.
4.2.2.1 Experimental Setup
Besides the model parametrisation, the other parameter that we can control is the minimal
accumulated similarity score. This has a key impact in this context, as it affects the
minimum size of alignments and the tolerance to differences between two aligned pieces
of data. To show the effect of different MASS values, in the following we perform an
alignment of the three identified patterns (cf. Annex B.1.3) with all 58 days worth of data
from the campaign participant we isolated in the previous subsection, with eight different
values for MASS. This process is illustrated in Fig. 4.2.3. The number of manually
annotated instances per pattern is as follows:
❼ Pattern 1: 13 instances,
❼ Pattern 2: 18 instances,
❼ Pattern 3: 27 instances.
As a starting point, we examine the three patterns, and expected accumulated similarity
scores. The first pattern is 190 5-tuples in size. By analysing the representing
sample that is used for searching instances in the remaining data, we can obtain the
103score of a perfect match with itself, which gives an upper bound. This score is 2,962 for
the first pattern, 3,271 for the second (199 5-tuples) and 1,441 for the third (197 2-tuples
– this pattern only covers proximity and location data).
Our choice of a useful lower bound is based on the assumption that an hour of similar
values is the minimum scale of interest. As one hour corresponds to 36 5-tuples, and
assuming that we require perfect matches during this hour to meet our minimal criterion
of similarity, then the target value is around 500, which corresponds to an average
similarity row score of ∼ 2.78; the average score per row – assuming uniform distribution
of all symbols – is ∼ 2.65.
Using these two extrema as starting points, we select the following values as our
reference points: 500 as lower bound, 700, 850, 1000, as a range that should give expected
results for the smaller pattern, and 1,300, 1,700 and 2,200 as a spread more useful for
the larger patterns; finally, we choose 3,000 as the upper boundary, which can only be
expected to give a single alignment – namely the alignment of the extracted pattern 2
with itself in the corpus.
4.2.2.2 Results
We use precision and recall (i.e. the ratio of cells correctly aligned in an alignment and
ratio of cells of an annotated pattern covered by an alignment) for each of the pair of
5-tuple sequences to be aligned, similarly to the evaluation of the synthetic data results.
Additionally we determine the number of alignments made, and for each pattern the
number of instances we have manually annotated. For the four values of precision and
recall, we calculate mean and standard deviation across all alignments for each MASSconfiguration.
These values can be found in table 4.7.
An alignment consists of two elements: one in the predefined pattern, and one in one
of the 58 day-slices of the campaign data. In this table, “A” identifies the part of the
alignment in the search sequence, and “B” represents the corresponding aligned part in
a sequence from the corpus. Fig. 4.2.4 visualises these results, by plotting recall and
precision across each MASS-value and the B-parts of each pattern. When looking at
“B” recall values, it is important to note, that alignments of non-annotated data result
in a zero value, which then impacts the mean recall and precision for a result. This is
reflected in the high standard error for these values.
104Table 4.7.: Evaluation results. A is the search pattern, B is the instance in the corpus.
Dataset Pattern 1
Measure prec. A. rec. A. prec. B. rec. B num.
MASS = 500 1 0.277±0.158 0.024±0.114 0.013±0.083 5011
MASS = 700 1 0.397±0.158 0.072±0.208 0.050±0.171 1049
MASS = 850 1 0.440±0.163 0.100±0.242 0.071±0.200 734
MASS = 1000 1 0.514±0.151 0.138±0.290 0.107±0.245 462
MASS = 1300 1 0.585±0.128 0.201±0.332 0.158±0.285 306
MASS = 1700 1 0.657±0.104 0.329±0.379 0.267±0.336 171
MASS = 2200 1 0.802±0.071 0.712±0.247 0.633±0.288 38
MASS = 3000 X X X X 0
5
Dataset Pattern 2
Measure prec. A. rec. A. prec. B. rec. B num.
MASS = 500 1 0.358±0.157 0.045±0.184 0.031±0.129 5201
MASS = 700 1 0.432±0.149 0.070±0.227 0.048±0.160 3206
MASS = 850 1 0.486±0.131 0.078±0.245 0.057±0.176 2240
MASS = 1000 1 0.524±0.125 0.085±0.268 0.064±0.195 1516
MASS = 1300 1 0.566±0.138 0.190±0.385 0.137±0.281 563
MASS = 1700 1 0.605±0.138 0.277±0.442 0.193±0.321 286
MASS = 2200 1 1 1 1 1
MASS = 3000 1 1 1 1 1
Dataset Pattern 3
Measure prec. A. rec. A. prec. B. rec. B num.
MASS = 500 0.965±0.059 0.574±0.189 0.596±0.387 0.380±0.324 387
MASS = 700 0.955±0.067 0.680±0.146 0.602±0.376 0.357±0.253 248
MASS = 850 0.966±0.054 0.750±0.060 0.744±0.283 0.433±0.209 185
MASS = 1000 0.992±0.014 0.774±0.046 0.820±0.239 0.505±0.216 46
MASS = 1300 1 1 1 1 1
MASS = 1700 X X X X 0
5
MASS = 2200 X X X X 0
5
MASS = 3000 X X X X 0
5
Across all 7,771 alignments made in search for pattern 1 in the corpus, 6,891 alignments
are false positives (i.e. with not even partial coverage of the instances). For pattern 2 this
is 11,504 out of 13,014 total, and for the third pattern 186 out of 867 alignments do not
even partially cover an annotated instance. This allows us to determine an upper bound
for the number of partial false positives (880, 1510, 681) – alignments that intersect with
annotated pattern instances, consist of subsequences of such instances or are partially
5X denotes the absence of data
105covered by other alignments. These numbers also include the alignments that best cover
a pattern, which can not exceed eight times the number of instances per pattern (104,
144, 216) due to the accumulation of the values across all repetitions of the experiment,
and the perfectly matching alignments, which number 20 in total (7, 8, 5).
Even when the MASS is set to 1,700, we still find 205 alignments of pattern 2 within the
corpus, that in fact do not correspond to an annotated instance. Some of the excess can
be explained by multiple locally optimal alignments, that partially cover a ground-truth
annotated interval, other is in sequences that are simply sufficiently similar according to
our measure, but in non-annotated parts of the corpus.
The “A” part of the results is less interesting, as the precision values for the first two
patterns are necessarily equal to one, due to every element in the search sequence being
part of the pattern. In the third pattern, this value indicates how much of the alignment
covers the undetermined part of the pattern. Recall values for the first two patterns are
directly the ratio of alignment size to pattern size. For the third pattern, this does not
hold true, as the alignment can cover non-determined cells.
An additional factor to consider is that some of the alignments might qualify as patterns
to an expert, when they are discovered by alignment, despite not having been
selected in the non-aided, manual annotation process, due to the fuzzy nature of the
latter.
4.2.3 Analysis
The initial observation on these results is that finding pre-identified patterns by means of
aligning n-tuples requires extensive pre-analysis by the expert user to formulate a reasonable
expectation of MASS and number of pattern instances in the corpus, based on the
scoring tables, size of the pattern and variability between pattern instances. Nonetheless,
given the reasonable time of execution for our example (6 minutes for the sequential
execution of the 24 samples of this experiment, on an Intel➤ Xeon➤ E5-2650), it is
possible to quickly perform a number of alignment processes with different MASS, and
discard those that appear to be too inclusive or too restrictive. If the parameters are
chosen fortuitously, then the alignments closely match the expert’s expectation of what
constitutes a pattern instance, or at the very least point to areas of interest.
We also note that although pattern one and pattern two share almost the same amount
of alignments made at the base score of 500, the elimination of false positives with
increasing MASS differs greatly between them. The number of alignments for pattern
one drops drastically at the step from 500 to 700 and then is reduced more gradually,
whereas for pattern two the number of alignments drops more evenly at the lower MASS
1060
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,11
500 700 850 1000 1300 1700 2200 3000
prec 1
rec 1
prec 2
rec 2
prec 3
rec 3
MASS
score
Figure 4.2.4.: Mean precision and recall for the instances in the corpus (“B” - part of the alignment) for the 24 test configurations.
From left to right are the different values of MASS used. With rising MASS, both precision and recall
increase. The rightmost bars are fewer, as no alignments were made with MASS values 1,700 and above for
pattern 3, and no alignments were made with MASS values 3,000 for pattern 1. Due to the smaller number of
elements contained in pattern 3, it has higher values than patterns 1 and 2 for the same MASS.
107samples, but then very abruptly at a higher score level. And even though the maximum
score is higher for pattern two, at MASS 1,700 there are fewer alignments made than
for pattern one. This observation suggests that the larger instances of pattern two are
also more varied. The consequence is, that as similarity values are accumulated by the
alignment algorithm, they stay lower due to constant penalties. Conversely, instances
of pattern one have higher local similarity, leading to a better separation of patterns
from lower scoring false positives, as penalty scores are fewer and further between. The
similarity based approach can therefore also be used to make qualitative observations
on sensor data, especially when using a denser sampling of MASS values, for added
precision.
Although this evaluation does not cover the alignment of entire day sequences with one
another, together with the synthetic evaluation it gives a clear notion of the characteristics
of our proposed alignment algorithm, when it is applied on context data. The main
challenge to evaluating the algorithm on real data is that this evaluation cannot be done
with objective measures, as the notion of what constitutes a “pattern” in context data is
not universal, and determining whether an actual routine activity is taking place requires
activity diary data in parallel to the data collection campaign, which is unrealistic at
relevant scales. Therefore we limit our experimentation to these two aspects.
108Conclusions and Future Work
The aim of this work is to determine whether it is possible to detect routine in the dayto-day
lives of mobile phone users. We come to the conclusion, that indeed it is possible
– if such routine elements are present. We consider this result an extension, refinement
and affirmation of existing approaches that detect routine in context data, such as the
works of Clarkson [2003] and Eagle and Pentland [2009]. Our results align themselves
particularly well with Clarkson’s work, in that our approach uses high resolution data,
but is only validated against a single person’s real world data. What we present is to be
seen as a proof of concept, as it lacks additional evaluation against a broader dataset.
Before we continue to discuss the advantages and limitations to our approach, we
briefly resume our contribution and results.
We presented in this work an alignment algorithm for sequences of context data, that
has been derived from an existing two-dimensional alignment approach, but optimised
to take advantage of the characteristics of the data and the desired results, to decrease
total calculation time by several orders of magnitude in some cases. To achieve this
increased performance, we took into account the structure of context data as a sequence
of n-tuples, which allowed us to decrease the original alignment problem complexity by
one dimension, and gave a theoretical speed-up of n. Additionally, we used an early
discard approach to finding locally optimal alignments in the data, greatly increasing
real-wold performance by reducing the amount of backtracking operations required for
the dynamic programming algorithm.
This algorithm is then evaluated against two types of datasets, one generated by a
specially developed simulator, the other an annotated subset of data recorded during a
collection campaign. The results on the former show that our approach works largely as
expected, with a weakness when attempting to segment patterns that appear in the same
109sequential order in two different input files. On the real world dataset, we used a different
evaluation approach to account for the difficulty of obtaining a ground truth reference.
The algorithm was used to align known routines with sequences that contained the data
of one day each. This result showed that the quality of the results depends directly
on the choice of the minimal admissible similarity score, which needs to be optimised
to within a small fraction of the ideal value, to obtain results that closely match one’s
expectations.
One of the main advantages of our approach, is that it can point out from a dataset
some candidate intervals that should correspond to pairs of routine elements in context.
Our evaluation on synthetic data shows that – if naively configured – the algorithm
has a strong tendency to cover multiple patterns, if they appear in the same sequence.
It is disputable whether this is always desirable – as it reduces the segmentation of the
results – but it follows from our choice to search optimal alignments to reduce the overall
number of patterns extracted. An example of where this could be problematic, is when a
person frequently does two activities in sequence, but occasionally only one individually.
Then – numerically – one routine activity happens more often than the other, but this is
not reflected in the result: when aligning two samples that contain the sequence of pairs,
the result is a single alignment, with no direct relation to other alignments comprising
only one activity.
Our real data evaluation was limited in that we only checked for a set of pre-determined
patterns – primarily due to the challenge of manually determining a desirable evaluation
target, without a specific target application. Nonetheless, we were able to display how
the minimal accumulated similarity score is related to the results. Good accuracy can
be expected, if one is capable of expressing one’s expectation of what constitutes an
alignment in the terms of individual per-element similarity scores and lower accumulated
similarity score limits.
In the introduction, we listed a wide variety of applications. When comparing the
breadth of requirements different applications may have with regards to models of activity
routine with our algorithmic results, we realise that our approach is not an all-in
one solution to providing a better understanding of context. This is mostly due to the
genericness of our approach, linked with the lack of a common, inherent understanding
of what truly makes up a routine activity. What we provide then, is primarily an exploratory
tool, enabling domain experts – for example application developers – to gauge
across large datasets where there is detectable routine in sensor logs and what the general
characteristics of the present routine activities are. They can then iteratively adapt
110and parametrise our approach, until they can accurately express their notion of what
makes up a routine activity within the design space the alignment paradigm provides.
Other potential interest groups include the people generating the data themselves (as a
means of introspection and reflection) and researchers in social sciences. Usage in the
advertisement industry or intelligence field could also be imagined.
Although such a usage entails some preparation of the context data, the process is relatively
straightforward: the first step is synchronisation of the different context streams.
Next, the data is discretised, which often requires some manual intervention, to estimate
a good number of clusters in the data, or determine a set of criteria to evaluate a
clustering result. Based on this step, the meta-data (in the form of substitution score
tables) is generated. A statistical approach to this can be mostly automated, a semantic
approach requires direct intervention, and may provide better results. In each case, subsequent
refinements may be necessary, depending on the first alignment results which
reveal some consistency characteristics of the data. This iterative approach can provide
a flexible – but complex – tool to extract specifically the patterns a user is interested
in. False positives are a frequent occurrence which may have to be rejected by hand.
Considering the scale of the raw data, this reduction of the problem of finding routine
is a significant step forward, even despite the setup complexity.
We already touched upon three limitations: the iterative, supervised approach is not
completely automatable; there may be unexpected alignments among the results, which
are classified as false positives; alignments are always maximised and may not extract
discrete smaller patterns. Additionally, there are some limitations on the algorithmic
level. Currently, our algorithm produces results which are dependent on the order in
which the sensor data is arranged; an artefact carried over from the algorithm upon
which we developed our adapted approach. We are also faced with a similar “multilevel”-problematic
as Clarkson encountered, in that a single accumulated similarity value
may be insufficient to characterise all kinds of patterns as alignments. The value may for
example be equal for a large alignment with some errors and a small perfect alignment
– no qualitative information, besides the number of aligned symbols and maximum
similarity score, is retained.
The future work we suggest is threefold. Firstly, there are some ways of modifying the
algorithm to improve results and enhance performance. Secondly, there are some means
of evaluation that can still be explored to gain an even better understanding of how our
approach interacts with context data. Finally, we point to some pre- and post-treatment
methods that could render this approach more powerful and simpler to use.
111Although we did improve and adapt the algorithm to our use case from a time and
space performance standpoint, a weakness still persists: the in-tuple order of elements
remains a factor in the alignments found. Correcting this by calculating and memorising
the order in which each tuple element is accessed would result in order-independent
alignments, at the cost of increased time and space requirements.
A possible solution to the issue of large patterns obscuring smaller ones, can be approached
by performing a further pattern extraction step on the results of the first extraction,
using a lower MASS. This should reveal whether smaller patterns are present
within the larger ones.
The algorithm can be parallelised in its implementation in many ways, which can
provide great speed-ups. The one-dimensional string alignment approaches exist in versions
optimised for stream processing, porting the ideas of these implementations to
our methods could increase performance on specialised hardware, such as graphics processors
and processors with streaming extensions. Ultimately, the memory limitation
will persist.
We currently lack evaluation of actual pattern extraction on real world data, due the
reasons we stated earlier in this chapter. A possible way to evaluate our approach, as a
decision aid, would be to undertake user studies, to see how potential users – interested
in finding patterns in context data – would be able to parametrise a model that enables
them to do just that.
Furthermore, a comparative evaluation against the approach of Plantevit et al. [2010]
would be of interest, to see how the ultimate parametrisation efforts compare, as well as
to be able to judge the results against a similar approach.
Lastly, evaluating the extraction performance against a dataset supported with diary
entries would be able to provide further insights – but ultimately be limited by the flexible
notion of what makes up a routine activity. Each test subject providing a diary may have
a different notion of routine from the other test subjects, or the experimenter ultimately
constructing a model, which can lead to data that is nearly impossible to correctly
interpret. As a result, either a naive model would be used, with results probably similar
to those we obtained on synthetic data, or a properly developed, supervised model, which
would again only demonstrate how well the model can be parametrised to correspond
to a consistent but arbitrary notion of routine.
We have already proposed some pre-treatment methods, to obtain a model that is
partly automatically generated from a corpus of known data. Using advanced clustering
algorithms, and defining a set of heuristics for the permissible error rates for specific
sensors, as well as filtering rules, would further simplify the pre-treatment. From a post-
112treatment perspective, it is interesting to reduce the vast amount of pairs of results into
representatives of actual routine activities. This has been done in the work of Pauchet
et al. [2013], using a clustering approach. This approach can be extended, by using
a variation of Hirschberg’s algorithm [Hirschberg, 1975] to obtain a local cumulative
edit distance function across the different aligned elements. This would allow us to
cluster multiple inter-similar context episodes to clusters of routine contexts, while also
finding similar subsegments. Alternatively, a global alignment can be used, if the further
segmentation has already been performed separately.
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129Benchmarks of Supervised Classification
Algorithms for Next Place Prediction
A.1 The Next Place Prediction Problem
This annex illustrates our efforts undertaken in the context of the Nokia Mobile Data
Challenge (MDC, Laurila et al. [2012]) task 2 “Next Place Prediction”. Our aim is to
assess the performance of some well explored statistical algorithms chosen according to
our expectations of their suitability, as well as classic “benchmark” approaches. This
allows the selection of the most accurate algorithm for the prediction task, and a general
judgement on the suitability of the approaches for this task.
A step of pre-treatment of the MDC dataset is required to generate a subset of data
that is suitable for training a statistical model using the algorithms explored. This
treatment consists of a combination of two global – being applied equally to all users
– filters, the first of which is an a priori “2D” feature selection, and the second a
projection of these values into a 1D feature vector. Subsequently two statistical methods
of feature selection are evaluated on this vector on per user basis. This pre-processing
step is documented in the second section. The third section contains a brief presentation
of the algorithms examined and their respective evaluation results. The final section
summarizes the results and contains our conclusions.
A.2 Dataset Analysis
The MDC dataset [Laurila et al., 2012] is highly heterogeneous in nature. This stems
both from the peculiarities of the group providing the data, and from the challenges of
leading a large scale acquisition campaign. The most obvious heterogeneity lies in the
130difference of sizes of the per-user data sets: around 620 MB±320 MB in human readable,
tabulator separated value format. Additionally, different users have made different use
of the phone capabilities, leading to different distributions of useful data, e.g. some
users not using the calendar functionality of their phone, and others using it extensively.
The size of the dataset is also an important quantity: the “width” – i.e. the number of
different data sources – is large (around 75 features), but the actual number of training
cases (per individual) for the next place prediction task is fairly small (between 100 and
1500). This means that statistical analysis is more likely to be influenced by outliers,
potentially leading to inadvertent overfitting of models and in general a higher error for
the smaller sub-datasets. The data itself can also be unreliable: there are intervals of
missing data and occasionally the data does not pass basic sanity tests, e.g. a time zone
changing by many hours, during a single visit. The hardware homogenity at least allows
for some transversal coherency of the gathered data, but this is of little consequence for
the next place prediction.
We propose a three-step approach for the preparation of this data, that consists of
two a priori selection, and a final statistic filtering, using either the consistency criterion
proposed by Liu and Setiono [1996] or a correlation-based feature selector (Cfs, [Hall,
1999]). In the first step we select twelve features, that should influence or indicate the
decision which location is going to be visited next, according to our global conceptual
model. From the 75 features available, this is the subset used as base of the model:
❼ hour of the day and day of the week – based on the assumption that certain visits
will have a regularity in time, which is the case in non-shift workers and students;
❼ place id – based on the assumption, that some places are visited exclusively after
a visit of another place;
❼ bluetooth devices – can link to sub-locations of a visit, transportation choice or
the social environment;
❼ applications used – a mapping application may strongly correlate with first-time
visits, the messaging application may provide information on a social link;
❼ call / message type – an outgoing or incoming phone call or message influence the
choice of next location;
❼ call duration – the length of a phone call is expected to be an indicator of the
social link between call participants;
❼ call / message contact – the contact can be an indicator of the next destination;
131❼ movement of the phone – is an indicator of physical activity, which could indicate
a destination;
❼ charging state – if the phone is charged at a place, it can be expected that the next
place is less likely to have charging facilities available, or that a long transition will
follow;
❼ battery level – if the battery level at departure is low, the next location is likely
to be a place with charging facilities, and close by;
❼ calendar event titles – both the knowledge that a calendar event is linked to the
current place and visit, as well as the next known calendar event are clearly hints
at the following destination.
As most of these values are time dependant during a visit, the next step is to project the
key information of these twelve features into a single characteristic vector. Here again
the choices were made based on expected utility and with the goal of minimizing the
features to limit noise and computational effort required.
Per visit, the hour of day and day of week values were retained for both the beginning
and end of the visit. The two most frequently encountered bluetooth addresses were
recorded, as well as the two most frequently used phone applications. The details of the
last communication (incoming/outgoing, message/call and contact ID), the sum of all
acceleration values with a log weighting favouring the end of the visit, the portion of
the visit that the phone was connected to the charger, the mean battery level as well as
the battery level at the end of the visit and any calendar event during the following 24
hours and the first calendar event planned for the current visit.
On average 59.6% (±14.3) of recorded visits were to the two most visited locations.
More than one third of visits, 37.2% (±11.2), were to the most visited location. This
value represents a lower boundary for prediction precision, when using the training set
for evaluation. Around one sixth of the visits were to places that had an incidence rate
below one percent. These were grouped as a single location, which, when predicted, are
considered to be a new location.
A.3 Next Visit Prediction
It is currently beyond the scale of physical and logical modelling to emulate the decisionmaking
process of a person, even if their complete context and history are known. In
addition our knowledge of users and their context are imperfect. Even logical links
132Table A.1.: Classifier and Filter Configurations Tested
Classifier Classifier Explicit Multiclass
Settings Schemes
NaiveBayes [John and Langley, 1995] Kernel estimator none
(“NB”) 1-1 (“M3”)
1-all (“M0”)
LADTree [Holmes et al., 2001] 10 or 20 Boosts none
(“LAD”) 1-1 (“M3”)
1-all (“M0”)
SMO [Platt, 1999] Complexity parameter none
C = 0.5 or 10 1-1 (“M3”)
Polynomial Kernel 1-all (“M0”)
with exponent
E = 1.0 or 2.0
between a decision and known context cannot be certainly established; at best different
correlation measures could be calculated. As a result, there is no clear a priori indication
which statistical classification model is best applicable to this process. Hence an
empirical, iterative approach is the way we choose to obtain a predictor with optimal
accuracy. A common evaluation scenario similar to the test scenario was chosen, dividing
the training set along a 90%/10% split. The first 90% were used as training set, which
was then evaluated on the other 10%. The evaluation metric is the ratio and number of
correct predictions.
Our interpretation of the problem as a multi-class classification problem, with asymmetrically
sized classes and a mixed characteristic vector, containing both numerical and
nominal values, permitted us to evaluate the naive Bayesian approach [John and Langley,
1995], the LogitBoost alternating decision (LAD, [Holmes et al., 2001]) tree classifier and
a support vector machine based classifier, the sequential minimal optimization (SMO,
[Platt, 1999]) algorithm. These methods represent three different approaches to statistical
modelling and are all flexible enough to accept our dataset without modification.
The specific configurations are referenced in Table 1. Additionally we tested four
configurations of the feature vector, a basic vector using just the time and location
information of the previous visit (time of day and day of week of both beginning and
end of the visit and location), the extended vector (labeled “full” in the graphs) including
the context data mentioned above, and two reduced vectors, using the features selected
by either the correlation based feature selection filter (labelled “Cfs”) or consistency
based feature selection [Liu and Setiono, 1996] filter (labelled “Consist”). For each filter
13330
35
40
45
50
55
Mean
Number of
Correct
Predictions
Relative
Accuracy
(%)
Figure A.3.1.: Results for the Naive Bayes Classification Algorithm
we were able to use an exhaustive search algorithm, due to our limited feature set size.
These four variants allow us to show the impact of the availability of additional context
information as well as what can be achieved by filtering on a per user level.
To cater to the multi-class nature of the task, we used each algorithm’s natural multiclass
approach, and also put in place two variants that forced the classifiers to function
in 1-against-all (labelled M0 in the graphs) and 1-against-1 (labelled M3) mode. For our
experiments, we used the Weka statistics suite [Hall et al., 2009].
In the following we present the results of our evaluation of a total of 84 different con-
figurations. We constrain ourself to two evaluation scores: mean absolute accuracy, i.e.
the average number of correct predictions, and mean relative accuracy, i.e. the average
percentage of correct predictions. The former is a closer indicator of the algorithm’s
performance for the challenge, the latter is a better measure of overall user experience.
Significantly larger numbers of boost iterations for the LADtree could not be used, as
the data set for some users is too small. The partial results we did obtain were not
indicative of precision enhancements. Similarly, our attempts to run exhaustive error
correction multiclass classifiers were foiled by the large size of other user’s data sets,
which required more than 4GB of memory.
Looking at the results of the naive Bayes classifier (see Fig. A.3.1), it becomes obvious,
that it is negatively impacted (losing around 5 percent points of average accuracy) by the
additional context information, unless it is filtered. Otherwise, results vary very little:
mean accuracy is between 49% and 52%, the average number of correct predictions
varies between 30 and 31 for the full feature vector and between 32.5 and 35 in the other
configurations. Specifically, the minimalist dataset has the same average accuracy as the
feature selection filtered variants of the full dataset.
134Figure A.3.2.: Results for the LogitBoost Adaptive Decision Tree Classification Algorithm
Figure A.3.3.: Results for the SMO Classification Algorithm without Feature Selection
Filters
The LADtree (see Fig. A.3.2) model is the most stable of all tested algorithms, and
appears to perform almost independently of the additional data. Mean accuracy is consistently
between 49 and 52 percent and there are between 33 and 35 (one outlier at
31.4) average correct predictions. Two configurations (10x Boosting on the full dataset
and 10x Boosting on the minimal dataset in a 1 - 1 multiclass classifier) exceed a
mean correct prediction count of 35, equivalent to over 2800 correct predictions on our
test dataset. Overall, LADtree performs the most consistent manner and is the most
accurate, but only barely exceeds the results from the Naive Bayesian approach.
Most of the results of our evaluations of the SMO algorithm (see Figs. A.3.3 and A.3.4)
are disappointing, especially when using any of the two tested feature selection filters.
Also, using a 1 - all multi-class approach decreased accuracy noticeably, leading to some
135Figure A.3.4.: Results for the SMO Classification Algorithm with Feature Selection Filters
of the weakest results of our evaluation. Nonetheless, without feature selection filters,
on the reduced dataset, and either forced 1 - 1 multi-class classification or the native 1 -
1 multi-class approach of SMO, results exceeding 50% mean accuracy could be achieved.
Any additional data in the training set decreased accuracy.
A.4 Conclusion
The approaches we examined here only show marginal differences in performance, when
only the most accurate configurations are taken into account. Nonetheless, the overall
best algorithm in our testing set of three is the LADtree classifier. Regarding the feature
selection, correlation based feature selection appears to perform consistently better than
consistency based filtering. Also, a LogitBoost decision tree model performs slightly
better with 10 boosting iterations, than with 20 iterations - in the majority of cases.
The around 50% accuracy of the predictions observed during our evaluations, lead us
to believe that a dedicated hybrid modelling approach, optimised just to predict the
two most frequently visited locations, may achieve higher accuracies than we obtained
during our series of evaluations. Given the constrained time resources given by the
challenge, and the complexity and heterogeneity of the dataset, we decided to first
examine the necessity of following a dedicated modelling approach. One example of a
possible adaptation, would be the development of dedicated estimators for each feature,
when using a naive Bayes classifier. For example the cyclic nature of the temporal
136features are currently not being correctly taken into account.
Another important observation is the fact that adding what appeared to be – from
an a priori stand point – a useful set of features extracted from the context to the
classification process has little to no value in all three prediction models we examined.
The relatively low number of training instances makes observation of strong correlations
unlikely, which in turn reduces the predictive capability of any model based on this
data. While our examination was by no means exhaustive, we see no basis to expect
major gains using a similar approach, with more extensive, iterative tuning. It therefore
appears that the extended conceptual model we based our feature extraction process on,
was not matched by any of the statistical models we evaluated during this work.
137Details on the evaluation processes
B.1 Real world data
B.1.1 Similarity score tables
These are the similarity scores used for the alignment of our real world dataset. The
value 0 in each table represents the place holder value, if a sensor had no (valid) reading
at this point in time.
138Table B.1.: Similarity score table for luminance
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1
1 -1 4 -9 -8 -9 -9 -10 -9 -10 -10 -10
2 -1 -9 3 -7 -8 -9 -9 -9 -9 -9 -9
3 -1 -8 -7 3 -8 -9 -10 -9 -9 -9 -10
4 -1 -9 -8 -8 3 -9 -10 -9 -9 -10 -10
5 -1 -9 -9 -9 -9 3 -9 -9 -9 -9 -8
6 -1 -10 -9 -10 -10 -9 1 -10 -7 -10 -7
7 -1 -9 -9 -9 -9 -9 -10 1 -7 -10 -8
8 -1 -10 -9 -9 -9 -9 -7 -7 3 -10 -10
9 -1 -10 -9 -9 -10 -9 -10 -10 -10 2 -7
10 -1 -10 -9 -10 -10 -8 -7 -8 -10 -7 2
Table B.2.: Similarity score table for proximity
0 1 2
0 1 -1 -1
1 -1 2 -5
2 -1 -5 2
Table B.3.: Similarity score table for places
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
0 1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1
1 -1 6 -9 -10 -9 -9 -10 -10 -9 -10 -10 -10 -9 -9 -10
2 -1 -9 3 -9 -8 -9 -10 -9 -9 -10 -9 -10 -8 -9 -10
3 -1 -10 -9 2 -10 -9 -10 -9 -7 -10 -10 -10 -8 -9 -10
4 -1 -9 -8 -10 3 -8 -9 -9 -8 -10 -10 -10 -8 -9 -10
5 -1 -9 -9 -9 -8 5 -9 -8 -10 -10 -9 -10 -9 -8 -10
6 -1 -10 -10 -10 -9 -9 5 -8 -9 -10 -9 -10 -9 -9 -10
7 -1 -10 -9 -9 -9 -8 -8 5 -9 -10 -10 -10 -10 -9 -10
8 -1 -9 -9 -7 -8 -10 -9 -9 6 -9 -9 -10 -9 -9 -9
9 -1 -10 -10 -10 -10 -10 -10 -10 -9 5 -8 -10 -10 -8 -10
10 -1 -10 -9 -10 -10 -9 -9 -10 -9 -8 6 -10 -10 -8 -10
11 -1 -10 -10 -10 -10 -10 -10 -10 -10 -10 -10 7 -10 -9 -10
12 -1 -9 -9 -8 -8 -9 -9 -10 -9 -10 -10 -10 2 -8 -10
13 -1 -9 -9 -9 -9 -8 -9 -9 -9 -8 -8 -9 -8 5 -9
14 -1 -10 -10 -10 -10 -10 -10 -10 -9 -10 -10 -10 -10 -9 7
139Table B.4.: Similarity score table for battery levels
0 1 2 3 4 5 6 7 8
0 1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1
1 -1 1 -1 -4 -3 -5 -1 -6 -2
2 -1 -1 1 -5 -4 -6 -2 -7 -3
3 -1 -4 -5 1 -1 -1 -3 -2 -2
4 -1 -3 -4 -1 1 -3 -2 -4 -1
5 -1 -5 -6 -1 -3 1 -4 -1 -2
6 -1 -1 -2 -3 -2 -4 1 -5 -1
7 -1 -6 -7 -2 -4 -1 -5 1 -3
8 -1 -2 -3 -2 -1 -2 -1 -3 1
Table B.5.: Similarity score table for orientation values
0 1 2 3 4 5 6 7 8
0 1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1
1 -1 2 -8 -7 -8 -4 -7 -7 -9
2 -1 -8 4 -7 -9 -7 -9 -8 -9
3 -1 -7 -7 2 -8 -4 -7 -7 -9
4 -1 -8 -9 -8 4 -8 -9 -9 -8
5 -1 -4 -7 -4 -8 4 -9 -8 -9
6 -1 -7 -9 -7 -9 -9 3 -5 -9
7 -1 -7 -8 -7 -9 -8 -5 4 -9
8 -1 -9 -9 -9 -8 -9 -9 -9 4
140B.1.2 Detailed results of the alignment algorithm evaluation on synthetic
data
These are the detailed result for the 5 datasets and 27 configurations used for the synthetic
evaluation, for the three metrics which have thus far only been presented in
aggregated form.
141d-set 1 d-set 2
precision size ratio recall precision size ratio recall
index mean err mean err mean err mean err mean err mean err
0 0.42 0.32 4.13 2.73 1.00 0.00 0.91 0.20 1.23 0.65 1.00 0.00
1 0.89 0.21 1.32 0.93 1.00 0.00 0.96 0.10 1.06 0.25 1.00 0.00
2 0.82 0.30 1.82 1.99 1.00 0.00 0.95 0.13 1.09 0.34 1.00 0.00
3 0.89 0.21 1.29 0.81 1.00 0.00 0.97 0.09 1.06 0.24 1.00 0.00
4 0.45 0.39 5.86 5.50 1.00 0.00 0.55 0.33 3.03 2.61 1.00 0.00
5 0.50 0.39 5.25 5.31 1.00 0.04 0.88 0.23 1.38 1.02 1.00 0.00
6 0.68 0.36 2.81 3.25 1.00 0.00 0.92 0.18 1.18 0.55 1.00 0.00
7 0.23 0.26 8.92 5.61 1.00 0.00 0.42 0.33 4.43 3.24 0.98 0.07
8 0.23 0.26 8.99 5.64 1.00 0.00 0.63 0.37 2.97 2.75 0.99 0.06
9 0.54 0.39 4.69 5.07 0.99 0.07 0.79 0.30 1.74 1.46 1.00 0.02
10 0.85 0.27 1.53 1.27 1.00 0.04 0.94 0.15 1.13 0.42 1.00 0.00
11 0.91 0.19 1.23 0.73 1.00 0.00 0.95 0.12 1.08 0.29 1.00 0.00
12 0.51 0.36 3.70 2.86 1.00 0.00 0.70 0.32 1.95 1.24 1.00 0.00
13 0.58 0.37 3.09 2.53 1.00 0.06 0.90 0.20 1.24 0.64 1.00 0.00
14 0.77 0.32 1.89 1.60 1.00 0.00 0.93 0.16 1.16 0.47 1.00 0.00
15 0.39 0.31 4.35 2.68 1.00 0.00 0.58 0.34 2.50 1.51 0.99 0.04
16 0.49 0.36 3.72 2.75 1.00 0.07 0.71 0.32 1.92 1.22 1.00 0.00
17 0.57 0.36 2.98 2.22 1.00 0.02 0.85 0.25 1.41 0.78 1.00 0.01
18 0.39 0.37 8.68 10.54 1.00 0.00 0.89 0.22 1.30 0.77 1.00 0.00
19 0.79 0.32 2.22 3.11 1.00 0.01 0.94 0.14 1.12 0.40 1.00 0.00
20 0.36 0.39 11.26 12.35 1.00 0.00 0.49 0.35 5.38 6.90 1.00 0.00
21 0.48 0.40 8.45 11.74 1.00 0.00 0.86 0.25 1.43 1.14 1.00 0.00
22 0.70 0.38 4.50 8.19 1.00 0.00 0.93 0.17 1.16 0.52 1.00 0.00
23 0.26 0.34 17.55 14.69 1.00 0.00 0.29 0.34 10.44 8.49 0.98 0.08
24 0.26 0.34 17.89 14.89 1.00 0.00 0.30 0.34 10.29 8.45 0.98 0.07
25 0.47 0.40 8.88 12.30 0.99 0.08 0.76 0.32 2.17 2.84 1.00 0.02
26 0.37 0.33 5.83 4.86 1.00 0.00 0.91 0.20 1.24 0.67 1.00 0.00
d-set 3 d-set 4
0 0.17 0.10 6.96 2.66 0.96 0.13 0.45 0.32 3.66 2.56 1.00 0.00
1 0.04 0.06 6.13 7.33 0.21 0.26 0.90 0.22 1.33 1.02 1.00 0.00
2 0.15 0.16 6.52 5.70 0.63 0.37 0.77 0.32 2.11 2.39 1.00 0.02
3 0.08 0.11 5.28 4.58 0.34 0.35 0.91 0.21 1.27 0.81 1.00 0.00
4 0.11 0.10 6.93 4.86 0.68 0.42 0.30 0.33 8.03 5.72 1.00 0.00
5 0.16 0.20 4.17 4.20 0.48 0.44 0.49 0.38 5.33 5.42 0.99 0.10
6 0.13 0.15 4.40 3.29 0.52 0.44 0.70 0.36 2.77 3.16 1.00 0.02
7 0.10 0.05 10.07 6.50 0.78 0.31 0.30 0.31 7.36 5.34 1.00 0.00
8 0.10 0.06 10.34 6.51 0.81 0.28 0.31 0.32 7.34 5.37 1.00 0.009 0.20 0.31 2.80 1.56 0.41 0.47 0.50 0.38 4.97 5.14 0.99 0.09
10 0.09 0.09 4.22 2.58 0.42 0.42 0.82 0.28 1.58 1.22 1.00 0.00
11 0.06 0.12 3.59 2.24 0.25 0.39 0.91 0.21 1.24 0.69 1.00 0.00
12 0.15 0.10 4.33 2.22 0.71 0.43 0.43 0.32 3.98 2.72 1.00 0.00
13 0.23 0.18 3.41 2.15 0.69 0.40 0.60 0.37 2.93 2.35 0.99 0.12
14 0.16 0.20 3.27 2.01 0.46 0.45 0.75 0.32 1.92 1.59 1.00 0.00
15 0.13 0.06 5.94 2.48 0.78 0.33 0.49 0.34 3.60 2.60 1.00 0.00
16 0.23 0.18 2.95 1.49 0.63 0.40 0.50 0.36 3.71 2.75 0.98 0.13
17 0.26 0.28 2.97 1.71 0.60 0.42 0.62 0.37 2.87 2.39 1.00 0.00
18 0.05 0.05 12.08 7.45 0.51 0.18 0.16 0.20 17.17 14.66 1.00 0.00
19 0.06 0.08 7.89 8.96 0.27 0.26 0.73 0.35 2.92 4.75 1.00 0.03
20 0.09 0.09 11.88 11.49 0.64 0.39 0.20 0.29 18.45 14.15 1.00 0.00
21 0.12 0.15 5.31 5.28 0.44 0.41 0.44 0.40 9.92 12.32 1.00 0.04
22 0.10 0.13 5.72 5.24 0.41 0.41 0.67 0.39 5.05 8.81 1.00 0.04
23 0.10 0.09 17.29 16.14 0.83 0.23 0.15 0.24 21.38 14.20 1.00 0.00
24 0.14 0.18 16.43 16.20 0.80 0.26 0.15 0.24 21.37 14.21 1.00 0.00
25 0.17 0.24 3.09 1.96 0.44 0.44 0.44 0.39 9.77 12.88 0.99 0.08
26 0.08 0.07 7.55 3.85 0.56 0.25 0.27 0.28 7.52 5.27 1.00 0.00
d-set 5
0 0.82 0.24 0.33 0.14 0.25 0.06
1 0.48 0.11 0.39 0.12 0.18 0.04
2 0.67 0.34 0.36 0.13 0.24 0.13
3 0.42 0.12 0.41 0.13 0.16 0.04
4 0.46 0.11 0.41 0.14 0.18 0.04
5 0.52 0.10 0.39 0.11 0.19 0.04
6 0.37 0.10 0.48 0.09 0.17 0.03
7
8
9 0.29 0.03 0.49 0.09 0.14 0.02
10 0.77 0.26 0.38 0.16 0.28 0.10
11 0.65 0.36 0.36 0.12 0.24 0.14
12 0.44 0.10 0.38 0.12 0.16 0.04
13 0.46 0.13 0.46 0.15 0.20 0.04
14 0.44 0.10 0.34 0.10 0.15 0.04
15 0.42 0.14 0.48 0.14 0.18 0.01
16 0.81 0.24 0.34 0.17 0.25 0.06
17 0.75 0.26 0.40 0.18 0.28 0.10
18 0.66 0.35 0.36 0.14 0.24 0.13
19 0.43 0.11 0.40 0.13 0.16 0.04
20 0.51 0.11 0.35 0.10 0.17 0.0321 0.33 0.09 0.49 0.13 0.16 0.03
22 0.31 0.11 0.55 0.18 0.15 0.03
23 0.39 0.04 0.36 0.05 0.14 0.03
24 0.82 0.24 0.34 0.16 0.25 0.06
25 0.75 0.27 0.39 0.17 0.28 0.10
26B.1.3 Expert annotated patterns
These are the reference patterns identified through visual examination of the dataset of
one participant of our data collection campaign. They were selected through side by
side comparison of data for all days, and identifying similar visual structures in the bar
diagrammes. Pattern 1 (Fig. B.1.1) corresponds to the campaign participant spending
a weekend evening and night at the out-of-town second home. Pattern 2 (Fig. B.1.2) is
one of the instances of the campaign participant getting up in the morning and going
to work. Pattern 3 (Fig. B.1.3) is slightly more tenuous: it covers only the proximity
sensor and location, and corresponds to the campaign participant being at work and
busy, hence the phone is stored away, with the screen covered.
14502468
10
12
14
23:02
23:08
23:15
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23:54
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0:09
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1:50
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2:03
2:10
2:16
2:23
2:29
2:36
2:42
2:49
2:56
3:02
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3:15
3:22
3:28
3:37
3:41
3:50
3:57
Ori
Batt
Geo
prox
loglux
date
Figure B.1.1.: Reference pattern 1 - evening and night at the week-end home.
14686420
12
10
8:10
8:15
8:21
8:26
8:30
8:37
8:41
8:45
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8:56
9:01
9:05
9:12
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9:27
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9:51
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10:06
10:13
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10:30
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12:35
12:41
loglux
prox
Geo
Batt
Ori
date
Figure B.1.2.: Reference pattern 2 - morning and transit to work on a week-day.
14702468
10
12
8:10
8:17
8:24
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8:43
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9:03
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10:19
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10:30
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10:52
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11:05
11:12
11:18
11:25
11:34
11:40
11:47
11:53
12:02
12:09
12:15
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12:28
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12:54
13:01
13:10
16:13
16:22
16:29
16:35
16:42
16:48
Geo
prox
date
Figure B.1.3.: Reference pattern 3 - at work, telephone stored or turned over.
148
Complétion combinatoire pour la reconstruction de
r´eseaux m´etaboliques, et application au mod`ele des
algues brunes Ectocarpus siliculosus
Sylvain Prigent
To cite this version:
Sylvain Prigent. Compl´etion combinatoire pour la reconstruction de r´eseaux m´etaboliques, et
application au mod`ele des algues brunes Ectocarpus siliculosus. Bioinformatics. Universit´e de
Rennes 1, 2014. French.
HAL Id: tel-01093287
https://hal.inria.fr/tel-01093287
Submitted on 10 Dec 2014
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destin´ee au d´epˆot et `a la diffusion de documents
scientifiques de niveau recherche, publi´es ou non,
´emanant des ´etablissements d’enseignement et de
recherche fran¸cais ou ´etrangers, des laboratoires
publics ou priv´es.ANNÉE 2014
THÈSE / UNIVERSITÉ DE RENNES 1
sous le sceau de l’Université Européenne de Bretagne
pour le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE RENNES 1
Mention : Informatique
École doctorale Matisse
présentée par
Sylvain PRIGENT
préparée à l’unité de recherche IRISA – UMR6074
Institut de Recherche en Informatique et Système Aléatoires
ISTIC
Complétion combinatoire
pour la
reconstruction de
réseaux métaboliques,
et application
au modèle des
algues brunes Ectocarpus
siliculosus.
Thèse soutenue à Rennes
le 14 novembre 2014
devant le jury composé de :
Alexander BOCKMAYR
Professeur, Freie Universität, Berlin / Président
Marie BEURTON-AIMAR
Maître de conférences, Bordeaux 2 / Rapporteure
Hubert CHARLES
Professeur, INSA, Lyon / Rapporteur
Claudine MÉDIGUE
Directrice de recherche CNRS, CEA-Genoscope /
Rapporteure
Arnaud MARTIN
Professeur, Université de Rennes 1 / Examinateur
Anne SIEGEL
Directrice de recherche CNRS / Directrice de thèse
Thierry TONON
Maître de conférences UMPC / Co-directeur de thèseI thought there couldn’t be anything as complicated as the universe, until I started
reading about the cell.
par Eric de SilvaRemerciements
Je tiens tout d’abord à remercier mes deux directeurs de thèse, Anne Siegel et Thierry
Tonon. Merci de m’avoir permis de réaliser ce doctorat avec vous et d’avoir été là pendant
ces trois ans. Un grand merci pour votre soutien, qu’il fut professionnel, scientifique ou personnel.
Travailler avec vous, en plus d’être très agréable, fut très enrichissant. Pour tout cela
je vous remercie.
Merci également à Marie Beurton-Aimar, Claudine Médigue et Hubert Charles d’avoir
bien voulu accepter la charge de rapporteur. Je remercie également Alexander Bockmayr et
Arnaud Martin pour avoir accepté de juger ce travail.
J’adresse également mes remerciements à tout le "groupe Symbiose", composé des é-
quipes Dyliss, GenScale et de la plate-forme GenOuest. Merci à tous pour cette ambiance
exceptionnelle qui règne dans nos couloirs, merci pour l’ensemble des discussions (enrichissantes
ou pas, d’ailleurs), pour toutes les activités du midi telles que l’escalade ou la
batucada, et pour tout le reste. Espérons que cela reste comme ça encore longtemps, même
après ce déménagement imposé. Je remercie également aux Nantais, Damien, Jérémie et
Halim, pour les nombreuses discussions tellement intéressantes que nous avons eu, notamment
du point de vue de la fonctionnalité des réseaux. Un merci tout particulier à Nicolas
et Guillaume qui m’ont accompagné dans le bureau pendant tant de temps. Les deux ans
passés avec vous furent tout simplement géniaux, les "pense vite", les courses au retour de
la cafet et tout le reste m’ont beaucoup manqué après votre départ. Merci aussi à Malo qui a
su les remplacer à merveille durant ces derniers mois. Merci également à Coraline, Nathalie,
Valentin et Paulin pour l’ensemble des "cc" qui permettaient à la fois de se distraire, de se
réveiller et d’avancer durant les moments de blocage. Au sein de Symbiose, un merci particulier
à Gaëlle, Mathilde et Vincent pour l’ensemble du temps passé ensemble depuis ce
stage de M2 génial.
Mes remerciement vont également à tout ceux qui m’ont permis de se changer les idées
en dehors des heures de travail, qu’il s’agisse d’Adrien, Olivier et Stéphane, de tous les gens
du Flood, et de l’ensemble des amis de Rennes et d’ailleurs. Tous les citer serait trop long
mais je pense particulièrement à Cécile, Ismahane, Charles, Ludo, Chunky, et tous les autres.
Un grand merci à tout ceux qui m’ont fait découvrir et adorer la vulgarisation scientifique,
qu’il s’agisse de l’association Nicomaque avec le festival Sciences en Cour[t]s ou
toutes les personnes qui participent à l’aventure bioinfo-fr, par le blog ou le chan IRC si
enrichissant.
Un énorme merci à Fréné qui a toujours été là au cours de cette thèse même si ça n’a pas
dû être simple tous les jours.
Je ne peux pas terminer ces remerciements sans penser à l’ensemble de ma famille,
merci à vous tous pour le soutien sans faille pendant ces trois années.
Et enfin merci à toutes les personnes auxquelles je ne pense pas en ce moment mais qui
ont également participé à faire de ces trois années de thèse une expérience inoubliable et
s’étant passée dans les meilleures conditions possibles.Table des matières
Table des matières 1
Introduction 5
1 État de l’art 7
1.1 Biologie des systèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Réseaux métaboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2.2 Fonctionnalité d’un réseau métabolique : Analyse en Balance de Flux
(ou FBA : Flux Balance Analysis) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.2.3 Optimisation d’une fonction objectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.4 Impact de la structure du réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.2.5 Vérification de la fonctionnalité d’un réseau : Flux Variability Analysis . 15
1.3 Pipeline de reconstruction d’un réseau métabolique . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.3.1 Construction d’une ébauche métabolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.3.2 Raffinement de l’ébauche métabolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.3.3 Évaluation du réseau final . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.3.4 Pipelines existants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.4 Complétion de réseaux : problèmes d’optimisation induits . . . . . . . . . . . . 24
1.4.1 Panorama général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.4.2 Optstrain, SMILEY - top-down & MILP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.4.3 GapFind, GapFill - bottom-up & MILP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.4.4 Christian et al - top-down & stochastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.4.5 Network-expansion - bottom-up & optimisation combinatoire . . . . . . 30
1.4.6 Comparaisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.5 Reconstruction de réseaux métaboliques pour les algues . . . . . . . . . . . . . . 34
1.5.1 Les réseaux métaboliques chez les plantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
1.5.2 Les réseaux métaboliques chez les algues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
1.5.3 Pipelines de reconstructions utilisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
1.5.4 Ectocarpus siliculosus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.6 Principaux apports/résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2 Complétion combinatoire de réseau métabolique 41
2.1 Problème d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.1.1 Espace de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.1.2 Atteignabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
12 Table des matières
2.1.3 Problème de complétion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.2 Jeux de test . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.2.1 Impact de la taille des bases de complétion : Ectocarpus siliculosus &
MetaCyc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
2.2.2 Effet de la taille de la base de données sur la productibilité des cibles . . 45
2.2.3 Fonctionnalité : E. Coli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.3 Performance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.3.1 Heuristiques de résolutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.3.2 Nouvelle méthode d’optimisation dans Network-expansion . . . . . . . . 49
2.3.3 Recherche d’optimum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.3.4 Impact de la taille de la base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.4 Impact de la réversibilité sur les performances de Network-expansion . . . . . . 54
2.4.1 Réversibilité dans Network-expansion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.4.2 Nouvelle modélisation ASP de la réversibilité . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.4.3 Impact sur les performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.4.4 De Network-expansion à Meneco . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.5 Sémantique de productibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.5.1 Impact des cycles sur les différents concepts d’accessibilité . . . . . . . . 57
2.5.2 Comparaison des différentes sémantiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
2.5.3 Comparaison des sémantiques qualitatives sur la complétion . . . . . . 61
2.5.4 Fonctionnalité des complétions qualitatives . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
2.6 conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
3 Pipeline de reconstruction de réseaux à partir de données hétérogènes 69
3.1 Modèle d’application : Ectocarpus siliculosus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.2 Construction d’une ébauche du réseau : gestion des données hétérogènes . . . 71
3.2.1 Reconstruction à partir des annotations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
3.2.2 Reconstruction à partir d’un réseau métabolique de réference . . . . . . 72
3.2.3 Complémentarité des deux réseaux : outils pour leur fusion . . . . . . . . 72
3.2.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.3 Complétion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.3.1 Identification de réactions à ajouter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.3.2 Filtrage par analyse sémantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3.3.3 Compartimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.4 Curation manuelle du réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.4.1 Score pour chaque réaction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.4.2 Identification de faux positifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.4.3 Ajout de réactions spécifiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.4.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.5 Validation fonctionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.5.1 Réseau final . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.5.2 Analyse par balance de flux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.6 Le workflow de reconstruction du réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.6.1 Description du pipeline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.6.2 Outils intégrés dans le pipeline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
3.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84Table des matières 3
4 Contribution à l’amélioration des connaissances sur la physiologie des
algues brunes 85
4.1 Ectocarpus siliculosus : ses spécificités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.2 Analyse de la reconstruction automatique du réseau métabolique . . . . . . . . 86
4.2.1 La synthèse des alginates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.2.2 Le cycle du mannitol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.3 Étude de voies métaboliques chez Ectocarpus siliculosus à l’aide du réseau
métabolique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.3.1 Synthèse des acides aminés aromatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.3.2 Synthèse du molybdenum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
4.4 Réannotation des gènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Conclusion et perspectives 99
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Bibliographie 118
Table des figures 119
Annexes 122
A Liste des molécules utilisées lors de l’étude de l’efficacité de Meneco 125
B Code ASP original de Network-Expansion 127
B.1 ASP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
B.2 Network-Expansion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
B.3 Modélisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
C Réannotation de gènes 1334 Table des matièresIntroduction
Cette thèse a porté sur le développement de méthodes génériques de reconstruction
de réseaux métaboliques à l’échelle génomique, c’est-à-dire des cartes complètes de réactions
biochimiques qui transforment des molécules en d’autres molécules, pour des organismes
eucaryotes. Cette méthode a été appliquée à la reconstruction du premier réseau
métabolique du modèle des algues brunes, Ectocarpus siliculosus, et a permis de mieux
comprendre la biologie et l’histoire évolutive des algues. Ce travail est ainsi naturellement
interdisplinaire : pour réaliser la chaine complète d’analyse et d’interprétation, il a été né-
cessaire de proposer des contributions en informatique, bioinformatique, et biologie.
Classiquement, la reconstruction d’un réseau métabolique s’articule en trois points : la
création d’une ébauche métabolique à partir des différentes informations comprises dans le
génome, la complétion de cette ébauche métabolique pour être en accord avec les connaissances
biologiques et enfin la vérification du résultat obtenu. Ces travaux ont mis en évidence
que les différentes approches de reconstruction existantes ne pouvaient pas s’appliquer
aux espèces eucaryotes non classiques à cause de deux écueils majeurs.
Tout d’abord les connaissances sur les espèces non classiques sont trop éparses pour reconstruire
une ébauche métabolique correcte permettant une complétion manuelle. Pour
palier à cette difficulté, nous nous proposons d’étudier un problème d’optimisation combinatoire
qui permet de formaliser la question de la complétion automatique d’un réseau.
Pour résoudre ce problème combinatoire, l’objectif de ce document sera de tirer profil d’un
paradigme de programmation par contraintes relativement récent, la Programmation par
Ensemble Réponse (ou Answer Set Programming, ASP). Une modification d’un modèle existant
en ASP sera proposée pour améliorer la pertinence biologique de la modélisation et
rendre la résolution efficace et applicable à l’échelle des applications visées. Plus généralement,
la question de la pertinence biologique du modèle sous-jacent au problème tel que
formalisé sous sa forme combinatoire fait l’objet d’une attention toute particulière.
D’autre part, ce travail de thèse s’est heurté à la nécessité de travailler avec des sources
de données très différentes pour permettre la reconstruction d’un réseau. L’utilisation de ces
sources multiples et hétérogènes nécessite de travailler sur leur unification avant et pendant
leur intégration dans le réseau. Il s’avère également nécessaire de traiter a posteriori les ré-
sultats des méthodes automatiques de reconstruction pour leur donner une signification
biologique. Pour donner globalement du sens fonctionnel aux résultats des analyses automatiques,
on s’appuiera à la fois sur des approches liées à la représentation des connaissances
et aux études de séquences biologiques.
Comme nous le verrons, ces apports méthodologiques ont permis de développer un pipeline
de reconstruction de réseaux métaboliques s’appuyant sur un ensemble de données
biologiques telles que des données génomiques, transcriptomiques ou de profilage méta-
56 Introduction
bolique. Ce pipeline a permis de reconstruire le premier réseau métabolique du modèle des
algues brunes, Ectocarpus siliculosus. Cependant, sa valeur ajoutée réside aussi dans son
exploitation dans le monde de la biologie. Ainsi, nous détaillerons comment l’étude du ré-
seau a permis, en collaboration avec la station biologique de Roscoff, de mieux comprendre
la biologie de cette algue, notamment sur deux aspects : une annotation de nouveaux gènes
ou une réannotation de gènes, et une meilleur compréhension de l’histoire évolutive et du
métabolisme de cette algue.
Une fois cette preuve de concept réalisée pendant la thèse sur cette algue brune, la
méthode proposée est actuellement en cours d’application et d’amélioration en utilisant
d’autres organismes, ce qui ouvre la voie à différentes perspectives de nature inforamtique,
bio-informatique et biologiques.Chapitre 1
État de l’art. Reconstruction de
réseaux métaboliques et applications
à des modèles d’algues
Dans ce chapitre de bibliographie, nous allons présenter une introduction aux diffé-
rentes problématiques informatique et bioinformatique liées à la reconstruction de réseaux
métaboliques. Nous nous concentrerons en particulier sur les questions d’optimisation,
qu’elle soit combinatoire ou linéaire, et sur les questions liées à la représentation des connaissances
sous-jacentes dans cette problématique. En particulier, ces questions seront abordées
en ayant à l’esprit des applications sur des organismes eucaryotes non classiques, tels
que les algues brunes qui seront notre modèle d’application.
Dans ce chapitre, nous commencerons par une étude globale de la biologie des systèmes
dans la partie 1.1 avant de se concentrer sur les réseaux métaboliques et les études possibles
à partir de ceux-ci (partie 1.2). Nous présenterons ensuite les différentes méthodes existantes
de reconstructions de réseaux métaboliques dans la partie 1.3. Nous nous concentrerons
alors sur une étape cruciale de reconstruction de réseaux métaboliques, qui sera
particulièrement étudiée dans cette thèse : la complétion des réseaux métaboliques (partie
1.4). Cette thèse s’attachant plus particulièrement au développement du réseau métabolique
d’une algue brune, Ectocarpus siliculosus, nous verrons enfin les différentes reconstructions
de réseaux métaboliques ayant eu lieu jusqu’à présent chez des algues dans la
partie 1.5.
1.1 Biologie des systèmes
Depuis les années 1990, les données de biologie moléculaire s’accumulent avec le développement
des techniques dites "omiques" [Pal02]. La granularité et la quantité de données
produites permet aujourd’hui d’étudier les systèmes biologiques à un niveau beaucoup plus
fin qu’au 20ème siècle, au moment où Jacob et Monod décrivaient le fonctionnement de
l’opéron lactose et les mécanismes de régulation géniques[JM61].
Pour les espèces les plus étudiées (commeEscherichia coli, la drosophile, la souris, l’humain
ou encore Arabidopsis thaliana) et de plus en plus pour les espèces non classiques,
nous possédons actuellement l’ensemble du génome, du transcriptome, du protéome et du
78 État de l’art
métabolome, un des séquençages de génome le plus connu étant bien évidemment celui
du génome humain [LLB+01]. Le domaine de la biologie des systèmes s’est naturellement
développé pour permettre d’intégrer l’ensemble de ces connaissances par des approches
informatiques et mathématiques. L’objectif est de modéliser in silico la réponse des diffé-
rentes espèces à différentes perturbations génétiques ou environnementales en ne limitant
plus les études à l’effet d’un seul gène ou d’une protéine, mais à l’étude du comportement
d’une cellule dans son ensemble, voire à moyen terme d’un organe ou d’un organisme entier.
[Kit01] défini quatre points essentiels à l’étude de systèmes biologiques par la biologie
des systèmes : la conception du système étudié, sa structure, sa dynamique et enfin le
contrôle de ce système. Si l’étude fine de la dynamique et le contrôle d’un modèle semblent
a priori les plus intéressants pour analyser la réponse globale d’un système à des modifi-
cations internes et/ou externes, les deux premiers points sont tout aussi intéressants à étudier.
Ils sont non seulement indispensables dans le processus d’analyse mais intéressants en
eux-mêmes. En effet, la reconstruction et l’étude "structurelle" du système étudié sont indispensables
à des études plus fines. Mais au delà de ça, la reconstruction même du système
à étudier apporte des connaissances sur l’organisme ou les organismes étudiés via l’étape
compliquée de représentation des connaissances nécessaire. De même l’étude de la structure
du système (la plupart du temps sous forme de réseau) peut apporter de nombreuses
nouvelles connaissances.
Désormais les différents composés d’un système biologique (ADN, ARN, protéines, ...)
ne seront plus étudiés un à un mais tous ensemble. L’interaction entre ces différentes entités
sera la pierre angulaire de la biologie des systèmes. Nous pouvons décomposer ces interactions
en trois types de réseaux, comme illustré dans la Figure 1.1 [MCR+11] :
– Les réseaux de signalisation [JLI00] vont permettre de décrire l’ensemble des mécanismes
qui permettent à une cellule de répondre rapidement aux modifications de
son environnement en transmettant rapidement de l’information au sein de la cellule.
Cela se fera notamment par l’activation de différents récepteurs membranaires
qui pourront conduire à l’activation ou l’inhibition de gènes.
– Les réseaux de régulation génique [DL05] vont regrouper l’ensemble des interactions
relatives à la régulation de l’expression des gènes d’une espèce. Cette régulation pourra
avoir en particulier lieu via des facteurs de transcription. La transcription de ces facteurs
de transcription sera elle-même régulée par d’autres protéines.
– Les réseaux métaboliques vont regrouper l’ensemble des réactions métaboliques pré-
sentes au sein d’un système, c’est-à-dire des transformations chimiques de molécules
au sein de l’organisme. Ces réactions sont catalysées par des enzymes qui sont des
protéines codées par des gènes.
Dans son article de référence, Kitano [Kit01] introduit quatre points essentiels à l’étude
de systèmes biologiques : étudier la structure du système, puis sa dynamique, le contrôler,
et enfin concevoir des systèmes minimaux vérifiant des propriétés fixées.
Pour mieux comprendre ces aspects, nous pouvons nous référer à une analogie entre un
réseau biologique et un réseau routier.
Ainsi nous pouvons analyser la structure d’un graphe découlant de l’analyse de données
biologiques de la même manière que nous pouvons analyser une carte routière. Il est
par exemple possible de chercher le chemin le plus court entre deux endroits (molécule ou
ville), de regarder les nœuds du réseau qui sont les plus connectés au reste du réseau (qui
pourraient correspondre à une molécule ou une ville plus importante que les autres), etc.Biologie des systèmes 9
FIGURE 1.1: Représentation des principaux processus se produisant dans une cellule. La
cellule reçoit des signaux extérieurs qui engendrent des cascades de signalisation à l’inté-
rieur de la cellule. Ces signaux et les cascades induites sont étudiées dans les réseaux de signalisation.
Ce signal arrive jusqu’au noyau et engendre une régulation de l’expression des
gènes. Cette régulation sera étudiée par les réseaux de régulation géniques. Les gènes sont
ensuite transcrits en ARN messagers qui pourront être traduits en protéines. Certaines de
ces protéines (appelées enzymes) pourront catalyser des réactions métaboliques qui transformeront
les molécules présentes à l’intérieur de la cellule ou importées de l’extérieur. Ces
réactions sont étudiées dans les réseaux métaboliques.10 État de l’art
Les différents types de réseaux mentionnés ci-dessus ont fait l’objet d’analyses statiques
variées, mettant en évidence des structures différentes en fonction de la nature des ré-
seaux, ainsi que des motifs caractéristiques. Nous pouvons par exemple citer les travaux de
[JTA+00] qui ont montré que les réseaux métaboliques semblent suivre une structure sans
échelle, faisant de ces réseaux des réseaux petit monde. Si une structure globale semble exister
dans les réseaux biologiques, il en va de même à un niveau plus précis. Ainsi [Alo07] a
distingué et classé de nombreux motifs revenant souvent dans les réseaux biologiques.
Nous pouvons aussi étudier un réseau routier de manière dynamique en ne regardant
plus seulement la structure de la carte routière mais les différentes entités qui utilisent ce ré-
seau et les flux qui y circulent. Certaines sont relativement grosses et lentes, et se déplacent
habituellement entre des endroits précis prévus à l’avance. D’autres seront plus petites et
imprévisibles. L’étude des interactions au cours du temps entre ces différents acteurs permettra
de mieux comprendre la réalité d’un réseau routier, comparé à la seule étude de la
structure des routes. On pourra d’abord prédire l’importance des flux qui passent sur le ré-
seau routier, identifier les dépendances entre ces flux, y compris éloignés, et l’impact de
modifications locales sur l’état global du trafic. On pourra ensuite identifier les points de
contrôle de ce trafic pour mieux le réguler ou optimiser son comportement. Des méthodes
très variées ont été développées pour étudier la dynamique des réseaux biologiques, mé-
thodes qui peuvent être numériques, qualitatives, ou stochastiques en fonction des informations
disponibles sur la réponse du système et de la nature des interactions en jeu. Nous
pouvons par exemple citer les travaux de Cornish-Bowden sur les cinétiques enzymatiques
[CB79] permettant aux modélisations continues du métabolisme de se développer.
Cette thèse va se concentrer sur la toute première étape de ce processus, la reconstruction
de cartes métaboliques, en particulier chez des espèces non classiques pour lesquelles
la quantité d’information en notre possession est limitée.
1.2 Réseaux métaboliques
1.2.1 Définition
Un réseau métabolique est défini comme un graphe dirigé biparti :
– un des ensembles de nœuds est constitué par des métabolites au sein de la cellule,
– l’autre ensemble nœuds correspond à des réactions métaboliques, qui tranforment
un certain nombre de métabolites en d’autres métabolites, souvent sous l’action d’un
catalyseur appelé enzyme. La réaction peut-être unidirectionnelle (irréversible) ou bidirectionnelle
(réversible), en fonction des conditions intra-cellulaires.
La figure 1.2 montre une représentation graphique de deux réactions, la première (R1)
transforme une molécule A en une molécule B et est irréversible. La seconde (R2) réalise
une transformation conjointe des molécules B etC pour produire D. Cette seconde réaction
est réversible.
Ces réactions sont habituellement associées à des gènes via une GPR (Gene Protein Relation).
Ainsi, chaque réaction est associée à une ou plusieurs enzymes qui vont catalyser
les réactions présentes dans le réseau. Ces enzymes sont elles-mêmes obtenues via la transcription,
la traduction, et éventuellement la modification post-transcriptionnelle de un ou
plusieurs gènes. De manière générale les enzymes ne sont pas représentées dans les réseaux
métaboliques. Le lien est directement fait entre une réaction et un ou plusieurs gènes. LesRéseaux métaboliques 11
A R1 B
R2 D
C
FIGURE 1.2: Représentation graphique d’un réseau métabolique composé de deux réactions.
La première réaction (R1) est irréversible et produit B à partir de A. La seconde (R2)
transforme B + C en D de manière réversible.
éventuelles modifications post-traductionnelles influençant l’activité des enzymes ne sont
pas prises en compte à ce niveau mais pourront être ajoutées directement dans la structure
du réseau ou en tant que surcouches de celui-ci.
Durant les cinquante dernières années, les réseaux métaboliques ont été exploités dans
de nombreux domaines de la biologie. Nous pouvons en citer deux particulièrement notables.
En biologie évolutive, l’étude de réseaux métaboliques, souvent sous la forme de
structure de graphe, a permis une meilleure compréhension de la biologie et de l’histoire
évolutive des organismes étudiés. Dans ces approches, des alignements de séquences permettent
de suggérer une fonction de nature enzymatique pour un ensemble de gènes donnés.
La comparaison des voies métaboliques entre différentes espèces et l’identification
d’enzymes spécifiques aux espèces étudiées permet de comprendre globalement l’histoire
des espèces ciblées d’un point de vue fonctionnel [FMP03].
Inspiré par les biotechnologies, l’étude des réseaux métaboliques a fait l’objet d’études
extrêmement nombreuses durant les 20 dernières années, en particulier des dépendances
induites par les conservations de masse et les stœchiométries des réactions. Un exemple
phare est l’étude de la régulation du métabolisme des globules rouges humains réalisé par
[PRP+03], de même que tous les travaux sur le fonctionnement optimal du métabolisme
d’Escherichia Coli. Ces approches s’appuient sur la décomposition en modes élémentaires
de voies métaboliques et des techniques d’optimisation linéaire [SDF99, PVPF04]. On se
dirige maintenant vers la biologie synthétique et la production contrôlée de métabolites
d’intérêt, par exemple pour l’agroalimentaire ou l’industrie pétrolière [BS05, PW09]. Dans
cette direction, de nouvelles questions d’optimisation apparaissent actuellement, telles que
le calcul de "capacitance" permettant d’identifier les réactions chimiques à ajouter dans un
réseau métabolique pour maximiser la production d’un métabolite donné [LBG+12].
Durant cette thèse, nous nous concentrerons essentiellement sur le premier de ces deux
points, en étudiant les points informatiques bloquants pour la reconstruction automatique
de réseaux métaboliques pour des organismes non-classiques, et ce qu’on peut en déduire
en terme de nouvelles connaissances biologiques sur l’espèce considérée. Les méthodes
d’optimisation linéaire utilisées dans les approches de nature biotechnologiques seront plutôt
utilisées comme validation des résultats. L’exploitation et le raffinement des réseaux
d’espèces non-classiques pour permettre leur étude et leur contrôle sont pour l’instant envi-12 État de l’art
sagé dans le cadre de perspectives. Les questions que nous allons développer vont porter sur
les questions d’optimisation combinatoire et les questions de représentation des connaissances
qui permettent de reconstruire un réseau métabolique.
1.2.2 Fonctionnalité d’un réseau métabolique : Analyse en Balance de Flux (ou
FBA : Flux Balance Analysis)
Pour tester et valider les méthodes qui vont être discutées dans cette thèse, nous utiliserons
principalement un critère de fonctionnalité quantitative. Dans ce but, nous introduisons
ici les différents éléments permettant de modéliser cette fonctionnalité.
La FBA est une technique d’analyse quantitative de la fonctionnalité de réseaux, et en
particulier de réseaux métaboliques. Elle va permettre de simuler le métabolisme d’une cellule
et de connaître la distribution des flux de matière passant à travers les réactions lorsqu’un
modèle est à l’état stable. Le calcul est très rapide même pour de très grands réseaux.
Cette technique permet de faire de l’ingénierie, de simuler la réponse des cellules à diffé-
rentes conditions, des délétions de gènes, etc. La FBA se différencie des méthodes classiques
d’étude de réseaux utilisant des systèmes d’équations différentielles par la rapidité de calcul
et le peu d’informations nécessaire aux simulations. Ainsi il n’y a pas besoin de connaître les
constantes cinétiques des enzymes ou encore la concentration des métabolites internes au
système pour pouvoir effectuer des simulations.
Cette approche est basée sur l’hypothèse que le système métabolique est à un état stationnaire,
qui implique que des cellules en culture dans des conditions données utilisent
l’ensemble des nutriments à leur disposition pour créer de la biomasse. Étant donné qu’il
n’y a ni création, ni de perte de matière, les entrées dans le modèle (les nutriments) correspondront
parfaitement à la production de biomasse qui est représentée par les métabolites
de l’organisme. D’un point de vue mathématique, le réseau sera représenté par une matrice
stœchiométrique S formée de n lignes et m colonnes. Chaque ligne représentera un
métabolite et chaque colonne une réaction. Les chiffres présents dans cette matrice correspondront
aux coefficients stœchiométriques des réactions. Par exemple les réactions :
R1 : 2A +3B → 2C +D
R2 : 3C +2A → 4E
correspondent à la matrice stœchiométrique représentée en table 1.1.
TABLE 1.1: Exemple de matrice stœchiométrique
R1 R2
A -2 -2
B -3 0
C 2 -3
D 1 0
E 0 4
Les réseaux métaboliques mettent en jeu un grand nombre de réactions (de l’ordre du
millier), et chaque réaction implique en général moins d’une dizaine de métabolites diffé-
rents. De plus, dans un réseau métabolique, le nombre de métabolites correspond environRéseaux métaboliques 13
à l’ordre de grandeur de la taille du réseau (de l’ordre du millier de métabolites). À partir de
là, il ressort immédiatement que la matrice stœchiométrique est une matrice creuse, contenant
moins d’une dizaine de valeurs non nulles par colonne.
Une des hypothèses fondamentale de la FBA consiste à considérer que lors de l’étude
du système, celui-ci se situe à "un état stationnaire". D’un point de vue mathématique, cela
se représente par une contrainte simple :
S.v = 0,
avec S la matrice stœchiométrique, v un vecteur de flux dont la taille fait le nombre de réactions
dans le modèle, et vi
le flux passant dans une réaction i. Ce flux correspond à la quantité
de matière qui passe à travers chaque réaction pour que le système soit à l’état stable. Il
est bien évidemment possible d’avoir plusieurs vecteurs v qui satisfont cette contrainte.
Une fois cette contrainte émise, on va pouvoir travailler sur le reste du système. Pour
cela, on aura un autre type de contrainte : les bornes de flux pour chaque réaction. En effet,
chaque réaction ne pourra avoir qu’une quantité de flux comprise entre une borne infé-
rieure et une borne supérieure qui passera à travers elle. Typiquement, une réaction irré-
versible aura par exemple toujours une borne inférieure qui sera positive ou nulle et une
bonne supérieure positive. D’autre part, une réaction réversible aura forcément une borne
inférieure négative et une borne supérieure positive.
1.2.3 Optimisation d’une fonction objectif
Une fois ces deux contraintes posées (état stable et bornes sur les flux des réactions),
reste à savoir ce que l’on souhaite modéliser. Habituellement, le choix se porte sur une maximisation
de la biomasse. Le concept de "biomasse" représente le poids sec d’une cellule,
c’est à dire la somme des quantités de chacun de ses composants les plus importants. Elle
se calcule sous la forme d’une combinaison linéaire Z = c
T
v dépendant des flux traversant
le réseau. Le vecteur Z peut être estimé par des techniques de biologie permettant de mesurer
la concentration des composés au sein d’une cellule, ou il peut être estimé en se basant
sur des biomasses précédemment définies chez des espèces proches physiologiquement.
Lors de l’étude, cette fonction de biomasse sera maximisée. Au final le problème peut être
représenté de la manière suivante (pour une matrice S de taille N xM) :
Maximiser Z = c
T
v
Avec : X
M
j=1
Si j v j = 0,∀i ∈ 1..N
v
min
j ≤ v j ≤ v
max
j
,∀j ∈ 1..N
Un vecteur de flux v qui permettra d’obtenir l’ensemble des métabolites de la fonction
objectif dans les proportions voulues sera produit par les algorithmes de résolution de ce
problème. Le vecteur c est alors un vecteur de poids qui représente la proportion dans laquelle
chaque réaction de v participe à l’objectif. Étant donné qu’habituellement une seule
réaction (la réaction de biomasse) est comprise dans l’objectif, le vecteur c est entièrement14 État de l’art
constitué de 0 et de un seul 1 à la position d’intérêt. Il est cependant possible d’optimiser
une combinaison de plusieurs réactions
Différents outils existent pour réaliser des études de FBA sur des réseaux métaboliques.
Le plus connu et le plus utilisé est la Cobra Toolbox [BFM+07] pour Matlab. Si l’outil est disponible
librement, il est à noté qu’il tourne sur une plateforme (Matlab) qui n’est ni libre ni
gratuite, bien que présente dans la plupart des laboratoires d’informatique et de bioinformatique.
En revanche, la plupart des laboratoires de biologie ne sont pas équipés de cette
plateforme, ce qui limite son utilisation dans ces laboratoires. On peut en revanche signaler
qu’une implémentation en Python de la Cobra Toolbox existe, appelée CobraPy [ELPH13],
elle aussi totalement libre et gratuite et ne nécessitant pas l’installation préalable de Matlab
ou de solveur payants.
Les résultats prédits par les analyses basées sur ces concepts sont nombreux et variés.
Nous pouvons par exemple citer la prédiction du comportement d’un système à l’inactivation
d’un gène [EP00, BES+01], la prédiction de croissance cellulaire [EIP01, IEP02], la
modification de la performance d’un réseau métabolique suite à une déletion ou une addition
de gènes [BVM01] ou encore la suggestion d’inactivation de gènes afin d’augmenter la
production de métabolites [BPM03, PBM04].
En ce qui concerne le sujet de cette thèse (reconstruction des réseaux métaboliques), ces
méthodes sont utilisées principalement pour vérifier la fonctionnalité des réseaux reconstruits,
via la définition d’une fonction de biomasse ou de cibles métaboliques prédéfinies.
1.2.4 Impact de la structure du réseau
L’analyse de réseaux par balance des flux se heurte aujourd’hui à un problème : l’utilisation
de la stœchiométrie des réactions. En effet, si celle-ci est déterminante dans l’analyse,
elle n’est pas toujours connue précisément et peut même, parfois, ne pas être déterminable.
Nous pouvons par exemple citer les réactions de production de certaines molé-
cules telles que les acides gras qui, en s’allongeant, produisent toujours la même molécule
(f at t y aci d + molecule → same f at t y aci d). Ce genre de réactions seront souvent retirées
du système et pas prise en compte. De plus une des hypothèses de base de la FBA
consiste à avoir un système à l’état stable. Or on ne peut considérer qu’un système biologique
est à l’état stable uniquement quand celui-ci n’est pas perturbé. Ainsi l’utilisation de
la FBA pour étudier des modifications de l’environnement, de conditions de stress ou de
systèmes de régulation peut se trouver limitée [RC09].
Dans le même esprit, on note une certaine instabilité des tests de fonctionnalité. Les
implémentations et les vérifications inclues dans les suites logicielles liées aux réseaux mé-
taboliques ne sont pas toujours explicites et peuvent procéder à des transformations cachées
qui peuvent avoir un impact important sur la fonctionnalité des réseaux. Ainsi, le ré-
seau EcoCyc [KCVGC+05] présent dans la banque MetaCyc est présenté comme fonctionnel
par le logiciel Pathway Tools, qui inclut sa propre vérification de production de biomasse
par FBA [LKTK12]. Or, si nous récupérons le réseau directement depuis Pathway Tools pour
tenter d’appliquer des techniques de FBA sur ce modèle, en utilisant la même fonction de
biomasse, le réseau devient étrangement non fonctionnel. Il semblerait que Pathway Tools
procède à des opérations de dégénéricisation de réactions qui transforment complètement
le résultat des analyses.Pipeline de reconstruction d’un réseau métabolique 15
De nombreuses méthodes ont été dérivées du cadre du FBA pour étudier les réseaux
métaboliques. On se référera par exemple à la figure 1.3 tirée de [PRP04] pour un panorama
de ces méthodes.
Parmi ces méthodes, nous voudrions insister sur une approche particulièrement utile
pour vérifier la fonctionnalité des réseaux et le rôle de certaines réactions en leur sein, l’analyse
de variabilité de flux (figure 1.3, 11).
1.2.5 Vérification de la fonctionnalité d’un réseau : Flux Variability Analysis
Lors de l’utilisation de techniques de FBA, nous obtenons habituellement une solution
qui optimise une fonction objective, comme par exemple une fonction de biomasse. Cependant,
il peut exister des optimaux alternatifs à cette solution. L’analyse de variabilité de flux
(ou Flux Variability Analysis, FVA) [GT10] va permettre d’étudier ces optimaux alternatifs.
Nous pourrons ainsi obtenir les flux minimaux et maximaux possibles pour chaque réaction
tout en maintenant la fonctionnalité du réseau. Cette fonctionnalité globale pourra être soit
complète (on garde le même optimum), soit suboptimale si on ne garde qu’une partie de
l’optimum.
L’étude d’un réseau par FBA (décrite précisément au-dessus) nous permet d’obtenir la
valeur de l’optimum souhaité. Une fois cet optimum fixé, la FVA nous permettra de connaitre
les plages de flux pour chaque réaction qui permettent d’obtenir cet optimum. On pourra
ainsi définir différents types de réactions :
– Les réactions obligatoires : la plage de flux passant à travers elles sera toujours positive
– Les réactions bloquées : les flux seront nuls dans tous les scénarios possibles
– Les réactions "accessoires" : les flux pourront être nuls ou non
Les études de FVA peuvent se faire soit en conservant l’optimum inchangé, soit en prenant
des sous-optimums. D’un point de vue mathématique, on aura donc pour les plages
de flux correspondant parfaitement à l’objectif Z :
Maximiser ou minimiser v j
Avec : Sv = 0
v
min ≤ v ≤ v
max
Z
t
v = Zob j
Pour obtenir les plages de flux correspondant à des solutions sous-optimales, il suffit de
remplacer Z
t
v = Zob j par Z
t
v ≥ Zob j .γ avec γ ∈ [0;1] (plus gamma est proche de 1, plus on
est proche de l’optimum).
Différentes implémentations de la FVA existent, en utilisant des plateformes telles que
Matlab ou fonctionnant par elles-mêmes. Nous pouvons notamment citer fastFVA [GT10]
compilé en tant que programme Matlab et qui peut utiliser les solveurs GLPK ou CPLEX.
1.3 Pipeline de reconstruction d’un réseau métabolique
Le développement des techniques de séquençage haut débit et leur coût de plus en plus
faible, couplé au développement des autres méthodes "omiques" permettant d’obtenir de16 État de l’art
Application of
constraints
Energy and
biomass constituents
Network
reconstruction
Allowable
solution space
Genomics, physiology
and biochemistry
v3
v2
v1
15 Sampling
v1 min v1 max
v2 max
v2 min
11 Flux variability
vnet = 0
9 Energy balance
analysis
Line of
optimality
6 Phenotypic phase
plane analysis
Cj
Ci
16 Bi-linear
concentration cone
1 Identifying optimal
solutions An optimal
solution
2 Robustness
Flux through vi Maximal biomass yield
Time (hours)
Biomass (g L–1)
3 Dynamic simulations
Model predictions
Experimental data
4 Convex basis vectors
7 Alternate optima
Equivalent
optimal solutions
8 Regulatory
constraints
EP1 EP2 EP3 EP4
α-weightings
12α-spectrum
13 OptKnock
Biomass production
Metabolite production
Knockout
Wild type
5 Gene deletions
10 Finding objective
functions
14 Flux coupling
Uncoupled
Fully coupled
Partially coupled
Directionally
coupled
vi
/vj
a
c
b
FIGURE 1.3: Les méthodes classiques à base de contraintes pour l’analyse de réseaux mé-
taboliques [PRP04]. La construction de l’espace des solutions est représentée au centre, les
méthodes d’analyse de cet espace des solutions sont représentées autour.Pipeline de reconstruction d’un réseau métabolique 17
grandes quantités de données, nous permet aujourd’hui d’avoir de grandes quantités d’informations.
Ces informations, combinées entre elles, sont aujourd’hui suffisantes pour reconstruire
des réseaux métaboliques. Ces réseaux peuvent être de taille et de qualité très
variables.
Dans un récent article [MNP14] les réseaux métaboliques existant en février 2013 ont
été étudiés, notamment du point de vue de la couverture phylogénétique des espèces modélisées.
La figure 1.4 présente un arbre de l’ensemble de ces reconstructions. Il en ressort
qu’un très grande majorité des réseaux métaboliques à l’échelle génomique appartiennent
au règne bactérien, et notamment aux protéo-bactéries. À l’inverse les eucaryotes et les
archaea-bactéries sont sous représentées, avec de nombreux phylum totalement non représentés.
Deinococcus-Thermus
Nitrospirae
Caldiserica
Armatimonadetes
Dictyoglomi
Elusimicrobia
Gemmatimonadetes
Aquif cae
Deferribacteres
Chrysiogenetes
Thermodesulfobacteria
Planctomycetes
Spirochete
Aminanaerobia
Xenarchaea
Nanoarchaeota
Ignavibacteria Aigarchaeota
Chlorobi
Tardigrada
Onychophora
Echinoderms
Xenoturbellida
Hemichordata
Chaetognatha Basidomycota
Chromerida
Firmicutes (8)
Actinobacteria (6)
Proteobacteria (32)
Cyanobacteria (3)
Tenericutes (2)
Thermotogae (1)
Chlorof exi (1)
Bacteroidetes (1)
Crenarchaeota (1)
Euryarchaeota (4)
Arthropoda (2)
Streptophyta (2)
Chlorophyta (2)
Apicomplexa (2)
Euglenozoa (1)
Ascomycota (8)
Chordata (2)
Bacteria
Archaea
Eukaryota
{
Unrepresented phyla:
No metabolic
reconstruction
exists
Blue: Reconstructed phylum
(count of metabolic reconstructions)
Red: Unrepresented phylum
(no metabolic reconstructions exist)
P. aeruginosa
P. putida
B. aphidicola
Y. pestis
S. typhimurium
E. coli
K. pneumoniae
S. glossinidius
A
A. sp ADP1
. baumannii AYE
H. inf uenza
V. vulnif cus
C. salexigens
S. oneidensis
F. tularensis
R. etli
S. meliloti
M. extorquens
K. vulgarum
Z. mobilis
G.
sulfurreducens
P. propionicus
C. jejuin
H. pylori
B. cenocepacia
C. necator
N. meningitdis i
L. lact si
L. plantarum
S. aureus
B. subtilis
C. beijerinickii
C. acetobutylicum
R. erythropolis
C. glutamicum
M. tuberculosis
S. erythraea
A. balhimycina
S. coelicolor
A. platensis
P. gingivalis
T. maritima
S. pombe
A. nidulans
A. oryzae
A. niger
S. stipitis
Y. lipolytica
S. cerevisiae
K. pastoris
H. sapiens
D. melanogaster
C. hominis
P. falciparum
A. thaliana
Z. mays
C. reinhardtii
L. major
N. pharaonis
H. salinarum
M. acetivorans
M. barkeri
S. solfataricus
M. succiniciprod.
C. thermocellum
S. thermophilus
R. sphaeroides
G. metallireducens
R. ferrireducens
Cyan. AT
Syn. PCC 6803
CC 51142
M. genitalium
M. pneumoniae
D. ethenogenes
M.
musculus
P. carbonicus
FIGURE 1.4: Couverture phylogénétique des reconstructions de réseaux métaboliques en
février 2013[MNP14].
Pour tenter d’ homogénéiser les reconstructions, Thiele et Palsson [TP10] ont décrit une
méthodologie globale de reconstruction de réseaux métaboliques. La figure 1.5 tirée de cet
article résume l’ensemble de ce processus, qui sera décrit plus précisément par la suite. Une
analyse proposée par [HR14] reprend cette méthodologie en étudiant des outils de reconstruction
de réseaux métaboliques bactériens existants et réalisant plus ou moins automati-18 État de l’art
quement certaines des étapes de reconstruction.
1. Draft reconstruction
1| Obtain genome annotation.
2| Identify candidate metabolic functions.
3| Obtain candidate metabolic reactions.
4| Assemble draft reconstruction.
5| Collect experimental data.
2. Refinement of reconstruction
6| Determine and verify substrate and cofactor usage.
7| Obtain neutral formula for each metabolite.
8| Determine the charged formula.
9| Calculate reaction stoichiometry.
10| Determine reaction directionality.
11| Add information for gene and reaction localization.
12| Add subsystems information.
13| Verify gene−protein-reaction association.
14| Add metabolite identifier.
15| Determine and add confidence score.
16| Add references and notes.
17| Flag information from other organisms.
18| Repeat Steps 6 to 17 for all genes.
19| Add spontaneous reactions to the reconstruction.
20| Add extracellular and periplasmic transport reactions.
21| Add exchange reactions.
22| Add intracellular transport reactions.
23| Draw metabolic map (optional).
24−32| Determine biomass composition.
33| Add biomass reaction.
34| Add ATP-maintenance reaction (ATPM).
35| Add demand reactions.
36| Add sink reactions.
37| Determine growth medium requirements.
3. Conversion of reconstruction
into computable format
38| Initialize the COBRA toolbox.
39| Load reconstruction into Matlab.
40| Verify S matrix.
41| Set objective function.
42| Set simulation constraints.
4. Network evaluation
43−44| Test if network is mass-and charge balanced.
45| Identify metabolic dead-ends.
46−48| Perform gap analysis.
49| Add missing exchange reactions to model.
50| Set exchange constraints for a simulation condition.
51−58| Test for stoichiometrically balanced cycles.
59| Re-compute gap list.
60−65| Test if biomass precursors can be produced in standard medium.
66| Test if biomass precursors can be produced in other growth media.
67−75| Test if the model can produce known secretion products.
76−78| Check for blocked reactions.
79−80| Compute single gene deletion phenotypes.
81−82| Test for known incapabilites of the organism.
83| Compare predicted physiological properties with known properties.
84−87| Test if the model can grow fast enough.
88−94| Test if the model grows too fast.
Data assembly and dissemination
95| Print Matlab model content.
96| Add gap information to the reconstruction output.
FIGURE 1.5: Vue d’ensemble de la procédure de reconstruction de réseaux métaboliques
[TP10]. Les étapes 2 à 4 seront itérées jusqu’à ce que les prédictions réalisées par le réseaux
métaboliques soient en accord avec les observations biologiques.
L’analyse de cette référence permet de dégager quatre étapes majeures pour ce type de
reconstruction :
1. La construction d’une ébauche métabolique
2. Une amélioration de cette ébauche
3. La conversion du réseau en un format analysable par des méthodes automatiques
4. L’évaluation de la qualité du réseau final
Ces quatre étapes, si elles ont été bien exécutées et ont conduit à un réseau de bonne qualité,
peuvent être suivies de simulations et de prédictions. Nous allons maintenant décrire plus
en détail chacune de ces étapes.
1.3.1 Construction d’une ébauche métabolique
La première étape de la reconstruction d’un réseau métabolique consiste en la construction
d’une ébauche ou esquisse (en anglais, draft) de réseau métabolique. Cette ébauche correspond
à un réseau de réactions métaboliques brut, qui est le plus souvent obtenu automatiquement
par extraction d’informations dans les annotations d’un génome ou par l’étude
de réseaux métaboliques d’espèces cousines. En particulier, certaines réactions que l’on sait
être présentes, i.e. fonctionnelles, chez l’espèce étudiée pourront être absentes ou "erronées"
dans cette ébauche du fait d’annotations manquantes (ou de mauvaises annotations)
des gènes.Pipeline de reconstruction d’un réseau métabolique 19
La réalisation de cette étape s’appuie principalement sur une annotation fonctionnelle
précise du génome étudié, ou encore du transcriptome ou du protéome. Cette étape vise à
proposer une fonction potentielle à chaque gène d’intérêt présent dans le génome.
Cela se fait généralement en utilisant différentes informations comme :
– Le numéro E.C.
– Les termes GO
– Des mots clefs
– Des noms génériques de réactions
Une fois que le génome est suffisamment annoté, il est, en théorie, possible de connaître
précisément les réactions métaboliques associées à chaque annotation et donc à chaque
gène connu. Les bases de données de réactions métaboliques telles que KEGG [KGS+14]
ou MetaCyc [CAB+14] contiennent des informations détaillées sur ces réactions. Ces bases
de données ont, en outre, le gros intérêt de posséder des identifiants internes cohérents à
travers les différentes réactions. Ainsi, une molécule donnée (comme le β-D-glucose par
exemple) possédera toujours le même identifiant ("GLC" pour MetaCyc, "C00221" pour
KEGG) dans toutes les réactions produisant ou consommant cette molécule. Cette cohé-
rence des identifiants permettra de construire des réseaux métaboliques où les différentes
réactions seront interconnectées entre elles grâce à ces métabolites.
La qualité d’une ébauche métabolique, en particulier pour les espèces non modèles,
va ainsi dépendre directement de l’annotation du génome. La qualité d’une annotation va,
elle, dépendre de la façon dont elle a été réalisée. En effet, il est possible de distinguer deux
classes d’annotations fonctionnelles : celles réalisées manuellement (ou validées manuellement)
et celles ne reposant que sur une découverte automatique de la fonction des gènes.
Les annotations manuelles, bien que moins nombreuses et plus longues à réaliser que les
annotations automatiques, sont normalement de bien meilleure qualité. Ainsi plus un gé-
nome sera annoté manuellement, meilleure devrait être l’ébauche métabolique.
Différentes méthodes se basent en parallèle sur les connaissances sur le métabolisme
d’espèces cousines déjà connues. Dans ces cas là, on construit des modèles de références en
extrayant de l’information sur le métabolisme d’une sélection d’espèces. Différents scores
d’alignement permettent, soit à priori, soit à posteriori, de vérifier si les différentes réactions
sélectionnées doivent être intégrées au réseau de l’espèce ciblée. Cela a par exemple été utilisé
lors de la reconstruction d’un réseau compartimenté et tenant compte de la spécificité
des tissus chez Arabidopsis thaliana [MOMM+12].
Cependant, comme noté par Monk, Nogales et Palsson dans [MNP14], l’utilisation de
réseaux métaboliques et d’annotations pour des espèces voisines perd de son efficacité au
fur et à mesure que s’accroît la distance phylogénétique entre l’espèce cible et les espèces
sur lesquelles les réseaux métaboliques dont on dispose sont de bonne qualité. Ce problème
est d’autant plus important chez certains eucaryotes pour lesquels la couverture phylogéné-
tique est faible, rendant la reconstruction de réseaux métaboliques chez ces phylum d’autant
plus important (figure 1.6).
Lors de la reconstruction de réseaux métaboliques, nous sommes confrontés à des problèmes
importants concernant l’hétérogénéité des données. Un gros travail d’intégration de
ces données précède obligatoirement la reconstruction de réseaux.
Une fois la liste des réactions métaboliques à inclure dans un réseau établie, il convient
de transformer cette liste en un fichier analysable par la plupart des méthodes informatiques.
Le format préconisé pour les réseaux métaboliques est le format SBML (Systems20 État de l’art
FIGURE 1.6: Limitations actuelles au développement rapide de la reconstruction de ré-
seaux métaboliques. Les éventuels points à améliorer sont indiqués en gris, les méthodes à
base de contraintes étant au centre des améliorations [MNP14].Pipeline de reconstruction d’un réseau métabolique 21
Biology Markup Language). Cette norme SBML n’est malheureusement pas suivie à la lettre
par grand nombre d’outils ce qui rend l’étude des réseaux métaboliques compliquée d’un
point de vue "formatage des données". De plus de nombreuses versions de la norme SBML
existent et ne sont pas forcément compatibles entre elles, rendant d’autant plus difficile
l’utilisation d’outils plus ou moins récents. Dans le cas des espèces non-classiques, nous
avons été particulièrement confronté à la modélisation des réactions réversibles dans différentes
études de cette thèse. Les discussions sur cette question seront détaillées dans la
section 2.2.3.
Par ailleurs, si les ébauches métaboliques sont créées par orthologie directe entre des
enzymes connues chez des espèces modèles et un nouveau génome, il faut être capable de
faire le lien entre une réaction associée à l’enzyme connue (pouvant provenir de KEGG, The
SEED, ou les réseaux utilisés dans CobraToolBox) et une réaction dans les formats ciblés
(MetaCyc par exemple). Ces liens entre bases de données de réactions sont extrêmement
problématiques et sources d’imprécisions. Il existe cependant des méthodes pour établir
du lien entre elles. Par exemple la base de données MetaCyc donne parfois des liens vers
les réactions KEGG correspondantes. De plus, les numéros E.C. (lorsqu’ils sont précis) permettent
de relier entre elles les différentes réactions, un numéro E.C. précis ne pouvant en
théorie correspondre qu’à une seule réaction. Dans cette direction, différentes approches
proposent de réconcilier les réactions métaboliques en fonction de différents critères et annotations,
mais aucune n’est exhaustive. Différents outils existent déjà pour réaliser de telles
réconciliations entre les différentes bases de données. Nous pouvons par exemple citer BridgeDb
[vIPK+10], MetaMerge [CSH+12] ou encore MNXref [BBM+14]. L’outil MetaMerge, par
exemple, devrait permettre de fusionner des réseaux métaboliques créés pour une même
espèce à partir de différentes méthodes et bases de données. D’autre part MNXref est un
outil permettant de faire le lien entre les différentes bases de données de réactions métaboliques
telles que MetaCyc, KEGG et beaucoup d’autres. Tout ces outils se basent sur diffé-
rentes informations pour réaliser l’homogénéisation entre les différentes bases de données
telles que la nomenclature chimique des réactifs des réactions, des références croisées entre
différentes bases de données, des noms ou synonymes, etc.
Outre la nature des données rencontrées, leur qualité peut également être très hété-
rogène. Les annotations, par exemple, sont à considérer avec précaution, notamment car
certaines d’entre elles ne sont pas complètes (ex. : absence du numéro E.C.) ou parce que
certains gènes ne sont pas annotés du tout. Ces situations représentent une source importante
de faux négatifs et de faux positifs lors de la création de l’ébauche métabolique. Inversement,
un gène entièrement annoté manuellement et possédant l’ensemble des élé-
ments nécessaires pour une recherche automatique de la réaction associée sera extrêmement
fiable.
Il faut également faire attention au taux élevé de faux positifs générés par les recherches
d’homologues à partir de profils HMMs (Hidden Markov Models, ou modèles de Markov cachés).
Certains des profils sont en effet très génériques du fait de l’existence de certaines
enzymes chez des organismes présents à travers l’ensemble de l’arbre du vivant, ce qui
engendre parfois des signatures floues et donc des faux positifs lors de la recherche d’homologues.
L’absence de cohérence entre les différents outils d’alignements [RSS01, LSR03]
peut-être source d’erreur et nécessite de définir des scores de réconciliations tels que dé-
crits, par exemple, dans [LDNS12].22 État de l’art
1.3.2 Raffinement de l’ébauche métabolique
Le résultat de l’étape précédente est un ensemble de réactions qui sont reliées entre
elles par les métabolites qu’elles partagent. Ces réactions ne correspondent pas forcément
à l’ensemble de celles ayant lieu dans l’espèce étudiée du fait des erreurs et des manques
dans l’annotation. Il faut donc une seconde étape pour améliorer la qualité du réseau, qui
consiste à rajouter les réactions que l’on aurait pu manquer lors de la création de l’ébauche
métabolique ainsi que les gènes qui pourraient y être associés.
Pour réaliser cette étape, des connaissances biologiques qui ne seraient pas expliquées
par le réseau actuel sont nécessaires. Pour cela, il est possible d’utiliser l’ensemble des mé-
tabolites dont la présence dans l’organisme d’intérêt a été prouvé expérimentalement, notamment
par du profilage métabolique. En effet, il apparaît évident que le réseau métabolique
correspondant à cet organisme doit contenir les voies complètes nécessaire à la production
de ces molécules. Nous nous concentrerons cependant ici sur l’exploitation de pro-
fils métaboliques, puisqu’il s’agit de la base de la plupart des méthodes de reconstruction
de réseaux métaboliques.
Pour étudier leur productibilité, il faut connaître le milieu de croissance dans lequel l’organisme
d’intérêt est cultivé. En effet, les cellules d’un organisme vont récupérer, dans ce
milieu, tous les nutriments nécessaires à la croissance, et donc à la production de biomasse.
Bien évidemment, plus l’information sur ce milieu de culture est grande, meilleure sera la
reconstruction. Le cas parfait correspond à un organisme pouvant croître à différentes vitesses
dans différentes conditions, et pour lequel la vitesse de consommation des différentes
molécules du milieu de culture est connue. Si l’organisme n’est pas cultivable en laboratoire,
il faudra estimer les conditions nécessaires à la croissance à partir de la bibliographie ou de
toute autre source d’informations.
Une fois le milieu de culture parfaitement décrit, nous allons pouvoir étudier par diffé-
rentes méthodes si ce milieu de culture, associé à l’ébauche métabolique, permet de prédire
la production des molécules identifiées expérimentalement. Cette prédiction peut se faire
par différents types de simulations, que l’on peut classer globalement en deux groupes :
les simulations topologiques et les simulations numériques. Les simulations topologiques
consistent en une recherche de chemins dans le graphe métabolique partant d’un set de
nœuds "molécules" correspondant au milieu de croissance de l’organisme et allant jusqu’à
l’ensemble des nœuds correspondant aux métabolites identifiés comme productibles par
l’espèce étudiée [RK01]. Les simulations numériques consistent le plus souvent en une analyse
d’un système de contraintes linéaires dictées par la structure et la stœchiométrie du ré-
seau métabolique, comme c’est le cas avec la FBA [FS86]. Elles nécessitent plus de connaissances
biologiques qu’une recherche topologique, notamment sur la quantité de molécules
présentes dans la biomasse et la stœchiométrie précise des réactions, afin de permettre une
optimisation des flux de molécules passant à travers les réactions pour que le résultat théorique
corresponde aux connaissances biologiques. Un des apports de cette thèse consistera
précisément à étudier l’impact de ces différentes modélisation du concept de productibilité
sur la qualité de la reconstruction (chapitre 2).
Si toutes les molécules sont productibles à partir de l’ébauche métabolique et de la composition
du milieu de culture, c’est un signe que la reconstruction initiale à partir des annotations
a été particulièrement efficace. Étant donné les erreurs d’annotations, de séquen-
çage et les spécificités de chaque espèce, ce cas est extrêmement rare. Pour produire les mé-Pipeline de reconstruction d’un réseau métabolique 23
tabolites identifiés expérimentalement, il a toujours été nécessaire de rajouter des réactions
au réseau. Cette addition peut être manuelle [FMR+12] quand des experts de l’organisme
connaissent parfaitement le métabolisme de celui-ci. Une complétion manuelle peut cependant
être extrêmement longue et risque de n’apporter au réseau que des informations
déjà connues par les biologistes.
La recherche des réactions à ajouter dans le réseau peut également être réalisée automatiquement.
De très nombreuses méthodes existent pour effectuer cette étape mais reposent
presque toutes sur le même principe de parcimonie, c’est-à-dire d’inclure le minimum possible
de réactions dans le réseau. Pour choisir ces réactions, la plupart des méthodes ne
donnent pas une solution unique mais un ensemble de solutions possibles. Ces solutions
sont ensuite classifiées selon des scores généralement basés sur des données d’orthologie
ou de phylogénie. Les approches de complétion se ramènent à des questions d’optimisation
que nous détaillerons dans le chapitre 2.
1.3.3 Évaluation du réseau final
Après cette étape, le réseau métabolique obtenu doit être de qualité suffisante pour pouvoir
réaliser différentes prédictions.
La complétion du réseau métabolique va produire une liste de réactions susceptibles
d’être ajoutées au réseau. Ces réactions étant en très grande majorité catalysées par des
enzymes, il convient de rechercher si les enzymes en question sont présentes chez l’espèce
étudiée. Pour cela, il faut rechercher d’éventuels gènes qui pourraient coder pour ces
enzymes dans le génome. Cette recherche peut se faire en utilisant différentes techniques
telles que la recherche d’orthologues [LSR03], la recherche de signatures de familles de protéines
[FBC+14], etc.
L’évaluation du réseau final se fait habituellement au niveau fonctionnel en utilisant des
méthodes de Flux Balance Analysis (FBA). Si des données précises de quantification de certaines
molécules sont disponibles, il est assez aisé de créer une fonction objectif et de tester
la croissance virtuelle de l’organisme en utilisant des algorithmes d’optimisation linéaire.
Si ces données ne sont pas disponibles, il est toujours possible de reconstruire une fonction
objective "virtuelle" en se basant sur celles existantes chez d’autres espèces, si possible
proches au niveau phylogénétique et/ou au niveau physiologique.
Si différentes données de croissance obtenues au cours de plusieurs conditions de culture
sont disponibles, la FBA pourra être appliquée pour chaque condition et les résultats
pourront être comparés avec la croissance mesurée expérimentalement. Si les résultats sont
corrélés entre les analyses de simulation et les observations biologiques, cela suffit habituellement
à valider la qualité globale d’un réseau métabolique.
1.3.4 Pipelines existants
Plusieurs logiciels ou groupes de logiciels permettent de réaliser une ou plusieurs des
étapes de reconstruction citées précédemment. Comme indiqué par Hamilton et Reed en
2014 [HR14], la reconstruction automatique d’une ébauche est maintenant proposée de
manière automatique par la plupart des plate-formes logicielles. La plupart de ces méthodes
nécessitent tout de même une part de curation manuelle, souvent guidée par différentes approches.
En revanche, l’ensemble des analyses relatives à la fonctionnalité du système sont24 État de l’art
généralement laissées à la charge de l’utilisateur, avec un accompagnement limité, et peu
d’automatisation. Il faut cependant noter que les principaux pipelines ici mentionnés sont
plutôt des canevas sur lesquels se positionnent différents outils qui permettent d’améliorer
l’efficacité et/ou l’automatisation des méthodes dans des contextes applicatifs particulier.
Dans leur article, Hamilton et Reed [HR14] étudient quatre outils de reconstruction globale
de réseaux métaboliques microbiens : Subliminal [SSM+11b], Model SEED [HDB+10],
Raven [ALS+13] et Pathway Tools [KPK+10]. La figure 1.7 résume les points positifs et né-
gatifs de ces outils. Il est également possible d’étendre cette étude aux organismes non
microbiens en citant MetaNetter [JBBG08] qui permet d’inférer des réseaux métaboliques
à partir de données de métabolomique, en se basant sur la différence de masse entre les
différents métabolites pour inférer des réactions (comme la disparition d’une molécule de
CO2 par exemple). Cet outil et ceux associés mettent particulièrement en avant la visualisation
des réseaux métaboliques après reconstruction. Une autre plateforme de reconstruction
automatique de réseaux métaboliques microbien existe, MicroScope [VBC+13]. Cette
plateforme permet de reconstruire et d’étudier un réseau métabolique bactérien à partir
d’un génome brut, en utilisant notamment la structure particulière de ces génomes et en
accompagnant l’utilisateur tout le long du processus.
L’analyse de l’ensemble de ces plate-formes fait ressortir un manque dans la reconstruction
automatique ou semi-automatique de réseaux métaboliques eucaryotes à partir
de données génétiques.
1.4 Complétion de réseaux : problèmes d’optimisation induits
Les différentes problématiques informatiques relatives à la reconstruction d’un réseau
métabolique à partir de données brutes, relèvent finalement de trois domaines différents :
il y a d’abord différentes questions autour de la représentation des connaissances pour homogénéiser
et réconcilier les données provenant de différentes sources, il y a ensuite des
questions complexes en optimisation entière, relative à la fonctionnalité des réseaux ou des
réactions. Enfin, la question de la complétion des réseaux métaboliques a été abordée avec
différentes méthodes et algorithmes. Dans cette partie, nous allons détailler les principales
approches existantes concernant ce troisième point et discuter leurs limites.
1.4.1 Panorama général
La principale difficulté dans cette étude bibliographique réside dans le fait que les diffé-
rentes approches ne résolvent pas toujours le même problème. Dans tous les cas, il s’agit de
construire un réseau métabolique consistant, supporté par des observations biologiques en
partant d’un réseau brut incomplet et de connaissances additionnelles. Souvent, la consistance
avec les observations biologiques réside dans le fait que, lorsque l’on connaît la composition
du milieu de culture d’un organisme et que l’on a des données de métabolomique,
le réseau doit être en mesure de trouver un moyen de produire les métabolites identifiés
à partir des nutriments du milieu de culture. Cependant, la notion de productibilité peut
varier en fonction des approches (quantitative, qualitative, globale ou probabiliste...). La
consistance peut aussi être mesurée à l’aide de données d’expression, de protéomique, ou
à l’aide de critères topologiques tel que réalisé lors de la création d’un réseau métabolqie
compartimentalisé d’Arabidopsis thaliana [MOMM+12].Complétion de réseaux : problèmes d’optimisation induits 25
FIGURE 1.7: Support apporté par les différents outils de reconstruction de réseaux métaboliques,
de la création de l’ébauche jusqu’à l’évaluation de la qualité du réseau [HR14].
Les quatre étapes principales et certains des 96 points relevés par [TP10] sont étudiés.26 État de l’art
Si on prend du recul, les méthodes de complétion de réseaux métaboliques se basent
habituellement sur deux stratégies différentes :
– une approche descendante (dite top-down), qui consistera à ajouter toutes les informations
disponibles à un instant donné, qu’elles soient intéressantes ou non, avant
de supprimer petit à petit les données les moins relevantes. On citera ici la méthode
OptStrain [PBM04] et sa dérivation SMILEY [RPC+06] qui, à l’aide de programmation
MILP, a été utilisée pour reconstruire par exemple un réseau métabolique d’une
souche d’Escherichia coli [HJFP06] et une approche stochastique [CMK+09] utilisée
pour reconstruire un réseau métabolique de Chlamydomonas reinhardtii [MWK+08]
par exemple ,
– une approche ascendante (dite bottom-up), qui partira uniquement de l’ébauche mé-
tabolique avant de rajouter progressivement des informations (et donc des réactions)
afin d’obtenir au final un réseau de bonne qualité. C’est en particulier l’approche
choisie dans la méthode GapFind [SKDM07] et la méthode combinatoire Networkexpansion
[ST09].
Les algorithmes sous-jacents aux différents méthodes ne sont pas toujours explicités, et
leur complexité peu étudiée. Cependant, Nikolski et ses collaborateurs ont montré dans un
cadre assez générique que l’extraction d’un sous-réseau satisfaisant un score minimal dans
un réseau métabolique est NP-difficile, en se ramenant à un problème de Weighted Tree
Packing [NGMS08]. On peut aussi noter l’ensemble des travaux de Acuna et Sagot autour de
la complexité de différents problèmes relatifs à l’identification de sources dans un réseau
métabolique [CMA+08].
1.4.2 Optstrain, SMILEY - top-down & MILP
OptStrain [PBM04] est une méthode impliquant quatre étapes afin de rajouter des réactions
provenant d’une base de données de réactions métaboliques à l’intérieur d’un réseau
pré-existant.
– La première étape consiste à télécharger et nettoyer la base de données de réactions
métaboliques. Les erreurs de stœchiométrie relativement importantes pouvant impacter
grandement les résultats de l’approche, toutes les réactions mal équilibrées ou
impliquant au moins un élément donc la composition n’est pas précise sont supprimées
de la base de données,
– La seconde étape consiste à ajouter l’ensemble de la base de données au réseau pré-
existant. Cela permet d’obtenir un "méta-réseau" grâce auquel il est possible d’étudier,
à partir d’un ensemble de substrats, le rendement maximum possible pour la
production d’une cible donnée. Cette étape ne prend pas du tout en compte l’origine
des réactions (base de données ou organisme étudié) utilisées pour maximiser la production
de la cible. Cette maximisation correspond à un problème de programmation
linéaire,
– Une fois le rendement maximal identifié, la troisième étape cherche à minimiser le
nombre de réactions provenant de l’extérieur en maintenant ce rendement. Ce problème
est modélisé et résolu par programmation linéaire mixte en nombres entiers
(MILP),
– Enfin la dernière étape va consister à faire en sorte de ne garder dans le réseau que
les réactions nécessaires pour maximiser le rendement de production de la cible étu-Complétion de réseaux : problèmes d’optimisation induits 27
diée. L’ajout des réactions n’est pas automatique pour autant mais utilise l’algorithme
OptKnock [BPM03, PBM03] pour éviter de découpler la production de biomasse et
celle du métabolite d’intérêt qui risquerait de conduire à une mort de l’organisme
d’intérêt.
Aucune étude particulière ne semble avoir été effectuée pour tester la rapidité ou la qualité
de cette méthode. Il est uniquement indiqué que les optimisations prennent quelques
heures et que certaines prédictions réalisées sur une espèce bactérienne donnée semblent
cohérentes avec des résultats biologiques. Cette méthode a été très utilisée par la communauté.
Nous pouvons notamment citer son utilisation pour étudier la production de succinate
par Mannheimia succiniciproducens [LLK05] ou encore la production de lactate par
Escherichia coli [HJFP06].
Une extension de cette approche est la méthode SMILEY [RPC+06], qui donne la possibilité
d’inclure des réactions de transport permettant d’excréter n’importe quel produit.
Cette approche a en particulier été utilisée pour la reconstruction de réseaux métaboliques
de Ostreoccocus [KYW+12].
1.4.3 GapFind, GapFill - bottom-up & MILP
En 2007, Kumar et ses collaborateurs [SKDM07] ont développé une procédure d’optimisation
linéaire pour identifier des trous dans les réseaux métaboliques, et proposer des
solutions afin de combler ces trous. Pour cela, ils commencent par identifier les métabolites
ne pouvant pas être produits dans un réseau métabolique avant de restaurer la connectivité
du réseau en modifiant celui-ci ou en rajoutant des réactions à l’intérieur du modèle.
GapFind va ainsi permettre d’identifier des trous dans les réseaux métaboliques. Ceux-ci
se manifestent par le fait qu’il existe des métabolites qui ne sont pas produits ou consommés
par le réseau. À l’état stable, aucun flux ne pourra alors passer à travers ces métabolites ce
qui indique une erreur dans le réseau. De plus, si un ou plusieurs métabolites sont bloqués,
cela entraînera très souvent une cascade de réactions bloquées. Par exemple, un métabolite
non consommé bloquera les flux dans toutes les réactions en amont de celui-ci à l’état
stable.
Les métabolites non produits peuvent être identifiés en scannant la matrice stœchiométrique
du réseau. En effet, il suffit de chercher toutes les colonnes contenant des valeurs
non positives (pour les réactions irréversibles) ou non nulles (pour les réactions réversibles).
Pour les métabolites non consommés, on applique la même méthode que pour les réactions
réversibles et on cherche des valeurs non négatives pour les réactions irréversibles. Cela permet
d’identifier les "racines" des voies métaboliques bloquées par un métabolite non produit
ou non consommé. Pour trouver les métabolites bloqués respectivement en amont et
en aval de ceux-ci, une simple inspection de la matrice stœchiométrique ne suffit pas. Les
auteurs ont alors mis en place un ensemble de contraintes permettant, pour chaque mé-
tabolite, de connaître si celui-ci est bien produit et consommé. Les contraintes sont telles
que :
– Pour chaque réaction irréversible produisant un métabolite i, la réaction produit une
quantité ǫ de i supérieure à zéro,
– Pour chaque réaction réversible qui inclut un métabolite i, le métabolite est considéré
comme produit uniquement si la réaction produit une quantité ǫ de i supérieure à
zéro,28 État de l’art
– Un métabolite i doit posséder au moins une voie de production pour être considéré
comme productible, c’est-à-dire qu’il doit être le produit d’au moins une réaction active,
– Les flux passant dans chaque réaction doivent être compris entre des bornes supé-
rieures et inférieures imposées par le modèle,
– Étant à l’état stable, les cellules continuent toujours à se diviser, il faut donc produire
un minimum de métabolites. Ils fixent dont P
j∈M Si j v j ≥ 0 ∀i = 1...N,
– Enfin, la fonction objective va maximiser le nombre de métabolites productibles.
L’ensemble de ces contraintes fait en sorte de maximiser le nombre de métabolites considérés
comme productibles. S’il reste des métabolites non productibles, c’est la preuve d’un
manque dans le réseau métabolique.
Une fois les trous identifiés, il convient de les combler. Pour cela les auteurs ont dé-
veloppé GapFill afin de rechercher si inverser le sens des réactions, rajouter des réactions
provenant de bases de données, ou rajouter des réactions de transport permettent de combler
les trous du réseau et rendre l’ensemble des métabolites productibles et consommés.
Il s’agit là encore d’un problème d’optimisation linéaire en nombres entiers ayant comme
objectif de minimiser le nombre de réactions provenant de bases de données ajoutées dans
le réseau initial. Les différentes contraintes à respecter sont :
– Pour chaque réaction réversible qui inclut un métabolite i, le métabolite est considéré
comme produit uniquement si la réaction produit une quantité ǫ de i supérieure à
zéro,
– Les additions de réactions doivent conduire à une production minimale des métabolites
jusqu’à présent non productibles,
– Les flux passant dans chaque réaction doivent être compris entre des bornes supé-
rieures et inférieures imposées par le modèle,
– Les réactions ajoutées au réseau métaboliques doivent toutes avoir des flux non nuls
passant à travers elles.
L’ensemble du processus est réalisé pour trouver le minimum de réactions à ajouter pour
pouvoir produire et/ou consommer chaque métabolite cible du réseau.
L’ensemble des contraintes définissant GapFind et GapFill est extrêmement intéressant
et produit des résultats biologiquement valides. Ainsi, GapFind/GapFill ont été utilisés intensivement
par l’équipe ayant créé la méthode. En dehors de cette équipe, nous pouvons
citer son utilisation pour la reconstruction du réseau métabolique de Gordonia alkanivorans
[AKRI13], du pathogène Salmonella Typhimurium LT2 [THS+11] et d’une souche de
Clostridium beijerinckii produisant du butanol [MER+11].
On peut cependant apporter quelques critiques à cette méthode. La première est que,
si l’encodage des contraintes est disponible librement, celui-ci s’applique uniquement au
solveur GAMS qui, lui, est payant et relativement cher. Cela empêche toute comparaison
neutre entre cet outil et les outils existants. De plus, à ma connaissance, aucun test n’a été
effectué pour connaître le comportement de la méthode face à un accroissement de la taille
des jeux de données. Il est donc difficile de savoir si ce logiciel fonctionne dans un contexte
où la taille des bases de données et la complexité des réseaux augmentent sans cesse.
Il est également possible de se poser la question de la conséquence que pourrait avoir
l’introduction d’un faux positif au niveau des réactions lors de la première reconstruction
du réseau. Une seule réaction consommant deux molécules et en produisant deux autres, siComplétion de réseaux : problèmes d’optimisation induits 29
celle-ci est ajoutée "loin" de toutes les voies métaboliques existantes, amènerait la reconstruction
d’une longue voie métabolique pour raccorder l’ensemble des quatre métabolites à
l’ensemble du réseau. De même, si la technique initiale semble limitée à la recherche d’une
solution unique, des techniques d’optimisation linéaire pourraient être appliquées pour obtenir
l’ensemble des solutions existantes, mais là encore nous pouvons nous interroger sur
l’utilisabilité en pratique de ces méthodes.
Enfin on peut s’interroger sur la contrainte P
j∈M Si j v j ≥ 0 ∀i = 1...N à l’état stable. Cette
contrainte indique que le réseau (étant à l’état stable) peut produire une quantité illimitée
de tous les métabolites, ce qui relâche énormément les contraintes de modélisation classiques
où, habituellement, nous avons P
j∈M Si j v j = 0 qui force le système à ne pas créer de
matière.
1.4.4 Christian et al - top-down & stochastique
Nils Christian et ses collaborateurs proposent une méthode stochastique de complétion
de réseaux métaboliques[CMK+09]. Cette méthode est basée sur une approche "top-down",
commençant par une complétion très large qui sera ensuite précisée au fur et à mesure des
différentes itérations.
Le cœur de la méthode consiste à identifier des groupes minimaux de réactions (appelées
"extensions") permettant de compléter le réseau métabolique pour produire des métabolites
sélectionnés à partir des nutriments du milieu de culture.
– L’algorithme consiste, dans un premier temps, à ajouter l’ensemble des réactions contenues
dans une base de données de réactions métaboliques au réseau incomplet,
– Une fois cette addition réalisée, il convient de regarder l’ensemble des métabolites
d’intérêt productibles à partir du réseau incomplet auquel on a ajouté la base de données.
Ces métabolites d’intérêt formeront alors la base de travail autour de laquelle la
méthode fonctionnera,
– Lors d’un processus itératif, à chaque pas de temps, une réaction (provenant de la
base de données) tirée aléatoirement sera enlevée du réseau. Si le réseau garde sa
fonctionnalité (c’est à dire si les métabolites d’intérêts sont toujours productibles à
partir des nutriments), cette réaction est définitivement retirée de l’extension. Si le
fait de retirer cette réaction supprime la fonctionnalité du réseau, celle-ci semble être
indispensable à cette fonctionnalité et sera donc remise dans l’extension et ne sera
plus testée avant la fin du déroulement de la méthode. La fonctionnalité utilisée par
les auteurs est topologique mais, hormis les temps de calcul, rien ne semble s’opposer
à une étude quantitative de la fonctionnalité,
– Puisque les extensions obtenues vont dépendre énormément de l’ordre dans lequel
les réactions sont tirées, les auteurs recommandent de réaliser un grand nombre de
tirages aléatoires de l’ordre de test des réactions,
– Le résultat de cette méthode correspondra à un ensemble d’extensions possibles. Les
réactions présentes dans les extensions vont être analysées d’un point de vue statistique
pour classer les réactions par ordre d’importance afin de pouvoir les étudier
manuellement par la suite.
Finalement, cette approche consiste donc à explorer l’espace de toutes les complétions
fonctionnelles qui sont minimales au sens ensembliste du terme (si on enlève une réaction,
la fonctionnalité globale du système n’est plus vérifiée). On peut cependant regretter qu’au-30 État de l’art
cune estimation de la taille de cette espace ne soit proposée, ce qui ne permet pas de décider
si le nombre d’itérations est suffisant pour l’explorer de manière fiable.
De plus cette méthode ne propose pas une "bonne" solution. En effet, rien n’assure
qu’ajouter l’ensemble des réactions revenant souvent dans les simulations suffit au final à
compléter le réseau pour le rendre fonctionnel. Imaginons par exemple un cas où dix réactions
différentes permettraient de compléter le même "trou" dans un réseau. D’après l’aléa
créé par la méthode, chaque réaction reviendrait dans 1/10ème des simulations, ces réactions
prises une par une auraient alors un score final faible et ne seraient probablement pas
inclues automatiquement dans le réseau final. Celui-ci perdrait ainsi sa fonctionnalité, ce
qui est pourtant la raison initiale du développement de cette méthode.
Pour essayer de limiter ce biais, les auteurs associent un "score biologique" aux réactions
et biaisent plus ou moins fortement le tirage aléatoire de l’ordre dans lequel les réactions
sont étudiées. Plus le score sera fort, moins une réaction aura de chance d’être tirée
"tôt". Ce score peut se baser sur différentes informations telles que des scores de similarité
de séquence entre des enzymes connues pour catalyser les réactions présentes dans les
bases de données et les protéines produites par le génome de l’espèce d’intérêt. Puisque
plus une réaction est testée tôt, plus elle a de chances de ne pas être présente dans l’extension
au final, ces classifications des listes de réactions permet d’améliorer grandement les
capacités de prédiction de la méthode.
Cette approche a notamment été utilisée pour améliorer les réseaux métaboliques des
algues vertes Chlamydomonas reinhardtii [MWK+08] et Ostreococcus [KYW+11]. Il est également
possible de citer son utilisation pour étudier les relations métaboliques existantes
entre des plantes et des phytopathogènes [DCS+13]. On peut regretter que les implémentations
des algorithmes ne soient pas mises à disposition. Une ré-implémentation de l’algorithme
au laboratoire (durant un stage) a cependant suggéré qu’il ne passait pas à l’échelle
quand la taille de la base de données de référence augmente.
1.4.5 Network-expansion - bottom-up & optimisation combinatoire
En 2009, Torsten Schaub et Sven Thiele proposent une méthode [ST09] permettant de
compléter des réseaux métaboliques d’un point de vue qualitatif en s’affranchissant de la
nécessité d’obtention de données cinétiques. Par rapport aux approches précédentes, l’idée
est de vérifier la fonctionnalité du réseau d’un point de vue qualitatif (accessibilité des mé-
tabolites) sans prendre en compte les contraintes induites par la stoechiométrie du système
qui pourront être vérifiées dans un second temps. En reformulant ce problème de manière
combinatoire, Schaub et Thiele proposent d’utiliser des méthodes d’optimisation récentes
pour énumérer intégralement l’espace des solutions du problème.
Comme pour les précédentes approches, les auteurs sont partis du constat que la grande
majorité des réseaux métaboliques reconstruits automatiquement sont incomplets. De plus,
les bases de données de réactions métaboliques sont de plus en plus exhaustives et leur utilisation
n’en devient que plus pertinente. Enfin, il y a à disposition des données biologiques
pour la plupart des organismes biologiques pour lesquels un réseau métabolique est reconstruit
ou en cours de reconstruction, et qui sont utilisables pour l’étape de complétion.
L’idée générale des auteurs est qu’une réaction ne peut avoir lieu uniquement que si
les réactants de celle-ci sont présents, soit dans un milieu de culture donné, soit comme
produit d’une autre réaction. Ainsi, en partant des métabolites présents dans un milieu deComplétion de réseaux : problèmes d’optimisation induits 31
culture (les métabolites graines) il devient possible de déterminer le "scope" des graines,
c’est à dire l’ensemble des métabolites productibles à partir des graines et des réactions
présentes dans un modèle.
L’approche s’appuie ainsi sur des données expérimentales comme la présence de certains
métabolites dans une cellule (métabolites cibles). La méthode regarde si ces cibles
font partie du scope des graines. Si c’est le cas, le réseau métabolique peut être considéré
comme suffisamment complet pour expliquer l’existence de ces cibles. Si ce n’est pas le cas,
il conviendra d’ajouter des réactions dans le réseau pour permettre aux cibles de faire partie
du scope des graines. Ajouter l’ensemble des réactions provenant d’une base de données de
réactions comme MetaCyc permet (généralement) de produire l’ensemble des cibles. Cependant,
toute capacité d’étude biologique ultérieure du réseau sera perdue du fait de la
trop grande quantité de faux-positifs. Les auteurs proposent donc d’utiliser un principe de
parcimonie pour minimiser le nombre total de réactions à ajouter au réseau, et ainsi minimiser
les modifications faites à un réseau que l’on considère initialement de bonne qualité.
Ce problème est par nature extrêmement combinatoire et donne de très nombreuses solutions.
Contrairement aux approches précédentes, cette modélisation n’a pas fait l’objet d’une
résolution algorithmique ou en programmation entière, mais d’une résolution déclarative.
En effet, les auteurs ont modélisé les concepts de scope et d’accessibilité dans un langage
déclaratif puis utilisé des techniques d’optimisation combinatoire particulièrement effi-
caces pour résoudre ce problème. Plus précisément, la modélisation et la résolution du
problème sont basées sur des technologies apparues relativement récemment, dite de programmation
par ensemble réponse (ou Answer Set Programming, ASP) [Bar03, GKKS12],
qui sont connues pour être particulièrement efficaces pour résoudre des problèmes NPdur.
La programmation par ensembles réponses propose un cadre déclaratif pour modéliser
des problèmes combinatoires. Le caractère déclaratif et la haute performance des solveurs
ASP actuels permettent de se concentrer sur les problèmes de modélisation plutôt que de
rechercher des façons intelligentes de traiter ces problèmes. L’idée de base d’ASP est d’exprimer
un problème sous forme logique de manière à ce que les modèles sortant de cette
représentation donnent les solutions au problème initial. Les problèmes sont exprimés en
tant que programmes logiques et les modèles résultants sont appelés "ensembles réponses"
(ou Answer Sets). Ces ensembles-réponses sont identifiées à l’aide de technologies inspirées
par les approches SAT et les bases de données. Il est bien évidemment possible de déterminer,
à l’aide d’ASP, si un programme possède un ensemble réponse, mais d’autres modes de
raisonnement sont nécessaires pour couvrir l’ensemble des problèmes que l’on peut rencontrer
en pratique. Ainsi il sera possible d’identifier aisément l’intersection ou l’union de
l’ensemble des ensembles réponses. De la même manière, lister l’intégralité des ensembles
réponses pourra être possible.
Dans leur article, Schaub et Thiele proposent une implémentation de cette approche
en ASP, en utilisant la suite Potassco [GKK+11]. L’implémentation est détaillée en annexe B.
Ils ont ainsi montré sur différents exemples tirés de dégradations d’un réseau métabolique
d’Escherichia coli que leur implémentation en ASP permet de compléter un réseau en un
temps raisonnable tant que les dégradations de réseaux et la taille de la base de données
utilisée pour compléter n’est pas trop grande. En revanche dès que la taille de la base de
données de référence devient trop grande l’outil n’arrive plus à calculer de complétions,
laissant de la place à de grandes améliorations de la méthode.32 État de l’art
TABLE 1.2: Description générale d’outils de complétion de réseaux métaboliques.
Nom Approche Méthode Disponibilité principe
OptStrain
[PBM04]
top-down MILP Non disponible Nombre minimal de réactions à
ajouter pour maintenir le rendement
optimal du réseau initial
associé à une banque de ré-
action.
SMILEY
[RPC+06]
top-down MILP Code Matlab Comme OptStrain avec prise en
compte de réactions de transport
GapFill
[SKDM07]
bottom-up MILP Code GAMS Nombre minimal de réactions à
ajouter pour produire des mé-
tabolites internes (préalablement
identifiés) empêchant la
formation de biomasse.
Christian
[CMK+09]
top-down stochastique Non disponible Exploration non exhaustive de
l’ensemble des sous-ensembles
de réactions minimaux au sens
ensembliste qui restaurent la
fonctionnalité globale du système.
Network
Expansion
[ST09]
bottom-up recherche
combinatoire
ASP Exploration exhaustive de
l’ensemble des plus petits sousensembles
qui restaurent la
fonctionnalité du système au
sens topologique.
L’intérêt principal de cette approche réside dans le fait que les auteurs effectuent une
énumération exhaustive de l’ensemble des solutions qui permettent la production de l’ensemble
des métabolites cibles plutôt que ces cibles une à une. Cependant, le prix à payer
pour cela est de relaxer la contrainte de fonctionnalité puisqu’ils ne font plus qu’une véri-
fication topologique de la productibilité des cibles sans prendre en compte les contraintes
induites par la stœchiométrie et les équilibres internes du système.
1.4.6 Comparaisons
Finalement, les différentes propriétés des méthodes étudiées ci-dessus sont être synthétisées
dans la table 1.2. On notera en particulier des difficultés liées à l’accessibilité des
méthodes, leur utilisation générique, et leur comparaison.
En détaillant plus précisément les différentes approches, on constate finalement qu’elles
ne résolvent pas toutes le même problème d’optimisation. Pour résumer, nous pouvons dire
que OptStrain et SMILEY vont chercher à obtenir une fonctionnalité maximale des réseaux
pendant que GapFill cherchera à produire chaque métabolite cible individuellement plutôtComplétion de réseaux : problèmes d’optimisation induits 33
TABLE 1.3: Description fonctionnelle d’outils de complétion de réseaux métaboliques.
Nom Production Fonctionnalité Espace de solution Minimalité
OptStrain et
SMILEY
biomasse quantitative une seule solution Taille des solutions
GapFill cibles intermédiaires
quantitative une seule solution Taille des solutions
Christian ensemble de
cibles
topologique échantillonnage Ensembliste
Networkexpansion
ensemble de
cibles
topologique énumération
globale et union
Taille des solutions
que d’essayer d’optimiser la biomasse dans son ensemble. Dans les deux cas il est possible
de trouver une solution unique en suivant la méthode présentée même s’il semble possible
d’obtenir l’ensemble des solutions en utilisant des techniques propres aux MILP tel
que l’"integer cut", mais aucune donnée sur le fait que cette technique serait utilisable en
pratique d’un point de vue du temps de calcul n’est disponible à notre connaissance. La mé-
thode développée par Nils Christian permet, elle, une exploration plus complète de l’espace
des solutions via un échantillonnage de solutions minimales d’un point de vue ensembliste.
Enfin Network-expansion va arriver à être exhaustif dans l’énumération des solutions tout
en cherchant à produire l’ensemble des molécules présents dans la biomasse. Ces deux dernières
méthodes relâchent quelque peu la contrainte de fonctionnalité étant donné que la
fonctionnalité ne sera plus étudiée que d’un point de vue topologique.
D’un point de vue biologique, le fait de choisir une méthode de complétion globale, qui
prend en compte l’ensemble des métabolites que l’on sait présents chez une espèce, sans
pour autant avoir besoin de connaître la concentration précise de ceux-ci, permet d’avoir
une complétion beaucoup plus large du réseau avec des informations incomplètes. Ceci est
également un gros apport comparé aux méthodes de complétions manuelles qui n’utilisent
que les connaissances pré-existantes chez une espèce pour créer le réseau, au risque de
n’apporter aucune nouvelle connaissance au modèle ainsi créé.
Le fait d’avoir une énumération exhaustive des solutions (dont on peut faire l’union
ou l’intersection) permet d’éviter de faire un choix entre les différents modèles proposés,
ce choix se faisant habituellement par la création de scores impliquant la similarité de sé-
quence et/ou des informations provenant de la phylogénie. Chez des espèces trop lointaines
des espèces modèles, ces deux informations risquent de biaiser une éventuelle reconstruction
du fait d’une trop grande divergence des séquences avec les séquences connues. D’éventuels
transferts horizontaux de gènes risquent également de poser problèmes, les gènes impliqués
pouvant être très éloignés phylogénétiquement entre deux espèces étudiées.
Cependant, il faut bien noter que l’approche de Network-expansion, qui a les deux caractéristiques
précédentes, nécessite de relaxer le critère de fonctionnalité du système puisque
les équilibres stœchiométriques internes ne sont plus pris en compte. Un des objectifs
de cette thèse fut d’utiliser et d’améliorer les méthodes combinatoires de Network-expansion
pour permettre à cette approche de passer à l’échelle sur des réseaux eucaryotes pour des34 État de l’art
espèces non-classiques. Nous en avons profité pour tester l’impact de la modélisation combinatoire
de la productibilité au lieu de la fonctionnalité issue de la stœchiométrie. Ces
questions seront abordées au chapitre 2.
1.5 Reconstruction de réseaux métaboliques pour les algues
L’objectif de la thèse est de développer des méthodes informatiques pour permettre la
reconstruction de réseaux métaboliques pour des espèces non classiques telles que celles
étudiées dans le projet Investissement d’avenir Idealg (macro-algues). Dans cette section,
nous proposons une revue bibliographique des enjeux spécifiques à la reconstruction de
réseaux pour les algues.
1.5.1 Les réseaux métaboliques chez les plantes
De par son statut d’organisme modèle en génétique, Arabidopsis thaliana a profité très
rapidement des développements de la reconstruction de réseaux métaboliques. D’autres
plantes telles que le maïs ont également reçu l’attention de la communauté scientifique de
par leur intérêt dans l’agroalimentaire. Les plantes étant souvent des organismes possédant
plusieurs tissus et organites, leur modélisation s’en retrouve d’autant plus compliquée et
leur analyse d’autant plus intéressantes. Des revues complètes et récentes de ces reconstructions
[SHH12] et des perspectives [dODN13] existent, nous allons ici discuter des spé-
cificités de la reconstruction de réseaux chez ces organismes photosynthétiques plutôt que
de rentrer en détail dans leur processus de reconstruction.
En effet, les plantes sont des organismes complexes possédant un génome souvent très
grand caractérisé par de nombreux gènes enzymatiques ou de transports non annotés. La
chronologie de création des réseaux métaboliques des plantes est un bon exemple de la
difficulté de reconstruction de tels réseaux. Ainsi en 2009, Poolman et ses collaborateurs
[PMSF09] publiaient un modèle de cellules en suspension d’Arabidopsis thaliana comprenant
1.336 réactions, suivi de près par la création d’AraCyc [dQP+10a] (1.567 réactions) qui
se concentrait sur le métabolisme primaire de cette plante au niveau des feuilles, avant de
passer à l’ensemble des tissus d’une plante (le maïs) avec [SSM11a] (1.588 réactions). Aujourd’hui,
un réseau compartimenté et multi-tissus d’A. thaliana existe permettant des
analyses fines de son métabolisme [MOMM+12]. Celui-ci est formé de différents sous-réseaux
selon l’organe étudié, le réseau du fruit, par exemple, est formé de 1.143 réactions.
Les reconstructions de ces réseaux ont été grandement facilitées par le fait qu’Arabidopsis
thaliana est une espèce modèle en génétique depuis de nombreuses années [Fin98]. Ainsi
de très nombreuses données "omiques" existent sur cette plante et de nombreuses techniques
telles que l’inactivation ciblées de gène sont possibles. Tout cela permet également
de valider fonctionnellement les réseaux reconstruits.
1.5.2 Les réseaux métaboliques chez les algues
Les algues sont actuellement des organismes étudiés par les biologistes du fait de leur
grande diversité, leur métabolisme chimérique et leur caractère évolutif très particulier.
L’étude des algues est également en plein essor au niveau applicatif en biotechnologie avec
l’arrivée de plus en plus de données omiques.Reconstruction de réseaux métaboliques pour les algues 35
TABLE 1.4: Comparaison des différentes méthodes de reconstruction de réseaux métaboliques
chez des algues. Plus de détails sont donnés en 1.5
Espèce Nom du réseau Source de
données
Reconstruction
initiale
Complétion FBA
Chlamydomonas
reinhardtii
AlgaGem KEGG mapping sur
KEGG
manuel, composé
par composé
Oui
Chlamydomonas
reinhardtii
iRC1080 réseau
pré-
existant
& bibliographie
Manuel Effectué mais pas
d’informations
Oui
Ostreococcus KEGG mapping sur
KEGG
Top-down et
Bottom-up,
pas de solution
unique
Oui
Phaeodactylum tricornutum
DiatomCyc KEGG et
Metacyc
Pathway tools Manuel pour les
voies métaboliques
connues
Non
Cependant, les connaissances globales sur le métabolisme des algues est finalement assez
limité. Nous pouvons étudier quatre réseaux métaboliques ayant été reconstruits chez
des algues, pour trois espèces différentes (chronologiquement) :
– Chlamydomonas reinhardtii (AlgaGem et iRC1080)
– Ostreococcus (pas de nom)
– Phaelodactylum tricornutum (DiatomCyc)
Pour ce faire, les étapes classiques de reconstruction de réseaux métaboliques décrites en
1.3 ont été suivies, cependant chaque étape a été réalisée avec des outils et des méthodes
différentes. On notera en particulier qu’aucun de ces réseaux n’a fait l’objet d’une étude
fonctionnelle équivalente à celle opérée sur les plantes plus classiques citées plus haut.
Le tableau 1.4 résume l’ensemble de ces informations de manière synthétique. Le tableau
1.5 donne des informations sur les réseaux obtenus.
1.5.3 Pipelines de reconstructions utilisés
Nous allons décrire plus précisément chaque étape et les méthodes utilisées pour chaque
réseau en insistant sur les spécificités de chacune.
Pour la reconstruction des ébauches métaboliques, concernant Chlamydomonas reinhardtii,
le réseau AlgaGEM [GdODQPN11] a été reconstruit d’après le génome de C. reinhardtii,
ainsi que l’ensemble des réactions disponibles dans KEGG. L’ébauche du second
réseau de cette espèce (iRC1080) [CGM+11] a été reconstruite en se basant sur un précé-
dent réseau reconstruit manuellement en 2009 (iAM303) [MGH+09] et contenant 259 réactions
impliquées dans des voies métaboliques d’intérêt pour cette microalgue. Le réseau de
2011 reprend le premier en rajoutant des réactions provenant de plus de 250 publications
différentes.36 État de l’art
TABLE 1.5: Description des réseaux obtenus
Espèce Nom du réseau Nombre de
gènes
Nombre de
réactions
Nombre de
métabolites
Nombre de
métabolites
dans la
fonction de
biomasse
Chlamydomonas
reinhardtii
AlgaGem 2 249 1 725 1 862 39
Chlamydomonas
reinhardtii
iRC1080 1 080 2 190 1 068 172
Ostreococcus
tauri
871 1 014 48
Ostreococcus lucimarinus
964 1 100 48
Phaeodactylum
tricornutum
DiatomCyc 1 069 1 719 1 073 -
Pour la reconstruction de l’ébauche du réseau métabolique des pico-algues vertes Ostreococcus
[KYW+12], des annotations de gènes provenant de KEGG ont été récupérées et
traitées par Matlab avant que la relation gène-réaction soit créée grâce aux données d’orthologie
contenues dans KEGG Orthology (KO).
Enfin, la création de l’ébauche métabolique de DiatomCyc (pour Phaelodactylum tricornutum)
a été faite en utilisant la suite logicielle Pathway Tools à partir d’annotations
provenant de KEGG et de MetaCyc.
Tous les réseaux mentionnés ont fait l’objet d’une complétion des informations manquantes
lors de la première reconstruction suite à des erreurs d’annotations, des données
manquantes ou hétérogènes, etc.
Lors de la reconstruction d’AlgaGem, la complétion a été réalisée en reconstruisant manuellement
les voies métaboliques intéressantes qui mènent aux métabolites intégrés dans
la fonction de biomasse. Pour chaque métabolite présent dans cette biomasse, Dal’Molin et
al. ont regardé si ce métabolite était productible d’un point de vue "fonctionnel" en utilisant
de la FBA. Si ce n’était pas le cas ils ont regardé manuellement quelles réactions sont à
ajouter afin de rendre ce métabolite productible.
Une complétion du réseau iRC1080 a été réalisée, mais aucune information autre que
"Network gap-filling was performed to make pathways functionnal and account for deadend
metabolites" n’est disponible dans l’article.
La complétion du réseau Ostreococcus a été réalisé automatiquement, de deux manières
différentes, en utilisant comme base de données le réseau meta-plant correspondant
à l’union des 17 réseaux métaboliques de plantes contenus dans KEGG en 2012. La première
complétion a été réalisée en utilisant l’approche "bottom-up" SMILEY [RPC+06] (voir section
1.4.2) et l’approche top-down de Christian et al [CMK+09] (voir section 1.4.4). Ces deux
approches ne possédant pas de solution unique, un score prenant en compte la distance
phylogénétique des espèces dont proviennent les réactions ajoutées et la similarité de sé-
quence entre les enzymes connues et celles du génome d’intérêt a été utilisé. Si l’approcheReconstruction de réseaux métaboliques pour les algues 37
"bottom-up" donne un nombre plus faible de réactions ajoutées, l’approche "top-down"
donne de meilleurs scores globaux.
L’étape de complétion du réseau DiatomCyc a été réalisée entièrement à la main et en
se concentrant uniquement sur les voies métaboliques connues et considérées comme intéressantes
pour cette espèce, comme la biosynthèse des acides gras, des sucres ou encore
des isoprénoïdes. Le réseau final représente le métabolisme central de P. tricornutum.
La validation des réseaux considérés a également été plus ou moins soignée. De la FBA
a été réalisée sur le réseau AlgaGem. Le critère ayant servi de base à la complétion manuelle
étant la production de biomasse par le réseau via les techniques de FBA, il est normal qu’à
la fin de la reconstruction la FBA fonctionne toujours. Pour le réseau iRC1080 une fonction
objectif a également été créée et testée dans différentes conditions. Une attention toute particulière
a été portée sur la validation des voies métaboliques impliquées dans la photosynthèse.
Concernant Ostreococcus, là encore une fonction de biomasse a été créée en se basant
sur la littérature. Très peu d’informations sont disponibles sur les expérimentations réalisées
dans le cadre de l’étude du réseau par FBA.
Enfin le réseau de Phaelodactylum tricornutum n’a reçu aucune validation fonctionnelle.
Seules certaines voies métaboliques ont été étudiées manuellement d’un point de
vue topologique. Une étude des données transcriptomiques disponibles pour cette espèce
a toutefois permis de valider la prédiction de certaines de ces voies métaboliques.
1.5.4 Ectocarpus siliculosus
Le modèle d’application de cette thèse est Ectocarpus siliculosus (représentée en figure
1.8), un eucaryote appartenant au groupe des algues brunes. Les algues brunes sont des
organismes photosynthétiques multicellulaires et vivant principalement dans l’eau de mer
qui appartiennent au groupe des straménopiles (aussi appelés hétérocontes). Les stramé-
nopiles sont distants phylogénétiquement des plantes vertes et des opisthocontes (animaux
et champignons) [CPC11], comme le montre la figure 1.9. L’ancêtre commun à ces trois lignées
date de la radiation initiale des eucaryotes il y a plus d’un milliard d’années [YHC+04].
Depuis cette divergence, les algues brunes ont développé des caractéristiques spécifiques,
qui leur ont notamment permis de s’adapter aux environnements extrêmes de la zone de
balancement des marées (ou zone intertidale) et aux stress abiotiques induits. Ces organismes
ont acquis leurs plastides lors d’une endosymbiose secondaire [Kee04] impliquant
une capture d’une algue rouge, impactant grandement la structure interne de leurs cellules
et sur la composition de leur génome du fait de transferts de gènes depuis l’endosymbiote.
Les algues brunes sont des piliers des écosystèmes marins et costaux [GKD+07]. Elles sont
également très importantes pour l’industrie de l’aquaculture en pleine expansion, et repré-
sentent une ressource durable de composants importants pour des applications biotechnologiques
[WLW+12, ENFB+14, WQJ13].
Parmi les algues brunes, Ectocarpus siliculosus a été choisie comme modèle génomique
[CSR+10, BNLC13] et génétique [HCP+10], entraînant l’arrivée d’une nouvelle vague
d’études sur cet organisme. Si les recherches sur Ectocarpus siliculosus se concentrent
classiquement sur la biologie du développement [CGA+11, LBBLP+11], les plus récentes
couvrent aujourd’hui des champs beaucoup plus larges tels que son évolution [PVC+10,
DPR+11], son métabolisme [MTS+10b, MTS+10a, GDR+10, MCDL+13] ou son adaptation et38 État de l’art
FIGURE 1.8: Photo de sporophyte d’Ectocarpus siliculosus en culture.
FIGURE 1.9: Représentation simplifiée de l’arbre phylogénétique des eucaryotes [CPC11].
Les cinq groupes majeures ayant développé une multicellularité complexe sont repré-
senté en couleur. La longueur des barres de couleur indique le temps relatif approché de
développement de la multicellularité dans chaque lignée.Reconstruction de réseaux métaboliques pour les algues 39
acclimatation aux changements environnementaux [DSP+09, DGR+11, DGG+12, RUR+10].
Toutes ces études suggèrent que les algues brunes possèdent un métabolisme chimérique
façonné par des endosymbioses et des transferts latéraux de gènes. Ces études suggèrent
également une importance du mannitol dans le stockage de l’énergie et la défense face au
stress. Nous reviendrons sur cette molécule plus particulièrement dans le chapitre 4.
Malgré la disponibilité de jeux de données transcriptomiques, protéomiques et de pro-
filages métaboliques [TEP+11], aucun réseau métabolique à l’échelle génomique n’avait été
proposé avant cette thèse. Un tel réseau métabolique visait à servir de modèle pour le mé-
tabolisme de l’ensemble des algues brunes.
Cependant, l’application des méthodes utilisées pour les réseaux métaboliques d’algues
s’avère délicate sur différents points.
D’abord, la reconstruction de la plupart des ébauches métaboliques mentionnées cidessus
a été réalisée en utilisant des informations pré-existantes dans KEGG. Cette base de
données de référence ne contenant aucune information sur le génome ou les réactions pré-
sentes chez Ectocarpus siliculosus, il est nécessaire d’utiliser uniquement les annotations
(manuelles ou automatiques) existant chez cette espèce et disponibles via un portail web
(http://bioinformatics.psb.ugent.be/orcae/overview/Ectsi). KEGG ayant changé
de statut en juillet 2011 et l’accès étant maintenant payant, il fut nécessaire d’utiliser l’autre
référence parmi les bases de données de réactions métaboliques, MetaCyc et le logiciel qui
lui est associé, Pathway Tools.
De plus, l’analyse bibliographique a mis en évidence le besoin de creuser les approches
de complétions qui devraient être utilisées. En effet, la plupart des réseaux algues ont été
complétés manuellement en utilisant les connaissances bibliographiques pré-existantes.
Or l’utilisation de complétion manuelle est particulièrement compliquée lorsqu’on travaille
sur des réseaux métaboliques chez des espèces non classiques. En effet, ceux-ci évoluent en
permanence et réaliser une étude bibliographique à chaque modification minime du réseau
devient vite irréalisable.
À l’inverse, utiliser une méthode automatique non biaisée permet d’obtenir de nouvelles
connaissances. Cependant, la reconstruction des réseaux d’Ostreococcus met en jeux
deux techniques différentes de complétion : SMILEY [RPC+06] et une approche stochastique
[CMK+09]. La première approche, décrite plus précisément en 1.4.2, nécessite d’avoir
un grand nombre d’expérimentation sur l’espèce étudiée. En effet, cette méthode utilise les
différences de croissance sur différents substrats pour que les réactions présentes dans le
modèle amènent à des simulations en adéquation avec les observations numériquement
parlant. On peut également utiliser des données de flux connues à travers certaines réactions.
Dans le cas d’Ectocarpus siliculosus nous ne possédons pas de telles données mais
uniquement des données de croissance en milieu eau de mer. L’application de la méthode
stochastique ([CMK+09]) (là encore décrite plus précisément en 1.4.4) aurait été possible
en théorie. Cependant en pratique, nous nous sommes rendu compte que cette méthode
était non seulement très longue mais surtout donnait un grand élevé de solutions diffé-
rentes. Celles-ci n’étant pas toutes équivalentes, pour les discriminer il faut introduire des
scores pour chaque réaction. Ces scores sont habituellement définis en fonction de données
d’orthologie et de données phylogénétiques. En présence d’une espèce éloignée phylogé-
nétiquement des espèces classiquement étudiées, ces scores peuvent rapidement perdre de
leur pertinence. De plus, dans le cas d’Ectocarpus siliculosus, cette espèce résulte de deux40 État de l’art
endosymbioses, et les transferts horizontaux de gènes, non négligeables, risquent de ne pas
être pris en compte par les données phylogénétiques.
Cette analyse a mis en évidence que la reconstruction du réseau métabolique pour Ectocarpus
siliculosus ne pourrait pas être réalisée en utilisant les pipelines utilisés pour les
autres réseaux algues existant, en particulier à cause de l’hétérogénéité des sources de données
permettant de reconstruire l’ébauche et de la nature des données fonctionnelles (pro-
fils métaboliques) connues sur Ectocarpus siliculosus pour le compléter.
1.6 Principaux apports/résumé
Durant cette thèse, nous nous sommes appliqués à proposer un processus de reconstruction
de réseaux métaboliques appliqués aux espèces non classiques. Nous avons appliqué
l’ensemble de ce processus à Ectocarpus siliculosus en vue d’obtenir un réseau mé-
tabolique modèle pour les algues brunes. Ce processus global s’articule autour d’un point
particulier, l’amélioration d’une technique existante de complétion de réseaux métabolique
résolvant un problème combinatoire difficile. Cette amélioration sera présentée dans le
chapitre 2. Nous sommes ainsi passés d’une méthode expérimentale fonctionnant sur de
petits jeux de données à une méthode rapide, précise et permettant d’obtenir l’ensemble
des complétions minimales possibles pour un réseau métabolique donné.
Une fois ce problème combinatoire résolu, nous nous sommes appliqués à intégrer cet
outil dans un processus global de reconstruction de réseaux métaboliques que nous avons
appliqué à Ectocarpus siliculosus . Ce pipeline décrit dans le chapitre 3 utilise des données
génomiques (annotations et séquences) pour reconstruire une ébauche métabolique. Cette
ébauche sera ensuite améliorée par l’utilisation de données de profilage métabolique permettant
de faire des hypothèses sur les réactions manquantes dans le réseau. Enfin nous
proposons des gènes pouvant coder pour les enzymes pour lesquelles nous émettons l’hypothèse
qu’elles sont présentes chez l’organisme malgré l’absence d’annotation équivalentes
au niveau du génome.
La reconstruction du réseau métabolique d’Ectocarpus siliculosus et sa curation manuelle
ont permis d’obtenir de nouvelles indications sur le métabolisme de cette algue. Ces
hypothèses, qui concernent par exemple la synthèse des acides aminés aromatiques ou encore
du molybdenum seront présentées dans le chapitre 4.Chapitre 2
Complétion combinatoire de réseau
métabolique
Durant ce chapitre nous allons étudier plus précisément le problème de complétion
d’ébauches de réseaux métaboliques tel que défini par Schaub and Thiele [ST09]. Après
avoir décrit le problème d’optimisation auquel nous faisons face dans la partie 2.1, nous
étudierons différentes extensions de ce problème pour en améliorer les performances : nouvelle
modélisation de la réversibilité (partie 2.4), impact des heuristiques de résolution (partie
2.3), impact de la sémantique de productibilité (partie 2.5). Dans une dernière section
(partie 2.5.4), nous étudierons l’efficacité de l’approche de complétion combinatoire revisitée
en terme de fonctionnalité quantitative.
Une partie des résultats de ce chapitre a été présentée lors de la conférence LPNMR 2013
et avant d’être publiée dans les actes de cette même conférence [CEG+13].
2.1 Problème d’optimisation
2.1.1 Espace de recherche
Un réseau métabolique est représenté par un graphe dirigé bipartite G = (R ∪M,E) où R
et M sont des nœuds représentant respectivement les réactions et les métabolites.
Les réactants d’une réaction correspondent à l’ensemble des nœuds reliés par des arêtes
entrant dans un nœud R, soit r eac(r ) = {m ∈ M|(m, r ) ∈ E}.
Les produits correspondent aux arêtes sortantes : pr od(r ) = {m ∈ M|(r,m) ∈ E}.
Les entrées du problème d’optimisation consistent en l’introduction d’un ensemble de
métabolites M et deux ensembles de réactions reliant des métabolites de l’ensemble M :
– Une ébauche de réseau métabolique formée du groupe de réactions : Rd r a f t ,
– Une base de données de réactions métaboliques formée de réactions : Rdb.
Parmi les métabolites M on définit aussi deux sous-ensembles de métabolites :
– Un ensemble de métabolites graines : Mseed ⊂ M,
– Un ensemble de métabolites cibles : Mt ar g e t ⊂ M.
L’espace de recherche va être constitué de l’ensemble des sous-ensembles de R = Rd r a f t∪
Rdb.
4142 Complétion combinatoire de réseau métabolique
2.1.2 Atteignabilité
Le problème de complétion est particulièrement dépendant du concept d’atteignabilité.
La définition la plus simple d’atteignabilité est purement topologique et consiste à propager
les dépendances du graphe. On dit qu’une réaction r ∈ R est topologiquement atteignable
depuis M′
si l’ensemble de ses réactants est dans le scope de M′
, c’est-à-dire si
r eac(r ) ⊆ M′
. De manière similaire, on dit qu’un métabolite est atteignable depuis M′
si
m ∈ M′ ou si m ∈ pr od(r ) pour au moins une réaction r ∈ R atteignable depuis M′
. L’ensemble
des métabolites atteignables depuis Mseed , noté scopeFW D(Mseed ) (ou F w f (Mseed )
dans [CMA+08]), est l’ensemble des métabolites produits à partir des graines en utilisant les
réactions du réseau. Formellement, scopeFW D(Mseed ) est le résultat de l’itération Mi+1 =
Mi ∪ pr od(r eac(Mi)) partant de Mseed jusqu’à atteindre un point fixe. L’ensemble des mé-
tabolites atteignables depuis Mseed , noté scopeFW D(Mseed ), pourra être calculé en temps
polynomial [RK01, ST09].
Une deuxième définition plus fine d’atteignabilité a été introduite par Cottret, avant
d’être utilisée par Acuna et Sagot, dans [CMA+08, AMC+12] et cherche à introduire les effets
des cycles dans la production des cibles. Il s’agit de définir l’ensemble des précurseurs
d’une manière plus élaborée. Au lieu de commencer la propagation depuis un ensemble
de sources, les auteurs autorisent l’inclusion de métabolites internes, sous la condition que
ces métabolites internes soient produits par une réaction dans une étape ultérieure de la
propagation. On définit ainsi F wdZ (M), l’ensemble des cibles de M avec Z comme mé-
tabolite interne, comme le résultat de l’itération Mi+1 = Mi ∪ pr od(r eac(Mi ∪ Z)) partant
de M0 = Mseed jusqu’à atteindre un point fixe. Ainsi, un ensemble S ⊂ Mseed est précurseur
d’un ensemble T s’il existe Z tel que T et Z sont inclus dans l’ensemble F wdZ (S).
Cela permet d’identifier les éléments assurant le maintien de différents cycles sans provenir
de sources externes. À partir de ce concept, il est possible de définir un nouvel ensemble
scopeInter nal Suppl y (Mseed ) de cibles atteignables à partir d’une ensemble de sources Mseed .
Il va s’agir de tous les métabolites qui admettent Mseed comme ensemble de précurseurs.
L’ensemble scopeInter nal Suppl y (Mseed ) pourra être calculé en temps polynomial [AMC+12].
Enfin, lorsque la stœchiométrie du réseau est disponible, on peut aussi considérer que
l’ensemble des métabolites atteignables à partir d’un ensemble de sources correspond à
l’ensemble des produits de réactions non bloquées, c’est-à-dire pouvant posséder un flux
non-nul en FVA. L’ensemble scopeF B A(Mseed ) sera alors défini par des contraintes linéaires
et pourra être, la plupart du temps, calculé en temps polynomial [MB13].
Dans leur article, Acuna et al. [AMC+12] proposent un exemple permettant de bien
comprendre leur définition de l’atteignabilité. Cet exemple est présenté en figure 2.1.
Dans cet exemple, la cible t sera atteignable aussi bien lorsque l’on utilise la sémantique
topologique simple que celle avec recyclage interne.
Pour la sémantique topologique simple, pour pouvoir produire t, il va falloir que h appartienne
au scope des sources. Cette molécule est productible à partir de deux réactions,
r3 et r5, cette dernière nécessitant la présence de e dans le scope. Or la molécule e pourra
être produite directement à partie de deux sources, b et c. La cible t sera donc productible
et ce malgré le fait que g et f ne fassent pas partie du scope des sources.
Pour la sémantique topologique avec recyclage interne, si l’on suit la propagation, avec
M0 = {a,b,c} nous aurons alors M1 = {a,b,c,e} de manière classique puis M2 = {a,b,c,e,h}
et enfin M3 = {a,b,c,e,h,i,t} qui sera un point fixe. Nous aurons donc F wd({a,b,c}) =Problème d’optimisation 43
FIGURE 2.1: Représentation schématique d’un réseau métabolique[AMC+12]. Les nœuds
représentent les métabolites et les hyper-arcs représentent les réactions. Les nœuds gris
correspondent aux sources et le nœud noir la cible.
{a,b,c,e,h,i,t}. En revanche, avec l’ensemble des sources présentes dans cet exemple nous
aurons M0 = {a,b,c,d} puis M1 = {a,b,c,d,e, f , g ,h} étant donné que les métabolites f et g
sont des métabolites internes à un cycle pouvant être produites plus tard par ce même cycle.
Nous aurons enfin M2 = {a,b,c,d,e, f , g ,h,i,t} qui sera le point fixe. Une fois ce point fixe
atteint, nous pouvons conclure que F wdZ ({a,b,c,d}) = {a,b,c,d,e, f , g ,h,i,t}. Il est intéressant
de remarquer que F wdZ ({a,b,c,d}) = F wdZ ({c,d}) si l’on ne prend pas en compte les
sources a, b et c qui ne peuvent être produites par aucune réaction.
2.1.3 Problème de complétion
Trouver une complétion de réseaux métaboliques correspondra à trouver un sous-ensemble
de réactions Rcomple t i on ⊂ Rdb de telle manière que le scope de Mseed associé aux
réactions Rd r a f t ∪Rcomple t i on contienne l’ensemble des métabolites Mt ar g e t .
Plus formellement, une complétion de (Rd r a f t ∪Md r a f t ,Ed r a f t) à partir de (Rdb ∪Mdb,-
Edb) par rapport à Mseed et Mt ar g e t est un ensemble de réaction Rcomple t i on ⊆ Rdb \Rd r a f t
tel que Mt ar g e t est atteignable à partir de Mseed dans le réseau ((Rd r a f t ∪ Rcomple t i on) ∪
(Md r a f t ∪ Mcomple t i on),Ed r a f t ∪ Ecomple t i on), où Mcomple t i on et Ecomple t i on sont les projections
de Mdb et Edb sur le réseau complété. En particulier, cette définition dépend de la
notion d’accessibilité utilisée : scopeFW D, scopeInter nal Suppl y , scopeF B A.
Lors de la complétion, nous allons minimiser le nombre de réactions ajoutées aux ré-
seau métabolique initial. Pour cela nous définissons un score S correspondant au nombre
de réactions de R
′
à ajouter pour obtenir une solution. Un premier problème d’optimisation
consistera donc à minimiser S.
Une fois la taille de l’ensemble minimal de réactions à ajouter déterminée, nous allons
chercher exhaustivement l’intégralité des ensembles de réactions de cette taille permettant
de compléter le réseau. Les différents problèmes de complétion que nous allons étudier
consistent donc à calculer :44 Complétion combinatoire de réseau métabolique
– Une complétion minimale en taille à un réseau métabolique,
– Toutes les complétions minimale en taille,
– L’union ou l’intersection des complétions minimales en taille.
Dans les applications, nous utiliserons plutôt l’union de l’ensemble des solutions obtenues
pour ne pas avoir à discriminer des complétions sans connaissance biologique préalable.
Les variantes de ce problèmes dépendent bien évidemment de la notion d’accessibilité.
Une variante, dont la complexité est bien plus élevée, consiste à recherche des complétions
minimales au sens ensembliste.
Comme indiqué dans l’état de l’art, Schaub et Thiele [ST09] ont proposé une modélisation
en programmation par ensemble-réponse du problème d’optimisation correspondant
à la notion d’accessibilité topologique scopeFW D. Ce programme ASP est décrit en annexe.
Dans [ST09], les auteurs ont montré que ce programme permettait de répondre à la question
de la complétion de réseaux métaboliques. Leurs expériences ont été réalisés sur des
réseaux bactériens (E. coli) ayant été dégradés et dont la complétion est réalisée à partir de
sous ensembles de taille croissante de la base de données de réactions métaboliques, MetaCyc.
Ce programme montrait alors des performances acceptables pour une petite taille de
base de données mais ces performances se dégradaient dès que la taille de celle-ci approchait
la taille réelle.
2.2 Jeux de test
De manière à étudier les performances de Network-expansion vis-à-vis de différents critères,
nous avons construits plusieurs jeux de donnés de test.
2.2.1 Impact de la taille des bases de complétion : Ectocarpus siliculosus & MetaCyc
Afin de mesurer l’impact de la taille de la base de complétion, nous avons créé un jeu de
test se rapprochant le plus possible de la réalité. Une des applications étant la complétion de
réseaux métaboliques de nouvelles espèces d’intérêt, nous avons décidé de faire ce benchmark
en se basant sur un réseau "brut" d’Ectocarpus siliculosus. Ce réseau (à l’inverse de
celui présenté dans le chapitre 3) a été créé à partir de la fusion entre un réseau créé depuis
d’anciennes annotations du génome d’Ectocarpus siliculosus et une toute première version
de l’ébauche créée à partir de données d’orthologie. La méthodologie de création de ce
réseau sera plus détaillée dans le chapitre 3, le but ici étant de démontrer la faisabilité de la
complétion d’un point de vue informatique et non la pertinence biologique de la création
de l’ébauche métabolique.
L’ébauche métabolique d’Ectocarpus siliculosus, non complétée, contenait à l’époque
1210 réactions et 1454 métabolites. D’après les informations biologiques que nous possé-
dons, nous pouvons recenser 44 métabolites graine, qui correspondent aux constituants du
milieu de croissance de l’algue, et 48 métabolites cibles, qui correspondent à des molécules
identifiées comme étant productibles par l’algue. En utilisant la sémantique topologique
simple ou avec recyclage interne, nous pouvons constater que le réseau initial n’était pas
capable de produire 25 des cibles.Jeux de test 45
La taille de la base de donnée étant le facteur majeur de la complexité, nous avons décidé
de jouer principalement sur celle-ci pour la construction du jeu de test. Nous avons donc
créé des sous-ensembles de la base de données MetaCyc (version 17.0) de taille comprise
entre 10000 et 5000 réactions, en enlevant 1000 réactions à chaque fois. Pour chaque taille
de base de données, 10 réplicats ont été réalisés. Nous avons veillé à ce que chaque sousensemble
contienne à peu près la même proportion de réactions réversibles que la base de
données initiale, c’est à dire 42%.
2.2.2 Effet de la taille de la base de données sur la productibilité des cibles
Étant donné que nous prenons des sous-parties de la base de données MetaCyc dans
cette étude, les métabolites cibles productibles à partir des graines vont varier selon les ré-
actions présentes dans ces sous-ensembles. De manière intéressante, les deux sémantiques
étudiées (topologique simple et avec recyclage interne) permettent dans tous les cas étudiés
de produire les mêmes métabolites à partir du réseau initial auquel a été ajouté toutes les
réactions présentes dans les sous-ensembles des bases de données. Cela semble indiquer
que les cycles ne sont jamais bloquant pour produire des métabolites d’un point de vue topologique,
du moins dans les exemples étudiés ici. La figure 2.2 présente la distribution du
nombre de cibles productibles selon les sous-ensembles de la base de données utilisés.
Taille de la base de données
Nombre de cibles non productibles
FIGURE 2.2: Représentation de la répartition statistique du nombre de métabolites non
productibles en fonction de la taille de la base de données utilisée. Les boites correspondent
à la taille du premier et du troisième quartile, la ligne centrale correspond à la
moyenne et les barres correspondent aux valeurs extrêmes.
Le réseau initial est capable de produire 23 cibles sur les 48 identifiées. Il reste donc 25
cibles à reconstruire à l’aide des bases de données. La figure 2.2 nous montre que, globalement,
plus la taille des sous-ensemble de MetaCyc considérés augmente, plus il est possible
d’expliquer la productibilité des cibles. Ce point particulier sera à retenir pour la suite, la46 Complétion combinatoire de réseau métabolique
taille des complétions proposées ainsi que le temps de calcul pour les identifier sera évidemment
influencé par le nombre de voies métaboliques à compléter.
2.2.3 Fonctionnalité : E. Coli
Pour tester la différence entre la sémantique de productibilité topologique et une sé-
mantique quantitative, nous avons exploité un réseau de référence pour sa fonctionnalité
et la qualité de l’annotation de ses cycles. Il s’agit d’un réseau d’Escherichia coli, Ec_iJR904
issu de la banque de référence gérée par H. Pallson [RVSP03].
Ce réseau est composé de 1.074 réactions (dont 143 réactions à la frontière du système
pour l’import et l’export de molécules) et 905 composés métaboliques différents. Une fonction
de biomasse formée de 49 métabolites différents a été utilisée dans le cadre de cette
étude. Ce réseau existe sous la forme d’un fichier sbml, mais celui-ci n’étant pas totalement
cohérent intrinsèquement (voir par la suite) nous avons finalement choisi de partir de la
matrice stœchiométrique associée pour reconstruire des fichiers sbml. On peut regretter
que les identifiants (des métabolites et des réactions) de ce réseau ne soient pas normalisées
vis-à-vis des bases de données de réactions de référence (KEGG ou MetaCyc). En particulier,
cela nous a empêcher d’utiliser MetaCyc comme base de référence pour tester la
complétion sur des versions dégradées de ce réseau
L’idée générale est de regarder dans ce réseau, pour des fonctions objectives différentes,
les types de réactions qui existent (réactions obligatoires, bloquées et alternatives pour la
production de biomasse) en utilisant les techniques de FBA (pour tester la fonctionnalité
globale du réseau) et de FVA (pour trouver les classes de réactions). Une fois ces réactions
classées, nous dégradons chaque réseau en enlevant une proportion équivalente de chaque
classe de réactions. Une fois la dégradation accomplie, nous utilisons une approche de complétion
topologique simple pour compléter le réseau afin de rendre productible d’un point
de vue topologique l’ensemble des métabolites compris dans la biomasse.
Les jeux de tests qui ont été extraits de ce réseaux ont consisté à les dégrader de manière
à casser la production de la biomasse. À partir de la fonction de biomasse associée au réseau,
90 biomasses intermédiaires ont été créés aléatoirement en enlevant 9 à 26 composants à
cette biomasse.
Le déroulement globale de la création du jeu de test a été celui-ci :
– Identification de la classe de chaque réaction en rapport avec la fonction de biomasse
étudiée (Obligatoire, bloquée ou alternative) à l’aide de techniques de FVA.
– Dégradation du réseau selon différentes contraintes :
– Enlever entre 10 et 40% des réactions du réseau par palier de 10%,
– Rompre la production de biomasse en FBA,
– Enlever une proportion égale de réactions obligatoires, bloquées et alternatives,
– Réaliser 10 réplicats aléatoires pour chaque dégradation.
Au final nous obtenons 9.600 réseaux dégradés : 4 pourcentages de dégradation * 10
réplicats * 90 fonctions de biomasse. Tout ces réseaux sont non fonctionnels vis-à-vis de la
biomasse qui leur est associée.
La complétion effectuée par la suite correspond à compléter ces réseaux dégradés en
utilisant comme base de référence le réseau initial non dégradé, le but étant d’identifier à
quelle classe appartiennent les réactions ainsi ajoutées.Jeux de test 47
Une difficulté pour la préparation de ces jeux de données a consisté à identifier correctement
les informations relatives à la réversibilité des réactions ou de la direction des
réactions des fichiers sources. Dans un fichier sbml il y a en effet deux manières de spécifier
la réversibilité et/ou la direction d’une réaction.
Ainsi, pour la réversibilité, il est possible de spécifier un argument "reversible" à une
réaction de la manière suivante :
Listing 1: Une réaction définie comme réversible en format SBML
1
ou
Listing 2: Une réaction définie comme irréversible en format SBML
1
Cependant, il est également possible de spécifier l’espace des possibles pour les flux
passant à travers cette réaction en fixant une upper-bound (borne supérieure) et une lowerbound
(borne inférieure) pour ces flux. Typiquement pour la réaction 3 il est indiqué qu’il
s’agit d’une réaction réversible alors que les flux ne peuvent aller que dans une seule direction.
Il existe également deux manières d’indiquer la direction des réactions, là encore en
prenant en compte les valeurs des flux ou non. Ainsi, dans les spécifications de SBML, il
est possible de désigner une molécule comme réactant d’une réaction ou comme produit
de celle-ci. Une réaction irréversible (peu importe la manière dont l’irréversibilité est introduite)
ayant pour réactant une molécule A et une molécule B, et ayant pour produit une
molécule C correspondrait donc à : A +B →C.
Cependant, là encore, il faut prendre en compte les flux. Pour certaines réactions, la
borne supérieure du flux peut être nulle et la borne inférieure peut être négative. Cela indique
que la réaction ne doit pas être prise dans le sens initial mais dans le sens inverse, où
les réactants deviennent les produits, et les produits deviennent les réactants. C’est le cas
notamment de la réaction 3 (ayant pour identifiant "R_EX_o2_LPAREN_e_RPAREN_") qui
est définie comme faisant rentrer du dioxygène dans une cellule, mais, si l’on se fie aux flux,
qui exporte du dioxygène de l’intérieur vers l’extérieur de la cellule.
Listing 3: Une réaction irréversible spécifiée comme réversible mais dont le sens des flux ne
correspond pas à la définition
1
2
3 Abbreviation: R_EX_o2_LPAREN_e_RPAREN_
4 Synonyms: _0
5 Equation: [e] : o2 <==>
6 Confidence Level:
7 GENE ASSOCIATION:
8
9
10 48 Complétion combinatoire de réseau métabolique
11
12
13
14
15
16
19
20
21
22
23
24
25
26
Ces différentes formalisations indiquent que les réseaux présentés sous leurs formats
SBML et matriciels peuvent en fait avoir des comportements et des structures très diffé-
rentes. Pour homogénéiser les analyses et les comparaisons entre approches quantitatives
et qualitatives, il a été décidé de ne pas prendre en compte les informations présentes dans
les fichiers SBML mais de reconstruire des fichiers SBML cohérents à partir de matrices stœ-
chiométriques et de vecteurs de flux.
2.3 Performance
Comme indiqué dans l’état de l’art, Schaub et Thiele [ST09] ont proposé une modélisation
en programmation par ensemble-réponse du problème d’optimisation correspondant
à la notion d’accessibilité topologique scopeFW D. Ce programme ASP, appelé Networkexpansion,
est décrit en annexe. Dans [ST09], les auteurs ont montré que ce programme
permettait de répondre à la question de la complétion de réseaux métaboliques. Leurs expériences
ont été réalisés sur des réseaux bactériens (E. coli) ayant été dégradés et dont la
complétion est réalisée à partir de sous ensembles de taille croissante de la base de données
de réactions métaboliques, MetaCyc. Ce programme montrait alors des performances
acceptables pour une petite taille de base de données mais ces performances se dégradaient
dès que la taille de celle-ci approchait la taille réelle.
2.3.1 Heuristiques de résolutions
En 2012, une nouvelle méthode de recherche pour les solveurs ASP a été développée
par l’équipe qui maintient la collection Potassco [GKK+11] et qui développe notamment le
solveur ASP Clasp. Cette méthode de recherche utilise une optimisation basée sur l’insatis-
fiabilité de contraintes [AKMS12].
Jusque avant la version 3, le solveur Clasp [GKS12] utilisait uniquement des méthodes
d’optimisation très efficaces basées sur des algorithmes de séparation et d’évaluation (ouPerformance 49
branch and bound). Ces techniques top-down ont montré leur efficacité pour résoudre de
nombreux problèmes d’optimisation en travaillant énormément sur les bornes supérieures
et inférieures d’un problème. La stratégie globale consistera à descendre plus ou moins rapidement
une borne supérieure jusqu’à atteindre une configuration insatisfiable qui marquera
une borne inférieure. Cette méthode d’optimisation a montré sa forte efficacité sur
certains types de problèmes. En parallèle, une nouvelle méthode a émergé du domaine
des solveurs SAT pour résoudre les problèmes MaxSAT [CKS01]. Cette approche se base sur
l’identification et la relaxation de cœurs insatisfiables et a montré son efficacité notamment
lors de compétitions comme la "2008 MaxSAT evaluation". Le solveur Clasp étant peu ef-
ficace pour certains problèmes résolus efficacement par cette approche les développeurs
de ce solveur se sont inspirés de ces nouvelles techniques pour développer une heuristique
efficace combinant les caractéristiques d’ASP et les techniques développées dans ce cadre,
en étendant l’algorithme à la résolution de problèmes d’optimisation pondérée [AKMS12].
La base de ce travail consiste en l’identification de cœurs insatisfiables. Un cœur insatisfiable
est un sous-ensemble de clauses du problème initial dont la conjonction est insatisfiable.
La méthode essaie donc de résoudre le problème une première fois. Si elle y arrive
directement, le problème est satisfiable, la solution est trouvée. Sinon on identifie ainsi un
ensemble insatisfiable de contraintes. Le solveur va alors relaxer des contraintes afin que
l’ensemble soit satisfiable avant d’identifier un autre ensemble insatisfiable, les relaxer à
leur tour et cela jusqu’à ce qu’il n’y ai plus de contraintes insatisfiables dans le problème.
Dans le cadre de notre problème d’optimisation, nous cherchons à minimiser le nombre
de réactions ajoutées dans un modèle à partir d’une base de données de réactions métabolique
très grande. Nous avons donc un problème de minimisation qui sera traditionnellement
traité par une approche "top-down" en prenant un modèle stable résout l’ensemble
des contraintes, peu importe sa taille, avant de réduire la taille du modèle petit à petit. Étant
donné que la taille de la base de données est très grande par rapport à la taille de la solution
recherchée (de l’ordre de la dizaine de milliers pour la base de données contre des solutions
de taille inférieure à 100), cette minimisation pourra être longue. À l’inverse l’heuristique se
basant sur les cœurs insatifiables va traiter le problème par une approche "bottom-up" en
cherchant des solutions de très petite taille puis en augmentant progressivement la taille de
ces solutions jusqu’à trouver un modèle stable satisfaisant l’ensemble des contraintes qui
sera donc de taille minimale.
Cette méthode ayant été validée par les chercheurs de Potsdam sous la forme d’un solveur
à part entière (Unclasp),elle a ensuite été intégrée au solveur Clasp (à partir de Clasp
3.0 en février 2014) sous la forme d’une paramètre de recherche : –opt-strategy=usc.
Par soucis de lisibilité, nous désignerons dans la suite par :
– Clasp : la recherche par séparation et évaluation (Clasp version 2, ou version 3 avec le
paramètre –opt-strategy=bb),
– Unclasp : la recherche MaxSat (Unclasp version 0.1 ou Clasp version 3 avec le paramètre
–opt-strategy=usc).
2.3.2 Nouvelle méthode d’optimisation dans Network-expansion
L’apparition de nouvelles techniques de recherche a permis de faire évoluer Networkexpansion
qui réalisait la complétion topologique. Clasp a été configuré de manière à pouvoir
trouver au plus vite une solution optimale en autorisant des redémarrages de la re-50 Complétion combinatoire de réseau métabolique
cherche afin de ne pas rester bloqué dans des optimas locaux. Cette solution semble être la
meilleure pour ce solveur après utilisation quotidienne de celui-ci pendant plusieurs mois.
Unclasp n’étant pas capable de réaliser l’énumération des solutions ainsi que l’intersection
des solutions, seul Clasp a été utilisé dans ce cas afin d’observer l’influence de l’inclusion
de la réversibilité dans la modélisation.
2.3.3 Recherche d’optimum
Nous avons utilisé les jeux de tests pour tester l’impact des deux méthodes de résolution
Clasp ou Unclasp sur les performances de la complétion. Les critères testés ont été les
suivants :
– Calcul des optimaux de complétion,
– Énumération de toutes les solutions possibles,
– Calcul de l’intersection de toutes les solutions possibles.
La figure 2.3 donne les résultats de ce test pour le temps de calcul des optimaux en fonction
du solveur.
5000 6000 7000 8000 9000 10000 Complète
Nombre de réactions
0.1
1
10
100
1000
10000
100000 Temps en secondes (log)
Clasp
Unclasp
FIGURE 2.3: Temps de calcul de Clasp et Unclasp pour la recherche de la taille minimale
de complétion. Les cercles transparents correspondent à la médiane des expérimentations
avec Clasp. Les carrés grisés correspondent à la médiane des expérimentations avec Unclasp.
Pour chaque expérience, les valeurs minimale et maximale sont reportées avec des
lignes verticales.
Comme nous pouvons le voir, le changement de méthode de recherche entraîne un gain
important dans le temps de calcul des optimaux. Étant donné que nous avons un timeout
à 100.000 secondes, nous remarquons que, même avec une taille de base de données dePerformance 51
9000 réactions, il était souvent impossible de trouver des solutions au problème étudié. Les
résultats de la complétion ainsi que le détail des timeout avec Clasp sont donnés dans le
tableau 2.1.
TABLE 2.1: Tailles et nombre de solutions optimales pour chaque sous-ensemble de réactions.
Les time-outs de Clasp sont également reportés (100.000 secondes).
Nombre de réactions 5000 6000 7000 8000 9000 10000 Complet
Taille de l’optimal [6,14] [7,22] [7,29] [9,29] [16,47] [33,50] 52
Nombre de solutions [4,32] [6,324] [6,1728] [16,3456] [80,1150] [180,22800] 2600
Time-out de Clasp 0 0 1 3 9 10 10
2.3.4 Impact de la taille de la base
Une fois la recherche d’optima réalisée, nous pouvons utiliser cet optimum pour rechercher
l’ensemble des solutions de taille minimale permettant de compléter le réseau
métabolique. Unclasp n’étant pas capable de faire cette énumération, nous avons utilisé
uniquement Clasp pour cela. Les résultats sont présentés en figure 2.4. Ces résultats nous
montrent que le nombre de solutions différentes augmente jusqu’à atteindre un plateau
autour d’une taille de base de données de 9.000 réactions, tandis que le temps de calcul
augmente exponentiellement avec la taille de la base de données. Cela semble montrer que
9000 réactions sont suffisantes pour compléter le réseau, les autres réactions augmentant
l’espace de solutions, et donc le temps de calcul. Malgré cette croissance exponentielle, le
calcul de l’ensemble des solutions reste réalisable en un temps suffisamment court pour
être utilisé en routine. Cela est principalement dû au fait que l’utilisation d’Unclasp nous
permet d’avoir la valeur de l’optimum en un temps très court.
Ceci montre tout d’abord que l’utilisation des méthodes de recherche d’Unclasp permet
de calculer le nombre minimum de réactions à ajouter lors de l’étape de complétion du
réseau métabolique en quelques secondes malgré un espace de solution très grand. Cette
première étape est indispensable à toute autre étude de complétion. Il est à noter que la
taille de la base de données ne semble pas impacter énormément la recherche d’optimas
avec Unclasp. Ce solveur est en effet particulièrement adapté à la recherche d’optima très
petits (ici de taille 50 environ) face à un espace de solutions très grand (plus de 10000 réactions).
Enfin, nous avons déterminé la valeur de l’intersection des solutions ainsi que le temps
nécessaire au calcul de cette intersection. L’intersection des solutions est calculée en utilisant
l’option –enum-mode=cautious de Clasp. La figure 2.5 présente les résultats obtenus.
On remarque encore une fois que le temps de calcul est exponentiel par rapport au nombre
de réactions dans la base de données. Par contre, la taille de l’intersection grandit beaucoup
moins vite alors que le nombre de solutions optimales augmente énormément. Cela
est cohérent avec les observations réalisées au cours de la thèse selon lesquelles le nombre
total de solutions possibles n’impacte que très peu sur la taille de l’union et/ou de l’intersection
de ces solutions. Cela semble indiquer une très forte redondance dans l’ensemble
des solutions étudiées.52 Complétion combinatoire de réseau métabolique
5000 6000 7000 8000 9000 10000 Complète
Nombre de réactions
1
10
100
1000
10000
100000 Temps en secondes (log)
1
10
100
1000
10000
100000
Nombre de solutions
Nombre de solutions
Temps de calcul
FIGURE 2.4: Temps de calcul de Clasp pour énumérer l’ensemble des solutions Les cercles
transparents correspondent aux médianes des durées des expérimentations. Les points
noirs correspondent aux médianes du nombre de solutions. Les lignes verticales correspondent
aux valeurs maximales et minimales.Performance 53
5000 6000 7000 8000 9000 10000 Complète
Nombre de réactions
1
10
100
1000
10000
100000 Temps en secondes (log)
1
10
100
1000
10000
100000
Taille de l'intersection
Temps de calcul
Taille de l'intersection
FIGURE 2.5: Temps de calcul de Clasp pour déterminer les intersections des solutions optimales.
Les cercles transparents correspondent aux médianes des résultats de durée des
expérimentations. Les points noirs correspondent à la taille médiane des intersections. Les
lignes verticales correspondent aux valeurs maximales et minimales.54 Complétion combinatoire de réseau métabolique
Suite aux différentes observations, nous pouvons dire que l’utilisation de la combinaison
des méthodes de recherche d’Unclasp et Clasp est indispensable pour permettre la reconstruction
de réseaux métaboliques avec ce programme ASP. La méthode de recherche
d’Unclasp est la seule capable (en un temps raisonnable) de calculer le nombre minimal de
réactions à ajouter au réseau métabolique, mais n’est pas capable, ni d’énumérer l’ensemble
des solutions optimales, ni de calculer leur intersection ou leur union. En revanche, une fois
que l’optimum recherché est connu, Clasp permet de réaliser ces trois tâches en un temps
suffisamment court pour être utilisé en routine. Maintenant que la méthode d’optimisation
présente dans Unclasp a été ajoutée dans Clasp (version 3), la combinaison des deux outils
en un seul simplifie cette étape de complétion.
2.4 Impact du codage de la réversibilité sur les performances de
Network-expansion
2.4.1 Réversibilité dans Network-expansion
Au début du projet, Network-expansion ne prenait pas du tout en compte les réactions
réversibles. Si une réaction dans une base de données ou dans un modèle était considérée
comme réversible, cette réaction était dédoublée pour créer deux réactions différentes, une
allant dans un sens et l’autre dans le sens inverse. Cette modélisation initiale peut poser
différents problèmes, en terme de fonctionnalité comme de performance.
Tout d’abord, créer deux réactions en sens inverse l’une de l’autre pour chaque réaction
réversible est incompatible avec la réalité biologique que l’on souhaite modéliser lors de la
création d’un réseau métabolique et pour sa complétion avec Network-expansion. En effet,
la réversibilité d’une réaction est une donnée importante en biologie et deux réactions possédant
les mêmes réactants et mêmes produits mais ne partageant pas la même réversibilité
pourront être catalysées par des enzymes différentes. Un tel exemple est présenté en figure
2.6.
ADENOSINETRIPHOSPHATASE-RXN
PHOSPHATE H+ ADP
H2O ATP
3.6.4.4-RXN
PHOSPHATE H+ ADP
H2O ATP
FIGURE 2.6: Exemple de deux réactions impliquant les mêmes molécules et provenant de la
même base de données (MetaCyc), l’une étant réversible et l’autre irréversible.
Ainsi, ajouter la réaction ayant pour identifiant "ADENOSINETRIPHOSPHATASE-RXN"Impact de la réversibilité sur les performances de Network-expansion 55
OU "3.6.4.4-RXN" n’aura pas les mêmes implications en matière de recherche biologique.
De plus, étant donné que nous essayons d’ajouter le nombre minimal de réactions pour
compléter le réseau, si nous avons besoin qu’une réaction réversible fonctionne dans les
deux sens, nous devrions ajouter deux réactions différentes plutôt qu’une seule dans le ré-
seau, au risque de biaiser le résultat final en terme de cardinalité.
D’autre part, cette dissociation d’une réaction réversible en deux réactions irréversibles
n’était pas automatique lors de la complétion, et devait se faire manuellement en amont.
L’objectif de cette thèse étant notamment de produire un outil utilisable aisément par toute
personne travaillant sur des réseaux métaboliques, cette étape risquait d’être oubliée, entraînant
ainsi une totale incohérence au niveau des résultats, seul un des sens des réactions
réversibles étant pris en compte aléatoirement.
Enfin, comme montré précédemment, la complétion d’un réseau métabolique est un
problème hautement combinatoire. Hors, les bases de données contiennent énormément
de réactions réversibles (autour de 40% des réactions dans MetaCyc 17.0). L’espace des solutions
de complétion des réseaux métaboliques est très grand. Dédoubler cet espace des
solutions pour chaque réaction réversible agrandit encore plus l’espace des solutions, avec
un risque important de ralentir la recherche de l’optimum.
2.4.2 Nouvelle modélisation ASP de la réversibilité
À l’inverse, conserver les réactions réversibles telles quelles en changeant l’encodage,
outre le fait d’outrepasser l’ensemble des problèmes cités précédemment, possède quelques
avantages vis-à-vis du solveur de contraintes. Ainsi, si l’on garde les réactions comme réversibles,
l’espace des solutions ne grandit plus, et ajouter une réaction réversible permet de
s’affranchir plus tard de l’étude de l’autre sens de réaction.
En ASP, cela a consisté à créer un fait "reversible/1" pour chaque réaction réversible du
modèle et de la base de données de réactions, et d’utiliser ce fait pour changer la définition
des scopes utilisant des réactions réversibles. Ainsi, par exemple, le scope d’une molécule
M pourra désormais être calculé de la manière présentée en listing 4. Ceci est à comparer
avec la précédente version de la définition d’un scope avec le code ASP initial présenté en
annexe B. Il était alors nécessaire de créer une seconde réaction en inversant les réactants
et les produits.
Listing 4:
1 scope(M) :- seed(M).
2 scope(M) :- product(M,R), reaction(R), scope(M’) : reactant(M’,R).
3 scope(M) :- reactant(M,R), reversible(R), scope(M’) : product(M’,R).
2.4.3 Impact sur les performances
La figure 2.7 donne les résultats de ce test pour le temps de calcul des optimaux en fonction
de la réversibilité pour l’utilisation de Clasp et d’Unclasp.
Nous pouvons remarquer que l’introduction de la réversibilité, en plus d’être plus proche
de la réalité biologique, a permis d’accélérer grandement la recherche d’optimaux avec Un-56 Complétion combinatoire de réseau métabolique
FIGURE 2.7: Temps de calcul de Clasp et Unclasp pour la recherche de la taille minimale de
complétion. Les cercles correspondent à la médiane des expérimentations avec Clasp. Les
carrés correspondent à la médiane des expérimentations avec Unclasp. Les ronds et carrés
grisés correspondent à la modélisation avec prise en compte de la réversibilité, les ronds et
carrés vides correspondent à la même modélisation sans cette prise en compte. Pour chaque
expérience, les valeurs minimale et maximale sont reportées avec des lignes verticales.Sémantique de productibilité 57
clasp. Cette accélération va d’un facteur 2 à 11. Il est intéressant de remarquer l’absence
d’accélération significative avec Clasp.
Une des explications possible pourrait se trouver dans les techniques d’optimisation différentes
entre les deux solveurs. En effet, Clasp travaille beaucoup sur les bornes supérieures
et inférieures de la taille des solutions, avec donc un effet limité de la taille de l’espace de
recherche si Clasp arrive rapidement à réduire ces bornes. En revanche Unclasp recherche à
prouver l’insatisfiabilité de cœurs contraints, réduire l’espace de recherche permettra donc
d’accélérer cette preuve d’insatisfiabilité. Ceci n’est pour l’instant qu’une hypothèse et il serait
intéressant d’étudier ce cas plus en détail.
Le nouvel encodage de la réversibilité des réactions permet donc de mieux prendre en
compte la réalité biologique des réactions étudiées et d’accélérer la recherche d’optima.
2.4.4 De Network-expansion à Meneco
Après changement des méthodes de recherche avec l’introduction d’Unclasp pour la recherche
d’optimum et Clasp pour les énumérations, et recodage de la réversibilité, Networkexpansion
a été inclus dans un package Python autonome et a pris le nom de Meneco (pour
Metabolic network completion : https://pypi.python.org/pypi/meneco/), développé
par Sven Thiele.
2.5 Sémantique de productibilité
Nous l’avons vu précédemment, le problème de complétion peut être considéré comme
un problème d’optimisation où l’on rajoute le minimum de réactions pour produire un ensemble
de métabolites à partir d’un autre ensemble de métabolites. Par contre, la notion
d’accessibilité ou de productibilité peut être définie de manières différentes.
Nous avons déjà vu qu’il existe différentes manières de considérer un métabolite comme
productible ou non. Nous allons ici étudier plus finement ces concepts pour mieux les comparer,
en particulier vis-à-vis de leur utilisation pour compléter un réseau métabolique.
2.5.1 Impact des cycles sur les différents concepts d’accessibilité
Accessibilité quantitative (FBA) La recherche de productibilité en FBA est une recherche
de nature numérique. Pour savoir si un ensemble de métabolites est productible, nous mettons
l’ensemble de ces métabolites (avec la concentration associée si celle-ci est disponible)
dans une fonction objectif globale. Les métabolites graines, à partir desquels les métabolites
de la fonction objectif devront être produits, seront considérés comme des métabolites
à la frontière du système. Aucune contrainte n’est fixée quand à leur conservation dans le
système. Des bornes pourront être placées pour mettre des contraintes numériques à leur
import dans le système en fixant les flux maximaux et minimaux passant à travers les réactions
d’import. La stœchiométrie des réactions revêt ici une importance toute particulière,
comme le montre la figure 2.8.
La partie (a) représente un cycle formé de quatre réactions métaboliques. Nous avons
une entrée à ce cycle (métabolite A) et une sortie (métabolite F). En FBA ce cycle sera fonctionnel
car le métabolite A permettra d’alimenter le cycle en matière et la sortie de F ne
consommera pas de matière.58 Complétion combinatoire de réseau métabolique
FIGURE 2.8: Deux exemples de réseaux métaboliques contenant des cycles. Les métabolites
sont représentés par des ovales verts, les réactions sont représentées par des rectangles
rouges. La direction des réactions est représentée par la direction des arcs. La stœchiométrie
des réactions n’est pas représentée.
La partie (b) représente également un cycle formé de quatre réactions métaboliques
ainsi que d’une réaction de sortie. Ici l’amorçage du cycle par le métabolite A fonctionne
toujours. En revanche, pour que le cycle puisse avoir lieu dans son intégralité et continue
de produire le métabolite F, il faudra que la réaction R2 produise au moins deux molécules
de D. Une d’entre elles sera transformée en E pour permettre au cycle de continuer. L’autre
sera transformée en F qui pourra être utilisé par le reste du réseau métabolique. Si ce n’est
pas le cas, et que la réaction R2 produit moins de deux molécules de D, le cycle ne pourra
pas être maintenu et le métabolite F ne pourra pas s’accumuler.
Accessibilité topologique (Meneco) La recherche de productibilité par Meneco se fera uniquement
de manière topologique. Nous allons ici chercher un chemin à travers le graphe
bipartite des réactions métaboliques. Pour qu’un métabolite soit productible, il faut que
l’ensemble des réactants d’au moins une réaction qui le produit soit présent. Cette défi-
nition de la productibilité a l’avantage de ne pas prendre en compte la stœchiométrie des
réactions qui n’est pas toujours exacte dans les bases de données, notamment pour ce qui
concerne les cofacteurs. Par contre, cette définition a l’inconvénient de créer des problèmes
lors de la présence de cycles. Ainsi, si les exemples présentés en figure 2.8 conduisent à une
production du métabolite F en FBA, ce n’est pas le cas lors de l’utilisation de la sémantique
de Meneco.
En effet, dans l’exemple 2.8(a), le métabolite A ne pourra pas produire B car cela nécessite
la présence préalable de E, qui n’est pas présent ici. Il en va de même pour l’exemple 2.8
(b). En revanche si une autre molécule du cycle est produite à un autre endroit du réseau,
cela ne pose plus de problème pour ce cycle. Par exemple, si une réaction du réseau produit
la molécule E, celle-ci permettra d’alimenter la réaction R4 pour produire B rendant la ré-
action R1 possible. Dans ce cas, les exemples (a) et (b) permettront de produire F. Cela ne
serait pas forcément en contradiction avec la FBA, dans le cas (b) et une production d’une
seule molécule de D par R2, étant donné que nous avons une alimentation extérieure du
cycle.Sémantique de productibilité 59
Accessibilité avec recyclages internes (Pitufo) Pour tenter de résoudre le problème des
cycles, nous pourrions utiliser la méthode développée dans le cadre de recherche de précurseurs
par [CMA+08]. Un précurseur est un ensemble de métabolites minimal suffisant pour
produire un ensemble de métabolites cibles. Pour cela les auteurs définissent un type de
molécules "continuellement disponibles" qui, lorsqu’ils sont présents dans un cycle et produits
par ce même cycle, pourront être produits en continu. Ainsi, dès qu’un cycle simple
est obtenu, l’ensemble des réactions de ce cycle est réalisable et l’ensemble des produits
de ce cycle est réellement produit. Dans les exemples précédents, dès que la molécule A
est présente dans le réseau, l’ensemble des réactions est dès lors atteignable et l’ensemble
des molécules impliquées est productible, peu importe la stœchiométrie des réactions. Si
la méthode Pitufo ne s’applique pas directement à complétion de réseaux métaboliques, la
sémantique de productibilité utilisée est intéressante à étudier dans ce cas.
2.5.2 Comparaison des différentes sémantiques
Nous l’avons vu, la productibilité semble dépendre grandement de la sémantique utilisée.
Pour clarifier ce point, nous allons ici comparer la productibilité de molécules dans
cinq exemples qui semblent correspondre à l’ensemble des cas possibles que l’on peut rencontrer.
Les métabolites sont représentés par des ronds et les réactions par des rectangles.
La stœchiométrie des réactions est indiquée sur les arêtes. Les molécules S correspondront
aux graines et les molécules T aux cibles. L’ensemble de ces cas a été préparé avec l’aide de
Sven Thiele et sont présentés en figure 2.9. Le résumé de la productibilité de ces différents
exemples est présenté dans la table 2.2. Dans un article de 2009 [dFSKF09], De Figueiredo
et ses collaborateurs présentent un cas réel de recherche de productibilité de métabolites,
le cycle de Krebs associé à la glycolyse/néoglucogénèse chez l’humain. Ils montrent dans
leur article que les méthodes basées sur une étude uniquement topologique de réseaux mé-
taboliques résultent habituellement en une sur-approximation des molécules considérées
comme productibles ces méthodes. Le réseau présenté en exemple dans cet article peut
être décomposé en les différents exemples suivants, montrant que la sémantique topologique
simple ne sur-approxime pas les résultats mais, à l’inverse, prédit certains métabolites
comme étant non productibles alors que les méthodes numériques les considèrent comme
productibles du fait de l’auto-alimentation du cycle.
TABLE 2.2: Résultat de productibilité des métabolites T à partir de S pour les exemples
présentés en figure 2.9.
Cas (a) (b) (c) (d) (e)
FBA Productible Non productible Productible Non productible Productible
Meneco Productible Non productible Non productible Non productible Non productible
Pitufo Productible Non productible Productible Productible Productible
Dans l’exemple 2.9 (a), le cas est simple. Nous avons une réaction qui transforme une
molécule graine en une molécule cible. Pour toutes les sémantiques utilisées, la cible sera
toujours productible.
Dans l’exemple 2.9 (b) pour pouvoir produire T , il faut être en présence de deux molé-
cules, S et C1. S étant une molécule graine, celle-ci est présente. En revanche C1 n’est pro-60 Complétion combinatoire de réseau métabolique
S
C1
r1
r2
C2
r3 T
1
1
2
1 1
1 1
S r1 T
1 1
S
C1
r1 T
1
1
1
S
C1
r1
r2
C2
r3 T
1
1
1
1 1
1 1
S
C1
r1
r2
C2
T
1
1
1
1
1
1
(a) (b)
(c)
(d) (e)
FIGURE 2.9: Exemples de réseaux métaboliques. Les cercles représentent les métabolites,
les rectangles représentent les réactions. Les chiffres sur les arcs représentent la stœchiométrie
des réactions. Les métabolites S correspondent aux sources et les métabolites T correspondent
aux cibles.Sémantique de productibilité 61
duite par aucune réaction et ne pourra donc pas être produite, impliquant une impossibilité
de produire T que ce soit en FBA, par Meneco ou en utilisant la sémantique Acuna - Sagot.
Nous rencontrons, dans le cas 2.9 (c), notre premier cycle et la première différence entre
Meneco et la FBA. Dans le cas présent, en FBA, la réaction r1 va produire deux molécules
de C2. La première va pouvoir être utilisée pour alimenter le cycle en C1 via la réaction r2
et la seconde pourra être utilisée par la réaction r3 pour produire T . À l’état stable et avec
uniquement une entrée de S dans le système, le métabolite cible pourra donc être produit.
En revanche en utilisant Meneco, pour produire C2, il faudra que S et C1 soient présents. Or
C1 ne peut être produit qu’à partir de C2, le cycle ne pourra donc jamais être amorcé et T ne
pourra jamais être produit. Une production de C1 à un autre endroit du réseau rendrait en
revanche le cycle actif et permettrait de produire T . En utilisant Acuna - Sagot, les métabolites
C1 et C2 sont "continuellement disponibles" et permettent donc aux réactions r1 et r2
de fonctionner, ce qui alimente la réaction r3 en substrat.
La différence entre le réseau 2.9 (d) et le précédent consiste en la production d’un seul
métabolite C2 par la réaction r1. Meneco ne prenant pas en compte la stœchiométrie des
réactions, T ne sera pas produit à partir de S ici non plus. En revanche nous avons une
différence en utilisant la FBA, étant donné qu’une seule molécule de C2 est produite, le mé-
tabolite C2 ne pourra plus, à la fois, entretenir le cycle et être utilisé par la réaction r3. T
ne sera donc pas non plus productible en FBA. D’après Acuna - Sagot, les métabolites C1 et
C2 sont disponibles et permettent donc d’alimenter r3 malgré la stœchiométrie qui devrait
interdire cela.
Enfin, dans l’exemple 2.9 (d), encore une fois la FBA donnera T comme productible
et Meneco considérera T comme non productible. En effet en FBA, à l’état stable, le cycle
se maintiendra de lui même par une entrée de S et la réaction R2 qui produit C1 + T ne
"consommera" pas de matière à proprement parlé. En revanche, pour que T soit productible
par Meneco, il faudra comme dans l’exemple précédent que C2 soit productible or
celui-ci étant produit par C1 +S, ce ne sera pas le cas car C1 nécessite C2 pour être produit.
Encore une fois, avec Acuna - Sagot,C1 etC2 sont "continuellement disponibles" entrainant
une productibilité de T par r2.
Cette étude des différents exemples d’analyses qualitatives indique que la sémantique
de productibilité utilisée par Meneco peut être vue comme une sur-approximation de la sé-
mantique quantitative. Une complétion basée sur ce critère sera globalement plus restrictive
étant donné qu’elle empêche d’alimenter des cycles par des métabolites internes. On
risque donc de créer des faux négatifs lors de l’identification des métabolites productibles.
Au contraire, la sémantique autorisant les alimentations de cycles par leurs métabolites
internes risque ici de produire des faux positifs. En effet en ne prenant pas en compte la stœ-
chiométrie des réactions, il y a de grandes chances de rendre productibles des métabolites
qui ne le sont pas réellement.
2.5.3 Comparaison des sémantiques qualitatives sur la complétion
Une implémentation en ASP de la complétion de réseaux métaboliques utilisant le critère
de productibilité topologique avec recyclage interne a été proposée par Sven Thiele.
Les solveurs ASP ne pouvant, pour le moment, utiliser que des valeurs entières, il n’a pas été
possible de tester une complétion s’appuyant sur une sémantique de productibilité par FBA.
Cependant des efforts sont actuellement réalisés pour intégrer la programmation MILP dans62 Complétion combinatoire de réseau métabolique
ces solveurs, ouvrant la voie à de futures recherches sur le sujet.
Pour mieux comprendre l’impact de la sémantique de productibilité, nous avons d’abord
considéré un critère de performance vis-à-vis de la taille de la base de référence. Les tests ont
donc été réalisés avec le jeu décrit dans la section 2.2, c’est-à-dire le même jeu de données
que celui utilisé pour tester l’amélioration de l’efficacité dû au changement de méthode de
recherche (Unclasp VS Clasp). Le programme ASP n’ayant pas été particulièrement optimisé,
nous n’allons pas comparer les temps de calcul mais uniquement les résultats obtenus,
et notamment le nombre de réactions à ajouter pour rendre tous les métabolites cible
productibles ainsi que l’union de ces complétions. La figure 2.10 présente la taille médiane
des optimaux et de l’union des solutions proposées par les complétions utilisant la sémantique
de Meneco et la sémantique topologique avec recyclage interne. La taille médiane de
l’union utilisant cette dernière sémantique, pour une base de données de taille 10.000, n’est
pas disponible, les calculs n’ayant pas terminés après deux semaines. D’autre part la répartition
statistique des unions des complétions est présentée en figure 2.11.
5000 6000 7000 8000 9000 10000
0
10
20
30
40
50
60
Union Acuna
Union Meneco
Optimaux Acuna
Optimaux Meneco
Taille de la base de données
Nombre de réactions
FIGURE 2.10: Tailles des solutions et de l’union des solutions selon la sémantique de
productibilité utilisée. Les croix correspondent aux expériences utilisant la productibilité
d’Acuna-Sagot, les carrés celle de Meneco. Les courbes noires correspondent à la taille des
optimaux, les courbes grises correspondent à la taille des unions. Il n’existe pas de valeur
pour l’union avec Acuna pour une base de données de 10.000 réactions, les calculs étant
trop long.
Comme nous pouvions nous y attendre, le changement du critère de complétion en
prenant en compte les cycles réduit énormément la taille de chacune des complétions. En
revanche nous pouvons remarquer que la taille de l’union des complétions est beaucoup
plus variable et reste dans le même ordre de grandeur si l’on prend les critères de productibilité
de Meneco ou de Pitufo. Cela pourrait être dû au fait que, avec ce critère de productibilité,
nous avons plus d’endroits possibles où réaliser la complétion. Pour étudier la
composition de ces unions, et comparer d’un point de vue qualitatif les deux complétions,Sémantique de productibilité 63 Taille de l'union Taille de l'union
Nombre de réactions Nombre de réactions
a) b)
FIGURE 2.11: Représentation de la répartition statistique des différentes complétions en
fonction de la taille de la base de données utilisée. La partie a) correspond à la complétion
utilisant la sémantique proposée par Acuna et Sagot, la partie droite correspond à la complétion
utilisée par Meneco. Les boites correspondent à la taille du premier et du troisième
quartile, la ligne centrale correspond à la moyenne et les barres correspondent aux valeurs
extrêmes.
nous avons donc regardé la composition de l’intersection des complétions. Ces intersections
sont en accord avec cette hypothèse, celles-ci étant souvent de taille nulle et toujours
de taille inférieure à deux. Il y a donc extrêmement peu de redondance lorsqu’on complète
un réseau avec une sémantique autorisant les cycles, au contraire d’une sémantique topologique
simple où les complétions se recoupent énormément (cf figure 2.5).
Les complétions réalisées en utilisant la sémantique de productibilité topologique avec
recyclage semblent donc être des complétions petites en taille et distribuées à plusieurs
endroit du réseau. Cela est supporté par le fait que les complétions minimales sont de petite
taille par rapport à celles proposées par la sémantique de Meneco (2.10) , alors que les
unions de complétions sont de taille similaire pour les deux sémantiques. De plus, le fait que
l’intersection des complétions réalisées avec cette sémantique soit très petite voire nulle indique
une complétion répartie en plusieurs endroits du réseau. À l’inverse les complétions
réalisées par Meneco semblent beaucoup plus "stables" avec des optimaux de plus grande
taille, un cœur de réactions représenté par les intersections de grande taille également et
une union petite comparée à la taille des optimaux (2.10).
D’un point de vue biologique, il semble plus logique d’utiliser une méthode complétant
le réseau métabolique à un endroit précis avec différentes possibilités pour finir cette complétion
(comme cela est le cas avec Meneco), plutôt que de compléter un réseau à beaucoup
d’endroits différents (comme cela semble être le cas avec la sémantique topologique avec
recyclage).
Enfin du point de vue de l’efficacité informatique, ce dernier critère de productibilité
s’avère beaucoup plus long à calculer, étant donné qu’il y a beaucoup plus d’endroits diffé-
rents à compléter. Concrètement, pour des bases de données à plus de 10000 réactions, les
calculs de complétions selon la sémantique de Acuna-Sagot ne terminent pas en un temps
raisonnable (plusieurs jours de calculs nécessaires).
Dans la suite du document, nous nous sommes donc concentrés sur l’utilisation de la
sémantique de Meneco. Cependant, il faut garder à l’esprit que, une fois résolu la question64 Complétion combinatoire de réseau métabolique
des performances pour le calcul des complétions avec la sémantique topologique avec recyclage,
il sera intéressant d’en utiliser les résultats pour proposer des réactions complémentaires
pour la complétion des effets de cycles. Ce point sera rediscuté en perspectives.
2.5.4 Fonctionnalité des complétions qualitatives
Il reste maintenant à étudier les pertes de fonctionnalité induites par le fait d’utiliser
une méthode qualitative. En effet, si la complétion basée sur un point de vue topologique
nous permet d’obtenir des résultats précis et rapides, il n’est pas évident que ceux-ci soient
corrects d’un point de vue fonctionnel et numérique.
Il a donc été choisi de comparer les résultats de complétion obtenus d’un point de vue
"topologique" à des méthodes numériques basées sur l’analyse en balance de flux (ou Flux
Balance Analysis, FBA) et l’analyse par variabilité de flux (ou Flux Variability Analysis, FVA).
Les jeux de test s’appuyant sur un réseau d’E. Coli sont décrits en partie 2.2.3.
Une fois les réseaux métaboliques dégradés, la phase de reconstruction est réalisée en
utilisant Meneco. La base de données de réactions utilisée correspond au réseau non dé-
gradé. Les graines correspondent aux métabolites pouvant être importés dans le modèle
et les cibles correspondent aux métabolites de la fonction de biomasse qui peuvent être
produits topologiquement à partir des graines. La complétion est réalisée avec Meneco de
manière à obtenir l’union des solutions optimales.
L’analyse de la qualité de la complétion se basera sur les différentes classes de réactions
définies en FVA : les réactions obligatoires, bloquées et alternatives. En effet, la complétion
devant être minimale mais rester fonctionnelle, une complétion "parfaite" correspondrait
à un ajout de l’ensemble des réactions obligatoires, aucune réaction bloquée et une faible
proportion de réactions alternatives.
La figure 2.12 présente les résultats globaux de cette analyse.
Nous remarquons que, globalement, les reconstructions ont bien fonctionné. À 10% de
dégradations, nous ajouterons l’ensemble des réactions obligatoires dans le réseau dans
88% des cas . À 20% de dégradation, nous ajouterons toujours l’ensemble des réactions obligatoires
ayant été retirées du réseau dans 87% des cas. À 40% de dégradation ce pourcentage
descend à 65% et 57% à 40% de dégradation. Ainsi, assez logiquement, plus le réseau a été
détérioré, plus il est compliqué de le compléter d’un point de vue fonctionnel.
Il en va de même pour les réactions bloquées. Dans ce cas plus le réseau sera détérioré
plus le nombre de réactions bloquées que l’on rajoutera lors de la complétion sera élevé.
Nous l’avons mentionné précédemment, une complétion "parfaite" correspondrait à
une complétion contenant 100% des réactions obligatoires ayant été retirées et aucun ajout
de réaction bloquée n’aurait été effectuée. C’est le cas dans 47% des complétions réalisées
avec une dégradation à 10%.
Concernant les réactions alternatives, nous remarquons que la proportion ajoutée augmente
légèrement avec la dégradation, tout en restant très faible. Ce faible nombre valide le
choix de rechercher des complétions minimales en taille que nous avions fait. Le fait que la
proportion augmente avec le pourcentage de dégradation s’explique probablement par le
fait que nous considérons l’union des solutions minimales. En effet, une forte dégradation
du réseau revient à retirer des réactions un peu partout dans le réseau. Meneco risque alors
de trouver un grand nombre d’endroits à compléter de manière minimale ce qui agrandira
la taille de l’union des complétions minimales.Sémantique de productibilité 65 Pourcentage de réactions retrouvées
Obligatoires Bloquées Alternatives
dégradation : 10%
dégradation : 20%
dégradation : 30%
dégradation : 40%
FIGURE 2.12: Distribution des pourcentages de réactions rajoutées aux réseaux dégradés
selon les différentes classes de réactions et le pourcentage de dégradation. Les boites représentent
l’espace interquartile, les moustaches représentent 1.5 espace interquartile. Les
ronds représentent les valeurs extrêmes sûres (vides) ou potentielles (pleins).66 Complétion combinatoire de réseau métabolique
Nous avons également étudié, pour chacune des 90 fonctions objectives définies, ce
qu’il se passe si nous essayons de compléter un réseau vide à l’aide du réseau initial d’E.
coli. Cela correspondrait à une dégradation de 100% du réseau. Nous allons ainsi identifier,
dans le réseau initial, uniquement les réactions nécessaires à la production de biomasse.
De manière globale sur l’ensemble des fonctions objectives étudiées, nous retrouvons
ainsi 94% des réactions obligatoires, 5% de réactions bloquées et 14% de réactions alternatives.
La figure 2.13 représente la distribution statistique sur l’ensemble des 90 fonctions
objectives. Pourcentage de réactions retrouvées
Classes des réactions
Obligatoires Bloquées Alternatives
FIGURE 2.13: Distribution des pourcentages de réactions rajoutées au réseau vide selon
les différentes classes de réactions. Les boites représentent l’espace interquartile, les moustaches
représentent 1.5 espace interquartile. Les ronds représentent les valeurs extrêmes
sûres (vides) ou potentielles (pleins). Les réactions essentielles à la production de biomasse
(au sens de la FVA) sont représentées en bleu, les réactions bloquées qui ne possédent jamais
aucun flux non nul en FVA sont représentées en violet, les réactions alternatives pouvant
posséder un flux nul ou non nul lors d’optimisation de la fonction objective sont repré-
sentées en jaune.
Il est intéressant de remarquer que dans la majorité des réseaux ainsi reconstruits, une
réaction obligatoire manque. Il s’agit de la réaction irréversible appelée "inorganic diphosphatase"
qui correspond à la réaction H2O + d i phosphate → H
+ + phosphate. Cette ré-
action peut être importante d’un point de vue quantitatif pour produire le phosphate qui
sera consommé dans énormément de réactions. En revanche d’un point de vue topologique
simple cette réaction n’est pas obligatoire, d’autres réactions existant déjà permettant de
produire du phosphate.conclusion 67
2.6 conclusion
Au cours de ce chapitre nous avons étudié la pertinence de la complétion d’une ébauche
métabolique d’un point de vue combinatoire vis-à-vis d’une complétion quantitative. Nous
avons montré la grande efficacité en terme de temps de calcul de la résolution du problème
combinatoire à l’aide d’une approche déclarative (programmation par ensembles-réponses
- ASP), notamment en utilisant un nouveau solveur ASP qui a permis d’accélérer grandement
les calculs, tout en changeant la modélisation existante précédemment pour mieux
prendre en compte la réalité biologique du modèle.
Nous avons également montré que cette complétion topologique d’un réseau métabolique,
si elle relâche des contraintes par rapport à une étude quantitative prenant en compte
la stœchiométrie des réactions, donne de très bons résultats en pratique. Cette complétion
topologique pourrait être améliorée dans la suite en prenant en compte une sémantique topologique
avec recyclage interne qui semble proposer des résultats complémentaires que
sémantique topologique simple. Pour arriver à intégrer cette sémantique il faudrait tout
d’abord résoudre le problème combinatoire associé de manière suffisamment efficace pour
pouvoir utiliser des bases de données de réactions de grande taille.
Ce problème combinatoire de complétion de réseaux métaboliques étant résolu, nous
nous sommes attelés à l’intégrer dans un pipeline global de reconstruction de réseaux mé-
taboliques qui sera présenté dans le chapitre suivant.68 Complétion combinatoire de réseau métaboliqueChapitre 3
Pipeline de reconstruction de réseaux
à partir de données hétérogènes
Dans ce chapitre nous allons étudier plus précisément le processus global de reconstruction
de réseau métabolique que nous proposons. Ce processus est décomposé en différentes
étapes, chacune possédant des spécificités propres que nous expliciterons, notamment
dans le cas de la reconstruction de réseaux métaboliques chez des espèces non classiques.
Cette thèse se concentrant plus particulièrement sur la reconstruction du réseau
métabolique d’Ectocarpus siliculosus, nous allons prendre cet organisme comme exemple
d’application durant tout ce chapitre.
Ces travaux ont été décrits dans la publication [PCD+14] et présentés sous forme de
poster à ECCB 2014. L’application de ces méthodes est également en cours sur d’autres espèces
: bactéries associées à l’espèce Ectocarpus d’eau douce [DET14], micro-algues vertes,
protistes, etc.
3.1 Modèle d’application : Ectocarpus siliculosus
Le réseau test sur lequel nous avons testé les différentes méthodes de reconstruction
puis proposé des améliorations est le réseau métabolique d’Ectocarpus siliculosus, l’organisme
modèle pour l’étude de la biologie des algues brunes [HCP+10]. Sur ce modèle, biologique,
différentes sources d’informations sont disponibles.
Génome Les algues brunes sont des straménopiles jouant un rôle important dans la zone
intertidale. Le génome d’E. siliculosus ayant été séquencé et annoté en 2010. Ce génome
est constitué de 1.561 supercontigs (ou scaffolds) de plus de 2.000 paires de bases. 97,4%
des séquences d’ARN messagers précédemment séquencés sont retrouvés dans ce génome,
indiquant une bonne couverture du séquençage réalisé. Durant tout ce chapitre, le terme
"annotation" consistera en l’annotation fonctionnelle du produit d’un gène et non de la recherche
de modèles de gènes dans le génome. Les annotations du génome d’Ectocarpus
siliculosus sont une combinaison d’annotations automatiques, réalisée avec le logiciel EuGene,
et manuelles [CSR+10]. On a à disposition des numéros EC, des termes GO, des noms
de fonctions, de domaine et les séquences protéiques. Tout cela est disponible via une interface
web sur le site ORCAE (http://bioinformatics.psb.ugent.be/orcae/overview/
6970 Pipeline de reconstruction de réseaux à partir de données hétérogènes
Ectsi) qui est régulièrement mis à jour avec de nouvelles annotations fonctionnelles de
gènes. Pour la reconstruction du réseau, l’ensemble des données a été téléchargé à partir
ce site web le 21 juin 2013. Ces informations vont constituer une première sources pour
reconstituer le réseau métabolique d’Ectocarpus siliculosus.
Réseau métabolique de référence En complément aux annotations du génome d’Ectocarpus
siliculosus, pour exploiter les méthodes de reconstruction de réseau métabolique s’appuyant
sur un réseau de référence, nous avons recherché un réseau métabolique de bonne
qualité (incluant une curation manuelle étendue) et pas trop éloigné phylogénétiquement
parlant de l’espèce étudiée. Nous avons choisi d’utiliser le réseau réseau métabolique d’Arabidopsis
thaliana, AraGEM [dODQP+09], un réseau global qui satisfait les critères listés pré-
cédemment. Ce choix a été réalisé car, au moment de la réalisation de l’étude, ce réseau était
le plus complet des réseaux d’Arabidopsis thaliana. Il est composé de 1.567 réactions et
1.748 métabolites. Ce réseau a été reconstruit en se basant sur des études bibliographiques
et un réseau précédent et a été réalisé en utilisant les identifiants présents dans KEGG. Il eut
été plus aisé pour la suite de l’étude d’utiliser le réseau AraCyc [MZR03] étant donné que
les identifiants auraient été les mêmes entre notre réseau métabolique, basé sur la base de
données MetaCyc, et ce réseau basé sur la même base de données. Cependant le réseau AraGEM
a été choisi pour sa plus grande qualité, il intègre en effet la plupart des informations
contenues dans AraCyc, une curation manuelle étendue ayant été réalisée en plus.
Définition du milieu de culture Ectocarpus siliculosus est un organisme vivant dans de
l’eau de mer. L’identification de l’ensemble des métabolites présents dans ce milieu de croissance
étant compliquée, nous avons choisi de prendre comme milieu de croissance l’eau de
mer artificielle utilisée en laboratoire pour cultiver cette algue. Il s’agit d’un milieu de culture
nommé Provasoli et dont la composition est détaillée en annexe A dans la colonne "Graines"
en association avec quelques cofacteurs. Ce Provasoli contient essentiellement des ions, du
nitrate et des vitamines.
Profilage métabolique Des données de profilage métabolique ont été obtenues au cours
de plusieurs études [TEP+11] et ont permis d’identifier 51 métabolites que l’on sait être productibles
par l’algue (des acides aminés, des acides gras, des sucres, et des polyalcools). Ces
métabolites sont listés en annexe A.
La productibilité de ces métabolites par le réseau métabolique sera le critère principal
de validation de la fonctionnalité du réseau. Cependant, en étudiant la base de données
MetaCyc v17.0 nous nous sommes aperçus que trois d’entre eux (l’acide eicosadienoique,
l’acide docosanoique et l’acide erucique) n’étaient produits par aucune réaction de cette
base de données. En revanche, deux réactions de KEGG (R08190 et R08184) permettent la
production de l’acide eicosadienoique et de l’acide docosanoique mais n’était pas présentes
dans la base MetaCyc. Ces deux réactions ont donc été ajoutées à la base de données de
référence. Au final, 50 métabolites, parmi les 51 caractérisés chez Ectocarpus siliculosus,
doivent être productibles par le réseau.
Critères de fonctionnalité Dans ce but, nous avons utilisé Meneco pour vérifier que ces
cibles étaient productibles à partir des métabolites graines (milieu de culture), selon la sé-
mantique décrite au chapitre 2. Etant donné les limites discutées précédemment de ce cri-Construction d’une ébauche du réseau : gestion des données hétérogènes 71
tère qualitatif de productibilité, après la reconstruction globale du réseau, nous avons vérifié
que ces métabolites étaient aussi productibles d’un point de vu quantitatif (FBA). Cette vé-
rification quantitative n’a été effectuée qu’à la fin de la complétion du réseau pour plusieurs
raisons. Tout d’abord il nous a semblé plus naturel d’effectuer une analyse topologique du
réseau avant de s’intéresser aux détails liés à la stœchiométrie des réactions. De plus nous
avons intuité que les cycles métaboliques les plus importants du réseau ont été reconstruits
lors de la toute première étape de reconstruction du réseau métabolique, les gènes "importants"
dans le métabolisme ayant souvent été bien annotés manuellement. D’autre part ASP
ne permet pas, actuellement, de réaliser des calculs sur l’ensemble des chiffres réels mais
uniquement sur les entiers, rendant difficile voir impossible le fait de tester la productibilité
de molécules selon des critères quantitatifs tout en profitant de la très grande efficacité des
solveurs ASP.
Données transcriptomiques Enfin, nous possédons des données de transcriptomique et
protéomique [TEP+11] qui permettront de valider certaines prédictions de réactions métaboliques
intégrées dans le réseau.
3.2 Construction d’une ébauche du réseau : gestion des données
hétérogènes
3.2.1 Reconstruction à partir des annotations
L’exploitation des annotations a nécessité un prétraitement important et fastidieux. En
effet, les annotations de gènes étaient uniquement disponibles en ligne sous forme de pages
html, avec une page par gène. L’ensemble de ces pages est accessible à l’adresse http://
bioinformatics.psb.ugent.be/orcae/overview/Ectsi. Ces annotations proviennent
en grande majorité de recherches de fonctions réalisées manuellement. Les pages pour
chaque gène ont donc été créées manuellement et ne sont pas du tout homogènes. Certaines
contiennent des informations très précises avec le numéro E.C., des données ontologiques
en lien avec GO, des liens vers des réactions présentes dans KEGG, un nom précis
et un nom générique, une description précise du gène ou encore une descriptions des différents
domaines protéiques retrouvés à partir de la séquence de la protéine prédite. Pour
d’autres pages seul un nom de gène plus ou moins précis et non normalisé sera disponible.
Il a donc fallu recueillir les différentes informations disponibles au niveau de l’annotation
pour pouvoir faire le tri entre les plus précises et celles pouvant être laissées de coté. L’accès
direct à la base de données regroupant toutes ces informations nous ayant été refusé, le
choix a été fait de télécharger l’ensemble des pages HTML regroupant les annotations et de
parser ces fichiers à l’aide de scripts spécialement créés pour l’occasion. Cela a également
permis de créer directement des fichiers dans le bon format pour permettre une intégration
directe dans la suite de logiciels Pathway tools qui nécessite d’avoir soit des fichiers
"maison" contenant l’ensemble des informations disponibles, soit directement des fichiers
GeneBank.
La version 17.0 du logiciel Pathway Tools [KPR02] a été utilisée pour la reconstruction
du draft du réseau métabolique d’E. siliculosus à partir des annotations obtenues sur le site
internet ORCAE. Ce logiciel permet d’interpréter l’ensemble des informations disponibles
dans les annotations pour retrouver quelle(s) réaction(s) de la base de données MetaCyc72 Pipeline de reconstruction de réseaux à partir de données hétérogènes
(version 17.0) correspond à quelle(s) annotation(s). Le choix s’est basé sur ce logiciel de par
sa forte complémentarité avec la base de données MetaCyc et son efficacité dans la gestion
d’annotations peu précises, comme lorsque l’on a uniquement le nom d’un gène par
exemple.
Cela a permis de reconstruire un premier draft métabolique que l’on nommera EctoGEMannot
contenant 1677 réactions et 1889 métabolites.
Comme expliqué précédemment, Meneco permet de vérifier la productibilité des 50 mé-
tabolites cibles à partir du milieu de culture. Le réseau EctoGEM-annot est capable de produire
25 de ces 50 cibles.
Cela suggère que les annotations du génome ne suffisent pas à reconstruire un réseau
métabolique fonctionnel. On peut par exemple citer les enzymes appelées "élongases" qui
permettent de produire des acides gras poly-insaturés. Celles-ci ne sont annotées que partiellement
du fait de la difficulté d’établir leur spécificité à partir seulement de la séquence
protéique. Par conséquent, aucun numéro EC ne leur est attribué, et les réactions associées
n’ont pas pu être ajoutées au réseau.
3.2.2 Reconstruction à partir d’un réseau métabolique de réference
Une seconde ébauche de réseau métabolique a été reconstruite en n’utilisant plus l’expertise
manuelle des spécialistes sur les annotations mais en considérant l’expertise manuelle
des spécialistes sur la reconstruction de réseaux métaboliques. L’ensemble des protéines
codant pour les réactions contenues dans le réseau métabolique d’Arabidopsis thaliana,
AraGEM [dQP+10b], ont ainsi été identifiées. Une recherche d’orthologie a ensuite
été effectuée entre ces protéines et les protéines prédites chez l’algue brune afin d’extrapoler
ces résultats d’orthologie à l’ajout de réactions dans l’ébauche. Cette recherche a été
effectuée par les outils InParanoid (version 4.1) [RSS01] et OrthoMCL (version 2.0.9) [LSR03]
puis ces résultats ont été combinés en utilisant le logiciel Pantograph (version 0.1.1) [NL13].
L’ébauche métabolique obtenue, appelée EctoGEM-ortho, est composée de 786 réactions
et 1767 métabolites. Meneco indique que le réseau EctoGEM-ortho n’est capable de
produire aucun des métabolites d’intérêt. Ceci s’explique probablement par la distance phylogénétique
entre Ectocarpus siliculosus et Arabidopsis thaliana, qui a rendu la recherche
d’orthologues difficile.
3.2.3 Complémentarité des deux réseaux : outils pour leur fusion
Une fois EctoGEM-annot et EctoGEM-ortho construits, nous avons choisi de fusionner
l’ensemble des deux réseaux pour profiter à la fois de la qualité des annotations manuelles
réalisées sur le génome et de la qualité de la reconstruction manuelle réalisée avec le ré-
seau métabolique d’Arabidopsis thaliana. Les deux réseaux ont été fusionnés en un réseau
appelé EctoGEM-combined.
Fusionner deux réseaux métaboliques créés à partir de bases de données de réactions
différentes est particulièrement difficile pour une raison simple, les identifiants des réactions
et des métabolites ne seront pas les mêmes dans les deux bases de données. Pour
résoudre ce problème et réussir à faire correspondre les identifiants de deux métabolites ou
de deux réactions identiques, deux outils ont été créés par Guillaume Collet. MeMap transforme
chaque identifiant de réaction provenant de MetaCyc (ou possédant un lien depuisComplétion 73
MetaCyc vers une autre base de données) en un identifiant interne. MeMerge fusionne ensuite
simplement les différents réseaux qui possèdent désormais des identifiants communs.
Pour réussir à faire correspondre les différents identifiants, ces outils utilisent largement
les informations contenues dans la base de données MetaCyc. En effet, cette base de données
a l’intérêt énorme de posséder beaucoup de lien entre chaque entité existante et les
mêmes entités dans d’autres bases de données. Quand un lien direct existe depuis une ré-
action présente dans MetaCyc vers une réaction présente dans Kegg, cette association est
assez aisée à trouver. Quand ce n’est pas le cas, nous allons pouvoir travailler au niveau
des métabolites, en considérant que deux réactions possédant les mêmes réactants et les
mêmes produits, il est raisonnable de considérer qu’il s’agit d’une réaction unique. Là encore
le lien entre les métabolites pourra se faire directement depuis MetaCyc vers Kegg à
l’aide des références croisées entre ces deux bases de données, ou en passant par une base
de données intermédiaire spécialisée dans les molécules biochimiques, ChEBI [DdME+08].
Cette base de données contiendra la composition chimique des molécules, des liens externes
vers d’autres bases de données mais surtout les synonymes qu’auront les molécules.
Ces synonymes permettront de faire le lien entre les molécules présentes dans les diffé-
rentes bases de données et donc le lien entre les réactions.
Le réseau EctoGEM-annot contient désormais 1785 réactions et 1981 métabolites.
Nous pouvons donc considérer que la recherche d’orthologues a permis d’ajouter 108
réactions par rapport aux annotations, ce qui prouve l’intérêt de cette seconde étape. En
revanche, l’ajout de ces réactions n’a rien changé pour la fonctionnalité du réseau ; vis à vis
des 50 métabolites d’intérêt, nous avons toujours 25 d’entre eux qui ne peuvent pas être
produits.
3.2.4 Conclusion
Ces deux reconstructions d’ébauches métaboliques et leur association ont permis d’utiliser
la majorité des informations disponibles dans le génome de l’espèce étudiée. Il en ressort
que ces informations ne sont pas suffisantes pour reconstruire un réseau métabolique
fonctionnel, lorsque nous sommes en présence d’espèces non classiques et éloignées phylogénétiquement
des espèces modèles classiques. Cela est en partie dû au fait que nous nous
retrouvons en permanence face à des problèmes de formalisation des données biologiques,
des problèmes d’unification d’identifiants entre différentes bases de données, etc. Le développement
d’approches de réconciliation efficaces va rapidement devenir nécessaire pour
éviter la perte d’information et la multiplication de réseaux métaboliques possédant chacun
leurs propres conventions de nommage des identifiants de réactions ou de métabolites.
3.3 Complétion
3.3.1 Identification de réactions à ajouter
Seuls 25 des 50 métabolites d’intérêt pouvant être produits par le réseau résultant de
la fusion des deux ébauches métaboliques, il semble donc évident que certaines réactions
manquent dans le réseau. Le logiciel Meneco va être utilisé une fois de plus. Ici nous ne nous
contenterons pas de vérifier la productibilité de molécules, mais nous allons nous servir de
la seconde fonctionnalité de Meneco qui consiste en la résolution du problème combina-74 Pipeline de reconstruction de réseaux à partir de données hétérogènes
toire traité au chapitre 2. Pour cela, nous avons besoin de quatre sources de données diffé-
rentes :
– Un draft métabolique : le réseau provenant de la fusion précédente
– Une base de données de réactions métaboliques : MetaCyc 17.0
– Une liste de métabolites graines : les molécules entrant dans la composition de
l’eau de mer artificielle
– Une liste de métabolites cibles : une liste de 51 métabolites identifiés par diffé-
rentes techniques biologiques
En suivant un principe de parcimonie, Meneco va calculer le nombre minimal de réactions
provenant de la base de données à ajouter au réseau pour permettre la production
des métabolites cibles à partir des métabolites graines. Étant donné que l’on peut considérer
que les cofacteurs sont présents (au moins en quantité infime) dans toutes les cellules
d’un organisme et qu’ils ne peuvent être créés à partir de rien, nous avons choisi de
rajouter ces molécules nécessaires à la plupart des réactions dans les métabolites graines.
Cette approche est en total accord avec les méthodes classiques de modélisations de ré-
seaux métaboliques basées sur une étude topologique des réseaux [HE07]. Meneco va ainsi
nous indiquer les métabolites cibles ne pouvant pas être produits à partir du réseau et des
métabolites graines. Si ce nombre est non nul, on calculera le nombre minimal de réactions
à ajouter au réseau, et on listera l’ensemble des groupes de réactions de taille minimale qui
pourront compléter le réseau. Nous pouvons également obtenir l’union et l’intersection de
ces sets minimaux de réactions.
Le logiciel Meneco a donc été utilisé pour calculer le nombre minimal de réactions à
ajouter dans le modèle pour permettre la production de l’ensemble des 50 métabolites
cibles (c’est à dire les réactions à ajouter pour produire les 25 autres métabolites). La base
de données considérée pour identifier les réactions à rajouter est MetaCyc, à laquelle nous
avons ajouté les deux réactions de KEGG précédemment citées. Il est ressorti de cette étude
que l’ajout de 44 réactions au moins suffit à rétablir la connectivité du réseau vis à vis des 50
métabolites étudiés. Il existe 4320 ensembles de 44 réactions qui permettent de faire cela.
L’union de ces 4320 solutions toutes différentes est formée de 60 réactions, signe d’un très
grand chevauchement des solutions.
Les améliorations de Meneco présentées dans le chapitre 2, qu’elles concernent l’inté-
gration de la réversibilité des réactions dans la modélisation ou le changement de solveur,
ont montré leur intérêt pour permettre de réaliser la complétion en un temps raisonnable.
Cependant le nombre de solutions proposées est assez important et nécessite un filtrage qui
dépasse les questions purement combinatoires posées précédemment.
3.3.2 Filtrage par analyse sémantique
Pour étudier ce chevauchement nous avons réalisé une étude sémantique des diffé-
rentes solutions pour observer l’importance de ces réactions vis à vis de la fonctionnalité.
En effet certaines réactions vont être mutuellement exclusives les unes des autres car
jamais présentes ensemble dans groupe de réactions. En analysant sémantiquement ces
réactions et en étudiant les termes GO associés, nous pouvons identifier certaines réactions
qui seraient représentatives d’un ensemble de réactions mutuellement exclusives. Pour cela
les ancêtres ontologiques des termes GO ont été étudiés, en vu de réduire la taille de l’union
des ensembles de réactions.Complétion 75
Nous pouvons les classer en deux groupes : celles qui interviennent dans toutes les solutions
(35), et celles n’étant pas ubiquitaires (25). Ces 25 réactions ont été divisées en sept
cliques mutuellement exclusives (figure 3.1), et un groupe de quatre réactions avec trois incompatibilités
deux à deux. Dans une clique de 4 réactions mutuellement exclusives, par
exemple, dès que l’on a une réaction, nous ne pourrons pas avoir les trois autres dans la
même solution. Chacune des 4320 solutions sera donc formée des 35 réactions ubiquitaires,
d’une des réactions de cliques et de deux réactions du dernier groupe de quatre. Nous avons
donc eu l’intuition que certaines réactions étaient équivalentes, notamment au cœur des
cliques.
Dihydrofolatesynth-RXN
H2neopterinaldol-RXN
RXN-9655
...
35 ubiquitous
reactions
RXN-9549
RXN3O-9780
1/2 reactions
Phosphoglycerate-phosphatase-RXN
Glycerol-dehydrogenase-NADP+-RXN
3-phosphoglycerate-phosphatase-RXN
2/3 reactions
Fatty-acid-synthase-RXN
Fatty-acyl-CoA-synthase-RXN
RXN-12766
1/3 reactions
ACP-S-acetyltransfer-RXN 1/3 reactions
RXN-2361
2.3.1.180-RXN
Adenylylsulfate-reductase-RXN
1 reaction
RXN-8389
1 reaction
RXN-961
Glyoxylate-reductase-NADP+-RXN
Glycolate-reductase-RXN
Glycolald-dehydrog-RXN
1/4 reactions
1/2
pairs of reactions
RXN-9634 + RXN3O-5304
EctoGEM-combined RXN-9634 + RXN-9543
1,785 reactions
1,981 compounds
FIGURE 3.1: Composition des 432 ensembles de 44 réactions candidates à la complétion
pour permettre la productibilité des 50 cibles. Chaque ensemble de réactions peut être
décomposé en un ensemble de 35 réactions présentes partout auquel nous ajoutons une
réaction de chaque groupe représenté, deux réactions du groupe représenté en haut à
gauche et une paire de deux réactions.
Si des cliques contiennent des réactions équivalentes, nous aurons la possibilité de choisir
une ou l’autre des réactions de la clique pour limiter l’ajout de réactions non supportées
par des preuves biologiques et aussi le nombre de solutions différentes. Cette procédure
a permis d’enlever 5 réactions différentes du réseau, qui possédaient déjà leur équivalent,
amenant le nombre de solutions différentes de 4320 à 432. Nous avons ajouté ces 55 réactions
au réseau précédent pour obtenir EctoGEM-functional, qui contient 1840 réactions et
2004 métabolites, et permettent de produire les 50 métabolites identifiés.
3.3.3 Compartimentation
Les annotations du génome d’Ectocarpus siliculosus contiennent une information qui
n’a pas été prise en compte jusqu’à présent : une prédiction de localisation des protéines
effectuée par l’outil HECTAR [GGC08], développé spécifiquement pour les protéines pré-
sentes chez les hétérokontes. Cette information a été prise en compte en fin de reconstruction
pour définir une localisation supposée de certaines enzymes, bien qu’aucune validation
expérimentale n’ai été réalisée chez aucune algue brune à ce jour. D’autre part les
gènes présents dans le génome mitochondrial et chloroplastique d’Ectocarpus siliculosus
ont également servi à prédire la localisation de certaines protéines.76 Pipeline de reconstruction de réseaux à partir de données hétérogènes
3.4 Curation manuelle du réseau
Afin de valider la reconstruction automatique du réseau métabolique d’Ectocarpus siliculosus
et d’étudier sa complétude, nous avons effectué une curation manuelle du réseau.
Cette curation est basée sur une étude bibliographique par des experts et une étude des pro-
fils HMMs pour évaluer l’existence de gènes candidats dans le génome de l’algue. Une attention
toute particulière a été apportée aux réactions supportées ni par leurs annotations,
ni par des données d’orthologie. Celles-ci sont en effet la cible privilégiée pour de nouvelles
annotations géniques amenant à de futures validations fonctionnelles.
3.4.1 Score pour chaque réaction
Pour chaque réaction ajoutée dans le réseau, l’ensemble des enzymes connues dans
l’arbre du vivant qui codent pour cette réaction particulière à partir de la base de données
ExPASy-ENZYME (http://enzyme.expasy.org/) ont été recherchées. Ces séquences
enzymatiques ont été alignées par ClustalO (http://www.clustal.org/omega) puis des
profils HMMs ont été créés pour chaque réaction avec la suite logicielle HMMER (http:
//hmmer.janelia.org version 3.0). La même suite logicielle a été utilisée pour rechercher
des séquences correspondantes au profil dans l’ensemble des séquences protéiques
prédites par le génome d’Ectocarpus siliculosus. Lorsque nous avons obtenu une e-value
≤ 10−15, nous avons considéré le match comme étant suffisamment sûr pour être présenté
aux biologistes pour une éventuelle étude manuelle.
3.4.2 Identification de faux positifs
Parmi ces réactions ne possédant aucune base génétique, nous pouvons citer les réactions
ajoutées par Pathway Tools dans le réseau. En effet, lors de la reconstruction initiale,
Pathway Tools identifie des voies métaboliques qu’il considère comme étant présentes dans
le réseau, que celles-ci soient complètes ou non. Ainsi, pour une voie métaboliques donnée,
s’il manque une seule réaction de cette voie, Pathway Tools va probablement ajouter cette
réaction au réseau sans associer aucune enzyme. L’ajout de réactions dépendra à la fois de
la proportion de réactions manquantes dans une voie donnée et du nombre de voies différentes
dans lesquelles sont impliquées les réactions identifiées comme présentes. Ainsi
une voie métabolique composée de trois réactions, dont deux ont été retrouvées pourra
être considérée comme présente, si ces deux réactions n’interviennent que dans cette voie
métabolique, ou absente si ces deux réactions sont associées à de nombreuses voies dans la
base de données.
Étant donné la grande distance phylogénétique existant entre Ectocarpus siliculosus
et les espèces présentes dans MetaCyc, Pathway Tools risque d’inclure un grand nombre
de faux positifs. Nous pouvons prendre comme exemple la première voie de dégradation
du glycogène (glycocat-PWY dans MetaCyc) formée de sept réactions et considérée comme
complète dans EctoGEM-annot. Seules trois des réactions sont supportées par des annotations
de gènes (numéros E.C. : 2.1.7.1.2, 5.4.2.2 et 3.2.1.20). Deux de ces réactions sont
impliquées dans plusieurs autres voies métaboliques comme la dégradation du glucose,
du glucose-1-phosphate ou encore de l’amidon. La troisième (3.2.1.20) correspond à une
alpha-glucosidase dont la spécificité basée uniquement sur de l’homologie de séquence est
difficile à déterminer. Il reste quatre réactions ajoutées par Pathway Tools qui sont très pro-Curation manuelle du réseau 77
bablement des faux positifs. Des cas similaires ont été rencontrés dans d’autres voies métaboliques
associées au métabolisme des acides aminés. Ces faux positifs ont été identifiés et
retirés lors de l’étape de curation manuelle.
3.4.3 Ajout de réactions spécifiques
La curation manuelle a également été utilisée pour rajouter des réactions pour lesquelles
les annotations étaient incomplètes et les recherches d’orthologie insuffisantes. On peut par
exemple citer l’exemple de la réaction correspondant à la 3-phosphoglycérate-phosphatase,
catalysée par une "Purple Acid Phosphatase" (PAP) qui produit du phosphate et du glycé-
rate. Les PAPs sont présentes chez la plupart des eucaryotes, même si les orthologues entre
plantes et animaux sont assez éloignés. Aucun gène correspondant aux PAPs n’avait été annoté
dans le génome, mais une recherche manuelle a montré que le gène Esi0000_0474 est
un bon candidat. Un autre exemple concerne le gène Esi0002_0097. Pathway Tools a considéré
qu’une réaction correspondant à une phosphoglycérate-phosphatase devait être pré-
sente comme alternative à la production de glycérate, catalysée par une phosphatase alkaline.
Le gène Esi0002_0097 est un excellent candidat pour cette enzyme comme le montre
les analyses HMMs notamment.
La reconstruction basée sur les analyses d’orthologie apporte également son lot d’informations.
On peut par exemple citer deux enzymes, la diamine oxydase (gène Esi0076_0063)
et l’alanine aminotransférase (gène Esi0008_0209) qui ont été correctement identifiées par
l’analyse des orthologues malgré une annotation insuffisante de ces gènes dans le génome
d’Ectocarpus. Cette approche n’est pourtant pas parfaite, si l’on regarde par exemple la
glycérate kinase impliquée dans la photorespiration. Pour cette réaction, le gène candidat
trouvé manuellement est le gène Esi0157_0054. Celui-ci n’a pas été annoté dans le génome
d’algue, et aucune protéine n’est associée à cette réaction chez Arabidopsis thaliana, empêchant
par là même la recherche d’orthologue. Cette réaction et le gène associé ont été
ajouté manuellement dans le réseau final.
Enfin, quand cela était possible des données d’expression ont été utilisées pour caracté-
riser certains gènes bien précis. Ainsi, si l’ARN messager d’un gène existe, ceci est un signe
que la prédiction du gène est réelle et que nous ne sommes pas en présence d’un pseudogène.
3.4.4 Conclusion
Cette curation manuelle du réseau métabolique a permis de distinguer plusieurs sources
de faux positifs dans la reconstruction du réseau, de par l’utilisation de Pathway tools ou
encore la présence d’enzymes multi-domaines. Des faux négatifs existant également après
la reconstruction des ébauches métaboliques, la complétion du réseau a permis de guider
cette curation manuelle lors de la recherche des réactions et des associations gènesréactions
manquantes. Les apports biologiques de cette curation manuelle seront étudiés
plus précisément dans le chapitre 4.78 Pipeline de reconstruction de réseaux à partir de données hétérogènes
3.5 Validation fonctionnelle
3.5.1 Réseau final
Au final le réseau EctoGEM contient 1866 réactions et 2020 métabolites impliqués dans
224 voies métaboliques complètes. Ces chiffres sont du même ordre de grandeur que ceux
obtenus pour la reconstruction d’autres réseaux métaboliques d’eucaryotes photosynthé-
tiques :
– Phaeodactylum tricornutum : 1719 réactions [FMR+12]
– Chlamydomonas reinhardtii : 1500 à 2000 réactions [CMK+09, CGM+11, dQP+10b]
– Ostreococcus : ∼900 réactions [KYW+12]
– Arabidopsis thaliana : 1567 réactions [dQP+10b]
EctoGEM v1.0 est ainsi basé sur l’utilisation de différentes méthodes informatiques complémentaires,
complétées par une curation manuelle. Toutes les informations relatives à
EctoGEM sont disponibles via un site internet (http://ectogem.irisa.fr/) avec les liens
vers les différentes annotations génomiques, les données de séquences ou encore les liens
vers MetaCyc. Nous considérons que EctoGEM peut être une ressource communautaire, dynamique,
flexible et évolutive. En effet n’importe quel chercheur peut désormais avoir accès
au réseau et nous donner des informations sur différents aspects du réseau. Un formulaire
a été mis en place sur le site internet afin de favoriser et simplifier ce type d’échanges. De
plus, l’ensemble des sources d’information ayant amené l’ajout de telle ou telle réaction
dans le modèle est disponible, permettant par là même de juger de la crédibilité à apporter
à chacune des prédictions.
3.5.2 Analyse par balance de flux
Comme validation globale du réseau EctoGEM-functional obtenu nous avons construit
une fonction de biomasse spécifique à Ectocarpus siliculosus, basée sur une étude bibliographique
des résultats de profilage métabolique obtenu chez cette algue. Cette fonction
objectif est formée de 30 métabolites issus d’expériences de profilage métabolique décrites
dans des publications contenant des valeurs numériques de concentrations de molécules
[GDR+10, DGR+11]. Ces 30 métabolites étaient tous présents dans la liste des 50 cibles utilisés
pour le gap-filling. La FBA permet de vérifier que le réseau peut produire ces 30 métabolites
en quantité équivalente à la réalité biologique. La composition précise de la fonction
de biomasse est présentée en table 3.1.
Une fois cette fonction établie, une analyse par balance de flux (décrite précisément
en 1.2.2) a été effectuée pour vérifier si le réseau reconstruit est quantitativement capable
de produire de la biomasse. Dans le cadre de la reconstruction de ce réseau, nous avons
décidé d’utiliser la boite à outil COBRApy [ELPH13] qui utilise le solveur GLPK (GNU Linear
Programming Kit).
À l’inverse de Meneco qui réalise une analyse topologique qualitative du réseau, les approches
numériques telles que le FBA sont basées sur des contraintes quantitatives regardant
l’existence de flux quantitatifs capables de produire les métabolites présents dans la
fonction objective tout en satisfaisant les contraintes stœchiométriques. Comme discuté
dans le chapitre 2, il n’était certain que le réseau complété à l’aide de Meneco permettrait
de produire de la biomasse avec une approche basée sur la stœchiométrie des réactions. LeValidation fonctionnelle 79
TABLE 3.1: Nom et quantité des molécules prises en compte dans la fonction de biomasse
du réseau EctoGEM
molécule quantité
4-amino-butyrate 0.01
arginine 0.1
asparagine 0.75
citrate 19.3055
cysteine 0.3
glucose 2.7615
glutamine 10.7
glutamate 18.85
glycine 3.8
glycerate 0.123
glycerol 2.375
glycollate 0.029
histidine 0.1
Iso-leucine 0.2
alanine 26.6
aspartate 12.5
ornithine 0.1
leucine 0.3
lysine 0.35
mannitol 331.4
methionine 0.3
phenylalanine 0.35
proline 1.35
serine 3.35
succinate 0.878
threonine 0.65
iso-citrate 9.37
tryptophane 0.115
tyrosine 0.125
valine 0.8580 Pipeline de reconstruction de réseaux à partir de données hétérogènes
modèle métabolique obtenu ici permet de produire de la biomasse globalement à partir de
la composition du milieu de culture de l’algue.
Notre analyse montre que la complétion topologique avec un nombre minimal de ré-
actions, combiné à la curation manuelle, résulte en un réseau capable de produire de la
biomasse dans des proportions correctes. Étant donné que Meneco peut échouer lors de la
reconstruction de certains cycles, cela semble indiquer que peu de cycles incomplets existaient
lors de la création de l’ébauche métabolique. Ce processus de reconstruction semble
donc particulièrement adapté à la création de réseaux métaboliques chez des espèces non
classiques pour l’étude de processus globaux.
3.6 Le workflow de reconstruction du réseau
Le but principal de notre approche était la reconstruction automatique d’un réseau mé-
tabolique d’un nouvel organisme modèle distant phylogénétiquement des principaux modèles
biologiques eucaryotes étudiés jusqu’à présent, tout en minimisant le nombre de faux
positifs ajoutés au niveau des réactions et des gaps, ou du moins en facilitant leur détection
et ainsi leur retrait. Dans ce but, nous avons implémenté un pipeline intégratif pour la reconstruction
d’un réseau métabolique de ce type. Ce processus global peut être généralisé
à de nombreux autres organismes du même type.
3.6.1 Description du pipeline
Nous nous basons tout d’abord sur l’utilisation de Pathway Tools qui va prendre en
compte les annotations du génome de l’espèce, en particulier les numéros EC et les termes
GO, afin de trouver les réactions correspondantes provenant de MetaCyc.
Nous utilisons ensuite Pathologic [LDNS12] afin de retrouver des informations provenant
d’orthologie plutôt que d’utiliser les annotations. Pour cela un réseau métabolique reconstruit
pour une espèce proche phylogénétiquement ou métaboliquement parlant, et de
très bonne qualité, doit être utilisé. Le réseau AraGEM [dQP+10b] d’Arabidopsis thaliana a
donc été choisi comme référence pour Ectocarpus siliculosus car il s’agit d’un réseau mé-
tabolique de bonne qualité pour un eucaryote multicellulaire photosynthétique.
Malgré ces deux sources importantes de données biologiques, les deux approches considérées
indépendamment ne permettent pas d’obtenir un réseau métabolique fonctionnel.
Afin de surmonter cette difficulté, nous avons développé MeMap et MeMerge pour fusionner
des réseaux avec des identifiants issus de Metacyc ou Kegg en un réseau unifié.
Afin de compléter ce réseau, nous avons amélioré un outil de gap-filling existant, Meneco,
en améliorant son efficacité notamment, comme précisé dans le chapitre précédent.
Cette amélioration a été nécessaire afin de pouvoir envisager de travailler à l’échelle du gé-
nome, et afin de mieux prendre en compte certaines spécificités des réseaux construits pour
de nouveaux modèles biologiques susceptibles de contenir de nouveaux gènes et donc de
nouvelles réactions métaboliques (grand nombre de gaps et prise en compte des réactions
réversibles). Cet outil utilise des résultats de profilage métabolique publiés et suggère des
réactions à ajouter au modèle pour satisfaire à des critères topologiques de productibilité
des métabolites identifiés. Dans le cas d’Ectocarpus siliculosus , le mannitol, par exemple,
n’était pas productible par la combinaison des deux réseaux précédents. Il est devenu productible
après l’addition d’une seule réaction manquante.Le workflow de reconstruction du réseau 81
Malgré cela, la combinaison de toutes ces méthodes ne remplace pas la nécessité d’une
curation manuelle, bien qu’elle facilite celle-ci. En effet, la dernière étape consiste en une
curation manuelle du réseau basée sur des informations provenant d’étude de séquences
avec des profils HMMs et/ou de la bibliographie. Cette étape permet également de rajouter
des réactions dans le réseau qui n’auraient pas pu être trouvées par les données génomiques
ou de profilage métabolique, comme par exemple deux réactions impliquées dans le recyclage
du mannitol ou la voie de synthèse des alginates.
La dernière étape consiste à vérifier la fonctionnalité du système à produire quantitativement
de la biomasse. Dans le cas d’Ectocarpus siliculosus , le système a été capable de
produire cette biomasse. Il reste cependant à améliorer le réseau en introduisant de nouveaux
métabolites cibles et caractérisant les échanges de co-facteurs dans le cycle cellulaire.
La figure 3.2 résume l’ensemble du workflow et les résultats obtenus lors de la création
d’EctoGEM 1.0, le réseau métabolique d’Ectocarpus siliculosus.
3.6.2 Outils intégrés dans le pipeline
Comparaison avec les autres pipelines de reconstruction de réseaux algues Comparé
aux autres pipelines de reconstruction de réseaux métaboliques utilisés jusqu’à présent
chez des algues, qui sont présentés en partie 1.5, notre approche contient un certain nombre
de particularités. Tout d’abord nous ne nous sommes pas contentés d’une source unique de
données, comme cela a été le cas la plupart du temps, mais nous avons utilisé à la fois les
annotations disponibles via l’interface web Orcae et des recherches d’orthologues en s’appuyant
sur la qualité du réseau métabolique AraGEM. Ces deux sources de données nous
ayant permis de créer une ébauche métabolique de grande taille, nous avons dû utiliser
une méthode automatique globale de complétion à la différence d’AlgaGEM et de DiatomCyc.
Pour cela, nous avons développé une méthode permettant d’obtenir l’ensemble des
complétions minimales, et non uniquement un échantillonnage comme cela a été le cas
pour une partie de la complétion réalisée chez Ostreococcus. La validation du réseau obtenue
a été réalisée en utilisant la technique de Flux Balance Analysis, comme cela a été le
cas dans presque tous les réseaux métaboliques d’algues existants, en créant entièrement
une fonction de biomasse à l’aide d’une étude bibliographique. Enfin les réactions prédites
comme étant présentes dans le réseau ont été étudiées afin de rechercher des gènes pouvant
coder pour les enzymes impliquées dans ces réactions. Cela a été réalisé en créant des
profils HMMs pour chaque réaction en se basant sur les séquences des enzymes existantes
chez d’autres organismes. D’autres méthodes pourraient être utilisées pour effectuer cette
recherche telle que la méthode PRIAM [?].
Les étapes principales de ce processus global de reconstruction sont présentées en table
3.2 avec les différentes étapes utilisées pour réaliser les autres réseaux métaboliques chez
des algues.
Importance des briques du pipeline Ce pipeline global, nous le voyons, est composé de
différentes briques qui nous semblent les plus efficaces et les plus précises aujourd’hui. Il
est cependant intéressant de remarquer que l’ensemble de ces briques ne sont pas figées et
pourraient aisément être remplacées par d’autres méthodes si celles-ci venaient à dépasser
celles utilisées. Par exemple, Pantograph pourrait être remplacé par un autre outil d’infé-
rence de réseaux métaboliques à partir de réseaux existants en se basant sur d’autres scores82 Pipeline de reconstruction de réseaux à partir de données hétérogènes
1,785 reactions
1,981 metabolites
25/50 targets
1,840 reactions
2,004 metabolites
50/50 targets
1,677 reactions
1,889 metabolites
25/50 targets
786 reactions
1,767 metabolites
0/50 targets
1,866 reactions
2,020 metabolites
Ectocarpus siliculosus genome
Pantograph
OrthoMCL
InParanoïd
Protein sequences
EctoGEM-ortho
Pathway Tools
Genome annotations
EctoGEM-annot
EctoGEM-combined
Meneco
Semantic analysis
EctoGEM-functional HMM profile
Manual curation
EctoGEM 1.0
chloroGEM-combined
mitoGEM-combined
66 reactions
136 metabolites
22 reactions
33 metabolites
FIGURE 3.2: Résumé de l’approche intégrative de la reconstruction du réseau métabolique
d’Ectocarpus siliculosus. Les boites bleues correspondent aux outils utilisés. Les boites
vertes correspondent aux données utilisées et aux différentes versions du réseau existantes.Le workflow de reconstruction du réseau 83
TABLE 3.2: Comparaison des différentes méthodes de reconstruction de réseaux métaboliques
chez des algues avec la méthode proposée pour la reconstruction du réseau
d’Ectocarpus siliculosus.
Espèce Nom du réseau Source
de données
Reconstruction
initiale
Complétion FBA ?
Chlamydomonas
reinhardtii
AlgaGEM KEGG mapping sur
KEGG
manuel, composé
par composé
Oui
Chlamydomonas
reinhardtii
iRC1080 réseau
pré-
existant
+ bibliographie
Manuel Effectué mais pas
d’informations
Oui
Ostreococcus KEGG mapping sur
KEGG
Top-down et
Bottom-up, pas de
solution unique
Oui
Phaeodactylum
tricornutum
DiatomCyc KEGG +
Metacyc
Pathway tools Manuel pour les
voies métaboliques
connues
Non
Ectocarpus siliculosus
EctoGEM Orcae
+ MetaCyc
+
AraCyc
Pathway tools
+ Orthologie
Bottom-up automatique,
union de
toutes les solutions
minimales + curation
sémantique et
manuelle
Oui84 Pipeline de reconstruction de réseaux à partir de données hétérogènes
qu’uniquement la similarité de séquence. La prédiction des enzymes par des profils HMMs
pourrait être remplacée par des outils utilisant des fonctions de score plus précises, en prenant
par exemple en compte des domaines protéiques interagissant en trois dimension.
Meneco pourrait également être remplacé par d’autres outils de complétion si les données
nécessaires sont disponibles et que l’efficacité de ces outils est présente.
Ainsi, si la méthode proposée permet bien de reconstruire des réseaux métaboliques,
le pipeline en lui même apparaît comme un outil d’aide à l’annotation de réseaux métaboliques
plus qu’un outil de reconstruction automatique.
Importance de l’aide à la décision et du caractère évolutif du réseau Ces résultats suggèrent
que le pipeline intégratif décrit dans cette thèse est pertinent pour la reconstruction
de réseaux métaboliques d’organismes biologiques pour lesquels les données expérimentales
sont moins importantes que pour certains modèles biologiques bien établis, et qui sont
aussi distants phylogénétiquement par rapport à des organismes tels que E. coli, Arabidopsis,
C. elegans et bien d’autres pour lesquels des réseaux métaboliques de bonne qualité sont
accessibles. En effet, en combinant des outils de reconstruction automatique et des outils
permettant une assistance à la curation manuelle, tout en conservant en permanence des
traces de toutes les modifications effectuées, qu’elles soient manuelles ou automatiques,
nous obtenons un pipeline global permettant la reproductibilité des manipulations. En se
basant sur la même méthodologie, des mises à jour d’EctoGEM pourront être effectuées
régulièrement au fur et à mesure que de nouvelles données seront disponibles, telles que
de nouvelles annotations de gène, et de nouveaux résultats de profilage transcriptomique,
protéomique, et/ou métabolique.
3.7 Conclusion
Ce chapitre nous a permis de décrire le processus global de reconstruction d’un réseau
métabolique chez une espèce eucaryote non classique. Si l’étape de complétion d’ébauche
métabolique, telle que décrite dans le chapitre précédent, contient un fort problème combinatoire,
l’enchaînement des étapes pose, elle, d’autres problèmes. En effet, nous nous
sommes retrouvés confrontés a de nombreux problèmes d’unifications de formats entre différents
logiciels, d’unifications d’identifiants entre différentes bases de données ou encore
de représentations des connaissances. Si tout le processus n’est pas encore entièrement automatisé,
cette automatisation est déjà avancée.Chapitre 4
Contribution du réseau métabolique
d’Ectocarpus siliculosus pour
améliorer les connaissances sur la
physiologie des algues brunes
Dans ce chapitre nous présenterons tout d’abord les spécificités du métabolisme d’Ectocarpus
siliculosus (partie 4.1) avant d’étudier la reconstruction de certaines voies métaboliques
importantes chez Ectocarpus siliculosus (partie 4.2). Nous continuerons par l’analyse
de voies métaboliques mieux connues grâce à l’analyse du réseau métabolique reconstruit
dans la partie 4.3, avant de terminer par l’étude de la réannotation de gène permise par
la reconstruction du réseau métabolique (partie 4.4). La majorité des apports biologiques
présentés dans ce chapitre ont été publiés en 2014 dans Plant Journal [PCD+14]. Ces études
ont été réalisées en collaboration avec Simon Dittami et Ludovic Delage de la station biologique
de Roscoff.
4.1 Ectocarpus siliculosus : ses spécificités
Ectocarpus siliculosus est une algue brune possédant plusieurs spécificités la rendant
intéressante à étudier, particulièrement d’un point de vue de biologie systémique. Tout
d’abord son génome (et donc son métabolisme) est le résultat d’une endosymbiose secondaire
et de nombreux transferts latéraux de gènes [CSR+10, MTS+10b, MTS+10a]. Cela
conduit à un métabolisme hybride et à de nouvelles voies métaboliques, certaines des connexions
entre les différentes voies n’existant pas chez d’autres organismes.
D’autre part, les algues brunes sont sujettes à de fortes influences de leur environnement
sur leurs capacités métaboliques. Elles ont ainsi développé des adaptations métaboliques
en rapport avec leur habitat, c’est à dire la zone intertidale. Il est également intéressant
de remarquer qu’une souche d’Ectocarpus a été découverte vivant dans de l’eau douce
en Australie [WK96], entraînant une série d’études passionnantes sur les capacités d’adaptation
et d’acclimatation de cette algue aux stress salins.
Comme chez de nombreux organismes, certains exemples d’évolution convergente au
niveau d’activités enzymatiques existent, illustrés par le fait qu’une même réaction biochi-
8586 Contribution à l’amélioration des connaissances sur la physiologie des algues brunes
mique est catalysée par des protéines qui n’ont pas de proximité phylogénétique. Il est possible
de citer l’exemple de la mannitol-1-phosphatase (M1Pase) [GSM+14]. Ceci n’est pas
spécifiques aux algues brunes, mais complexifie l’annotation de génomes. La création de
réseaux métaboliques peut aider à la réannotation de génomes lorsque l’on se trouve face à
de telles réactions pour lesquelles les enzymes mises en jeu ne peuvent pas être identifiées
par similarité de séquence.
De plus il n’est pas possible de réaliser de modification génétique directe ou inverse
chez Ectocarpus siliculosus . Il est donc difficile d’analyser la fonction physiologique ainsi
que l’influence de certains gènes in vivo in vivo. La reconstitution de voies métaboliques in
silico permet d’identifier certains gènes d’intérêt pour guider les futures expérimentations
in vitro ou in vivo.
Enfin Ectocarpus siliculosus ne se développe pas seule dans son environnement, mais
est associée à de nombreux autres organismes, notamment des bactéries. Pour certains sujets
d’étude, il sera donc insuffisant de se concentrer uniquement sur l’algue. Il faudra étudier
l’holobionte dans son ensemble et cela sera grandement simplifié par la création ulté-
rieure de méta-réseaux métaboliques impliquant différents organismes.
4.2 Analyse de la reconstruction automatique du réseau métabolique
Afin d’avoir une idée générale de la qualité de la reconstruction automatique du réseau
métabolique d’Ectocarpus siliculosus , nous avons analysé en détail deux voies métaboliques
typiques des algues brunes, le cycle du mannitol et la synthèse des alginates. Ces
deux voies sont indispensables au métabolisme de l’algue, le mannitol étant utilisé comme
forme de stockage du carbone et les alginates étant des composants majeurs de la matrice
extracellulaire.
4.2.1 La synthèse des alginates
Une voie potentielle de synthèse des alginates a été proposée par [MTS+10b] et les gènes
correspondant ont été annotés dans la base de données Orcae. Dans la voie proposée par
[MTS+10b], à partir du fructose-6-phosphate produit par la photosynthèse, la première étape
consiste en l’action d’une mannose-6-phosphate isomérase pour produire du mannose-
6-phosphate. Celui-ci est ensuite transformé en mannose-1-phosphate par une phosphomannomutase
et servira à produire du GDP-mannose par une mannose-1-phosphate guanylyltransférase.
Ce GDP-mannose sera ensuite transformé en acide GDP-mannuronique
par une GDP-mannose 6-déshydrogénase avant de produire du mannuronane par une mannuronane
synthase. Enfin ce mannuronane produira de l’alginate par une mannuronate C5
épimérase. L’ensemble de ces informations est représenté dans la partie gauche de la figure
4.1. Différents gènes candidats existent pour presque toutes ces réactions, seule la transformation
du mannose-1-phosphate en GDP-mannose n’est pour l’instant supportée par
aucun gène.
Les quatre premières réactions de cette voie de synthèse des alginates ont été bien retrouvées
lors de la reconstruction du réseau métabolique. Les gènes proposés sont quasiment
équivalents, nous proposons un candidat supplémentaire pour la réaction de transformation
du mannose-6-phosphate en mannose-1-phosphate. Une analyse plus pousséeAnalyse de la reconstruction automatique du réseau métabolique 87
Enzyme Réaction prédite (MetaCyc id) Gènes assignés
MPI MANNPISOM-RXN Esi0000_0207
Esi0120_0005
Esi0120_0009,0010
Esi0195_0002*
PMM PHOSMANMUT-RXN Esi0149_0031,0032
Esi0315_0030
MPG 2.7.7.13-RXN Pas de gène
GMD GDP-MANNOSE-6-
DEHYDROGENASE-RXN
Esi0051_0092
Esi0052_0113
Esi0164_0053**
MS (GT2) Pas de réaction Pas de gène
MC5E Pas de réaction Pas de gène
Annotation manuelle
(Cette étude)
Synthèse des alginates
Fructose-6-P
Mannose-6-P
Mannose-1-P
GDP-mannose
Acide GDP-mannuronique
Mannuronane
Alginate
Mannose-6-P isomerase (MPI)
Esi0000_0207
Esi0120_0005
Esi0120_0009,0010
Esi0195_0005*
Phosphomannomutase (PMM)
Esi0149_0031,0032
Mannuronate C5 epimerase (MC5E)
28 genes
GDP-mannose 6-dehydrogenase (GMD)
Esi0051_0092
Esi0051_0113
Esi0164_0053**
Mannuronan synthase (MS)
Esi0010_0147
Esi0086_0005
Mannose-1-P guanylyltransferase (MPG)
No candidate gene
EctoGEM-functional
(Michel et al., 2 010a)
FIGURE 4.1: Comparaison entre la reconstruction automatique et l’annotation manuelle
de la voie de synthèse des alginates. * indique un gène pour lequel l’identifiant a changé
dans la base de données en fonction de la mise à jour de l’annotation structurale du gé-
nome (Esi0195_0005 est devenu Esi0195_0002). ** indique une protéine dont la fonction a
été caractérisée biochimiquement [TVC+11].88 Contribution à l’amélioration des connaissances sur la physiologie des algues brunes
de ce gène candidat montre une identité forte (65%) avec des phosphomannomutases pré-
sentes chez des plantes [QYQ+07] suggérant qu’Ectocarpus siliculosus ne possède pas une,
mais deux protéines pour cette fonction. Le gène Esi0051_0113 n’a pas été retrouvé à cause
d’un manque d’annotations dans la base de données génomique. Le gène candidat proposé
lors de la reconstruction du réseau correspond en effet à une GDP-mannose 6-déshydrogé-
nase, mais celle-ci est connue comme faisant partie d’un virus ayant intégré le génome
d’Ectocarpus siliculosus [CSR+10].
Les deux dernières réactions de cette voie métabolique n’ont pas été prédites lors de la
reconstruction du réseau pour différentes raisons. Tout d’abord les gènes correspondant ne
possèdent pas de numéro E.C. dans leur annotation, rendant difficile leur identification et
leur assignation lors de l’étape d’étude des annotations pour la reconstruction du réseau.
De plus, l’alginate ne faisant pas partie des molécules cibles utilisées lors de la complétion
de l’ébauche métabolique par Meneco, les réactions enzymatiques associées à cette voie
métabolique n’ont pas été considérées pour la complétion du réseau.
4.2.2 Le cycle du mannitol
Le cycle du mannitol est composé de quatre réactions différentes, deux pour la synthèse
à partir du fructose-6-phosphate, et deux correspondant au recyclage de ce polyalcool pour
produire du fructose-6-phosphate. Des gènes candidats ont été identifiés dans le génome
d’Ectocarpus siliculosus pour ces réactions dans [MTS+10a]. Ces réactions sont présentées
dans la partie gauche de la figure 4.2. La première réaction consiste à transformer le
fructose-6-phosphate en mannitol-1-phosphate à l’aide d’une mannitol-1-phosphate déshydrogénase.
Le mannitol-1-phosphate sert ensuite à la production de mannitol grâce à une
mannitol-1-phosphatase. Lors du recyclage du mannitol, nous allons avoir production de
fructose par une mannitol-2-déshydrogénase, cet ose étant ensuite reconverti en fructose-
6-phosphate par une fructokinase.
La première réaction a été correctement retrouvée et associée aux bons gènes. Le mannitol
faisant partie des métabolites cibles, Meneco a correctement retrouvé la seconde réaction
mais du fait du manque dans les bases de données de séquences protéiques identifiées
comme M1Pases, il n’a pas été possible de proposer de gènes candidats pour cette réaction.
En effet, une séquence de M1Pase a été identifiée en 1998 chez Eimera [LAF+98] mais sa
séquence a trop divergé entre les deux organismes. En revanche aucune des réactions impliquées
dans le recyclage du mannitol n’a été retrouvée lors de la création automatique du
réseau. Des gènes candidats existants, ils ont été rajoutés manuellement au réseau EctoGEM
final.
4.3 Étude de voies métaboliques chez Ectocarpus siliculosus à l’aide
du réseau métabolique
4.3.1 Synthèse des acides aminés aromatiques
Une étude manuelle d’EctoGEM avant curation montre que, parmi les voies métaboliques
de synthèse des acides aminés aromatiques (tryptophane, tyrosine, et phenylalanine)
telles que décrites dans [TG10], seule celle de la tyrosine est incomplète. Les trois voies mé-
taboliques de synthèse de la tyrosine présentes dans MetaCyc ("tyrosine biosynthesis I" =Étude de voies métaboliques chez Ectocarpus siliculosus à l’aide du réseau métabolique 89
Annotation manuelle EctoGEM-functional
(Cette étude)
Cycle du mannitol
Enzyme Réactions prédite (MetaCyc id) Gènes assignés
M1PDH MANNPDEHYDROG-RXN Esi0017_0062**
Esi0020_0181
Esi0080_0017
M1Pase MANNITOL-1-PHOSPHATASE-RXN Pas de gène
M2DH Pas de réaction Pas de gène
HK Pas de réaction Pas de gène
Mannitol-1-P dehydrogenase (M1PDH)
Esi0017_0062 **
Esi0020_0181
Esi0080_0017
Fructokinase (FK)
Fructose-6-P
Mannitol-1-P
Mannitol
Fructose
Esi0139_0025
Mannitol-1-phosphatase (M1Pase)
Esi0080_0016
Esi0100_0020**
Mannitol-2-dehydrogenase (M2DH)
Esi0135_0010
( ichel M et al., 2010b)
FIGURE 4.2: Comparaison entre la reconstruction automatique et l’annotation manuelle
de la voie du cycle du mannitol. ** indique une protéine dont la fonction a été caractérisée
biochimiquement. [RGD+11, GSM+14]
TYRSYN, "tyrosine biosynthesis II" = PWY-3461 et "tyrosine biosynthesis III" = PWY-6120)
montrent la présence d’une seule des trois réactions présentes dans ces voies. La tyrosine
étant présente dans les 50 métabolites d’intérêt ayant servi à la reconstruction du réseau,
Meneco a proposé l’ajout d’une phénylalanine hydroxylase (PAH) afin de permettre la production
de tyrosine via une hydroxylation de la phénylalanine(figure 4.4a). Cette suggestion
est compatible avec ce qui est observé dans le réseau métabolique DiatomCyc, qui contient
la réaction catalysée par une phénylalanine hydroxylase, pour laquelle la protéine associée
présente 50% d’identité avec une phenylalanine-4-hydroxylase humaine caractérisée. Cependant,
l’analyse du génome d’Ectocarpus siliculosus n’a pas permis de retrouver de gène
codant pour cette protéine. La voie de production des acides aminés aromatiques a donc été
étudiée manuellement afin de mieux la cerner chez cet organisme. Dans MetaCyc, la voie
de synthèse I est présente chez Saccharomyces cerevisiae et Escherichia coli, alors que les
voies II et III sont présentes chez les plantes. La principale différence entre ces trois voies
réside dans la nature des intermédiaires générés entre le préphénate et la tyrosine (Figure
4.3) :
– La voie microbienne implique le préphénate comme précurseur pour produire du 4-
hydroxyphénylpyruvate (HPP) par l’activité d’une déshydrogénase, ce HPP étant ensuite
converti en tyrosine par une tyrosine aminotransférase
– La voie présente chez les plantes utilise le préphénate pour produire de l’arogénate
par une préphénate aminotransférase (PAT), puis cet intermédiaire est décarboxyler
en tyrosine par une arogénate déshydrogénase
La figure 4.3 tirée de [TG10] résume ces différentes informations.
La voie métabolique associée aux plantes est localisée dans le chloroplaste [RPG+09]
et les PATs des plantes ont été caractérisées chez Arabidopsis thaliana et Petunia hybrida90 Contribution à l’amélioration des connaissances sur la physiologie des algues brunes
FIGURE 4.3: Les voies de synthèse des acides aminés aromatiques chez les plantes. [TG10]
Les noms des enzymes sont donnés à côté des flèches, et sont accompagnés des noms abré-
gés entre parenthèses. Les voies majoritaires de synthèse de la phénylalanine et de la tyrosine
chez les plantes sont indiquées par des flèches vertes (voie II pour la tyrosine). La voie
de synthèse I de la tyrosine et une voie de synthèse secondaire de la phénylalanine sont
représentées par des flèches rouges.
[GGJ+10, MYD11]. Toutefois, des résultats récents semblent indiquer qu’une voie métabolique
proche de la voie microbienne pourrait être aussi présente chez les plantes, et que
la synthèse de phénylalanine ne serait pas uniquement chloroplastique [YWQ+13]. Trois
candidats ont été identifiés dans le génome d’E. siliculosus lors de la reconstruction du ré-
seau métabolique pour ces deux voies métaboliques. On note l’absence de candidat pour
les PATs, probablement parce que cette protéine n’est pas présente dans le réseau métabolique
AraGEM. Cependant une analyse avec la PAT identifiée chez Arabidopsis thaliana
a permis d’identifier un candidat chez Ectocarpus siliculosus (Esi0128_0018). L’ensemble
des gènes candidats pour les deux voies est supporté par des EST, et plusieurs d’entre eux
ont leur expression qui est réduite lors de stress abiotiques [DSP+09, RDG+14]. La fonction
biochimique de ces gènes reste à vérifier expérimentalement. La figure 4.4 (b) représente
la voie de synthèse des acides aminés aromatiques proposée après curation manuelle du
réseau.
Des analyses phylogénétiques ont été effectuées sur les quatre candidats présents dans
le génome d’Ectocarpus siliculosus pour étudier l’évolution de cette voie chez les algues
brunes. Le logiciel Phylogeny.fr [DGB+08] a été utilisé pour cela. Les alignements protéiques
ont été réalisés à l’aide du logiciel MUSCLE avant d’être raffinés avec GBlocks. Une fois les
alignements réalisés, les arbres phylogénétiques ont été obtenus par la méthode du maximum
de vraisemblance implémentée dans PhyML. Des analyses de bootstrap sur 100 réplicats
ont ensuite été réalisées pour estimer la confiance pouvant être accordée à la topologie
des arbres obtenus.Étude de voies métaboliques chez Ectocarpus siliculosus à l’aide du réseau métabolique 91
FIGURE 4.4: Voies de biosynthèse des acides aminés aromatiques avant et après curation
manuelle.(a) Voies métaboliques prédites dans EctoGEM-functionnal. Les commentaires
associés aux enzymes indiquent comment les gènes ont été identifiés et les réactions pré-
dites : PWT (Pathway Tools), PTG (Pantograph) et HMM. (b) Voies métaboliques obtenues
après curation manuelle par analyse comparative avec d’autres espèces. La voie métabolique
de l’arogénate est représentée en pointillés. Les changements d’expression significatifs
(FDR < 5%) dûs à des stress cuivriques (après 4h et 8h de traitement), hypersalins, hyposalins
et oxydatifs (après 6h de traitement pour les trois derniers types de stress) sont indiqués
dans cet ordre par les flèches sous les noms des gènes.92 Contribution à l’amélioration des connaissances sur la physiologie des algues brunes
La chorismate mutase d’Ectocarpus (Esi0002_0121) groupe avec les séquences d’oomycètes
et de champignons, alors que les gènes d’algues codant pour les autres enzymes
sont plus proches de leurs homologues chez les plantes. Cette observation semble indiquer
que la synthèse de phénylalanine et de la tyrosine chez Ectocarpus siliculosus se ferait
de façon similaire à ce qui se passe chez les plantes terrestres (via l’arogénate) plutôt
que directement depuis le préphénate comme chez la levure. Une analyse de la sé-
quence d’Esi0000_0583 montre que cette protéine contient deux domaines, l’un correspondant
à une arogénate/préphénate déshydratase (A/P-DT) à l’extrémité N-terminale, et
l’autre à une arogénate/préphénate déshydrogénase (A/P-DH) à l’extrémité C-terminale.
Cette structure est différente de celles des gènes des plantes terrestres où ces deux fonctions
sont catalysées par des enzymes différentes [RPG+09]. Des enzymes potentiellement
bi-fonctionnelles A/P-DT et A/P-DH ont été retrouvées chez certains straménopiles comme
les oomycètes (Phytophtora, Albugo) et chez d’autres organismes plus éloignés comme des
haptophytes ou des choanoflagellées (figure 4.5). À l’inverse, chez d’autres straménopiles
plus proches phylogénétiquement des algues brunes, comme les diatomées ou les pélagophytes,
les deux activités sont codées par des gènes différents, comme c’est le cas aussi chez
les algues vertes et rouges. De plus, certains organismes tels que les oomycètes, M. brevicollis,
et E. huxleyi possèdent une enzyme potentiellement tri-fonctionnelle PAT, A/P-DH et
A/P-DT. Tous ces résultats semblent indiquer une enzyme ancestrale tri-fonctionnelle étant
donné que celle-ci est partagée par deux lignées éloignées, les straménopiles et les opisthokontes.
Le gène aurait ainsi été tout d’abord clivé en un gène PAT et un gène bi-fonctionnel
A/P-DT et A/P-DH après la divergence entre les oomycètes et les ochrophytes. Les figures
4.6 et 4.7 présentent les analyses phylogénétiques des A/P-DH et A/P-DT respectivement.
Ce gène bi-fonctionnel aurait lui même été clivé plus tard chez les diatomées. De plus, le
fait que la préphénate aminotransférase soit une partie d’une enzyme trifonctionnelle impliquée
dans la synthèse de la phénylalanine et de la tyrosine chez les oomycètes est une
indication que le scénario le plus plausible de production de ces acides aminés chez les
straménopiles passe par la synthèse d’arogénate. Cependant, la voie de synthèse de la tyrosine
connue chez la levure ne peut pas être exclue définitivement.
Enfin, nous avons effectué une recherche d’homologues d’aminotransférases d’acides
aminés aromatiques et de phénylalanine hydroxylase (PAH) chez différentes lignées. Le gène
codant pour l’enzyme PAH est absent du génome d’E. siliculosus, mais a été identifié chez
de nombreux autres straménopiles où les deux voies métaboliques pour la production de
la tyrosine semblent co-exister, avec ou sans la phénylalanine comme intermédiaire. Cette
situation peut également être observée chez les archaeplastides, les opisthokontes, les alvéolés
et les cryptophytes. Tout cela semble suggérer une évolution de la production de
phénylalanine et de tyrosine indépendante de l’évolution phylogénétique des organismes.
4.3.2 Synthèse du molybdenum
La reconstruction du réseau métabolique d’E. siliculosus a également permis d’obtenir
de nouveaux indices quant à la synthèse du cofacteur molybdenum (Molybdenum cofactor,
Moco). La voie de synthèse du Moco a été correctement reconstruite dans EctoGEM (figure
4.8a) avec trois réactions prédites par Pathway Tools en se basant sur les annotations d’Orcae,
et les quatre autres réactions ajoutées par l’algorithme de gap-filling de Pathway Tools.
Les quatre réactions ajoutées ont été associées aux gènes correspondant durant la phaseÉtude de voies métaboliques chez Ectocarpus siliculosus à l’aide du réseau métabolique 93
FIGURE 4.5: Évolution des enzymes impliquées dans la synthèse des acides aminés aromatiques.
L’arbre représente les relations phylogénétiques entre les organismes telles que
définies dans Tree Of Life (http ://tolweb.org). La longueur des branches ne représente aucune
information. La présence des gènes chez les différents organismes est indiquée par un
"+". Les flèches indiquent la fusion des déshydratases (A/P-DT) et déshydrogénases (A/PDH).
Phytophtora infestans contient deux déshydratases, l’une étant fusionnée à la déshydrogénase.94
Contribution à l’amélioration des connaissances sur la physiologie des algues brunes
FIGURE 4.6: Analyse phylogénétique de la A/P-DT d’Ectocarpus siliculosus . Pour chaque
séquence, la première partie du nom correspond au numéro d’accession dans la base de
données NCBI et la seconde partie correspond au nom de l’espèce où la séquence a été
retrouvée. Les couleurs correspondent aux origines phylogénétiques des espèces.Étude de voies métaboliques chez Ectocarpus siliculosus à l’aide du réseau métabolique 95
FIGURE 4.7: Analyse phylogénétique de la A/P-DH d’Ectocarpus siliculosus . Pour chaque
séquence, la première partie du nom correspond au numéro d’accession dans la base de
données NCBI et la seconde partie correspond au nom de l’espèce où la séquence a été
retrouvée. Les couleurs correspondent aux origines phylogénétiques des espèces.96 Contribution à l’amélioration des connaissances sur la physiologie des algues brunes
de curation manuelle. Une recherche de gènes associés à cette voie métabolique a mis en
avant la présence d’un transporteur de molybdate de type MOT2 [TJGF11] et de six loci gé-
nomiques codant pour des protéines qui dépendent probablement du Moco pour leurs activités.
Chez les plantes terrestres, le Moco est essentiel au fonctionnement notamment des
nitrates réductases et de la xanthine déshydrogénase, impliquées respectivement dans l’assimilation
du nitrate, et la dégradation de la purine [SM06]. Chez E. siliculosus nous avons
retrouvé toutes ces réactions, avec en plus une enzyme de la famille des phosphoadénosine
phosphosulfate réductase qui contient aussi un domaine de fixation au Moco.
Tous les gènes candidats impliqués dans la synthèse du molybdenum sont conservés
chez les animaux, les plantes et les straménopiles. On a remarqué cependant que les sé-
quences d’E. siliculosus sont plus proches de celles des autres straménopiles avec lesquelles
elles forment une clade indépendante. La seule exception est pour une des deux
molybdopterine synthases potentielles (Esi0290_0003), qui groupe avec les séquences de
cyanobactéries lors des analyses phylogénétiques (fig 4.8b). Cela indique que tout en considérant
le fait que la biosynthèse du Moco est ancestrale chez les eukaryotes, un deuxième
gène codant pour une molybdopterine synthase a été acquis par l’ancêtre commun des straménopiles
via un transfert horizontal à partir d’une cyanobactérie. Comme les deux gènes
correspondant à cette acitvité enzymatique sont exprimés chez E. siliculosus et présents
chez les autres straménopiles, il est intéressant de s’interroger quand à leur(s) rôle(s) physiologiques
chez ces organismes.
4.4 Réannotation des gènes
Au début de cette thèse, dans la base de données génomique Orcae, plus d’un tiers des
gènes ne sont pas annotés précisément ou pas annotés du tout. Un des apports de la reconstruction
du réseau métabolique d’Ectocarpus siliculosus a été la réannotation d’un certain
nombre de ces gènes. En effet, lors des étapes de complétion d’ébauches de réseaux métaboliques,
nous ajoutons des réactions dans le réseau qui ne sont pas, la plupart du temps,
supportées par une annotation génomique précise (si c’était le cas, normalement, la phase
de création de l’ébauche basée sur les annotations aurait dû la trouver). Ainsi, l’étape de
complétion pourra attirer l’attention des annotateurs sur une réaction précise pour laquelle
les gènes correctement annotés sont manquants. Notre workflow va permettre de proposer
des gènes candidats pour ces réactions via l’utilisation des données d’orthologie et les pro-
fils HMMs.
Ce manque initial d’annotation peut être dû à différentes raisons. Tout d’abord comme
précisé précédemment, le génome d’Ectocarpus siliculosus est la résultante d’une endosymbiose
secondaire et de nombreux transferts latéraux de gènes. Cela conduit à la pré-
sence de voies métaboliques "non classiques" chez cette algue. D’autre part, les algues brunes
font partie d’un groupe phylogénétique ayant divergé très rapidement parmi les eucaryotes.
Les annotations de génome automatiques basées sur des techniques d’homologie
de séquence risquent donc d’échouer du fait de la grande distance phylogénétique entre
Ectocarpus siliculosus et la plupart des organismes séquencés et annotés jusqu’à présent.
De plus, le métabolisme chimérique très particulier à Ectocarpus siliculosus engendre le
fait que cette espèce possède des voies métaboliques (et donc des gènes) spécifiques à cette
espèce. Enfin les expériences de transcriptomique chez Ectocarpus siliculosus sont peu
nombreuses. Par conséquent, les possibilités de réaliser des méta-analyses afin d’identifierRéannotation des gènes 97
Cyclic pyranopterin
phosphate
GTP
4.1.99.18
Cysteine
Molybdopterin synthase
Small subunit
Thiocarboxylated molybdopterin
synthase small subunit
2.8.1.7 2.7.7.80
2.8.1.11
Molybdopterin
Molybdopterin adenine dinucleoide
MoO2
-molybdopterin cofactor
Molybdopterin synthase
Small subunit
2.8.1.12
2.7.7.75
2.10.1.1
Esi0147_0053**
Esi0290_0003*
Esi0179_0043*
Esi0290_0003*
Esi0179_0043*
Esi0553_0005
Esi0000_0519*
Esi0000_0519*
Molybdate
MOT2
Esi0053_0098*
Molybdate
Nitrate reductase
Esi0006_0124*
Sulfite oxidase
Esi0008_0206*
NADH dehydrogenase
Esi0028_0044*
Xanthine
dehydrogenase
Esi0058_0101*
Esi0058_0108
Phosphoadenosine
phosphosulfate
reductase family
protein
Esi0218_0033*
Exctracellular
space
a
Targets
b Cyanobacteria
Stramenopiles II (incl. Esi0290_0003)
Firmicutes
Fibrobacteres
Acinobacteria
Armaimonadetes
Chlamydiae
Bacteroidetes
Chloroflexi
Deltaproteobacteria
Fibrobacteres
Chlamydiae
Nitrospinae
Gammaproteobacteria
Stramenopiles I (incl. Esi0179_0043)
Animals
Green plants
Fungi
99
100
82
90
63
94
100
70
82 60
100
91
86
93
100
99
89
89
72
100
98 0.2
Bacteria
(+ Stramenopiles II)
Eukaryotes
Esi0031_0067 *
FIGURE 4.8: Voies de biosynthèse du cofacteur molybdenum. a) Voies métaboliques curées
et protéines associées aux réactions enzymatiques. * marque les gènes exprimés chez E. siliculosus.
** marque les gènes significativement (FDR < 5%) réprimés en réponse à un stress
hyposalin. Les nombres dans les ovales correspondent aux numéros E.C. des réactions. (b)
Position phylogénétique de deux candidats pour l’activité molybdopterin synthase. La fi-
gure montre un arbre de maximum de vraisemblance avec 75 séquences sélectionnées dans
différentes lignées. Seules les valeurs possédant un bootstrap supérieur à 50 sont indiquées.98 Contribution à l’amélioration des connaissances sur la physiologie des algues brunes
des gènes co-régulés susceptibles d’intervenir dans des voies métaboliques communes sont
limitées. De la même manière, l’absence de structure en opéron ou en cluster dans le gé-
nome (que l’on retrouve chez les bactéries ou dans le métabolisme secondaire des plantes
[WGH+12]) empêche de réaliser des prédictions d’annotations en se basant sur la localisation
des gènes.
La création du réseau métabolique d’Ectocarpus siliculosus a permis de réannoter manuellement,
pour le moment, 56 gènes. Aucune autre voie métabolique en particulier n’a
été retrouvée associée à ces gènes, ce qui amène à penser que ces réannnotations ont été
réalisées pour des gènes correspondant à des protéines impliquées dans différentes voies
métaboliques, et des loci dispersés dans le génome. La liste des gènes réannotés est présentée
en annexe C.
Toutefois, nous avons remarqué qu’une majorité des gènes réannotés se trouvent dans
des voies métaboliques connues comme étant des voies de synthèse de molécules. Cela
peut être expliqué par l’étape de complétion du réseau métabolique. En effet, Meneco rajoute
dans ce réseau des réactions afin de produire certaines molécules. Il est tout à fait
possible que ces réactions n’aient pas été ajoutées au cours de la construction de l’ébauche
du réseau car elles n’ont pas été retrouvées dans le génome, probablement parce que le(s)
gène(s) associé(s) à ces réactions étaient pas, peu, ou mal annotées. Nous retrouvons également
quelques réactions catalysant la production de métabolites intervenant dans plusieurs
voies métaboliques. De même manière, l’ajout de celles-ci par Meneco indique que
les gènes étaient mal annotés dans le génome, et leur intégration dans le réseau est sans
doute nécessaire pour rendre disponibles un grand nombre de réactions.
4.5 Conclusion
Nous l’avons vu, EctoGEM a d’ores et déjà été utilisé pour compléter certaines annotations
au sein du génome d’Ectocarpus siliculosus dans la base de données ORCAE, notamment
en lien avec certaines voies métaboliques qui ont déjà été étudiées ou sont en cours
de considération par des équipes travaillant sur la physiologie d’Ectocarpus. D’autre part, le
processus de reconstruction du réseau métabolique a permis aux experts de se concentrer
sur certaines voies métaboliques particulières apportant ainsi de nouvelles connaissances
sur le métabolisme de cette algue, et sur l’évolution des voies métaboliques chez les eucaryotes.
Par la suite, EctoGEM pourra être utilisé pour analyser des changements physiologiques
de l’algue brune en réponse à certaines modifications des conditions environnementales.
Ce réseau sera également considéré pour intégrer et cartographier des résultats d’expé-
riences de transcriptomique et de profilage métabolique obtenus dans différentes conditions
de stress. Ceci devrait permettre d’améliorer la compréhension de l’influence de ces
stress sur la physiologie globale de l’organisme par une vision globale, c’est à dire à l’échelle
du génome complet.Conclusion et perspectives
Conclusion
Cette thèse se situe dans le domaine de la bioinformatique. La question abordée est la
reconstruction de réseaux métaboliques pour des espèces eucaryotes non classiques, en se
concentrant particulièrement sur une étape primordiale de cette reconstruction, la complétion
d’ébauche métaboliques L’ensemble des résultats obtenus au cours de ce travail ont
été appliquées à la reconstruction d’une carte métabolique chez Ectocarpus siliculosus, le
modèle génomique des algues brunes.
Le problème de complétion d’un réseau métabolique est le suivant. Nous disposons
d’information partielles sur les réactions métaboliques qui transforment des molécules chez
une espèce données. De plus, nous avons à notre disposition des données qui nous indiquent
la présence de certaines molécules, produites par l’organisme d’intérêt (profilage
métabolique). Étant donné que ces molécules sont présentes au sein des cellules de l’organisme,
il semble logique de supposer que le métabolisme de cet organisme est capable
de les produire à partir des nutriments qui composent son milieu de culture. Pour vérifier
cela, nous parcourons le graphe créé par les réactions métaboliques reliées entre elles par
les molécules impliquées. Ce parcours va se faire à la recherche d’un chemin entre au moins
une molécule présente dans le milieu de culture et l’ensemble des molécules identifiées par
profilage métabolique. Si ce chemin existe, les informations contenues dans le génome ont
suffit à expliquer la présence de ces molécules. Si ce n’est pas le cas, nous allons ajouter des
réactions provenant de bases de données de réactions métaboliques dans le réseau afin de
rétablir la connectivité. Cet ajout de réaction se fera de manière à modifier le moins possible
le réseau existant, en ajoutant le nombre minimal de réactions. Le problème qui doit
être résolu consiste donc à proposer un ensemble de réactions métaboliques piochées dans
une banque "universelle" de réactions, pour restaurer "in silico" la production de composés
cibles.
Au début de cette thèse une méthode de résolution de la version combinatoire de ce problème
avait été proposée sous la forme d’une approche de programmation par contraintes
déclaratives appelée programmation par ensemble réponses (ou Answer Set Programming,
ASP) [ST09]. mais celle-ci n’était pas applicable en routine car elle ne passait pas à l’échelle
sur de grandes bases de données. D’autre part cette méthode ne représentait pas fidèlement
la réalité biologique de certaines réactions, les réactions réversibles. La première partie de
cette thèse a donc consisté en l’amélioration de cette méthode de complétion de réseaux
métaboliques sur deux plans : la modélisation des réactions réversibles et les méthodes de
recherches de solutions. Ces modifications ont été introduite dans le développement du
package python Meneco, rapide et aisément utilisable à partir de fichiers dans des formats
99100 Conclusion et perspectives
sbml classiques. L’intérêt de cette méthode, tant d’un point de vue de l’efficacité des calculs
que de la fonctionnalité biologique des réseaux reconstruits, a été validée par des expérimentations
sur des réseaux classiques (E. Coli) et non-classique (Ectocarpus siliculosus).
Une fois la méthode de complétion validée, celle-ci a été utilisée pour reconstruire le
réseau métabolique du modèle biologique des algues brunes, Ectocarpus siliculosus. Une
reconstruction d’un réseau métabolique fonctionnel ne se limitant pas à la seule étape de
complétion, nous avons développé un processus global de reconstruction de réseau métabolique.
Celui-ci se base sur les données classiquement utilisées lors de la reconstruction
de réseaux métaboliques : le génome de l’espèce étudiée (avec les annotations associées) et
toute autre source de données biologiques disponibles (métabolomique, transcriptomique,
etc).
Pour cela deux ébauches métaboliques différentes seront créées. La première utilisera
les informations présentes dans les annotations du génome, que celles-ci soient manuelles
ou automatiques. Ces informations seront recoupées avec celles présentes dans les bases
de données de réactions métaboliques telles que MetaCyc afin de créer un lien entre un
gène et une réaction. Cette étape est réalisée à l’aide du logiciel de référence Pathway Tools.
D’autre part, nous utilisons les informations incluses dans les séquences génomiques pour
réaliser une seconde ébauche métabolique. Pour cela nous utilisons un réseau métabolique
existant chez une espèce proche phylogénétiquement de l’espèce étudiée. Une recherche
d’orthologues est alors réalisée entre le génome de l’espèce pour laquelle nous reconstruisons
le réseau et celle possédant déjà un réseau métabolique. Le but ici est de transposer
les associations entre gènes et réactions ayant déjà été réalisées vers l’espèce d’intérêt. Si
dans le premier cas nous cherchons à obtenir le maximum d’informations possible à partir
des annotations manuelles du génome, dans le second nous cherchons à profiter de la curation
manuelle préexistante dans certains réseaux. Une difficulté ici est de fusionner les deux
ébauches métaboliques, en particulier lorsque les sources de données sont différentes, ce
qui nécessite de réconcilier les annotations avec des méthodes dédiées.
Nous obtenons alors une ébauche métabolique contenant le maximum d’informations
contenues dans le génome. Pour réaliser la complétion de ce réseau métabolique nous utilisons
alors une autre source de données (un profilage métabolique), et utilisons l’approche
Meneco de complétion combinatoire discutée plus haut. Les solutions au problème combinatoire
étant nombreuses (mais énumérables), elles sont analysées a posteriori avec des
approches sémantiques ( et fonctionnelles (validation via des profils HMM pour les réactions
introduites). L’ensemble du réseau reconstruit a finalement été validé par une étude
fonctionnelle quantitative (FBA) qui a montré sa capacité à produire de la biomasse.
Surtout, les méthodes introduites dans le pipeline complet (alignement de séquences,
harmonisation des annotations, complétion combinatoire de réseau, analyse sémantique),
permettent de réaliser efficacement une reconstruction de reconstruction de réseau métabolique
en tirant partie de la plupart des informations disponibles sur le réseau : annotation
du génome, connaissance sur des espèces cousines (réseau métabolique de référence), pro-
fils métabolique, et modèles HMM associé à toutes les protéines introduites dans la banque
de référence metacyc. Ce pipeline est en cours d’application à d’autres modèles marins ou
extrémophiles.
Une fois la complétion réalisée, le réseau a été analysé d’un point de vue topologique
pour obtenir de nouvelles connaissances sur le métabolisme d’Ectocarpus siliculosus. CetteConclusion et perspectives 101
étude a permis de faire de nouvelles hypothèses sur la biosynthèse des acides aminés aromatiques
ou du molybdenum. Ainsi, une nouvelle voie de synthèse de la tyrosine aurait été
identifiée de même qu’une origine probablement bactérienne d’un des gènes présent dans
la voie de synthèse du molybdenum. D’autre par la création du réseau métabolique a permis
de guider la réannotation de gènes chez Ectocarpus siliculosus. En effet, lorsque nous
ajoutons des réactions au réseau pendant l’étape de création de l’ébauche à l’aide d’orthologues
ou lors de la complétion, cela indique que ces réactions n’ont pas été ajoutées grâce
aux annotations. Il y a donc ici une amélioration possible des annotations du génome. Si
le transfert d’information est relativement direct lorsqu’il s’agit de l’utilisation des données
d’orthologie, cela est beaucoup moins évident à partir de la complétion. Nous proposons
alors une liste de réactions à ajouter au réseau mais ces réactions sont totalement détachées
de toute preuve de présence de l’enzyme au niveau génétique. Pour palier à cela, lorsque
nous proposons la présence d’une réaction dans le réseau, nous associons cette proposition
de réaction à un ou plusieurs gènes associés en utilisant la création de profils HMMs à
partir des gènes existants chez d’autres espèces.
Perspectives
Différentes perspectives ressortent de ce travail à plus ou moins long terme.
Automatisation du pipeline Tout d’abord, si les différentes briques du processus de reconstruction
de réseaux métaboliques sont grandement automatiques, il reste à automatiser
l’ensemble du processus pour fournir aux utilisateurs finaux un processus global et
automatique de reconstruction nécessitant le moins possible d’étapes manuelles. Cela permettra
d’obtenir un outil global utilisable par tous pour la reconstruction de réseaux métaboliques
eucaryotes chez des espèces non classiques. Ce travail est d’ors et déjà en cours.
Fonctionnalité La définition de la productibilité par Meneco, nous l’avons vu, amène à
une sous-approximation de la productibilité des molécules comparé aux méthodes stœ-
chiométriques au niveau des cycles. Une voie d’amélioration de ce point serait d’améliorer
la sémantique de productibilité en prenant en compte une partie des cycles utilisés par
la sémantique proposée par Acuna Sagot. Une autre grosse piste de recherche consisterait
à utiliser les développements en cours de solveurs hybrides ASP+ILP. Cela permettrait de
combiner l’efficacité des solveurs ASP avec une définition quantitative de la productibilité.
Il faudrait alors combiner des critères quantitatifs et qualitatifs. Mais pour le moment les
méthodes de recherche combinatoire ont du mal à "apprendre" des contraintes à partir des
solveurs ILP existants.
Amélioration et étude fonctionnelle du réseau métabolique D’autre part, maintenant
que le réseau est reconstruit, il devrait pouvoir être utilisé pour réaliser des prédictions sur
le métabolisme d’Ectocarpus siliculosus en réalisant une étude fonctionnelle précise du
réseau. Nous espérons que cette étude aide à comprendre la forte capacité d’adaptation
et d’acclimatation de cette algue brune aux stress abiotiques tel que le stress salin. Pour102 Conclusion et perspectives
cela nous comptons utiliser les quelques données de transcriptomique existantes. Ces expériences
ont été réalisées en conditions de stress salin ou cuivrique, il sera donc intéressant
de voir quelles gènes présents dans le réseau métabolique sont sur-exprimées ou sousexprimés
lors de ce stress. De nouvelles voies de réponses aux stress pourraient alors être
identifiées. D’autre part l’espèce d’Ectocarpus vivant en eau douce va être très prochainement
séquencée. Reconstruire le réseau métabolique de cette espèce par la même méthode
et comparer les deux réseaux obtenus pourrait permettre d’obtenir des indications sur la
raison de cette adaptation à l’eau douce (apparition de certaines voies métaboliques ou
disparition d’autres). Là encore l’étude de la fonctionnalité du réseau a commencé avec
sa décomposition en modes élémentaires et en modules réalisée par Annika Röhl et Arne
Reimers, respectivement, lors d’une visite au laboratoire "Mathematics in Life Sciences" de
Berlin.
De plus de nouvelles données de métabolomique à haut débit devraient être disponibles
sous peu. L’identification d’un grand nombre de métabolites chez Ectocarpus siliculosus
devrait ainsi permettre d’améliorer encore l’étape de complétion du réseau, la technique
de complétion utilisée étant d’autant plus précise que le nombre de métabolites dont nous
devons expliquer la présence est grand.
Enfin des données de profilage C13 devraient arriver sous peu chez des algues. Il serait
alors intéressant de travailler au niveau moléculaire, par exemple en rajoutant des contraintes
de traçage des carbones sur les voies métaboliques.
Étude de communautés d’espèces À plus long terme, nous pouvons nous interroger sur
la symbiose existant entre Ectocarpus siliculosus et de nombreuses souches bactériennes
vivant à sa surface. En effet, il a d’ores et déjà été montré que ces bactéries jouent un rôle non
négligeable pour le métabolisme de l’algue brune. Reconstruire le réseau "méta-métabolique"
de l’algue et de l’ensemble des bactéries vivant en symbiose avec elle. Il est en effet possible
que ces bactéries fournissent à l’algue des nutriments et vice-versa. Cet échange pourrait
être particulièrement intéressant par exemple lorsque la marée se retire et que l’algue subit
de très forts stress au niveau de la zone intertidale.
Pour ce faire, les zones d’échange entre les différents organismes seront particulièrement
importantes à modéliser. En effet, ces zones d’échanges et les transporteurs impliqués
impliquent des contraintes à la fois qualitatives et quantitatives qui caractérisent les
échanges au sein d’une communauté. Identifier automatiquement ces contraintes est à la
fois un défi informatique et une donnée très importante en biologie. En effet, il est souvent
impossible ou très difficile d’isoler une bactérie précise ou un protiste vivant en communauté
pour le faire croître en culture. Une fois que les échanges de molécules entre organismes
élucidés, il est possible d’espérer pouvoir créer des milieux de cultures spécifiques
en mimant les conditions de vie au sein de la communauté.
Importance des réseaux métaboliques chez de nouveaux modèles Cette thèse a permis
de reconstruire un réseau métabolique chez un nouveau modèle, le modèle des algues brunes,
Ectocarpus siliculosus. Dans un récent article, Fabris et ses collaborateurs [FMC+14] ont
étudié le réseau DiatomCyc qu’ils ont reconstruit récemment. Leur étude montre l’intérêt
des reconstruire des réseaux métaboliques chez des espèces modèles, notamment chez les
straménopiles. En effet, ces réseaux métaboliques pourraient permettre d’élucider certainesConclusion et perspectives 103
parties de leur métabolisme hybride entre ce que l’on trouve chez les animaux, les plantes
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Nature communications, 4, 2013.Table des figures
1.1 Représentation des principaux processus se produisant dans une
cellule. La cellule reçoit des signaux extérieurs qui engendrent des cascades
de signalisation à l’intérieur de la cellule. Ces signaux et les cascades induites
sont étudiées dans les réseaux de signalisation. Ce signal arrive jusqu’au noyau
et engendre une régulation de l’expression des gènes. Cette régulation sera
étudiée par les réseaux de régulation géniques. Les gènes sont ensuite transcrits
en ARN messagers qui pourront être traduits en protéines. Certaines de
ces protéines (appelées enzymes) pourront catalyser des réactions métaboliques
qui transformeront les molécules présentes à l’intérieur de la cellule ou
importées de l’extérieur. Ces réactions sont étudiées dans les réseaux métaboliques.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2 Représentation graphique d’un réseau métabolique composé de deux réactions.
La première réaction (R1) est irréversible et produit B à partir de A. La
seconde (R2) transforme B + C en D de manière réversible. . . . . . . . . . . . . 11
1.3 Les méthodes classiques à base de contraintes pour l’analyse de réseaux mé-
taboliques [PRP04]. La construction de l’espace des solutions est représentée
au centre, les méthodes d’analyse de cet espace des solutions sont représentées
autour. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4 Couverture phylogénétique des reconstructions de réseaux métaboliques
en février 2013[MNP14]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.5 Vue d’ensemble de la procédure de reconstruction de réseaux métaboliques
[TP10]. Les étapes 2 à 4 seront itérées jusqu’à ce que les prédictions réalisées
par le réseaux métaboliques soient en accord avec les observations biologiques. 18
1.6 Limitations actuelles au développement rapide de la reconstruction de ré-
seaux métaboliques. Les éventuels points à améliorer sont indiqués en gris,
les méthodes à base de contraintes étant au centre des améliorations [MNP14]. 20
1.7 Support apporté par les différents outils de reconstruction de réseaux mé-
taboliques, de la création de l’ébauche jusqu’à l’évaluation de la qualité du
réseau [HR14]. Les quatre étapes principales et certains des 96 points relevés
par [TP10] sont étudiés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
1.8 Photo de sporophyte d’Ectocarpus siliculosus en culture. . . . . . . . . . . . . 38
1.9 Représentation simplifiée de l’arbre phylogénétique des eucaryotes [CPC11].
Les cinq groupes majeures ayant développé une multicellularité complexe
sont représenté en couleur. La longueur des barres de couleur indique le
temps relatif approché de développement de la multicellularité dans chaque
lignée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
119120 Table des figures
2.1 Représentation schématique d’un réseau métabolique[AMC+12]. Les nœuds
représentent les métabolites et les hyper-arcs représentent les réactions. Les
nœuds gris correspondent aux sources et le nœud noir la cible. . . . . . . . . . . 43
2.2 Représentation de la répartition statistique du nombre de métabolites non
productibles en fonction de la taille de la base de données utilisée. Les boites
correspondent à la taille du premier et du troisième quartile, la ligne centrale
correspond à la moyenne et les barres correspondent aux valeurs extrêmes. . . 45
2.3 Temps de calcul de Clasp et Unclasp pour la recherche de la taille minimale
de complétion. Les cercles transparents correspondent à la médiane des expérimentations
avec Clasp. Les carrés grisés correspondent à la médiane des
expérimentations avec Unclasp. Pour chaque expérience, les valeurs minimale
et maximale sont reportées avec des lignes verticales. . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.4 Temps de calcul de Clasp pour énumérer l’ensemble des solutions Les cercles
transparents correspondent aux médianes des durées des expérimentations.
Les points noirs correspondent aux médianes du nombre de solutions. Les
lignes verticales correspondent aux valeurs maximales et minimales. . . . . . . 52
2.5 Temps de calcul de Clasp pour déterminer les intersections des solutions
optimales. Les cercles transparents correspondent aux médianes des résultats
de durée des expérimentations. Les points noirs correspondent à la taille mé-
diane des intersections. Les lignes verticales correspondent aux valeurs maximales
et minimales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.6 Exemple de deux réactions impliquant les mêmes molécules et provenant de
la même base de données (MetaCyc), l’une étant réversible et l’autre irréversible. 54
2.7 Temps de calcul de Clasp et Unclasp pour la recherche de la taille minimale
de complétion. Les cercles correspondent à la médiane des expérimentations
avec Clasp. Les carrés correspondent à la médiane des expérimentations
avec Unclasp. Les ronds et carrés grisés correspondent à la modélisation
avec prise en compte de la réversibilité, les ronds et carrés vides correspondent
à la même modélisation sans cette prise en compte. Pour chaque
expérience, les valeurs minimale et maximale sont reportées avec des lignes
verticales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.8 Deux exemples de réseaux métaboliques contenant des cycles. Les
métabolites sont représentés par des ovales verts, les réactions sont représentées
par des rectangles rouges. La direction des réactions est représentée par
la direction des arcs. La stœchiométrie des réactions n’est pas représentée. . . . 58
2.9 Exemples de réseaux métaboliques. Les cercles représentent les métabolites,
les rectangles représentent les réactions. Les chiffres sur les arcs représentent
la stœchiométrie des réactions. Les métabolites S correspondent aux sources
et les métabolites T correspondent aux cibles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
2.10 Tailles des solutions et de l’union des solutions selon la sémantique de productibilité
utilisée. Les croix correspondent aux expériences utilisant la productibilité
d’Acuna-Sagot, les carrés celle de Meneco. Les courbes noires correspondent
à la taille des optimaux, les courbes grises correspondent à la taille
des unions. Il n’existe pas de valeur pour l’union avec Acuna pour une base de
données de 10.000 réactions, les calculs étant trop long. . . . . . . . . . . . . . . 62Table des figures 121
2.11 Représentation de la répartition statistique des différentes complétions en
fonction de la taille de la base de données utilisée. La partie a) correspond
à la complétion utilisant la sémantique proposée par Acuna et Sagot, la partie
droite correspond à la complétion utilisée par Meneco. Les boites correspondent
à la taille du premier et du troisième quartile, la ligne centrale correspond
à la moyenne et les barres correspondent aux valeurs extrêmes. . . . . . . 63
2.12 Distribution des pourcentages de réactions rajoutées aux réseaux dégradés
selon les différentes classes de réactions et le pourcentage de dégradation.
Les boites représentent l’espace interquartile, les moustaches représentent 1.5
espace interquartile. Les ronds représentent les valeurs extrêmes sûres (vides)
ou potentielles (pleins). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
2.13 Distribution des pourcentages de réactions rajoutées au réseau vide selon
les différentes classes de réactions. Les boites représentent l’espace interquartile,
les moustaches représentent 1.5 espace interquartile. Les ronds représentent
les valeurs extrêmes sûres (vides) ou potentielles (pleins). Les ré-
actions essentielles à la production de biomasse (au sens de la FVA) sont représentées
en bleu, les réactions bloquées qui ne possédent jamais aucun flux
non nul en FVA sont représentées en violet, les réactions alternatives pouvant
posséder un flux nul ou non nul lors d’optimisation de la fonction objective
sont représentées en jaune. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.1 Composition des 432 ensembles de 44 réactions candidates à la complétion
pour permettre la productibilité des 50 cibles. Chaque ensemble de réactions
peut être décomposé en un ensemble de 35 réactions présentes partout
auquel nous ajoutons une réaction de chaque groupe représenté, deux
réactions du groupe représenté en haut à gauche et une paire de deux réactions.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.2 Résumé de l’approche intégrative de la reconstruction du réseau métabolique
d’Ectocarpus siliculosus. Les boites bleues correspondent aux outils utilisés.
Les boites vertes correspondent aux données utilisées et aux différentes
versions du réseau existantes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.1 Comparaison entre la reconstruction automatique et l’annotation
manuelle de la voie de synthèse des alginates. * indique un gène
pour lequel l’identifiant a changé dans la base de données en fonction de la
mise à jour de l’annotation structurale du génome (Esi0195_0005 est devenu
Esi0195_0002). ** indique une protéine dont la fonction a été caractérisée biochimiquement
[TVC+11]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4.2 Comparaison entre la reconstruction automatique et l’annotation
manuelle de la voie du cycle du mannitol. ** indique une protéine dont
la fonction a été caractérisée biochimiquement. [RGD+11, GSM+14] . . . . . . 89122 Table des figures
4.3 Les voies de synthèse des acides aminés aromatiques chez les
plantes. [TG10] Les noms des enzymes sont donnés à côté des flèches, et
sont accompagnés des noms abrégés entre parenthèses. Les voies majoritaires
de synthèse de la phénylalanine et de la tyrosine chez les plantes sont indiquées
par des flèches vertes (voie II pour la tyrosine). La voie de synthèse I de
la tyrosine et une voie de synthèse secondaire de la phénylalanine sont repré-
sentées par des flèches rouges. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
4.4 Voies de biosynthèse des acides aminés aromatiques avant et
après curation manuelle.(a) Voies métaboliques prédites dans EctoGEMfunctionnal.
Les commentaires associés aux enzymes indiquent comment les
gènes ont été identifiés et les réactions prédites : PWT (Pathway Tools), PTG
(Pantograph) et HMM. (b) Voies métaboliques obtenues après curation manuelle
par analyse comparative avec d’autres espèces. La voie métabolique de
l’arogénate est représentée en pointillés. Les changements d’expression signi-
ficatifs (FDR < 5%) dûs à des stress cuivriques (après 4h et 8h de traitement),
hypersalins, hyposalins et oxydatifs (après 6h de traitement pour les trois derniers
types de stress) sont indiqués dans cet ordre par les flèches sous les noms
des gènes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.5 Évolution des enzymes impliquées dans la synthèse des acides
aminés aromatiques. L’arbre représente les relations phylogénétiques entre
les organismes telles que définies dans Tree Of Life (http ://tolweb.org). La longueur
des branches ne représente aucune information. La présence des gènes
chez les différents organismes est indiquée par un "+". Les flèches indiquent
la fusion des déshydratases (A/P-DT) et déshydrogénases (A/P-DH). Phytophtora
infestans contient deux déshydratases, l’une étant fusionnée à la déshydrogénase.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.6 Analyse phylogénétique de la A/P-DT d’Ectocarpus siliculosus
. Pour chaque séquence, la première partie du nom correspond au numéro
d’accession dans la base de données NCBI et la seconde partie correspond au
nom de l’espèce où la séquence a été retrouvée. Les couleurs correspondent
aux origines phylogénétiques des espèces. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.7 Analyse phylogénétique de la A/P-DH d’Ectocarpus siliculosus
. Pour chaque séquence, la première partie du nom correspond au numéro
d’accession dans la base de données NCBI et la seconde partie correspond au
nom de l’espèce où la séquence a été retrouvée. Les couleurs correspondent
aux origines phylogénétiques des espèces. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
4.8 Voies de biosynthèse du cofacteur molybdenum. a) Voies métaboliques
curées et protéines associées aux réactions enzymatiques. * marque
les gènes exprimés chez E. siliculosus. ** marque les gènes significativement
(FDR < 5%) réprimés en réponse à un stress hyposalin. Les nombres dans les
ovales correspondent aux numéros E.C. des réactions. (b) Position phylogé-
nétique de deux candidats pour l’activité molybdopterin synthase. La figure
montre un arbre de maximum de vraisemblance avec 75 séquences sélectionnées
dans différentes lignées. Seules les valeurs possédant un bootstrap supé-
rieur à 50 sont indiquées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97Annexes
123125126 Liste des molécules utilisées lors de l’étude de l’efficacité de Meneco
Annexe A
Liste des molécules utilisées lors de
l’étude de l’efficacité de Meneco
TABLE A.1: Liste des molécules utilisées pour la complétion du réseau métaboliqueLes
identifiants en majuscule correspondent aux identifiants MetaCyc, les minuscules aux
noms des molécules (quand les identifiants n’étaient pas suffisamment parlant)
Graines Cibles
Electron Acceptor 4-amino-butyrate
ACP EICOSAPENTAENOATE
ADP AMMONIUM
AMMONIA ARACHIDIC ACID
AMP ARACHIDONIC ACID
ATP ARG
BIOTIN ASN
CA+2 CIT
CARBON-DIOXIDE eicosadienoate
CPD-12921 erucate
CL- myristate
CO-A γ-linolenate
cobalt chloride stearidonate
manganese chloride di-homo-γ-linolenate
molybdate eicosatetraenoate
cyanocob(III)alamin palmitoleate
CU+ Cis-vaccenate
CU+2 CYS
Donor-H2 DOCOSANOATE
GDP GLC
EDTA GLN
GTP GLT
HYDROGEN-PEROXIDE GLUTATHIONE
K+ GLY
MG+2 GLYCERATE
Graines Cibles
NA+ GLYCEROL
NAD GLYCOLLATE
NADH HIS
NADP ILE
NADPH ALANINE
NITRATE ASPARTATE
OXYGEN-MOLECULE ORNITHINE
Pi LEU
PPI LINOLEIC ACID
PROTON LINOLENIC ACID
SULFATE LYS
THIAMINE MANNITOL
UDP MET
Vitamins-B12 OLEATE
COB-I-ALAMIN PALMITATE
WATER PHE
ZN+2 PRO
SER
STEARIC ACID
SUC
THR
Iso-citrate
TRP
TYR
VALAnnexe B
Code ASP original de
Network-Expansion
En 2009, Torsten Schaub et Sven Thiele proposent une méthode [ST09] permettant de
compléter des réseaux métaboliques d’un point de vue qualitatif en s’affranchissant de la
nécessité d’obtention de données cinétiques. Par rapport aux approches précédentes, l’idée
est de vérifier la fonctionnalité du réseau d’un point de vue qualitatif (accessibilité des mé-
tabolites) sans prendre en compte les contraintes induites par la stoechiométrie du système,
qui pourront être vérifiée dans un second temps. En reformulant ce problème de manière
combinatoire, Schaub et Thiele proposent d’utiliser des méthodes d’optimisation récentes
pour énumérer intégralement l’espace des solutions au problème.
Les auteurs sont partis du constat que la grande majorité des réseaux métaboliques reconstruits
automatiquement sont incomplets. De plus, les bases de données des réactions
métaboliques sont de plus en plus exhaustives et leur utilisation n’en devient que plus pertinente.
Enfin, il y a à disposition des données biologiques pour la plupart des organismes
biologiques pour lesquels un réseau métabolique est reconstruit ou en cours de reconstruction,
et qui sont utilisables pour l’étape de complétion.
B.1 ASP
La modélisation et la résolution du problème sont basée sur des technologies apparues
relativement récemment, dite de programmation par ensemble réponse (ou Answer Set Programming,
ASP), qui sont connues pour être particulièrement efficace pour résoudre des
problèmes NP-dur. La programmation par ensembles réponses (ou Answer Set Programming,
ASP) [Bar03, GKKS12] propose un cadre déclaratif pour modéliser des problèmes
combinatoires. Les caractères déclaratifs et la haute performance des solveurs ASP actuels
permettent de se concentrer sur les problèmes de modélisation plutôt que de rechercher
des façons intelligentes de traiter ces problèmes. L’idée de base d’ASP est d’exprimer un problème
sous forme logique de manière à ce que les modèles sortant de cette représentation
donnent les solutions au problème initial. Les problèmes sont exprimés en tant que programmes
logiques et les modèles résultants sont appelés "ensembles réponses" (ou Answer
Sets). Ces ensembles-réponses sont identifiées à l’aide de technologies inspirées par les approches
SAT et les bases de données. Il est bien évidemment possible de déterminer, à l’aide
127128 Code ASP original de Network-Expansion
d’ASP, si un programme possède un ensemble réponse, mais d’autres modes de raisonnement
sont nécessaires pour couvrir l’ensemble des problèmes que l’on peut rencontrer en
pratique. Ainsi il sera possible d’identifier aisément l’intersection ou l’union de l’ensemble
des ensembles réponses. De la même manière, lister l’intégralité des ensembles réponses
pourra être possible.
L’idée générale consiste à représenter les modèles étudiés sous forme de faits logiques
afin de pouvoir raisonner sur ces faits par des ensembles de règles et de contraintes. les
règles seront de la forme :
Listing 5:
1 t : − a1, ..., an.
avec t : la tête de la règle et a1...n les atomes du corps de la règles. Dans le cas présent t
sera vrai si l’ensemble des atomes du corps de la règle sont vrais. Un grounder va instancier
l’ensemble des règles présentes dans un programme ASP à partir des faits logiques afin de
transformer l’ensemble en un langage compréhensible par un solveur.
Durant l’ensemble de la thèse, il a été choisi de travailler avec la suite logicielle Potassco,
vainqueur de nombreux concours par la grande efficacité de son solveur. Ce solveur
(Clasp) a grandement évolué durant les trois années de la thèse et continu encore aujourd’hui
d’évoluer : nouvelles heuristiques, nouveaux solveurs, nouvelle syntaxe avec l’arrivée
du grounder gringo4.
B.2 Network-Expansion
La reconstruction de réseaux métaboliques est, par nature, incomplète. En effet, celle-ci
se base classiquement sur des données d’annotations génomiques qui sont intrinsèquement
imprécises, même si l’annotation a été effectuée manuellement. De plus, il peut arriver
que certaines parties d’un génome n’aient pas été annotées du tout. Ces deux raisons
impliquent qu’un réseau métabolique contient forcément des trous qu’il convient de combler
pour coller au mieux à la réalité biologique. L’idée générale des auteurs est qu’une ré-
action ne peut avoir lieu uniquement que si les réactants de celle-ci sont présents, soit dans
un milieu de culture donné, soit comme produit d’une autre réaction. Ainsi, en partant des
métabolites présents dans un milieu de culture (les métabolites graines) il devient possible
de déterminer le "scope" des graines, c’est à dire l’ensemble des métabolites productibles à
partir des graines et des réactions présentes dans un modèle.
En modélisant ce concept en ASP, les auteurs ont réussi à développer un outil permettant
de compléter des réseaux métaboliques en utilisant des données expérimentales tel que
la présence de certains métabolites cibles dans une cellule. Ainsi, en regardant si ces cibles
font partie du scope des graines, le réseau métabolique peut être considéré comme suffi-
samment complet pour expliquer l’existence de ces cibles. Si ce n’est pas le cas, il conviendra
d’ajouter des réactions dans le réseau pour permettre aux cibles de faire partie du scope
des graines. Ajouter l’ensemble des réactions provenant d’une base de données de réactions
comme MetaCyc permet (généralement) de produire l’ensemble des cibles. Cependant,
toute capacité d’étude biologique ultérieure du réseau sera perdue du fait de la trop
grande quantité de faux-positifs. Les auteurs proposent donc d’utiliser un principe de parcimonie
pour minimiser le nombre total de réactions à ajouter au réseau, et ainsi minimi-Modélisation 129
ser les modifications faites à un réseau que l’on considère initialement de bonne qualité. Ce
problème est par nature extrêmement combinatoire et donne de très nombreuses solutions.
L’utilisation des techniques d’optimisation particulièrement efficaces de la programmation
par ensembles réponses permet de résoudre ce problème.
B.3 Modélisation
Un réseau métabolique est représenté comme un graphe dirigé bipartite G = (R ∪ M,E)
où R et M sont des nœuds représentant respectivement les réactions et les métabolites.
Les réactants d’une réaction correspondent à l’ensemble des nœuds reliés par des arêtes
entrant dans un nœud R (r eac(r ) = {m ∈ M|(m, r ) ∈ E}) et les produits aux arêtes sortantes
(pr od(r ) = {m ∈ M|(r,m) ∈ E}).
Étant donné un réseau métabolique (R ∪M,E) et un sous ensemble M′ ⊆ M de métabolites
graines, une réaction r ∈ R sera "atteignable" depuis M′
si l’ensemble de ses réactants
est dans le scope de M′
, c’est à dire si r eac(r ) ⊆ M′
. De plus un métabolite m ∈ M est atteignable
depuis M′
si m ∈ M′ ou si m ∈ pr od(r ) pour au moins une réaction r ∈ R atteignable
depuis M′
. Ainsi, le scope de M′
, noté Σ(M′
), pourra être calculé en temps polynomial.
Une fois le scope d’un ensemble de métabolites défini, il devient possible de regarder
de plus près la complétion de réseaux métaboliques. Pour cela, il faut également définir
un sous-ensemble de métabolites T ∈ M correspondant aux métabolites cibles (ou targets).
On a également un second réseau métabolique de référence (R
′∪M′
,E
′
) qui correspond à la
base de données de réactions métaboliques. On va donc chercher un ensemble de réactions
R
′′ ⊆ R
′
\R telle que T ⊆ ΣG (S) avec :
G = ((R ∪R
′′)∪(M ∪ M′′),E ∪E
′′)
M′′ = {m ∈ M′
|r ∈ R
′′
,m ∈ r eac(r )∪ pr od(r )}
E
′′ = {(m, r ) ∈ E
′
|r ∈ R
′′
,m ∈ r eac(r )}∪{(r,m) ∈ E
′
|r ∈ R
′′
,m ∈ pr od(r )}
R
′′ sera appelé "complétion" de (R ∪ M,E) à partir de (R
′ ∪ M′
,E
′
) par rapport à S et T .
L’ensemble de cette modélisation a été représenté en programmation logique. Le scope
d’un réseau métabolite N peut alors être défini de la manière suivante en ASP :
Listing 6:
1 scope(M) :- seed(M).
2 scope(M) :- product(M,R), reaction(R,N), draft(N), scope(M’) : reactant(
M’,R).
Ainsi, tous les métabolites graine font partie du scope par nature. Ensuite on défini récursivement
qu’un produit M d’une réaction R appartenant à un réseau N fait également partie
du scope si tous les réactants M′ de cette réaction R font déjà partie du scope. On pourra
ainsi décrire un scope pour le draft métabolique (d scope) et un scope potentiel qui contient
l’union des réactions du draft et de la base de données (p scope).
Pour réaliser la complétion il va falloir choisir des réactions provenant de la base de
données mais pas inclues dans le draft métabolique N :130 Code ASP original de Network-Expansion
Listing 7:
1 {xreaction(R) : not reaction(R,N) : draft(N)}.
Le scope des graines du draft métabolique N étendu par la base de données sera donc :
Listing 8:
1 xscope(M) :- seed(M).
2 xscope(M) :- product(M,R), reaction(R,N), draft(N), xscope(M’) :
reactant(M’,R).
3 xscope(M) :- product(M,R), reaction(R,N), xscope(M’) : reactant(M’,R).
Enfin, il faut que l’ensemble des métabolites cibles puisse être produit, et donc qu’ils
fassent partie du scope étendu des graines. Cela se représente par la contrainte d’intégrité
suivante :
Listing 9:
1 :- target(M), not xscope(M).
L’encodage précédent permet d’obtenir l’ensemble des complétions possibles. Cependant,
le nombre de celles-ci étant gigantesque, il y a un gros risque que l’on ne passe pas
à l’échelle. Afin de réduire le nombre de solutions possibles, différents ajustements ont été
réalisés.
Tout d’abord nous ne nous intéressons qu’à certaines réactions de la base de données,
réactions que nous qualifierons d’"intéressantes" :
Listing 10:
1 :- xreaction(R), not ireaction(R).
Ces réactions d’intérêt sont toutes les réactions du scope des métabolites graines qui se
trouvent en amont des métabolites cibles.
Listing 11:
1 ireaction(R) :- interesting(M), product(M,R), reaction(R,N).
2 interesting(M) :- target(M), not dscope(M).
3 interesting(M) :- reactant(M,R), ireaction(R), not dscope(M).
Ainsi, une réaction d’intérêt est une réaction produisant un métabolite d’intérêt, c’est à dire :
– Un métabolite cible qui ne peut pas être produit par le draft métabolique
– Un métabolite nécessaire à une réaction d’intérêt et non productible par le draft mé-
tabolique.
Ensuite nous nous concentrons sur les réactions qui peuvent être utilisées, c’est à dire
celles pour lesquelles tous les réactants sont présents dans l’extension étudiée :
Listing 12:
1 :- xreaction(R), not oreaction(R).
2 oreaction(R) :- xscope(M) : reactant(M’, R), reaction(R,N), not draft(N)
.Modélisation 131
Une fois l’ensemble des complétions possibles, on va chercher à réduire au maximum les
modifications apportées au réseau en minimisant le nombre de réactions ajoutées au ré-
seau. En ASP cela se définira de la manière suivante :
Listing 13:
1 minimize{xreaction(R) : ireaction(R) : not~reaction(R,N)}.132 Code ASP original de Network-ExpansionAnnexe C
Réannotation de gènes
TABLE C.1: Liste des gènes réannotés dans la base de données génomique Orcae après reconstruction
du réseau métabolique
Locus Numéro EC
prédit
Prédiction fonctionnelle dans Ectocyc
Esi0000_0236 EC-2.1.1.163 S-adenosylmethionine :2-demethylmenaquinol methyltransferase
Esi0000_0399 EC-1.1.1 3-oxo-acyl-CoA reductase
Esi0000_0579 EC-5.3.3 2-hydroxyhepta-2,4-diene-1,7-dioate isomerase
Esi0002_0180 EC-4.2.1.46 dTDP-glucose 4,6-dehydratase
Esi0006_0009 EC-5.4.2.3 Phosphoacetylglucosamine mutase (PAGM)
Esi0008_0209 EC-2.6.1.2 Alanine aminotransferase
Esi0009_0077 EC-2.7.1.173 nicotinate riboside kinase
Esi0009_0083 EC-2.7.1.173 nicotinate riboside kinase
Esi0012_0057 EC-3.6.1 dihydroneopterin-PPP pyrophosphohydrolase
Esi0012_0116 EC-3.6.1 dihydroneopterin-PPP pyrophosphohydrolase
Esi0016_0068 EC-2.7.1.173 nicotinate riboside kinase
Esi0016_0192 EC-2.1.1.163 S-adenosylmethionine :2-demethylmenaquinol methyltransferase
Esi0017_0076 EC-2.4.1.67 alpha-D-galactosyl-(1-3)-1D-myo-inositol :raffinose galactosyltransferase
EC-2.7.1.173 nicotinate riboside kinase
Esi0018_0057 EC-2.7.8.1 ethanolaminephosphotransferase
Esi0021_0019 EC-3.6.1 dihydroneopterin-PPP pyrophosphohydrolase
133134 Réannotation de gènes
TABLE C.2: Liste des gènes réannotés dans la base de données génomique Orcae après reconstruction
du réseau métabolique (suite)
Locus Numéro EC
prédit
Prédiction fonctionnelle dans Ectocyc
Esi0031_0020 EC-2.1.2.3 phosphoribosylaminoimidazolecarboxamide formyltransferase
EC-3.5.4.10 IMP cyclohydrolase
Esi0039_0037 EC-1.6.5.4 Monodehydroascorbate reductase
Esi0039_0059 EC-2.7.1.173 nicotinate riboside kinase
Esi0040_0041 EC-6.2.1.5 succinate—CoA ligase (ADP-forming)
Esi0041_0029 EC-3.6.1 dihydroneopterin-PPP pyrophosphohydrolase
Esi0044_0110 EC-1.3.1.21 7-dehydrocholesterol reductase (=Sterol delta-7 reductase)
Esi0047_0145 EC-4.1.1.22 Histidine decarboxylase
Esi0053_0006 EC-6.1.1.1 Tyrosyl-tRNA synthetase
Esi0059_0045 EC-4.1.3.4 Hydroxymethylglutaryl-CoA lyase
Esi0062_0044 EC-5.1.3 Isomerases acting on Carbohydrates and Derivatives
EC-5.1.3.18 GDP-mannose 3,5-epimerase
Esi0072_0101 EC-2.7.1.173 nicotinate riboside kinase
Esi0073_0082 EC-1.3.1.70 C-14 sterol reductase (=Delta14-sterol reductase)
Esi0081_0055 EC-3.1.3.67 phosphatidylinositol-3,4,5-trisphosphate 3-phosphatase
Esi0082_0007 EC-5.5.1 Intramolecular lyases
EC-5.5.1.18 Lycopene epsilon-cyclase
EC-5.5.1.19 Lycopene β-cyclase
Esi0089_0041 EC-2.1.1.163 Demethylmenaquinone methyltransferase
Esi0091_0014 EC-6.4.1.4 methylcrotonoyl-CoA carboxylase beta chain
Esi0098_0007 EC-2.4.2.7 Adenine phosphoribosyltransferase
Esi0109_0084 EC-4.1.3.36 Naphthoate synthase
Esi0122_0080 EC-1.2.1 pyruvate dehydrogenase
Esi0122_0102 EC-2.1.1.163 Demethylmenaquinone methyltransferase
Esi0143_0028 EC-3.3.2.6 Leukotriene-A(4) hydrolase
Esi0212_0027 EC-1.6.5.4 Monodehydroascorbate reductase
Esi0223_0020 EC-1.3.1.83 geranylgeranyl reductase
EC-1.3.1.84 acrylyl-CoA reductase (NADPH)135
TABLE C.3: Liste des gènes réannotés dans la base de données génomique Orcae après reconstruction
du réseau métabolique (fin)
Locus Numéro EC
prédit
Prédiction fonctionnelle dans Ectocyc
Esi0223_0029 EC-2.4.2.9 Uracil phosphoribosyltransferase
Esi0243_0011 EC-6.1.1.11 Seryl-tRNA synthetase
Esi0346_0014 EC-1.8.7.1 Sulfite reductase
Esi0359_0011 EC-2.7.1.25 Adenylyl-sulfate kinase
Esi0361_0011 EC-2.5.1.9 Riboflavin synthase
Esi0392_0016 EC-2.6.1.62 Adenosylmethionine–8-amino-7-oxononanoate transaminase
Esi0438_0007 EC-2.7.1.35 Pyridoxamine kinase
Esi0673_0003 EC-2.7.1.17 Xylulokinase
Esi0179_0043 EC-
2.7.7.80/2.8.1.11
molybdopterin-synthase adenylyltransferase / sulfurtransferase
Esi0147_0053 EC-4.1.99.18 cyclic pyranopterin monophosphate synthase
Esi0031_0067 EC-2.8.1.12 molybdopterin synthase
Esi0000_0519 EC-
2.7.7.75/2.10.1.1
molybdopterin adenylyltransferase / hydrolaseRésumé
Durant cette thèse nous nous sommes attachés au développement d’une méthode globale
de création de réseaux métaboliques chez des espèces biologiques non classiques pour
lesquelles nous possédons peu d’informations. Classiquement cette reconstruction s’articule
en trois points : la création d’une ébauche métabolique à partir d’un génome, la complétion
du réseau et la vérification du résultat obtenu. Nous nous sommes particulièrement
intéressé au problème d’optimisation combinatoire difficile que représente l’étape de complétion
du réseau, en utilisant un paradigme de programmation par contraintes pour le ré-
soudre : la programmation par ensemble réponse (ou ASP). Les modifications apportées à
une méthode préexistante nous ont permis d’améliorer à la fois le temps de calcul pour ré-
soudre ce problème combinatoire et la qualité de la modélisation. L’ensemble de ce processus
de reconstruction de réseau métabolique a été appliqué au modèle des algues brunes,
Ectocarpus siliculosus, nous permettant ainsi de reconstruire le premier réseau métabolique
chez une macro-algue brune. La reconstruction de ce réseau nous a permis d’amé-
liorer notre compréhension du métabolisme de cette espèce et d’améliorer l’annotation de
son génome.
Abstract
In this thesis we focused on the development of a comprehensive approach to reconstruct
metabolic networks applied to unconventional biological species for which we have
little information. Traditionally, this reconstruction is based on three points : the creation
of a metabolic draft from a genome, the completion of this draft and the verification of the
results. We have been particularly interested in the hard combinatorial optimization problem
represented by the gap-filling step. We used Answer Set Programming (or ASP) to solve
this combinatorial problem. Changes to an existing method allowed us to improve both the
computational time and the quality of modeling. This entire process of metabolic network
reconstruction was applied to the model of brown algae, Ectocarpus siliculosus, allowing
us to reconstruct the first metabolic network of a brown macro-algae. The reconstruction
of this network allowed us to improve our understanding of the metabolism of this species
and to improve annotation of its genome.
Nouvelles approches en filtrage particulaire. Application
au recalage de la navigation inertielle
A. Murangira
To cite this version:
A. Murangira. Nouvelles approches en filtrage particulaire. Application au recalage de la
navigation inertielle. Other. Universit´e de Technologie de Troyes - UTT, 2014. French.
HAL Id: tel-01018717
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01018717
Submitted on 4 Jul 2014
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´emanant des ´etablissements d’enseignement et de
recherche fran¸cais ou ´etrangers, des laboratoires
publics ou priv´es.École Doctorale Science des systèmes technologiques et organisationnels
Thèse
présentée pour obtenir le grade de docteur
de l’Université de Technologie de Troyes
Spécialité : Optimisation et Sûreté des Systèmes
Achille Murangira
Nouvelles approches en filtrage
particulaire. Application au recalage de
la navigation inertielle
soutenue le 25 mars 2014 devant le jury composé de
François Le Gland Rapporteur (INRIA Rennes)
Christophe Macabiau Rapporteur (ENAC)
Igor Nikiforov Directeur de thèse (UTT)
Jean-Michel Allard Examinateur (Onera)
Karim Dahia Examinateur (Onera)
Christian Musso Examinateur (Onera)
Hichem Snoussi Examinateur (UTT)
Jean-Yves Tourneret Examinateur (ENSEEIHT)
Gilles Clerc-Renaud Invité (DGA)3
Remerciements
Tout d’abord, je tiens à remercier Igor Nikiforov d’avoir dirigé cette thèse.
Merci à François Le Gland et Christophe Macabiau d’avoir accepter d’en être les rapporteurs,
et à Jean-Yves Tourneret qui a assuré la présidence du jury. Je suis également reconnaissant
envers Hichem Snoussi pour sa participation au jury.
Merci à la DGA et à l’Onera pour avoir co-financé la thèse et à Gilles Clerc-Renaud pour
avoir manifesté beaucoup d’intérêt pour mes recherches.
Grand merci également à Jean-Michel Allard, Karim Dahia de m’avoir accompagné dans la
réalisation de ces travaux. Leur expertise et leur disponibilité ont été essentielles au bon déroulement
de ce doctorat. Je remercie également Christian Musso pour ses idées, son ouverture scientifique
et sa sympathie qui n’ont jamais fait défaut tout au long de ces trois années de recherches.
Merci aux collègues du DCPS et du DTIM avec qui j’ai travaillé et échangé dans une atmosphère
conviviale et détendue.
Enfin merci à mon père, ma mère et mes frères pour leur soutien et leurs encouragements
répétés.45
Résumé
Les travaux présentés dans ce mémoire de thèse concernent le développement et la mise en
oeuvre d’un algorithme de filtrage particulaire pour le recalage de la navigation inertielle par
mesures altimétriques. Le filtre développé, le MRPF (Mixture Regularized Particle Filter), s’appuie
à la fois sur la modélisation de la densité a posteriori sous forme de mélange fini, sur le
filtre particulaire régularisé ainsi que sur l’algorithme mean-shift clustering. Nous proposons également
une extension du MRPF au filtre particulaire Rao-Blackwellisé appelée MRBPF (Mixture
Rao-Blackwellized Particle Filter). L’objectif est de proposer un filtre adapté à la gestion des
multimodalités dues aux ambiguïtés de terrain. L’utilisation des modèles de mélange fini permet
d’introduire un algorithme d’échantillonnage d’importance afin de générer les particules dans
les zones d’intérêt. Un second axe de recherche concerne la mise au point d’outils de contrôle
d’intégrité de la solution particulaire. En nous appuyant sur la théorie de la détection de changement,
nous proposons un algorithme de détection séquentielle de la divergence du filtre. Les
performances du MRPF, MRBPF, et du test d’intégrité sont évaluées sur plusieurs scénarios de
recalage altimétrique.
Mots clés : filtrage particulaire, recalage altimétrique, modèles de mélange, mean-shift clustering,
échantillonnage d’importance, maximum a posteriori, test d’intégrité, détection de changement,
algorithme CUSUM.
Abstract
This thesis deals with the development of a mixture particle filtering algorithm for inertial navigation
update via radar-altimeter measurements. This particle filter, the so-called MRPF (Mixture
Regularized Particle Filter), combines mixture modelling of the posterior density, the regularized
particle filter and the mean-shift clustering algorithm. A version adapted to the Rao-Blackwellized
particle filter, the MRBPF (Mixture Rao-Blackwellized Particle Filter), is also presented. The main
goal is to design a filter well suited to multimodal densities caused by terrain amibiguity. The
use of mixture models enables us to introduce an alternative importance sampling procedure
aimed at proposing samples in the high likelihood regions of the state space. A second research
axis is concerned with the development of particle filtering integrity monitoring tools. A novel
particle filter divergence sequential detector, based on change detection theory, is presented. The
performances of the MRPF, MRBPF and the divergence detector are reported on several terrain
navigation scenarios.
Keywords : particle filtering, terrain navigation, mixture models, mean-shift clustering, importance
sampling, maximum a posteriori, integrity monitoring, change detection, CUSUM algorithm.67
Table des matières
Notations 11
Introduction générale 15
1 Filtrage statistique : méthodes analytiques et numériques 19
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.2 Estimation bayésienne et filtrage en temps discret . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.2.1 Estimation bayésienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.2.2 Le filtre optimal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.3 Méthodes de résolution du problème de filtrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.3.1 Méthodes analytiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.3.1.1 Le filtre de Kalman (KF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.3.1.2 Le filtre de Kalman étendu (EKF) . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.3.1.3 Le filtre de Kalman sans parfum (UKF) . . . . . . . . . . . . . 25
1.3.2 Méthodes numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2 Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire 29
2.1 Méthodes de Monte Carlo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.1.1 Echantillonnage Monte Carlo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.1.2 Echantillonnage pondéré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.1.3 Échantillonnage par acceptation-rejet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.2 Filtrage particulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.2.1 L’échantillonnage séquentiel pondéré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.2.2 Dégénérescence des poids . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.2.3 Ré-échantillonnage des particules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.4 L’algorithme Sequential Importance Resampling (SIR) . . . . . . . . . . 37
2.2.5 Convergence des filtres particulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.3 Le filtre particulaire régularisé (RPF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.3.1 Régularisation d’une loi de probabilité discrète . . . . . . . . . . . . . . 40
2.3.2 Algorithme du filtre particulaire régularisé . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.4 Les filtres particulaires hybrides (RBPF, KPKF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.4.1 Le filtre particulaire Rao-Blackwellisé (RBPF) . . . . . . . . . . . . . . . 428 TABLE DES MATIÈRES
2.4.2 Un exemple de filtre particulaire à noyau : le Kalman Particle Kernel Filter
(KPKF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.5 Comportement du filtre particulaire en présence de multimodalités . . . . . . . . 47
2.5.1 Cas où le nombre de modes est supérieur ou égal à 3 . . . . . . . . . . . 51
2.5.2 Cas où l’état est continu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.6 Modèles de mélange pour le filtrage particulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.6.1 Filtrage pour les modèles de mélange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.6.2 Approximation particulaire pour les modèles de mélange et algorithme
MPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3 Systèmes de navigation inertielle et recalage radio-altimétrique 59
3.1 Introduction à la navigation inertielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.1.1 Repères de navigation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.1.2 Capteurs inertiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
3.2 Les équations de la navigation inertielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
3.2.1 Equation d’attitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
3.2.2 Equation de vitesse du mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.2.3 Equation de position . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.3 Modélisation de l’erreur de navigation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.3.1 Variables d’erreurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.3.2 Équation d’évolution de l’erreur d’attitude . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.3.3 Équation d’évolution de l’erreur de vitesse . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.3.4 Équation d’évolution de l’erreur de position . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.3.5 Modélisation angle-psi pour les équation d’erreurs de navigation . . . . . 67
3.3.5.1 Modélisation des erreurs des capteurs inertiels . . . . . . . . . 67
3.4 Radio-altimétrie et architecture de la navigation hybridée . . . . . . . . . . . . . 68
3.4.1 Généralités sur les radio-altimètres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.4.2 Principe de la navigation hybridée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.5 Approches algorithmiques pour le recalage altimétrique . . . . . . . . . . . . . . 70
3.5.1 Recalage altimétrique par bloc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.5.2 Recalage par banc de filtres de Kalman . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
3.5.3 Du Point-Mass Filter aux filtres particulaires . . . . . . . . . . . . . . . 71
3.5.4 Recalage altimétrique continu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
4 Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités 75
4.1 Détermination des modes de la loi a posteriori par clustering . . . . . . . . . . . 76
4.1.1 L’algorithme mean-shift clustering . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.1.1.1 Estimation de densité par noyau . . . . . . . . . . . . . . . . 77
4.1.1.2 Estimation du gradient de la densité . . . . . . . . . . . . . . 78
4.1.1.3 Détermination de clusters par procédures mean-shift . . . . . 81
4.1.2 Sélection automatique du facteur de lissage du mean-shift clustering . . . 82
4.1.2.1 Sélection d’un facteur de lissage global fondée sur un critère
statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 829
4.1.2.2 Sélection d’un facteur de lissage global basée sur un indice de
validité des clusters . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
4.1.2.3 Sélection d’un facteur de lissage local basée sur la stabilité de
la partition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.1.2.4 Sélection d’un facteur de lissage global adapté à l’échelle du
nuage de particules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.1.3 Stratégies de réduction du temps de calcul de l’algorithme de mean-shift
clustering . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.2 Ré-échantillonnage et régularisation locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
4.3 Gestion dynamique des clusters du filtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
4.4 Résumé de l’algorithme MRPF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.5 Échantillonnage d’une loi d’importance basée sur les maxima locaux de la densité
a posteriori . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.5.1 Motivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.5.2 Evaluation du maximum a posteriori pour un modèle d’observation partiellement
linéaire avec a priori gaussien . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.5.3 Loi de proposition centrée sur le MAP pour l’échantillonnage d’importance 99
4.5.3.1 Cadre statique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
4.5.3.2 Cadre dynamique : illustration . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.5.3.3 Application au filtrage particulaire pour les modèles d’observation
partiellement linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
4.5.4 Extension au filtre particulaire Rao-Blackwellisé : algorithme MRBPF-MAP 117
4.6 Evaluation des performances du MRPF, du MRPF-MAP et du MRBPF-MAP . . 119
4.6.1 Profils de terrain pour le recalage radio-altimétrique . . . . . . . . . . . 119
4.6.2 Modèle d’état et d’observation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.6.3 Critères de performances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.6.4 Simulations A : évaluation des performances du MRPF . . . . . . . . . . 126
4.6.4.1 Conditions de simulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
4.6.4.2 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
4.6.5 Simulations B : évaluation des performances du MRPF-MAP . . . . . . 135
4.6.5.1 Conditions de simulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
4.6.5.2 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
4.6.6 Simulations C : évaluation des performances du MRBPF-MAP . . . . . . 146
4.6.6.1 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
5 Test d’intégrité pour le filtrage particulaire : application au recalage radioaltimétrique
157
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
5.2 Outils statistiques pour la détection de changement . . . . . . . . . . . . . . . 157
5.2.1 Test d’hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
5.2.2 Test séquentiel entre hypothèses simples . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
5.2.3 Algorithme CUSUM pour la détection de changement en ligne . . . . . . 159
5.3 Un aperçu sur les tests d’intégrité pour les filtres de Kalman . . . . . . . . . . . 16110 TABLE DES MATIÈRES
5.3.1 Définition et causes de divergences pour le filtre de Kalman et ses variantes161
5.3.2 Tests de détection de divergence en filtrage de Kalman . . . . . . . . . . 162
5.4 Détection de divergence en filtrage particulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
5.5 Formulation d’un test d’hypothèse pour la détection de divergence d’un filtre
particulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
5.5.1 Approximation de la moyenne de l’innovation particulaire sous l’hypothèse
de fonctionnement normal du filtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
5.5.2 Approximation de la variance de l’innovation particulaire sous l’hypothèse
de fonctionnement normal du filtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
5.5.3 Cas d’un vecteur de mesure multidimensionnel . . . . . . . . . . . . . . 169
5.5.4 Définition du test d’hypothèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
5.6 Mise en oeuvre d’un test séquentiel pour la détection de divergence . . . . . . . 170
5.6.1 Détection en ligne du changement de moyenne du processus d’innovation
normalisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
5.6.2 Choix des paramètres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
5.6.3 Evaluation des performances du détecteur de divergence dans le cadre du
recalage radio-altimétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
5.7 Ré-initialisation du filtre particulaire après divergence . . . . . . . . . . . . . . . 180
5.7.1 Choix de la loi a priori pour la ré-initialisation du filtre . . . . . . . . . . 180
5.7.2 Simulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Conclusion générale 193
A Compléments au chapitre 1 197
A.1 Lemme 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
A.2 Lemme 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
B Complément au chapitre 2 199
C Complément au chapitre 4 203
D Compléments au chapitre 5 205
D.1 Détection de divergence dans le cas d’un vecteur de mesure multidimensionnel . 205
D.2 Initialisation à partir d’une série de mesures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
Bibliographie 21811
Notations et acronymes
Notations
P mesure de probabilité
k temps discret
xk vecteur d’état
yk vecteur d’observation
x0:k ensemble {x0, x1, · · · xk}
y0:k ensemble {y0, y1, · · · yk}
d dimension de l’espace d’état
E(.) espérance
Ep(.) espérance par rapport à la densité p
pk, pk|k densité de xk sachant y0:k
pk|k−1 densité de xk sachant y0:k−1
Cov covariance
Var variance
xˆMAP maximum a posteriori
Qk matrice de covariance du bruit de dynamique
Rk matrice de covariance du bruit d’observation
N nombre de particules/échantillons
x ∼ p échantillon issu de p
x
i particule/échantillon
ω
i poids de la particule x
i
Nef f taille effective de l’échantillon
Nth seuil de ré-échantillonnage pour le critère Nef f
K noyau de régularisation
hopt facteur de dilatation optimal
Xk ensemble des particules à l’instant k : {x
i
k
, i = 1, · · · , N}
4
= égal par définition à
∝ proportionnel à
DKL (f k g) divergence de Kullback-Leibler de g à f
U([a, b]) loi uniforme sur [a, b]
hF, Gi
Z
F(x)G(x)dx12 Notations
Jm, nK segment des entiers compris entre m et n
bxc partie entière de x ∈ R
✶A fonction indicatrice pour un événement A
det(A) déterminant de la matrice A
diag(u1, . . . , un) matrice de diagonale d’éléments u1, . . . , un
ϕ(.|µ, Σ) densité de probabilité de la distribution gaussienne
de moyenne µ et de covariance Σ
dilog fonction di-logarithme
plim limite en probabilité
αj,k coefficient de mélange de la composante d’indice j à l’instant k
Cj,k ensemble des particules appartenant au cluster d’indice j à l’instant k
Ij,k indices des particules appartenant au cluster d’indice j
mh,G vecteur mean-shift évalué avec la fenêtre de lissage h et le noyau G
Rm rayon de fusion dans l’algorithme mean-shift
N
j
ef f taille effective de l’échantillon du cluster d’indice j
αmin seuil de suppression d’un cluster
xˆ
∗
j
estimation du j-ème mode de la densité conditionnelle
Nth,MAP seuil d’utilisation de lois d’importance locales dans le MRPF
λ latitude géographique
φ longitude géographique
z altitude géographique
Rn2b matrice de rotation du repère de navigation (n) au repère engin (b)
ψ lacet
θ tangage
ϕ roulis
γm force spécifique
g pesanteur terrestre
ωie vitesse de rotation de la terre dans le repère TGL
hMNT fonction d’observation correspondant au MNT
H0 hypothèse nulle
H1 hypothèse alternative
Dk fonction de décision
ta temps d’arrêt du test
t0 vrai instant de changement
T¯ temps moyen entre deux fausses alarmes
τ
∗ pire retard moyen de détection
ess sup essentiel supremum
k innovation du filtre optimal
N
k
innovation du filtre particulaire
rk processus d’innovation normalisé
τ délai moyen de détection13
Abbréviations
i.i.d. indépendant(e)s et identiquement distribué(e)s
p.s. presque sûrement
v.a. variable aléatoire
Acronymes
AMISE Asymptotic Mean Integrated Squared Error
ARL Fonction ARL (Average Run Length)
BCR Borne de Cramer-Rao classique ou a posteriori
CUSUM Algorithme des sommes cumulées pour la détection de changement de moyenne
EKF filtre de Kalman étendu
KF filtre de Kalman
KPKF Kalman Particle Kernel Filter
MAP Maximum a posteriori
MNT Modèle numérique de terrain
MRPF Mixture Regularized Particle Filter
MRBPF Mixture Rao-Blackwellized Particle Filter
MSE Mean Squared Error
MISE Mean Integrated Squared Error
RBPF Rao-Blackwellized Particle Filter
RPF Regularized Particle Filter
SIR Sequential Importance Resampling
SIS Sequential Importance Sampling
TFA Taux de fausses alarmes
TGL Trièdre géographique local
TND Taux de non détection
UKF filtre de Kalman sans parfum14 Notations15
Introduction générale
Contexte de la thèse
De manière générale, la navigation est la science et l’ensemble des techniques permettant
de connaître la position d’un véhicule en mouvement. Les systèmes de navigation inertielle fournissent
une estimation des coordonnées de position, vitesse et attitude par double intégration
des mesures d’accélération et de vitesse angulaire délivrées par les accéléromètres et gyromètres
de la centrale inertielle. Ces systèmes permettent une navigation autonome contrairement aux
systèmes de radio-navigation qui reposent sur la transmission de signaux par un émetteur externe.
Les capteurs de la centrale inertielle étant entachés d’erreurs de mesure, la solution de navigation
subit une dérive. Il est nécessaire de recaler la navigation à l’aide de mesures auxiliaires indépendantes
de la centrale inertielle.
Dans cette thèse, nous nous intéressons au recalage d’un aéronef via des mesures de hauteursol
fournies par un radio-altimètre, et un modèle numérique de terrain (MNT). L’estimation de
la position de l’aéronef se fait alors en comparant le profil de terrain obtenu à partir des mesures
altimétriques avec le profil de terrain issu de la carte embarquée. Les algorithmes de recalage
fonctionnent soit par batch, c’est-à-dire par corrélation de blocs de mesures consécutives avec le
MNT, soit récursivement en mettant à jour l’estimation de la position à chaque mesure reçue.
Les systèmes batch comme le TERCOM (Terrain Contour Matching) supposent généralement
une bonne connaissance de la vitesse et de l’altitude ce qui restreint leur domaine d’utilisation.
Les méthodes récursives telles que le SITAN (Sandia Inertial Terrain Navigation) reposent sur
l’utilisation d’un ou plusieurs filtres de Kalman étendus (EKF). Cependant lorsque l’incertitude
sur la position initiale est grande ou lorsque le terrain est très accidenté, leur efficacité est limitée.
Dans les deux dernières décennies, les filtres particulaires ont connu un intérêt croissant car ils
permettent d’estimer récursivement l’état d’un système dynamique, sans imposer de contraintes
sur la linéarité du modèle. Ils reposent sur l’approximation de la loi de l’état du système, conditionnellement
aux mesures passées et sont particulièrement adaptés lorsque cette loi est multimodale.
Les caractéristiques de non-linéarité et de multimodalités sont justement typiques de la problé-
matique du recalage par mesures altimétriques :
– en début de recalage, du fait de l’ambiguïté de terrain, il existe plusieurs positions compatibles
avec les mesures. Cela se traduit par une loi conditionnelle multimodale.
– l’équation d’observation du radio-altimètre reliant la position de l’aéronef à la hauteur-sol
est non-linéaire.16 Introduction générale
Le filtre particulaire est une méthode de Monte Carlo séquentielle dont les fondements datent
probablement des années 70 [53, 52], mais la plupart des travaux ont eu lieu à partir des années
90 avec les contributions de Gordon et. al [50], Kong et al. [69], Del Moral [30], Del Moral et.
al [33], ou encore Pitt et Shepard [105]. Les algorithmes particulaires standards reposent sur la
succession d’étapes de prédiction, de correction et de ré-échantillonnage qui maintiennent un
système de particules pondérées approchant la loi a posteriori. Lors de l’étape de prédiction, les
particules sont propagées selon l’équation de dynamique, puis leur poids sont ajustés selon leur
adéquation avec l’observation courante via l’évaluation de la fonction de vraisemblance. Le ré-
échantillonnage consiste à favoriser les particules dont les poids sont significatifs afin de conserver
une approximation de la loi a posteriori non-dégénérée.
Bergman [6] est à l’origine des premiers travaux sur le filtrage particulaire pour le recalage altimétrique.
Dans son étude, il suppose que l’altitude et les composantes de vitesse sont connues et
cherche à estimer la position horizontale du véhicule. Les filtres implémentés se montrent robustes
aux divergences et sont capables d’atteindre la borne d’erreur minimale (Borne de Cramer-Rao
a posteriori), pour une incertitude initiale en position modeste. Des travaux ultérieurs ont permis
d’étudier l’apport de nouveaux filtres à la problématique du recalage altimétrique. Le filtre
particulaire régularisé de Oudjane et Musso [96], initialement développé pour le pistage de cible,
a permis de rendre l’étape de ré-échantillonnage plus robuste. Dans ses travaux sur la navigation
par corrélation de terrain, Nordlund [94] utilise Le Rao-Blackwellized Particle Filter. Ce filtre
exploite la nature linéaire de l’équation de mesure altimétrique, conditionnellement à la position
horizontale, ce qui permet de restreindre l’échantillonnage des particules aux coordonnées de position
horizontale, les composantes d’altitude et de vitesse étant estimées grâce à une batterie de
filtres de Kalman. Ceci permet en principe de réduire le nombre de particules utilisées pour des
performances identiques. On peut également citer le développement du KPKF de Dahia [28] qui
permet d’avoir des taux de convergence plus importants lorsque l’incertitude initiale est importante
tout en réduisant le nombre de particules utilisées.
Néanmoins, il y a deux situations spécifiques pouvant provoquer la divergence du filtre :
1. Lorsque l’approximation particulaire est multimodale, on observe [67, 118] que les étapes
de ré-échantillonnage successives peuvent provoquer la perte prématurée d’un ou plusieurs
modes. Lorsque le mode perdu correspond à la vraie position de l’aéronef, le filtre diverge
automatiquement. Ce risque est d’autant plus important que le terrain est ambigu car, dans
ce cas le filtre est multimodal.
2. Lorsque le terrain connait une variation brusque sous forme d’un fort gradient de terrain
(par exemple un canyon), les méthodes d’échantillonnage standards intervenant dans l’implémentation
du filtre, sont mises en difficulté. Cette situation survient également lorsque
la fonction de vraisemblance, qui intervient lors de l’étape de correction, est très localisée :
c’est le cas si la variance du bruit de mesure est très petite. Lorsque cette situation survient,
le risque est de n’avoir que quelques particules avec un poids significatif, ce qui peut faire
diverger le filtre.
Une autre problématique soulevée par le filtrage particulaire est la détection automatique et sé-
quentielle de la divergence : cela permet de contrôler l’intégrité de la solution de recalage fournie17
par le filtre et, éventuellement, de le ré-initialiser. Dans ces travaux nous considérons que la divergence
correspond à une situation où l’erreur d’estimation est incompatible avec le domaine de
confiance fourni par le filtre particulaire.
Nous proposons dans cette thèse, une approche permettant de conserver le plus longtemps
possible, les modes de la loi conditionelle, jusqu’à ce que l’ambigüité soit levée : les filtres particulaires
développés à cet effet sont le MRPF (Mixture Regularized Particle Filter) et son extension
au filtre Rao-Blackwellisé, noté MRBPF (Mixture Rao-Blackwellized Particle Filter). Ces filtres
s’appuient sur le MPF (Mixture Particle Filter) [118] où la densité cible est exprimée sous forme
d’un mélange de densités fini. Idéalement, chaque composante du mélange est monomodale et
approximée par un sous-ensemble de particules pondérées. Nous utilisons dans le MRPF et le
MRBPF l’algorithme de clustering mean-shift permettant de grouper automatiquement les particules
associées au même mode. Par ailleurs, nous introduisons une procédure de régularisation
locale adaptée aux multimodalités.
Le MRPF et le MRBPF sont ensuite combinés avec une méthode d’échantillonnage d’importance
basée sur les maxima locaux de la loi conditionnelle, l’objectif étant de propager efficacement les
particules dans les zones d’intérêt. Les algorithmes résultants sont le MRPF-MAP et le MRBPFMAP.
Enfin, nous introduisons un algorithme de détection séquentielle de divergence que nous testons
sur plusieurs scénarios de recalage : la première difficulté est de définir un test d’hypothèse permettant
de décider entre la divergence et la non-divergence du filtre. Classiquement, la divergence
en filtrage particulaire est souvent confondue avec le phénomène de dégénérescence, qui est évalué
empiriquement grâce à des indicateurs comme la taille effective de l’échantillon ou l’entropie
des poids. Pourtant en pratique, la divergence du filtre particulaire - au sens d’une "grande" erreur
d’estimation - n’implique pas systématiquement la dégénérescence, d’où la nécessité d’introduire
un autre critère.
Organisation du mémoire
Ce document est organisée en 5 chapitres :
– Le chapitre 1 est un aperçu général sur la problématique du filtrage linéaire et non-linéaire.
Les algorithmes classiques (filtre de Kalman et ses variantes, méthodes de maillages) et
leur cadre d’applicabilité y sont présentés.
– Le chapitre 2 présente les méthodes standards de filtrage particulaire avec un accent sur leur
utilisation dans le cadre du recalage altimétrique. Les difficultés soulevées par le maintien
des modes de la densité conditionnelle dans un filtre particulaire y sont détaillées.
– Le chapitre 3 présente brièvement les systèmes de navigation inertielles et la problématique
du recalage radio-altimétrique.
– Le chapitre 4 introduit plusieurs algorithmes de filtrage particulaire (MRPF, MRBPF et
leurs variantes), développés afin d’approcher plus efficacement la loi a posteriori en début
de recalage lorsque celle-ci est fortement multimodale. Une méthode d’échantillonnage
d’importance permettant de propager les particules dans les zones de forte probabilité est18 Introduction générale
également proposée. Nous présentons également les simulations expérimentales permettant
de quantifier l’apport de chaque algorithme sur plusieurs scénarios de recalage altimétrique.
– Le chapitre 5 est consacré aux tests d’intégrité pour le filtrage particulaire. Nous formulons
le problème de la détection de divergence sous forme d’un test d’hypothèses portant sur
l’innovation du filtre. L’algorithme CUSUM (CUmulative SUM) est utilisé pour contrôler
la statistique de test. Les performances du test développé sont étudiées dans le cadre du
recalage altimétrique en terme de fausses alarmes, de délai de détection et de non détection.
Liste de publications
Le travail de recherche a donné lieu à trois publications dans des congrès internationaux :
B Murangira, A., Musso, C., Proposal Distribution for Particle Filtering Applied to Terrain
Navigation, Proceedings of the 21st European Signal Processing Conference (EUSIPCO),
Marrakech, September 9–13, 2013
B Murangira, A., Musso, C., Nikiforov, I., Particle filter divergence monitoring with application
to terrain navigation, Proceedings of the 15th International Conference on Information
Fusion (FUSION), Singapore, July 9–12, 2012
B Murangira, A., Musso, C., Dahia, K., Allard, J., Robust regularized particle filter for terrain
navigation, Proceedings of the 14th International Conference on Information Fusion
(FUSION), Chicago, July 5–8, 201119
Chapitre 1
Filtrage statistique : méthodes
analytiques et numériques
1.1 Introduction
Ce chapitre introduit la notion de filtrage d’un point de vue général. Après avoir exposé le filtre
optimal comme solution au problème de filtrage, nous nous décrivons les méthodes permettant de
calculer de manière exacte ou approchée le filtre optimal. Nous présentons d’abord les méthodes
analytiques (le filtre de Kalman et ses dérivées) avant de passer au méthodes de résolution
numériques.
1.2 Estimation bayésienne et filtrage en temps discret
Le filtrage consiste à estimer les variable d’états d’un système dynamique que l’on observe
partiellement à travers une série de mesures. Les états (xk)k≥0 du système sont soumis à une
évolution dans le temps décrite par une équation de dynamique du type :
xk = fk(xk−1, wk) (1.1)
où le vecteur des états xk prend ses valeurs dans R
d
, d ≥ 1 étant un entier désignant le nombre
d’états. La suite de variables aléatoires (v.a.) (wk)k≥0 à valeurs dans R
s
, s ≥ 1, modélise les
perturbations aléatoires de la dynamique et l’imperfection du modèle. fk est une fonction à valeurs
dans R
d
.
Ce système est partiellement observé à travers une série de mesures yk fournies par un instrument.
Ce processus d’observation est modélisé par l’équation suivante :
yk = h(xk) + vk (1.2)
h est une fonction d’observation connue à valeurs dans R
m, m ≥ 1 et (vk)k≥0 une suite de v.a.
décrivant les erreurs de mesures dont l’intensité est fonction des imperfections des capteurs et du
rapport signal à bruit. Étant donné la série d’observations bruitées {y0, y1, y2, · · · yk}, on souhaite
estimer l’état du système xk.20 1. Filtrage statistique : méthodes analytiques et numériques
1.2.1 Estimation bayésienne
Le problème consistant à déterminer l’état du système grâce aux mesures (yk)k≥0 s’appelle
estimation. L’estimation de xk se fait souvent selon un critère de minimisation d’un risque. Par
exemple, l’estimateur xˆk minimisant l’erreur quadratique moyenne (ou estimateur MMSE pour
minimum mean squared error)
E
kxk − xˆkk
2
2
= trace
E (xk − xˆk) (xk − xˆk)
T
est l’espérance conditionnelle [73]
xˆ
MMSE
k = E (xk | y0, . . . , yk)
4
=
Z
xkp(xk | y0, . . . , yk) dxk (1.3)
Un deuxième estimateur, utilisé notamment lorsque la loi de densité conditionnelle p(xk | y0, . . . , yk)
est multimodale, est le maximum a posteriori [29], que nous notons ici xˆ
MAP
k
et qui est défini par
xˆ
MAP
k = arg max
xk
p(xk | y0, . . . , yk) (1.4)
Dans tous les cas, la formulation de ces estimateurs nécessite de déterminer la loi de probabilité
conditionnelle de xk sachant les mesures passées {y0, y1, y2, · · · yk} : c’est la problématique du
filtrage. De façon plus générale, l’estimation de la loi de xk sachant y0:p = {y0, y1, y2, · · · yp}
s’appelle :
– prédiction si p < k
– filtrage si p = k
– lissage si p > k
Pour résoudre le problème du filtrage non-linéaire en temps discret, on se place dans le cadre
des modèles à espace d’état :
– (wk)k≥0 est une suite de v.a. mutuellement indépendantes et indépendante de x0. xk est
donc markovien, sa loi est entièrement définie par sa loi initiale µ0(dx) = P(x0 ∈ dx) et le
noyau de transition Qk tel que
P(xk ∈ A|xk−1 = x
0
) = Z
A
Qk(x
0
, dx) (1.5)
– Le bruit vk est une suite de v.a. mutuellement indépendantes et indépendante du processus
xk.
– L’état initial x0 est indépendant de vk et du bruit de dynamique wk
Dans toute la suite, on supposera que la loi conditionnelle de xk sachant y0:k admet une
densité par rapport à la mesure de Lebesgue. Par abus de langage, on confondra parfois la loi
conditionnelle de xk avec sa densité.
1.2.2 Le filtre optimal
On note pk = p(xk | y0:k) la densité conditionnelle de xk sachant les observations passées
y0:k = {y0, y1, · · · yk}. La suite de densités de probabilité (pk)
k≥0
est appelée filtre optimal. Une21
remarque importante pour la résolution du problème du filtrage est la suivante : le calcul de pk
peut se faire de manière récursive. En effet, pk est entièrement déterminé par la donnée de pk−1 et
de la mesure yk sous réserve que l’on puisse évaluer la densité de probabilité P (yk | xk) = gk(xk)
appelée fonction de vraisemblance.
Le calcul récursif de pk peut alors se décomposer en une étape dite de prédiction et une étape de
correction.
Prédiction L’étape de prédiction calcule la loi prédite définie par pk|k−1(dx) = P(xk ∈ dx |
y0:k−1) à partir de pk−1 et de la dynamique du système, caractérisée par le noyau de transition
Qk.
pk|k−1(dx) = Z
Rd
pk−1(dx0
)Qk(x
0
, dx) (1.6)
En effet,
pk|k−1(dx) = p(xk ∈ dx|y0:k−1)
=
Z
p(xk ∈ dx, xk−1|y0:k−1)dxk−1
=
Z
p(xk ∈ dx|xk−1, y0:k−1)p(xk−1|y0:k−1)dxk−1
et étant donné le caractère markovien de xk, p(xk ∈ dx|xk−1, y0:k−1) = p(xk ∈ dx|xk−1), d’où
pk|k−1(dx) = Z
p(xk ∈ dx|xk−1)p(xk−1|y0:k−1)dxk−1
=
Z
Qk(xk−1, dx)pk−1(dxk−1)
Correction Cette étape permet d’obtenir le filtre pk en utilisant la mesure yk pour corriger la
loi prédite pk|k−1 grâce à la formule de Bayes.
pk =
gk(xk)pk|k−1
Z
Rd
gk(x
0
)pk|k−1(dx0
)
(1.7)
En effet,
pk = p(xk|y0:k)
=
p(yk|xk)p(xk|y0:k−1)p(y0:k−1)
p(yk)
=
gk(xk)p(xk|y0:k−1)
p(yk|y0:k−1)
=
gk(xk)pk|k−1
Z
Rd
gk(x
0
)pk|k−1(dx0
)22 1. Filtrage statistique : méthodes analytiques et numériques
La réalisation des étapes de prédiction et de correction nécessite le calcul d’intégrales multidimensionnelles
dont le calcul analytique n’est possible que sous certaines conditions. Par exemple
dans le cas d’un modèle linéaire gaussien, on dispose d’expressions exactes grâce à l’algorithme
du filtre de Kalman présenté ci-après. De manière générale, il est nécessaire de recourir à des
approximations soit par des méthodes analytiques faisant intervenir une simplification du modèle
(linéarisation pour le filtre de Kalman étendu par exemple, cf. section 1.3.1.2), soit par des
méthodes numériques fondées sur une discrétisation de l’espace d’état (méthodes de maillage),
soit par des méthodes de Monte Carlo (cf. chapitre 2).
1.3 Méthodes de résolution du problème de filtrage
1.3.1 Méthodes analytiques
1.3.1.1 Le filtre de Kalman (KF)
Le filtre de Kalman a été développé par Rudolf Emil Kalman en 1960 pour les modèles
discrétisés [65]. Une version en temps continu a été élaborée une année après par Kalman et
Bucy. C’est le filtre optimal pour les modèles linéaires gaussiens de la forme suivante :
(
xk = Fkxk−1 + Bk + wk
yk = Hkxk + Dk + vk
avec les hypothèses :
– Fk ∈ Md,d(R), Bk ∈ Md,1(R), Hk ∈ Mm,d(R) et Dk ∈ Mm,1(R) sont des matrices
déterministes et connues
– les bruits wk et vk à valeurs dans Rd et Rm sont des bruits blancs gaussiens de matrices de
covariance respectives Qk et Rk. wk et vk sont mutuellement indépendants et indépendants
de la condition initiale x0.
– La condition initiale x0 suit une loi gaussienne de moyenne m0 et de matrice de covariance
P0.
Sous ces hypothèses, on montre que la loi jointe de (xk, yk) est gaussienne ce qui implique que
la loi a posteriori pk l’est également. Le filtre pk est donc entièrement déterminé par la donnée
de sa moyenne xˆk et de sa matrice de covariance Pk. Le filtre de Kalman est un algorithme qui
permet de calculer analytiquement et récursivement ces 2 moments via des étapes de prédiction
(1.6) et de correction (1.7).
1. Prédiction
(
xˆk|k−1 = Fkxˆk−1 + Bk
Pk|k−1 = FkPk−1F
T
k + Qk
(1.8)
2. Correction
xˆk = ˆxk|k−1 + Kk[yk − (Hkxˆk|k−1 + Dk)]
Kk = Pk|k−1HT
k
[HkPk|k−1HT
k + Rk]
−1
Pk = [I − KkHk]Pk|k−1
(1.9)23
Le terme Kk désigne la matrice de gain de Kalman. Il permet d’obtenir la moyenne a posteriori
xˆk = E(xk|y0:k) et la covariance a posteriori Pk = Cov(xk|y0:k) en faisant intervenir la mesure yk
via le terme dit d’innovation k = yk − (Hkxˆk|k−1 + Dk). Les équations de Kalman peuvent être
obtenues en appliquant directement les équations (1.6) et (1.7) afin de calculer successivement
la moyenne et la covariance prédites
xˆk|k−1, Pk|k−1
, puis la moyenne et la covariance corrigées
(ˆxk, Pk). Notons que les matrices (Kk)
k≥0
, (Pk)
k≥0
et
Pk|k−1
k≥0
ne dépendent pas des mesures
(yk)
k≥0
et peuvent être calculées hors ligne.
Lorsque le bruit de dynamique ou de mesure n’est plus gaussien, le filtre de Kalman est le filtre
linéaire à variance minimale.
Filtre de Kalman informationnel Le filtre de Kalman informationnel est une implémentation
qui propage l’inverse Jk de la matrice de de covariance Pk, appelée matrice d’information.
Introduisons Jk|k−1 = P
−1
k|k−1
et Jk = P
−1
k
. Le calcul récursif de Jk|k−1 et Jk s’obtient en utilisant
le lemme d’inversion matricielle (cf. annexe A.1) :
1.
Jk|k−1 = P
−1
k|k−1 =
h
FkPk−1F
T
k + Qk
i−1
(1.10)
=
h
FkJ
−1
k−1F
T
k + Qk
i−1
(1.11)
= Q
−1
k − Q
−1
k Fk[F
T
k QkFk + Jk−1]
−1F
T
k Q
−1
k
(1.12)
2.
Jk = P
−1
k = [Pk|k−1 − Pk|k−1H
T
k
(HkPk|k−1H
T
k + Rk)
−1HkPk|k−1]
−1
(1.13)
= (P
−1
k|k−1 + H
T
k R
−1
k Hk) (1.14)
= (Jk|k−1 + H
T
k R
−1
k Hk) (1.15)
La moyenne prédite se calcule de la même façon :
xˆk|k−1 = Fkxˆk−1 + Bk
La moyenne corrigée est obtenue en exprimant le gain de Kalman Kk en fonction de Jk|k−1 :
Kk = Pk|k−1H
T
k
[HkPk|k−1H
T
k + Rk]
−1
= [HkR
−1
k H
T
k + P
−1
k|k−1
]
−1H
T
k R
−1
k
d’après le lemme d’inversion matricielle A.2. D’où
Kk = [HkR
−1
k H
T
k + P
−1
k|k−1
]
−1H
T
k R
−1
k
= J
−1
k H
T
k R
−1
k
Finalement,
xˆk = ˆxk|k−1 + J
−1
k H
T
k R
−1
k
[yk − (Hkxˆk|k−1 + Dk)]24 1. Filtrage statistique : méthodes analytiques et numériques
D’après (1.12) et (1.15), on observe que dans le filtre de Kalman informationnel, on inverse
essentiellement des matrices d × d (exception faite de la matrice de covariance de mesure Rk)
contrairement au filtre de Kalman standard qui nécessite l’inversion de matrices m×m, où m est
la dimension de la mesure et d celle de l’état. Dans le cas où m >> d, la version informationnelle
peut se révéler avantageuse.
D’autre part, le filtre de Kalman informationnel permet de traiter le cas d’une incertitude initiale
P0 infinie, qui correspond à une information initiale nulle i.e. J0 = 0, là où l’écriture P0 = ∞
n’aurait pas de sens numériquement dans le filtre de Kalman standard.
1.3.1.2 Le filtre de Kalman étendu (EKF)
On considère un système dynamique dont les fonctions d’évolution et d’observation sont
non-linéaires.
(
xk = fk(xk−1) + wk
yk = hk(xk) + vk
(1.16)
wk et vk sont des bruits blancs gaussiens mutuellement indépendants et indépendant de x0. On
ne suppose plus que la condition initiale x0 est gaussienne.
Dans le cas où les fonctions d’observations sont dérivables, on peut linéariser les équations de
prédictions et de corrections respectivement autour de l’état corrigé xˆk−1 et autour de l’état
prédit xˆk|k−1 :
xk ≈ fk(ˆxk−1) + ∇fk (ˆxk−1) (xk−1 − xˆk−1) + wk
yk ≈ h(ˆxk|k−1) + ∇hk
xˆk|k−1
xk − xˆk|k−1
+ vk
où ∇fk et ∇hk représentent les matrices jacobiennes de fk et hk. Soit Fk−1 = ∇fk(ˆxk−1) et
Hk = ∇hk(ˆxk|k−1). Le modèle linéarisé est donc :
(
xk = Fkxk−1 + fk(ˆxk−1) − ∇fk (ˆxk−1) ˆxk−1 + wk
yk = Hkxk + hk(ˆxk|k−1) − ∇hk
xˆk|k−1
xˆk|k−1 + vk
(1.17)
L’algorithme du filtre de Kalman étendu est alors le suivant :
1. Prédiction
Fk−1 = ∇fk(ˆxk−1)
xˆk|k−1 = fk(ˆxk−1)
Pk|k−1 = Fk−1Pk−1Fk
T + Qk
(1.18)
2. Correction
Hk = ∇hk(ˆxk|k−1)
Kk = Pk|k−1Hk
T
HkPk|k−1Hk
T + Rk
−1
xˆk = ˆxk|k−1 + Kk
h
yk − h(ˆxk|k−1)
i
Pk = (I − KkHk) Pk|k−1
(1.19)
Le filtre de Kalman étendu est extrêmement populaire en estimation de systèmes dynamiques.
Il est notamment utilisé en pistage de cible [100], en navigation par mesures GPS [64] ou en
robotique [74]. Il est avantageux par la simplicité de sa mise en oeuvre et sa faible complexité
algorithmique. Cependant, lorsque les fonctions d’évolution et d’observation sont fortement nonlinéaires
ou lorsque l’initialisation est mauvaise, l’EKF est susceptible de diverger.25
1.3.1.3 Le filtre de Kalman sans parfum (UKF)
Le filtre de Kalman sans parfum - Unscented Kalman Filter (UKF) en anglais - a été introduit
par Julier et Uhlmann [63] afin d’éviter l’étape de linéarisation de l’EKF qui peut poser des
problèmes numériques lorsque l’on souhaite calculer les jacobiennes du modèles. L’UKF fonctionne
en calculant successivement la moyenne et la covariance a posteriori de l’état à l’aide d’un nombre
fini d’échantillons, appelés sigma-points caractéristiques de la loi conditionnelle. L’algorithme
suppose implicitement que cette loi est monomodale. Le calcul des sigma points se fait grâce à
une transformation sans parfum (Unscented Transformation) qui permet de calculer les moments
d’une variable aléatoire Y ayant subi une transformation non linéaire sous la forme Y = g(X).
Transformation sans parfum (UT) Etant donné une variable aléatoire X de dimension d
de moyenne X¯ et matrice de covariance PX. Soit Y = g(X) une v.a. dont on veut calculer la
moyenne et la covariance et g une fonction non linéaire. Le principe de la transformation UT est
de choisir 2d+ 1 points pondérés, caractéristiques de la distribution de X, de telle sorte que leurs
moyenne et covariance valent respectivement X¯ et PX. Les sigma-points {χi}
2d+1
i
et leur poids
correspondants {ωi}
2d+1
i
sont choisis de manière déterministe selon le schéma suivant :
χ0 = X¯
χi = X¯ + (q
(d + κ)PX)i
, i = 1, ..., d
χi = X¯ − (
q
(d + κ)PX)i
, i = d + 1, ..., 2d
ω0 = κ/(d + κ)
ωi = ωi = 1/2(d + κ), i = 1, ..., 2d
(1.20)
q
(d + κ)PX
i
est la i-ème colonne de la racine carrée de la matrice (d + κ)PX. Pour une
distribution gaussienne κ = 3 − d, cette valeur est en général utilisée lorsqu’on ne connait pas la
forme de la distribution de X.
Le calcul de la moyenne Y¯ et de la covariance PY de Y se fait alors de la manière suivante :
Yi = g(χi), i = 0, ..., 2d
Y¯ ≈
X
2d
i=0
ωiYi
PY ≈
X
2d
i=0
ωi(Yi − Y¯ )(Yi − Y¯ )
T
Julier et Uhlmann montrent que ces approximations de la moyenne et de la covariance sont
correctes au troisième ordre [62].
L’algorithme UKF L’algorithme de filtrage récursif de l’UKF a été obtenu par Julier et Uhlmann
en définissant l’état augmenté du système x
a
k
, comme la concaténation de l’état xk et des
bruits wk et vk à l’instant k soit : x
a
k = (xk, wk, vk)
T
. x
a
k
est donc un vecteur de dimension
da = 2d + m, m étant la dimension du vecteur de mesure. L’UKF calcule donc à chaque instant26 1. Filtrage statistique : méthodes analytiques et numériques
la moyenne conditionnelle x¯k et la variance a posteriori Pk.
On pose P
a
k = Cov(x
a
k
| y0:k) =
Pk 0 0
0 Q 0
0 0 R
• Initialisation
1. x¯0 = E (x0)
2. P0 = E
h
(x0 − xˆ0) (x0 − xˆ0)
T
i
3. P
a
0 =
P0 0 0
0 Q 0
0 0 R
Pour k = 1 . . . n
• Calcul des sigma-points
1. χ
a,i
k−1 =
x¯
a
k−1 x¯
a
k−1 ±
q
(da + κ) P
a,i
k−1
i = 1 . . . 2da
où q
(da + κ) P
a,i
k−1
représente la i
ème colonne de la décomposition de Cholesky de
(da + κ) P
a,i
k−1
.
• Prédiction
1. χ
x,i
k|k−1 = fk
χ
x,i
k−1
, χ
w,i
k−1
2. x¯k|k−1 =
X
2da
i=0
ωiχ
x,i
k|k−1
3. Pk|k−1 =
X
2da
i=0
ωi(χ
x,i
k|k−1 − x¯k|k−1)(χ
x,i
k|k−1 − x¯k|k−1)
T
4. y
i
k|k−1 = hk
χ
x,i
k−1
, χ
v,i
k−1
5. y¯k|k−1 =
X
2da
i=0
ωiy
i
k|k−1
• Correction
1. P
Y
k|k−1 =
X
2da
i=0
ωi(y
i
k|k−1 − y¯k|k−1)(y
i
k|k−1 − y¯k|k−1)
T
2. P
XY
k|k−1 =
X
2da
i=0
ωi(χ
x,i
k|k−1 − x¯k|k−1)(y
i
k|k−1 − y¯k|k−1)
T
3. Kk = P
XY
k|k−1P
Y,−1
k|k−1
4. x¯k = ¯xk|k−1 + Kk
Yk − y¯k|k−1
5. Pk = Pk|k−1 + KkP
Y
k|k−1KT
k27
Dans la plupart des applications, il a été observé que l’UKF permet d’estimer l’état du système
avec plus de précision que l’EKF [63] avec un gain en robustesse appréciable. De plus, il ne
nécessite pas de linéarisation du modèle, ce qui rend son implémentation plus simple que celle de
l’EKF. Cependant son application se limite aux applications où la loi conditionnelle p(xk | y0:k)
est monomodale.
1.3.2 Méthodes numériques
La plupart des systèmes physiques sont décrits par des modèles en temps continu. Par exemple,
la dérive d’une centrale inertielle obéit à un système d’équations différentielles stochastiques
(cf.3.3). Les systèmes dynamiques en temps continu consistent en un processus d’état caché
(xt)t≥0 et un processus d’observation (yt)t≥0 à valeur respectivement dans R
d
et R
m, dont
l’évolution est régie par le système d’équations suivant :
(
dxt = b(xt)dt + σ(xt)dWt
dyt = h(xt)dt + dVt
(1.21)
où (Wt)t≥0 et (Vt)t≥0 sont des processus de Wiener standards mutuellement indépendants avec
(Vt)t≥0 indépendant de (xt)t≥0. b et h sont des fonctions à valeurs dans R
d
et σ une application
de R
d
7→ R
d × R
d
. Soit Yt = σ(ys, 0 ≤ s ≤ t) la sigma-algèbre engendrée par les observations.
Le problème du filtrage en temps continu consiste à déterminer la densité conditionnelle de xt
sachant Yt notée pt
, telle que pour toute fonction φ mesurable bornée
E(φ(xt)|Yt) = Z
Rd
φ(x)pt(x)dx (1.22)
Sous certaines hypothèses sur les fonctions b et σ, Zakai [125] a montré que le filtre optimal
pt est l’unique solution d’une équation différentielle stochastique, l’équation de Zakai.
dpt = L
T
ptdt + pth
TR
−1
dyt (1.23)
où L est l’opérateur infinitésimal associé au processus xt
, défini par
L =
1
2
Xm
i,j=1
ai,j (.)
∂
2
∂xi∂xj
+
Xm
i,j=1
bi(.)
∂
∂xi
où a = (ai,j ) = σσT
. En pratique, les observations sont disponibles à des instants discrets
tk, k = 0, 1, . . . de sorte qu’il est nécessaire de discrétiser l’équation de Zakai en utilisant un
schéma d’Euler par exemple [104]. Reste à discrétiser l’espace d’état par maillage de manière à
résoudre numériquement (1.23) par différences finies. Le maillage peut se faire à pas constant [71]
ou avec un pas variable ce qui permet de mailler finement les zones de grande probabilité [14] et
mailler grossièrement les zones de faible probabilité : l’avantage du maillage adaptatif est qu’il
permet généralement des gains en temps de calcul et en mémoire. Les méthodes de maillage sont
efficaces en dimension d ≤ 3 mais au delà, le temps de calcul est souvent prohibitif.28 1. Filtrage statistique : méthodes analytiques et numériques
Conclusion du Chapitre 1
Nous avons introduit et défini le problème du filtrage et son application à l’estimation de l’état
d’un système. Le cadre théorique nous a conduit à étudier les méthodes analytiques et numérique
en filtrage. Les principales méthodes analytiques sont essentiellement le filtre de Kalman et ses
variantes. Lorsque le système à espace d’état est faiblement non-linéaire, le filtre de Kalman
étendu (EKF) donne généralement des résultats satisfaisants. Le filtre de Kalman sans parfum
(UKF) améliore la précision de l’estimation de l’état par rapport à l’EKF tout en se montrant
plus robuste. En revanche lorsque les non-linéarités sont fortes, ces méthodes analytiques sont
peu fiables. Une possibilité est de recourir aux méthodes numériques, basées sur une résolution
d’une équation aux dérivées partielles, par des schémas de discrétisation. Cependant, au delà de
la dimension 3, le temps de calcul augmente exponentiellement avec la dimension de l’espace
d’état, ce qui rend leur utilisation limitée.
Les méthodes de Monte Carlo sont a priori plus appropriées car moins sensibles à la dimension de
l’espace d’état et indifférents aux non-linéarités et au caractère gaussien des bruits de dynamique
et de mesure. En outre, elles sont adaptées aux lois conditionnelles multimodales.29
Chapitre 2
Méthodes particulaires pour le filtrage
non linéaire
Introduction
L’objectif de ce chapitre est d’introduire les briques de base du filtrage particulaire et d’exposer
quelques algorithmes utilisés notamment pour le recalage de la navigation inertielle. Nous
introduisons brièvement les méthodes de Monte Carlo usuelles avant d’illustrer comment leur
utilisation dans un cadre séquentiel permet d’aboutir au filtre particulaire. Nous mettons en évidence
les limites du filtre particulaire classique en présence de multimodalités. Dans ce contexte,
nous présentons une méthodologie générale adaptée à l’estimation des lois a posteriori p(xk|y0:k)
multimodales.
2.1 Méthodes de Monte Carlo
2.1.1 Echantillonnage Monte Carlo
Soit X une variable aléatoire à valeurs dans R
d de densité de probabilité p(x). Soit φ une
fonction bornée de R
d dans R. On souhaite approcher numériquement l’espérance de φ(X) définie
par :
E (φ(X)) = Z
φ(x)p(x)dx = φ¯ (2.1)
Soit Xi
, i = 1, 2, . . . , N une suite de variable aléatoires i.i.d de même loi que X. Alors, d’après
la loi des grands nombres, la moyenne empirique converge presque surement (p.s.) vers E(φ(X)),
i.e.
φ¯N 4
=
1
N
X
N
i=1
φ(X
i
) −−−−−→ N→+∞
E(φ(X)) (2.2)
De plus, la variance de l’estimateur φ¯N (X) vaut :
Var
φ¯N
=
σ
2
φ
N30 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
avec
σ
2
φ =
Z
(φ(x) − φ¯)
2
p(x)dx
Par ailleurs, le théorème central limite caractérise l’erreur asymptotique de l’estimateur φ¯N .
En effet, la variable aléatoire
√
N
σφ
φ¯N − φ¯
converge en loi vers une loi normale centrée réduite.
2.1.2 Echantillonnage pondéré
L’échantillonnage Monte Carlo pondéré (importance sampling en anglais) consiste à calculer
l’espérance définie par l’équation (2.1) en simulant un échantillon issu d’une loi de densité q, dite
loi d’importance ou loi instrumentale, et en pondérant cet échantillon de manière adéquate. Cette
méthode est utile lorsque l’on souhaite réduire la variance de l’estimateur Monte Carlo classique
ou quand échantillonner p est difficile (voir l’exemple ci-après). La densité de probabilité q doit
vérifier les hypothèses suivantes pour toute fonction mesurable bornée φ :
1. Le support de x 7→ φ(x)p(x) est inclus dans le support de q
2. Z
φ
2
(x)
p(x)
q(x)
dx < ∞
L’estimateur obtenu par échantillonnage pondéré est obtenu en remarquant que :
Ep (φ(X)) = Z
φ(x)p(x)dx =
Z
φ(x)
p(x)
q(x)
q(x)dx = Eq
φ(X)
p(X)
q(X)
!
(2.3)
Soit x
i
, i = 1, 2, . . . , N un échantillon issu de q. Alors
E (φ(X)) ≈ φ¯N
IS =
1
N
X
N
i=1
φ(x
i
)
p(x
i
)
q(x
i
)
(2.4)
Lorsque la densité p n’est connue qu’à une constante de normalisation c près, i.e. p(x) = cp˜(x)
avec c =
R
p(x)dx, il est possible de définir l’estimateur φ¯N
IS pondéré de la manière suivante :
φ¯N
IS ≈
X
N
i=1
ω˜
iφ(x
i
)
X
N
i=1
ω˜
i
(2.5)
avec ω˜
i =
p˜(x
i
)
q(xi)
. Dans ce cas, la constante de normalisation c est approchée par 1
N
PN
i=1 ω˜
i
.31
Exemple (Inférence Bayésienne) : Afin d’illustrer l’intérêt de l’échantillonnage
pondéré, supposons que le paramètre inconnu X ∼ q où q est la densité d’une loi
que l’on sait échantillonner. On observe X à travers une mesure y = h(X) + v où
v est un bruit de densité gv et h une fonction non-linéaire. On souhaite estimer
une quantité E(φ(X)|Y ) = R
φ(x)p(x|y)dx où φ est une fonction bornée. Dans la
plupart des cas, échantillonner p = p(x|y) n’est pas aisé donc on ne peut recourir à
l’estimateur Monte Carlo standard. En revanche, en prenant comme densité d’importance
la densité a priori q et en constatant que p(x)
q(x) ∝ p(y|x) = gv(y − h(x))
en vertu de la loi de Bayes, on a accès à l’estimateur par échantillonnage pondéré
φ¯N
IS =
PN
i=1 φ(x
i
)gv(y−h(x
i
))
PN
i=1 gv(y−h(xi))
où x
i
, i = 1, . . . , N est un N-échantillon issu de q.
Les estimateurs (2.4) et (2.5) sont asymptotiquement non biaisés et convergent presque
surement vers E (φ(X)) (voir, par exemple [48]). De plus,
Var
φ¯N
IS
=
1
N
Z
φ
2
(x)
p
2
(x)
q(x)
dx −
1
N
Z
φ(x)p(x) dx2
De même que pour l’estimateur Monte Carlo standard, il existe un théorème central limite
qui permet de caractériser la loi limite de l’erreur d’estimation. En effet, lorsque N tend vers
l’infini la v.a. √
N
φ¯N
IS − φ¯
converge en loi vers une loi normale centrée de variance σ
2
IS =
Z
φ(x) − φ¯
2 p
2
(x)
q(x)
dx
2.1.3 Échantillonnage par acceptation-rejet
Supposons que la densité p s’exprime comme le produit d’une densité q et d’une fonction g
que l’on sait évaluer en tout x de R
d
.
p(x) = g(x)q(x)
R
Rd g(x)q(x)dx
La méthode d’acceptation permet [34] d’obtenir un échantillon suivant la loi de densité p lorsqu’on
sait simuler la loi de densité q.
Pour cela, on suppose seulement que M = supx∈Rd g(x) < ∞. Afin d’obtenir un échantillon
x
i ∼ p, i = 1, . . . , N, on applique l’algorithme suivant.
1. i = 1
2. Générer ξ ∼ q et u ∼ U([0, 1]) où U([a, b]) désigne la loi uniforme sur l’intervalle [a, b], a
et b étant des réels.
3. Si Mu ≤ g(ξ), poser x
i = ξ et i = i + 1.
4. Aller en (2) tant que i ≤ N.
L’efficacité de la méthode d’acceptation-rejet dépend essentiellement du recouvrement de g
et q. En effet, la probabilité d’acceptation vaut pa =
R
Rd
g(x)q(x)dx
M
et est d’autant plus grande que
le recouvrement entre q et g est important. Cette méthode est donc potentiellement couteuse en
temps de calcul puisqu’on risque de rejeter beaucoup de variables aléatoires lors de l’étape 3.32 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
2.2 Filtrage particulaire
Soit un système dynamique non-linéaire défini par l’ensemble d’équations suivant :
(
xk = fk (xk−1, wk)
yk = hk(xk, vk)
(2.6)
– xk est le vecteur d’état de dimension d
– yk est le vecteur d’observations de dimension m
– wk et vk sont des bruits blancs mutuellement indépendants non nécessairement gaussiens
qui admettent des densités de probabilités. (wk)
k≥0
et (vk)
k≥0
sont indépendantes de la
condition initiale x0. x0 suit une loi de densité µ0.
Le filtre particulaire - également appelé bootstrap filter [50], Monte Carlo filter [68] ou encore
condensation filter [79] - approche la densité conditionnelle p(xk | y0:k) par un ensemble d’échantillons
pondérés appelés particules. Ces particules évoluent selon la dynamique de l’état et sont
pondérés en fonction de leur adéquation avec l’observation courante grâce à la fonction de vraisemblance
(cf. section 1.2.2). Dans toute la suite on supposera que :
– on sait générer des échantillons selon la densité de transition p(xk|xk−1),
– il est possible d’évaluer la fonction de vraisemblance gk(xk) = p(yk|xk) en tout point xk
de l’espace d’état.
2.2.1 L’échantillonnage séquentiel pondéré
L’algorithme d’échantillonnage séquentiel pondéré [52] (Sequential Importance Sampling (SIS)
en anglais) est fondé sur une approximation de la densité conditionnelle p0:k = p(x0:k|y0:k) par la
méthode d’échantillonnage pondéré abordée dans la section 2.1.2. On notera x0:k = (x0, . . . , xk)
T
la trajectoire de l’état de l’instant initial à l’instant k.
Dans le cas général, échantillonner directement p0:k est difficile et/ou couteux. En effet, la factorisation
p0:k(x0:k|y0:k) = p(y0:k|x0:k)p(x0:k)
p(y0:k)
suggère que si échantillonner selon la densité jointe p(x0:k) est généralement possible, cela né-
cessiterait une méthode de type acceptation-rejet pour obtenir un échantillon suivant la loi p0:k.
Soit q(x0:k|y0:k) une densité instrumentale pour laquelle la simulation directe est aisée. Soit
x
i
0:k
, i = 1, . . . , N un échantillon issu de q. On définit les poids non normalisés par ω˜
i
k =
p(x
i
0:k
|y0:k)
q(x
i
0:k
|y0:k)
et les poids normalisés ω
i
k =
ω˜
i
k
PN
i=1 ω˜
i
k
. Alors,
p(x0:k|y0:k) ≈
X
N
i=1
ω
i
k
δx
i
0:k
(2.7)
où δx désigne la masse de Dirac centrée au point x. Une approximation du filtre à l’instant k est33
alors obtenue par marginalisation de p(x0:k|y0:k) :
p(xk|y0:k) ≈
X
N
i=1
ω
i
k
δx
i
k
(2.8)
De manière générale échantillonner q(x0:k|y0:k) a une complexité qui augmente au moins linéairement
au cours du temps car la dimension du vecteur x0:k est linéaire en k. Il est donc intéressant
d’avoir une méthode d’échantillonnage séquentielle.
Pour obtenir une formulation récursive de (2.7), on exprime p(x0:k|y0:k) en fonction de p(x0:k−1|y0:k−1).
p(x0:k|y0:k) = p(x0:k−1|y0:k−1)p(xk|x0:k−1, y0:k−1)p(yk|xk)
p(yk|y0:k−1)
Etant donné que xk est Markovien, p(xk|x0:k−1, y0:k−1) = p(xk|xk−1). D’où
p(x0:k|y0:k) = p(x0:k−1|y0:k−1)p(xk|xk−1)p(yk|xk)
p(yk|y0:k−1)
(2.9)
Afin d’obtenir un algorithme séquentiel du filtre, considérons une densité d’importance q sous la
forme :
q(x0:k|y0:k) = q(x0:k−1|y0:k−1)q(xk|x0:k−1, y0:k) (2.10)
On observe que si l’on dispose d’un échantillon pondéré n
ω
i
k−1
, xi
0:k−1
oN
i=1
de taille N, il est possible
d’obtenir un échantillon {ω
i
k
, xi
0:k}
N
i=1 en simulant x
i
k
selon q(xk|x
i
0:k−1
, y0:k) et en concaté-
nant cet échantillon au vecteur x
i
0:k−1
.
Le calcul des poids ω
i
k
se fait selon
ω
i
k ∝
p(x
i
k
|x
i
k−1
)p(yk|x
i
k
)p(x
i
0:k−1
|y0:k−1)
q(x
i
k
|x
i
0:k−1
, y0:k)q(x
i
0:k−1
|y0:k−1)
(2.11)
= ω
i
k−1
p(x
i
k
|x
i
k−1
)p(yk|x
i
k
)
q(x
i
k
|x
i
0:k−1
, y0:k)
(2.12)
Notons qu’en filtrage, le but est d’estimer la loi a posteriori p(x
i
k
|y0:k). On a donc uniquement
besoin de l’ensemble des particules à l’instant précédent n
x
i
k−1
oN
i=1
. L’algorithme d’échantillonnage
pondéré séquentiel peut alors être simplifié en choisissant une densité d’importance q telle
que q(xk|x0:k−1, y0:k) = q(xk|xk−1, yk). Dans ce cas,
ω
i
k ∝ ω
i
k−1
p(x
i
k
|x
i
k−1
)p(yk|x
i
k
)
q(x
i
k
|x
i
k−1
, yk)
(2.13)
L’algorithme SIS se résume ainsi :
Algorithme 1 : SIS
pour i = 1, . . . , N faire34 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
– tirer x
i ∼ q(x0|y0)
– calculer ω
i
0 ∝
µ0(x
i
0
)p(y0|x
i
0
)
q(x
i
0
|y0)
– normaliser les poids ω
i
0
fin pour
pour k = 1, . . . , n faire
pour i = 1, . . . , N faire
– [Prédiction] tirer x
i
k ∼ q(x
i
k
|x
i
k−1
, yk)
– [Correction] calculer les poids ω
i
k ∝ ω
i
k−1
p(x
i
k
|x
i
k−1
)p(yk|x
i
k
)
q(x
i
k
|x
i
k−1
,yk)
– normaliser les poids ω
i
k
fin pour
fin pour
Les estimées de la moyenne et de la covariance de l’état xk sont alors respectivement :
E(xk|y0:k) ≈ xˆk =
X
N
i=1
ω
i
kx
i
k
(2.14)
E
h
(xk − xˆk) (xk − xˆk)
T
|y0:k
i
≈ Pˆ
k =
X
N
i=1
ω
i
k
x
i
k − xˆk
x
i
k − xˆk
T
(2.15)
2.2.2 Dégénérescence des poids
L’algorithme d’échantillonnage séquentiel pondéré est la brique de base du filtrage particulaire.
Cependant, il souffre d’une limitation importante : après quelques itérations, toutes les particules
sauf une ont un poids proche de zéro. L’estimation de la loi a postériori est donc réduite à un
dirac, ce qui entraine la divergence du filtre. Ce phénomène est caractérisé par une augmentation
dans le temps de la variance des poids normalisés {ω
i
k}
N
i=1. Kong et al. ont notamment montré
que lorsque la loi d’importance de densité q0:k = q(x0:k|y0:k) est différente de la loi cible de densité
p(x0:k|y0:k), la variance des poids ne peut qu’augmenter [69]. Une illustration de la dégénérescence
du système de particules est donnée par la figure 2.1. On considère ici l’évolution des particules
d’un filtre SIS à 100 particules estimant le modèle linéaire gaussien suivant :
(
xk+1 = xk + wk
yk = xk + vk
(2.16)
avec wk ∼ N (0, 0.0022
), vk ∼ N (0, 0.1
2
) et x0 ∼ N (0, 1).
La position des particules de poids significatifs 1
y est affichée en fonction du temps. On
observe que le système perd rapidement en diversité et vers la fin de la trajectoire, très peu de
particules contribuent à l’estimation.
Pour retarder ce phénomène il est nécessaire de choisir une densité instrumentale q0:k aussi
proche de la loi conditionnelle p0:k que possible. Malgré cela, il est indispensable de recourir à
une étape dite de ré-échantillonnage afin de conserver un système de particules non dégénéré.
1. càd dont les poids sont supérieurs à 10−635
Figure 2.1 – Illustration du phénomène de dégénérescence des poids. Abscisse : temps discret,
ordonnée : position des particules
2.2.3 Ré-échantillonnage des particules
Le ré-échantillonnage a pour objectif de dupliquer les particules dont le poids est suffisamment
fort et d’éliminer les particules dont le poids est trop faible afin de ne conserver que les
particules les plus significatives. Kong et al. [69] préconisent de contrôler l’évolution de la taille
effective de l’échantillon (effective sample size en anglais) notée Nef f qui est un indicateur de
la dégénerescence du filtre. Ils montrent que Nef f est relié à la variance des poids normalisés à
l’instants k, {ω
i
k}
N
i=1 via l’égalité :
Nef f =
N
1 + Varp0:k
(ωk(x0:k)) (2.17)
Ainsi, plus la variance des poids est élevée, plus la taille effective de l’échantillon est faible. Par
ailleurs, Nef f est relié à la divergence du χ
2
entre p0:k et q0:k via l’égalité :
N
Nef f
− 1 = χ
2
(p0:k, q0:k) = Z
(p0:k(x0:k) − q0:k(x0:k))2
q0:k(x0:k)
dx0:k (2.18)
On peut remarquer que 1 ≤ Nef f ≤ N. Autrement dit, Nef f est un indicateur du nombre
d’échantillons qui contribuent significativement à l’estimation de la loi p(xk|y0:k). Dans la pratique,
lorsque Nef f est inférieur à un seuil prédéfini Nth, on applique le ré-échantillonnage. Pour
cela, l’approximation suivante de Nef f est souvent utilisée :
Nef f ≈
1
PN
i=1(ω
i
k
)
2
(2.19)36 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
Il existe un second critère relatif à l’entropie des poids normalisés, introduit par Pham [102]
dans le cadre d’assimilation de données, qui s’exprime sous la forme suivante :
Sω = log(N) + X
N
i=1
ω
i
k
log
ω
i
k
(2.20)
Une observation intéressante est que :
Sω ≈ log(N) + DKL (p0:k k q0:k)
où DKL (p0:k k q0:k) désigne la divergence de Kullback-Leibler de q0:k par rapport à p0:k : c’est
une mesure de l’information perdue lorsque q0:k est utilisée pour approcher p0:k [13]. De façon
générale, la divergence de Kullback-Leibler d’une loi de densité g par rapport à une loi de densité
f est définie par :
DKL (f k g) = Z
f(x) log f(x)
g(x)
dx (2.21)
Sω est nul lorsque tous les poids sont égaux à 1
N
et Sω = log(N) si l’un des poids vaut 1 .
Une heuristique est de ré-échantillonner le système de particules lorsque l’entropie Sw dépasse un
certain seuil Sth.
Ré-échantillonner consiste à remplacer le système de particules {ω
i
k
, xi
k}
N
i=1 par {ω
0i
k
, x0i
k }
N
i=1
de sorte que la variance des poids après ré-échantillonnage soit réduite et que p
0 N
k =
PN
i=1 ω
0i
k
δx
0i
k
soit une "bonne approximation" de pˆk =
PN
i=1 ω
i
k
δx
i
k
. Les schémas qui correspondent à une bonne
approximation supposent que p
0 N
k
soit un estimateur non-biaisé de p
N
k
. De manière générale, le
ré-échantillonnage vérifie les conditions suivantes :
1. ω
0i
k =
1
N
2. E
hPN
i=1 ✶
n
x
0i
k = x
j
k
o
|x0:k, y0:k
i
= Nωj
k
Les deux conditions assurent le caractère non-biaisé de l’approximation après ré-échantillonnage
[76]. La seconde signifie qu’en moyenne une particule sera dupliquée d’autant plus qu’elle possède
un poids fort.
La méthode de redistribution la plus courante est le ré-échantillonnage multinomial. Elle
consiste à tirer N particules x˜
i
k
avec probabilités ω
i
k
, i = 1, . . . , N et à leur affecter un nouveau
poids égal à ω
0i
k =
1
N
.
A titre d’exemple considérons un échantillon pondéré x
1
, x2
, . . . , x10 de taille 10 dont les poids
normalisés respectifs sont ω
1 = 0.02, ω
2 = 0.3, ω
3 = 0.15, ω
4 = 0.07, ω
5 = 0.09, ω
6 = 0.07,
ω
7 = 0.1, ω
8 = 0.12, ω
9 = 0.05 et ω
10 = 0.03. Le tirage multinomial peut se faire de la façon
suivante :
1. Tirer N va indépendantes ui ∼ U([0, 1]), i = 1, . . . , N
2. Pour i = 1, . . . , N, si u
i ∈
hPj−1
i=1 ω
i
k
,
Pj
i=1 ω
i
k
i
, sélectionner la particule d’indice j, i.e.
poser x
0i
k = x
j
k
.
Dans l’exemple précédent, un tirage multinomial nous donne l’ensemble de particules ré-échantillonnées
{x
2
, x2
, x3
, x3
, x9
, x2
, x3
, x10, x10, x2} où les particules x
2
et x
3
sont dupliquées tandis que x
1
et37
x
6
sont éliminées.
Il est important de noter que le ré-échantillonnage augmente la variance de l’estimation. Il existe
tout de même des schémas de redistribution qui induisent une variance plus faible que celle du
ré-échantillonnage multinomial :
Ré-échantillonnage résiduel D’après [76], cette méthode permet de réduire efficacement la
variance du ré-échantillonnage multinomial. L’un des problèmes du ré-échantillonnage multinomial
est que le nombre de copies de la particule x
i
k peut varier fortement pour deux réalisations
de l’algorithme de ré-échantillonnage. Pour limiter cet effet, le ré-échantillonnage
résiduel attribue d’office Ni = bNωi
k
c copies de l’échantillon x
i
k pour i = 1, . . . , N. Il
reste à allouer le nombre de particules restant N¯ = N −
PN
i=1 Ni
afin de conserver un
nombre constant de particules. Ces N¯ particules sont alors échantillonnées selon un tirage
multinomial de probabilités données par les poids résiduels {ω¯
i
k}
N
i=1 définis par :
ω¯
i
k =
Nωi
k − Ni
N¯
(2.22)
Afin d’illustrer notre propos, revenons à l’exemple précédent du ré-échantillonnage de
{x
i
, ωi}
1
i=10. Dans la première passe, chaque particule x
i
est dupliquée bNωi
c fois, ce
qui donne l’ensemble {x
2
, x2
, x2
, x3
, x7
, x8}. Il reste maintenant à tirer 4 échantillons selon
un tirage multinomial de probabilités ω¯
1 = 0.05, ω¯
2 = 0, ω¯
3 = 0.125, ω¯
4 = 0.175,
ω¯
5 = 0.225, ω¯
6 = 0.175, ω¯
7 = 0, ω¯
8 = 0.05, ω¯
9 = 0.125, ω¯
10 = 0.075. Un tirage donne
les particules additionnelles {x
6
, x4
, x5
, x3}. Un réalisation du ré-échantillonnage stratifié
fournit donc le système de particules {x
2
, x2
, x2
, x3
, x7
, x8
, x6
, x4
, x5
, x3}.
Ré-échantillonnage stratifié L’intervalle [0, 1] est partitionné en N sous-intervalles disjoints
sous la forme [0, 1] = ∪
N
i=1
i − 1
N
,
i
N
. Ensuite, N variables Ui
, i = 1, . . . , N sont tirées
selon une loi uniforme U
i−1
N
,
i
N
. A chaque variable Ui est associé l’inverse de la fonction de
répartition de la loi discrète PN
i=1 ω
i
k
δx
i
k
. Plus précisément, si Ui ∈
hPj−1
i=1 ω
i
k
,
Pj
i=1 ω
i
k
i
, on
sélectionne la particule d’indice j, i.e. x
0i
k = x
j
k
. La variance induite par le ré-échantillonnage
stratifié est également inférieure à celle du ré-échantillonnage multinomial [35].
Ré-échantillonnage systématique Cette méthode est similaire au ré-échantillonnage stratifié
excepté que le choix des Ui se fait selon : Ui =
i−1
N + U où U ∼ U
0,
1
N
. En revanche,
les particules sélectionnées x˜
i
k ne sont plus indépendantes conditionnellement aux poids
{ω
i
k}
N
i=1.
2.2.4 L’algorithme Sequential Importance Resampling (SIR)
L’ajout de l’étape de ré-échantillonnage dans l’algorithme SIS permet d’obtenir l’algorithme
SIR [107] qui évite le phénomène de dégénérescence des poids et permet d’obtenir un filtre stable.
Lorsque le ré-échantillonnage intervient à chaque pas de temps, le SIR correspond au bootstrap
filter de Gordon, Salmond et Smith [50].38 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
Algorithme 2 : SIR
pour i = 1, . . . , N faire
– tirer x
i ∼ q(x0|y0)
– calculer ω
i
0 ∝
µ0(x
i
0
)p(y0|x
i
0
)
q(x
i
0
|y0)
– normaliser les poids ω
i
0
fin pour
pour k = 1, . . . , n faire
– [Prédiction] tirer x
i
k ∼ q(x
i
k
|x
i
k−1
, yk), i = 1, . . . , N
– [Correction] calculer les poids ω
i
k ∝ ω
i
k−1
p(x
i
k
|x
i
k−1
)p(yk|x
i
k
)
q(x
i
k
|x
i
k−1
,yk)
, i = 1, . . . , N
– normaliser les poids ω
i
k
, i = 1, . . . , N
– Calculer Nef f d’après (2.19)
– [Ré-échantillonnage] Si Nef f < Nth, ré-échantillonner les particules et poser ω
i
k =
1
N
,
i = 1, . . . , N
fin pour
Bien que le ré-échantillonnage permette de garantir la survie du système de particules, il
introduit plusieurs effets indésirables. La duplication des particules de poids fort a tendance à
appauvrir le système de particules, ce qui peut être problématique lorsque le bruit de dynamique
est faible. Dans ce cas, lorsque la loi d’importance utilisée dans l’étape de prédiction est le noyau
de transition p(xk|xk−1), les particules ont tendance à se concentrer autour de quelques zones
resserrées provoquant une perte de diversité dans le système de particules (phénomène connu
sous le nom de sample impoverishment dans la littérature). Cela augmente le risque qu’aucune
des particules ne soit cohérente avec l’observation yk courante, ce qui à terme peut provoquer
la divergence du filtre. Pour limiter ce phénomène, une méthode peut-être de choisir une loi
d’importance différente du noyau de transition ou de recourir aux méthodes de régularisation (cf.
section 2.3 ).
Choix de la densité d’importance Le choix d’une densité d’importance appropriée permet
de concevoir des filtres plus robustes. Dans la classe des algorithmes d’échantillonnage pondéré
séquentiel, la densité d’importance qopt = p(xk|xk−1, yk) = p(yk|xk)p(xk|xk−1)
p(yk|xk−1)
est optimale. On
peut montrer que la variance des poids normalisés correspondant ω
i
k
est nulle, conditionnellement
à xk−1 [37]. De manière équivalente, ce choix maximise la taille effective de l’échantillon Nef f
introduite précédemment via l’équation (2.17) [37].
Malheureusement, échantillonner suivant cette loi n’est aisé que pour certaines classes de modèles.
Le choix le plus simple est d’utiliser la densité a priori q = p(xk|xk−1). Échantillonner
selon p(xk|xk−1) est immédiat pour les modèles que nous considérons mais cette loi ne prend
pas en compte l’observation courante et peut déplacer les particules dans des zones de faible
vraisemblance. Afin d’exploiter l’information apportée par la mesure yk, il peut être souhaitable
de recourir à des approximations de qopt.
Parmi les méthodes d’approximations de la loi d’importance optimale, on peut citer le filtre
particulaire auxiliaire [105] ainsi que les filtres basés sur une approximation gaussienne de qopt39
via l’utilisation d’un filtre de Kalman étendu [37] ou un filtre de Kalman sans parfum [117]. Ce
dernier filtre est connu sous le nom d’Unscented Particle Filter. Une autre solution consiste à
rechercher une approximation π de qopt dans une classe de lois paramétrées. Le choix de π se fait
alors en minimisant la divergence du chi-deux entre la densité cible q
opt et π ou bien la divergence
de Kullback-Leibler (2.21) de π à q
opt [23].
2.2.5 Convergence des filtres particulaires
La littérature sur les méthodes Monte Carlo séquentielle est riche en résultats sur la convergence
des filtres particulaires lorsque N → +∞. On peut citer notamment [25],[24], [26] ou
[32]. On rappelle ci-dessous un résultat établi pour l’algorithme SIR.
Théorème 1 (Convergence faible [26]). Soit φ une fonction continue bornée de R
d
. On suppose
que la fonction de vraisemblance xk 7→ gk(xk) = p(yk|xk) est bornée. Alors,
lim
N→+∞
X
N
i=1
ω
i
kφ(x
i
k
) = Z
φ(xk)p(xk|y0:k)dxk (2.23)
presque-surement.
Un autre résultat concernant la convergence en norme L
p
s’énonce comme suit :
Théorème 2 (Convergence L
p
[32]). Sous les hypothèses précédentes, pour tout p ≥ 1, il existe
un réel Ck,p > 0, indépendant de N, tel que pour toute fonction φ continue bornée de R
d
,
E [|hφ, pki − hφ, pˆki|p
]
1
p ≤ Ck,p
supxk∈Rd |φ(xk)|
√
N
avec hφ, pki =
Z
φ(xk)p(xk|y0:k)dxk et pˆk =
X
N
i=1
ω
i
k
δx
i
k
.
Ce dernier résultat montre que l’erreur L
p
converge à la vitesse √
1
N
. Mais comme la constante
Ck,p dépend du temps, sans hypothèse supplémentaire, Ck,p augmente généralement de manière
exponentielle avec le temps. Ceci suggère que pour maintenir une erreur bornée, on a en général
besoin d’un nombre croissant de particules.
2.3 Le filtre particulaire régularisé (RPF)
On a vu que le ré-échantillonnage classique appauvrissait dans certains cas le système de
particules dans la mesure où les schémas de redistribution sont fondées sur la duplication de
particules. En particulier lorsque le bruit de dynamique est faible, les particules explorent peu
l’espace d’état et le filtre peut diverger. Afin d’éviter ceci, le filtre particulaire régularisé (RPF) [37,
p. 247-271] [89, 72], effectue le rééchantillonnage en simulant un échantillon selon une distribution
continue, ce qui évite d’avoir plusieurs copies d’une même particule. La distribution continue
utilisée est obtenue en régularisant la densité discrète pˆk =
PN
i=1 ω
i
k
δx
i
k
, obtenue après l’étape de
correction.40 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
2.3.1 Régularisation d’une loi de probabilité discrète
Soit K une fonction sur R
d
symétrique, telle que :
Z
K(x) dx = 1 Z
xK(x) dx = 0 Z
kxk
2 K(x) dx < +∞ (2.24)
Pour tout h > 0 et tout x ∈ R
d
, on définit le noyau de régularisation
Kh =
1
h
K
x
h
d
Le paramètre h s’appelle facteur de dilatation. Si ν est une densité de probabilité, on définit la
densité régularisée de ν par :
νh(x) = (Kh ∗ ν) (x) = Z
Kh(x − u)ν(u)du (2.25)
Considérons le cas où ν représente une densité de probabilité discrète de la forme ν =
X
N
i=1
ω
i
δxi
obtenue par échantillonnage d’importance i.e. en simulant N points i.i.d. x
i
, i = 1, . . . , N selon
une loi a priori q et en les pondérant selon une fonction de vraisemblance g avec ω
i = g(x
i
).
Autrement dit, ν est une approximation de la loi a posteriori p ∝ gq.La densité de probabilité de
la distribution régularisée de ν est
νh(x) = X
N
i=1
ω
iKh(x − x
i
) (2.26)
Le paramètre h contrôle le degré de lissage de la densité ν. Une valeur de h petite rapproche νh
de ν tandis qu’une valeur plus élevée a tendance à fusionner les modes de la densité ν.
En estimation de densité par noyaux, le noyau et le facteur de dilatation sont choisis de manière
à minimiser l’erreur quadratique intégrée moyenne E kνh − pk
2
entre νh et la loi a posteriori
p avec kνh − pk
2 =
Z
(νh(x) − p(x))2
dx.
En particulier, lorsque w
i =
1
N
pour i = 1, . . . , N, le noyau optimal Kopt est le noyau d’Epanechnikov
défini par [112] :
Kopt(x) =
d+2
2cd
1 − kxk
2
si kxk < 1
0 sinon
(2.27)
De manière générale, le facteur de dilatation optimal hopt dépend de la quantité (
R
|∇2p(x)| dx)
1/2
qui n’est facilement calculable que pour certaines densités de probabilités. Par exemple, si p est
une densité gaussienne standard, en utilisant le noyau d’Epanechnikov (2.27),
hopt = A(K)N
− 1
d+4 A(K) = [8c
−1
d
(d + 4)(2√
π)
d
]
1
d+4 (2.28)41
où cd est le volume de la sphère unité. Pour les applications usuelles, il est suffisant d’utiliser un
noyau gaussien, dont le coût de simulation est moindre. Dans ce cas, hopt est obtenu selon
hopt = A(K)N
− 1
d+4 A(K) = (4/(d + 2)) 1
d+4 (2.29)
Pour une densité quelconque, le choix de h peut se faire selon des méthodes classiques
d’estimation de densité par noyaux (validation croisée [108], règle du plug-in [122]) mais elles
impliquent un coût de calcul non négligeable. Pour s’en affranchir, on peut par exemple approcher
la densité sous-jacente p par une gaussienne de moyenne la moyenne empirique et de covariance
la covariance empirique S donnée par l’échantillon x
1
, . . . , xN [37]. Pour tenir compte du rapport
d’échelle entre les composantes du vecteur d’état, on blanchit le système de particule afin de
se ramener à un système de particules de covariance unitaire. En supposant que S = AAT
, les
particules blanchies sont les A−1x
i
. La valeur de h donnée par (2.29) peut alors être utilisée pour
le système de particules blanchies. Cette procédure de régularisation est équivalente à utiliser le
noyau de régularisation :
Kh(x) = 1
det(A)h
d K
A−1x
h
!
(2.30)
Lorsque la densité a posteriori est multimodale, la méthode de blanchiment (« data sphering »)
a tendance à surlisser la densité d’origine. Silverman [112] conseille de poser h = chopt, avec c < 1
afin de limiter cet effet. Nous verrons dans le chapitre 4 qu’il est possible de régulariser les densités
multimodales en s’affranchissant de ce réglage empirique.
2.3.2 Algorithme du filtre particulaire régularisé
Il existe deux versions du RPF qui diffèrent par le choix de l’instant de régularisation [37, p.
253-254].
Le filtre particulaire pré-régularisé : l’étape de prédiction est identique à celle de SIR. En
revanche, l’étape de correction est obtenue en considérant la distribution régularisée de
la loi prédite empirique pˆk|k−1 =
PN
i=1 ω
i
k−1
δx
i
k|k−1
où n
ω
i
k−1
, xi
k|k−1
oN
i=1
est le système de
particules obtenues après l’étape de prédiction.
pˆ
h
k|k−1
(x) =
Kh ∗ pˆk|k−1
(x) = X
N
i=1
ω
i
k−1Kh(x − x
i
k|k−1
)
L’approximation de la densité corrigée est alors
pˆ
h
k
(x) ∝
X
N
i=1
ω
i
k−1
gk(x
i
k|k−1
)Kh(x − x
i
k|k−1
)
Simuler un échantillon {x
i
k}
N
i=1 issue de cette loi requiert généralement de recourir à une
méthode d’acceptation/rejet en prenant comme loi instrumentale la densité prédite régularisée
pˆ
h
k|k−1
(x). Cette méthode est donc généralement coûteuse et n’est pas recommandée.42 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
Le filtre particulaire post-régularisé : La régularisation intervient après l’étape de correction
du SIR. L’étape de ré-échantillonnage consiste cette fois à échantillonner la distribution
régularisée de la loi a posteriori empirique pˆk|k =
PN
i=1 ω
i
k
δx
i
k
. Le surcout du à la régularisation
par rapport au ré-échantillonnage classique provient uniquement de la génération
de N variables aléatoires selon le noyau K. Pour cette raison on préfèrera l’algorithme du
filtre particulaire post-régularisé à sa version pré-régularisée.
Algorithme 3 : RPF (filtre particulaire régularisé)
pour i = 1, . . . , N faire
– tirer x
i ∼ q(x0|y0)
– calculer ω
i
0 ∝
µ0(x
i
0
)p(y0|x
i
0
)
q(x
i
0
|y0)
– normaliser les poids ω
i
0
fin pour
pour k = 1, . . . , n faire
– [Prédiction] tirer x
i
k ∼ q(x
i
k
|x
i
k−1
, yk), i = 1, . . . , N
– [Correction] calculer les poids ω
i
k ∝ ω
i
k−1
p(x
i
k
|x
i
k−1
)p(yk|x
i
k
)
q(x
i
k
|x
i
k−1
,yk)
, i = 1, . . . , N
– normaliser les poids ω
i
k
, i = 1, . . . , N
– Calculer Nef f d’après (2.17)
– [Ré-échantillonnage/Régularisation] Si Nef f < Nth
– générer I1, . . . , IN avec P(Ij = i) = ω
i
k
– générer ε
i
suivant le noyau d’Epanechnikov ou un noyau gaussien
– calculer Ak tel que Sk = AkAT
k
où Sk est la covariance empirique de {ω
i
k
, xi
k}
N
i=1
– calculer hopt d’après (2.28) ou (2.29) et poser x
j
k = x
Ij
k + hoptAkε
j
, j = 1, . . . , N
fin pour
Les applications du RPF dans le domaine du pistage de cible [96] ou du recalage d’aéronefs
par mesures radio-altimétriques [28] ont montré que la régularisation améliore sensiblement les
performances du filtre particulaire classique (SIR) notamment en terme de taux de non-divergence,
lorsque la dynamique est faiblement bruitée.
2.4 Les filtres particulaires hybrides (RBPF, KPKF)
2.4.1 Le filtre particulaire Rao-Blackwellisé (RBPF)
Il existe une classe de modèles, appelée modèles conditionnellement linéaires gaussiens, pour
laquelle l’estimation peut se faire grâce à un filtre particulaire pour une partie du vecteur d’état
et un filtre de Kalman pour le reste du vecteur. Un tel filtre est appelé Rao-Blackwellized Particle
Filter [15, 36], Mixture Kalman Filter [17] ou Marginalized Particle Filter [110, 94].
On suppose que l’on peut partitionner le vecteur d’état xk telle que x
T
k =
h
(x
n
k
)
T
,(x
l
k
)
T
i
. Le43
vecteur x
n
k désigne la partie non-linéaire de xk tandis que x
l
k
représente la partie linéaire, conditionnellement
à x
n
k
et y0:k.
En outre, on fait l’hypothèse que le modèle s’écrit sous la forme suivante :
x
n
k = f
n
k−1
(x
n
k−1
) + F
n
k−1
(x
n
k−1
)x
l
k−1 + Gn
k−1
(x
n
k−1
)w
n
k−1
x
l
k = f
l
k−1
(x
n
k−1
) + F
l
k−1
(x
n
k−1
)x
l
k−1 + Gl
k−1
(x
n
k−1
)w
l
k−1
yk = hk(x
n
k
) + Hk(x
n
k
)x
l
k + vk
(2.31)
où
– wk est un bruit blanc gaussien de matrice de covariance Qk et w
T
k =
h
(w
n
k
)
T
,(w
l
k
)
T
i
Qk =
Qn
k Qln
k
(Qln
k
)
T Ql
k
!
– vk est un bruit blanc gaussien de matrice de covariance Rk
– La partie non linéaire suit une loi p0(x
n
0
) connue
– La partie linéaire x
l
0
est une gaussienne N (¯x0, P¯
0)
La densité jointe p(x
l
k
, xn
0:k
|y0:k) se factorise comme p(x
l
k
, xn
0:k
|y0:k) = p(x
l
k
|x
n
0:k
, y0:k)p(x
n
0:k
|y0:k).
On montre que sous les hypothèses du modèle p(x
l
k
|x
n
0:k
, y0:k) est une densité gaussienne : il suffit
donc de calculer à chaque pas de temps sa moyenne et sa covariance grâce au filtre de Kalman.
Par ailleurs, La loi conditionnelle de la partie non-linéaire de l’état p(x
n
0:k
|y0:k) peut être
estimée grâce un filtre particulaire selon le schéma suivant :
– Prédiction
p(x
n
0:k
|y0:k−1) = p(x
n
k
|x
n
0:k−1
, y0:k−1)p(x
n
0:k−1
|y0:k−1) (2.32)
– Correction
p(x
n
0:k
|y0:k) = p(yk|x
n
0:k
, y0:k−1)
p(yk|y0:k−1)
p(x
n
0:k
|y0:k−1) (2.33)
Définissons les variables z
1
k
et z
2
k par :
(
z
1
k = x
n
k+1 − f
n
k
(x
n
k
)
z
2
k = yk − hk(x
n
k
)
Détaillons à présent la récursion de Kalman dans le cadre du RBPF. On suppose que la densité
p(x
l
k−1
|x
n
0:k−1
, y0:k−1) est une loi gaussienne N
xˆ
l
k−1
, Pk−1
connue dont la moyenne et la covariance
dépendent de x
n
0:k−1
et y0:k−1. Alors la moyenne et la covariance prédite s’obtiennent
comme suit [94] :
xˆ
l
k|k−1 = F¯l
k−1xˆ
l
k−1 + Gl
k−1
(Qln
k−1
)
T
(Gn
k−1Qn
k−1
)
−1
z
1
k−1 + f
l
k−1
(x
n
k−1
)
+ Lk−1(z
1
k−1 − An
k−1xˆ
l
k−1
)
Pk|k−1 = F¯l
k−1Pk−1(F¯l
k−1
)
T + Gl
k−1Q¯l
k−1
(Gl
k−1
)
T − Lk−1Nk−1L
T
k−1
Nk = F
n
k Pk(F
n
k
)
T + Gn
kQn
k
(Gn
k
)
T
Lk = F¯l
kPk(F
n
k
)
TN
−1
k
(2.34)
avec
(
F¯l
k = F
l
k − Gl
k
(Qln
k
)
T
(Gn
kQn
k
)
−1F
n
k
Q¯l
k = Ql
k − (Qln
k
)
T
(Qn
k
)
−1Qln
k44 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
De même, la loi corrigée p(x
l
k
|x
n
0:k
, y0:k) est une densité gaussienne N
xˆ
l
k
, Pk
de moyenne
xˆ
l
k = ˆx
l
k|k−1 + Kk(yk − hk(x
n
k
) − H
T
k
(x
n
k
)ˆx
l
k|k−1
) (2.35)
et de covariance
Pk = Pk|k−1 − KkMkKT
k
(2.36)
où
Mk = Hk(x
n
k
)Pk|k−1HT
k
(x
n
k
) + Rk
Kk = Pk|k−1HT
k
(x
n
k
)M−1
k
(2.37)
Si l’on suppose que p(x
n
0:k
|y0:k) ≈
PN
i=1 ω
i
k
δx
n,i
0:k
, la loi conditionnelle p(x
l
k
|y0:k) s’obtient selon
p(x
l
k
|y0:k) = Z
p(x
l
k
|x
n
0:k
, y0:k)p(x
n
0:k
|y0:k) dxn
0:k
≈
X
N
i=1
ω
i
k
p(x
l
k
|x
n,i
0:k
, y0:k) (2.38)
où les densités p(x
l
k
|x
n,i
0:k
, y0:k) sont gaussiennes et dont les paramètres sont donnés par les équations
(2.35) et (2.36).
Revenons à l’approximation particulaire de p(x
n
0:k
|y0:k). L’étape de prédiction (2.32) nécessite
de déterminer la loi de p(x
n
k
|x
n
0:k−1
, y0:k−1).
p(x
n
k
|x
n
0:k−1
, y0:k−1) = Z
p(x
n
k
|x
l
k−1
, xn
k−1
)p(x
l
k−1
|x
n
0:k−1
, y0:k−1)dxl
k−1
Comme p(x
n
k
|x
l
k−1
, xn
k−1
) est une gaussienne N
f
n
k
(x
n
k−1
) + F
n
k
(x
n
k−1
)x
l
k−1
, Gn
kQn
k
(Gn
k
)
T
et
p(x
l
k−1
|x
n
0:k−1
, y0:k−1) est également une densité gaussienne N
xˆ
k
l
, Pk
, il s’en suit que p(x
n
k
|x
n
0:k−1
, y0:k−1)
suit une distribution gaussienne
N
f
n
k
(x
n
k−1
) + F
n
k
(x
n
k−1
)ˆx
l
k−1
, F n
k Pk(F
n
k
)
T + G
n
kQ
n
k
(G
n
k
)
T
(2.39)
Il reste à déterminer le terme p(yk|x
n
0:k
, y0:k−1) qui intervient dans l’étape de correction (2.33).
On remarque que yk est la somme des termes hk(x
n
k
), Hk(x
n
k
)x
l
k
et du bruit de mesure vk. De
plus :
– conditionnellement à x
n
0:k
et y0:k−1, Hk(x
n
k
)x
l
k
est gaussien de moyenne Hk(x
n
k
)ˆx
l
k|k−1
et
de covariance Hk(x
n
k
)Pk|k−1HT
k
(x
n
k
)
– vk ∼ N (0, Rk) est indépendant de Hk(x
n
k
)x
l
k
et hk(x
n
k
)
Donc la loi de p(yk|x
n
0:k
, y0:k−1) est une gaussienne
N
hk(x
n
k
) + H
T
k
(x
n
k
)ˆx
l
k|k−1
, Hk(x
n
k
)Pk|k−1H
T
k
(x
n
k
) + Rk
(2.40)
Nous donnons ci-dessous une version de l’algorithme du RBPF où la loi d’importance utilisée
pour la partie non linéaire est la loi p(xk|x0:k−1, y0:k−1).
Algorithme 4 : RBPF
pour i = 1, . . . , N faire45
– tirer x
n,i
k ∼ p(x
n
0
)
– poser x
l,i
0|−1 = ¯x
l
0
et P
i
0|−1 = P¯
0
fin pour
pour k = 1, . . . , n faire
– [Correction particulaire] calculer les poids ω
i
k ∝ ω
i
k−1
p(yk|x
n,i
k
, y0:k−1), i = 1, . . . , N où la
vraisemblance p(yk|x
n,i
k
, y0:k−1) est donnée d’après (2.40)
– normaliser les poids ω
i
k
, i = 1, . . . , N
– Calculer Nef f d’après (2.19)
– [Ré-échantillonnage] Si Nef f < Nth rééchantilloner le système de particules
– [Correction de Kalman] Pour i = 1, . . . , N, calculer xˆ
l,i
k
et P
l,i
k
d’après (2.35) et (2.36)
– [Prédiction particulaire] Générer un échantillon x
n,i
k+1 ∼ p(x
n
k+1|x
n
0:k
, y0:k) (cf. (2.39))
– [Prédiction de Kalman] Pour i = 1, . . . , N, calculer xˆ
l,i
k+1|k
et P
l,i
k+1|k
d’après (2.34)
fin pour
Le filtre Rao-Blackwellisé produit des estimées en général meilleures que le SIR en terme
d’erreur Monte Carlo. Cependant, à nombre de particules constant, il est plus coûteux puisqu’en
toute généralité, il recquiert un filtre de Kalman par particule. Néanmoins, il est possible d’obtenir
un compromis coût de calcul/performances en faveur du RBPF pour bien des applications. Par
exemple, en recalage par mesures radio-altimétriques ou en pistage par mesure angulaire, la
matrice de covariance du filtre de Kalman est indépendante de la partie non-linéaire ce qui réduit
la complexité du RBPF étant donné qu’il il n’y a qu’une matrice de covariance à mettre à jour.
2.4.2 Un exemple de filtre particulaire à noyau : le Kalman Particle
Kernel Filter (KPKF)
Le KPKF [28, 103] s’appuie sur la théorie d’estimation de densité par noyau en exprimant les
densités prédites et corrigées comme une somme pondérée de noyaux gaussiens. Dans la théorie
du KPKF, le bruit de dynamique wk et le bruit d’observation vk sont supposés additifs gaussiens
de moyennes nulles et de matrices de covariance respectives Qk et Rk.
Étant donné une densité de probabilité f et {x
i
, i = 1 . . . N} un N-échantillon issu de f, un
estimateur de densité par noyau est donné par :
ˆf =
1
N
X
N
i=1
ϕ(x − x
i
|P)
où l’application x 7→ ϕ(x|P) désigne un noyau gaussien de moyenne nulle et de covariance
P = h
2 Cov(x
i
) = h
2
N−1
PN
i=1(x
i − x¯)(x
i − x¯)
T
. h est le paramètre de dilatation du noyau et joue
le même rôle que dans le filtre particulaire régularisé.
Conformément à l’approche ci-dessus, le KPKF formule la loi prédite p(xk|y0:k−1) comme un
mélange de N noyaux gaussiens :
p(xk|y0:k−1) ≈
X
N
i=1
ω
i
k|k−1ϕ(xk − x
i
k|k−1
|P
i
k|k−1
) (2.41)46 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
où pour tout i = 1, . . . , N, P
i
k|k−1
est une matrice de covariance égale à h
2
fois la covariance
empirique des particules prédites, i.e. :
P
i
k|k−1 = h
2 X
N
i=1
ω
i
k|k−1
(x
i
k|k−1 − x¯k|k−1)(x
i
k|k−1 − x¯k|k−1)
T
(2.42)
x¯k|k−1 =
PN
i=1 ω
i
k|k−1x
i
k|k−1
étant la moyenne prédite donnée par le système de particules. La
particularité du KPKF est que, à l’étape de correction, les covariance P
i
k|k−1
sont suffisamment
petites pour justifier une linéarisation de la fonction d’observation hk autour des particules prédites
x
i
k|k−1
, i = 1, . . . , N. Étant donné que le bruit est additif gaussien, on vérifie que la densité a
posteriori p(xk|y0:k) s’exprime comme un mélange de noyaux gaussiens dont les moyennes et les
matrices de covariance s’obtiennent en appliquant les équations de Kalman [28]. Autrement dit,
p(xk|y0:k) ≈
X
N
i=1
ω
i
kϕ(xk − x
i
k
|P
i
k
) (2.43)
avec
H
i
k = ∇hk(x
i
k|k−1
) (2.44)
x
i
k = x
i
k|k−1 + Ki
k
(yk − hk(x
i
k|k−1
)) (2.45)
Σ
i
k = H
i
kP
i
k|k−1
(H
i
k
)
T + Rk (2.46)
Ki
k = P
i
k|k−1
(H
i
k
)
T
(Σi
k
)
−1
(2.47)
P
i
k = P
i
k|k−1 − P
i
k|k−1
(H
i
k
)
T
(Σi
k
)
−1H
i
kP
i
k|k−1
(2.48)
ω
i
k =
ω
i
k|k−1ϕ(yk − y
i
k|k−1
|Σ
i
k
)
PN
j=1 ω
i
k|k−1ϕ(yk − y
i
k|k−1
|Σi
k
)
(2.49)
L’étape de prédiction nécessite le calcul de
p(xk+1|y0:k) = X
N
i=1
ω
i
k
Z
Rd
ϕ(xk+1 − fk+1(x)|Qk+1)ϕ(x − x
i
k
|P
i
k
)du
En remarquant que kP
i
kk ≤
P
i
k|k−1
, on peut de nouveau effectuer une linéarisation de la fonction
d’observation fk+1 autour des particules corrigées x
i
k
.
fk+1(x) ≈ fk+1(x
i
k
) + F
i
k+1(x − x
i
k
)
où F
i
k+1 = ∇fk+1(x
i
k
). Dans de nombreuses applications, la dynamique considérée est linéaire et
il n’est donc pas nécessaire de procéder à une linéarisation.
Dans tous les cas, la densité prédite est égale à une somme pondérée de noyaux gaussiens :
p(xk+1|y0:k) = X
N
i=1
ω
i
kϕ(xk − fk+1(x
i
k
)|P
i
k+1|k
)47
avec P
i
k+1|k = F
i
k+1P
i
k
(F
i
k+1)
T + Qk+1.
L’étape de prédiction soulève une difficulté : la matrice de covariance P
i
k+1|k
n’est plus de l’ordre
de h
2
. Il est donc nécessaire de rajouter une étape supplémentaire afin de conserver la structure
donnée par (2.41) et (2.42). Cette étape, nommée ré-échantillonnage partiel [28] par leurs auteurs,
consiste à rajouter à chaque particule fk+1(x
i
k+1|k
) un bruit gaussien centré de covariance P
i
k+1|k−
h
∗2Πk+1|k où
Πk+1|k =
X
N
i=1
ω
i
kP
i
k+1|k +
X
N
i=1
ω
i
k
(fk+1(x
i
k
) − fk+1(xk))(fk+1(x
i
k
) − fk+1(xk))T
est la covariance de la densité prédite. Le paramètre h
∗
est défini par
h
∗2 = min
i
λ
i
min
λ
i
min, i = 1, . . . , N est la plus petite valeur propre de (C
T
k+1)
−1P
i
k+1|kC
−1
k+1 et Ck+1 est la racine
carrée de Πk+1|k (C
T
k+1Ck+1 = Πk+1|k).
Lorsque la variance des poids {ω
i
k}
N
i=1 est élevée, il est préférable d’effectuer un ré-échantillonnage
dit total ce qui revient à échantillonner N particules n
x
i
k+1|k
oN
i=1
suivant la densité
pˆ(xk+1|y0:k) = X
N
i=1
ω
i
kϕ(xk+1 − x
i
k+1|k
|h
∗2Πk+1|k) (2.50)
Rappelons que la variance des poids normalisés {ω
i
k}
N
i=1 peut s’estimer en contrôlant en ligne
un critère sur la taille effective de l’échantillon Nef f ou bien en évaluant le critère entropique
présentée dans la section 2.2.3.
2.5 Comportement du filtre particulaire en présence de
multimodalités
La section 2.2.3 a mis en évidence la nécessité de ré-échantillonner le système de particules
afin de garantir la stabilité du filtre (mais pas nécessairement la convergence).
Si l’on considère une distribution multimodale approchée par un ensemble fini de N particules
pondérées {ω
i
k
, xi
k}
N
i=1, il n’y a pas de garantie qu’après ré-échantillonnage, ce système de particules
représente tous les modes de la distribution conditionnelle. En effet, ré-échantillonner
consiste essentiellement à tirer avec remise dans l’ensemble {x
i
k}
N
i=1, la probabilité de tirage de
chaque particule étant égale à son poids.
Ce phénomène a été rapporté dans la littérature du filtrage particulaire dans le cadre du pistage
multi-cibles [58, 95], du pistage vidéo [59, 118, 95] ou en localisation de robot [85]. Une justifi-
cation a été fournie par King et Forsyth [67] lorsque l’état xk prend ses valeurs dans un ensemble48 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
fini discret. Les auteurs considèrent entre autres un modèle à espace d’état où xk ∈ {−1, 1}.
Dans cette expérience, l’objet stationnaire est situé en x = 1 et on suppose que l’observation est
parfaite et se fait dans un plan image par réflection sur deux miroirs (figure 2.2). Il apparaît donc
à la fois en x = 1 et x = −1 sur le plan image. Cela crée une ambiguité sur la position réelle de
l’objet, qui peut être modélisée par la fonction de vraisemblance p(y|x) = 0.5δx(y) + 0.5δ−x(y).
Cette modélisation est purement illustrative mais permet de comprendre le phénomène de perte
mirroir mirroir
objet
−1 0 1
plan image
Figure 2.2 – "Pistage" d’un objet stationnaire
de mode en filtrage particulaire. Pour cela, King et Forsyth supposent une densité a priori initiale
p0(x) = 0.5δ1(x) + 0.5δ−1(x). Comme l’objet est stationnaire, p(xk|xk−1) = δxk−1
(xk), de sorte
que p(xk|y0:k) = p0(xk). La loi a posteriori a donc 2 modes quelque soit k : −1 et 1.
En utilisant un filtre particulaire pour estimer p(xk|y0:k), les échantillons x
i
k
, i = 1, . . . , N
prennent les valeurs −1 ou 1 et ont pour poids ω
i
k =
1
N
. La distribution empirique est donc
entièrement caractérisée par le nombre Ak d’échantillons qui sont situé sur le mode 1.
Ak = Card n
i ∈ J0, NK | x
i
k = 1o
(2.51)
de sorte que à l’instant k, l’approximation particulaire de p(xk|y0:k) est
pˆk(x) = Ak
N
δ1(x) + N − Ak
N
δ−1(x) (2.52)
Une bonne approximation pˆk correspond donc à Ak =
N
2
, ∀k.
Supposons que le ré-échantillonnage multinomial est appliquée à chaque instant (bootstrap filter).
Cela correspond à un tirage uniforme avec remise dans la population n
x
1
k
, x2
k
, . . . , xN
k
o
. La v.a.
Ak est donc une chaine de Markov homogène à valeur dans {0, 1, . . . , N}. La probabilité de
transition est une loi binomiale B(N, Ak/N) :
P(Ak = j|Ak−1 = m) =
N
j
! m
N
j
1 −
m
N
N−j
= pmj (2.53)
La perte de l’un des modes correspond à Ak ∈ {0, N}, c’est-à-dire que la chaîne Ak a atteint un
état absorbant. Les états 0 et N sont dits absorbants car une fois que la chaine Ak atteint ces49
valeurs, elle y reste. Cette modélisation est analogue aux chaînes de Wright-Fisher en génétique
des populations [39]. Les deux modes sont comparables à deux allèles d’une population de taille
fixe, asexuée et dont les générations ne se chevauchent pas. On définit le temps d’absorption T
comme étant le temps d’atteinte de l’ensemble {0, N}.
T
4
= inf {n ≥ 0 | An ∈ {0, N}} (2.54)
En génétique des populations, cela correspond à la perte définitive d’un allèle. L’espace des états
étant fini, le temps d’atteinte T est presque sûrement fini. Si on désigne par u la proportion
initiale d’échantillons correspondant au premier mode, le temps moyen d’absorption est asymptotiquement
linéaire en N [39].
E[T | A0 = Nu] ∼
N→∞
−2N (u ln u + (1 − u) ln(1 − u)) (2.55)
Cette approximation est relativement bonne même pour des "petites" valeurs de N. Si l’on
considère le problème précédent du pistage d’un objet stationnaire avec N = 100 (modes équiprobables),
on peut constater que le temps moyen d’absorption empirique, calculé sur 500 réalisations
indépendantes, est proche de son équivalent asymptotique (cf. figure 2.3). En particulier pour
u = 1/2 (modes équiprobables), le temps moyen théorique est de 138 itérations.
Par ailleurs, nous avons calculé la variance du temps moyen d’absorption vaut asymptotiquement
:
Var(T | A0 = Nu) = −2N [u ln u + (1 − u) ln(1 − u)] + 8N
2u dilog u + 8N
2u ln u
− 8N
2
dilog u − 8N
2u dilog(1 − u) + 8N
2
ln(1 − u) − 8N
2u ln(1 − u)
− 4N
2
[u ln u + (1 − u) ln(1 − u)]2 +
4
3
π
2N
2
(2.56)
où dilog est la fonction dilogarithme définie par
dilog(u) = Z u
1
ln t
1 − t
dt (2.57)
Des éléments de preuve sont fournis en annexe (B).50 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
0
50
100
150
u
E(τ)
Figure 2.3 – Temps moyen d’absorption de mode. Rouge : approximation asymptotique, Bleu :
moyenne empirique
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
0
20
40
60
80
100
120
140
u
σ
τ
Figure 2.4 – Ecart-type du temps d’absorption de mode. Rouge : approximation asymptotique,
Bleu : écart-type empirique
Lorsque la répartition des particules entre les deux modes est identique, la variance asymptotique
se réduit à :
Var(T | A0 = N/2) ∼
N→∞
(
2
2
π
2 − 8 log 2)N
2 + 2N log 2
Lorsque N est grand, l’écart-type du temps de perte de mode est proportionnel à N. Ainsi,
le temps moyen d’absorption augmente avec N à la même vitesse que l’écart-type associé. On
observe en pratique que même pour des N grands la probabilité de perdre rapidement un mode
n’est pas nulle.51
2.5.1 Cas où le nombre de modes est supérieur ou égal à 3
Lorsqu’on considère un modèle discret comportant plus de 2 modes dans la loi a posteriori
p(x|y), on observe également que le ré-échantillonnage répété provoque une perte progressive des
modes jusqu’à n’en avoir plus qu’un seul [67]. S’il y a initialement b modes, contenant initialement
X1, X2, . . . , Xb échantillons, le temps moyen de réduction à un mode est asymptotiquement égal
à :
−2N
X
b
i=1
N − Xi
N
ln N − Xi
N
2.5.2 Cas où l’état est continu
L’expérience décrite par King et Forsyth met en jeu un système à espace d’état sans bruit de
dynamique ni bruit de mesure ce qui permet d’obtenir une approximation asymptotique sur les
temps moyen de perte de mode.
Dans un cadre plus général avec un bruit de dynamique et/ou d’observation, on observe le même
phénomène de perte de modes [67, 118]. Considérons le modèle suivant :
(
xk = xk−1 + wk
yk = x
2
k + vk
(2.58)
où xk , k = 1, . . . , 200 est une variable scalaire.
La loi a priori est supposée symétrique bimodale 1
2
U(−6.01, −5.99) + 1
2
U(5.99, 6.01) et les bruits
d’état et de mesure sont des bruits blancs gaussiens de variances respectives σ
2
w = 0.01 et
σ
2
v = 0.01. La nature de l’équation de mesure assure que la distribution p(xk|y0:k) est bimodale
avec des modes de signes opposés. Un moyen simple d’associer une particule à un mode est de
lui associer le mode de même signe. L’écart-type du bruit de dynamique assure qu’une particule
x
j qui sera initialement associé au i-ème mode le restera étant donné la faible probabilité pour
que la somme cumulée des bruits de dynamique provoque un changement du signe de x
j
.
Nous avons étudié dans [88] le temps moyen de perte de mode d’un filtre particulaire standard
sur le modèle (2.58). Dans cet article, nous avons considéré un filtre particulaire avec
ré-échantillonnage à chaque itération (bootstrap filter) et utilisant N = 100 particules. Le filtre
est initialisé avec N/2 particules dans chaque mode. Le temps moyen de perte de mode calculé
empiriquement sur la base de 1000 trajectoires indépendantes est de 11 itérations. En comparant
(à nombre de particules égal) avec le modèle statique illustré par la figure 2.2 où le temps
moyen est de l’ordre de 138 itérations, on observe que la présence de bruits de dynamique et
d’observation est de nature à accélérer la perte de l’un des modes. Cela est du au fait que le
ré-échantillonnage se fait en tirant les particules proportionnellement à leurs poids normalisés ω
i
k
qui sont différents de 1
N
, contrairement au cas stationnaire.
Nous verrons ci-après une implémentation, proposée par Vermaak et al. [118], qui permet de
traiter le problème du ré-échantillonnage au niveau de chaque mode de la densité empirique dans
le soucis de préserver autant que possible son caractère multimodal.52 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
2.6 Modèles de mélange pour le filtrage particulaire
Les modèles de mélange finis consistent à représenter une densité de probabilité f comme
une somme pondérée de M densités de probabilités fj
.
f(x) = X
M
j=1
αjfj (x) avec X
M
j=1
αj = 1 (2.59)
Les réels αj sont les coefficients ou poids de mélange.
Les modèles de mélange sont utilisés en classification de données [83], en segmentation
d’image [16] ou extraction d’image [101]. Ils sont également utiles pour représenter une loi de
probabilité multimodale. Ils se prêtent bien à la problématique du filtrage dans un cadre ou la
fonction de mesure est ambiguë. Ils ont notamment été utilisés dans un cadre particulaire en
localisation de robot [85, 77], en pistage vidéo [118], en pistage multi-objet[113] ou encore en
pistage multi-cibles [47]. Nous présentons ci-après le cadre théorique du filtrage pour le modèle
de mélange et l’algorithme particulaire correspondant.
2.6.1 Filtrage pour les modèles de mélange
Nous rappelons le modèle à espace d’état (2.6).
(
xk = fk (xk−1, wk)
yk = hk(xk, vk)
Formulons la loi conditionnelle pk|k = p(xk|y0:k) soit comme un mélange de lois conditionnelles
:
pk|k =
X
M
j=1
αj,kpj (xk|y0:k) (2.60)
où PM
j=1 αj,k = 1. Les composantes pj sont des lois conditionnelles non-paramétriques. Cette
décomposition n’étant pas unique, nous allons supposer que chaque pj est monomodale, de
manière à capter la multimodalité de la loi a posteriori p(xk|y0:k).
La mise à jour du filtre suppose la mise à jour des composantes {pj
, j = 1 · · · M} et des poids
de mélange αj,k.
Supposons que pk−1|k−1 = p(xk−1|y0:k−1) soit connu. Le calcul de pk|k se fait selon les équations
de Chapman-Kolmogorov :
– Prédiction
pk|k−1 = p(xk|y0:k−1) = Z
p(xk|xk−1)p(xk−1|y0:k−1) dxk−1 (2.61)
– Correction
pk|k = p(xk|y0:k) = p(yk|xk)p(xk|y0:k−1)
R
p(yk|xk)p(xk|y0:k−1) dxk
(2.62)
En prenant en compte la formulation sous forme de mélange de loi conditionnelle donnée par
(2.60), on a53
– Prédiction
pk|k−1 =
X
M
j=1
αj,k−1pj (xk|y0:k−1) avec pj (xk|y0:k−1) = Z
p(xk|xk−1)pj (xk−1|y0:k−1)dxk−1
(2.63)
– Correction
pk|k =
PM
j=1 αj,k−1p(yk|xk)pj (xk|y0:k−1)
PM
l=1 αl,k−1
R
p(yk|xk)pl(xk|y0:k−1) dxk
=
X
M
j=1
αj,k−1
R
p(yk|xk)pj (xk|y0:k−1) dxk
PM
l=1 αl,k−1
R
p(yk|xk)pl(xk|y0:k−1) dxk
p(yk|xk)pj (xk|y0:k−1)
R
p(yk|xk)pj (xk|y0:k−1) dxk
!
| {z }
pj (xk|y0:k)
(2.64)
Etant donné que Z
p(yk|xk)pj (xk|y0:k−1) dxk = pj (yk|y0:k−1), on en déduit donc l’équation
de mise à jour des poids de mélange :
αj,k =
αj,k−1pj (yk|y0:k−1)
X
M
l=1
αl,k−1pl(yk|y0:k−1)
(2.65)
2.6.2 Approximation particulaire pour les modèles de mélange et algorithme
MPF
La précédente section a mis en évidence la procédure de filtrage pour les modèles de mélange.
Voyons maintenant comment obtenir l’ équivalent particulaire des filtres de mélange. Dans la
littérature du filtrage particulaire, l’algorithme a été introduit par Vermaak, Doucet et Perez sous
le nom de mixture particle filter (MPF) [118]. Ce même algorithme est également connu comme
le clustered particle filter [126]. L’idée sous-jacente est d’affecter un filtre particulaire à chaque
composante pj du mélange. A l’étape de prédiction, les filtres évoluent indépendamment et à
l’étape de correction, ils interagissent lors de la mise à jour des poids de mélange {αj,k}
M
j=1via
l’équation (2.65).
Conformément aux notations précédentes, on notera {x
i
k}
N
i=1 l’ensemble des particules, {ω
i
k}
N
i=1
les poids associés et Ij ⊆ {1, . . . , N} l’ensemble des indices des particules appartenant à la
composante d’indice j.
La loi a posteriori est donc approchée selon
p(xk|y0:k) ≈
X
M
j=1
αj,k X
i∈Ij
ω
i
k
δx
i
k
(2.66)
avec
X
i∈Ij
ω
i
k = 154 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
et
X
M
j=1
αj,k = 1
L’étape de prédiction se fait en échantillonnant N particules x
i
k ∼ q(x|x
i
k−1
, yk) où q est une
densité d’importance. D’après (2.64), l’équation de mise à jour des poids d’importance {ω
i
k}
N
i=1
se fait selon :
ω˜
i
k = ω
i
k−1
p(yk|x
i
k
)p(x
i
k
|x
i
k−1
)
q(x
i
k
|x
i
k−1
, yk)
(2.67)
∀i ∈ Ij
, ωi
k =
ω˜
i
X
k
l∈Ij
ω˜
l
k
(2.68)
Afin d’obtenir les poids de mélange à l’instant k, il faut estimer la vraisemblance prédite
pj (yk|y0:k−1) = Z
p(yk|xk)pj (xk|y0:k−1) dxk. Appelons pˆj (xk|y0:k−1) une approximation particulaire
de la loi prédite de la composante d’indice j. Alors,
pj (yk|y0:k−1) = Z
p(yk|xk)pj (xk|y0:k−1) dxk (2.69)
=
ZZ p(yk|xk)p(xk|xk−1)pj (xk−1|y0:k−1) dxk dxk−1 (2.70)
≈
X
i∈Ij
ω
i
k−1
p(yk|x
i
k
)p(x
i
k
|x
i
k−1
)
q(x
i
k
|x
i
k−1
, yk)
(2.71)
≈
X
i∈Ij
ω˜
i
k
(2.72)
On en déduit l’estimateur des coefficients de mélange suivant :
αj,k ≈
αj,k−1w
+
j,k
X
M
p=1
αp,k−1w
+
p,k
(2.73)
où w
+
j,k est défini par :
w
+
j,k =
X
i∈Ij
ω˜
i
k
(2.74)
Jusqu’ici, on a supposé que le nombre de composantes de la loi a posteriori restait fixe. Dans
l’hypothèse où une composante est affectée à un mode de la loi conditionnelle pk|k, cela signifie
que le nombre de modes est constant. Cependant pour des applications telles que le suivi d’objets
dans les séquences vidéo, une composante pj correspond idéalement à la probabilité d’un objet
particulier. Le nombre d’objets pouvant évoluer au cours du temps, il parait naturel d’introduire
une dépendance du nombre de composantes M par rapport au temps. En recalage de navigation
inertielle par mesures radio-altimétriques, la modélisation de la loi conditionnelle sous-forme de55
mélange fini correspond à une ambiguïté sur la position réelle de l’aéronef qui se matérialise par
plusieurs positions possibles dans le plan horizontal. En fonction des similarités de terrain et de
l’incertitude de mesure du radio-altimètre, le nombre de positions candidates peut évoluer.
Afin de prendre en compte ces remarques, Vermaak et al. [118] formulent la loi a posteriori à
l’instant k comme un mélange de Mk composantes :
pk|k =
X
Mk
j=1
αj,kpj (xk|y0:k) (2.75)
Soit pˆk|k l’approximation particulaire de pk|k. Alors,
pˆk|k =
X
Mk
j=1
αj,k X
i∈Ij,k
ω
i
k
δx
i
k
(2.76)
où Ij,k ⊆ {1, . . . , N} est l’ensemble des indices des particules approximant la composante pj à
l’instant k.
A l’instant k + 1 on a donc :
pk+1|k+1 ≈ pˆk+1|k+1 =
X
Mk
j=1
αj,k+1 X
i∈Ij,k
ω
i
k+1δx
i
k+1
(2.77)
=
X
N
i=1
αc1(i),k+1ω
i
k+1δx
i
k+1
(2.78)
où c1(i) = j si i appartient à Ij,k. Dans la formulation (2.77), les lois Πj =
P
i∈Ij,k ω
i
k+1δx
i
k+1
peuvent contenir plusieurs modes, auquel cas il est judicieux de séparer les particules en autant de
modes que nécessaire. Inversement, deux lois Πˆ
l et Πm peuvent avoir des modes très rapprochés
ce qui incite à regrouper les particules correspondantes.
Cela se traduit par la formulation de pˆk+1|k+1 comme somme de Mk+1 composantes Πˆ 0
l
, l =
1, . . . , Mk+1 obtenues après re-clustering des composantes Πˆ
l
, l = 1, . . . , Mk.
pˆk+1|k+1 =
M
Xk+1
l=1
βl,k+1Πˆ 0
l
pˆk+1|k+1 =
M
Xk+1
l=1
βl,k+1 X
i∈Il,k+1
ν
i
k+1δx
i
k+1
(2.79)
avec PMk+1
l=1 βl,k+1 = 1 ,
P
i∈Ij,k+1 ν
i
k+1 = 1 et Πˆ 0
l =
P
i∈Il,k+1 ν
i
k+1δx
i
k+1
.
Il,k+1 ⊆ {1, . . . , N} est l’ensemble des indices des particules représentant la loi Πˆ 0
l
. On peut
réécrire l’égalité (2.79) sous la forme :
pˆk+1|k+1 =
X
N
i=1
βc2(j),k+1ν
j
k+1δx
j
k+1
(2.80)56 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire
où c2(i) = l si i ∈ Il,k+1.
On peut également transformer l’équation (2.78) sous la forme :
pˆk+1|k+1 =
X
N
i=1
αc1(i),k+1ω
i
k+1δx
i
k+1
(2.81)
=
M
Xk+1
l=1
X
i∈Il,k+1
αc1(i),k+1ω
i
k+1δx
i
k+1
(2.82)
=
M
Xk+1
l=1
X
i
0∈Ij,k+1
αc1(i
0),k+1ω
i
0
k+1 X
i∈Il,k+1
αc1(i),k+1ω
i
k+1
P
i
0∈Il,k+1 αc1(i
0),k+1ω
i
0
k+1
δx
i
k+1
(2.83)
En identifiant l’égalité (2.83) avec l’équation (2.79), il vient :
βl,k =
X
i∈Il,k+1
αc1(i),kω
i
k
(2.84)
et
ν
i
k =
αc1(i),kω
i
k
βc2(i),k
(2.85)57
Conclusion du Chapitre 2
Nous avons présenté les briques de base du filtre particulaire dans le cadre des modèles à
espace d’état. L’algorithme SIS assure théoriquement une convergence vers la loi de filtrage
lorsque le nombre de particule est infiniment grand. Cependant, l’utilisation d’un nombre fini de
particules peut occasionner la divergence des algorithmes particulaires. En particulier, lorsque le
bruit d’observation est faible ou lorsque la dynamique est faiblement bruitée, l’échantillonnage
successif des particules selon la loi a priori ne garantit pas la convergence du filtre. Des variantes
telles que le filtre particulaire régularisé (RPF) ou le KPKF permettent de rendre le filtre plus
robuste lorsque ces situations surviennent mais n’éliminent pas totalement le risque de divergence.
Le filtre Rao-Blackwellisé (RBPF) exploite la structure des modèles conditionnellement linéaires
gaussiens afin d’effectuer une approximation particulaire sur une partie réduite de l’espace de l’état
et réduire ainsi le nombre d’échantillons nécessaire, le reste de l’état étant estimée par un banc de
filtres de Kalman. Nous avons également exposé une autre limitation des algorithmes particulaires,
qui est le risque de perte de mode lorsque la loi conditionnelle de l’état est multimodale. Nous
avons illustré l’impact du ré-échantillonnage sur la disparition des modes grâce à une modélisation
issue de la génétique des populations. Ceci a des implications pratiques car la loi de filtrage est
multimodale dans les scénarios de recalage de la navigation par mesures altimétriques. Enfin,
nous avons exposé les modèles de mélange dans le cadre du filtrage particulaire comme une
solution adaptée au distributions multimodales. Le chapitre 4 proposera une mise en oeuvre de
ces modèles en proposant une approche basée sur les techniques de clustering pour identifier
automatiquement les modes de la loi conditionnelle. Nous proposerons également une méthode
de régularisation adaptée aux densités multimodales, appelée régularisation locale.58 2. Méthodes particulaires pour le filtrage non linéaire59
Chapitre 3
Systèmes de navigation inertielle et
recalage radio-altimétrique
3.1 Introduction à la navigation inertielle
La navigation consiste d’une manière générale à connaitre la position, la vitesse et l’attitude
d’un mobile dans un référentiel donné. Dans cette thèse nous nous intéressons plus particuliè-
rement à la navigation terrestre, c’est-à-dire la détermination des caractéristiques cinématiques
d’un objet par rapport au globe terrestre. Nous chercherons donc à déterminer la position, la
vitesse et éventuellement les angles d’attitude de l’objet en déplacement. Les angles d’attitude
donnent accès à l’orientation angulaire du solide considéré. L’objet d’intérêt est un aéronef muni
d’une centrale inertielle qui comporte des accéléromètres et des gyromètres et d’un calculateur
permettant de déduire la solution de navigation par intégration successive des mesures accélérométriques
et gyrométriques. Nous présentons ci-après les principaux repères utilisés en navigation
terrestre ainsi que les types de centrales inertielles.
3.1.1 Repères de navigation
Repère inertiel (inertial frame) Le repère terrestre (O, xi
, yi
, zi) a pour origine le centre de
la Terre O et ses axes ont une direction fixe par rapport aux étoiles.
Repère terrestre Le repère terrestre (O, xT , yT , zT ), également appelé ECEF (Earth-Centered,
Earth-Fixed) , est lié à la Terre et est en rotation avec celle-ci. Il est centré sur la Terre et
les 3 vecteurs du trièdre xT , yT et zT sont tels que :
− xT est contenu dans le plan équatorial et passe par le méridien de Greenwich,
− zT est dirigé vers le pôle nord,
− yT complète le trièdre direct.
Trièdre géographique local (navigation frame) Le trièdre géographique local (TGL) est le
repère de navigation. Il a pour origine la projection P du centre de masse du mobile sur
la surface de la terre et ses axes sont dirigés respectivement vers le Nord, l’Est et selon la
verticale descendante. Dans toute la suite on notera (n, e, d) ce repère.60 3. Systèmes de navigation inertielle et recalage radio-altimétrique
Figure 3.1 – Repères de référence (ϕ et λ désignent ici respectivement la latitude et la longitude géographique)
Trièdre lié au mobile (body frame) Il s’agit du repère (M, xb, yb, zb) lié à l’engin. Son origine
M est un point quelconque du véhicule et n’est pas nécessairement confondu avec son
centre de gravité G. L’orientation des axes est conventionnelle :
− l’axe xb est dirigé selon l’axe de symétrie longitudinal de l’engin et est orienté vers
l’avant,
− l’axe zb est perpendiculaire au plan de la voilure et dirigé vers l’intrados du corps,
− l’axe yb complète le trièdre direct.
Les angles d’attitudes, notés ϕ, θ et ψ, définissent l’orientation du mobile par rapport au
TGL. ϕ désigne le roulis (roll), θ le tangage (pitch) et ψ le lacet (yaw).
3.1.2 Capteurs inertiels
Il existe deux types de centrales inertielles qui se distinguent par la façon dont la plate-forme
de capteurs est orienté par rapport au boitier : les centrales à plate-forme stabilisée et les centrales
à composants liés. Les 2 types de centrales comportent 3 accéléromètres et 3 gyromètres. Les
accéléromètres fournissent l’accélération non-gravitationnelle du véhicule par rapport au repère
inertiel, c’est-à-dire l’accélération absolue moins la pesanteur. Le vecteur résultant est appelé
force spécifique fa
. Les gyromètres mesurent la vitesse angulaire de l’engin par rapport au repère
inertiel.
Centrales à plate-forme stabilisé (gyrostabilized platforms) Sur ce type de centrales, les
accéléromètres sont installés sur une plate-forme mécanique isolée des mouvements angu-61
laires du boitier. Les gyromètres permettent d’asservir la plate-forme en position horizontale
de telle sorte que les accéléromètres ont leurs axes parallèles au TGL [106]. Les centrales à
plate-forme stabilisée sont relativement précises mais la présence d’un système mécanique
d’asservissement les rend plutôt encombrantes.
Centrales à composants liées Dans ce type de centrale, également appelée centrale inertielle
strap-down, les capteurs inertiels sont directement fixés à la structure rigide du boitier de
la centrale. Les 3 gyromètres et les 3 accéléromètres fournissent donc des mesures dans
le repère engin (G, xb, yb, zb) lié au mobile. Les accélérations sont projetées dans le TGL
par intégration des vitesses angulaires issues des gyromètres. Les centrales à composants
liés sont plus simples mécaniquement que les centrales à plate-forme stabilisée, ce qui
les rend peu encombrantes et exige moins de maintenance mais nécessite un calculateur
plus puissant. Aujourd’hui, la puissance des calculateurs embarqués fait qu’elles sont plus
répandues que les centrales à plate-forme stabilisée.
Dans la suite de l’exposé, nous considérons un véhicule muni d’une centrale à composants liés.
Le rôle du calculateur est de projeter les mesures des capteurs inertiels dans le trièdre géographique
local afin d’obtenir par intégration les paramètres cinématiques du véhicule.
3.2 Les équations de la navigation inertielle
Les paramètres cinématiques de l’aéronef sont :
− la position géographique (λ, φ, z) où λ est la latitude géographique, φ la longitude et z
l’altitude. Ces 3 composantes sont exprimées dans le trièdre de navigation.
− la vitesse de déplacement de son centre de masse, exprimée dans le TGL et notée v =
(vn, ve, vd)
− l’attitude, représentée par les angles d’Euler ϕ, θ et ψ.
Dans une centrale inertielle à composants liés, les mesures de forces spécifiques et de vitesses
de rotation se font dans le trièdre engin (M, xb, yb, zb), M étant l’origine de la centrale inertielle.
La vitesse du centre de masse vG est reliée à la vitesse du point M par la relation :
vG = vM − (ωm − ωie) ∧ GM (3.1)
où ωie est le vecteur de la rotation de la terre et ωm est le vecteur de vitesse angulaire mesuré
par les gyromètres (vitesse de rotation absolue).
Afin de déterminer l’ensemble des paramètres cinématiques de l’aéronef, on représente le globe
terrestre comme un ellipsoïde de révolution dont l’axe de symétrie est confondu avec l’axe de
révolution autour des pôles. Cet ellipsoïde est défini par son demi grand axe a et son demi petit
axe b. Son excentricité e et son aplatissement fap sont définis par :
e =
s
1 −
b
2
a
2
et fap = 1 −
b
a62 3. Systèmes de navigation inertielle et recalage radio-altimétrique
Les paramètres de l’ellipsoïde sont fournies par le modèle WGS84 ( World Geodetic System 1984).
Les valeurs numériques sont :
a = 6378137 m (3.2)
fap = 1/298.257223563 (3.3)
b = 6356752.3 m (3.4)
3.2.1 Equation d’attitude
L’orientation du mobile par rapport au TGL est définie par les angles d’attitudes ϕ, θ et ψ
(respectivement roulis, tangage et lacet). Ces angles permettent d’obtenir la matrice des cosinus
directeurs Rn2b qui correspond à la matrice de rotation qui fait passer du TGL (n, e, d) au repère
engin (xb, yb, zb).
Rn2b =
cos θ cos ψ cos θ sin ψ − sin θ
− cos ϕ sin ψ + sin ϕ sin θ cos ψ cos ϕ cos ψ + sin ϕ sin θ sin ψ sin ϕ cos θ
sin ϕ sin ψ + cos ϕ sin θ cos ψ − sin ϕ cos ψ + cos ϕ sin θ sin ψ cos ϕ cos θ
(3.5)
On définit également la matrice de rotation Rb2n qui fait passer du repère engin au repère de
navigation. On a donc :
Rb2n = R
T
n2b = R
−1
n2b
Soit ω la vitesse angulaire de rotation du mobile par rapport au repère TGL et soit p, q, r ses
composantes exprimées dans le repère lié à l’avion. Les angles d’attitude sont reliés aux vitesses
angulaires p, q, r selon l’équation différentielle suivante :
ψ˙
˙θ
ϕ˙
=
0
sin ϕ
cosθ
cos ϕ
cosθ
0 cos ϕ − sin ϕ
1 tan θ sin ϕ tan θ cos ϕ
p
q
r
(3.6)
La vitesse angulaire de l’aéronef par rapport au TGL, est égale à
ω = ωm − ρ − ωie
ωm est la vitesse angulaire mesurée par les gyromètres dans le repère engin tandis que ρ
représente la vitesse angulaire de rotation du TGL par rapport à la Terre. Les composantes de ρ
et ωie sont définies dans le repère TGL selon :
ρn =
ve
Rφ+z
ρe = −
vn
Rλ+z
ρd = −
ve
Rφ+z
tan(λ)
(3.7)
et
ω
n
ie = ω0 cos(λ)
ω
e
ie = 0
ω
d
ie = −ω0 sin(λ)
(3.8)63
avec ω0 = 7.29 × 105
rd.s−1
est la vitesse de rotation propre du globe terrestre.
Rλ est le rayon de courbure de la Terre dans le plan méridien (rayon nord).
Rλ = a
1 − e
2
(1 − e
2 sin2
(λ))3/2
(3.9)
Rφ est la grande normale de l’ellipsoïde (rayon est).
Rφ =
a
(1 − e
2 sin2
(λ))1/2
(3.10)
L’équation du mouvement angulaire d’un corps rigide en rotation permet d’obtenir l’équation
différentielle de la matrice des cosinus directeurs :
R˙
n2b = −[ωm×]Rn2b + Rn2b[(ρ + ωie)×] (3.11)
où ωm =
ωx ωy ωz
T
est le vecteur des vitesses angulaires mesurées par les gyromètres et
[ωm×] est la matrice anti-symétrique définie par :
[ωm×] =
0 −ωz ωy
ωz 0 −ωx
−ωy −ωx 0
(3.12)
3.2.2 Equation de vitesse du mobile
L’équation différentielle régissant la vitesse du mobile et projetée dans le trièdre de navigation
est
v˙ = Rb2nγm + g − (2ωie + ρ) ∧ v (3.13)
γm est le vecteur d’accélération spécifique mesurée par les accéléromètres exprimé dans le repère
engin. g est la pesanteur terrestre. Il est égal à la gravité ΦT de la Terre diminué de l’accélération
d’entraînement due à la rotation de celle-ci.
g = ΦT − ωie ∧ (ωie ∧ OM) (3.14)
Dans le modèle WGS84, la norme de g à la surface de la Terre ne dépend que de la latitude λ et
de l’altitude z via la formule suivante :
g ≈ 9.7803 + 0.0519 sin2
(λ) − 3.08 × 10−6
z (3.15)
où z est exprimé en mètres.
En projetant l’équation (3.13) sur le TGL, et compte tenu des égalités (3.7) et (3.8), il vient :
v˙n
v˙e
v˙d
= Rb2n
γx
γy
γz
+
0
0
g
+
−
v
2
e
Rφ+z
tan λ − 2ω0ve sin λ +
vnvd
Rλ+z
1
Rφ+z
(vevn tan λ + vevd) + 2ω0(vn sin λ + vd cos λ)
−
v
2
n
Rφ+z −
v
2
e
Rλ+z − 2ω0ve cos λ
(3.16)
où
γx γy γz
T
est le vecteur des accélérations mesurées par les accéléromètres.64 3. Systèmes de navigation inertielle et recalage radio-altimétrique
3.2.3 Equation de position
L’équation d’évolution de la position du mobile s’obtient par intégration de l’équation de
vitesse (3.16) :
λ˙
φ˙
z˙
=
1
Rλ+z
0 0
0
1
(Rφ+z) cos(λ)
0
0 0 −1
vn
ve
vd
(3.17)
3.3 Modélisation de l’erreur de navigation
La centrale inertielle calcule la solution de navigation par intégration successives des données
accélérométriques et gyrométriques. Des erreurs peuvent apparaître lorsque l’initialisation (alignement)
de la centrale est erronée ou inévitablement parce que les capteurs ont une précision
limitée.
Les erreurs de navigation sont dues à la juxtaposition d’erreurs de projection et d’erreurs d’inté-
gration. En effet, une mesure erronée des gyromètres donnera une matrice d’attitude Rn2b fausse.
La projection des mesures des accéléromètres se faisant grâce à cette matrice d’attitude, il en ré-
sultera une accumulation de l’erreur due à une mauvaise projection et de celle due à l’imperfection
des accéléromètres. L’intégration de cette projection entraînera une dérive des composantes de
vitesse et donc des coordonnées de position. Par ailleurs, le modèle de pesanteur que nous avons
considéré dépend, en ce qui concerne la direction, de la position horizontale du véhicule, et en ce
qui concerne l’intensité, de son altitude. Toute erreur sur la position du véhicule entraîne donc
une mauvaise estimation de la pesanteur et se répercute sur les futures estimations de vitesses et
de position. Ce couplage, appelé phénomène de Schüler, se traduit par une oscillation des erreurs
de position horizontale et une divergence de la position verticale. Nous rappelons ci-après les
équations d’évolution des erreurs de position, vitesse et attitude.
3.3.1 Variables d’erreurs
Dans la suite, les variables entachées d’erreurs seront notées par un tilde. Ces variables représentent
par exemple la position inertielle ou les mesures des accéléromètres. On notera δu le
vecteur d’erreur correspondant à la différence entre la valeur vraie ou idéale de u et la valeur
erronée u˜.
δu = u − u˜
Erreur de position On définit l’erreur de position δx comme l’écart métrique entre la position
inertielle et la position vraie dans le repère TGL. Ses coordonnées sont :
δxn = (Rλ + z)δλ
δxe = (Rφ + z) cos(λ)δφ
δxd = −δz
(3.18)
où δλ, δφ et δz sont les erreurs de position géographiques dans le trièdre géographique local.65
Erreur de vitesse On définit δv = v − v˜ comme l’erreur de vitesse dans le repère TGL.
Erreur d’attitude Soit δφ, δθ et δψ les erreurs commises sur les angles d’attitude. Si on note
R˜
n2b la matrice des cosinus directeurs dont dispose la centrale inertielle (Rn2b étant la matrice
exacte), on a la relation suivante [5], valable dans l’approximation des petits angles :
Rn2b = R˜
n2b
1 −δψ δθ
δψ 1 −δϕ
−δθ δϕ 1
(3.19)
On définit la matrice antisymétrique [Φ×] comme
[Φ×] =
0 −δψ δθ
δψ 0 −δϕ
−δθ δϕ 0
L’équation (3.19) est donc équivalente à :
Rn2b = R˜
n2b(I3 + [Φ×]) (3.20)
Erreurs de mesure des capteurs inertiels On définit l’erreur de mesure des accéléromètres
comme
δγ = γ − γ˜ (3.21)
où γ˜ est la mesure accélérométrique fournie par la centrale inertielle. De la même façon l’erreur
de mesure des gyromètres est :
δω = ω − ω˜ (3.22)
Erreur d’orientation du TGL Soit B la matrice de rotation qui fait passer du repère terrestre
au repère de navigation. B dépend de la latitude et longitude du véhicule de la façon suivante :
B =
− cos φ sin λ − sin φ sin λ cos λ
− sin φ cos φ 0
− cos φ cos λ − sin φ cos λ − sin λ
(3.23)
Ainsi, une erreur sur les coordonnées géographiques a une répercussion sur la matrice B de sorte
que la matrice B˜ dont dispose la centrale s’exprime sous la forme.
B = (I − [δΘ×])B˜ (3.24)
avec
[δΘ×] =
0 −δΘn δΘe
δΘd 0 −δΘn
−δΘe δΘn 0
(3.25)66 3. Systèmes de navigation inertielle et recalage radio-altimétrique
δΘn, δΘe et δΘd sont trois petits angles décrivant l’erreur d’orientation du TGL en fonction de
l’erreur de position :
δΘn =
δxe
Rφ+z
δΘe = −
δxn
Rλ+z
δΘd = −
tan(λ)δxe
Rφ+z
Nous donnons ci-après les équations de propagation des erreurs de navigation. Elles sont
obtenues par différentiation au premier ordre des équations de la navigation. Dans un premier
temps, ces équations correspondent à un modèle dit angle-phi, pour lequel les variables d’erreurs
δx, δv sont projetées dans le repère lié à la Terre [5]. Ensuite, nous présentons la modélisation
dite angle-psi [5], qui permet d’éliminer certaines variables intermédiaires du problème.
3.3.2 Équation d’évolution de l’erreur d’attitude
Rappelons que Φ =
δφ δθ δψT
est le vecteur des erreurs d’attitude en repère TGL.
Notons g = Rb2nδωm la projection des erreurs des gyromètres dans le repère TGL. On introduit
également δρ et δωie les erreurs d’estimation de vitesse angulaire de ρ et ωie. L’équation
d’évolution du vecteur des erreurs d’attitude est alors
Φ˙ = −(ρ + ωie) ∧ Φ − g + δρ + δωie (3.26)
3.3.3 Équation d’évolution de l’erreur de vitesse
Soit f = Rb2nγm et a = Rb2nδγm les projections respectives de la mesure accélérométrique
et de l’erreur correspondante dans le TGL. L’équation d’évolution du vecteur des erreurs de vitesse
projetée dans le TGL est
δv˙ = −Φ ∧ f + a + δg − (ρ + 2ωie) ∧ δv − (δρ + 2δωie) ∧ v (3.27)
où δg ≈
0 0 −
2g
a
δzT
est le vecteur d’erreur de la pesanteur qui a une contribution nulle
dans le plan horizontal. De plus, la composante sur l’axe vertical du TGL, gD, a une erreur δgD
qui s’exprime comme
δgD =
∂g
∂z δz +
∂g
Rφ∂λRφδλ
Une analyse numérique montre que le terme ∂g
Rφ∂λRφδλ peut être négligé, ce qui réduit δgD à
∂g
∂z δz.
3.3.4 Équation d’évolution de l’erreur de position
L’équation d’évolution de l’erreur de position fait intervenir un terme du à l’erreur d’estimation
de la vitesse et un terme du à une mauvaise estimation du TGL.
δx˙ = δv − ρ ∧ δx + δΘ ∧ v (3.28)67
3.3.5 Modélisation angle-psi pour les équation d’erreurs de navigation
Une analyse des équations (3.26), (3.27) et (3.28) montre que les variables δρ, δωie et
δΘ doivent être exprimées en fonctions des paramètres cinématiques δx, δv et δΦ afin d’être
intégrées, ce qui est possible, mais résulte en un système d’équations différentielles couplées peu
commode à manipuler. La modélisation dite angle-psi permet d’obtenir un ensemble d’équations
plus simple d’utilisation en introduisant les variables suivantes :
δv
0 = δv + δΘ ∧ v
Ψ = Φ − δΘ
(3.29)
On aboutit alors au système d’équations suivant [28] :
Ψ˙ = −(ρ + ωie) ∧ Ψ − g
δ
˙v
0 = −Ψ ∧ f + a + δg
0 − (ρ + 2ωie) ∧ δv
0
δx˙ = δv
0 − ρ ∧ δx
(3.30)
3.3.5.1 Modélisation des erreurs des capteurs inertiels
L’erreur accélérométrique δγm est modélisée de la manière suivante :
δγm = ba + Kaγm + ξa
(3.31)
où
− ba est un terme de biais accélérométrique,
− Ka est un facteur d’échelle,
− ξa
est un processus de Wiener [38].
L’erreur gyrométrique est modélisée de la même façon :
δωm = bg + Kgωm + ξg
(3.32)
− bg est un terme de biais gyrométrique,
− Kg est un facteur d’échelle propre au gyromètre,
− ξg
est un processus de Wiener.
Les biais ba et bg sont communément modélisés par un processus de Markov du premier ordre
noté b :
˙b =
−1
τ
b + ν (3.33)
où
− τ est la période de corrélation du processus b,
− ν est un processus de Wiener.68 3. Systèmes de navigation inertielle et recalage radio-altimétrique
Figure 3.2 – Mesure altimétrique sur une surface plane : évolution de la puissance P reçue par
le radar
3.4 Radio-altimétrie et architecture de la navigation hybridée
3.4.1 Généralités sur les radio-altimètres
Un radio-altimètre permet de mesurer la distance entre un mobile donné et le sol, appelée
hauteur-sol. L’altimètre émet une onde électromagnétique et reçoit le signal renvoyé par les cibles
situées sur le trajet de l’onde (surfaces terrestres) avec un décalage temporel. La distance h entre
l’objet en vol (porteur de l’instrument) et le sol est déduite du temps de propagation aller-retour
(t0) d’une onde électromagnétique (de célérité c) entre l’objet et la surface du sol par la relation :
h =
ct0
2
(3.34)
Il existe deux classes de fonctionnement pour les radio-altimètres, qui se distinguent par la
largeur de la zone éclairée au sol par son faisceau d’antenne :
− les altimètres pour lesquels la surface éclairée au sol est limitée par l’ouverture θ0 du
faisceau de l’antenne (beam-limiter altimeters),
− les altimètres dont la durée d’impulsion courte limite la surface de la zone de sol reçue
dans une cellule de résolution (pulse-limited altimeter).
La figure 3.2 représente l’évolution d’une impulsion électro-magnétique et la courbe d’évolution
de la puissance reçue par le radar, pour une mesure altimétrique effectuée sur une surface69
900
1000
1100
1200
1300
1400
1500
1600
1700
m
hauteur−sol réelle
mesure issue d’un modèle RA
Figure 3.3 – Comparaison de la hauteur-sol réelle et d’une mesure simulée à partir d’un modèle
d’antenne RA réaliste. Le profil considéré est une portion de terrain de 20 km.
plane (un océan,. . .) dans le cas d’un radio-altimètre à durée d’impulsion courte. La surface éclairée
par l’onde est l’intersection de la coquille sphérique, qui représente l’impulsion radar, par la
surface observée. L’impulsion émise ayant une durée finie, cette surface passe d’un point à un
disque, puis à un anneau de surface constante. La puissance renvoyée par la surface est plus faible
à des angles d’incidences plus grands, d’où la décroissance observée de la puissance reçue.
Le radio-altimètre a tendance à indiquer une distance qui diffère de la hauteur-sol d’autant
plus que le lobe de l’antenne radar est large, même s’il est orienté verticalement vers le sol. Une
illustration de cette observation est donnée par la figure 3.3 où est représentée la hauteur-sol théorique
le long d’une trajectoire donnée et la mesure issue d’un modèle radio-altimétrique réaliste.
La distance indiquée est plutôt la distance la plus courte entre le mobile et le relief ce qui introduit
un biais. Idéalement ceci doit être pris en compte dans le développement de filtres de recalage
réalistes en modifiant le modèle d’observation décrivant la mesure altimétrique. Cependant dans
cette thèse, la modélisation retenue ne tient pas compte de cette erreur systématique.
3.4.2 Principe de la navigation hybridée
La navigation hybridée consiste à coupler un capteur indépendant des senseurs inertiels avec
la centrale inertielle afin d’augmenter la précision et la fiabilité de la solution de navigation. Une
architecture d’hybridation permet donc d’effectuer un recalage de la navigation inertielle. Parmi
les capteurs couramment utilisées pour le recalage d’aéronef, on peut citer :
− le GPS (Global Positioning System), système de positionnement par satellites fondé sur la
triangulation. Le système GPS est géré par les autorités américaines et assure une précision
dans le pire des cas de 7,8 mètres à 95% de certitude (GPS civil) [1].
− le radar à synthèse d’ouverture (SAR, Synthetic Aperture Radar) qui permet d’obtenir une
cartographie de la zone de relief survolé et d’effectuer le recalage par comparaison avec
une carte de référence embarquée [81].
− le radio-altimètre, présenté précédemment, offre la possibilité de se recaler en comparant
les mesures successives de hauteur-sol avec un Modèle Numérique de Terrain (MNT)70 3. Systèmes de navigation inertielle et recalage radio-altimétrique
embarqué.
Les avantages principaux du radio-altimètre par rapport au GPS sont essentiellement son
fonctionnement autonome et la difficulté de brouillage des signaux issue de son antenne-radar.
Capteurs inertiels
Navigation inertielle Filtre Radio-altimètre
Σ
Navigation recalée
état inertiel
+
erreurs inertielles −
Figure 3.4 – Architecture de navigation hybride
3.5 Approches algorithmiques pour le recalage altimétrique
3.5.1 Recalage altimétrique par bloc
Le recalage altimétrique par bloc consiste à acquérir une suite de mesures altimétriques afin
d’inférer la position courante par comparaison de profils d’altitude. Parmi les approches de recalage
par bloc, on peut citer le procédé TERCOM (Terrain Contour Matching) fondé sur une mesure
de corrélation entre un vecteur de mesures de hauteurs-sol et un profil de terrain de même
longueur. Si h = (h1, . . . , hp) est une suite de p mesures RA consécutives et H désigne la
matrice représentant le modèle numérique de terrain, une mesure de corrélation possible est [6] :
ck,m =
1
p
X
p
n=1
|hn − Hm,n+k| (3.35)71
La position estimée est celle maximisant la corrélation ck,m :
(
ˆk, mˆ ) = arg max
(k,m)
ck,m (3.36)
Le système TERCOM est applicable aux véhicules dont les manoeuvres sont rares et limitées ce
qui contraint son utilisation. De plus, il suppose une connaissance précise des vitesses de l’aéronef.
3.5.2 Recalage par banc de filtres de Kalman
Le système SITAN (Sandia Inertial Terrain Aided Navigation), développé à la fin des années
70 par Sandia Laboratories, est le premier à adopter une approche récursive au problème de navigation
par corrélation de terrain, contrairement à TERCOM qui procède par "batch". La version
d’origine utilise un filtre de Kalman étendu modifié, dans lequel est introduit une linéarisation
stochastique adaptative censée atténuer les effets des fortes non-linéarités du relief [57]. Par la
suite, des modifications ont été apportées à l’algorithme afin d’éviter les divergences du filtre :
dans la version de Hollowel et al. [56], un banc de filtre de Kalman remplace l’unique EKF. L’idée
est que les filtres initialisés au voisinage de la position vraie ont moins de chance de diverger.
3.5.3 Du Point-Mass Filter aux filtres particulaires
Le Point-Mass Filter (PMF) [11, 3], est un filtre bayésien capable de traiter les ambiguïtés
de terrain inévitable en début de recalage lorsque l’incertitude est grande. A notre connaissance,
la première application du PMF au recalage altimétrique date des travaux de Bergman sur l’estimation
bayésienne pour la navigation et le pistage [7]. Le PMF suppose que l’espace d’état soit
discrétisé selon une grille déterministe x
(1), . . . , x(N)
. Les équations du filtrage linéaire sont alors
exprimées sur cette grille en introduisant des poids ω
(1)
k
, . . . , ω
(N)
k
qui représente les probabilités
p(xk = x
(i)
|y0:k), i = 1, . . . , N . En pratique, le PMF peut s’implémenter aisément pour des
vecteurs de petite dimension, c’est-à-dire inférieure ou égale à 3 : au delà, le maillage régulier
de l’espace devient inefficace. Ainsi, dans [7], les auteurs s’intéressent au recalage de la position
horizontale, ayant supposé que l’altitude est fournie par un baro-altimètre. En outre, le calcul
récursif des poids devient extrêmement couteux puisqu’il revient à une convolution discrète en
dimension d [51]. Concrètement cela signifie que le PMF est envisageable pour le recalage de
véhicules dont les trois composantes de vitesse sont connues avec une précision suffisante. Une
autre problématique du PMF est celle de l’adaptation de la résolution du maillage par rapport au
support de la densité a posteriori p(xk|y0:k) : en début de recalage, l’incertitude sur x est grande
donc une maille de faible résolution suffit tandis que dès que p(xk|y0:k) se résume à quelques
modes, il vaut mieux augmenter la résolution de la maille.
Bergman a proposé dans ses travaux de thèse [6] la première étude du filtre particulaire standard
(SIR) pour le recalage radio-altimétrique. Plus récemment, on peut citer les travaux de :
− K.Dahia [28] qui a développé et appliqué le KPKF (Kernel Particle Kalman Filter) pré-
senté au chapitre 2 au recalage d’aéronefs. Le KPKF combine la philosophie des mé-
thodes particulaires classiques avec le filtre de Kalman, mais contrairement au RBPF72 3. Systèmes de navigation inertielle et recalage radio-altimétrique
(Rao-Blackwellized Particle Filter), il ne suppose pas de structure partiellement linéaire de
l’équation de mesure. L’avantage algorithmique du KPKF est sa robustesse aux grandes
incertitudes initales.
− M. Flament [41] a proposé une étude comparative des filtres particulaires gaussiens avec
le filtre de Kalman étendu et le Point Mass Filter.
− La thèse de Nordlund [93] propose une étude des performances du RBPF pour le recalage
altimétrique.
3.5.4 Recalage altimétrique continu
Le recalage altimétrique continu (RAC) est une technique de recalage utilisée lorsque l’erreur
de position initiale a été réduite par un algorithme de type TERCOM, SITAN ou particulaire.
Le RAC s’appuie sur un filtre de Kalman étendu pour estimer les variables d’état du véhicule :
les paramètres cinématiques (3 erreurs de position , 3 erreurs de vitesse et 3 erreurs d’angles
d’attitude) et éventuellement les défauts des capteurs (bias gyrométriques et accélérométriques).73
Conclusion du Chapitre 3
Dans ce chapitre, la problématique de navigation inertielle est introduite. Après avoir rappelé
les principales équations régissant l’évolution des paramètres cinématiques, nous avons exposé
les équations d’évolution des erreurs de la navigation inertielle. La navigation hybridée permet
de fusionner les informations fournies par la centrale inertielle avec le filtre de recalage afin de
fournir un estimation recalée des variables d’états du véhicule. Le chapitre suivant est consacré
au développement d’un nouveau filtre particulaire de recalage permettant de lutter contre les
difficultés soulevées par les ambiguïtés de terrain.74 3. Systèmes de navigation inertielle et recalage radio-altimétrique75
Chapitre 4
Développement de filtres particulaires
adaptés aux multimodalités
Introduction
Nous avons vu dans le chapitre 2 que l’une des limitations du filtre particulaire concernait
la gestion des lois conditionnelles multimodales. En effet, la phase de ré-échantillonnage peut
provoquer la perte de l’un des modes de la loi conditionnelle (voir 2.5). Dans l’application du
recalage par mesures altimétriques, la présence de plusieurs modes dans la loi a posteriori pk|k =
p(xk|y0:k) est due à l’ambiguïté du terrain survolé. La perte du mode correspondant à la vraie
position provoquant quasi-systématiquement la divergence du filtre particulaire, il est souhaitable
de mettre en oeuvre un algorithme permettant de limiter cette occurrence.
Dans cette thèse, nous proposons d’adopter la représentation sous-forme d’un modèle de mélange
de lois conditionnelles, c’est-à-dire que le filtre pk|k est formulé sous la forme suivante :
pk|k =
X
Mk
j=1
αj,kpj (xk|y0:k) (4.1)
Cette approche a été introduite par Vermaak et. al dans leurs travaux sur le suivi de joueurs de
football dans une séquence vidéo [118]. S’inspirant de [118], Okuma a utilisé cette modélisation
dans le cadre du pistage vidéo de joueurs de hockey [95]. La particularité de [95] est de détecter
les joueurs par un classifieur à partir de données d’apprentissage composées de joueurs de hockey.
Après la phase de détection, une composante pj (xk|y0:k) est affectée à chaque joueur détecté. Cela
permet de gérer l’apparition ou la disparition de joueurs d’une image à l’autre. Dans l’approche
de Vermaak[118], un mode peut correspondre à plusieurs joueurs proches. Pour regrouper les
particules correspondant au même mode, Vermaak et ses co-auteurs utilisent l’algorithme de
clustering k-means [80], qui nécessite une connaissance a priori du nombre de modes.
Nous reprenons dans cette thèse la formulation (4.1) afin de conserver au mieux les modes de la
loi a posteriori. Les contributions du chapitre sont les suivantes :
− l’utilisation de l’algorithme mean-shift [19] pour la détermination automatique des modes
et des clusters de particules,76 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
− la gestion automatique du nuage de particules par suppression des clusters peu vraisemblable
et ré-allocation des particules supprimées aux clusters restants,
− l’introduction d’une méthode de régularisation locale,
− l’échantillonnage de particules selon une série de densités d’importances centrées sur les
modes de la densité a posteriori
4.1 Détermination des modes de la loi a posteriori par clustering
Afin d’utiliser la modélisation (4.1), il nous faut identifier à chaque instant l’ensemble des
particules associé à la même composante pj de manière à écrire l’approximation suivante :
pk|k ≈ pˆk|k =
X
Mk
j=1
αj,k X
i∈Ij,k
ω
i
k
δx
i
k
(4.2)
C’est-à-dire que pj ≈
P
i∈Ij,k ω
i
k
δx
i
k
où, idéalement, chaque pj est unimodale. Le regroupement
des particules rattachées au même mode se fait par une méthode de clustering.
De manière générale, le clustering consiste à partitionner un ensemble de points X = {x
i
, i =
1, . . . , N} en M sous-ensembles C1, C2, . . . , CM, ou clusters, selon un critère de similarité de sorte
que les éléments appartenant au même cluster soient plus semblables (en un certain sens) que
les éléments d’autres clusters. Il existe une grande variété de types d’algorithmes de clustering
(mesure de distance, décomposition hiérarchique, réseau de neurones,. . .) sur lesquels nous ne
nous attarderons pas : le lecteur intéressé pourra par exemple consulter un état de l’art détaillé
dans [60] et [124]. A titre d’exemple, considérons l’algorithme k-means [80]. La mesure de similarité
entre deux points x
i
et x
j
(i 6= j) de R
2
est la distance euclidienne kx
i −x
jk2. Les clusters
sont alors déterminées en minimisant la somme des écarts quadratiques intra-classes :
arg min
C1,...,CM
X
M
i=1
X
xj∈Ci
x
j − µ(Ci)
2
où µ(Ci) est la moyenne empirique des points appartenant à Ci et les Ci
forment une partition
de X .
L’utilisation de l’algorithme k-means n’est pas recommandée dans l’application de recalage car
nous ignorons le nombre Mk de modes de pˆk|k. Par ailleurs, cet algorithme définit des clusters
convexes, bien qu’a priori les clusters recherchés aient une forme quelconque. En revanche, l’algorithme
mean-shift, basé sur l’estimation de densité par noyau, permet de déterminer les clusters
de points correspondant au même mode, sans connaître Mk. C’est cette méthode que nous retenons
afin d’identifier les ensembles Ij,k, j = 1, . . . , M ci-dessus. A chaque ensemble Ij,k sera
associé le cluster Cj,k constitué de l’ensemble des particules d’indices appartenant à Ij,k, i.e. :
Cj,k =
n
x
i
k
, i ∈ Ij,ko
(4.3)77
Dans toute la suite, on notera ck la fonction qui associe l’indice i d’une particule à l’indice j
du cluster auquel il appartient, k désignant la variable de temps courant. Ainsi,
∀ i ∈ J0, NK, ck(i) = j ⇔ x
i
k ∈ Cj,k (4.4)
Enfin on désignera par Xk l’ensemble des particules à l’instant k.
Xk =
n
x
i
k
, i = 1, · · · , No
(4.5)
4.1.1 L’algorithme mean-shift clustering
L’algorithme mean-shift est une méthode populaire de clustering utilisée notamment en segmentation
d’image, pistage vidéo ou débruitage d’image. Les fondements de cette méthode se
trouvent dans les travaux de Fukunaga et Hostetler [45] dans le cadre de l’estimation du gradient
d’une fonction. Ils ont été ensuite repris dans [19] puis par Cominiciu et Meer [21] pour la segmentation
d’image. La popularité du mean-shift est due au fait qu’il ne nécessite pas de connaître
le nombre de clusters a priori. De plus, il permet de trouver des clusters de forme quelconque.
Le mean-shift s’appuie sur l’identification des modes de la densité lissée d’un nuage de point. La
localisation de ces modes est effectuée par une recherche itérative des zéros du gradient de la
densité lissée.
4.1.1.1 Estimation de densité par noyau
Etant donné un ensemble de N points x
i
, i = 1, . . . , N, dans R
d
, on rappelle que l’estimateur
de densité par noyaux est défini par :
ˆf(x) = 1
N
X
N
i=1
KH(x − x
i
) (4.6)
où
KH(x) = det(H)
1/2K(H
−1/2x)
et H est une matrice d×d symétrique définie positive, K une fonction (noyau) à support compact
telle que :
Z
K(x) dx = 1 Z
xK(x) dx = 0 Z
kxk
2 K(x) dx = cKId lim
kxk→+∞
kxk
dK(x) = 0
(4.7)
Une classe importante de noyaux est celle des noyaux radialement symétriques [21] i.e. tels
que :
K(x) = ck,dk(kxk
2
) (4.8)
où k est une fonction définie sur R+ et ck,d > 0 est telle que l’intégrale de K sur R
d
vaut 1.
Dans toute la suite, on considère que K est radialement symétrique.
En pratique, la matrice H est choisie sous la forme H = h
2
Id, où h > 0 est le facteur de lissage78 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
global, paramètre que nous avons introduit dans la section 2.3 dans le cadre du filtre particulaire
régularisé. L’estimateur de densité à noyaux devient donc :
ˆf(x) = 1
Nhd
X
N
i=1
K
x − x
i
h
!
(4.9)
Notons qu’il est également possible d’avoir un estimateur à noyau où le facteur de lissage dépend
des données x
i
[9] : on parle alors de facteur de lissage local. C’est une stratégie préférable lorsque
le nuage de points comporte plusieurs clusters de tailles différentes. Dans ce cas, l’expression de
l’estimateur de densité est :
ˆf(x) = X
N
i=1
1
Nhd
i
K
x − x
i
hi
!
(4.10)
avec hi = h(x
i
). L’un des intérêts d’une fenêtre dépendant des données est que le biais de
l’estimateur est inférieur à celui de l’estimateur à fenêtre constante [22] pour un certain choix
des hi = h
∗
i
. Cependant, la détermination des h
∗
i dans le cas multi-dimensionnel est un problème
non encore résolu [12].
Rappelons que la qualité de l’estimateur ˆf est classiquement mesurée par l’erreur quadratique
intégrée moyenne, ou MISE (Mean Integrated Squared Error) définie par :
MISE = E
Z
f(x) − ˆf(x)
2
dx
(4.11)
Souvent, seule une approximation asymptotique, dénomée AMISE (Asymptotic Mean Integrated
Squared Error), est disponible. Lorsque N tend vers +∞ et h tend vers 0 moins vite que 1
N
,
l’AMISE est minimisée par le noyau d’Epanechnikov (cf. eq. (2.27)) [120, p.104].
La première étape de l’algorithme mean-shift consiste à déterminer les modes de la densité
sous-jacente f. Pour cela, on recherche les zéros du gradient ∇f à l’aide de l’estimateur ˆf(x)
défini par (4.9).
4.1.1.2 Estimation du gradient de la densité
L’estimateur donnée par l’equation (4.9) peut être réécrit comme suit :
ˆf =
ck,d
Nhd
X
N
i=1
k
x − x
i
h
2
(4.12)
Un estimateur du gradient de la densité f est obtenu en calculant le gradient de ˆf :
∇ˆ f(x) = ∇ ˆf(x) = 2ck,d
Nhd+2
X
N
i=1
x − x
i
k
0
x − x
i
h
2
(4.13)
En posant g(x) = −k
0
(x), on peut réécrire (4.13) sous la forme :79
∇ˆ f(x) = ∇ ˆf(x) = 2ck,d
Nhd+2
X
N
i=1
x
i − x
g
x − x
i
h
2
(4.14)
=
2ck,d
Nhd+2
X
N
i=1
g
x − x
i
h
2
PN
i=1 x
i
g
x−x
i
h
2
PN
i=1 g
x−xi
h
2
− x
(4.15)
En pratique pour les noyaux usuels (Epanechnikov, gaussien), PN
i=1 g
x−x
i
h
2
> 0. Le
terme 2ck,d
Nhd+2 PN
i=1 g
x−x
i
h
2
est proportionnel à l’estimateur de densité en x calculée avec un
noyau G - appelé kernel shadow - tel que G(x) = cg,dg(kxk
2
) où cg,d est une constante de
normalisation :
ˆfg =
cg,d
Nhd
X
N
i=1
g
x − x
i
h
2
(4.16)
Le deuxième terme est appelé vecteur mean-shift :
mh,G(x) =
PN
i=1 x
i
g
x−x
i
h
2
PN
i=1 g
x−xi
h
2
− x (4.17)
En combinant les expressions (4.15) et (4.16), le vecteur mean-shift s’exprime comme
mh,G(x) = 1
2
h
2
cg,d
ck,d
∇ ˆfh,K(x)
ˆfh,G(x)
(4.18)
Lorsque l’estimateur à noyau est défini grâce à une matrice de lissage H et que le noyau K est
gaussien, le vecteur mean-shift s’écrit sous la forme
mH,G(x) = H
∇ ˆfh,K(x)
ˆfh,G(x)
(4.19)
L’équation (4.19) suggère que le vecteur mean-shift pointe vers la direction de plus fort gradient
de densité et peut donc être utilisé dans un schéma de recherche des modes de la densité f.
En particulier, le gradient ∇ˆ f(x) va s’annuler lorsque ce vecteur sera nul. Sous certaines conditions
sur le noyau K, la suite {y
i
j
, j ≥ 1} définie par :
(
y
i
1 = x
i
y
i
j+1 = y
i
j + mh,G(y
i
j
) si j ≥ 1
(4.20)
converge vers une limite y
i
∞ correspondant à un maximum local de la densité ˆf [21].
Cette suite est définie pour chaque donnée x
i
, i = 1, . . . , N et initialisée par x
i
. Dans la suite on80 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
appellera procédure mean-shift le calcul de cette suite pour 1 ≤ i ≤ N. En pratique, lorsque le
facteur de lissage h est adéquatement choisi, la procédure mean-shift peut converger en quelques
itérations (typiquement entre 5 et 20) [43]. La recherche de la limite peut alors se faire en
calculant les termes successifs de la suite {y
i
j
, j ≥ 1} jusqu’à ce que ky
i
j+1 − y
i
jk < εMS où ε
MS
est un seuil de convergence défini par l’utilisateur. Lorsque K est le noyau d’Epanechnikov, G
correspond au noyau uniforme et le nombre d’itérations nécessaires pour la convergence de la
suite est fini [21].
On remarque que le coeur d’une procédure mean-shift est le calcul du vecteur mh,G(x) pour
un x donné. Ceci nécessite d’évaluer les valeurs g(
x−x
i
h
2
) pour tout i = 1, . . . , N. Or, on peut
considérer que pour les noyaux K vérifiant les hypothèses de l’équation (4.7), g(x) ≈ 0 lorsque
kxk ≥ h (pour les noyaux uniformes ou triangulaires, l’approximation devient une vraie égalité).
Ceci entraîne que g(
x−x
i
h
2
) ≈ 0 lorsque kx − x
ik ≥ h. L’expression du vecteur mean-shift
(4.17) peut donc être approchée par :
mh,G(x) ≈
X
xi∈Bh(x)
x
i
g
x − x
i
h
2
X
xi∈Bh(x)
g
x − x
i
h
2
− x (4.21)
où Bh(x) désigne la boule de rayon h centrée en x. En particulier, si K est le noyau d’Epanechnikov,
g(x) = 1kxk≤h et
mh,G(x) ≈
1
nx
X
xi∈Bh(x)
x
i − x (4.22)
où nx désigne le nombre d’éléments x
i de X qui sont à une distance inférieure ou égale à h.
La figure 4.1 illustre le calcul du vecteur mean-shift dans le plan, avec un noyau gaussien pour
une valeur de h = 1.8. Les données en rouge représentent les points qui sont dans le cercle de
rayon h centré en yj
, le point où s’effectue le calcul de vecteur mean-shift.
Le vecteur mean-shift peut être également généralisé à un échantillon {x
i
, ωi}
N
i=1 pondéré
avec PN
i=1 ω
i = 1. Dans ce cas,
ˆf(x) = 1
h
d
X
N
i=1
ω
iK
x − x
i
h
!
(4.23)
et
mh,G(x) =
PN
i=1 ω
ix
i
g
x−x
i
h
2
PN
i=1 ωig
x−xi
h
2
− x (4.24)
C’est cette forme qui sera utilisée pour l’identification des clusters.81
Figure 4.1 – Calcul du vecteur mean shift
4.1.1.3 Détermination de clusters par procédures mean-shift
La section précédente a montré que l’on pouvait déterminer les modes de la densité lissée d’un
nuage de points en identifiant les points où le vecteur mean-shift s’annule. Trouver les clusters
correspondants consiste essentiellement à regrouper les points dont les procédures mean-shift
ont convergé vers le même mode ou vers deux modes très proches. En principe, cela suppose
de calculer les limites y
i
∞ de (4.20) pour chaque x
i
, i = 1, . . . , N. Cependant, il est possible de
réduire le nombre de procédures mean-shift en définissant un pavage de l’ensemble des données
X = {x
i
, i = 1, . . . , N}. Un pavage des données est un sous-ensemble X˜ = {x
ij
, j = 1, . . . , N˜}
de X tel que :
1. N < N ˜
2. Deux points distincts x
ij et x
ik (j 6= k) sont à une distance supérieure à la taille du facteur
de lissage h.
3. La réunion des boules de rayon h centrées en les points de X˜ contient X .
En utilisant ce schéma, la détermination des modes de la densité lissée du nuage de points se fait
en effectuant N˜ procédures mean-shift au lieu de N ce qui réduit la complexité algorithmique.
Une fois ces modes trouvés, il s’agit d’associer chaque échantillon x
i
à un cluster correspondant
à l’un des modes. Pour cela, on introduit un paramètre Rm, appelé rayon de fusion, qui a une
influence sur le degré de séparation des clusters et le nombre de clusters identifiés. Si deux
procédures mean-shift initialisées à partir des points x
ij et x
ik de X˜ convergent vers deux modes
y
ij∞ et y
ik∞ tels que ky
ij∞ − y
ik∞k ≤ Rm, les deux modes sont fusionnées en un seul (par exemple
en prenant leur moyenne) et les deux points x
ij et x
ik sont associés au même cluster. Dans le
cas contraire, ils définissent deux clusters distincts. Dans la figure 4.2, les procédures mean-shift
initialisées à partir de deux points distincts notés P1 convergent vers le même mode Pn ; ils sont
donc associés au même cluster.82 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
y1
1
y1
2
y2
1
y∞
1
Figure 4.2 – Procédures mean-shift : les cercles matérialisent les positions successives du noyau.
y
1
1
et y
2
1 désignent les points initiaux de chaque procédure mean-shift. y
1
∞ est le mode vers lequel
converge les 2 procédures.
Enfin, si un échantillon x
i n’appartient pas à l’ensemble X˜, on lui associe le cluster majoritaire
de ses k-plus proches voisins issus de X˜.
4.1.2 Sélection automatique du facteur de lissage du mean-shift clustering
Contrairement à la méthode du k-means [80], l’algorithme mean-shift ne requiert pas la
connaissance a priori du nombre de clusters recherchés. Cependant, il nécessite de spécifier h la
taille du facteur de lissage, ce qui a une influence directe sur le nombres de clusters trouvés. Par
ailleurs, il faut également spécifier le paramètre de rayon de fusion Rm, qui permet de fusionner
deux clusters dont les modes correspondants serait à une distance inférieure à Rm.
Il existent plusieurs règles, heuristiques ou non, qui permettent d’obtenir une valeur de h appropriée.
Nous rappelons ci-après quelques techniques génériques.
4.1.2.1 Sélection d’un facteur de lissage global fondée sur un critère statistique
Les critères de sélection fondés sur l’analyse statistique des propriétés de l’estimateur à noyau
(4.6) visent à minimiser une mesure de l’erreur entre f(x) et ˆf(x) telle que l’erreur quadratique
moyenne (MSE), l’erreur quadratique moyenne intégrée (MISE) ou l’erreur quadratique moyenne
intégrée asymptotique (AMISE), pour un x ∈ R
d donné. Par exemple, l’erreur quadratique83
moyenne de l’estimateur ˆf(x) s’exprime comme la somme des biais de la variance de ˆf(x).
MSE(x) = E(
ˆf(x) − f(x))2 = (b(x))2 + v(x) (4.25)
où b(x) = E(
ˆf(x)) − f(x) et v(x) sont respectivement le biais et la variance de l’estimateur
ˆf(x). Les expressions approchées de b(x) et v(x) sont [120]
b(x) ≈
1
2
h
2µ2(K)∆f(x) (4.26)
v(x) ≈ N
−1h
−dR(K)f(x) (4.27)
avec µ2(K) = R
z
2
1K(z)dz et R(K) = R
K(z)dz, z1 étant la première composante du vecteur z.
Au vu de (4.26) et (4.27), le biais augmente lorsque h augmente tandis que la variance diminue
avec l’accroissement de h. Dans le cadre d’un estimateur à noyau à fenêtre constante, le choix
d’une valeur de h optimale implique un compromis entre le biais b(x) et la variance v(x) pour
tout x de R
d
. Cela revient à la minimisation de l’erreur quadratique moyenne intégrée MISE =
E
Z
(f(x) − ˆf(x))2
dx. Malheureusement, la valeur optimale hMISE est peu exploitable car elle
dépend du Laplacien de la densité inconnue f [112]. Néanmoins, il existe des techniques qui
permettent d’approcher hMISE décrites dans la section 2.3.
4.1.2.2 Sélection d’un facteur de lissage global basée sur un indice de validité des
clusters
Cette approche consiste à trouver le paramètre h qui maximise une fonction objectif repré-
sentant la qualité du clustering. De manière générale, cette fonction évalue le caractère compact
des clusters délimités et le degré de séparation de chaque cluster. Une possibilité est d’évaluer
l’isolement et la connectivité des clusters pour plusieurs valeurs de h et de choisir la valeur de
h qui optimise les deux critères [99]. L’isolement se réfère au fait que pour un point x
i donné
appartenant au cluster d’indice c(i), ses plus proches voisins appartiennent au même cluster. Cela
correspond au fait qu’idéalement, un algorithme de clustering satisfaisant isole chaque cluster du
reste des données. Une mesure d’isolement d’un cluster est la moyenne de la norme des k plus
proches voisins des points du cluster. La norme νk(x) des k plus proches voisins d’un point x
est définie comme la fraction des k plus proches voisins appartenant au même cluster que x.
Autrement dit, N étant le nombre total de points, l’isolement Isok se mesure comme :
Isok =
1
N
X
N
i=1
νk(x
i
)
Cette mesure seule ne suffit cependant pas à caractériser la qualité de clustering car elle ne peut
détecter des clusters fusionnés à tort. En effet, dans le cas extrême où l’on associerait indûment
tous les points au même cluster, la mesure d’isolement est optimale. L’utilisation d’une mesure de
connectivité permet d’éviter ceci en pénalisant les partitions qui regroupent des points appartenant
en réalité à des clusters distincts. La connectivité d’un cluster signifie que pour n’importe quelle
paire de point (x
i
, xj
), i 6= j, il existe un chemin entre x
i
et x
j
sur lequel la densité de points84 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
reste élevée. Pour une estimation d’un indice de connectivité Conk du cluster, on pourra se référer
à l’article de Pauwels et al. [99]. A partir des indices Isok et Conk il est possible de déduire, pour
une partition donnée, un indice composite Z prenant en compte les deux indicateurs. La meilleure
partition est alors celle qui maximise ce critère. Afin de déterminer une valeur optimale de h, on
peut donc procéder de la manière suivante :
1. Définir b facteurs de lissage h
(1)
, h
(2)
,..., h
(b)
2. Pour j = 1, . . . , b, déterminer la partition C
(j)
correspondant au facteur h
(j)
3. Pour chaque partition C
(j)
, évaluer l’indice composite d’isolement et de connectivité Z
(j)
(cf. [99])
4. La valeur optimale h
(j)
est celle qui maximise Z
(j)
, j = 1, . . . , b
4.1.2.3 Sélection d’un facteur de lissage local basée sur la stabilité de la partition
Une méthode de recherche systématique d’une fenêtre de lissage consiste à démarrer d’une
petite valeur h = hmin et à effectuer plusieurs instances de clustering en augmentant peu à peu
la valeur de h [44]. Typiquement, pour h = hmin le nombre de clusters est élevé puis baisse
progressivement pour ensuite se stabiliser sur un intervalle [ha, hb], avant de baisser à nouveau
jusqu’à atteindre la valeur 1. On choisit alors la valeur moyenne h =
ha+hb
2
. Cette méthode est
malheureusement gourmande car elle nécessite d’appliquer l’algorithme de clustering plusieurs
fois.
Intuitivement, la valeur de h est reliée à l’échelle des clusters du nuage de points. Comaniciu
propose d’utiliser une approche semi-paramétrique pour sélectionner un facteur de lissage local
hi
. Il se base sur le résultat suivant, plus général puisqu’il suppose l’utilisation d’une matrice de
lissage H. Ce résultat est valide lorsque N est grand.
Théorème 3 (Comaniciu [20]). Supposons que la vraie densité f soit une gaussienne de moyenne
m et de matrice de covariance Σ = σ
2
I. Soit mh,G(x) le vecteur mean-shift calculé selon (4.19)
où G est un noyau gaussien. Alors le vecteur kh
−1/2 plim mh,G(x)k atteint son maximum lorsque
h = σ, la notation plim signifiant la limite en probabilité.
Lorsque la distribution f comporte M modes, Comaniciu émet l’hypothèse qu’au voisinage
de chaque mode, la distribution est approximativement gaussienne. Cela permet de déduire une
série de matrices de covariance locales Σ
(1)
, Σ
(2)
, . . . , Σ
(M)
.
Afin d’en déduire M facteurs de lissage optimaux hi
, Comaniciu observe que si les M clusters
peuvent effectivement être paramétrés par un ensemble de M paires moyenne-covariance
(µ
(i)
, Σ
(i)
), i = 1, · · · , M, alors la meilleure partition est celle pour laquelle l’estimation des
(µ
(i)
, Σ
(i)
) est la plus stable, c’est-à-dire celle pour laquelle une petite variation des facteurs de
lissage a le moins d’effet sur l’estimation des paramètres des lois normales [20].
L’algorithme de sélection d’un facteur de lissage locale de Comaniciu se déroule en deux
étapes. On suppose que l’on dispose d’une série de b facteurs de lissage h
(1)
, h
(2)
,..., h
(b) définis
à l’avance, sur une échelle logarithmique par exemple.
1. Pour chaque facteur h
(j)
, j = 1, . . . , b85
(a) Déterminer une partition de taille Mj représentée par un ensemble de Mj clusters.
Noter cj (i) = u si x
i
appartenant au cluster d’indice u, obtenu avec le facteur de
lissage h
(j)
.
(b) Pour le u-ème mode de la partition (1 ≤ u ≤ Mj ), estimer la moyenne µ
(u,j)
et
la covariance Σ
(u,j) de l’approximation gaussienne correspondant à l’ensemble des
particules appartenant au cluster d’indice u.
(c) Associer à chaque donnée x
i
appartenant au cluster d’indice u, la moyenne µ
(u,j)
et
la covariance Σ
(u,j)
.
2. Pour chaque donnée x
i
, identifier l’indice u du cluster qui la contient, ceci pour chaque
facteur h
(j)
, i.e trouver u tel que cj (i) = u, j = 1, . . . , b
(a) Soit G1, G2,. . .,Gb les lois des gaussiennes de paramètres (µ
(u,j)
, Σ
(u,j)
), j = 1, . . . , b.
(b) Déterminer la valeur h
(j0)
, j0 = 1, . . . , b pour laquelle l’estimation de (µ
(u,j)
, Σ
(u,j)
)
est la plus stable. Pour cela, minimiser la divergence de Jensen-Shannon entre Gj−1,
Gj et Gj+1 pour r = 2, · · · , b − 1 (voir ci-après).
(c) Associer à x
i
le facteur local hi = h
(j0)
La divergence de Jensen-Shannon JS(ϕ1, · · · , ϕr) entre r distributions de densités ϕ1, · · · , ϕr
est une mesure de dissimilarité entre ces lois. Elle permet notamment de traiter des problèmes
de classification multi-classes.
Etant donné r coefficients positifs π1, · · · , πr, de somme 1, JS(ϕ1, · · · , ϕr) est définie par [75] :
JS(ϕ1, · · · , ϕr) = H(
Xr
i=1
πiϕi) −
Xr
i=1
πiH(ϕi)
où H désigne la fonction d’entropie de Shannon définie pour toute densité de probabilité q par
H(q) = Z
q(x) log q(x)dx (4.28)
Lorsque les densités ϕ1, ϕ2, · · · , ϕr sont gaussiennes, de moyennes et covariances respectives µj
et Σj
, j = 1, · · · , r, la divergence de Jensen-Shannon se calcule selon :
JS(ϕ1, · · · , ϕr) = 1
2
log
|
Pr
j=1 Σj
|
(
Qr
j=1 |Σj
|)
1/r +
1
2
Xr
j=1
(µj − µ)
T
Xr
j=1
Σj
−1
(µj − µ)
où µ =
1
r
Pr
j=1 µj
.
La méthode décrite de sélection ci-dessus permet d’obtenir une série de facteurs de lissage
locaux hi = h(x
i
) permettant d’effectuer un clustering adapté à l’échelle locale du nuage de
particule. Cependant, par souci de simplicité, nous avons cherché une méthode qui effectue le
clustering des particules grâce à un unique facteur d’échelle global. Une autre limitation des
techniques de sélection de facteur de lissage h basées sur la stabilité de la partition est qu’elles
requièrent d’appliquer plusieurs fois l’algorithme de clustering sur le même nuage de points afin
d’identifier la valeur optimale de h. Dans le cadre de notre thèse, nous souhaitons une méthode
de clustering dont le coût de calcul reste raisonnable et donc nous laisserons de côté les approches
fondées sur la stabilité de la partition.86 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
4.1.2.4 Sélection d’un facteur de lissage global adapté à l’échelle du nuage de particules
Le problème posé est le suivant : étant donné l’algorithme de mélange de filtre particulaire
exposé dans la sous-section 2.6.2, il s’agit à chaque instant k de déterminer un ensemble de Mk
clusters Cj,k, j = 1, . . . , Mk de particules grâce à l’algorithme mean-shift. Pour cela, il faut régler
un facteur de lissage h qui dépend essentiellement de l’échelle locale du nuage de particules à
l’instant considéré. Comme le nuage de particule change de taille au cours du temps, h doit être
modifié en conséquence. Nous proposons un algorithme qui met à jour, à chaque instant, la valeur
du facteur de lissage global. On notera h = h
(k) pour rappeler la dépendance en temps.
Pour cela, on suppose que l’on dispose d’une partition à l’instant k de l’ensemble des particules
Xk sous forme de clusters Cj,k (j = 1, . . . , Mk). En s’inspirant de l’approche de Comaniciu, on
effectue une approximation gaussienne de chaque cluster afin de déterminer son échelle locale.
On note Σˆ(j)
k
, j = 1, . . . , Mk les matrices de covariance empiriques correspondantes et m
(j)
k
, j =
1, . . . , Mk les modes associés aux clusters. L’échelle locale d’un cluster est alors donnée par le
demi-grand axe et le demi-petit axe de l’ellipsoïde de confiance de la covariance du cluster pour
un niveau de confiance donnée (par exemple 95%). Cela permet d’avoir une matrice de lissage bidimensionnelle
; cependant, comme nous souhaitons un unique paramètre, nous résumons l’échelle
du cluster au demi petit-axe. Afin d’obtenir un facteur de lissage global, nous proposons de prendre
la moyenne ¯b des échelles locales (i.e. les demis-petit axes). Le facteur de lissage global obtenu à
l’instant k sert d’entrée à l’algorithme de clustering à l’itération suivante, ce qui est motivé par
le fait que le nuage de particules évolue lentement d’un instant à l’autre.
1. Pour j = 1, . . . , Mk, déterminer l’ellipsoïde de confiance à 95% associé Σˆ(j)
k
. Calculer son
demi-petit axe bj
.
2. Poser ¯b =
1
Mk
X
Mk
i=1
bj
3. Poser h
(k+1) = ¯b
4.1.3 Stratégies de réduction du temps de calcul de l’algorithme de
mean-shift clustering
La complexité algorithmique de l’algorithme mean-shift standard est en O (JdN2
)[46] où J
désigne le nombre d’itérations de la procédure mean-shift, d la dimension et N le nombre de
particules à classifier. En adoptant la stratégie consistant à trouver un pavage de l’ensemble des
particules Xk (cf. section 4.1.1.3), c’est-à-dire un sous-ensemble de taille N < N ˜ , la complexité
est de l’ordre de O
JdN˜ 2
. Les algorithmes particulaires standards ont une complexité de l’ordre
de O (N) ce qui indique qu’il faut envisager des stratégies permettant de réduire la complexité
de l’algorithme de clustering.
L’étape la plus couteuse est le calcul de la suite {yj
, j ≥ 1} qui converge vers les modes du nuage87
mean-shift avec arbres k-d mean-shift standard
N = 5000 0.1516 0.2279
N = 2000 0.1050 0.1404
N = 1000 0.0509 0.0513
Table 4.1 – Temps de calcul (en secondes) de l’algorithme mean-shift sur un N-échantillon issu
du mélange gaussien F ; moyenne sur 50 réalisations
de points, dont on rappelle l’expression ci-dessous :
yj+1 =
X
xi∈Bh(yj )
x
i
g
yj − x
i
h
2
X
xi∈Bh(yj )
g
yj − x
i
h
2
(4.29)
où Bh(yj ) = {x
i
, i = 1, . . . , N : kyj − x
ik ≤ h} (4.30)
Plus précisément, les goulots d’étranglement sont :
(i) La détermination de la boule Bh(yj ) : c’est un problème de recherche des plus proches voisins
dont la distance à yj est inférieure à h. Des structures telles que les arbres k-dimensionnels
(k-d trees) [123] permettent de déterminer le voisinage Bh(yj ) efficacement.
(ii) L’évaluation du quotient (4.30) qui consiste en 2N d multiplications (N d au numérateur et
au dénominateur), sans compter le coût de l’évaluation de g(x) pour x qui dépend du noyau
utilisé.
Dans le cadre de la thèse, nous avons retenu l’utilisation d’un noyau G uniforme pour le calcul
de la suite {yj} car le nombre d’itérations nécessaire pour la convergence de la suite est fini [21].
De plus, l’évaluation de yj pour un noyau uniforme est moins coûteuse que celle utilisant un
noyau gaussien.
En ce qui concerne la recherche des points qui tombent dans le support du noyau [point (ii)],
nous avons constaté que l’utilisation d’une structure d’arbre k-d permettait de réduire le temps
de calcul de manière appréciable lorsque N ≥ 2000 (voir 4.1). Nous avons toutefois noté que
pour des valeurs moindres de N, l’utilisation de telles structures de données n’était pas justifié.
La comparaison a été menée sur des données simulées selon le mélange gaussien F défini par :
F =
1
5
X
5
i=1
N (µi
, Σi) (4.31)
avec µ1 = [3, 3]T
, µ2 = [−6, −6]T
, µ3 = [−5, 2]T
, µ4 = [5, −3]T
, µ5 = [0, 0]T
et
Σ1 =
1/2 1/4
1/2 1/4
!
, Σ2 =
1
2
I2, Σ3 =
2 1
1 2!
, Σ4 =
3 −1
−1 3 !
, Σ5 =
0.6 0.15
0.15 0.375!
Nous exposons ci-après quelques méthodes permettant de réduire le coût algorithmique du
clustering.88 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Représentation compacte de densité (RCD) Cette méthode introduite par Freedman [43]
vise à accélérer l’étape de clustering en réduisant le nombre N de points x1, . . . , xN sur lequel la
procédure mean-shift est appliquée. Pour cela, on s’appuie sur une représentation compacte de
la densité ˆf.
Soit ˆˆf(x) = 1
L
X
L
j=1
KH(x − xˆj ), avec L << N. Pour un choix approprié des xˆj et de H, l’erreur
E
"Z
ˆf(x) −
ˆˆf(x)
2
dx#
tend vers 0 lorsque L → ∞.
L’algorithme de clustering se résume alors à la succession des étapes suivantes :
1. Tirer L échantillons xˆ1, . . . , xˆL ∼ ˆf afin de construire ˆˆf.
2. Effectuer une procédure mean-shift sur chacun des échantillons xˆj
, j = 1, · · · , L, i.e.
évaluer le mode limite y
j
∞.
3. Pour chaque x
i
, trouver l’échantillon xˆj∗ le plus proche et associer le mode ˆmˆ j∗ à xi
.
La seconde étape permet un gain considérable puisque on utilise L points pour le calcul de la
suite des vecteurs mean shift au lieu de N. Selon [43], une implémentation de cet algorithme
permet de diviser le temps de calcul par un facteur N
L
.
Nous proposons une simplification qui permet de se passer de la génération des L échantillons
selon ˆf. Pour cela, les échantillons {xˆj} peuvent être tirés au hasard et sans remise parmi les
échantillons de départ x
1
, . . . , xN . Cette méthode ne garantit plus que l’approximation ˆˆf soit
proche de ˆf mais elle s’est avérée efficace expérimentalement.
Clustering périodique Nous faisons également l’observation que la forme du nuage de particules
n’évolue que légèrement d’un instant à l’autre lorsqu’il n’y a pas d’étape de ré-échantillonnage.
On peut raisonnablement s’attendre à ce que deux particules appartenant au même cluster le
restent à l’itération suivante. Ainsi, on peut attendre quelques cycles de prédiction/correction
(typiquement 3 à 10) avant d’appliquer l’algorithme de clustering.
4.2 Ré-échantillonnage et régularisation locale
Le filtre particulaire régularisé (RPF) [37, p. 247-271], introduit au chapitre 2, permet d’augmenter
la robustesse du filtre dans le cas où le bruit de dynamique et/ou d’observation est
faible. Il s’appuie sur une régularisation de la loi discrète obtenue après la phase de correction
(cf. 2.3) : concrètement, la régularisation consiste à ajouter un bruit contrôlé aux particules ré-
échantillonnées de façon à améliorer l’exploration de l’espace d’état. Soit pˆk|k =
PN
i=1 ω
i
k
δx
i
k
,
l’approximation de la loi conditionnelle à l’instant k.
Dans sa version originale, la phase de ré-échantillonnage du RPF se fait en échantillonnant
un estimateur à noyau de pˆk|k. Cet estimateur est noté Kh ∗ pˆk|k et est défini par
Kh ∗ pˆk|k =
1
h
d
X
N
i=1
ω
i
kK
x − x
i
k
h
!89
où K est le noyau de régularisation considéré. Une implémentation du RPF nécessite de préciser
le coefficient de dilatation h, à ne pas confondre avec le facteur de lissage utilisé dans l’algorithme
de clustering mean-shift. Le choix optimal de h se fait en minimisant l’erreur quadratique
moyenne intégrée entre Kh ∗ pˆk|k et la loi a posteriori inconnue pk|k = p(xk|y0:k) (cf. 2.3). Dans
sa formulation générique, le RPF approxime la loi de filtrage pk|k par une gaussienne dont les
moments sont la moyenne empirique mk et la covariance empirique Sk du système de particules
pondérés {ω
i
k
, xi
k}
N
i=1.
mk =
X
N
i=1
ω
i
kx
i
k
et
Sk =
X
N
i=1
ω
i
k
(x
i
k − mk)(x
i
k − mk)
T
Afin de sa ramener au cas connu d’une gaussienne standard, les particules sont blanchies, c’est-
à-dire que l’on considère les particules obtenue par la transformation S
− 1
2
k
(x
i
k − mk). En notant
{x˜
i
k}
N
i=1 les particules obtenues après ré-échantillonnage multinomial, le système de particules
régularisé est obtenu en posant :
x
i
k = ˜x
i
k + hoptS
1
2
k
ε
i
où les ε
i
, i = 1, . . . , N sont des tirages i.i.d. du noyau K.
Lorsque pk|k est multimodale, Silverman [112] conseille d’utiliser le facteur h = chopt où 0 < c ≤
0.5 est un paramètre de réglage, hopt étant calculé d’après 2.28 ou 2.29 selon le noyau K utilisé.
Nous avons néanmoins constaté que cette méthode n’est pas satisfaisante, notamment lorsque
les modes de la loi conditionnelle sont éloignés. A titre d’exemple, considérons un échantillon
x1, x2, . . . , xN de taille N = 100 issu de la distribution bi-modale
ν =
1
2
N (m1, Σ1) + 1
2
N (m2, Σ2) (4.32)
avec
m1 =
5 5T
m2 =
−50 −60T
Σ1 =
7 2
2 1
Σ2 =
√
2
2
2 1
1 2
Considérons à présent la régularisation de l’échantillon x1, x2, . . . , xN avec la méthode classique
décrite précédemment (µ = 0.4). On suppose ici l’utilisation d’un noyau de régularisation
K gaussien, ce qui a peu d’influence sur le résultat (cf. 2.3). L’échantillon après régularisation est
représenté sur la figure 4.3 : on constate que la distribution initiale est déformée après régularisation.
En particulier, les ellipsoïdes des covariances des deux composantes ne sont plus orientées
de la même façon. Cela est due à l’étape de blanchiment où le bruit de régularisation issu du
noyau K est mis à l’échelle par la matrice de covariance empirique de x1, x2, . . . , xN .
Nous proposons d’utiliser la représentation de la loi conditionnelle pk|k = p(xk|y0:k) sous
forme de mélange de lois afin de proposer un algorithme de régularisation adapté aux distributions90 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
−70 −60 −50 −40 −30 −20 −10 0 10 20
−100
−80
−60
−40
−20
0
20
40
Figure 4.3 – Echantillon avant (bleu) et après régularisation globale (vert)
multimodales. Rappelons l’approximation particulaire pour les modèles de mélange, obtenue après
l’étape de correction à l’instant k.
pk|k ≈ pˆk|k =
X
Mk
j=1
αj,kpˆj
avec
pˆj =
X
i∈Ij,k
ω
i
k
δx
i
k
et X
i∈Ij,k
ω
i
k = 1
Dans l’algorithme du MPF, les étapes de prédiction/correction sont essentiellement celles du SIR
à la différence près qu’une étape supplémentaire est ajoutée pour mettre à jour les coefficients de
mélange αj,k. Outre l’introduction de ces coefficients, la différence avec le SIR est la possibilité
de ré-échantillonner le système de particules localement. Concrètement, pour chaque composante
pˆj
, on peut définir une mesure de dégénérescence du système de particule comme la taille effective
(locale) du cluster de particules correspondant à pˆj
, N
j
ef f , où l’entropie. Ces deux indicateurs
sont définis au chapitre 2, section 2.2.3. Par exemple,
N
j
ef f ≈
1
P
i∈Ij,k (ω
i
k
)
2
(4.33)
Lorsque N
j
ef f /Nj < Nth/N, les particules du cluster d’indice j subissent un ré-échantillonnage
multinomial selon les poids d’importance de la composante pˆj
, {ω
i
k}i∈Ij,k
. Nth désigne le seuil de
ré-échantillonnage.
Tout comme il est possible de ré-échantillonner localement grâce à la formulation (4.1), nous91
proposons un algorithme de régularisation locale fondé sur le blanchiment local et de l’utilisation
d’un paramètre de lissage propre à chaque cluster.
Soit Sj,k =
X
i∈Ij,k
ω
i
k
(x
i
k −mk,j )(x
i
k −mk,j )
T
la matrice de covariance empirique du cluster d’indice
j et mk,j =
P
i∈Ij,k ω
i
kx
i
k
sa moyenne empirique. Par souci de simplicité, nous supposerons que
le noyau de régularisation K est gaussien. Soit le paramètre de lissage local au cluster Cj,k, h
j
opt
défini par :
h
j
opt = D(K)N
−1
d+4
j
(4.34)
Soit x˜
i
k
, i ∈ Ij,k, les particules après ré-échantillonnage multinomial local dans le cluster Cj,k.
Alors les particules après régularisation locale sont obtenues selon l’équation :
∀i ∈ Ij,k, xi
k = ˜x
i
k + h
j
optS
1
2
j,kε
i
(4.35)
où ε
i ∼
i.i.d.
K.
Dans la suite de l’exposé, nous appellerons MRPF (Mixture Regularized Particle Filter) la combinaison
du MPF et de la routine de ré-échantillonnage/régularisation locale.
Afin d’illustrer l’impact de la régularisation locale, revenons à la distribution bi-modale ν
définie par (4.32). La figure 4.4 représente le nuage de point avant et après régularisation locale.
On peut constater sur cet exemple que la méthode développée permet de conserver la forme
initiale de la distribution multimodale, contrairement à la régularisation globale.
−60 −50 −40 −30 −20 −10 0 10 20
−70
−60
−50
−40
−30
−20
−10
0
10
Figure 4.4 – Echantillon avant (bleu) et après régularisation locale (rouge)
Remarquons qu’il est possible d’effectuer une étape de régularisation locale dans un algorithme
particulaire standard avec ré-échantillonnage global tel que le RPF. Dans ce cas, la succession
des étapes de ré-échantillonnage et de régularisation se fait selon le schéma suivant.92 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Algorithme 5 : Ré-échantillonnage global et régularisation locale
− Calculer Nef f selon (2.19)
− Si Nef f < Nth (Nth : seuil fixé par l’utilisateur)
1. Identifier une partition des particules sous-forme de Mk clusters Cj,k, j = 1, . . . , Mk
(avec l’algorithme de clustering mean-shift par exemple )
2. Effectuer un ré-échantillonnage multinomial global selon les poids {ω
i
k}. Noter I les
indices des particules ré-échantillonnées.
3. Pour j = 1, . . . , Mk
(a) Calculer la covariance Sj,k et la moyenne mj,k des particules avant ré-échantillonnage
(b) Calculer h
j
opt selon (4.34)
(c) Identifier l’ensemble des indices JI des particules ré-échantillonnées qui appartiennent
au cluster Cj,k i.e. JI = {i ∈ I | x
i
k ∈ Cj,k}
(d) Poser pour tout i ∈ JI , x
i
k = x
Ii
k + h
j
optS
1
2
j,kε
i
avec ε
i ∼
i.i.d.
K
4.3 Gestion dynamique des clusters du filtre
Dans la formulation originale du MPF [118], il peut arriver qu’une partie des ressources soit
utilisée en pure perte pour mettre à jour les poids de mélange {αj,k} et les poids intra-cluster
ω
i
k
associés à des clusters devenus très peu vraisemblables pendant plusieurs itérations. Il faut
donc un schéma permettant de supprimer les clusters correspondant, et ré-allouer un nombre
équivalent de particules aux clusters restant. Cependant, la littérature sur le sujet [118, 95, 126]
ne détaille pas comment un tel mécanisme peut être mis en oeuvre.
Concrètement, nous suggérons de vérifier à chaque pas de temps k, la contribution de chaque
cluster à l’approximation de la loi a posteriori p(xk|y0:k).
Sachant que
p(xk|y0:k) ≈
X
Mk
j=1
αj,k X
i∈Ij,k
ω
i
k
δx
i
k
si pour j0 ∈ J1, MkK, αj,k < αmin, on supprime les Nj0 particules du cluster Cj0,k. Le paramètre
αmin est un seuil fixé au préalable, typiquement pris inférieur à 10−5
. Il reste à échantillonner Nj0
nouvelles particules afin de conserver un système de particules de taille constante N. Cela peut
être fait selon le schéma suivant :
1. Soit X
Mk
j=1
j6=j0
πj,kpˆj
la distribution empirique sans la composante pˆj0
, renormalisée avec ∀j =93
1, . . . , N, j 6= j0
πj,k = X
αj,k
l=1
l6=j0
αl,k
(4.36)
et
pˆj =
X
i∈Ij,k
ω
i
k
δx
i
k
2. Faire un tirage multinomial de Nj0
indices e1, e2, . . . , eNj0
selon les poids πj,k, j ∈ {1, . . . , Mk}\
{j0}
3. Pour j = 1, . . . , Mk, j 6= j0,
(a) Soit Dj = Card{l = 1, . . . , Nj0
| el = j} le nombre d’indices égaux à j
(b) − Tirer Dj particules ξ
1
, ξ2
, . . . , ξDj selon pˆj =
P
i∈Ij,k ω
i
k
δx
i
k
, en posant ξ
i = x
q
k
avec probabilité ω
q
k
, q ∈ Ij,k.
− Associer le poids γ
i = ω
q
k
à ξ
i
.
− Rajouter les ξ
i
au cluster Cj,k et poser
pˆj =
1
P
i∈Ij,k ω
i
k +
PDj
i=1 γ
i
X
i∈Ij,k
ω
i
k
δx
i
k
+
X
Dj
i=1
γ
i
ξ
i
4.4 Résumé de l’algorithme MRPF
Nous donnons ici une version de l’algorithme MRPF (Mixture Regularized Particle Filter) qui
est une extension du MPF. La nouveauté est l’introduction d’une étape de régularisation locale
et l’utilisation de l’algorithme mean-shift pour le clustering du nuage de particule. Par souci de
simplicité, on suppose ici que la loi d’importance utilisée dans l’étape de prédiction est la transition
p(xk|xk−1).
Algorithme 6 : MRPF
1. [Initialisation]
− Tirer N particules selon la loi initiale x
i
0 ∼ µ0
− poser ω
i
0 ∝ p(y0|x
i
0
)
− Normaliser les ω
i
0
2. Pour k ≥ 1
(a) [Prédiction] Tirer N particules x
i
k ∼ p(xk|x
i
k−1
)
(b) [Correction]
i. Pour j = 1, . . . , Mk−1
− ∀i ∈ Ij,k−1, calculer
ω˜
i
k = ω
i
k−1
p(yk|x
i
k
) (4.37)94 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
− Calculer les poids normalisés de la j-ème composante : ∀i ∈ Ij,k−1,
ω
i
k =
ω˜
i
k
P
l∈Ij,k−1
ω˜
l
k
(4.38)
ii. Pour j = 1, . . . , Mk−1, calculer αj,k en fonction des {αj,k−1}1≤j≤Mk−1
selon
(2.73) et (2.74)
(c) [Clustering] Décomposer le nuage de particules en Mk clusters Cj,k.
[C
0
j,k, I0
j,k] = meanshiftClustering({x
i
k
}
N
i=1, {ω
i
k
}
N
i=1, K, hMS, Rm, nitermax, εMS)
(d) Mettre à jour les coefficients de mélange αj,k et les poids des particules intra-cluster
ω
i
k pour la nouvelle partition C
0
j,k en utilisant les équations (2.84) et (2.85).
3. Poser j = 1. Tant que j ≤ Mk
− Si αj,k < αmin supprimer le cluster Cj,k et échantillonner Nj nouvelles particules selon
la procédure décrite dans la section 4.3
− Sinon
– Calculer N
j
ef f selon (4.33)
– Si N
j
eff
Nj
est inférieur au seuil de ré-échantillonnage, ré-échantillonner et régulariser
les particules du cluster Cj,k selon l’algorithme décrit dans la section 4.2
– j = j + 1
4. Mettre à jour la fenêtre de lissage h
MS de l’algorithme de clustering mean-shift
On rappelle que les paramètres Rm, nitermax et ε
MS utilisés dans l’algorithme de clustering
mean-shift représentent respectivement :
− le rayon de fusion, qui contrôle le degré de séparation des clusters
− le nombre d’itérations maximum autorisés par procédure mean-shift
− le seuil de convergence d’une procédure mean-shift
La routine de clustering peut être effectuée avant l’étape de correction.
Par ailleurs, puisque les modèles de mélange du filtrage particulaire ne sont pas spécifiques à
un filtre particulier, nous utiliserons également dans la suite de la thèse une extension naturelle
du MRPF, le MRBPF, obtenu par Rao-Blackwellisation (cf. 2.4.1), en conservant l’étape de
régularisation locale. Le MRPF et le MRBPF seront tous les deux combinés avec une procédure
d’échantillonnage d’importance fondée sur les maxima locaux de la densité cible, ce qui est l’objet
de la section suivante.
4.5 Échantillonnage d’une loi d’importance basée sur les
maxima locaux de la densité a posteriori
4.5.1 Motivation
Dans le chapitre précédent (sous-section 2.2.4), nous avons évoqué la nécessité de sélectionner
une loi d’importance prenant en compte la mesure courante. En effet, lorsque la loi d’importance95
dans l’étape de prédiction est le noyau de transition p(xk|xk−1), le risque est que les particules
échantillonnées tombent dans la queue de distribution de la fonction de vraisemblance. Ceci
arrive d’autant plus souvent que la fonction de vraisemblance décroit rapidement autour de son
maximum, par exemple dans le cas d’un bruit additif v gaussien de variance petite, ou quand la
fonction d’observation du modèle présente un fort gradient (cf. Figure 4.5 (a)). De même, lorsque
le bruit de dynamique est additif gaussien de petite matrice de covariance Q, il est possible que,
malgré l’étalement de la vraisemblance, p(xk|x
i
k−1
) et p(yk|xk) aient un faible recouvrement
(cf. Figure 4.5 (b)).
(a) Cas d’une vraisemblance « pointue »
(b) Cas d’un a priori « pointu »
Figure 4.5 – Incohérence entre la fonction de vraisemblance et le noyau de transition
Parmi les approches algorithmiques permettant d’échantillonner les particules dans des régions
de forte vraisemblance, on peut citer :
− L’échantillonnage de la fonction de vraisemblance [18] : si la fonction de vraisemblance
p(yk|xk) est intégrable en xk [42], elle peut servir de loi d’importance lors de l’étape de
prédiction et dans ce cas l’équation de mise à jour des poids est ω
i
k ∝ ω
i
k−1
p(x
i
k
|x
i
k−1
).
Cette technique est difficile à implémenter lorsque la dimension de l’espace d’observation
est inférieure ou égale à celle de l’espace d’état (m ≤ d) : en effet, dans ce cas on ne peut
pas inverser la fonction de vraisemblance xk 7→ p(yk|xk) . En particulier, en recalage par96 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
mesure radio-altimétriques, les mesures sont scalaires et l’état est de dimension supérieure
ou égal à 3 donc la méthode n’est pas envisageable.
− La correction progressive [97] : cet algorithme permet de simuler un échantillon approximativement
issu de p(xk|y0:k) en introduisant, à l’étape de correction, une série de fonctions
de vraisemblance intermédiaires gλm(xk) = p(yk|xk)
1/λm, m = 1, . . . , n de moins en moins
diffuses, où λ1, . . . , λn est une suite de coefficients supérieurs ou égaux à 1 avec λn = 1,
de sorte que gλn
(xk) = p(yk|xk). L’étape de correction est divisée en étapes intermé-
diaires. L’algorithme est initialisé avec les N particules {ξ
i
1
, i = 1, . . . , N} obtenues lors
de la phase de prédiction. Ensuite, pour m = 2, . . . , n, les particules obtenues à l’étape
m − 1 sont pondérées avec la fonction de vraisemblance intermédiaire gλm, ce qui donne
des poids intermédiaires ω
i
λm,k. Le nouveau nuage de particule est alors obtenu en tirant
N échantillons {ξ
i
m, i = 1, . . . , N} selon la distribution régularisée PN
i=1 ω
i
λm,kK(
x−ξ
i
m−1
h
),
où K est un noyau de régularisation.
Dans le cas d’un bruit gaussien additif, cette méthode revient à considérer une suite de
densités gaussiennes de covariances décroissantes et supérieures à la vraie covariance. L’utilisation
de vraisemblances intermédiaires de moins en moins étalées permet de ramener
progressivement les particules dans les zones où la (vraie) fonction vraisemblance prend
des valeurs significatives.
Cette méthode a été testée sans succès.
− Le filtre particulaire auxiliaire [105] : cet algorithme permet de propager prioritairement les
particules à l’instant k −1 qui seront compatibles avec la mesure yk. L’étape de prédiction
à l’instant k consiste à tirer N indices i1, . . . , iN selon une loi multinomiale dont les poids
sont égaux à ω
i
k−1
pˆ(yk|x
i
k−1
), où pˆ(yk|x
i
k−1
) est une approximation de la vraisemblance
prédite p(yk|x
i
k−1
). Les particules prédites à l’instant k sont alors obtenues en échantillonnant
x
j
k ∼ p(xk|x
ij
k−1
), j = 1, . . . , N. Cela nécessite néanmoins d’avoir une approximation
pˆ(yk|xk−1) qui soit plus diffuse que p(yk|xk−1) = R
p(yk|xk)p(xk|xk−1)dxk. Selon Whiteley
et. al [121], les performances du filtre particulaire auxiliaire dépendent fortement du choix
de l’approximation de la vraisemblance prédite, ce qui, selon le modèle, peut s’avérer une
tâche compliquée en soit.
Nous proposons ci-après, une loi d’importance adaptée au MRPF, qui consiste à définir au
niveau de chaque composante unimodale du filtre, une loi d’importance basée sur une approximation
du maximum a posteriori (MAP) de la loi conditionnelle locale.
Pour cela, nous présentons d’abord plusieurs estimateurs d’importance utilisant une loi d’importance
centrée sur le MAP dans un cadre non-dynamique. En particulier, nous présentons une
méthode d’évaluation du MAP lorsque l’observation est linéaire par rapport à une partie de l’espace
d’état et lorsque la loi a priori est gaussienne. Ensuite, nous discutons du choix de la matrice
de covariance de la loi de proposition lorsque cette dernière est gaussienne. Enfin nous illustrons
comment cette loi peut être mise en pratique dans un cadre particulaire (dynamique) pour les
distributions multimodales.97
4.5.2 Evaluation du maximum a posteriori pour un modèle d’observation
partiellement linéaire avec a priori gaussien
Soit x ∈ R
d une v.a. gaussienne de moyenne µ et de covariance P, observée via une mesure
y ∈ R
m corrompue par un bruit additif v.
y = H(x) + v (4.39)
On suppose que v est un bruit gaussien de moyenne nulle et de covariance R. On souhaite calculer
le maximum a posteriori xˆMAP défini par
xˆMAP = arg max
x∈Rd
p(x|y) (4.40)
où p(x|y) est la densité conditionnelle de x sachant y. Le calcul du MAP est difficile lorsque
la dimension de l’état est grande, ce qui est le cas dans notre application. C’est pourquoi nous
proposons une méthode approchée du calcul du MAP en exploitant le fait que seule une petite
partie du vecteur d’état participe à la non-linéarité de l’équation d’observation.
Nous considérons une équation de mesure générale avec une partie linéaire :
y = Ax2 − h(x1) + v (4.41)
où x1 et x2 sont des sous-vecteurs de x, i.e. x = (x
T
1
, xT
2
)
T
, h une fonction non-linéaire de x1 et
A est une matrice indépendante de x.
La structure de la fonction de mesure (4.41) est caractéristique du recalage altimétrique : x1
représente le vecteur des composantes horizontales, x2 regroupe l’altitude et les composantes de
vitesse et h correspond au modèle numérique de terrain. En posant A =
h
1 0 0 0i
on vérifie
que Ax2 − h(x1) correspond à la hauteur relative d’un mobile situé en x. Notons que le signe
(−) dans (4.41) est introduit par pure commodité puisque aucune hypothèse n’est faite sur la
fonction h.
Dans la suite, on note q la densité de x et on notera q(x) = q(x1, x2) pour faire apparaître la
décomposition du vecteur x = (x
T
1
, xT
2
)
T
. De même, on note µ = (µ
T
1
, µT
2
)
T
, la moyenne de x
avec µ1 = E(x1) et µ2 = E(x2). La covariance de x se décompose comme
P =
P11 P12
P21 P22
Remarquons d’abord que
p(x|y) = p(x1, x2|y) (4.42)
∝ p(y|x1, x2)q(x1, x2) (4.43)
∝ p(y|x1, x2)q(x2|x1)q(x1) (4.44)
de sorte que
max
x1,x2
p(x1, x2|y) ∝ maxx1
q(x1) maxx2 {p(y|x1, x2)q(x2|x1)} (4.45)
= maxx1
q(x1) maxx2 F1 (x1, x2) (4.46)98 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
La maximisation de la loi conditionnelle p(x1, x2|y) se fait donc en maximisant d’abord la fonction
(x1, x2) 7→ F1 (x1, x2) = p(y|x1, x2)q(x2|x1) par rapport à x2. La maximisation de F1 par rapport
à x2 est équivalente à la minimisation de
x2 7→ Q(x1, x2) = −
1
2
log F1(x1, x2) (4.47)
Etant donné que,
− p(y|x1, x2) est une densité gaussienne de moyenne y − (Ax2 − h(x1)) et de covariance R
− q(x2|x1) est une densité gaussienne de moyenne
E(x2|x1) = E(x2) + P21P
−1
11 (x1 − E(x1)) = µ2 + P21P
−1
11 (x1 − µ1)
et de matrice de covariance
Σ2|1 = P22 − P21P
−1
11 P12
on a
Q(x1, x2) = (y + h(x1) − Ax2) R
−1
(y + h(x1) − Ax2)
T
(4.48)
+ (x2 − E1(x2)) Σ−1
2|1
(x2 − E1(x2))T
où E1(x2) = E(x2|x1).
En regroupant les termes en x2, on peut réécrire Q sous la forme
Q(x1, x2) = Γ(x1) + (x2 − γ(x1)) Ω−1
(x2 − γ(x1))T
(4.49)
avec
Γ(x1) = [y + h(x1) − Aγ(x1)] R
−1
[y + h(x1) − Aγ(x1)]T
+ [γ(x1) − E1(x2)] Σ−1
2|1
[γ(x1) − E1(x2)]T
γ(x1) = Ω h
A
TR
−1
(y + h(x1)) + Σ−1
2|1E1(x2)
i
Ω =
A
TR
−1A + Σ−1
2|1
−1
L’espérance conditionnelle E1(x2) = E(x2|x1) est bien une fonction de x1 uniquement puisque
E1(x2) = µ2 + P21P
−1
11 (x1 − µ1). Les fonctions γ et Γ ne dépendent donc que de x1. A x1 fixé,
Q atteint donc son minimum Γ(x1) en xˆ2 = γ(x1). On a donc
max
x2
F1(x1, x2) = exp
−
1
2 minx2 Q(x1, x2)
(4.50)
= exp
−
1
2
Γ(x1)
(4.51)
En reportant maxx2 F1(x1, x2) dans (4.46), il reste donc à maximiser q(x1) exp(−
1
2
Γ(x1)) par
rapport à x1. Etant donné que q(x1) = (2π)
−1/2
q
det(P) exp(−
1
2
(x1 −µ1)
TP
−1
11 (x1 −µ1)) , cela
revient à minimiser
G(x1) = (x1 − µ1)
TP
−1
11 (x1 − µ1) + Γ(x1) (4.52)99
par rapport à x1.
La minimisation de G relève de l’optimisation non-linéaire. Heureusement, dans l’application
du recalage par mesures radio-altimétriques, le vecteur x1 est un vecteur bi-dimensionnel regroupant
les composantes de position horizontales. La recherche du minimum de G peut donc se
faire facilement en utilisant les algorithmes issus de la méthode de Newton comme l’algorithme
BFGS (Broyden-Fletcher-Goldfarb-Shanno) [10]. Une autre possibilité est d’utiliser un algorithme
du gradient conjugé [54], qui évite le calcul et l’inversion de la hessienne de la fonction objectif.
En notant xˆ1 = arg min G(x1), il est maintenant possible de calculer explicitement xˆ2 =
γ(ˆx1).
Finalement, le MAP est donc estimé par xˆMAP = (ˆx1, xˆ2).
4.5.3 Loi de proposition centrée sur le MAP pour l’échantillonnage
d’importance
4.5.3.1 Cadre statique
En échantillonnage d’importance, il est souhaitable de choisir une densité de proposition
"proche" en un certain sens de la densité a posteriori p(x|y). Si l’on suppose que p(x|y) est
unimodale, le choix d’une densité d’importance gaussienne centrée sur le MAP xˆMAP semble
judicieux. Ensuite, on peut par exemple prendre comme covariance de la loi de proposition, une
approximation de la covariance a posteriori Cov(x|y).
La méthode de Laplace [66, 115] fournit une approximation au premier ordre de la covariance a
posteriori en fonction du MAP et de la matrice d’information de Fisher observée J selon
Cov(x|y) ≈ J
−1
(ˆxMAP ) (4.53)
avec
J(x) = −
∂
2
log g
∂x2
(x) −
∂
2
log q
∂x2
(x) (4.54)
On rappelle que g(x) = p(y|x) et q est la densité a priori. Revenons au modèle défini par (4.39).
Dans ce cas, q étant gaussien, J se réduit à
J(x) = 2
∂
2H
∂x2
R
−1
(y − H(x)) − R
−1
∂H
∂x ! ∂H
∂x !T
+ P
−1
(4.55)
On voit que l’approximation (4.53) dépend essentiellement du gradient et de la hessienne de H.
L’autre possibilité est de prendre une densité d’importance q˜ gaussienne de moyenne xˆMAP et
de covariance la covariance a priori P. Nous proposons de comparer ces deux approches dans un
cadre statique proche de la problématique de recalage par mesures altimétriques. Pour cela nous
considérons le problème d’estimation suivant :
x = (x1, x2) ∼ N (µ, P) est un vecteur statique dans le plan que nous cherchons à localiser. On
suppose qu’une observation y est fournie via l’équation de mesure
y = H(x) + v100 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
avec H(x) = 1
2π|C|
1/2 exp
−
1
2
(x − θ)
T C
−1
(x − θ)
. H est la densité d’une distribution gaussienne
de moyenne θ et de matrice de covariance C avec
θ = (1, 1)T
et
C =
0.0075 0.0025
0.0025 0.0075
La fonction d’observation H joue ici le rôle d’un relief artificiel dont le sommet correspond à la
moyenne m et dont l’inclinaison autour du sommet est contrôlé par la matrice C. La matrice C
permet de modéliser les situations où le terrain est subitement très informatif (présence d’un canyon,.
. . ). Le bruit d’observation suit une distribution gaussienne centrée d’écart-type σv = 0.01.
Figure 4.6 – densité a posteriori non normalisée
L’objectif est de calculer la moyenne a posteriori xˆ = E(x|y) par échantillonnage pondéré en
utilisant trois lois de propositions différentes dont les densités sont notées q˜0, q˜1 et q˜2. Dans la
suite de cette section, ϕ(.|m, κ) désignera la densité gaussienne de moyenne m et de covariance
κ.
− q˜0 = q est la densité a priori pour laquelle on obtient l’estimateur Monte Carlo standard
− q˜1(x) = ϕ(x|xˆMAP , P)
− q˜2(x) = ϕ(x|xˆMAP , J −1
(ˆxMAP ))
L’estimateur par échantillonnage pondéré de xˆ en utilisant une densité d’importance q˜ est obtenu
en tirant N échantillons indépendants x
i ∼ q˜ et en calculant
xˆ
N =
X
N
i=1
ω
ix
i
(4.56)101
avec
ω˜
i =
g(x
i
)q(x
i
)
q˜(x
i
)
ω
i =
ω˜
i
PN
j=1 ω˜
j
(4.57)
Afin de comparer les différentes densités instrumentales q˜0, q˜1 et q˜2, nous calculons xˆ
N en fonction
du nombre d’échantillons N et pour q˜ ∈ {q˜0, q˜1, q˜2}. Nous évaluons ensuite l’erreur quadratique
moyenne (RMSE) E
xˆ
N − xˆ
2
1/2
en fonction de N, en utilisant 100 réalisations indépendantes.
La valeur de référence xˆ = E(x|y) est calculée par intégration numérique.
(a) RMSE x1
(b) RMSE x2
Figure 4.7 – Comparaison de lois de proposition pour l’estimation de xˆ par échantillonnage
d’importance102 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
(a) q˜1
(b) q˜2
Figure 4.8 – Réalisations de xˆ
N en fonction de N
La figure 4.7 montre que l’utilisation d’une loi d’importance q˜1 obtenu par translation de la
loi a priori q sur le MAP réduit l’erreur d’estimation de l’estimateur Monte Carlo standard. Par
exemple, il faut tirer au moins 104
échantillons selon q pour avoir la même erreur quadratique
moyenne qu’un estimateur utilisant 3.103
échantillons selon q˜1.
En revanche, le choix de la densité q˜2 ne semble pas améliorer l’erreur d’estimation. Pire,
l’estimateur correspondant semble ne pas converger. En effet, si l’on observe les réalisations de
xˆ
N à N fixé, on observe que sur les 100 tirages indépendants, il existe des valeurs aberrantes
(figure 4.8). La raison de cette instabilité est que tous les choix de fonctions d’importance ne
garantissent pas une variance de l’estimateur finie. La qualité d’un estimateur d’importance est103
liée à la variance asymptotique Vq˜ des poids normalisés, dont l’expression est [31] :
Vq˜ =
1
N
Z
Rd
g
2
(x)q
2
(x)
q˜(x)
dx
Z
Rd
g(x)q(x)dx2 − 1
(4.58)
La fonction d’importance optimale est égale à la densité a posteriori. En effet, en posant q˜ ∝ gq,
on a Vq˜ = 0. Vq˜ est finie si et seulement si R g
2
(x)q
2
(x)
q˜(x)
dx < +∞ . Une condition suffisante est
que le rapport q
q˜
soit borné. En effet, le produit gq est intégrable, la vraisemblance g est bornée
donc si sup q/q <˜ +∞, alors
Z
Rd
g
2
(x)q
2
(x)
q˜(x)
dx ≤ sup
x∈Rd
g sup
x∈Rd
q
q˜
Z
Rd
g(x)q(x)dx < +∞
Dans le cas de l’utilisation de la fonction d’importance q˜ = ˜q2, on voit que le rapport q
q˜2
peut
être très grand lorsque la covariance de q˜2, J
−1
(ˆxMAP ), est petite devant la covariance a priori
P, de sorte que le numérateur de Vq˜ n’est pas fini. Lors du calcul de xˆ
N selon (4.56), quelques
tirages peuvent avoir un poids ω
i
très important et avoir trop d’impact sur l’estimation finale.
Afin de garantir la convergence de l’estimateur, on peut alors chercher une condition suffisante
pour assurer que q
q˜
soit majoré lorsque q˜ est une densité gaussienne de moyenne xˆMAP et de
covariance à déterminer Σ. On maintient l’hypothèse gaussienne sur la densité a priori q, de
moyenne µ et de covariance P.
Le rapport q
q˜
est borné ssi ln( q
q˜
) borné.
Etant donné que q(x) ∝ e
− 1
2
(x−µ)
T P −1
(x−µ)
et q˜(x) ∝ e
− 1
2
(x−xˆMAP )
T Σ−1
(x−xˆMAP )
, on a
ln q(x)
q˜(x)
= c1 +
1
2
(x − xˆMAP )
T Σ
−1
(x − xˆMAP ) −
1
2
(x − µ)
T
P
−1
(x − µ)
= c1 +
1
2
(x − µ + µ − xˆMAP )
T Σ
−1
(x − µ + µ − xˆMAP ) −
1
2
(x − µ)
T
P
−1
(x − µ)
= c1 +
1
2
(x − µ)
T Σ
−1
(x − µ) + 1
2
(µ − xˆMAP )
T Σ
−1
(x − µ)
+
1
2
(µ − xˆMAP )
T Σ
−1
(µ − xˆMAP )
| {z }
constante
+
1
2
(x − µ)
T Σ
−1
(µ − xˆMAP ) −
1
2
(x − µ)
T
P
−1
(x − µ)
= c2 +
1
2
(x − µ)
T
Σ
−1 − P
−1
(x − µ) + 1
2
u(x − µ)
| {z }
scalaire
+ (x − µ)
T u
T
| {z }
scalaire
=
1
2
(x − µ)
T
Σ
−1 − P
−1
(x − µ) + u1(x − µ) + c2 (4.59)
=
1
2
x
T
Σ
−1 − P
−1
x + u2x + c3 (4.60)
(4.61)104 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
où u1 = (µ − xˆMAP )
T Σ
−1
, u2, c1, c2 et c3 des constantes. ln q
q˜
est majoré ssi le terme K(x) =
1
2
x
T
(Σ−1 − P
−1
) x + u2x est majoré. Ce dernier terme est majoré ssi sa limite vaut −∞ lorsque
kxk → +∞. Une condition suffisante est que P
−1 − Σ
−1
soit définie positive.
En effet, dans ce cas on a
K(x) = −
1
2
(x − a)
T
P
−1 − Σ
−1
(x − a) + c4
avec
a = µ +
Σ
−1 − P
−1
−1
c4 =
1
2
a
T
Σ
−1 − P
−1
a + u2a
En posant x
0 = (P
−1 − Σ
−1
)
1/2
(x − a) (possible car on suppose P
−1 − Σ
−1 > 0), on a K(x) =
−
1
2
kx
0k
2 + c4. Comme limkxk→+∞ kx
0k = +∞, on a limkxk→+∞ K(x) = −∞.
Il s’en suit que si la matrice P
−1 − Σ
−1
est définie positive, alors la forme quadratique ln( q
q˜
) est
majorée.
Cherchons maintenant une caractérisation de la propriété P
−1 − Σ
−1 > 0.
Σ
−1 − P
−1 < 0 ⇔ x
T
(Σ−1 − P
−1
)x < 0 ∀x ∈ R
d
\ {0}
⇔
x
TΣ
−1x
x
TP −1x
< 1 ∀x ∈ R
d
\ {0}
⇔ sup
x∈Rd\{0}
x
TΣ
−1x
x
TP −1x
< 1 ∀x ∈ R
d
\ {0} (4.62)
Soit P
−1 = DDT
la décomposition de Choleski de P
−1
. On pose C = D−TΣ
−1D−1
avec
D−T = (D−1
)
T
. Alors,
x
TΣ
−1x
x
TP −1x
=
x
T DT CDx
x
T DT Dx
En posant y = Dx,
x
TΣ
−1x
x
TP −1x
=
y
T Cy
y
T y
et
sup
x∈Rd\{0}
x
TΣ
−1x
x
TP −1x
< 1 ⇔ sup
y∈Rd\{0}
y
T Cy
y
T y
< 1 (4.63)
(En effet, D étant inversible, y décrit R
d \ {0} lorsque x décrit R
d \ {0}). En remarquant que
y
0T Cy0
y
0T y
0 =
y
T Cy
y
T y
pour x
0 = cx avec c > 0, (4.63) est équivalent à
sup
kyk=1
y
T Cy < 1
Il faut donc résoudre le problème suivant : Maximiser y
T Cy sous la contrainte kyk = 1. On
introduit le multiplicateur de Lagrange
L(y, λ) = y
T Cy + λ(y
T
y − 1)105
∂L
∂y = 2y
T C + 2λyT
∂L
∂λ = y
T
y − 1
∂L
∂y = 0 ⇔ 2y
T C + 2λyT = 0
⇔ y
T C = −λyT
⇔ Cy = −λy
⇔ Cy = λ
0
y
avec λ
0 = −λ. Les extrema de y
T Cy sont donc obtenus pour y vecteur propre de C. Comme
par ailleurs y 7→ y
T Cy est continue sur le compact {y ∈ R
d
|kyk = 1}, le maximum est bien
atteint pour un vecteur propre unitaire e de C tel que Ce = λ
0
e. Comme e
T Ce = λ
0
e
T
e = λ
0
, le
maximum de y
T Cy est la valeur propre maximale de C.
Finalement,
Proposition 1. Si la valeur propre maximale de D−TΣ
−1D−1
est inférieure à 1 alors le rapport
q
q˜
est majoré.
Choix de la covariance de la loi de proposition On a vu sur un exemple synthétique, que
l’utilisation directe d’une loi de proposition gaussienne de covariance donnée par l’approximation
de Laplace J
−1
(ˆxMAP ) de la covariance a posteriori, peut donner un estimateur de mauvaise
qualité. Néanmoins, afin d’exploiter l’information donnée par la matrice Jˆ−1 = J
−1
(ˆxMAP ), nous
suggérons d’utiliser une loi de proposition gaussienne q˜ dont la matrice de covariance Σ a pour
valeurs propres les valeurs propres de P et pour vecteurs propres, les vecteurs propres de Jˆ−1
:
schématiquement, cela revient à aligner l’ellipsoïde de confiance de la covariance Σ sur celle de
Jˆ−1
. De cette façon nous nous attendons à générer les échantillons selon les axes principaux de
Jˆ−1 ≈ Cov(x|y). Ainsi, ces échantillons sont orientés conformément à la matrice de covariance
de la fonction d’importance optimale.
Soit EJ la matrice des vecteurs propres de Jˆ−1
. Soit ΛP la matrice des valeurs propres de P. On
construit la matrice Prot définie par :
Prot
4
= EJΛPE
T
J
(4.64)
et on pose Σ = Prot.
D’après la proposition précédente, ceci ne garantit cependant pas que la variance asymptotique
Vq˜ des poids d’importance ω
i
soit finie, même si en pratique nous avons observé que l’estimateur
correspondant était stable. On peut tout de même chercher une matrice de covariance sous la
forme Σ = sProt avec s > 0 et trouver le plus petit réel s qui garantissent que q
q˜
soit borné.
D’après la proposition 1, cela revient à déterminer
s
∗ = inf{s > 0 | λmax(
1
s
D
−TP
−1
rot D
−1
) < 1}106 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
où λmax(B) désigne la plus grande valeur propre de la matrice B lorsqu’elle existe. On en déduit
que
s
∗ = λmax(D
−TP
−1
rot D
−1
) (4.65)
Pour tout s > s∗
, la variance Vq˜ sera finie si q˜ est une densité gaussienne de moyenne xˆMAP
et de covariance Σ = sProt.
Une autre approche permettant d’exploiter l’approximation Jˆ−1 ≈ Cov(x|y) consiste à chercher
la matrice de covariance Σ
∗
la plus proche de Jˆ−1
en norme, telle que q
q˜
soit bornée.
Autrement dit,
Σ
∗ = arg min
Σ
kΣ − Jˆ−1
k
2
F } (4.66)
sous la contrainte Σ
−1 −P
−1 < 0. La norme matricielle k.kF est définie pour toute matrice réelle
A = (ai,j )i,j de taille d × d par
kAkF =
X
i,j
a
2
i,j
1
2
(4.67)
Remarquons que Σ
−1 − P
−1 < 0 est équivalent à Σ − P > 0 (cf. annexe C).
Théorème 4 (N. Higham [55]). Soit A est une matrice réelle symétrique. Le problème suivant :
minimiser kX − Ak
2
F
sous la contrainte X ≥ 0
admet une unique solution X∗ de la forme
X
∗ =
1
2
(A + H) (4.68)
où H est une matrice symétrique positive telle que A = UH avec U
TU = I. L’égalité A = UH
est appelé décomposition polaire de A.
On peut alors résoudre
min
Σ−P ≥0
kΣ − Jˆ−1
k
2
F
en remarquant que kΣ − Jˆ−1k
2
F = k(Σ − P) − (Jˆ−1 − P)k
2
F
. On a alors,
min
Σ−P ≥0
kΣ − Jˆ−1
k
2
F = min
X≥0
kX − (Jˆ−1 − P)k
2
F
En notant XF = arg minX≥0 kX − (Jˆ−1 − P)k, d’après le théorème précédent, on a
XF =
1
2
(Jˆ−1 − P + H)
avec Jˆ−1 − P = UH et U
TU = I. On en déduit que ΣF = arg min
Σ−P ≥0
kΣ − Jˆ−1k
2
F
est donné par
ΣF =
1
2
(Jˆ−1 + P + H) (4.69)107
Cette formule est relativement simple à mettre en oeuvre pour peu que l’on dispose d’une
matrice H = HT ≥ 0 vérifiant Jˆ−1 − P = UH où U est une matrice unitaire. Heureusement, il
existe une alternative à la décomposition polaire permettant de calculer ΣF .
Si on diagonalise Jˆ−1 − P sous la forme Jˆ−1 − P = ZΛ˜Z
T
avec Λ = diag( ˜ λ1, . . . , λd) matrice
diagonale et ZZT = I. En posant
Λ˜
+ = diag(max(0, λ˜
1), . . . , max(0, λ˜
d))
on a [55],
ΣF = ZΛ˜
+Z
T + P (4.70)
P
J −1
s
∗Prot
Prot
ΣF
Figure 4.9 – Ellipsoïdes de confiance à 99 % des matrices de covariance P, J
−1
, Prot, s
∗Prot
et ΣF
Enfin, pour conserver une variance d’estimation finie, on peut également échantillonner selon
une loi de Student multivariée, dont la queue de distribution est plus lourde et garantit automatiquement
sup q
q˜ < +∞. On rappelle qu’une v.a X de R
d
suit une distribution de Student
multivariée Td(ν, µ, Σ) si elle admet pour fonction de densité
td(x; ν, µ, Σ) = Γ( ν+d
2
)(πd)
− d
2 |Σ|
−1/2
Γ( ν
2
) [1 + (x − µ)
TΣ−1
(x − µ)/ν]
ν+d
2
(4.71)
ν ∈ N
∗
+ désigne le degré de liberté, µ est un paramètre de localisation et Σ une matrice de
produit scalaire (symétrique, définie positive) [70]. Ici, Γ désigne la fonction Gamma d’Euler.
X a pour moyenne µ (resp. matrice de covariance) uniquement lorsque ν > 1 (resp. ν > 2) et,
lorsqu’elle existe, sa covariance est donné par Cov(X) = ν
ν−2Σ. Plus ν est petit, plus la queue
de la distribution de Student est lourde.108 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Comparaison des densités d’importances Dans un premier temps, nous avons évalué les 5
densités d’importances gaussiennes centrées sur une approximation du MAP précédemment :
− q˜1(x) = ϕ(x|xˆMAP , P)
− q˜2(x) = ϕ(x|xˆMAP , Jˆ−1
)
− q˜3(x) = ϕ(x|xˆMAP , Prot)
− q˜4(x) = ϕ(x|xˆMAP , s∗Prot) (cf. (4.65))
− q˜5(x) = ϕ(x|xˆMAP , ΣF )
Nous nous proposons de les comparer dans le problème d’estimation statique présenté précé-
demment. Plus précisément, pour chaque densité q˜ ∈ {q˜1, . . . , q˜5} on calcule l’estimateur xˆ
N de
E(x|y) en fonction du nombre d’échantillons N. On peut alors en déduire l’erreur quadratique
moyenne de chaque estimateur en fonction de N.
102 103 104 105 10
6 10
7 0
1
2
3
4
5
6
7
8
x 10−4
N
RMSE x
q˜0
q˜1
q˜2
q˜3
q˜4
q˜5
(a) RMSE x1
102 103 104 105 10
6 10
7 0
1
2
3
4
5
6
7
8
x 10−4
N
RMSE y
q˜0
q˜1
q˜2
q˜3
q˜4
q˜5
(b) RMSE x2
Figure 4.10 – Comparaison de lois de proposition pour l’estimation de E(x|y) par échantillonnage
d’importance : densité instrumentale gaussienne
On constate sur la figure 4.10 que le paramétrage le plus avantageux est donné par q˜3, c’est-
à-dire la densité gaussienne centrée sur le MAP et de covariance Prot. Les densités d’importance
q˜5 et q˜1 centrées sur le MAP et de covariances respectives P et ΣF sont relativement proches en
termes d’erreur quadratique moyenne (q˜5 étant légèrement meilleure). En revanche, l’utilisation
de la covariance s
∗Prot dans la loi instrumentale n’améliore que marginalement le RMSE. q˜4
garantit une variance d’estimation finie mais s’éloigne de la densité a posteriori comme l’illustre
la figure 4.9.109
Dans un second temps, nous avons examiné l’utilisation d’une densité d’importance suivant
une loi de Student Td(ν, xˆMAP , Σ). La matrice Σ a été choisie de sorte que Cov(X) =
J
−1
(ˆxMAP ), i.e. Σ = ν−2
ν
J
−1
(ˆxMAP ), et le degré de liberté ν a été fixé expérimentalement à 4.
Ce choix donne des résultats satisfaisants comme l’atteste la figure 4.11.
102 103 104 105 10
6 10
7 0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
1
x 10−3
N
RMSE x
q˜ = q
q˜ = N(ˆxMAP , Prot)
q˜ = N(ˆxMAP , J−1
)
q˜ = Td(ˆxMAP , J−1
)
(a) RMSE x1
102 103 104 105 10
6 10
7 0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
1
x 10−3
N
RMSE y
q˜ = q
q˜ = N(ˆxMAP , Prot)
q˜ = N(ˆxMAP , J−1
)
q˜ = Td(ˆxMAP , J−1
)
(b) RMSE x2
Figure 4.11 – Comparaison de lois de proposition pour l’estimation de E(x|y) par échantillonnage
d’importance : densité instrumentale Student
4.5.3.2 Cadre dynamique : illustration
On considère un problème de pistage de cible dans le plan cartésien par mesure de distance
et d’azimuth. La cible suit une dynamique linéaire suivante :
xk = F xk−1
où
F =
I2 ∆I2
02 I2
∆ désigne le pas de temps et xk = [xk,1, xk,2, x˙ k,1, x˙ k,2]
T
est le vecteur d’état comprenant la
position et la vitesse horizontale de la cible.110 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Le capteur radar est supposé fixe à la position (0, 0) et mesure à chaque instant k une distance
r =
q
x
2
k,1 + x
2
k,2
et un azimuth θ = arctan( xk,2
xk,1
) tous deux corrompus par un bruit de mesure
additif. On note yk le vecteur de mesure correspondant dont l’expression est
yk =
q
x
2
k,1 + x
2
k,2
arctan( xk,2
xk,1
)
+ vk
où vk ∼ N (02×1, diag(σ
2
r
, σ2
θ
)) est le bruit de mesure gaussien. σr et σθ désignent respectivement
l’écart-type du bruit sur la mesure de distance et sur la mesure d’angle.
L’objectif est d’estimer la position et la vitesse de la cible sachant les mesures passées en
calculant l’espérance conditionnelle E(xk|y0:k). Pour cela, nous allons comparer le comportement
du filtre particulaire régularisé (cf. 2.3), avec un filtre particulaire régularisé dont la fonction
d’importance est une gaussienne multivariée centrée sur une estimation du MAP, et de matrice
de covariance Prot définie dans la section 4.5.3.1 : ce dernier algorithme est noté RPF-MAP. Les
paramètres du capteur sont fixés à σr = 5 m et σθ = 1◦
. L’erreur en distance est faible, ce qui
est un cas difficile pour le filtrage particulaire classique.
La cible a pour vecteur position-vitesse initiale xcible,0 =
h
10000 10000 40 −40iT
. On
suppose également que x0 suit une loi gaussienne de moyenne x¯0 et de covariance P0 =
diag
(1000m)
2
(1000m)
2
(10m/s)
2
(10m/s)
2
. La moyenne x¯0 est tirée selon une gaussienne
centrée sur la position initiale de la cible xcible,0 de covariance P0.
Nous avons calculé l’erreur quadratique moyenne des trajectoires non-divergentes sur la base de
200 simulations ainsi que le taux de non-divergence des deux algorithmes : le RPF-MAP affiche
un taux de non-divergence de 97% tandis que le RPF standard a un taux de non-divergence de
24%. Nous avons considéré qu’un filtre a divergé si l’état final vrai sort de l’ellipsoide de confiance
associée à la Borne de Cramer-Rao a posteriori au seuil 99.99% et centrée sur l’état estimé, ceci
pendant les 5 derniers instants de la trajectoire.
Par ailleurs, on observe (figure 4.12) que la position horizontale est estimée avec plus de précision
par le RPF-MAP pour ce capteur : l’erreur quadratique moyenne des trajectoires convergentes
du RPF-MAP s’approche rapidement de la borne de Cramer-Rao à posteriori tandis que celle du
RPF ne suit pas tout à fait cette borne.111
0 50 100 150 200
101
102
103
104
RMSE
x1
RPF
RPF−MAP
BCR
(a) RMSE x1
0 50 100 150 200
100
101
102
103
104
RMSE
x
2
RPF
RPF−MAP
BCR
(b) RMSE x2
Figure 4.12 – Erreur quadratique moyenne pour la position ; bleu : RPF, noir : RPF-MAP, traits
pointillés rouges : Borne de Cramer-Rao a posteriori
0 50 100 150 200
0
2
4
6
8
10
12
RMSE ˙x1
RPF
RPF−MAP
BCR
(a) RMSE x˙ 1
0 50 100 150 200
0
2
4
6
8
10
12
RMSE ˙x
2
RPF
RPF−MAP
BCR
(b) RMSE x˙ 2
Figure 4.13 – Erreur quadratique moyenne pour la vitesse ; bleu : RPF, noir : RPF-MAP, traits
pointillés rouges : Borne de Cramer-Rao a posteriori
4.5.3.3 Application au filtrage particulaire pour les modèles d’observation partiellement
linéaires
Dans cette section nous détaillons comment définir une fonction d’importance basée sur les
maxima locaux estimés de la densité a posteriori p(xk|y0:k). Pour cela nous nous appuyons sur
les résultats établis précédemment pour l’échantillonnage d’importance dans un cadre statique.
Nous faisons l’hypothèse que l’équation d’observation est partiellement linéaire, ce qui est le cas
en recalage altimétrique :
yk = Ax(2)
k − h
n
k
(x
(1)
k
) + vk (4.72)112 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
où vk ∼ N (0, R) et A est une matrice indépendante de xk. Le vecteur d’état se décompose sous
la forme d’une partie linéaire x
(2)
k
et non-linéaire x
(1)
k
, xk =
h
x
(1),T
k
, x
(2),T
k
iT
. Enfin, h
n
k
est une
fonction non-linéaire de x
(1)
k
.
Nous nous plaçons dans le cadre du MRPF (Mixture Regularized Particle Filter) introduit
précédemment.
Rappelons dans le MRPF, la densité a posteriori p(xk|y0:k) s’écrit comme un mélange de
densités :
pk|k = p(xk|y0:k) = X
M
j=1
αj,kpj (xk|y0:k) (4.73)
avec PM
j=1 αj,k = 1. On a
p(xk|y0:k) = p(yk|xk)p(xk|y0:k−1)
Z
p(yk|xk)p(xk|y0:k−1) dxk
(4.74)
Supposons les coefficients αj,k−1 connus. La densité prédite est :
pk|k−1 =
X
M
j=1
αj,k−1pj (xk|y0:k−1) (4.75)
avec pj (xk|y0:k−1) = Z
p(xk|xk−1)pj (xk−1|y0:k−1)dxk−1 Introduisons M densités d’importance
q˜j (xk), j = 1, . . . , M respectivement centrées sur le MAP de pj (xk|y0:k) noté xˆ
∗
j
.
pk|k =
X
M
j=1
αj,k−1p(yk|xk)pj (xk|y0:k−1)
X
M
l=1
αl,k−1
Z
p(yk|xk)pl(xk|y0:k−1) dxk
=
X
M
j=1
αj,k−1p(yk|xk)
pj (xk|y0:k−1)
q˜j (xk)
q˜j (xk)
X
M
l=1
αl,k−1
Z
p(yk|xk)
pl(xk|y0:k−1)
q˜l(xk)
q˜l(xk) dxk
=
X
M
j=1
αj,k−1
R
p(yk|xk)
pj (xk|y0:k−1)
q˜j (xk)
q˜j (xk) dxk
PM
l=1 αl,k−1
R
p(yk|xk)
pl(xk|y0:k−1)
q˜l(xk)
q˜l(xk) dxk
×
p(yk|xk)
pj (xk|y0:k−1)
q˜j (xk)
q˜j (xk)
R
p(yk|xk)
pj (xk|y0:k−1)
q˜j (xk)
q˜j (xk) dxk
| {z }
pj (xk|y0:k)
(4.76)
Par identification des termes,
αj,k =
αj,k−1
Z
p(yk|xk)
pj (xk|y0:k−1)
q˜j (xk)
q˜j (xk) dxk
PM
l=1 αl,k−1
Z
p(yk|xk)
pl(xk|y0:k−1)
q˜l(xk)
q˜l(xk) dxk
(4.77)113
Ceci suggère l’algorithme suivant,
1. On suppose que l’on dispose de l’approximation particulaire suivante à l’instant k − 1 :
pk−1|k−1 =
X
M
j=1
αj,k−1
X
i∈Ij,k−1
ω
i
k−1
δx
i
k−1
(4.78)
2. Prédiction : tirer N échantillons x
i
k ∼ p(xk|x
i
k−1
)
3. Pour j = 1, . . . , M, former une approximation gaussienne ϕ(xk|x¯j,k|k−1, Pˆ
j,k|k−1) de la
densité prédite pj (xk|y0:k−1) : calculer la moyenne prédite selon
x¯j,k|k−1 =
X
i∈Ij,k−1
ω
i
k−1x
i
k
(4.79)
et la covariance prédite selon
Pˆ
j,k|k−1 =
X
i∈Ij,k−1
ω
i
k−1
(x
i
k − x¯j,k|k−1)(x
i
k − x¯j,k|k−1)
T
(4.80)
4. Pour j = 1, . . . , M, calculer le MAP xˆ
∗
j de pj (xk|y0:k) ∝ p(yk|xk)pj (xk|y0:k−1).
Pour cela, utiliser l’approximation gaussienne qj = ϕ(xk|x¯j,k|k−1, Pˆ
j,k|k−1) de pj (xk|y0:k−1).
Utiliser ensuite la méthode exposée dans 4.5.2 : qj
joue ici le rôle de la loi a priori.
5. Définir pour j = 1, . . . , M une densité d’importance gaussienne q˜j de moyenne xˆ
∗
j
et de
covariance Σ
∗
j
égale à Prot.
q˜j (x) = ϕ(x|xˆ
∗
j
, Σ
∗
j
) (4.81)
Un autre choix consiste à définir q˜j comme la densité de la loi de Student Td(ν, xˆ
∗
j
,
ν−2
ν
J
−1
j
(ˆx
∗
j
))
où
Jj (x) = −
∂
2
log gk
∂x2
(x) −
∂
2
log qj
∂x2
(x)
Le degré de liberté est alors choisi expérimentalement.
Soit Nj = Card(Ij,k−1). Tirer Nj échantillons i.i.d. x
i
k ∼ q˜j avec i ∈ Ij,k−1.
6. Calculer les poids intra-composante ω
i
k
. Pour j = 1, . . . , M :
Pour i ∈ Ij,k−1 calculer
ω˜
i
k =
p(yk|x
i
k
)qj (x
i
k
)
q˜j (x
i
k
)
(4.82)
et poser
ω
i
k =
ω˜
i
k
P
i∈Ij,k−1
ω˜
i
k
(4.83)
7. Calculer les coefficients de mélange αj,k selon
αj,k ≈
αj,k−1
Nj
P
i∈Ij,k−1
ω˜
i
k
PM
l=1
αl,k−1
Nl
P
i∈Il,k−1
ω˜
i
k
(4.84)114 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
L’approximation (4.84) peut se déduire par substitution des échantillons i.i.d. x
i
k ∼ q˜j
, i ∈
Ij,k−1 dans (4.77) : on a alors
Z
p(yk|xk)
pj (xk|y0:k−1)
q˜j (xk)
q˜j (xk) dxk ≈
1
Nj
X
i∈Ij,k−1
p(yk|x
i
k
)pj (x
i
k
|y0:k−1)
q˜j (x
i
k
)
(4.85)
≈
1
Nj
X
i∈Ij,k−1
p(yk|x
i
k
)qj (x
i
k
)
q˜j (x
i
k
)
(4.86)
=
1
Nj
X
i∈Ij,k−1
ω˜
i
k
(4.87)
Echantillonnage d’importance adaptatif pour le MRPF Pour diminuer le surcoût algorithmique
induit par la recherche des maxima locaux, il est judicieux d’utiliser un critère permettant
de quantifier l’incohérence entre la fonction de vraisemblance gk(xk) = p(yk|xk) et la densité
prédite pk|k−1(xk) = p(xk|y0:k−1), de manière à recourir aux fonctions d’importances q˜j uniquement
lorsque le critère indique que le recouvrement entre les deux densités est faible. Dans le
cas contraire, le déroulement des étapes de prédiction et correction se fait comme exposé dans
le chapitre 2, sous-section 2.6.2 et dans la section 4.4.
Un indicateur de cohérence entre gk et pk|k−1 est donné par
δk =
supx∈Rd gk(x)
Z
gk(xk)pk|k−1(xk)dxk
(4.88)
δk ≥ 1 et δk est d’autant plus grand que gk et pk|k−1 ont un faible recouvrement [37, p. 256]. On
peut évaluer δk pour un filtre particulaire donné en utilisant les particules et les poids associées.
En effet, soit
pˆk|k−1 =
X
N
k=1
ω
i
k−1
δx
i
k
(4.89)
une approximation de la densité prédite pk|k−1, avec PN
k=1 ω
i
k−1 = 1. Alors,
δk ≈ N
supx∈Rd gk(x)
PN
k=1 ω
i
k−1
gk(x
i
k
)
(4.90)
Dans le cas particulier où le bruit v est additif gaussien, (4.90) se réduit à
δk ≈
N
X
N
k=1
ω
i
k−1
exp(−
1
2
kyk − hk(xk)k
2
R−1 )
(4.91)
où k.k
2
W est définie par kxk
2
W = x
TW x lorsque W est une matrice d × d.
On peut alors exploiter l’indicateur δk, pour contrôler les instants où l’échantillonnage d’importance
basé sur les densités q˜1, . . . , q˜M est utilisé. Il suffit de définir un seuil δmax > 1 qui115
contrôle le degré d’incohérence tolérable.
Souvenons-nous que dans le MPF et le MRPF, le passage de la densité prédite pj (xk|y0:k−1)
de la j-ème composante à la densité corrigée pj (xk|y0:k) peut se faire indépendamment des autres
composantes (cf. 2.6.2). Seul le calcul des coefficients de mélange {αl,k}
M
l=1 dépend de l’ensemble
des poids des particules.
On peut alors définir pour chaque composante d’indice j, un indicateur de cohérence entre gk et
pj (xk|y0:k), que nous noterons δj,k. Si δj,k ≥ δmax, l’étape de correction pour la j-ème composante
se fait selon les points 3, 4, 5 et 6. Dans le cas contraire, l’étape de correction se réduit au calcul
des poids intra-composante ω
i
k
comme décrit dans le point 2.(b)i. de l’algorithme MRPF.
Dans les deux cas, pour obtenir la densité a posteriori globale p(xk|y0:k), il faut calculer les
coefficients {αl,k}
M
l=1 en fonction de {αl,k−1}
M
l=1. L’expression correspondante est :
αj,k =
αj,k−1βj,k
PM
l=1 αl,k−1βl,k
(4.92)
avec
βj,k =
X
i∈Ij,k−1
ω
i
k−1
p(yk|x
i
k
) si δj,k < δmax
1
Nj
X
i∈Ij,k−1
p(yk|x
i
k
)qj (x
i
k
)
q˜j (x
i
k
)
sinon
(4.93)
Alternativement, on peut utiliser la taille effective de l’échantillon (4.33) comme indicateur
d’incohérence entre la fonction de vraisemblance et la densité prédite. Le choix d’utiliser la densité
d’importance q˜j s’opère lorsque la taille effective de la loi empirique pˆj =
P
i∈Ij,k ω
i
k
δx
i
k
, notée
N
j
ef f , descend en dessous d’un seuil Nth,MAP inférieur ou égal au seuil de ré-échantillonnage.
Nous proposons de définir ce seuil comme une fraction ζ ∈ [0, 1] du seuil de ré-échantillonnage :
Nth,MAP = ζNth (4.94)
L’idée est que, le ré-échantillonnage et la régularisation peuvent suffire à ramener les particules
dans la zone d’intéret lorsque N
j
ef f est juste légèrement en dessous du seuil de ré-échantillonnage.
Le coefficient ζ < 1 permet alors d’ajuster le degré de dégénérescence toléré : des valeurs petites
de ζ < 1 signifient que l’échantillonnage selon q˜j est effectué uniquement lorsque les particules
appartenant à la composante d’indice j sont très dégénérées.
En résumé, si N
j
ef f <
Nth,MAP
N Nj
, l’échantillonnage se fait selon q˜j
, et dans le cas contraire selon
le noyau de transition.
Nous résumons ci-après l’algorithme fusionnant le MRPF et l’utilisation des modes locaux pour
la phase de d’échantillonnage d’importance, que nous appellerons MRPF-MAP.
Dans la partie consacrée à l’évaluation des performances, nous distinguerons deux variantes
du MRPF-MAP :
− le MRPF-MAP 1 : la densité instrumentale a pour covariance la covariance prédite,
− le MRPF-MAP 2 : la densité instrumentale a pour covariance la covariance Prot définie
par l’équation (4.64).116 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Algorithme 7 : MRPF-MAP
1. [Initialisation]
− Tirer N particules selon la loi initiale x
i
0 ∼ µ0
− poser ω
i
0 ∝ p(y0|x
i
0
)
− Normaliser les ω
i
0
2. Pour k ≥ 1
(a) [Prédiction] Tirer N particules x
i
k ∼ p(xk|x
i
k−1
)
(b) [Correction]
i. Pour j = 1, . . . , Mk−1
− calculer N
j
ef f selon (4.33)
− Si N
j
ef f ≤ Nth,MAP /Nj
– Calculer x¯j,k|k−1 et Pˆ
j,k|k−1 selon (4.80) et (4.79).
Poser qj = ϕ(.|x¯j,k|k−1, Pˆ
j,k|k−1).
– Calculer xˆ
∗
j = arg maxx p(yk|x)qj (x) selon la méthode de la section 4.5.2.
– Poser q˜j (x) = ϕ(x|xˆ
∗
j
, Σ
∗
j
) avec Σ
∗
j = Pˆ
j,k|k−1 ou Σ
∗
j = Prot
– Tirer Nj échantillons i.i.d. x
i
k ∼ q˜j avec i ∈ Ij,k−1 et Nj = Card(Ij,k−1)
– Calculer ω˜
i
k
et ω
i
k
selon (4.82) et (4.83)
– Poser βj,k =
1
Nj
P
i∈Ij,k−1
ω˜
i
k
− Sinon
– Calculer les poids non normalisés ω˜
i
k
et les poids normalisés ω
i
k de la j-ème
composante selon (4.37) et (4.38)
– Poser βj,k =
P
i∈Ij,k−1
ω˜
i
k
ii. Pour j = 1, . . . , Mk−1, calculer αj,k en fonction des {αj,k−1}1≤j≤Mk−1
et des
{βj,k−1}1≤j≤Mk−1
en utilisant l’équation (4.92)
(c) [Clustering] Décomposer le nuage de particules en Mk clusters Cj,k.
[C
0
j,k, I0
j,k] = meanshiftClustering({x
i
k
}
N
i=1, {ω
i
k
}
N
i=1, K, hMS, Rm, nitermax, εMS)
(d) Mettre à jour les coefficients de mélange αj,k et les poids des particules intra-cluster
ω
i
k pour la nouvelle partition C
0
j,k en utilisant les équations (2.84) et (2.85).
3. Poser j = 1. Tant que j ≤ Mk
− Si αj,k < αmin supprimer le cluster Cj,k et échantillonner Nj nouvelles particules selon
la procédure décrite dans la section 4.3
− Sinon
– Calculer N
j
ef f selon (4.33)
– Si N
j
eff
Nj
est inférieur au seuil de ré-échantillonnage, ré-échantillonner et régulariser les
particules du cluster Cj,k selon l’algorithme décrit dans la section 4.2
– j = j + 1
4. Mettre à jour la fenêtre de lissage h
MS de l’algorithme de clustering mean-shift117
4.5.4 Extension au filtre particulaire Rao-Blackwellisé : algorithme MRBPFMAP
L’algorithme précédent s’étend naturellement au RBPF (cf. section 2.4.1). L’avantage du
RBPF par rapport au RPF est que l’échantillonnage des particules est restreint à la partie nonlinéaire
du vecteur d’état (composantes de la position horizontale dans le cas du recalage altimétrique).
De plus, nous avons observé dans les simulations que les ambiguïtés de terrain sont
résolues plus rapidement par le RBPF que par le RPF : cela permet en principe d’appliquer la
recherche des modes locaux du RBPF pour un coût de calcul moindre puisque le nombre de
modes dans le RBPF est en pratique plus faible que celui du RPF.
Rappellons que le MRBPF est l’extension du MRPF où le RPF est remplacé par le RBPF en
conservant l’étape de régularisation lors du ré-échantillonnage. De même, le MRBPF-MAP est
l’extension du MRPF-MAP. Deux adaptations sont nécessaires afin d’obtenir cet algorithme :
− le calcul de la matrice de covariance de la densité prédite correspondant à chaque cluster se
fait en considérant la décomposition du vecteur d’état en la partie linéaire et non-linéaire
− la correction de Kalman au niveau d’un cluster donné est effectuée différemment selon que
l’échantillonnage d’importance fondée sur les modes locaux est appliquée ou non.
Algorithme 8 : MRBPF-MAP
si k = 1
− tirer x
n,i
k ∼ p(x
n
0
), i = 1, . . . , N
− poser x
l,i
0|0 = ¯x
l
0
et P
l
0|0 = P¯
0
fin si
si k = 2, . . . , n,
− [Prédiction particulaire] Générer un échantillon x
n,i
k|k−1 ∼ p(x
n
k
|x
n
0:k−1
, y0:k−1) (cf. (2.39)),
i = 1, . . . , N. Poser ω
i
k|k−1 = ω
i
k−1
, i = 1, . . . , N.
− [Prédiction de Kalman] Pour i = 1, . . . , N, calculer xˆ
l,i
k|k−1
et P
l
k|k−1
d’après (2.34).
− [Clustering] Décomposer le nuage de particules en Mk clusters Cj,k.
[C
0
j,k, I0
j,k] = meanshiftClustering({x
i
k
}
N
i=1, {ω
i
k
}
N
i=1, K, hMS, Rm, nitermax, εMS)
− [Correction particulaire] Calculer les poids non-normalisés omega ˜
i
k = ω
i
k−1
p(yk|x
n,i
k
, y0:k−1),
i = 1, . . . , N où la vraisemblance p(yk|x
n,i
k
, y0:k−1) est donnée d’après (2.40).
− [Echantillonnage d’importance selon critère de dégénérescence] Pour j = 1, . . . , Mk
– βj =
P
i∈Ij,k ω˜
i
k
– ω
i
k =
ω˜
i
k
βj
, i ∈ Ij,k
– Calculer N
j
ef f ≤ Nth,MAP /Nj selon (4.33)
– indexMAPj = 0
– Si N
j
ef f ≥ Nth,MAP /Nj
– Poser x¯
n
k|k−1,j =
P
i∈Ij,k ω
i
k|k−1x
n,i
k|k−1
– Poser x¯
l
k|k−1,j =
P
i∈Ij,k ω
i
k|k−1x
l,i
k|k−1
– Poser Pˆn
j,k|k−1 =
P
i∈Ij,k ω
i
k|k−1
(x
n,i
k|k−1 − x¯
n
k|k−1,j )(x
n,i
k|k−1 − x¯
n
k|k−1,j )
T118 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
– Poser Pˆl
j,k|k−1 = P
l
k|k−1 +
P
i∈Ij,k ω
i
k|k−1
(x
l,i
k|k−1 − x¯
l
k|k−1,j )(x
l,i
k|k−1 − x¯
l
k|k−1,j )
T
– Poser Pˆnl
j,k|k−1 =
P
i∈Ij,k ω
i
k|k−1
(x
n,i
k|k−1 − x¯
n
k|k−1,j )(x
l,i
k|k−1 − x¯
l
k|k−1,j )
T
– Poser
Pˆ
j,k|k−1 =
Pˆn
j,k|k−1 Pˆnl
j,k|k−1
Pˆnl
j,k|k−1
T
Pˆl
j,k|k−1
et x¯j,k|k−1 =
x¯
n
k|k−1,jT
x¯
l
k|k−1,jT
T
.
– Poser qj = ϕ(.|x¯j,k|k−1, Pˆ
j,k|k−1).
– Calculer xˆ
∗
j = arg maxx p(yk|x)qj (x) selon la méthode de la section 4.5.2.
– Poser q˜j (x) = ϕ(x|xˆ
∗
j
, Σ
∗
j
) avec Σ
∗
j = Pˆ
j,k|k−1 ou Σ
∗
j = Prot
– Tirer Nj échantillons i.i.d. ξ
i ∼ q˜j avec i ∈ Ij,k−1 et Nj = Card(Ij,k−1)
– Poser x
n,i
k = ξ
n,i et x
l,i
k = ξ
l,i avec ξ
i =
ξ
n,i
ξ
l,i
.
– Calculer ω˜
i
k
et ω
i
k
selon (4.82) et (4.83)
– Poser βj,k =
1
Nj
P
i∈Ij,k−1
ω˜
i
k
– indexMAPj = 1
− Pour j = 1, . . . , Mk, calculer αj,k en fonction des {αj,k−1}1≤j≤Mk−1
et des {βj,k−1}1≤j≤Mk−1
en utilisant l’équation (4.92)
− Calculer la moyenne pondérée partie non-linéaire xˆ
n
k =
PMk
j=1
P
i∈Ij,k ω
i
kx
n,i
k
.
− [Ré-échantillonnage] Poser j = 1. Tant que j ≤ Mk
– Si αj,k < αmin supprimer le cluster Cj,k et échantillonner Nj nouvelles particules selon
la procédure décrite dans la section 4.3
– Sinon
– Calculer N
j
ef f selon (4.33)
– Si N
j
eff
Nj
est inférieur au seuil de ré-échantillonnage, ré-échantillonner et régulariser les
particules du cluster Cj,k selon l’algorithme décrit dans la section 4.2
– j = j + 1
− Mettre à jour la fenêtre de lissage h
MS de l’algorithme de clustering mean-shift
− [Correction de Kalman]
− Calculer P
l
k
selon (2.36).
– Pour j = 1, . . . , Mk
– si indexMAPj = 0, calculer xˆ
l,i
k
, i ∈ Ij,k−1 d’après (2.35)
− calculer la moyenne a posteriori de la partie linéaire xˆ
l
k =
PMk
j=1
P
i∈Ij,k ω
i
kx
l,i
k
fin pour
Les performances de cet algorithme seront illustrées dans la section suivante et comparées
avec le RBPF standard.119
4.6 Evaluation des performances du MRPF, du MRPFMAP
et du MRBPF-MAP
Nous présentons dans cette section les performances des filtres développés sur la base de trois
simulations :
− Simulations A : comparaison du MRPF avec le RPF et le RBPF dans un cas nominal
d’intensité de bruit de mesure,
− Simulations B : comparaison du MRPF avec le MRPF-MAP dans un cas où la variance du
bruit de mesure est petite,
− Simulations C : comparaison du MRBPF-MAP avec le MRBPF et le RBPF dans les mêmes
conditions que les simulations B.
Pour chaque simulation, les résultats numériques issus des tirages Monte Carlo sont rapportés,
ceci pour trois types de terrain.
Dans un premier temps, nous introduisons les scénarios de référence (terrain et trajectoire associée)
qui serviront de base aux simulations. Ensuite, nous rappelons le modèle d’état et d’observation.
Enfin, nous présentons les performances en termes d’erreur quadratique moyenne et de
taux de convergence.
4.6.1 Profils de terrain pour le recalage radio-altimétrique
Afin d’évaluer les performances des algorithmes de recalage, nous nous appuyerons sur trois
scénarios de navigation qui diffèrent essentiellement par le niveau d’ambigüité et/ou de dureté du
profil de terrain. La dureté d’un terrain est une caractéristique locale du relief utilisée pour évaluer
son degré de rugosité. Plus celle ci est grande, plus l’information contenue dans le terrain est
importante. Il existe diverses définitions du facteur f de dureté, selon les industriels, la suivante
est couramment utilisée en navigation par corrélation de terrain :
f =
rσT σp
2π
(4.95)
où
− σT désigne l’écart-type de l’altitude locale
− σp désigne l’écart-type de la pente locale
Une valeur de f faible suggère que le terrain est localement plat tandis qu’une valeur de f élevée
indique que le terrain est localement accidenté. On peut montrer que f ∝
σT
XT
, où XT est la
longueur de corrélation du terrain et le rapport σT
XT
caractérise la rugosité de terrain d’après [27].
En pratique, la dureté f en un point de la carte est évaluée en moyennant la dureté nord fn et la
dureté est fe. Afin de calculer fn et fe, les termes σT et σp sont calculées sur une croix nord-est
de 5 km centrée sur le point d’intérêt.
Type de terrain plat vallonné accidenté très accidenté extrêmement accidenté
f 0 à 0.35 0.35 à 0.75 0.75 à 2 2 à 3.6 > 3.6
L’ambiguïté de terrain désigne la présence de portions de terrain dont les profils en altitude
sont semblables. En terme de filtrage, plus un terrain est ambigu, plus l’intervalle de temps
pendant lequel le filtre est multimodal est grand.120 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Lors de l’évaluation et la comparaison des différents filtres de navigations, nous considérons
des trajectoires rectilignes. Le radio-altimètre fournit une mesure à la fréquence de 10 Hz Les
scénarios de navigation que nous considérons ont les caractéristiques suivantes :
− Scénario 1 : Terrain peu ambigu, présentant une dureté moyenne.
− Scénario 2 : Terrain ambigu en début de recalage, avec une dureté élevée.
− Scénario 3 : Terrain très ambigu sur la première moitié de la trajectoire, moyennement
ambigu sur la deuxième moitié de la trajectoire. La dureté le long de la trajectoire considérée
est faible (f < 0.35).
4.6.2 Modèle d’état et d’observation
Nous souhaitons estimer à chaque instant k ≥ 0, le vecteur d’erreur inertielle
xk =
h
xk,1 xk,2 xk,3 xk,4 xk,5 xk,6
iT
défini par
xk =
δx
δv
k
(4.96)
où
δxk =
δxn
δxe
δxd
k
(4.97)
désigne le vecteur d’erreur en position horizontale dans le repère TGL (n, e, d) défini au chapitre
3, section 3.1.1. De même,
δvk =
δvn
δve
δvd
k
(4.98)
est le vecteur d’erreur en vitesse horizontale dans ce même repère.
La dynamique que nous considérons est un modèle double intégrateur défini par
xk+1 = F xk + Gkwk (4.99)
avec
F =
I3 ∆I3
03 I3
Gk =
∆2
2
I3
∆I3
(4.100)
− I3 est la matrice identité de taille
− 03 est la matrice nulle de taille 3 × 3
− ∆ est la période d’échantillonnage.
− wk est un bruit blanc gaussien de covariance Q121
(a) Profil de terrain et trajectoire (trait rouge)
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
1200
1300
1400
1500
1600
1700
1800
1900
temps (s)
m
(b) Hauteur de terrain le long de la trajectoire
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
1.4
1.6
1.8
2
2.2
2.4
2.6
2.8
3
3.2
3.4
dureté
temps (s)
(c) Dureté du terrain le long de la trajectoire122 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
(a) Profil de terrain et trajectoire (trait rouge)
0 20 40 60 80 100 120
400
500
600
700
800
900
1000
1100
1200
temps (s)
m
(b) Hauteur de terrain le long de la trajectoire
0 20 40 60 80 100 120
0.8
1
1.2
1.4
1.6
1.8
2
2.2
2.4
2.6
dureté
temps (s)
(c) Dureté du terrain le long de la trajectoire123
(a) Profil de terrain et trajectoire (trait rouge)
0 20 40 60 80 100
600
650
700
750
800
850
900
950
temps (s)
m
(b) Hauteur de terrain le long de la trajectoire
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
1.2
1.4
dureté
temps (s)
(c) Dureté du terrain sous la trajectoire124 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Notons que dans cette étude, nous n’estimons pas les angles d’attitude étant donné que
les trajectoires considérées sont assez courtes et ne permettent pas aux erreurs d’estimation
d’attitude de converger suffisamment.
Le modèle d’observation que nous considérons est celui d’une mesure altimétrique correspondant
à la hauteur-sol bruitée par un bruit blanc additif gaussien v de variance σ
2
v
. Soit λ˜, φ˜ et z˜, la
latitude, longitude et altitude inertielle de l’aéronef. On introduit également le modèle numérique
de terrain hMNT qui à une latitude λ et une longitude φ, fait correspondre la hauteur du relief
hMNT (λ, φ). La mesure altimétrique y correspond à la différence entre l’altitude z du mobile et la
hauteur du MNT correspond à la position horizontale (λ, φ) du mobile, à laquelle vient s’ajouter
un bruit d’observation v ∼ N (0, σ2
v
).
y = z − hMNT (λ, φ) + v (4.101)
Compte tenu de l’orientation de l’axe d du TGL, l’altitude réelle z du mobile est reliée à l’altitude
inertielle z˜ selon
z = ˜z − δxd
De même, la latitude réelle λ et la longitude réelle φ de l’aéronef s’obtiennent en fonction de
leurs équivalents inertiels d’après les expressions suivantes :
λ =λ˜ +
δxn
Rλ˜ + ˜z
φ =φ˜ +
δxe
Rφ˜ + ˜z
cos φ˜
(4.102)
Finalement, l’équation d’observation est
yk = ˜zk − xk,3 − hMNT
λ˜ +
xk,1
Rλ˜ + ˜zk
, φ˜
k +
xk,2
Rφ˜ + ˜zk
cos φ˜
k
+ vk (4.103)
où Rλ˜ et Rφ˜ sont respectivement les rayons nord et est défini par les équations (3.9) et (3.10).
4.6.3 Critères de performances
Pour chaque scénario nous calculons l’erreur quadratique moyenne (MSE), le taux de non
divergence ainsi que la vitesse de convergence des algorithmes.
Etant donné un estimateur xˆk de xk issu d’un algorithme particulaire, nous définissons momentanément
ici l’erreur quadratique moyenne comme
MSE(ˆxk) = Ep(xk,y0:k)
h
(ˆxk − xk)(ˆxk − xk)
T
i
(4.104)
Cette définition diffère légèrement de celle donnée dans le chapitre 1 et nous permet d’estimer
l’erreur quadratique moyenne commise sur chacun des axes nord, est et down en position et
vitesse. Dans les trois algorithmes considérés l’estimateur xˆk est la moyenne pondérée
xˆk =
X
N
i=1
ω
i
kx
i
k125
Géoïde
z
Figure 4.14 – Mesure altimétrique
La vraie densité jointe p(xk, y0:k) étant inconnue, nous approchons le MSE sur la base de
NMC = 200 réalisations du filtre :
MSE(ˆxk) ≈
1
NMC
N
XMC
j=1
(ˆx
j
k − x
j
k
)(ˆx
j
k − x
j
k
)
T
(4.105)
où les termes xˆ
j
k
et x
j
k
représentent respectivement l’estimée du filtre et l’état vrai pour la j-ème
réalisation du filtre. L’état vrai correspond à la vraie erreur inertielle simulée sur la bases des
paramètres données dans la section 4.6.4.1.
Afin d’évaluer l’efficacité des algorithmes en terme d’erreur, le MSE est comparé à la borne de
Cramer-Rao a posteriori (BCR) qui correspond à une borne inférieure sur l’erreur quadratique du
filtre optimal. Pour les modèles à espace d’état de type (2.6), l’erreur quadratique moyenne d’un
estimateur xˆ0:k de x0:k est minorée par l’inverse de la matrice d’information de Fisher du modèle
i.e.
MSE(ˆx0:k) = E
h
(ˆx0:k − x0:k)(ˆx0:k − x0:k)
T
i
≥ J
−1
0:k
(4.106)
où la matrice d’information de Fisher J0:k est définie de la manière suivante :
J0:k = −Ep(x0:k,y0:k)
"
∂
2
∂x2
0:k
log p(x0:k, y0:k)
#
(4.107)
En ce qui concerne cette étude, nous souhaitons plutôt une borne sur MSE(ˆxk). En décomposant
J0:k en blocs Ak, Bk et Ck de taille respectives kd × kd, kd × d et d × d
J0:k =
Ak Bk
BT
k Ck
(4.108)126 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
on a [114]
MSE(ˆxk) ≥ J
−1
k
(4.109)
Jk = Ck − BT
k AkBk est la matrice d’information de Fisher associée à l’estimation de xk.
En pratique, l’algorithme de Tichavsky et al. [114] qui permet de calculer Jk récursivement hors
ligne.
Enfin, nous estimons pour chaque filtre le taux de non-divergence qui est calculé comme le
rapport du nombre de réalisations non-divergentes sur le nombre total de réalisations du filtre.
On considère qu’il y a divergence d’une réalisation d’un filtre lorsque l’erreur entre l’état xk
et l’estimée xˆk est grande devant la covariance de l’estimation. Plus précisément, si n désigne
l’instant final de la trajectoire, une divergence est déclarée lorsque xn se trouve en dehors de
l’ellipsoïde de confiance au seuil α associée à la distribution gaussienne centrée en xˆn et de
covariance Pˆ
n où Pˆ
n désigne la covariance empirique du filtre. Autrement dit, une réalisation sera
considérée divergente si
(ˆxn − xn)
TPˆ−1
n
(ˆxn − xn) > χ2
d,1−α
(4.110)
où χ
2
2,1−α
est le quantile d’ordre 1 − α de la distribution du khi-deux à d degrés de libertés. Dans
les simulations, nous avons pris la valeur α = 0.001 pour le niveau de confiance.
Ce critère est motivé par l’utilisation d’une approximation gaussienne de la distribution empirique
pˆn =
PN
i=1 ω
i
n
δxi
n
: en cas de non-divergence, l’état vrai xk doit se trouver dans l’ellipsoïde
de confiance associée à la distribution gaussienne dont les moments sont ceux de pˆn. Nous
reviendrons sur la divergence du filtre particulaire au chapitre 5, dans le cadre de sa détection en
ligne.
4.6.4 Simulations A : évaluation des performances du MRPF
Le MRPF est ici comparé à deux algorithmes particulaires classiques :
− le filtre particulaire régularisé (RPF) présenté au chapitre 2, section 2.3
− le filtre particulaire Rao-Blackwellisé (RBPF) exposé au chapitre 2, section 2.4.1
4.6.4.1 Conditions de simulations
Simulation de trajectoires inertielles Les trajectoires inertielles sont simulées en prenant les
paramètres accélérométriques et gyrométriques suivants :
− écart-type du biais accélérométrique : σa = 3.10−5 m.s−2
− période de corrélation du biais accélérométrique : τa = 60 s
− écart-type du biais gyrométrique : σa = 10−6
rad.s−1
− période de corrélation du biais gyrométrique : τg = 60 s
L’erreur initiale en position, vitesse et attitude suit une distribution gaussienne centrée de matrice
de covariance
P
INS
0 = diag(σ
2
0,xn
, σ2
0,xe
, σ2
0,xd
, σ2
0,vn
, σ2
0,ve
, σ2
0,vd
, σ2
0,ϕ, σ2
0,θ, σ2
0,ψ)
avec :127
− σ0,xn = 1000 m (écart-type en position Nord)
− σ0,xe = 1000 m (écart-type en position Est)
− σ0,xd = 100 m (écart-type en position Verticale)
− σ0,vn = 3 m.s−1
(écart-type en vitesse Nord)
− σ0,ve = 3 m.s−1
(écart-type en vitesse Est)
− σ0,vd = 1 m.s−1
(écart-type en vitesse Verticale)
− σ0,ϕ = σ0,θ = σ0,ψ = 0.05 π
180
◦
(écarts-type en roulis, tangage et lacet)
Paramètres du modèle de dynamique et de mesure
− covariance du bruit de dynamique Q = diag
1
2 1
2 0.012
− écart-type du bruit de mesure du radio-altimètre σv = 15 m
− période d’échantillonnage ∆ = 0.1 s
Paramètres propres aux filtres
RPF
B NRP F = 5000 particules
B seuil de ré-échantilonnnage : Nth =
NRP F
2
MRPF
B NMRP F = 5000 particules
B Paramètres de l’algorithme mean-shift clustering :
• rayon de fusion Rm = 100 m
• nombre d’itérations maximum par procédure mean-shift : nitermax = 50
• seuil de convergence ε
MS = 1 m
B seuil de suppression de cluster αmin = 10−8
L’algorithme de clustering est appliqué toutes les 5 itérations afin de limiter le surcoût algorithmique
RBPF
B NRBP F = 5000 particules
B seuil de ré-échantillonnage : Nth =
NRBP F
2128 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
4.6.4.2 Résultats numériques
Scénario 1
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
104
temps (s)
RMSE position nord (m)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
104
temps (s)
RMSE position est (m)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
temps (s)
RMSE position down (m)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
Figure 4.15 – RMSE en position ; noir : MRPF, vert : RBPF, bleu : RPF129
0 20 40 60 80 100
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps (s)
RMSE vitesse nord (m.s−1
)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
temps (s)
RMSE vitesse est (m.s−1
)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
1.2
1.4
1.6
temps (s)
RMSE vitesse down (m.s−1
)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
Figure 4.16 – RMSE en vitesse ; noir : MRPF, vert : RBPF, bleu : RPF130 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Scénario 2
0 20 40 60 80 100 120
100
101
102
103
104
temps (s)
RMSE position nord (m)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
100
101
102
103
104
temps (s)
RMSE position est (m)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
100
101
102
103
temps (s)
RMSE position down (m)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
Figure 4.17 – RMSE en position ; noir : MRPF, vert : RBPF, bleu : RPF131
0 20 40 60 80 100 120
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
temps (s)
RMSE vitesse nord (m.s−1
)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps (s)
RMSE vitesse est (m.s−1
)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
0
0.5
1
1.5
2
2.5
temps (s)
RMSE vitesse down (m.s−1
)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
Figure 4.18 – RMSE en vitesse ; noir : MRPF, vert : RBPF, bleu : RPF132 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Scénario 3
0 20 40 60 80 100
101
102
103
104
temps (s)
RMSE position nord (m)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100
101
102
103
104
temps (s)
RMSE position est (m)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
temps (s)
RMSE position down (m)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
Figure 4.19 – RMSE en position ; noir : MRPF, vert : RBPF, bleu : RPF133
0 20 40 60 80 100
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
5
temps (s)
RMSE vitesse nord (m.s−1
)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
5
5.5
temps (s)
RMSE vitesse est (m.s−1
)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
1.2
1.4
temps (s)
RMSE vitesse down (m.s−1
)
MRPF
RBPF
RPF
BCR
Figure 4.20 – RMSE en vitesse ; noir : MRPF, vert : RBPF, bleu : RPF134 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
MRPF RBPF RPF
scénario 1 94 93 73
scénario 2 93 97 60
scénario 3 90 94 50
Table 4.2 – Simulations A : Taux de non divergence (%)
Figure 4.21 – Conservation des modes du MRPF dans le scénario 3 : chaque mode est représenté
par un nuage de point de couleur différente
Analyse des résultats
B scénario 1 : L’analyse du RMSE fait apparaître une précision légèrement meilleure en
position du MRPF par rapport au RPF sur la partie centrale de la trajectoire, les erreurs
de vitesse étant comparables. De plus, on constate que le MRPF est plus robuste aux
divergences que RPF (21% de cas non divergents en plus pour le MRPF).
B scénario 2 : ce terrain cumule deux types de difficultés pour le filtre particulaire : la présence
d’ambiguïtés en début de recalage et l’apparition d’un dénivelé abrupt (canyon) sur la
première portion du terrain, qui en terme de filtrage, correspond à un pic d’information
élevé dont on a vu qu’il pouvait provoquer la divergence du filtre lorsque peu de particules
tombent dans la zone d’intérêt. Ici le gain en robustesse du MRPF par rapport au RPF
est bien plus marqué (33% de divergences en moins). L’erreur quadratique moyenne de
la position pour les réalisations convergentes est la plus faible dans le RBPF en début de
trajectoire ; sur la deuxième moitié de la trajectoire, le MRPF a un avantage en terme de
précision sur le RPF et son RMSE est comparable à celui du RBPF.
B Ce scénario est le plus ambigu des trois : le MRPF converge à une fréquence plus élevée135
que le RPF. On peut néanmoins constater une moindre précision du MRPF sur l’estimation
des composantes de précision sur la la première moitié de la trajectoire. Ceci correspond
au fait que l’algorithme maintient les modes plus longtemps que le RPF et le RBPF et que
l’ambiguité persiste jusqu’à 45 secondes environ après le début du vol (cf. figure 4.21).
Il se trouve que sur la portion de terrain considérée, les modes maintenus peuvent être
relativement éloignés ce qui explique que l’estimation du MRPF (la moyenne pondérée)
est moins précise sur la première moitié de la trajectoire.
Nous observons sur les figures 4.15, 4.17 et 4.19 que le RMSE est éloigné de la BCR dans les
phases multimodales, la BCR étant un critère de performance locale. En outre, le RMSE n’est
pas le critère de performance le plus pertinent dans les phases multimodales car il est calculé avec
l’état vrai et non avec l’espérance conditionnelle exacte qui est inconnue.
Enfin, le temps de calcul du MRPF est de 1.8 fois supérieur à celui du RPF et 1.4 fois supérieur
à celui du RBPF.
4.6.5 Simulations B : évaluation des performances du MRPF-MAP
Afin d’illustrer les performances du MRPF-MAP, nous avons considéré un cas où la dynamique
de l’aéronef est faiblement bruitée avec un radio-altimètre délivrant des mesures précises. Comme
nous l’avons évoqué dans la section 4.5.1, les méthodes particulaires où la prédiction se fait selon
le noyau de transition sont souvent peu efficaces, puisque beaucoup de particules sont propagées
dans des zones de faible vraisemblance.
Nous comparons ici le MRPF-MAP au MRPF en terme d’erreur quadratique moyenne et de robustesse
aux divergences. 2 versions du MRPF-MAP utilisant deux densités d’importance légèrement
différentes sont présentées-ci après :
− MRPF-MAP 1 : utilise une loi d’importance locale q˜ = N (ˆx
∗
j
, Pj ) (cf. 4.5.3.1) en cas
d’incohérence entre la densité prédite et la fonction de vraisemblance. xˆ
∗
j
et Pj désigne le
MAP local et la covariance prédite du cluster d’indice j
− MRPF-MAP 2 : utilise une loi d’importance locale q˜ = N (ˆx
∗
j
, Prot) en cas d’incohérence
entre la densité prédite et la fonction de vraisemblance où Prot est défini par (4.64).
Les performances du RPF standard étant peu satisfaisantes dans le cas qui nous intéressent, elles
ne sont pas exposées dans les résultats numériques.
Afin de caractériser les performances du MRPF-MAP, nous distinguons deux situations :
Cas faiblement multimodal Nous établissons les performances du MRPF-MAP lorsque le nombre
de modes de la densité a posteriori est petit (inférieur à 10). L’objectif est d’évaluer l’apport
de l’échantillonnage d’importance, lorsque le coût lié à la recherche des maxima locaux est
modeste.
Cette situation est simulée en considérant les paramètres suivants :
− écart-type du bruit de mesure du radio-altimètre σv = 1 m
− L’état initial x0 suit une distribution gaussienne centrée de covariance
P
INS
0 = diag((100m)
2
, (100m)
2
, (100m)
2
, (3m/s)
2
, (3m/s)
2
, (1m/s)
2
)136 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Cas fortement multimodal Cette situation est caractérisée par la présence d’un nombre important
de modes en début de recalage de sorte que l’échantillonnage d’importance basé
sur les maxima locaux occasionne un coût de calcul non-négligeable s’il est appliqué brutalement.
Afin de limiter ce surcoût algorithmique, l’échantillonnage d’importance de densité
q˜ n’est activé uniquement que lorsque le filtre présente moins de 30 modes. Ce cas est
simulé en prenant les paramètres suivants :
− écart-type du bruit de mesure du radio-altimètre σv = 5 m
− L’état initial x0 suit une distribution gaussienne centrée de covariance
P
INS
0 = diag((1000m)
2
, (1000m)
2
, (100m)
2
, (3m/s)
2
, (3m/s)
2
, (1m/s)
2
)
4.6.5.1 Conditions de simulations
Paramètres propres aux filtres
MRPF
B NMRP F = 4000 particules
B seuil de ré-échantilonnage : Nth =
NMRP F
2
MRPF-MAP
B NMRP F −MAP = 3000 particules
B seuil de déclenchement de l’échantillonnage selon la loi d’importance centrée sur le MAP :
Nth,MAP =
3
4Nth
B Algorithme d’optimisation : BFGS [10]
B Paramètres de l’algorithme mean-shift clustering :
• rayon de fusion Rm = 25 m
• nombre d’itérations maximum par procédure mean-shift : nitermax = 50
• seuil de convergence ε
MS = 1 m
B seuil de suppression de cluster αmin = 10−10137
4.6.5.2 Résultats numériques
Cas faiblement multimodal (scénario 2)
0 10 20 30 40 50
10−1
100
101
102
103
temps(s)
RMSE position nord (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 10 20 30 40 50
10−1
100
101
102
103
temps(s)
RMSE position est (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 10 20 30 40 50
10−1
100
101
102
temps(s)
RMSE position down (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
Figure 4.22 – RMSE en position138 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
0 10 20 30 40 50
0
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps(s)
RMSE vitesse nord (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 10 20 30 40 50
0
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
5
temps(s)
RMSE vitesse est (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 10 20 30 40 50
0
0.5
1
1.5
2
2.5
temps(s)
RMSE vitesse down (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
Figure 4.23 – RMSE en vitesse139
Analyse des résultats
Les taux de non-divergence sont de 92% pour le MRPF-MAP 1 et le MRPF-MAP 2 et de 78%
pour le MRPF standard. Les courbes d’erreur quadratique moyenne de la figure 4.22 montrent
que la borne de Cramer-Rao a posteriori sur l’erreur de postition est atteinte plus rapidement
dans le cas de l’utilisation du MRPF. En revanche, le RMSE est plus élevé en début de recalage,
ce qui peut s’expliquer par le fait que le MRPF-MAP maintient plus longtemps des clusters dont
le recouvrement avec la fonction de vraisemblance est initialement faible mais augmente petit
à petit. Les choix différents de la covariance de la densité d’importance ne semblent pas avoir
d’incidence sur la robustesse ou la précision du MRPF-MAP.140 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Cas fortement multimodal
Scénario 1
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
temps(s)
RMSE position nord (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
temps(s)
RMSE position est (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100
10−1
100
101
102
temps(s)
RMSE position down (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
Figure 4.24 – RMSE en position141
0 20 40 60 80 100
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
5
temps(s)
RMSE vitesse nord (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps(s)
RMSE vitesse est (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
1.2
1.4
1.6
temps(s)
RMSE vitesse down (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
Figure 4.25 – RMSE en vitesse142 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Scénario 2
0 20 40 60 80 100 120
100
101
102
103
104
temps(s)
RMSE position nord (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
100
101
102
103
104
temps(s)
RMSE position est (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
10−1
100
101
102
temps(s)
RMSE position down (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
Figure 4.26 – RMSE en position143
0 20 40 60 80 100 120
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps(s)
RMSE vitesse nord (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps(s)
RMSE vitesse est (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
0
0.5
1
1.5
2
2.5
temps(s)
RMSE vitesse down (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
Figure 4.27 – RMSE en vitesse144 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Scénario 3
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
temps(s)
RMSE position nord (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
temps(s)
RMSE position est (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100
10−1
100
101
102
103
temps(s)
RMSE position down (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
Figure 4.28 – RMSE en position145
0 20 40 60 80 100
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
5
temps(s)
RMSE vitesse nord (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
5
5.5
temps(s)
RMSE vitesse est (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
1.2
1.4
temps(s)
RMSE vitesse down (m)
MRPF−MAP 1
MRPF−MAP 2
MRPF
BCR
Figure 4.29 – RMSE en vitesse146 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
MRPF-MAP 1 MRPF-MAP 2 MRPF
scénario 1 78 78 72
scénario 2 80 82 73
scénario 3 78 76 73
Table 4.3 – Simulations B : Taux de non divergence (%)
Analyse des résultats
B scénario 1 : les deux versions du MRPF-MAP sont plus précises en termes de RMSE
comparativement au MRPF sur une bonne partie de la trajectoire. En revanche, il semble
que l’utilisation de la densité d’importance q˜2 ne permet pas de gagner en précision sur
l’estimation de la position et de la vitesse de l’aéronef par rapport à q˜1 (voir la figure 4.24).
Les deux versions du MRPF-MAP sont également plus robustes aux divergences (6% de
cas convergents supplémentaires) que le MRPF standard.
B scénario 2 : même constat ici ; les deux versions du MRPF-MAP permettent de gagner
jusqu’à 10 mètres de précision supplémentaire en position nord et est dans la phase monomodale,
et 3 mètres en erreur verticale (cf. figure 4.26). Le MRPF-MAP 1 et le MRPF-MAP
2 présentent ici des gains en taux de non-divergence de 7% et 9% respectivement relativement
au MRPF. L’utilisation de la densité d’importance q˜2 dans le MRPF-MAP permet
d’obtenir une modeste augmentation des cas convergents par rapport à q˜1.
B scénario 3 : Le MRPF apporte un gain modéré en terme de robustesse (5% de cas convergents
en plus pour le MRPF-MAP 1, 3% pour le MRPF-MAP 2).
4.6.6 Simulations C : évaluation des performances du MRBPF-MAP
Le MRBPF-MAP est l’extension du MRPF-MAP obtenu en considérant un filtre particulaire
Rao-Blackwellisé à la place du RPF standard. Dans l’algorithme MRBPF-MAP que nous avons
implémenté, la procédure de régularisation a été conservé afin d’assurer la robustesse au petit
bruit d’état. L’extension au RBPF est justifié expérimentalement par le fait que le filtre RaoBlackwellisé
élimine plus rapidement les modes non-pertinents de la densité a posteriori. Dans
ce cas, on peut espérer utiliser l’échantillonnage d’importance fondé sur les modes locaux dès
les premiers instants de filtrage, là où il faut attendre quelques itérations dans le cas du MRPFMAP.
Dans les simulations suivantes, l’échantillonnage selon la densité d’importance q˜ = ˜q2 n’est
enclenché que lorsque le filtre comporte moins de 20 modes afin de limiter le temps de calcul lié
à la recherche des modes. Les paramètres du modèles sont les suivants :
B écart-type du bruit de mesure du radio-altimètre : σv = 5 m
B l’état initial x0 suit une distribution gaussienne centrée de covariance
P
INS
0 = diag((1000m)
2
, (1000m)
2
, (100m)
2
, (3m/s)
2
, (3m/s)
2
, (1m/s)
2
)147
Paramètres propres aux filtres
RBPF
B NRBP F = 4000 particules
B seuil de ré-échantilonnage : Nth =
NRBP F
3
MRBPF et MRBPF-MAP
B NMRBP F = 4000 particules
B NMRBP F −MAP = 3000 particules
B seuil de déclenchement de l’échantillonnage selon la loi d’importance centrée sur le MAP :
Nth,MAP =
3
4Nth
B seuil de suppression de cluster αmin = 10−20148 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
4.6.6.1 Résultats numériques
Scénario 1
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
temps (s)
RMSE position nord (m)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
temps (s)
RMSE position est (m)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100
10−1
100
101
102
103
temps (s)
RMSE position down (m)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
Figure 4.30 – RMSE en position149
0 20 40 60 80 100
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps (s)
RMSE vitesse nord (m.s−1
)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps (s)
RMSE vitesse est (m.s−1
)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
Figure 4.31 – RMSE en vitesse150 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Scénario 2
0 20 40 60 80 100 120
100
101
102
103
temps (s)
RMSE position nord (m)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
100
101
102
103
104
temps (s)
RMSE position est (m)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
10−1
100
101
102
temps (s)
RMSE position down (m)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
Figure 4.32 – RMSE en position151
0 20 40 60 80 100 120
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
temps (s)
RMSE vitesse nord (m.s−1
)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps (s)
RMSE vitesse est (m.s−1
)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100 120
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
temps (s)
RMSE vitesse down (m.s−1
)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
Figure 4.33 – RMSE en vitesse152 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
Scénario 3
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
temps (s)
RMSE position nord (m)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100
100
101
102
103
104
temps (s)
RMSE position est (m)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100
10−1
100
101
102
103
temps (s)
RMSE position down (m)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
Figure 4.34 – RMSE en position153
0 20 40 60 80 100
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps (s)
RMSE vitesse nord (m.s−1
)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0.5
1
1.5
2
2.5
3
3.5
4
4.5
temps (s)
RMSE vitesse est (m.s−1
)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
0 20 40 60 80 100
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
1.2
1.4
temps (s)
RMSE vitesse down (m.s−1
)
MRBPF−MAP
MRBPF
RBPF
BCR
Figure 4.35 – RMSE en vitesse154 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités
RBPF MRBPF MRBPF-MAP
scénario 1 71 74 86
scénario 2 83 79 93
scénario 3 71 73 84
Table 4.4 – Simulations C : Taux de non divergence (%)
Analyse des résultats
B scénario 1 : de la 30ème à la 60ème seconde de la trajectoire, le RMSE des composantes
de position du MRBPF-MAP est significativement inférieur à celui du RBPF et du MRBPF
comme le montre la figure 4.30. Le gain en précision sur les composantes de vitesse est peu
significatif excepté pour la composante de vitesse verticale. Enfin, le gain du MRBPF-MAP
en terme de taux non-divergence est de 12% comparé au MRBPF et de 15% par rapport
au RBPF standard.
B scénario 2 : Ici, on remarque également que le RMSE en position du MRBPF-MAP est
inférieur à celui du RBPF et du MRBPF à partir de la 20ème seconde (fig. 4.32). L’analyse
de la figure 4.33 révèle que les composantes de vitesses ne sont pas estimées avec plus de
précision par le MRBPF-MAP. Le taux de non-divergence du MRBPF-MAP est supérieur
de 14% par rapport au MRBPF et 10% par rapport au RBPF.
B scénario 3 : La figure 4.34 ne montre pas d’amélioration appréciable en précision pour le
MRBPF-MAP pour les composantes de position. Le RMSE du MRBPF-MAP est légèrement
plus élevé pour les composantes de vitesse horizontale (cf. fig. 4.35). En revanche le
MRBPF-MAP converge à 84% contre 73% pour le MRBPF et 71% pour le RBPF.
Pour le choix de paramètres précédent, le temps de calcul du MRBPF-MAP est environ 2.3 fois
celui du RBPF.155
Conclusion du Chapitre 4
Nous avons développé dans ce chapitre un nouvel algorithme, le MRPF, permettant de gérer
le caractère fortement multimodal de la loi a posteriori en début de recalage. Cet algorithme
est étendu au filtre Rao-Blackwellisé et donne lieu au MRBPF. L’un des apports du MRPF est
l’identification des modes de la loi empirique du filtre particulaire grâce à l’algorithme mean-shift.
La formulation du MRPF sous forme de mélange de densités permet la régularisation locale du
nuage de particules qui est plus robuste que l’implémentation classique de la régularisation qui
suppose implicitement une loi a posteriori monomodale. Enfin, nous avons introduit une procédure
d’échantillonnage d’importance fondée sur les modes locaux de la densité a posteriori.
Chaque mode local est calculé en approximant la densité prédite de chaque composante du mé-
lange par une densité gaussienne dont les moments sont calculés empiriquement. La matrice de
covariance de la densité d’importance est orientée suivant les axes principaux de la loi a posteriori,
ce qui permet de générer le nuage de particules dans les zones d’intérêt. Le déclenchement de
cette procédure d’échantillonnage d’importance est fait adaptativement en contrôlant la taille
effective de l’échantillon au niveau de chaque cluster. L’algorithme résultant, le MRPF-MAP, a
été comparé au MRPF dans un cas où les techniques d’échantillonnage classiques sont mises en
difficulté, par exemple lorsque la variance du bruit de mesure est petite. Des gains en robustesse
et en précision des filtres proposés ont été observés sur ces scénarios. L’extension du MRPF-MAP
au filtre Rao-Blackwellisé, notée MRBPF-MAP, a également été implémentée. Les simulations
ont montré que l’utilisation de la procédure d’échantillonnage d’importance précédente permet
d’obtenir des gains en terme de taux non-divergence encore plus significatifs que ceux obtenus
avec le MRPF-MAP.156 4. Développement de filtres particulaires adaptés aux multimodalités157
Chapitre 5
Test d’intégrité pour le filtrage
particulaire : application au recalage
radio-altimétrique
5.1 Introduction
Les algorithmes de filtrage particulaire permettent d’obtenir une estimation sur l’état d’un
système donné avec une confiance associée. Cette estimation peut servir d’entrée à une architecture
dont la fonction est potentiellement critique : il est donc nécessaire de contrôler tout au
long de la procédure d’estimation la fiabilité de l’estimée particulaire. L’objectif de ce chapitre est
de proposer un cadre de détection séquentielle de divergence du filtre particulaire. En première
approximation, nous définirons la divergence du filtre comme un état tel que l’erreur d’estimation
est grande devant le domaine de confiance représenté par le système de particules et tel que la
succession des étapes de prédiction, de correction et de ré-échantillonnage ne permet pas au filtre
de converger vers l’état vrai.
Nous ouvrons ce chapitre avec un aperçu rapide des méthodes statistiques pour la détection de
changement. Après avoir rappelé quelques résultats sur les détecteurs de divergence en filtrage de
Kalman, nous formulons un test d’hypothèse pour la détection de divergence adapté aux filtres
particulaires, que nous mettons en oeuvre grâce à l’algorithme CUSUM [98]. Nous illustrons ensuite
les performances du détecteur de divergence sur la problématique du recalage altimétrique
par filtrage particulaire et nous évaluons l’apport de la ré-initialisation du filtre en cas de détection
de divergence.
5.2 Outils statistiques pour la détection de changement
5.2.1 Test d’hypothèses
Dans les applications de détection de pannes ou de contrôle d’intégrité, on s’intéresse à une
suite de données suivant un modèle paramétrique dont les paramètres subissent des changements158
5. Test d’intégrité pour le filtrage particulaire : application au recalage
radio-altimétrique
brusques à des instants inconnus [4] : ces changements indiquent typiquement un évènement
anormal (panne, . . . ). L’objectif est alors de déterminer au plus tôt si un changement a eu lieu
et éventuellement à quel instant il est survenu.
Formellement, c’est un problème de test d’hypothèse qui peut être séquentiel ou non. Soit
(uk)k≥1 une suite variables aléatoires de R
r
, caractéristiques du système que l’on souhaite contrô-
ler. On suppose que les uk sont indépendants et distribués selon une loi paramétrique de densité
pθ, θ ∈ Θ où Θ est un sous-ensemble de R. Soit Θ0 et Θ1 deux sous-ensembles disjoints de
l’espace des paramètres Θ. On souhaite décider entre les hypothèses H0 et H1 définis par
H0 : θ ∈ Θ0
H1 : θ ∈ Θ1
(5.1)
Deux cas peuvent se produire :
1. Θ0 = {θ0} et Θ1 = {θ1} avec θ0, θ1 ∈ R. C’est un cas de test d’hypothèses simple.
2. Au moins l’un des ensembles Θi
, i = 1, 2 contient plus d’un élément : c’est un test
d’hypothèses composites
Définition 1. Etant donné un n-échantillon u1, . . . , un, un test statistique entre deux hypothèses
H0 et H1 est une application D : R
r×n
7→ {0, 1} qui à (u1, . . . , un)
4
= U
n
1
associe
D(U
n
1
) =
0 si on accepte H0
1 si on accepte H1
D(U
n
1
) est une variable aléatoire appelée règle (ou fonction) de décision.
La qualité d’un test d’hypothèses est habituellement évaluée grâce aux erreurs de première
et deuxièmes espèces. L’erreur de première espèce α0(θ) est la probabilité de rejeter H0 sachant
que H0 est vrai tandis que l’erreur de deuxième espèce α1(θ) est la probabilité de rejeter H1 à
tort, i.e.
α0 = P(D(U
n
1
) 6= 0|H0)
α1 = P(D(U
n
1
) 6= 1|H1)
Enfin la puissance d’un test β est définie comme la probabilité d’accepter H1 lorsque θ ∈ Θ1,
càd β = 1 − α1.
Lorsque l’hypothèse est composite α0 dépend de la valeur inconnue du paramètre θ ∈ Θ0. On
définit alors le niveau α du test comme α = supθ∈Θ0
α0(θ).
5.2.2 Test séquentiel entre hypothèses simples
L’analyse séquentielle consiste à déterminer un test entre deux hypothèses H0 et H1, lorsque
les données (uk)k≥1 sont observées les unes après les autres [119, 4].159
Définition 2. Un test séquentiel entre H0 et H1 est un couple (D, T) où T est un temps d’arrêt
et D(U
T
1
) une règle de décision.
En général, les test séquentiels exigent une taille de données moindre pour des risques α0 et
α1 donnés par rapport aux tests non-séquentiels.
Définition 3. Etant donné deux hypothèses simples H0 : θ = θ0 et H1 : θ = θ1, on définit le
rapport de vraisemblance Sk = ln pθ1
(U
k
1
)
pθ0
(U
k
1
)
. (D, T) est un test séquentiel du rapport de probabilités
(ou SPRT pour Sequential Probability Ratio Test) entre H0 et H1 lorsque les données (uk)k≥1
sont observées séquentiellement et qu’à l’instant k :
− on accepte H0 lorsque Sk ≤ −a
− on accepte H1 lorsque Sk ≥ h
− on recueille les données et on teste tant que −a < Sk < h
où a et h sont des seuils finis.
La règle de décision correspondante est
D(U
T
1
) =
0 si ST ≤ −a
1 si ST ≥ h
(5.2)
où T = min {n ≥ 1 | {Sn ≤ −a} ou {Sk ≥ h}} est le temps d’arrêt.
5.2.3 Algorithme CUSUM pour la détection de changement en ligne
L’algorithme CUSUM (CUmulative SUM) de Page [98] est un cas particulier de SPRT pour le
test de changement de moyenne d’une distribution gaussienne univarié très utilisé en détection de
changement. Dans sa version originale, on suppose que la suite de v.a. (uk)k suit une distribution
gaussienne de densité pθ où θ est la moyenne et σ
2
la variance. De plus, on suppose qu’à un
instant t0 inconnu, le paramètre θ change de valeur,
θ = θ0 si t < t0
θ = θ1 si t ≥ t0
(5.3)
L’objectif étant de détecter la présence d’un changement de paramètre, le principe du CUSUM
est de tester de manière répétée entre H0 : θ = θ0 et H1 : θ = θ1 en utilisant le SPRT. L’idée
de Page est alors de réinitialiser le CUSUM tant que la décision est 0. Dès que la décision vaut
1, la procédure s’arrête et l’instant ta correspondant est le temps d’alarme. Le SPRT nécessite
de préciser deux seuils −a et h : Page a montré de manière intuitive que le seuil a optimal est
a = 0, ce qui fut démontré de manière plus rigoureuse par Shiryaev [111].
En notant Dk = D(U
k
1
) la règle de décision, celle-ci peut s’exprimer de manière récursive pour
une distribution de densité pθ quelconque, comme :
Dk =
Dk−1 + ln pθ1
(uk)
pθ0
(uk)
si Dk−1 + ln pθ1
(uk)
pθ0
(uk) > 0
0 sinon
(5.4)160
5. Test d’intégrité pour le filtrage particulaire : application au recalage
radio-altimétrique
Le temps d’arrêt ta est alors défini par
ta = inf {k ≥ 1 | Dk ≥ h} (5.5)
Dans le cas où pθ est une densité gaussienne de moyenne θ, la fonction de décision se ré-écrit de
la manière suivante :
Dk =
"
Dk−1 +
θ1 − θ0
σ
2
uk −
θ1 + θ0
2
!#+
(5.6)
où pour x ∈ R, (x)
+ = max(0, x).
Supposons que le temps de changement t0 soit inconnu mais déterministe.
Définition 4 (Temps moyen entre deux fausses alarmes). Le temps moyen T¯ entre deux fausses
alarmes est défini par la quantité suivante :
T¯ = Eθ0
(ta) (5.7)
Définition 5 (Essentiel supremum). Soit (Yi)i∈I , une famille de v.a réelles sur (Ω, F, P), bornée
par une autre variable. On dit que Y est l’essentiel supremum et on écrit Y = ess supi∈I Yi si
− ∀i ∈ I, P(Yi ≤ Y ) = 1
− pour toute v.a. réelle Z, P(Yi ≤ Y ) = 1 ⇔ P(Y ≤ Z) = 1
Définition 6 (Délai moyen de détection conditionnel). Le délai moyen de détection conditionnel
est défini par
Et0
(ta − t0 + 1|ta ≥ t0, U
t0−1
1
) (5.8)
où Et0
est l’espérance mathématique découlant de P
1
t0
, la distribution des observations u1,. . . ,ut0−1,
ut0
,. . . , uta
, lorsque t0 = 1, 2 . . . .
Le délai moyen de détection conditionnel permet de donner un sens au pire retard moyen. Le
pire retard moyen correspond à une combinaison d’un temps de changement t0 et d’une trajectoire
d’observations qui maximisent le délai moyen de détection conditionnel.
Définition 7 (Pire retard moyen [78]). Le pire retard moyen τ
∗
est défini par
τ
∗ = sup
t0≥1
ess sup Et0
h
ta − t0 + 1|ta ≥ t0, U
t0−1
1
i
(5.9)
En détection de changement en-ligne, l’analogue de la puissance du test est la fonction ARL
(Average Run Length).
Définition 8 (Fonction ARL). On définit la fonction ARL comme
ARL(θ) = Eθ(ta) (5.10)
La fonction ARL est directement liée à deux indicateurs de performances de l’algorithme de
détection :161
− Lorsque θ = θ0, ARL(θ0) = Eθ0
(ta) et la fonction ARL indique le temps moyen entre
deux fausses alarmes. Idéalement, cette quantité doit être la plus grande possible.
− Lorsque θ = θ1, ARL(θ1) = Eθ1
(ta) et la fonction ARL indique le délai moyen de détection,
que l’on souhaite le plus petit possible.
L’algorithme CUSUM est asymptotiquement optimal au sens où il minimise le pire retard
moyen τ
∗
lorsque le temps moyen entre deux fausses alarmes tend vers l’infini [78]. Un résultat
non asymptotique de Moustakides [87] montre que le CUSUM minimise le pire retard moyen
parmi les algorithmes dont le temps moyen T¯ entre deux fausses alarmes vérifie T >¯ T¯
0 où T¯
0
est petit dans la plupart des cas.
5.3 Un aperçu sur les tests d’intégrité pour les filtres de
Kalman
Rappelons que le filtre de Kalman est le filtre optimal pour le modèle linéaire gaussien défini
par :
xk = Fkxk−1 + wk
yk = Hkxk + vk
(5.11)
où wk et vk sont des v.a. décrivant les bruits de dynamique et de mesure, wk et vk sont des bruits
blanc centrés de matrices de covariance respectives Qk et Rk, indépendante de la condition initiale
x0. Enfin, Fk, Bk, Hk et Dk sont des matrices déterministes et connues. Le filtre de Kalman
consiste à calculer récursivement le couple moyenne/covariance prédite (ˆxk|k−1, Pk|k−1) ainsi que
la moyenne et covariance corrigée (ˆxk, Pk), pour k ≥ 1 (voir le chapitre 1, section 1.3.1.1).
5.3.1 Définition et causes de divergences pour le filtre de Kalman et
ses variantes
Dans la littérature sur le filtre de Kalman, la divergence du filtre correspond au fait que la
matrice de covariance de l’erreur d’estimation calculée par le filtre devient trop petite par rapport
à la vraie matrice de covariance [40, 8]. Pour un modèle effectivement linéaire gaussien, le filtre
de Kalman est le filtre optimal. Pour autant, la divergence peut survenir à cause :
− d’une méconnaissance des paramètres du modèle (statistiques des bruits de dynamique et
de mesure erronées par exemple)
− d’erreurs numériques (inversion de matrices mal conditionnées, arrondis, troncature,. . . )
Les deux types d’erreurs peuvent faire que la matrice de covariance calculée par le filtre devient
exagérément petite de sorte que les mesures reçues par le filtre n’influencent que marginalement
l’estimation du filtre lors de l’étape de correction de Kalman.
Les études sur la divergence du filtre de Kalman distinguent la divergence apparente (apparent
divergence) et la vraie divergence (true divergence) [40]. La divergence apparente correspond
à un filtre dont la matrice de covariance estimée reste bornée mais dont l’erreur associée est
très grande. La vraie divergence correspond à une matrice de covariance calculée par le filtre qui162
5. Test d’intégrité pour le filtrage particulaire : application au recalage
radio-altimétrique
augmente infiniment en norme [40].
Le filtre de Kalman étendu (EKF) et le filtre de Kalman sans parfum (UKF) sont des filtres qui
procèdent pour le premier, par une linéarisation des équations du modèle et pour le second, par
une approximation des moments a posteriori fondée sur une quadrature de Gauss. Dans le cas
où les non-linéarités du système sont importantes au voisinage des états prédits et corrigés, les
termes d’ordre 2 et plus ne sont pas toujours négligeables et l’EKF est susceptible de diverger.
L’approximation de la moyenne et de la covariance a posteriori fournie par l’UKF est correcte
à l’ordre 3 [63], mais cela ne garantit aucunement la stabilité du filtre lorsque la fonction est
fortement non-linéaire.
5.3.2 Tests de détection de divergence en filtrage de Kalman
Les tests de détection de divergence utilisés pour les filtres de Kalman reposent essentiellement
sur les propriétés statistiques du processus d’innovation (k)k≥1 défini comme la différence entre
la mesure reçue à l’instant k et la mesure prédite par le filtre yˆk|k−1 :
k = yk − yˆk|k−1 (5.12)
ce qui peut être ré-écrit sous la forme
k = yk − Hkxˆk|k−1 (5.13)
L’innovation quantifie l’information apportée par l’observation yk sur l’estimation de xˆk. En théorie,
k est un bruit blanc gaussien de matrice de covariance Σk = HkPk|k−1HT
k +Rk. Ceci permet
de définir des tests d’hypothèses basés sur la distribution de k.
L’un des tests les plus couramment utilisés est basé sur le fait que la v.a. rk =
T
k Σ
−1
k
k suit une
distribution du khi-deux à m degrés de libertés [8] où m est taille du vecteur des observations :
une divergence peut être déclarée lorsque rk dépasse un seuil qα correspondant au quantile d’ordre
α = 0.95, 0.99, . . . de la loi du khi-deux à m degrés de libertés.
Des tests d’hypothèse vérifiant le caractère "blanc" de l’innovation ont également été proposés
[84] : en effet, k est théoriquement un bruit blanc gaussien. Ces tests de blancheur sont
basés sur la fonction d’autocorrélation empirique de k.
D’un point de vue pratique, les test de divergence précédents ont été largement appliqués, notamment
en hybridation GPS/INS par filtrage de Kalman [82, 2, 86, 61].
Un critère similaire relatif à l’EKF a été proposé par [109]. Dans ce critère la mesure prédite yˆk|k−1
est essentiellement approchée par hk(ˆxk|k−1) où hk est la fonction d’observation non-linéaire. [109]
définit alors le processus normalisé ηk comme
ηk =
yk − hk(ˆxk|k−1
T
S
−1
k
yk − hk(ˆxk|k−1
, (5.14)
où Sk est la matrice approchée de l’innovation obtenue par linéarisation autour de l’état prédit.
Sk = ∇T hk(ˆxk|k−1)Pk|k−1∇hk(ˆxk|k−1) + Rk (5.15)
La divergence peut alors être détectée de la même manière que pour un filtre de Kalman standard
en comparant ηk à un seuil.163
5.4 Détection de divergence en filtrage particulaire
Etat de l’art
Contrairement au filtre de Kalman, la problématique de détection de divergence en filtrage
particulaire n’a pas fait l’objet de beaucoup d’études publiées. Une recherche bibliographique
fait apparaitre les travaux de Giremus [49] et Turgut [116]. Les premiers portent sur le filtrage
particulaire dans le cadre d’hybridation serrée GPS/INS et les seconds sur la localisation indoor
à partir de signaux radio.
Dans [49], l’auteur propose en réalité un critère de dégénérescence du filtre basé sur la somme
des poids non-normalisés qui permet d’enclencher une procédure de régularisation. Ce n’est donc
pas à strictement parler un critère permettant de détecter la divergence du filtre au sens d’une
incohérence irrémédiable entre le nuage de particules et l’état vrai. Il est avancé que la taille
effective de l’échantillon Nef f est un indicateur peu fiable de la dégénérescence du nuage de
particule lorsque toutes les particules ont un poids non normalisé proche d’une valeur commune
très faible. Ceci arrive par exemple lorsque le bruit de dynamique est petit, de sorte que les
particules occupent une région étroite de l’espace. Ainsi, les vraisemblances sont comparables et
par ricochet les poids normalisés aussi. Nef f peut alors être proche du nombre total de particules
N, indiquant (à tort) que l’ensemble des particules n’est pas dégénéré. Etant donné l’ensemble
des poids non normalisés {ω˜
i
k}
N
i=1, la statistique de test proposée dans [49] est la somme des
poids non normalisés Lk :
Lk =
X
N
k=1
ω˜
i
k
(5.16)
Lk représente en fait une approximation de la vraisemblance prédite p(yk|y0:k−1) (voir l’équation
(2.72), section 2.6.2). Sur la base de simulations, Giremus montre que le processus Lk oscille
autour d’une moyenne < Lk > en cas de fonctionnement normal et est soumis à une brusque
décroissance lorsque le filtre devient dégénéré. Ce changement de moyenne est détecté au moyen
de l’algorithme CUSUM présenté précédemment. La particularité de ce test est qu’il nécessite
d’estimer la moyenne en fonctionnement normal (hypothèse H0) en ligne : ceci au fait en prenant
la moyenne de Lk sur une fenêtre glissante. A ce stade, nous notons que cette méthode a été
utilisée dans [49] comme critère de ré-échantillonnage et régularisation et non pas de divergence
au sens où le nuage de particules s’est éloigné irrémédiablement de l’état vrai. Par ailleurs, la statistique
proposée n’est pas normalisée ce qui peut rendre son application dans un autre contexte
difficile, notamment pour ce qui est du réglage des seuils intervenant dans le test.
Dans [116], la méthode de détection proposée repose sur une évaluation de la divergence
de Kullback-Leibler (2.21) DKL(p, pˆ) entre la distribution empirique pˆ donnée par le système
de particules pondérées et la loi conditionnelle inconnue de densité p. Le cadre d’application
étant celui de la localisation indoor d’une cible, l’état à estimer est de dimension deux (position
horizontale). Pour évaluer DKL(p, pˆ), les auteurs cherchent une approximation de p, indépendante
du filtre. La loi conditionnelle inconnue est exprimée selon la loi de Bayes, comme le produit de la
loi a priori et de la fonction de vraisemblance. La loi a priori est représentée par une loi uniforme
sur la surface admissible (par exemple, les corridors du bâtiment), tandis que la fonction de164
5. Test d’intégrité pour le filtrage particulaire : application au recalage
radio-altimétrique
vraisemblance est représentée par une somme pondérée de fonctions constantes sur un domaine
rectangulaire. Finalement, la constante de normalisation peut être calculée étant donné que le
produit de la loi a priori et de la vraisemblance est « constant par morceaux », les morceaux
étant des rectangles du plan. La densité a posteriori p est donc représentée par un histogramme
bi-dimensionnel, dans lequel les rectangles sont de taille variable. Afin d’obtenir la divergence
de Kullback-Leibler DKL(p, pˆ), les auteurs utilisent une technique analogue à l’intégration de
Riemann en deux dimensions. La divergence est détectée lorsque DKL(p, pˆ) dépasse un seuil.
L’objectif final est de réinitialiser le filtre une fois que la divergence est détectée. Les auteurs
reportent des gains en erreur lorsque le détecteur de divergence est couplée au filtre particulaire,
mais affirment que le seuil sur DKL(p, pˆ) doit être réglé précautionneusement de manière à ne
ré-initialiser le filtre que lorsque le filtre ne peut plus se recaler lui même. De plus cette méthode
n’est applicable que pour un vecteur d’état de dimension inférieure ou égale à 2, étant donné la
nature de l’approximation de la divergence de Kullback-Leibler, ce qui restreint son utilisation au
recalage altimétrique au cas où l’altitude est supposée connue.
5.5 Formulation d’un test d’hypothèse pour la détection
de divergence d’un filtre particulaire
Dans cette section, nous définissons un nouveau test d’hypothèse pour la détection de la
divergence d’un filtre particulaire quelconque. Comme d’habitude nous considérons le système
non-linéaire suivant :
xk = f(xk−1) + wk
yk = h(xk) + vk
(5.17)
avec les hypothèses habituelles présentées au chapitre 2, section 2.2, auxquelles nous rajoutons
les hypothèses suivantes :
− la densité p(xk|xk−1) du noyau de transition est continue par rapport à xk et xk−1
− la fonction d’observation h est continue et bornée sur R
d
.
Ces hypothèses ne sont pas très restrictives et sont vérifiées dans l’application qui nous inté-
resse, puisque la densité du noyau de transition est gaussienne et la fonction h correspond à la
hauteur-sol qui est bien sûr bornée. Dans la suite de cette section, sauf mention contraire, nous
supposerons par souci de simplicité que les observations (yk)k≥0 sont scalaires et que (vk)k est
une suite de v.a. gaussiennes indépendantes de variance σ
2
v
.
Enfin, l’hypothèse nulle H0 sera celle du fonctionnement normal du filtre, tandis que l’hypothèse
alternative de divergence du filtre sera notée H1.
En s’inspirant des résultats énoncés précédemment sur le filtre de Kalman, nous allons définir
un test statistique basé sur la suite des innovations. L’innovation du filtre particulaire est ici
définie comme
N
k = yk − yˆ
N
k|k−1
(5.18)165
où yˆ
N
k|k−1 =
X
N
i=1
ω
i
k−1h(x
i
k
) est la mesure prédite par le filtre.
Déterminer la loi de l’innovation pour une fonction d’observation h quelconque semble dif-
ficile dans le cas général. Afin de définir le test, nous proposons de calculer la moyenne et la
variance de l’innovation
N
k
sous l’hypothèse de fonctionnement nominal H0 du filtre particulaire
et conditionnellement aux mesures passées y0, . . . , yk−1, en approchant ces deux quantités par
leur limite lorsque le nombre de particules est infiniment grand.
5.5.1 Approximation de la moyenne de l’innovation particulaire sous
l’hypothèse de fonctionnement normal du filtre
L’objectif de cette section est de déterminer une valeur approchée de la moyenne conditionnelle
de l’innovation particulaire sous l’hypothèse de non-divergence H0, que l’on notera
EH0
N
k
|y0:k−1
.
Décomposons l’innovation
N
k
comme :
N
k = yk − yˆ
N
k|k−1
= yk − yˆk|k−1 + ˆyk|k−1 − yˆ
N
k|k−1
= k + ˆyk|k−1 − yˆ
N
k|k−1
(5.19)
où yˆk|k−1 = E (yk|y0:k−1) = Z
h(xk)p(xk|y0:k−1) dxk est l’observation prédite par le filtre optimal
et k = yk − yˆk|k−1 est l’innovation correspondante. On a,
E (k|y0:k−1) = 0 (5.20)
Soit ζ
N
k
la différence entre la mesure prédite par le filtre optimal et celle prédite par le filtre
particulaire.
ζ
N
k = ˆyk|k−1 − yˆ
N
k|k−1
(5.21)
On a :
yˆk|k−1 =
Z
h(xk)p(xk|y0:k−1) dxk
=
ZZ h(xk)p(xk|xk−1)p(xk−1|y0:k−1) dxkdxk−1
=
Z
ψk−1 (xk−1) p(xk−1|y0:k−1) dxk−1 (5.22)
où la fonction ψk−1 est définie par ψk−1 (x) = Z
h(xk)p(xk|xk−1 = x) dxk
ζ
N
k
se ré-écrit donc sous la forme
ζ
N
k =
Z
h(xk) [p(xk|y0:k−1) − pˆ(xk|y0:k−1)] dxk (5.23)
=
Z
ψk−1 (xk−1) [p(xk−1|y0:k−1) − pˆ(xk−1|y0:k−1)] dxk−1 (5.24)
= hψk−1, pk−1 − pˆk−1i (5.25)166
5. Test d’intégrité pour le filtrage particulaire : application au recalage
radio-altimétrique
où pˆk−1 =
PN
i=1 ωk−1δx
i
k−1
est l’approximation particulaire de pk−1 = p(xk−1|y0:k−1).
ψk−1 est continue d’après le théorème de continuité sous le signe somme étant donné que par
hypothèse, l’intégrande xk−1 7→ h(xk)p(xk|xk−1) est continue. ψk−1 est également bornée car
ψk−1 (x) = Z
h(xk)p(xk|xk−1 = x) dxk
≤ khk∞
Z
p(xk|xk−1 = x) dxk = khk∞
D’après le théorème 1 de convergence faible,
ζ
N
k = hψk−1, pk−1 − pˆk−1i −−−−−→ N→+∞
0 p.s. (5.26)
Finalement, comme
N
k = k + ζ
N
k
, il vient
E
N
k
|y0:k
= E(k|y0:k−1) + E(ζ
N
k
|y0:k−1)
= 0 + ζ
N
k
−−−−−→ N→+∞
0 p.s.
où l’égalité E(ζ
N
k
|y0:k−1) = ζ
N
k
vient du fait que ζ
N
.